Filament de lune

Chapitre 16 : Un ange passe

3705 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/05/2020 11:26

Harry se retourna prestement et, à la vue de la tignasse rousse de son meilleur ami, poussa un profond soupir de soulagement.

- Ron ? Tu m’as fait une de ses peurs !

- Désolé, vieux. Que s’est-il passé ? Je m’inquiétais moi, lui reprocha Ron d’un air bougon. Vous êtes partis presque quatre heures !

- Tant que ça ? ironisa Harry. C’est fou ce que le temps passe vite quand on s’amuse…

Ils avaient repris le chemin de la tour des Gryffondors, après que Harry eût jeté un coup d’œil au fond du couloir du 2ème étage, mais en vain : Malefoy avait disparu.

_ Alors ? Raconte, le pressa Ron. Vous avez découvert ce que trame Malefoy ?

Harry secoua la tête, dépité.

- Toute cette escapade n’aura servi à rien, si ce n’est à nous conforter dans l’idée qu’effectivement, Malefoy prépare un sale coup, déclara-t-il d’un air las. Quant à savoir lequel, c’est une autre histoire.

- Et Hermione ? Où est-elle ?

Les deux garçons étaient arrivés devant le portrait de la grosse dame, occupée à se limer les ongles avec une pierre ponce que lui avait fourni l’Alchimiste, quatre tableaux plus haut.

- Fors fortis, dit Harry à la grosse dame.

- Je n’en suis pas si sûre, répliqua-t-elle en ouvrant le passage de mauvaise grâce.

Les deux amis s’engouffrèrent dans la brèche et longèrent l’étroit corridor qui menait à la salle commune.

- Harry, tu ne m’as pas répondu, insista Ron. Où est Hermione ?

- A l’infirmerie, répondit finalement Harry sans le regarder.

- Quoi ?

Ron devint très pâle tout à coup. Les traits crispés, il déglutit avec difficulté.

- Que s’est-il passé, Harry ? Dans quel état est-elle ? C’est grave ? Réponds-moi, nom d’un chien, s’écria-t-il d’une voix blanche, en saisissant son ami par les épaules pour l’obliger à lui faire face. Que lui est-il arrivé ?

- Elle n’a rien de grave, Ron, je t’assure. Une acromantule l’a blessé à la jambe.

A ce moment, Ron ne put réprimer un frisson d’horreur.

- Elle a perdu beaucoup de sang, poursuivit Harry sans s’émouvoir, mais Mrs Pomfresh nous a assuré que c’était superficiel. Elle devrait être sur pied d’ici demain soir.

Bien que vaguement soulagé par le compte-rendu laconique de son ami, Ron restait tendu, toutes ses pensées convergeant vers…

- Une acromantule ? ? ?

Il esquissa une grimace où se lisait son profond dégoût. Ron avait une sainte horreur des araignées, et plus encore des acromantules, auxquelles il avait eût affaire, une fois, ce qui lui avait laissé un souvenir cuisant. Devant l’expression ahurie de son ami, Harry entreprit de lui décrire par le menu tout ce qui s’était passé depuis leur départ du château, quelques heures plus tôt.

- Enfin voilà, conclut-il au bout d’un moment. On a passé une soirée éprouvante, on n’en sait pas plus concernant Malefoy ou ce qu’il allait chercher dans la Forêt – si tant est qu’il ne nous y ait pas juste attiré pour se divertir un peu à nos dépends – et nous avons raté le dîner par-dessus le marché ! J’ai une faim de loup ! s’exclama Harry, de mauvaise humeur, dont l’estomac affamé se rappelait à son bon souvenir maintenant qu’il était à l’abri, sain et sauf.

- Appelle Dobby, grommela Ron, peu enclin à se préoccuper de ces problèmes d’intendance. Il faut l’arrêter, Harry. Coûte que coûte. Peu importe le moyen, il faut que Malefoy paye pour ses magouilles. On ne peut pas le laisser nous mettre en danger de cette façon !

Harry haussa les épaules, éreinté. Ron avait raison, bien sûr, mais à l’heure actuelle, seul l’appel de son lit et d’une assiette bien remplie motivait un tant soit peu le jeune homme. Les yeux rivés sur la cheminée, Ron paraissait extrêmement concentré, plongé dans ses réflexions.

- Je vais le tuer.

Il avait dit ça posément, presque rêveusement, mais fermement. Harry se tourna vers son ami, vaguement inquiet. A son grand désarroi, Ron paraissait tout à fait décidé, la haine qu’il vouait à Malefoy se lisant sans peine sur la moindre parcelle de son visage. Malgré son estomac qui le tiraillait de plus en plus douloureusement, Harry empoigna fermement Ron par le bras pour tenter de le raisonner.

- Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne solution, Ron, murmura Harry d’une voix pressante. Il y a d’autres moyens…

- Qu’est-ce qui se serait passé si Hagrid ne vous avait pas trouvés, Hermione et toi ? gronda Ron, les dents serrées.

- Je l’aurais ramenée, Ron. Quoi qu’il ait pu arriver, je n’aurais jamais laissé Hermione là-bas toute seule, assura Harry avec véhémence.

- Et à supposer que Malefoy ait décidé de vous tuer ? Il en a eu l’occasion ce soir. Sans traces, ni témoins. En toute impunité !

Ron s’était levé brusquement, fulminant de rage. Il détourna la tête pour que Harry ne voie pas les larmes de colère qui emplissaient ses yeux malgré lui.

- Il aurait pu, mais il ne l’a pas fait, rétorqua posément Harry. Malefoy n’est pas du genre à réaliser pareil exploit dans l’anonymat le plus total, de toute façon. S’il essaye un jour de me tuer, il frappera un grand coup, de façon à ce que tout le monde sache que lui, Malefoy, a réussi à tuer le Survivant, grinça-t-il. Mais je doute sincèrement qu’il y parvienne un jour… Il est bien trop lâche pour ça.

Il se leva à son tour et s’approcha de Ron, qui cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les larmes de ses yeux rougis.

- Je ne laisserais jamais Malefoy vous faire du mal, à Hermione ou à toi, tu le sais, non ? Elle va bien, Ron. Ok ?

Ron hocha la tête silencieusement, les poings toujours serrés. A cet instant, Ginny émergea du dortoir des filles et descendit précipitamment les escaliers avant de se jeter dans les bras de Harry, qu’elle étreignit avec soulagement. Puis, elle lui asséna une petite claque sur la joue en signe de mécontentement.

- Ne refais jamais ça, Harry Potter, fulmina-t-elle. Si je te reprends encore à mettre ta vie en danger de façon aussi puérile, je te jure que ça ira mal pour toi. C’est clair ?

Harry sourit, amusé de l’autorité maladroite de Ginny.

- C’est promis. Excuse-moi de t’avoir inquiété.

Il l’embrassa tendrement sur le front en la serrant contre lui.

- Je vais descendre aux cuisines, lui annonça-t-il après un moment, je meurs de faim. Tu veux venir avec nous ?

Harry s’était tourné vers Ron, qui n’avait pas bougé d’un pouce.

- Non, répondit Ron en s’éclaircissant la gorge. Je vais plutôt essayer d’aller voir Hermione.

- D’accord… Fais quand même attention de ne pas te faire repérer, le prévint Harry avec un sourire entendu. A cette heure-ci, les visites sont carrément interdites.

Sur ces bonnes recommandations, Ron prit la direction de l’infirmerie à pas de loup. Il se faufila discrètement à l’intérieur de la vaste salle plongée dans la pénombre, en prenant soin de ne pas être vu de Mrs Pomfresh, dont la loge était toujours illuminée. Mais, en jetant un rapide coup d’œil à travers les rideaux, il constata que l’infirmière en chef était profondément assoupie dans son fauteuil de garde. Il passa telle une ombre entre les rangées de lits, à la recherche de Hermione, ce qui ne fut pas chose facile : pour son plus grand malheur, ce soir-là, plusieurs lits étaient occupés. Après s’être trompé deux fois de malade, il localisa enfin la couchette de son amie, et s’approcha d’elle, tout doucement. Hermione était étendue, les yeux clos, les cheveux épars sur l’oreiller, et sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration lente et régulière, une expression de paix sur le visage. Mrs Pomfresh avait pris soin de bander sa jambe après avoir vraisemblablement refermé la plaie. Timidement, Ron prit l’une de ses mains dans les siennes, et y déposa un chaste baiser. L’angoisse qui l’étreignait en cet instant était telle qu’il se serait volontiers laissé aller à pleurer en s’agrippant à elle à la recherche d’un quelconque réconfort. Au lieu de cela, la gorge nouée, il resta un long moment à son chevet, à contempler ce doux visage qu’il craignait tant de voir disparaître un jour. Puis, sans un bruit, il s’éclipsa, tel un ange qui passe et qui s’en va.

***

Le lendemain, Harry et Ron durent faire de gros efforts pour ne pas se ruer sur Malefoy lorsqu’ils le croisèrent dans la Grande Salle, entouré de sa bande d’admirateurs habituels à qui il avait sans nul doute relaté les événements de la veille. Ni l’un, ni l’autre ne se sentait d’humeur à tester les limites de leur patience, aussi avaient-ils bien vite fait une provision de toasts et étaient sortis prendre leur petit-déjeuner dans le parc, profitant de l’air vivifiant pour se remettre les idées en place. Disposant d’un peu de temps libre, ils poussèrent leur promenade jusqu’à la cabane de Hagrid. Celui-ci paraissait encore un peu en colère contre Harry, mais il leur proposa tout de même une tasse de thé, que les garçons s’empressèrent d’accepter avec reconnaissance. Ils restèrent un moment à discuter avec le garde-chasse, occupé à préparer une étrange mixture – visiblement destinée à Crockdur – et ils lui donnèrent des nouvelles de Hermione.

- Mrs Pomfresh est optimiste, expliqua Harry. Elle ne nous a pas laissé la voir, mais elle devrait la laisser sortir ce soir, si tout va bien.

- Bonne nouvelle, grommela Hagrid. Mais j’espère que ça te servira de leçon à l’avenir, dit-il en pointant une espèce de grand couteau émoussé vers Harry. Quant à toi Ron, je te félicite de ta présence d’esprit et de ta loyauté. Sans toi, leur compte était bon.

Ron sentit le rouge lui monter aux oreilles et se tortilla sur sa chaise.

- Il ne faut rien exagérer, Hagrid, tempéra-t-il avec un sourire gêné. Vous savez, si je n’avais pas été pris par ailleurs, je les aurais sûrement accompagnés…

Mais son sourire disparut bien vite lorsque Hagrid lui lança un regard noir en poussant un grognement, tandis que Harry se retenait à grand peine de rire. Ils finirent leur tasse – en fait de tasses, il s’agissait plutôt de sortes de grands vases pourvus d’anses – et prirent congé de leur ami.

Harry abandonna ensuite momentanément Ron pour se rendre au bureau du professeur Dumbledore ainsi qu’il l’avait promis à Hagrid, pour lui relater les événements de la veille.

Bien que Dumbledore ne crut pas un instant que Malefoy eût réellement l’intention de s’en prendre ouvertement à Harry – il s’entêtait à ne pas le croire capable d’une bassesse équivalente à celle de son père – il le mit cependant en garde.

- Il me serait fort désagréable qu’il t’arrive quoi que ce soit en ce moment, Harry. La quête que je poursuis dès à présent ne peut être entravée de la sorte, aussi te prierais-je de faire bien attention où tu mets les pieds. La recherche des Horcruxes est primordiale dans le combat que nous menons contre Lord Voldemort, et requiert toute mon énergie. Dans l’intervalle, je ne veux pas que tu cours de risques inconsidérés.

- Mais professeur, Malefoy est…

- Je doute sincèrement que Drago ait dans l’idée de s’attaquer directement à toi, le coupa Dumbledore. Il n’a pas l’étoffe d’un Mangemort. En revanche, je le crois suffisamment malin pour chercher à nous faire perdre du temps, Harry. Ne le laisse pas nous détourner de notre voie première. Reste sur le chemin que tu t’es fixé et ne t’en écarte jamais, c’est la clef de notre réussite… ou de notre échec.

Alors, Harry refoula sa colère contre Malefoy et acquiesça silencieusement.

- Bien, professeur. Si au moins je pouvais vous assister, me rendre utile, plutôt que de…

- Tu m’es bien plus utile en classe, là où je te sais en sécurité. C’est tout ce que je te demande pour le moment, Harry : reste en sécurité.

De mauvaise grâce, Harry hocha la tête, résigné. Dumbledore lui sourit d’un air bienveillant, le regard pétillant derrière ses lunettes en demi-lune.

- Parfait. Tu peux partir à présent.

Tandis que Harry se dirigeait vers la sortie, Dumbledore le rappela malicieusement en lui tendant une coupe remplie de ce qui ressemblait à des bonbons bondissants au réglisse.

- Un Suçacide ? proposa-t-il aimablement.

Désabusé, Harry déclina l’offre, et s’empressa d’aller retrouver Ron, qui pesta contre le verdict de Dumbledore.

- Il n’est jamais allé en cours avec Malefoy, ça se voit…, ronchonna-t-il.

Le reste de la matinée s’écoula à une lenteur inhabituelle. Le cours d’histoire de la magie s’avéra plus soporifique que jamais, et seuls les quelques ronflements qui s’élevaient de temps à autre du fond de la classe venaient rythmer un tant soit peu le discours monocorde du professeur Binns, éternellement coincé dans son fauteuil à oreilles. Après le déjeuner, Harry, Ron, Seamus et Neville, qui disposaient encore d’un moment de temps libre, avaient décidé d’aller réviser tous ensemble dehors pour leur examen de Métamorphose, ayant dans l’idée qu’en se serrant les coudes, ils assimileraient mieux les formules compliquées du professeur McGonagall, qui semblait prendre un malin plaisir à corser ses cours chaque semaine.

- Elle va me faire devenir chèvre ! s’exclama Seamus alors que le groupe des garçons prenait la direction du parc. Et ça n’aura rien à voir avec de la métamorphose, croyez-moi !

- J’aimerais bien pouvoir me changer en chèvre…, murmura Neville, plus pour lui-même que pour les autres.

Harry, qui l’avait entendu, haussa les sourcils, vivement surpris. Ne faisant pas attention où il mettait les pieds, il se heurta de plein fouet à Ron qui, alors qu’ils traversaient le hall pour sortir du château, avait stoppé net. Harry rajusta ses lunettes à la hâte et comprit rapidement la soudaine immobilité de son ami. Appuyée sur Ginny, Hermione s’avançait vers eux, en boitant légèrement. Depuis la veille, elle avait repris des couleurs, mais ses traits se durcirent à la vue de Ron, qui la considérait d’un air interdit. Seamus toussota légèrement pour attirer l’attention de Neville, et lui fit signe de le suivre dehors afin de laisser leurs camarades entre eux. Pour dissiper la gêne qui s’installait, Harry afficha un large sourire et prit un air dégagé.

- Hermione ! Tu es déjà sortie ? Ça fait plaisir de te voir, s’exclama-t-il en s’avançant vers elle, en ayant pris soin de harponner Ron au passage.

Hermione adressa un large sourire à Harry, qui la serra dans ses bras.

- Mrs Pomfresh voulait que je reste une journée de plus en observation, mais j’ai tellement insisté pour sortir qu’elle a fini par céder. Ginny est passée me chercher pour m’aider à descendre les escaliers, expliqua-t-elle, et me voilà ! Harry, je vais bien… et c’est grâce à toi.

Hermione lui serra chaleureusement la main, reconnaissante. A côté de lui, Ron luttait pour ne pas céder à la tentation de s’enfuir à toutes jambes, mutique, mais Harry lui donna un léger coup de coude pour le sortir de sa torpeur.

- Euh… hum… Content de voir que tu vas bien, Herm’, dit-il d’une voix mal assurée.

Ron regretta immédiatement de s’être manifesté. Hermione avait lâché la main de Harry et s’était tournée vers lui, rouge de colère. Elle avait ensuite pointé un doigt accusateur sur son torse, sur lequel elle appuyait de manière incisive à chaque syllabe qu’elle prononçait, forçant Ron à reculer d’un pas à chaque fois.

- Toi ! Comment oses-tu m’adresser la parole ? tonna-t-elle. Tu nous as lâchement abandonnés hier ! Où étais-tu quand on avait besoin de toi ? Hein ? Avec Miss Lavande Brown ? ? ? As-tu la moindre idée de ce que l’on a traversé ? Sans toi ? On avait besoin de toi et toi, tu… Tu batifolais avec cette… Cette… Tu sais quoi ? Tu me dégoûtes, Ronald ! Tu ne…

- Hermione, stop ! Arrête !

Harry et Ginny s’empressèrent de s’interposer entre elle et Ron, tandis que le pauvre garçon, blême de honte, ne savait plus où se mettre. Les yeux de Hermione lançaient presque littéralement des éclairs. Sa rancœur envers Ron n’avait d’égal que la douleur lancinante qui lui vrillait encore la jambe à intervalles réguliers. Mais Harry entreprit de la raisonner.

- Du calme, Hermione ! C’est Ron qui a donné l’alerte, hier soir. C’est lui qui a prévenu Hagrid que nous étions sortis et pas encore rentrés. Mes appels au secours n’ont été captés par personne. Mais Ron s’est inquiété de ne pas nous trouver. Sans lui…

Il jeta un coup d’œil à Ron, le visage décomposé par le remord, qui faisait peine à voir.

- …je ne sais pas ce qui serait arrivé, poursuivit-il, mais tu lui dois d’avoir été soignée rapidement. Alors, du calme, vraiment. Lâche-lui un peu la grappe, d’accord ?

Hermione se sentit franchement bête, tout à coup. Elle se mordit la lèvre, partagée entre l’envie de s’excuser et celle de trouver d’autres griefs à mettre sur le dos de Ron. Mais, n’en trouvant aucun, elle se fendit d’un soupir lourd d’exaspération, toujours mécontente, mais apaisée.

- D’accord. Donc… Merci, je suppose, articula-t-elle avec embarras.

- Pas de quoi, bredouilla Ron d’une voix éraillée. Si j’avais su…

- N’en parlons plus ! le coupa Hermione un peu sèchement. Ce qui est fait est fait.

Harry fit un signe discret à Ginny, qui passa son bras sous celui de Hermione.

- On va faire un tour, toutes les deux ? Les garçons ont prévu de réviser de leur côté, je crois, fit remarquer Ginny avec douceur. Et ça ne te fera pas de mal de prendre un peu l’air après être restée enfermée toute la journée…

Hermione acquiesça avec reconnaissance tandis que Harry entraînait déjà Ron, éprouvé par cette confrontation houleuse, à la recherche de Neville et Seamus.

Les deux jeunes filles prirent le parti d’aller se promener autour du lac, là où elles étaient sûres de ne pas croiser les garçons à nouveau. Ginny était parvenue à détendre quelque peu Hermione, et cherchait maintenant à recueillir les confidences de son amie.

- Tu ne dois pas lui sauter à la gorge comme ça, sans raison, fit remarquer Ginny. Je sais que Ron a ses torts, c’est vrai. Mais…

- Mais j’en ai aussi, c’est ça ?

Ginny hocha la tête silencieusement avec un petit sourire contrit. Hermione fixait le sol, prenant garde de ne pas trop forcer sur sa jambe encore faible.

- Je ne le fais pas exprès, Ginny, mais… C’est plus fort que moi. Dès que je le vois, la colère m’envahit et je ne réfléchis plus, je crois, expliqua Hermione. C’est bête, hein ?

- Je ne pense pas que ce soit bête… Enfin, si, un petit peu en fait. Je n’ai pas à me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je crois surtout que vous devriez enterrer la hache de guerre, tous les deux. Surtout aujourd’hui.

- Pourquoi aujourd’hui particulièrement ? s’enquit Hermione, surprise.

Ginny lui sourit d’un air énigmatique.

- Peut-être parce que nous sommes le 1er mars, et que c’est…

- …l’anniversaire de Ron ! s’exclama Hermione en se frappant le front du plat de la main, catastrophée. J’avais complètement oublié !

- Lui aussi, rassures-toi ! répliqua Ginny, qui trouvait la situation particulièrement amusante. Ce serait le bon moment pour repartir sur de bonnes bases, non ?

Hermione acquiesça mais ne dit rien. C’était une belle journée pour une réconciliation, en effet. Le soleil brillait, une légère brise faisait vibrer l’air chargé de parfums naissants et la nature toute entière semblait s’être accordée pour faire de cet après-midi un moment de paix et de tranquillité.

Pourtant, au loin, de lourds nuages s’amoncelaient déjà, obscurcissant le ciel d’un noir présage…

Laisser un commentaire ?