Luna Mula
Chapitre 2 : « Une Hermione bien agitée… »
1984 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 16/08/2020 18:59
Ce ne fut pas sur le sol glacé du donjon des potions où Hermione Granger ce se réveilla ce matin-là comme si elle sortait d’un mauvais rêve. C’était bel et bien dans des draps chauds que la jeune fille se trouvait en ce moment dans une pièce qui lui était familière : le dortoir des filles dans la tour des Gryffondor. Elle se massa les tempes, essayant de ramener ses souvenirs de la nuit. Avait-elle rêvé ou était-ce bien arrivé ?
Tout en quittant délicatement son lit, ses souvenirs de la nuit lui revinrent en mémoire petit à petit. Son devoir interminable. La Grosse Dame. Cette voix terne derrière elle. Une cape noire comme l’ébène et comme ses cheveux. Un sous-sol humide et froid. Une lumière diffuse. Un chaudron. Un liquide argenté. Non, doré d’abord puis argenté. Des ingrédients posés par-ci par-là sur une grande table. Un livre ouvert. La fatigue. Le silence constant. Et cet homme sinistre qui ajoutait les ingrédients soigneusement préparés. Elle, coupant, écrasant des griffes de monstres. Une potion. Un nom. Des incompréhensions.
Tandis qu’Hermione se glissait doucement vers la Grande Salle, le pas titubant, la migraine due à la fatigue, elle se forçait à montrer une mine de tous les jours. En conclusion : mine enjouée à l’idée d’avoir cours. Quand elle prit place à la table des Gryffondor, ni Ron Weasley ni le célèbre Harry Potter lui posa de questions. Personne ne savait qu’elle n’avait pas réussi à entrer dans la salle commune.
Attendez. Qui l’avait ramenée dans sa chambre ? Le professeur McGonagall sous ordre de Rogue ? Dumbledore ? Avait-elle réussi à revenir au dortoir sans s’en souvenir ? … Ou alors n’avait elle jamais quitté ce dortoir hier soir… ?
L’esprit embrouillé, elle commença à mastiquer une biscotte de façon désintéressée tout en lisant la gazette du sorcier sans prêter attention à ses amis qui plaisantaient au sujet des Serpentard qui, non seulement allaient devoir supporter Rogue avec eux, mais en plus le lendemain, ils avaient cours une bonne partie de l’après-midi avec McGonagall et le matin — d’après Ron — avec le professeur de divination. C’était la semaine la plus épuisante du semestre. Le paysage prenait déjà son habit d’hiver. Le ciel artificiel de la Grande Salle affichait un inépuisable ciel bleu-azur.
Hermione Granger faillit s’étrangler quand son dos lui avertit que quelque chose venait de la frôler. Elle leva doucement les yeux vers la personne qui venait de passer. Elle écarquilla les yeux, sentant le feu envahir ses joues et replongea un peu trop brutalement dans la gazette des sorciers pour paraître inaperçue. Weasley lança un regard ahuri à son amie et se tourna vers la personne qui était passée auparavant. Il vit un Rogue de mauvaise humeur s’asseoir à la table des professeurs.
De mauvaise humeur ? Qui ne le serait pas ? Après tout, il devra supporter le je-sais-tout-isme maladif d’Hermione. Quelques fois, Ron Weasley plaignait les professeurs et comprenait l’ignorance de son maître des potions pour Hermione Granger. À quoi cela servirait-il qu’une seule élève participe au cours ? Après tout, elle n’était pas la seule élève de la classe. Les autres avaient le droit de répondre. À quoi cela servirait-il d’interroger Hermione alors qu’elle allait sans doute obtenir que des Optimal à son BUSE ?
Elle savait tout. Vraiment tout.
Ou presque tout…
— C’était juste Rogue, rassura Ron un sourire au coin. Je sais qu’il fait peur, mais pas autant que cela. Hermione ?
La jeune fille essayait de rester calme, de ne pas perdre ses moyens. Rien de plus gênant d’avoir rêvé d’un professeur et que dans un coin du cerveau un souvenir révélait que la jeune fille avait pensé à un moment que ledit professeur était charmant. Ce n’était qu’un rêve. Le professeur Rogue sera de nouveau horrible avec elle. Tant mieux. Il passera devant sa potion sans regarder à deux fois comme il le ferait chez les autres. Tant mieux. Il ne hurlera pas à son ignorance et lui ne donnera pas de devoirs supplémentaires pour essayer de la combler. Tout se passera comme toutes les autres fois. Au fond d’elle, elle espérait que ce fut le cas. Pourtant, quelque chose… quelque chose plus profond lui soufflait tout le contraire.
À la sonnerie, les élèves de Serpentard et de Gryffondor se dirigèrent en brouhaha en direction du donjon de Rogue. Le manuel de potions contre son cœur, Hermione Granger suivit ses amis dans la classe et prit place au premier rang à droite comme à son habitude avec Ron, Harry et le pauvre Neville qui s’assit à la droite de la jeune fille. Draco Malefoy, l’illustre Serpentard se trouvait à la table de gauche, premier rang accompagné de ses deux acolytes et de la peste de Pansy Parkinson qui lui faisait les yeux doux sans retour. Tout était en ordre dans la classe. Pas de grande table avec les innombrables ingrédients. Un autre point cependant : comment une potion pouvait-elle demander autant d’ingrédients ?
Le professeur Rogue referma la porte et s’avança en faisant voler sa cape derrière lui et s’assit à son bureau. Il sortit la liste des présences et commença à énumérer les noms. C’était la phase la plus ennuyante des cours pour certains élèves. Surtout pour Hermione, cela faisait perdre du temps pour l’apprentissage. En temps normal, elle serait là à taper du pied à attendre son nom, à soupirer et à maudire le nombre d’élèves dans la classe. Ce matin-là, elle espérait qu’il prenne son temps. Elle le fixait du banc où elle se trouvait. Neville Londubat regardait alternativement Hermione et son professeur. Il semblait inquiet, sans vraiment connaître les raisons de cette soudaine inquiétude pour son amie.
— Miss Granger, appela Rogue de son bureau.
Hermione leva timidement la main et la rabaissa dans un geste vif. Pour Harry et Ron, elle n’avait jamais semblé aussi nerveuse.
— T’inquiète, tu vas réussir les potions ! assura Harry.
— Ouais… Comme d’hab quoi, maugréa Ron.
Après l’appel — aucun élève ne manquait —, le professeur se mit à marcher dans la classe, énumérant les programmes de la journée. Il sera question d’une seule potion pour les heures de cours. Lors du dîner ou de la récréation, il fallait rester vigilant, car une seule minute de trop dans la cuisson et la potion était ratée.
— La potion que vous allez faire sera spéciale, car elle ne pourra être utilisée qu’en la combinant avec une autre. C’est-à-dire si vous prenez deux potions, expliqua-t – il de sa voix doucereuse. La deuxième potion a déjà été fabriquée pour vous. La potion que vous allez préparer à une particularité. En effet, pas la peine de copier sur le voisin ni demander de l’aide — il lança un regard en biais à Londubat qui avala difficilement sa salive — la potion aura une couleur différente selon la personne qui l’aura préparé. Pas de groupe — il fit demi-tour vers le banc des Serpentard — une personne par chaudron. Les ingrédients se trouvent dans l’armoire. Pas question d’en gaspiller. Un cœur de griffon par personne. Si vous ratez sa découpe, je me fiche des conséquences !
— Mais professeur, s’inquiéta Parvati Patil. Que font les potions ?...Quels sont leurs effets ?
— Elles révèlent au monde votre vrai visage. Ce sont des potions dangereuses. Très dangereuses. Ne serait-ce point humiliant si vous commenciez à vous comporter comme une traînée ou comme une sainte nitouche dévergondée ? Ou comme un je-sais-tout qui a perdu son abjecte connaissance… Au travail !
Il regagna son bureau non sans avoir griffonné au tableau d’un coup de baguette la liste des ingrédients et la page du manuel d’instruction en rapport avec les potions. En galant homme, Harry alla chercher les ingrédients pour Hermione tandis qu’elle installa sur un feu un chaudron avide d’ingrédients. Elle tourna la page de son manuel. En lisant les trois premières lignes, elle émit un cri qui fit sursauter toute la salle. Parvati Patil en laissa tomber son chaudron qui vint s’écraser sur l’orteil d’un Serpentard qui proféra des menaces de toutes les sauces à la Gryffondor sous la douleur. Ron qui avait déjà commencé à découper les racines de mandragores se coupa le bout du doigt et poussa un petit cri étouffé. Tous les regards se posèrent petit à petit sur la plus brillante élève de Poudlard qui semblait en état de choc.
Non, c’était impossible. Un hasard ? Une horrible coïncidence ? La jeune fille fit quelques pas de recul de la table de préparation ou se trouvait son manuel comme si la distance pouvait effacer ce qu’elle avait lu. Neville pensa qu’elle avait vu un monstre dans son manuel. Il recula, lui aussi, légèrement du livre. Lavande Brown agrippa les mains de son ami Parvati tandis que le professeur Rogue avança doucement vers Hermione, les bras croisés, le regard méprisant.
— Je croyais qu’une des qualités des Gryffondor était le courage, murmura-t-il de sa voix la plus sarcastique possible. Peut-être que les potions ont fait effet avant même que vous l’ayez bu, Miss Granger. Ce n’est pas une potion difficile pour votre insolent je-sais-tout-isme.
Il fit demi-tour vers son bureau, laissant une Hermione effondrée sur le sol, les bras enroulés autour des genoux. Non, c’était impossible. Alors, ce n’était pas un rêve ? Cette potion dorée au début et argentée vers la fin. C’était la potion déjà préparée ? Alors Rogue la préparait la nuit précédente pour le cours. Pourquoi s’était-il attardé avec Hermione ? Que faisait-il dans les couloirs alors qu’il avait cette potion à faire ? La cherchait-il en réalité ? Avait-il besoin d’elle pour terminer la préparation de la potion… ? Impossible. Elle ne valait pas son professeur. Elle ne valait pas le maître des potions. Il avait l’expérience et elle, la connaissance. Cette pensée l’effraya encore plus que la révélation sur son « rêve ». Luna Mula était le nom complet de la formule. Luna était le nom de la première potion et Mula de la deuxième potion. Voilà pourquoi Hermione n’avait pas trouvé dans son manuel le nom de Luna Mula. Luna — la potion que Rogue avait faite la veille — n’était pas répertoriée dans le manuel. Seul Mula y était. Hermione n’avait regardé que dans les « L ».
La jeune fille se releva, tapota sa robe pour en enlever la poussière et se tourna vers ses camarades. Aucun Serpentard ne riait. Aucun Gryffondor ne jetait des regards compatissants. Juste des regards en effroi. Elle leur avait fait peur à tous. Excédée par ses regards elle se tourna vers son chaudron et commença à travailler. Il fallut presque dix minutes à ses camarades pour l’imiter.
Du haut de son bureau, Rogue faisait tourner dans le creux de sa main une fiole contenant un liquide argenté.