Luna Mula

Chapitre 15 : La rupture

7593 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/01/2024 10:18

Chapitre XV : « La rupture »


Après avoir aidé ses camarades de classe pour les devoirs de la semaine, Hermione Granger se réfugia dans un coin de la bibliothèque. Le professeur Binns avait demandé un mètre de parchemin sur la révolte des Gobelins. La jeune fille n'avait pas trouvé beaucoup d’informations à ce propos dans ses manuels de cours. De ce fait, consulter les quelques livres sur le sujet à la bibliothèque pour être la plus précise possible lui avait semblé la meilleure solution.


Devant elle, quatre ouvrages étaient ouverts tandis que deux autres attendaient sagement à côté de son encrier. Elle grattait sans cesse des informations ou toute autre annotation puis les rayait si cela devenait excessif ou pas assez précis. Elle semblait avoir perdu la notion du temps. Terriblement fatiguée, elle avait qu’une seule envie : terminer ce fichu devoir, prendre un bon bain chaud, étudier les runes et passer du temps avec les autres Gryffondors. 


Elle dégagea une mèche rebelle de son visage, claqua sa langue d’un air agacé avant de s’emparer de ses cheveux ondulés et de les ramener sur le côté gauche pour laisser mieux passer la lumière sur son parchemin. Ce dernier était parsemé de tache, de rature, de notes et d'écritures en biais sur les autres phrases. Elle ne put s’empêcher de pousser un soupir d’exaspération tandis qu’elle tourna fébrilement un manuel dans sa direction et de prendre note de quelques noms de Gobelins célèbres. Elle trempa sa plume dans l’encre avant de bâiller à s’en décrocher la mâchoire. 


La nuit avait été beaucoup trop courte. Le professeur Rogue était-il resté près d’elle tout le reste de la nuit ou avait-il décidé de changer de pièce et d’aller dormir seul ? Quant à elle, elle avait dormi d’une traite. Elle ne put s’empêcher de rougir légèrement en repensant au petit matin, laissant sa plume au-dessus de la phrase « La révolution des Gobelins éclatée en…. ». 


Elle avait dormi avec le professeur Rogue. Dans sa chambre.


Certes, la fatigue avait fait en sorte qu’elle avait dormi d’une seule traite. Cette proximité avait été délicieuse. Elle aurait pu rester contre lui jusqu’à ce que le monde s’écoule. 


Elle manquait néanmoins de prudence. Ils avaient manqué de prudence durant cette nuit. Que diront Parvati et Lavande à propos de ce lit vide dans les dortoirs ? Hermione pourrait tout aussi bien répondre qu’elle s’était endormie dans la bibliothèque. Cependant, cela ne serait pas aussi alléchant qu’avouer qu’elle avait dormi avec un professeur de l’école de sorcellerie.


Ou plutôt : elle avait dormi avec son « petit ami ».


Maintenant qu'elle savait exactement ce qu'il s'était passé entre eux, elle ne se posait plus de question sur la potion ‘Luna Mula’. Le livre que le professeur Rogue lui avait permis d’emprunter à la réserve ne lui servait plus à grand-chose. Elle se promettait de le rendre le plus tôt possible. Il devait se trouver sous son lit, ainsi que sa valise, la boîte de chocolat et accessoirement Pattenrond. La jeune fille n'était pas encore remontée à son dortoir pour chercher sa baguette. Elle était sans doute encore sur sa table de nuit, posée entre sa brosse et un réveil matin moldu. Ce dernier n'avait jamais fonctionné à cause des anciens sortilèges qui protégeaient le château. Les montres que portaient les sorciers à Poudlard étaient faites spécialement pour fonctionner malgré les sortilèges alors qu'un simple objet moldu restait complètement inactif. 


Hermione consulta l'heure : onze heures et demie. Elle avait faim et son devoir était loin d'être fini. Elle comptait bien trouver Harry pour lui demander des explications. Même s'ils se disputaient, même s'ils se déchiraient pour de bon, elle voulait connaître la vérité et, peut-être, comprendre. Le professeur Rogue avait raison sur un point : elle lui cherchait des excuses pour apaiser le geste qu'il avait feint sur elle. Harry ne pouvait pas être devenu un « salaud » et rien d’autre. Il devait y avoir une explication, c’était certain. La jeune fille l’espérait de plus profond de son cœur. 


Elle avait peut-être extrapolé ses gestes. Peut-être avait-elle eu peur de ce qu’il pouvait lui faire allonger sur le sol glacé de l’école ? Peut-être qu'il ne voulait rien lui faire en fin de compte ? Peut-être l'aimait-il lui aussi ? Peut-être que savoir qu'Hermione sortait avec le directeur de Serpentard l'avait rendu complètement fou de jalousie et il ne savait plus ce qu'il faisait ? 


Non. C’était ridicule. Elle lui cherchait encore des excuses et rien d’autre. 


La jeune fille tapota du bout des doigts son parchemin, la plume déposée sur le côté, la tête posée sur son bras gauche. Elle ne se souvenait plus de la date de la révolution des Gobelins. Quelque part au dix-septième siècle. Mais quand exactement ? La Gryffondor séchait totalement. Même si le cours du professeur Binns avait tout d'être le cours par excellence le plus insipide et le plus somnolent de tous, elle arrivait quand même à suivre et à prendre des notes. 


Quand avait-elle eu lieu cette stupide révolution ?


Elle se mit à gribouiller des dates au hasard sur le parchemin comme si une allait lui faire « tilt » au bout d'un moment. 


1645…non. 1658... Non... 1680... Non... Non, c'est plus tôt.


Quelque chose d'humide lui effleura la base du cou du côté droit. Elle sursauta, réprimant un hoquet de surprise. Un souffle lui parvint aux oreilles :


— En 1612, Miss Granger, fit doucement le professeur Rogue.

Elle se retourna pour lui faire face. Elle lui sourit timidement, les joues empourprées avant de reposer les yeux sur son parchemin.

— En 1612 ? Vous êtes sûr ? lança-t-elle sur le ton de la conversation pour lui cacher à la fois sa gêne et sa surprise de son geste.

— Il me semble oui, Miss Granger, assura-t-il en replaçant un livre sur l'étagère à gauche de la table de la jeune fille. 


Elle se massa machinalement l'endroit où il venait de lui poser les lèvres avant de s'emparer de sa plume et de gratter la date. Elle avait presque fini son brouillon et comptait bien le recopier avant d'aller manger. Elle suivit du coin de l'œil son professeur qui était en train de consulter un livre en faisant quelques pas loin de la table. Se massant encore un peu le cou, elle finit son bout de parchemin avant d'en sortir un vierge et de recopier soigneusement son brouillon. 


Le professeur Rogue passa de nouveau derrière elle, le livre refermé, un doigt en garde-page. Elle leva un œil vers lui. Quand il dépassa une étagère pour rejoindre le bureau de Mrs Pince, il tourna la tête vers la jeune fille. Elle eut la vague impression qu'il lui fit une œillade avant de disparaître. Souriante et rougissante, la jeune fille replongea sur son parchemin. Elle sentit une chaleur agréable lui monter tandis qu'elle grattait le dernier mot de son parchemin. 


Elle roula les parchemins, remit les livres en place et sortit de la bibliothèque en fredonnant. Elle consulta sa montre : midi et demi. Elle avait raté le déjeuner c'était certain. Tant pis. Elle avait encore des réserves de nourriture au cas où. Et une boîte de chocolat d'Honeyduke...


Elle passa furtivement dans la salle commune de Gryffondor qui était vide. Les autres élèves étaient sans nul doute déjà dans la Grande Salle. 


Elle grimpa dans les dortoirs des filles, posa ses parchemins sur son lit fait de manière impeccable contrairement à celui de Lavande et de Parvati. Hermione retira sa valise du dessous de son lit et en sortit des vêtements propres. Elle marcha ensuite d'un pas décidé jusqu'à la salle de bain.


C'était une petite pièce blanchâtre dont deux barreaux épousaient parfaitement une lucarne. La baignoire était plaquée contre un mur et en face un évier et un miroir. Hermione se pencha sur la baignoire et ouvrit les robinets avant de déposer ses vêtements sur une chaise. Elle parcourut du regard deux ou trois bouteilles de savons sur l'évier avant d'en saisir une à la vanille, en versa une petite quantité dans l'eau chaude ainsi qu'un gant de toilette. Elle se mit en appui contre l'évier, attendant que le bain se remplisse pour s’y glisser. Elle dégagea d'une main absente une mèche sur son visage. Cette même main descendit de nouveau à la base de son cou. 


La sensation qu'elle avait éprouvée lui avait paru aussi vive qu'agréable. Krum ne lui avait jamais fait quelque chose comme ça. Krum n’avait jamais rien fait d’autre que de la regarder étudier. Sentant le rouge lui monter de nouveau aux joues ainsi qu’une chaleur envoûtante l'envahir, Hermione chassa cette pensée et ferma les robinets. Elle vérifia la température de l'eau en y trempa le bout des doigts : parfait. Elle verrouilla la porte de la salle de bain et se cala quelque seconde contre cette dernière. Elle ferma les yeux avant d’inspirer longuement. 


Son cœur battit à la chamade tandis que les souvenirs de la veille ainsi que de la matinée lui vinrent de nouveau en mémoire. Comment allait-elle échapper aux brimades de Parvati et de sa meilleure amie ? Hermione appréhendait leur confrontation. Elle était persuadée qu’elles la dévisageraient avec un énorme sourire sur les lèvres et cette envie implacable de tout connaître dans les moindres détails.


De tout savoir sur les raisons de son absence dans le dortoir cette nuit-là. C’était absurde d’en faire tout un plat. Il y avait bien des filles à Poudlard qui ne dormaient pas deux nuits dans leur lit et l'on ne leur posait pas de questions. Oh bien sûr, elles étaient charmantes et avaient la plupart des garçons de leurs maisons à leurs trousses. Où passaient il leur nuit exactement pour faire ce qu’ils voulaient faire exactement ? La jeune fille n’en avait aucune once d’idée. Dans le dortoir des garçons ? Peu probable. Le dortoir des filles ? Impossible. Cette règle idiote qui empêchait les garçons d’y monter. Dans le parc ? Dans la bibliothèque ? Dans les rangées lugubres de la réserve ? Peut-être. 


Lentement, la jeune fille défit sa cravate, la déposa sur le dossier de la chaise, passa la robe de sorcier par-dessus la tête avant de s'attaquer à ses chaussures, chaussettes et sous-vêtements. La jambe d'Hermione Granger entra timidement dans l'eau tiède de la baignoire avant de s'y glisser complètement. Elle resta quelques minutes dans l'eau sans bouger, se relaxant le mieux qu'elle le pouvait. Ces dernières vingt-quatre heures avaient été éprouvantes. 


Près d’une demi-heure plus tard, la jeune fille sortit de son bain complètement revigorée, propre et sentant excessivement la vanille. Elle enfila son uniforme propre, mit ses chaussettes, prit des bouts des doigts, ses chaussures et ses vêtements sales par l'autre main. Elle déposa ces derniers dans la malle à vêtements avant de se jeter sur son lit. Elle laissa tomber ses chaussures qui firent un bruit sourd en touchant sol. La jeune fille, les bras et les jambes écartés, se mit à fixer le toit de son lit à baldaquin.


Une minute passa. Peut-être deux. La jeune fille bâilla et sentit le sommeil la gagner. Des bruits de pas venant de l’escalier la sortirent de sa torpeur. Les yeux à demi-clos, elle observa Parvati et Lavande entrer dans la chambre. En remarquant Hermoni étendue sur son lit, les deux Gryffondors gloussèrent et se rapprochèrent d'elle presque en courant. Lavande se mit sur le côté gauche du lit et Parvati du côté droit, toutes deux la tête appuyée sur leurs mains, fixant intensément Hermione, le sourire aux lèvres. Cette dernière s'accouda, l'air perplexe :


—Oui ? fit-elle, ahurie. J'ai quelque chose sur le visage ?


Comme toutes réponses, les deux pipelettes gloussèrent de nouveau. Excédée, Hermione haussa le ton plus qu'elle ne l'aurait voulu :


— Oui ? Quoi ?!


— On se demandait juste où tu étais passée cette nuit, Hermione, lança doucement Lavande sans effacer son sourire.


— Mais on a notre petite idée ! renchérit Parvati en lui faisant un clin d'œil.


Hermione leva les yeux au ciel avant de se laisser tomber en arrière, les bras ballants.


— Et c'est quoi, votre idée ? demanda-t-elle avant de bâiller à nouveau.


— Tu as dormi…, commença Lavande en jetant un œil espiègle à Parvati.


—…avec ton petit ami ! finit cette dernière. 


Hermione se releva d’un bond, ses cheveux lui balayant le visage. Il n’y avait aucune raison de paniquer. Le fait que la jeune fille n’eût pas dormi dans le dortoir des filles n’allait pas rester un secret de toute façon. C’était une évidence avec ces deux comparses qui ne cessaient de la dévisager avec un large sourire. 


La jeune concernée inspira longuement pour se donner du courage. Elles n’avaient pas cherché loin une raison plausible de l’absence de leur amie cette nuit-là. Elle était forcément avec lui et personne d’autre. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’elle s’absentait de la sorte toute une nuit. Elle avait déjà passé de longues heures dans la bibliothèque ou avec ses amis dans la forêt interdite, ou sur le terrain de quidditch ou à bien des endroits encore reculés du château de Poudlard. 


Je n'ai pas de petit ami ! cracha Hermione. Quand allez-vous me laisser en paix avec cela ?


— Voyons, Hermy ! apaisa Lavande en prenant place à côté d'elle dans le lit, les jambes croisées.


— Nous ne sommes pas aveugles, tu sais…, ajouta Parvati en faisant de même. 


Hermione soupira d'exaspération.


— Alors, raconte-nous un peu ! pressa Lavande d'impatience. Il embrasse comment ?


— Lavande, s'il te plaît…,souffla Hermione en roulant les yeux.


— Hey ! fit Parvati en mettant les poings sur les hanches. Puisqu'on te dit que nous ne sommes pas aveugles. Ne nous prends pas pour des Poufsouffles !


— On sait que tu sors avec un Serpentard, conclut Lavande dans un murmure.


Voyant la tête déconfite d'Hermione, elles gloussèrent derechef. La jeune fille aux cheveux touffus maugréa, feignant l’ignorance :


— Un Serpentard ? De quoi parlez-vous ? Qu’avez-vous inventé encore ?


— Ton écharpe, chérie, soupira simplement Parvati. 


— Mon écharpe ? Quoi, mon écharpe ?


— Le vert n’est pas une si mauvaise couleur. C’est même très joli, n’est-ce pas ? Surtout sur toi, bien sûr.


— Et surtout l'écharpe d'un professeur, hein, Hermy ? susurra Lavande toujours souriante. 


Hermione resta bouche bée, cherchant ses mots. Comment avaient-elles su ?


Non, c'était impossible. Un hasard. C’était simplement un hasard. Elles n’auraient pas pu demander à tous les Serpentards de l’école avec qui elle sortait. Cela aurait pris bien trop de temps. De plus, bien que leurs maisons ne s’aimaient pas, cela ne voulait pas dire que deux élèves de ces armoiries respectives ne pouvaient pas tomber amoureux. Comment avaient-elles…? Comment ? Hermione avait-elle été si imprudente ? Avait-elle laissé transparaître quelque chose bien malgré elle ? Un sourire ? Un regard ? 


Une simple écharpe ?


— Ne fais pas cette tête-là ! gronda Lavande, souriante. Allez, raconte-nous !


— Vous raconter quoi ? bafouilla Hermione.


— Comment il embrasse par exemple !


— Est-ce que c'était mieux qu'avec Viktor ? voulut savoir Parvati avec un large sourire.


La jeune fille sentit son estomac chavirer. Comment avait-elle pu se mettre dans une situation pareille ? Ces deux pipelettes allaient sans doute mettre tout Poudlard au courant et ça, en moins d’une journée. Elle devait trouver une porte de sortie, un compromis. Quelque chose. N’importe quoi.


— Si vous me promettez de tout garder cela secret, je veux bien…vous raconter deux ou trois trucs, dit Hermione avec un regard aussi sévère que celui de McGonagall. Gardez cela secret, gardez cela pour vous ! J’insiste ! Et je vous préviens que le professeur Rogue sera bien plus cruel avec vous que moi si vous osez l’ouvrir. 


Les deux jeunes filles acquiescèrent, un grand sourire aux lèvres. Lavande sautilla sur place d’excitation :


— Alors, alors, raconte ! Raconte-nous !


— Je…, je veux dire…,balbutia Hermione, pas très sûre d'elle, sentant le sang monter à ses joues.


— Vous vous êtes embrassés quand ? voulut savoir Parvati.


— Dans la classe, répondit la jeune fille avec un sourire crispé, regrettant presque d'avoir répondu en voyant ses deux camarades glousser de nouveau. Oui, mais c'était très bien ! s’empressa-t-elle d'ajouter.


— Mieux qu'avec Viktor ?


Hermione sentit le sang monter dans ses joues et acquiesça doucement en signe de réponse.

 

Les deux meilleures amies gloussèrent de plus belle. Hermione soupira longuement. Elle se remémora la scène du cachot; quand le professeur Rogue lui avait avoué qu’il ne la détestait pas. Juste avant de l'embrasser. Cela avait été maladroit, doux et inattendu. 


Comment le professeur allait-il réagir en apprenant qu’elle discutait de leur relation si secrète avec les deux pires commères de l’école ? Devait-elle au moins le lui dire ? 


Bon sang, comment avait-elle pu se mettre dans une situation pareille ?


— ... avec Flint ! fit Lavande, tournée vers Parvati.


— Nooon ? s'extasia cette dernière.


— Je te jure ! Elle lui avait envoyé une carte de Saint-Valentin en deuxième année ! 


Hermione fut soulagée de constater que ces deux amies, autant elles manifestaient soudain un engouement pour quelqu'un, autant elles pouvaient changer de conversation et d'attention en moins de temps qu'il fallait pour dire « quidditch ».


 — Hey, les filles ! appela Hermione, d'une voix sérieuse. Qui vous a dit pour moi et... le professeur Rogue ?


Peut-être qu’elles ne l’avaient pas deviné toutes seules. Peut-être que quelqu’un les avait aperçus au détour d’un couloir, dans la salle de classe peut-être…peut-être qu’elles n’en savaient juste rien et avaient espéré que Hermione se dénonce d’elle-même, car elle aurait été au pied du mur. Elle aurait mieux fait de nier en bloc. 


Bon sang, pourquoi cela devait-il être aussi compliqué entre eux ? 


— Oooooh... Notre petit doigt ! répondit simplement Lavande.


— Tu n’as pas idée de tout ce que notre petit doigt nous dit sur ce qui se passe dans cette école, fit Parvati. 


Sérieusement, les filles


Elles se mirent à glousser encore et encore; beaucoup plus fort cette fois-là. Excédée au plus haut point, Hermione se laissa tomber sur son lit. Qu’était-elle censée faire exactement ? Tout raconter au professeur Rogue ? Lui expliquer que deux élèves au moins savaient pour eux ? Et si elles n’étaient que les premières d’une longue liste de personnes qui allaient découvrir leur relation ? 


Que pouvait faire le professeur à part les surveiller ? Les menacer si elles parlaient ? Faire comme si de rien n’était ? Ignorer ? Nier ? 


Ou peut-être voudra-t-il arrêter leur relation, car la situation devenait trop dangereuse ?


Non, ce serait idiot. Tout se saura à un moment ou un autre. Combien de temps étaient-ils censés se cacher de la sorte ? Jusqu’à la fin de son cursus scolaire ? Jusqu’à ce que cela ne marche plus entre eux ? Jusqu’à ce que quelqu’un le découvre et menace de tout dévoiler ? 


Il était conscient depuis le début que tout cela allait droit dans le mur. Il le savait que tôt ou tard, cela finirait par se savoir. Il devait avoir un plan. Une issue de secours. Quelque chose pour éviter que tout explose.


Un secret même le mieux gardé finissait par se savoir. Même le sortilège « Fidelitas » ne pourra pas vraiment les aider; à moins qu’à défaut d’un lieu, il fût tout aussi efficace sur des sentiments ? Non, cela devait être beaucoup plus compliqué que cela. Ce n’était pas le fait de savoir les sentiments de Hermione pour le professeur Rogue qui la gênait; mais plutôt qu’on sût qu’ils eussent une relation. Était-ce possible de garder la relation secrète avec le sortilège « Fidelitas » ? À moins qu'un simple sortilège de « Oubliette » sur les deux commères suffise à la rendre plus tranquille ?


Et si comme la jeune fille le craignait, elles n’étaient pas les seules à être au courant ?


Lavande et sa meilleure amie sortirent du dortoir après une dizaine de minutes en papotant à propos de Smith. Hermione fut à nouveau seule et elle ne put s’empêcher de laisser échapper un long soupir de fatigue.


La jeune fille s'assit sur le bord du lit, tendit une main en dessous de celui-ci et en sortit une boîte carrée blanchâtre. Elle n'avait pas touché au fondu au chaudron depuis la veille. Elle extirpa par la même occasion le livre sur ‘Luna Mula’ de la réserve, se mit en position de tailleur, l'ouvrit à une page au hasard avant de se mettre à lire en manger d'un air absent les chocolats de chez Honeydukes.


Le chapitre qu'elle abordait était sur le veritaserum. On expliquait pourquoi la potion devait être limpide et insipide. Pour dissimuler cette potion dans un verre de vin ou une tasse de thé, le fait qu’elle fut confondue avec de l’eau pouvait être un atout non négligeable. Il semblerait même que la potion réagissait mal dans certains cas. Par exemple mettre du veritaserum dans du lait conduira inexorablement à la catastrophe. Le lait tournera et aura un goût infect. Les Moldus n'y feront jamais attention. Ils penseront que le lait avait tourné au soleil; quant à sorciers, ils regarderont d'un œil soupçonneux le lait. Croquant dans un autre morceau, elle tourna la page de sa main gauche. Elle tomba sur la fabrication d'une potion indiquée contre les cafards ou autres insectes rampants. Elle tourna de nouveau la page avant de refermer d'un coup sec le livre. Elle cala un morceau de chocolat entre ses dents, remit la boîte d'Honeyduke sous son lit avant de prendre le manuel sous son bras.


Elle descendit dans la salle commune des Gryffondors où les élèves s'adonnaient à leurs devoirs. Elle vit Ron et Neville en train de jouer aux échecs tandis que Ginny parlait de son année avec une autre élève. Aucune trace de Harry. Où était-il donc passé ? Entraînement de quidditch ? Non, Ron serait avec lui. Bibliothèque pour les devoirs ?


Elle passa le portrait de la Grosse Dame en finissant le morceau de fondu au chaudron et se dirigea d'un pas rapide vers la bibliothèque, le livre sous son bras gauche. Elle croisa certaines élèves de Pouffsouffle qui revenaient de leur entraînement de quidditch. Elle leur fit timidement signe de la main avant de prendre un tournant sur la droite. Elle se heurta la tête la première contre quelqu'un et en laissa tomber le livre qui s'ouvrit grand sur le couloir de l'école.


— Miss Granger ! s'écria le professeur Rogue. Faites attention où vous allez !

— Pardon, professeur, s'excusa-t-elle en prenant le livre au sol. Vous aussi, vous n'avez pas fait attention, ajouta-t-elle en frottant la couverture du livre avec sa manche.


Le professeur Rogue lui afficha un sourire crispé, le regard impassible. Elle lui rendit son sourire plus timidement. Cette routine de se croiser de cette manière dans les couloirs 


 Ils se fixèrent un moment sans dire un mot jusqu'à ce que le maître des potions remarqua le livre que tenait la jeune fille :


« Vous comptez le rendre à Mrs Pince ? demanda-t-il d'une voix douce.

— Oui..En fait... je n'en ai plus besoin... puisque vous m'avez expliqué pour Luna Mula, Professeur, répondit la jeune fille en replaçant le livre sous son bras. »


Elle se massa à nouveau machinalement l'endroit à la base de son cou, en ne le quittant pas d'yeux. Le regard du Professeur descendit sur la main droite de la Gryffondor. Cette dernière la retira aussi vivement que si elle avait été piquée par un insecte, les joues empourprées. Le directeur de Serpentard lui caressa la joue droite du bout des doigts, ce qui amplifia les rougissements. Déconcertée, Hermione baissa la tête devant cette nouvelle marque d'affection du Professeur, un sourire gêné aux lèvres.


« Je vous donnerai votre deuxième cours d'Occlumancie ce soir à 19 heures dans mon bureau, Miss Granger, souffla-t-il en retirant ses doigts. Entraînez-vous à faire le vide dans votre esprit jusque là. »


Elle acquiesça vivement, ramenant le livre contre sa poitrine. Intrigué par sa réaction, le Professeur s'enquit, haussant un sourcil :


« Est-ce que tout va bien, Miss Granger ?

— Oui, oui... juste... il fait juste un peu chaud, bredouilla-t-elle. Je vais... aller à la bibliothèque.. »


Elle rebroussa chemin.


« Miss Granger, la bibliothèque est de l'autre côté... »


Elle se retourna de nouveau vers son Professeur, confuse.


« Désolée…, murmura-t-elle. »


Elle lui sourit timidement avant de faire trois pas dans sa direction. Il la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle le dépasse puis il continua son chemin. Cinq minutes plus tard, elle se rendit compte de son erreur. Elle aurait dû parler de Lavande et de Parvati. Ils risquaient encore de se disputer durant le cours d'occlumancie. Le Professeur pensera peut-être qu'elle leur avait parlé d'elle-même. Rebroussant chemin, elle se donna une claque mentale. Bon sang, il devait le savoir. Il n'allait pas la manger... si ? Il allait en direction de son bureau. Hermione accéléra les pas une fois arrivée au cachot. Elle arriva presque essoufflée devant la porte du bureau de Rogue, le livre dans les mains. Elle frappa par trois fois et attendit. Elle tapota du doigt la couverture du livre d'un geste impatient. Le Professeur des potions lui ouvrit la porte. Ses yeux exprimèrent une légère surprise en la voyant là au pas de la porte de son bureau :


« Professeur, puis-je vous parler un moment... murmura Hermione, en prenant une voix dégagée.

— À propos de ? Miss Granger ? Voulut savoir le Professeur en la laissant entrer... Je n'avais jamais remarqué que vous sentiez autant la vanille, Miss Granger... »


Elle se retourna vers lui en rougissant :


« En fait, je sors du bain, Professeur... Mais ce n'est pas de senteur de bains de douche dont j'aimerais vous parler, dit-elle précipitamment. »


Il croisa les bras, l'invita d'un signe de la tête à continuer :


« En fait..heu… comment dire, Professeur... bredouilla de nouveau la jeune fille.

— Oui, Miss Granger ? La pressa-t-il. J'ose espérer que vous n'êtes pas venue ici juste pour "parfumer" mon bureau de.. Vanille. »


Elle lui lança un regard de reproche :


« Non, Professeur. Juste que... juste que j'ai vu Lavande et Parvati tout à l'heure. Et.. et elles savent, Professeur Rogue. Elles savent. »


Le sorcier, habillé en noir la dévisagea, haussant un sourcil :


« Savent ? Savent quoi, miss Granger ? demanda-t-il doucement.


— Pour nous, Professeur, répondit la jeune fille dans un souffle. »

Elle se mordit les lèvres, serrant encore plus fort le livre contre sa poitrine. Le maître des potions arpenta la pièce avant de se retourner vers elle, un sourire narquois aux lèvres et les yeux plissés :


« Vous leur en avez parlé ? fit il de sa voix doucereuse.

— Non, Professeur, répliqua vivement la jeune fille.

— Alors comment sont-elles au courant ?

— Je.. je ne sais pas. »


Elle crut un instant qu'il l'accusait d'avoir tout balancé. Il la fixa intensément du regard ce qui donna une migraine passagère à la jeune fille. Cette dernière secoua la tête, faisant voler ses mèches bouclées sur son visage blême :


« Pas la peine de recourir à la Légilimancie, Professeur, murmura Hermione en s'efforçant de contempler le sol. Je ne vous mens pas.

— Vraiment ? Dit Rogue, d'un air sarcastique.

— Oui, Professeur, cracha Hermione en le regardant dans les yeux. Me faites-vous confiance, oui ou non ?

— Si elles le savent, je suppose que quelqu'un leur a dit. Elles ne sont pas assez futées pour le découvrir par elles-mêmes.

— Et comment pouvez-vous le savoir ? La jumelle de Parvati est à Serdaigles...

— Il ne suffit pas d'appartenir à une maison pour être le fidèle détenteur de ses qualités, Miss Granger. »


La jeune fille ne sut pas quoi répondre durant un moment. Elle continua à l'examiner tandis qu'il refaisait quelques pas dans la pièce. Le silence se faisant trop pesant, la Gryffondor reprit la parole, d'une voix posée :


« Je ne leur ai rien dit, Professeur. je.. je crois que j'ai fait une erreur en gardant votre écharpe d'hier.


— Mon écharpe ne diffère pas d'une de mes élèves, murmura Rogue, le dos appuyé contre la porte. Alors... comment expliquez-vous "cette conclusion" que cette écharpe m'appartenait ?

— Je.. je ne sais pas, Professeur ! bégaya la jeune fille, se sentant de nouveau larmoyante. Je ne leur ai rien dit... je ne comprends pas.

— Vraiment ? Excusez-moi, Miss Granger, de ne pas vous croire.

— Quelqu'un le leur a dit, c'est tout ! S'emporta Hermione. Ne m'accusez pas à tort non plus !

— Pourtant, je vois dans votre tête que vous n'avez pas du tout nié. »


La jeune fille se mordit les lèvres à se faire mal pour contenir les larmes qui coulaient déjà le long de ses joues malgré elle. Non, ils n'allaient pas encore se disputer. Ce n'était pas possible... Ils ne pouvaient donc pas passer une seule journée sans se chamailler pour un oui ou pour un non ? Ou était-ce comme cela ? Est-ce que leur relation ne sera baignée que de disputes et réconciliations ? La jeune Gryffondor ne tenait pas à pleurer chaque jour, car son « bien-aimé » n'était pas de son avis. Même ! Il l'avait traitée de menteuse. Elle ne leur avait rien dit. Enfin, pas directement. De plus, elles n'avaient pas l'aire pas plus emballée que cela. Et cela avait étonné la jeune fille qu'elles n'eussent pas fait des allusions plus osées sur la nuit passée. Peut-être qu'elles lui réservaient ce petit sort pour le soir à venir ? Savoir où elle avait passé la nuit exactement et aussi ce qu'ils avaient fait ? Cette perspective rendait malade Hermione, même s'ils avaient fait quoi que ce soit, cela la regardait elle... Et pas ces deux cruches de...


« Si vous vouliez mettre quelqu'un au courant pour vous confier, pourquoi ne pas m'en avoir parlé, Miss Granger ? Demanda soudainement le directeur de Serpentard en croisant de nouveau les bras,

— Mais c'est vous qui m'avez dit de garder cela secret, se défendit Hermione.

— Garder secret oui, ne pas le crier sous tous les toits, oui. Mais si vous vouliez absolument vous confier – bien que Miss Patil et Brown n'étaient pas très appropriées – pour une raison qui ne me regardait absolument pas, pourquoi ne pas me l'avoir simplement dit ?

— Mais je voulais le dire à Ron et à Harry ! S'écria-t-elle. Mais vous n'avez pas voulu...

— Et croyez-vous vraiment que Potter et Weasley auraient compris ce que vous ressentiez ?

— Au moins, ils me comprennent mieux que vous, lâcha Hermione, malgré elle, »


Elle ravala immédiatement sa salive. Elle n'avait pas voulu dire ça. Si ? Peut-être que si après tout...


« Je vois, murmura simplement le Professeur Rogue. »


Il arpenta de nouveau la pièce quelques instants, réfléchissant. Hermione sentit ses jambes fléchir à chaque pas du Serpentard. Elle s'attendait au pire. Une crise de colère,,, ? Et pourquoi ne lui avait-il pas dit plus simplement qu'elle pouvait se confier à quelqu'un et le lui en parler justement ? Elle aurait bien voulu en parler à Ginny par exemple. La jeune rouquine aurait su garder sa langue et aurait pu lui donner des conseils avec son expérience. Non, il avait fallu que les deux commères fussent informées – par qui ? Hermione ne savait pas... Harry peut-être ? — pour qu'elle sache maintenant tout cela. Pourquoi ne pouvait-elle pas tout simplement se promener main dans la main avec le directeur de Serpentard dans les couloirs en parlant des dernières potions ou des derniers sortilèges de défense contre les forces du mal sans avoir une boule dans le ventre quand elle entendait du bruit derrière elle ? Ce serait tellement plus simple si... leur relation n'était pas prohibée. Par merlin, comment avait-elle fait pour se retrouver dans une situation pareille. Si jamais.. l'affaire arrivait aux oreilles de Dumbledore ? Est-ce que le directeur de Poudlard comprendrait il ? Ou essaierait-il de les séparer ?


« Miss Granger, je crains que nous n'ayons pas le choix, murmura le Professeur Rogue, sortant Hermione de ses pensées, dos tourné, bras croisés.

— C'est à dire Pro..Professeur ? susurra Hermione, sentant son estomac se retourner.

— Il est évident que Potter a sans doute vendu la mèche aux deux jeunes filles les plus commères de l'école et cela délibérément pour vous nuire... pour nous nuire. Et j'ose espérer que vous ne lui chercherez plus d'excuses après cela.

— Harry ? Harry aurait fait ça ? souffla la jeune fille, atterrée.

— Il est évident aussi que l'école sera informée de notre relation avant l'aube. Ainsi...

— Non, Professeur ! Se reprit la gryffondor. Je veux dire... j'ai dit a Parvati et à Lavande de ne rien dire.

— Et comment êtes-vous sûre qu'elles tiendront parole ? Il suffit qu'elles parlent un peu trop fort...

— Si j'en suis sûre ? Bien sûr que oui ! »


Même à elle, cette phrase lui sembla tout sauf véridique. Le maître des potions se rapprocha d'elle et la prit gentiment par les épaules :


« Miss Granger, écoutez-moi. Si Potter vous.. enfin..nous veut du mal, il ne s'arrêtera pas qu'aux commérages.

— Et qu'est-ce...Qu'est-ce que vous voulez qu'il fasse de pire…? gémit la jeune fille, les larmes coulant à flots. ..Pourquoi ? Pourquoi, Professeur ? Qu'est-ce que je lui ai fait exactement ? »


Elle détourna les yeux, éplorés. Il lui déposa doucement la main sur sa joue droite, la forçant à le regarder. Les yeux bruns de la jeune fille étaient complètement noyés, le visage rouge, les lèvres tremblantes. Les yeux ébène du Professeur n'étaient plus si impassibles qu'à l'ordinaire. Une affliction s'y reflétait comme les lumières du bureau se reflétaient dans les bocaux rangés de façon méthodique sur les étagères.


« Qu'est-ce que je lui ai fait...? chuchota Hermione Granger d'une voix cassée. Je... Cela ne peut pas être de la jalousie à cette échelle...

— Il vous reproche peut-être de m'aimer. »


Elle laissa échapper un sanglot tandis que le maître des potions lui prit des mains le livre qu'elle serrait contre elle pour le déposer sur l'étagère derrière eux avant de prendre tendrement Hermione dans ses bras, lui entourant les épaules. La jeune fille enfouit son visage dans la robe noire, libérant ses sanglots et entourant de ses bras frêles le dos du sorcier.


« Qu'est-ce que je lui ai fait ? répéta Hermione. Pourquoi...Pourquoi fait-il cela ?... Pourquoi...? »


Comme toute réponse, il lui caressa les cheveux.


« Pourquoi... pourquoi suis-je amoureuse de vous ? gémit la Gryffondor. »


Elle releva la tête vers lui., le visage ravagé par les larmes. Des mèches lui collaient un peu partout. Il les lui dégagea du bout des doigts tandis que la jeune fille murmura sans le quitter des yeux :


« Pourquoi... pourquoi... ne me détestez-vous pas ?

— Vous auriez préféré m'aimer sans que cela soit réciproque ? murmura-t-il à son tour, d'une voix doucereuse, en affichant un rictus.

— Je vois que, vous, vous en avez décidé autrement, déclara-t-elle avec amertume.

— Je n'ai fait que...

— Me faire préparer la potion qui allait me faire tomber dans vos bras ? Coupa Hermione – elle eut un petit rire sans joie –, c'est vous qui m'avez mise dans cette situation.

— Miss Granger, je ne vous ai pas demandé de m'aimer, répliqua-t-il en s'efforçant de ne pas hausser le ton.

— Vraiment ? fit-elle sarcastique. Ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre, Professeur. »

De la crise de larmes, elle était passée à l'acerbité, elle le dévisagea sans se dégager de son étreinte. Celui-ci lui soutint le regard, le visage de nouveau impassible, les yeux insondables.

« Si le sort "Oubliette" n'était pas si hasardeux, je me le serais envoyé pour vous faire partir de ma tête, Miss Granger, souffla le maître des potions d'une voix glaciale.

— Vous n'allez tout de même pas m'avancer que c'est de ma faute si vous êtes épris de moi ? S'indigna Hermione.

— Quelle importance, Miss Granger ?

— Quelle importance ? Quelle importance ?! répéta-t-elle, offusquée. Si... si,,,,

— Si quoi ? »


Elle n'arrivait plus du tout à trouver ses mots dans toutes ces émotions. Elle chercha quelque chose à redire, mais rien ne sortit de sa bouche. Elle avait comme l'impression que l'inévitable allait bientôt la frapper en plein fouet.


« Cela va vous peiner autant qu'à moi, Hermione, souffla le Professeur Rogue.

— Ne vous cachez pas derrière l'appellation de mon prénom pour paraître moins rêche, cracha Hermione. »


Elle crut un instant qu'il allait se fâcher, mais il se contenta d'afficher un rictus que lui seul pouvait savoir la signification. Il se dégagea lentement d'elle, lui tourna le dos et fit quelque pas dans la pièce. Arrivé devant son bureau, il lui murmura sans lui faire face :


« Cela va.. vous peiner autant qu'à moi, Hermione... les circonstances ne nous sont pas... agréables. Et je ne veux pas prendre le risque de vous gâcher votre année de BUSE. Que je sois renvoyé, à la limite, cela me fait autant d'effet que RictusSempra sur un sombral.. Mais que vous échouez à cause de cela... parce que votre ami – le survivant — "l'élu" — a décidé de gâcher nos moments, je ne peux pas l'accepter. Potter n'a pas tenu compte de mon avertissement. Dans un sens, je m'en doutais un peu. Après tout, il a vous-savez-qui à ses trousses depuis son enfance. »


Hermione sentit son cœur se resserrer et regretta immédiatement d'avoir été si désagréable. Non, il ne voulait quand même pas...?


« Professeur ? Qu'est... qu'est-ce que vous voulez dire par là ? souffla-t-elle en se rapprochant farouchement.

— Il faut arrêter les frais, répondit-il en lui faisant face. »

Non !

« Je vous l'interdis ! cria Hermione en se remettant à pleurer. Non ! NON !

— Hermione, je vous en prie, soupira le Professeur. C'est..

— Non ! Non ! Non ! objecta vivement la jeune fille en se jetant contre lui. Non ! Je vous l'interdis ! Je...

— C'est la meilleure solution...

— NON ! CE N’EST PAS LA MEILLEURE SOLUTION ! S'égosilla la Gryffondor. JE VOUS INTERDIS DE... »


Accrochée à sa robe, elle le regarda avec supplication, les lèvres tremblantes.


« Ce n'est pas parce que.. Parce que Harry le sait et que... et que ces deux pimbêches aussi qu'il faut que.. qu'il faut...Qu'on se quitte... sanglota-t-elle, limite hystérique. Ils... ils auraient fini par le savoir de toute manière alors... alors qu'est ce que ça change ? »


Il ne répondit pas, la contemplant, son visage impassible.


« Même si... même si... l'école le sait, qu'est-ce que ça change ? continua-t-elle.

— Cela change que selon le règlement et la loi, je ne dois pas m'amouracher de mes élèves, répondit-il avec douceur.

— Mais... vous saviez que vous allez être…contre la loi en me voulant, non ? Alors pourquoi?…Alors, pourquoi avoir quand même essayé ? Pourquoi... pourquoi vous êtes-vous entêté ?

— Je savais que je risquais gros. Je savais que je risquais de mettre votre scolarité en périple, mais j'ai quand même essayé de vous séduire. Je me disais que je partais perdant et que Luna Mula allait peut-être m'aider à me rapprocher de vous sans pour autant que vous tombiez amoureuse. Et la situation a tellement dépéri que je suis étonné de ne pas voir débarquer le ministre en personne pour signer mon renvoi. Voilà pourquoi. »


Il lui prit doucement le visage entre ses mains et collant son front contre le sien :


« Ces moments passés avec vous... me permettront sans nul doute de créer le plus beau patronus corporel qu'on ait jamais vu.

— Ce n'est pas juste, souffla Hermione tremblante comme une feuille. Ce n'est pas juste... »


Il lui élança les épaules. La jeune fille murmura d'une voix brisée :


« L'amour ne suit pas de règles... Ce n'est pas juste... »


Sans un mot, le directeur des Serpentard s'empara des lèvres de Hermione dans un baiser à la fois doux et passionné. Elle écarta doucement les lèvres. Leurs langues se caressèrent durant un long moment, la main de Rogue caressant les cheveux de la jeune fille, cette dernière lui enlaçant le cou. Gémissante, elle se retrouva vite contre le bureau, la bouche écrasée par celle de son Professeur. Il descendit ses mains le long du dos, happant et mordillant les lèvres de la Gryffondor. Il les libéra pour descendre les siennes le long du cou de la jeune fille. Elle poussa un petit cri étouffé, frissonnant de la tête au pied, quand il lui happa doucement la base du cou. Elle le laissa lui mordiller le cou avant qu'il ne l'embrasse de nouveau langoureusement cette fois-là. Leur délectation ne prit fin que quand le maître des potions se dégagea doucement d'elle, tout deux haletants.


— Vous... vous devriez partir, Miss Granger, souffla-t-il. Sinon, je... »


La jeune fille le fit taire en s'emparant d'elle-même de ses lèvres dans un geste à la fois brusque et doux. Il lui rendit le baiser, la main posée sur son visage blême. D'un geste doux, il la souleva pour la mettre sur son bureau tout en continuant à l'embrasser. Elle commençait à avoir mal à la mâchoire à force et ne plus avoir une goutte de salive. L'odeur de la vanille planait autour d'eux comme un aphrodisiaque. Lentement, le Serpentard lui glissa une main sous le chemisier de la jeune fille. Et elle sut avec certitude qu'ils étaient au point de non-retour...


Hermione marchait en chancelant dans les couloirs de Poudlard, la mine ravagée par les larmes. Elle aurait voulu sourire, mais aucun muscle de son visage ne réagissait. Quand elle entendit cette voix-là, elle releva la tête d'un geste brusque, faisant voler ses cheveux bouclés et touffus autour de son visage.


Harry Potter.


Il était avec Cho Chang près de l'escalier principal. Il avait l'air souriant. Trop souriant. Avant même qu'elle s'en rendît compte, Hermione marcha d'un pas décidé vers le survivant. À un mètre de lui, le muscle de son bras droit se tendit violemment.


PAF !


Sa main s'abattit avec force sur la joue du jeune Potter, faisant valser ses lunettes à terre dans un bruit métallique. Certains élèves, alertés par le geste, s'arrêtèrent nets. McGonagall, Flitwick ainsi que Chourrave cessèrent leurs conversations et se tournèrent en même temps vers les deux Gryffondors. Miss Chang fit un pas de recul en voyant l'expression peu commune sur le visage de Hermione Granger.


— Tu es content ? cria-t-elle de toute la force de sa voix, la main droite élancée par la douleur. On a rompu. Hein, Potter, que tu es content ! 


Les nombreuses personnes de l’assistance se lançaient des regards en biais, ne comprenant pas le comportement de la célèbre Miss je sais tout de Poudlard. Elle était simplement méconnaissable avec cette voix cassée par la colère et la rage; ses cheveux emmêlés plus que jamais et cette démarche chancelante. 


Harry Potter n'avait toujours pas réagi à la claque. Il observait Hermione comme si c'était la première fois qu'il la voyait.


— Hein ?! Que tu es content ! POTTER ! s’égosilla Hermione. On a rompu ! Le professeur Rogue et moi avons rompu À CAUSE DE TOI !


Sans prêter attention aux exclamations de surprise de l'assistance, ni même à la mine consternée de sa directrice de maison ainsi qu'a la syncope du minuscule professeur Flitwick, Hermione Granger s'en alla au pas de course en pleurant toutes les larmes de son corps. 


Harry Potter, quant à lui, ne souriait plus du tout.

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