Nina Black - Disruption (Tome 2)

Chapitre 8 : L'hôpital St Mungo's

2412 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/07/2021 19:09

Quatrième étage, service de pathologie des sortilèges. Lorsque Nina se réveilla dans un lit de cet étage, son visage la brûlait si fort qu’elle ne peut se retenir de le toucher, mais ses mains étaient attachées aux barreaux du lit. Pourquoi ? Qu’avait-elle fait pour se retrouver ici ? Tout lui semblait si loin et ses souvenirs paraissaient s’être perdus dans un épais brouillard.

Tout à coup, sa mémoire lui revint. Lucifia, le duel, le sortilège de confusion, la peur, la détresse, la honte, la douleur, le visage du professeur Snape, des paroles, des visages étrangers, des sourires rassurants, des paroles inquiétantes. La brûlure sur le visage s’intensifia, la jeune fille dû serrer les dents pour ne pas crier. Puis elle découvrit qu’elle se trouvait dans une pièce qu’elle ne connaissait pas. Ce n’était pas l’infirmerie, les rideaux n’étaient pas pareils que là-bas. Serait-elle à l’hôpital ? Un hôpital moldu ?

Le rideau s’entrouvrit, se referma puis s’ouvrit vraiment. Une femme en tenue d’infirmière s’approcha d’elle. Elle lui sourit comme si elle tentait de la rassurer.

- Tu es réveillée, c’est bien. Comment te sens-tu ?

Comment se sentait-elle ? Mal, son visage brûlait, les sangles autour de ses poignets saillaient sa peau, ses souvenirs étaient encore embrouillés. Pourtant la jeune fille répondit d’une voix parfaitement posée :

- Bien, je me sens bien. Depuis quand je suis endormie ?

- Tu as l’air dans un meilleur état qu’il y a sept jours en tous cas. Nous avons forcé ton sommeil pendant une semaine. Bien, je vais appeler un Guérisseur pour qu’il t’examine et qu’il voit si on peut enlever ses lanières.

- Un Guérisseur ?

- Oh, tu viens du monde des moldus à ce que je vois. Je crois que chez vous, cela s’appelle un Mindecé.

- Mindecé ? Vous voulez dire Médecin ?

- Oui, c’est cela.

La femme retraversa le rideau, mais Nina avait pu entendre la discussion qu’elle avait avec le Guérisseur.

- Nina Black s’est réveillée. Elle parait plus calme, mais ses jambes ne cessent de bouger dans tous les sens et puis son visage tendu montre bien qu’elle a mal à ses blessures.

- Très bien, je vais aller la voir, dites aux professeurs qui voulaient lui rendre visite qu’ils pourront bientôt le faire.

Nina réalisa qu’en effet ses jambes ne faisaient que de bouger et ce inconsciemment. Se concentrant sur elles, la jeune fille attendit l’arrivée du Guérisseur. Deux plus minutes plus tard un petit homme rond aux yeux très grands et bleus arriva. Contrairement à l’infirmière, celui-ci ne souriait pas du tout. Sans même se présenter ou dire bonjour il examina la jeune fille, ses yeux, ses mains, son visage et tout ceci dans le silence le plus parfait. Puis il déclara enfin :

- Je pense que je vais pouvoir t’enlever tes sangles. À une condition, ne touche pas à ton visage. Ai-je été clair ?

Nina hocha la tête et sentit le sang affluer de nouveau normalement dans ses mains quand il la libéra. Sans dire au revoir, le Guérisseur sortit puis entrèrent deux autres personnes : les professeurs McGonagall et Dumbledore. Ils souriaient gentiment et essayaient de paraitre le plus posés possible or le visage du professeur de Transfiguration montrait bien l’inquiétude qu’elle ressentait.

- Bonjour Nina, fit Dumbledore d’une voix très calme, comment te sens-tu ?

- Beaucoup mieux, je ne veux plus revivre cela, plus jamais. C’était affreux.

- Tu ne le revivras plus, promis McGonagall, j’aimerais savoir si tu te rappelles que tu as tenté de tuer le Guérisseur que tu viens de voir.

- Oh, c’est donc pour cela qu’il était si distant. Non, je ne m’en souviens plus.

- De quoi te souviens-tu exactement ? demanda le directeur d’Hogwarts.

- Je… je me souviens d’être tombée, puis j’ai eu l’impression d’être incapable de discerner le bon du mal, j’avais peur de moi, des autres, du professeur Snape, de Madam Pomfrey.

- Mais comment est-ce arrivé ? s’impatienta le professeur de Transfiguration.

Mais à cette question la jeune fille ne répondit rien. Lucifia avait gagné, c’était tout. Personne ne devait le savoir, elles en avaient fait inconsciemment le compromis. Si l’une gagnait, l’autre devait se taire et accepter la défaite. Ainsi Nina devait accepter sa défaite.

Le professeur Dumbledore vit que Nina ne voulait rien dire et changea de sujet en l’informant qu’elle pouvait quitter l’hôpital St Mungo’s dès que les examens l’y autoriseront. Subitement une idée vint à l’esprit de la jeune fille :

- Professeur, ai-je l’autorisation d’aller voir mon père à Azkaban ? Maintenant ?

Comme s’il s’en était douté, il sourit et hocha la tête en signe d’affirmation. Nina se rappela la lettre de Tonks et écrivit rapidement sur un papier :

 

Chère Tonks,

J’ai décidé d’aller voir mon père aujourd’hui. Pouvons-nous nous retrouver après ? Je vous donne rendez-vous à seize heures devant la prison. Je vous y attendrais dix minutes et si je ne vous vois pas arriver je retournerais à Hogwarts.

Nina.

 

- Avez-vous déjà transplané ? demanda subitement le directeur d’Hogwarts après que les examens autorisèrent la jeune fille à quitter l’hôpital.

- Non, qu’est-ce que c’est ?

- Vous allez voir…

Il tendit son bras et Nina le prit, quelques instants plus tard elle se retrouva dans les airs, incapable de distinguer quoique ce soit. C’était comme transplaner grâce au réseau de cheminée, mais en bien plus horrible. La jeune fille ne supportait pas cette sensation. Une minute plus tard, elle atterrit en tombant sur ses genoux. Une grosse nausée montait en elle. Et elle rejeta le contenu des médicaments, qu’on lui avait donné le matin même, sur le sol. Dumbledore attendait à côté d’elle tout en souriant.

- C’est une réaction normale pour la première fois, ne vous inquiétez pas. Mais… Je crois que nous sommes arrivés à Azkaban. Cela faisait longtemps que j’y étais allé, ça me rend… Nostalgique, même si le mot n’est pas idéal pour ce genre de lieu…

Nina leva les yeux, face à elle se trouvait un bâtiment immense, noir et si imposant que la jeune fille se demanda comment Dumbledore parvenait encore à sourire. Le haut de la prison était quelque part caché dans les nuages gris d’automne.

- Je vais vous laisser ici, je laisserais le soin à Miss Tonks de vous ramener à Hogwarts.

Aussitôt le professeur à la barbe argentée disparu et la jeune fille était maintenant seule face à cette immense tour. Une porte ridiculement petite permettait d’y entrer, Nina avança vers elle très lentement. La poussa et entra.

C’était comme un hall d’entrée d’un hôtel, parfaitement propre et même accueillant. En le voyant on ne pouvait se douter qu’il s’agissait d’une prison, on aurait plutôt un hall d’hôtel trois étoiles. La jeune sorcière avança timidement vers le grand comptoir où une vieille dame était en train de trier des piles de papiers.

- Excusez-moi, j’aimerais rendre visite à mon père.

- Votre autorisation ? demanda la vieille dame d’une voix sèche.

Nina gardait cette autorisation dans sa poche depuis que Tonks la lui avait donnée. Jamais elle ne s’en séparait.

- Sirius Black, étage douze, prenez ce papier vous permettant de discuter avec lui. Donnez-moi votre baguette et signez cette affirmation de votre passage ici.

Après ces mots elle vérifia que tout ce qu’elle avait ordonné était fait et retourna à son travail sans même daigner donner un peu de réconfort pour la jeune fille qui se sentait si stressée qu’elle voulait partir en courant. L’ascenseur était très sombre comparé au hall, il montait avec des grincements peu rassurants. Quand l’étage douze fut annoncé, Nina hésita à sortir. Qu’allait-elle dire à son père ? Pourtant ses jambes avancèrent pour elle, elle ne pouvait à présent plus faire marche-arrière.

Deux gardes vinrent immédiatement à elle. La jeune fille leur tendit le papier. Ils hochèrent de la tête et l’invitèrent à entrer dans une salle grise ornée seulement d’une table et de deux chaises. Elle y attendit dix minutes puis le loquet de la porte se fit entendre.

- Vous avez une demi-heure. Pas une seconde de plus.

Un homme sale entra. Il avait une barbe frisée et grise, ses cheveux, bien que secs et sales, rappelèrent immédiatement ceux de William mais ses yeux, malgré le fait qu’ils soient vides d’expressions, ceux de Katniss, de William et d’elle-même. Pourtant ses yeux étaient froids, ils ne s’illuminèrent même pas en voyant Nina. Il s’assit et regarda fixement la jeune fille comme s’il tentait de savoir qui elle était. Pendant deux longues minutes, ils se regardèrent. Sirius Black avait l’air si malade, ce n’était pas l’homme des photos, mais l’homme du miroir qui reflétait le visage de la personne qui pensait à vous. Puis Nina engagea la conversation.

- Bonjour… Pa… Papa, c’est moi, Nina, ta fille.

L’homme qui était son père ne répondit rien mais une petite lumière brilla dans ses yeux. La jeune fille en fut soulagée.

- Je… je voulais venir te voir, continua la jeune sorcière, parce que… William et Katniss m’ont dit tant de bien de toi. Oh, elle pleura, si tu savais pour Katniss. J’ai à peine eu le temps de la connaitre. Je suis désolée, je n’ai rien pu faire.

L’homme qui était son père tendit sa main et prit celle de sa fille. Ses mains étaient rêches et froides comme de la pierre pourtant leurs contacts faisaient tant de bien !

- O… Nina… Nina, je t’aime, déclara Sirius en français.

- Oh… Papa, moi aussi je t’aime, tu me manques, j’ai toujours voulu te rencontrer plus tôt et dans de meilleures circonstances.

- Ta mère ?

- Maman ? Oh, elle va bien, toujours avec son mari Daniel et leur fils, Alex. D’ailleurs en parlant d’Alex, je suis sûre que tu l’aimerais !

- Will ?

- Il va bien aussi, il est en quatrième année à Ravenclaw, il est très intelligent, beau et sympathique. Tu lui manques beaucoup, comme pour tout le monde d’ailleurs.

- Toi ?

- Moi ? Papa, je vais bien, je veux juste que tu sois plus souvent là.

Nina se leva difficilement et vint rejoindre son père, et malgré la puanteur, la saleté et certainement les poux, elle le colla fort contre elle. Sentir son père près d’elle la soulageait et elle aurait aimé pouvoir rester ainsi pendant une éternité. Il tremblait, il était maigre, malade. Ses yeux s’étaient de nouveaux éteints. Que lui faisaient-ils subir ? Dix années passées ici. Ne pensait-il pas à le sortir pour au moins l’amener à l’hôpital ? Il en avait tellement besoin.

- Harry !!! cria-t-il soudainement.

- Il va bien papa, il est à Gryffindor, en première année.

Elle regarda le visage sombre et maigre de son père, hésita puis se lança :

- Papa, dis-moi la vérité : As-tu… As-tu dénoncé la cachette de James et Lily Potter à Tu-Sais-Qui ? L’as-tu fait ?

- James, Lily ? Ils vont bien ? demanda Sirius qui perdait probablement l’esprit.

- Papa !! Nina avait la voix qui tremblait mais elle était trop en attente d’une réponse pour laisser les larmes couler, ils sont morts, et tout le monde dit que c’est ta faute, car tu les aurais dénoncés !

- Je… Je ne l’aurais jamais fait ! Ce sont mes meilleurs amis et les parents de mon neveu ! Non, ce n’est pas moi, ce n’est pas moi !

Il paraissait si blessé, si touché par cette annonce que sa fille le colla encore plus contre sa poitrine et le berça comme il aurait pu la bercer lorsqu’elle n’était qu’un bébé.

- Je te crois, papa, chuchota-t-elle, je le savais. J’avais besoin de te l’entendre dire.

La lumière des yeux de Sirius s’éteignit encore une fois et cette fois-ci pour la dernière fois de la demi-heure. Pendant ce temps, Nina lui racontait sa rencontre avec William et Katniss, lui parlait de ses amis, de Harry, d’Alex, de ses notes, du professeur Snape, de Lucifia, de George. Et quand les gardes revinrent dans la pièce, ils la trouvaient en train de coiffer son père et de le nettoyer avec un mouchoir. Elle avait donné son écharpe de Gryffindor et le bracelet en argent qu’elle portait. Elle lui planta une dernière bise sur la joue et le laissa partir.

Jurant qu’elle avait vu son père pleurer, Nina tenta de lui dire quelques mots qu’elle espérait qu’il entendrait.

- J’ai toujours ta clé, j’attends ton retour pour l’utiliser ! Je t’aime !

Puis la porte se ferma et Nina fut à nouveau seule dans cette salle grise. Elle redescendit les douze étages, reprit la baguette qu’on lui avait pris en entrant et sorti respirer un air plus sain car celui-ci sentait la maladie, la tristesse et la douleur.

 

- Je t’attendais, dit doucement une voix à côté d’elle.

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