Blaireaux : sorciers de l'ombre

Chapitre 4 : En route vers Poudlard

3908 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 28/04/2020 22:05

Toujours sous le choc de la séparation avec sa famille, Pete s’avança maladroitement dans le couloir du véhicule. C’était un train à compartiments. L’épreuve de la sociabilisation avec les autres sorciers arrivait donc bien plus tôt que prévu.

Il passa devant une première cabine remplie d’élèves seniors vêtus de robes noires, qui parlaient fort et riaient aux éclats. Celle d’après était exclusivement remplie de jeunes adolescentes, et il les dépassa en toute hâte. Certaines cabines étaient déjà pleines d’élèves somnolant avec leurs animaux sur les genoux. Il en trouva une avec une place libre, une ambiance assez calme et des enfants de son âge qui semblaient aussi effrayés que lui ; mais bizarrement, il ne voulut pas les rejoindre. Sans pouvoir l’expliquer, il cherchait à tout prix à trouver une cabine libre pour faire le voyage seul.

Il finit par trouver un compartiment encore vide et se décida à y entrer. Mais en voulant l’ouvrir, il se heurta à un autre élève qui était arrivé en face de lui et qui s’était lancé dans le même mouvement et au même instant sans faire attention.


- Désolé ! fit le garçon aux cheveux blond clair

- Heu, non, c’est moi… Je… Je vais chercher un autre compartiment…

- Si tu en cherches un vide, toi aussi, je viens de l’autre côté du train, je n’en ai pas trouvé.

Pete ne sut pas quoi répondre.

- Bon… Je vais m’installer là, reprit le garçon. T’as qu’à venir aussi. En tout cas, si tu aimes les Beatles, on aura un sujet de conversation !

A l’évocation du groupe de rock, le regard de Pete s’illumina. Il n’était pas spécialement fan du groupe, quoiqu’il aimât assez bien leur musique, mais c’était un sujet de conversation non-magique sur lequel il saurait quoi répondre. C’était plus qu’il n’en demandait. Il suivit le garçon dans le compartiment et répondit sans réfléchir :

- J’adore les Beatles !

- Génial, moi aussi !

- Et heu… par contre… par contre, je connais rien à la magie. Y a pas de… heu… de « sorciers » dans ma famille, articula-t-il en rougissant comme une tomate.

Il attendit la réaction du jeune homme avec une angoisse oppressante.

- Ah, tant mieux, moi non plus ! répondit-il. Ma mère a complètement paniqué quand on a reçu cette lettre super bizarre !

Le nœud dans l’estomac de Pete se défit comme par magie. Il remercia le ciel d’être tombé sur un autre enfant de moldus, comme lui.

- Comment tu t’appelles ?

- Arthur Clay, et toi ?

- Enchanté Arthur, moi c’est Pete Doe.


Dans la demi-heure qui suivit, Pete eut l’impression de rencontrer tous les membres de la famille d’Arthur un à un, et d’en savoir plus sur eux que sur lui-même.

Tout comme lui, la famille d’Arthur était entièrement moldue et la révélation de la magie avait eu l’effet d’une onde de choc. Mais son père, un rockeur et un propriétaire de bar qui avait traversé l’océan maintes fois, dont une pour participer au Festival de Woodstock, et qui avait plus de tatouages dans le dos que son fils n’en savait compter, avait pris la nouvelle avec peu de complexes et beaucoup de tranquillité.

- Il faut savoir qu’à part picoler, mon père a deux passions : les barbecues, et les solos de guitare, expliqua Arthur avec beaucoup de solennité. Alors quand on a appris que j’étais un sorcier, il a rédigé lui-même la réponse à Poudlard et il est resté très cool. Il se trouve que sa mère était une hippie. Juste avant de mourir, elle m’a légué une statuette de Janis Joplin qu’elle a gardée avec elle jusqu’à la fin de sa vie ! Mon grand-père est un hippie aussi, sauf que mon père n’a plus de nouvelles de lui depuis au moins vingt ans. Mais il nous envoie des cartes postales de temps en temps, alors j’espère que je le rencontrerai un jour. Il paraît que ma grande sœur, Sydney, arrive à communiquer avec lui à distance, grâce à ses pouvoirs divinatoires. D’ailleurs, quand j’ai reçu ma lettre, elle m’a dit qu’elle s’y attendait, parce qu’elle savait que j’avais un don, moi aussi ! Plutôt cool, hein ? D’ailleurs, tu savais qu’elle s’appelait « Sydney » en hommage à Syd Barrett, le chanteur des Pink Floyd ? Rien à voir avec l’Australie ! Je précise, parce que ma mère, elle, est Australienne. Elle y a vécu pendant dix ans, et ensuite elle a déménagé en Angleterre avec sa famille. Et c’est pendant ses études qu’elle a rencontré mon père. Enfin, eux ils disent « études », mais moi je suis sûr que c’était plutôt en garde-à-vue !

Grâce à la culture musicale que son père lui avait enseignée, Pete parvenait à saisir la plupart des références d’Arthur, mais devait tout de même s’accrocher.

Arthur poursuivit ainsi sur les membres de sa famille et sur son histoire, puis en vint à lui raconter sa vie d’écolier. Pete redoubla alors d’attention. Il fut surpris de l’écart énorme entre leurs deux personnalités.

Là où Pete avait énormément souffert du regard des autres, à cause des habitudes légèrement spéciales qu’il avait développées à la cour d’école, Arthur, lui, avait su tirer parti de la différence. Les adultes et autres enfants attribuaient ses « tours » à son espièglerie naturelle et à des jeux d’enfant. Et s’il lui arrivait de parler de choses qui semblaient impossibles à son entourage, comme la fois où il avait fait disparaître la vitre en verre qui le séparait d’un sac de confiseries qu’il convoitait avec une envie irrépressible dans une épicerie, il n’essayait jamais de faire en sorte qu’on le croit ; l’intérêt qu’on lui portait pour ces histoires farfelues suffisait largement.

Cependant, s’il était plutôt populaire dans son école moldue, le monde magique ne semblait pas lui réserver le même accueil. Au Chemin de Traverse, il avait tenté de sympathiser avec une bande d’élèves un peu plus âgés que lui qui passait par là et à qui il aurait voulu poser des questions sur l'école et la magie. Or il s’était heurté à des moqueries et fait traiter de noms très étranges tels que « né-moldus » ou même quelque chose comme « sang-de-tourbe » et il était reparti très déçu.

- Ce groupe-là m’avait déjà sacrément refroidi, quand je suis tombé sur une fille qui entrait aussi en première année à la librairie où j’allais acheter mes livres de cours. Du coup, je me suis dit que j’allais sympathiser avec elle. Je lui demande simplement quel livre elle cherche, et là, elle me sort dix minutes de chapitre sur les chandelles volantes de la grande salle qu’elle a lu dans son bouquin, « L’Histoire de Poudlard ». Alors que je ne connais même pas son prénom !

- Vous vous êtes tombés dessus comment, déjà ?

- J’avais coincé ma montre dans ses cheveux en prenant un livre sur une étagère… Elle a beaucoup de cheveux, j’y peux rien. J’espère juste qu’ils ne sont pas tous comme ça, ici.

- Oh, y a peu de chances… Cela dit, j’aurais bien aimé avoir un livre comme celui qu’elle avait, pour me cultiver. Tu vois, je ne réalise toujours pas que je suis un sorcier. Je n’ai encore jamais lancé de sort, ou expérimenté mes pouvoirs.

- Ah bon ? fit Arthur, d’un air étonné

Pete rougit légèrement. Arthur étant sa seule attache dans ce monde inconnu, et son premier ami dans le monde en général, il ne voulait surtout pas perdre son estime.

- Moi, à 8 ans, j’ai ouvert une boîte de conserve en éternuant.

Pete resta sans voix quelques secondes. Mais il ouvrit la bouche et déploya soudainement le plus long et le plus guttural des rires qu’il ait jamais sortis. Celui-ci devint si communicatif qu’Arthur le rejoint très vite dans la même explosion de bonne humeur.

- C’était des conserves de quoi ? hurla Pete, noyé dans des larmes de rire

- Du cassoulet en plus, alors t’imagines la tête de mes parents !

Et ils rirent de plus belle, quand tout à coup la porte de leur compartiment s’ouvrit. Un garçon brun un peu joufflu leur demanda d’un ton désespéré :

- Vous n’auriez pas vu un crapaud, par hasard ?

- Non, désolé, répondirent-ils en chœur. Chips !

Le garçon parut soudain moins triste qu’étonné par cette dernière formule qui ne lui évoquait rien, et il ressortit en marmonnant un vague « merci quand même ».

- Qui perd un crapaud, sérieusement ? interrogea Pete en suivant des yeux le garçon qui s’éloignait dans le couloir

- Ah ! T’as parlé alors que t’étais chipsé, t’as un gage ! Dis « Panier – Piano » cinquante fois sans te tromper !

- Panier, piano, pianner… non… !

A chaque tentative échouée, les deux garçons étaient pris de bruyants fous rires. C’est pourquoi ils n’entendirent pas la première fois qu’une voix féminine les interpella :

- Eh, oh ?! Vous n’auriez pas vu un crapaud ?

Cette fois-ci, c’était une jeune fille brune aux cheveux en pagaille et aux larges dents qui leur avait parlé, mais le même garçon que tout à l’heure se tenait derrière elle. Elle se tenait très droit et avait un ton suffisant.

- Neville a perdu le sien, je l’aide à le retrouver.

- Désolés, on lui a déjà dit qu’on ne l’avait pas vu, répondit Pete

- Eh ! Tu te souviens de moi ? lança soudain Arthur en agitant sa montre. On s’est rencontré chez Fleury et Bott, la librairie.

- Ah oui, je me souviens ! répondit-elle poliment. Ravie de te revoir. Vous devriez mettre vos robes de sorciers, nous arrivons bientôt. Désolée, mais je dois continuer à aider Neville dans ses recherches.

Et la jeune fille repartit aussitôt avec Neville, sans refermer la porte.

- Tu crois que c’est un truc de sorciers, ça, de poser une question, puis de revenir avec une autre personne jusqu’à ce que la réponse change ? demanda Arthur avec un sourire amusé

- Si c’est le cas, il faut s’entraîner, répondit Pete

- Comment allez-vous, aujourd’hui, Madame ? déclara Arthur d’un air d’acteur faux. Mal ? Attendez, voici Pete ; il voudrait lui aussi savoir comment vous allez aujourd’hui.

Pete éclata de rire.

- Au fait, tu as vu ça ? reprit Arthur avec le même ton faussement narcissique. Elle était ravie de me revoir.

- Mais tu ne connais toujours pas son prénom, signala Pete

- Oui, mais maintenant je sais qu’elle aime les bougies et les crapauds ! Cette amitié est donc en nette progression ! De toute façon, ça m’est plutôt égal. Je suis sûr-de-chez-sûr qu’on n’ira pas dans la même Maison, elle et moi.

A ces mots, Pete déglutit. Il avait en effet entendu sa mère échanger brièvement avec des vendeurs du Chemin de Traverse sur sa future école. Apparemment, les élèves de celle-ci étaient répartis dès leur arrivée en quatre maisons bien distinctes, et les interactions entre ces maisons étaient presque nulles. L’affectation était donc décisive. Mais avec le peu d’informations qu’il avait récolté, il était toujours incapable de décider vers laquelle des quatre il souhaitait se tourner.

- Tu sais déjà où tu vas aller ? demanda vivement Pete

- Non, personne ne le sait. D’après Miss Crapaud de tout à l’heure, il y a une sorte de cérémonie où l’on est affecté d’office ; je crois qu’on ne choisit pas. Mais elle, vu son caractère, je parie qu’elle va aller chez Ga…a… atchoum !

Il éternua et Pete ne put s’empêcher de commenter :

- Dommage, j’aurais dû prévoir une boîte de haricots.

A cette remarque, Arthur s’esclaffa et comme à leur – nouvelle – habitude, ils partirent dans un interminable fou-rire, quand ils entendirent tout à coup :

- Eh ! Les idiots !

Ils cessèrent aussitôt de rire pour découvrir à qui appartenait la voix traînante et manifestement agacée qui venait de les alpaguer de la sorte. Ils virent un garçon de leur âge aux cheveux blonds comme les blés, parfaitement coiffés en arrière, portant une robe de sorciers absolument impeccable, mais d’un teint blafard qui détonnait avec son air arrogant. Derrière lui se tenaient deux adolescents bourrus qui, dans cette posture, ressemblaient à ses gardes du corps. Curieusement, l’un des deux acolytes semblait très énervé ; il se tenait la main et portait la trace d’une grosse morsure animale au doigt.

- Ah ! Je ne suis pas étonné ! Vous avez de parfaites têtes de moldus ; normal que vous riiez comme des singes. J’ai toujours dit que Poudlard ne devrait pas accepter les enfants comme vous.

La tête blonde qui venait de parler explosa d’un rire mauvais et ses deux comparses l’imitèrent. A ces mots, Pete et Arthur se levèrent comme un seul homme.

- Premièrement, commença Arthur, quand on vient dénigrer une personne pour la comparer à un singe, on a au moins l’intelligence de faire comme si on était soi-même un minimum civilisé, et on commence par dire « Bonjour ». Ça s’appelle la politesse, et c’est ça, qui nous différencie des singes.

- Deuxièmement, poursuivit Pete, c’est pas parce que t’as la coiffure de David Bowie que tu peux venir nous parler comme si on avait envie de t’écouter.

- C’est un club select, ici.

- Pas de looser.

Et ils refermèrent la porte du wagon sur les trois intrus, sans que ceux-ci aient pu prononcer un mot. Arthur entama un « tope-là » avec Pete, mais avant qu’ils aient pu célébrer leur victoire, l’un des deux gorilles avait rouvert la porte et s’élançait sur Arthur. Attrapé par le col, il sentit ses pieds décoller du sol et ses joues virer au rouge vif. Le deuxième gorille s’avança vers Pete qui recula d’un pas.

- Qui c’est, les looser, maintenant ? lança le blond d’un air narquois. Crabbe, Goyle, faites-les taire !

A son propre étonnement, Pete ne se démonta pas du tout. Il eut peu à peu la sensation qu’une tornade traversait tout son buste.

Il repoussa le dénommé Crabbe qui fonçait vers lui, puis il força Goyle, qui tenait toujours Arthur entre ses poings, à lui faire face. Il se sentit alors grandir de plusieurs centimètres, comme si son cou s’allongeait, et il lui cria : « Va-t-en ! » d’un son extrêmement strident. Il ouvrit grand les doigts, comme s’il avait voulu égoutter de l’eau, mais cela eut pour effet d’éjecter Goyle dans un violent coup de vent. Pris de stupeur, Goyle perdit l’équilibre et retomba sur le petit camarade blond qui n’avait pas bougé de l’encadrure de la porte, mais qui était pris d’effroi.

- On t’a dit que c’était select, ici, s’écria Pete. Et d’abord, t’es qui pour venir nous embrouiller dès le premier jour, comme ça ?

- Ouais, sérieusement, tu veux te faire détester de toute ton école avant même d’y avoir mis les pieds ? lança Arthur en se massant le cou.

- Je m’appelle Drago Malefoy, répliqua le jeune garçon avec un air de défi, et tu ne sais pas qui tu viens de te faire comme ennemi !

- Oh, laisse-moi deviner, répliqua Arthur d’un air narquois, ton papa est très riche et très puissant et il va être très, très méchant avec nous s’il apprend ce que deux vilains garçons de 11 ans ont fait à son petit bébé.

- Mais heureusement ta petite maman ira t’acheter une nouvelle robe, pour que tu arrêtes de pleurer, poursuivit Pete.

- Et si t’allais tout rapporter à ton papa tout de suite, Dragibus ? conclut Arthur.

Le visage de Malefoy était devenu si écarlate qu’il devenait difficile de le distinguer du papier peint du wagon. Il les dévisagea un petit moment. Crabbe et Goyle faisaient profil bas.

- Vous… vous…

- Oh, ça va, fit Arthur en retournant s’asseoir à sa place. Si vous cherchiez juste des places, vous pouviez nous demander ! On peut partager le même compartiment, si vous voulez. Pas la peine d’être insultants.

- Ouais, le coup des singes, c’était vexant, ajouta Pete qui se rassit à son tour. Tu sais, moi aussi, comme je n’avais pas beaucoup d’amis dans mon école, alors j’allais bizuter les plus jeunes pour me venger.

Devant le regard surpris et accusateur d’Arthur, Pete lui indiqua d’un bref mouvement de tête qu’il mentait, puis se reporta aussitôt sur Malefoy.

Pas beaucoup d’amis… ? répéta inconsciemment ce dernier d’un air interdit.

Dans le silence qui s’installa, Pete et Arthur échangèrent un regard gêné. Pete finit par se relever en tendant une main vers Drago et lui dit :

- Bon, bah… moi c’est Pete, et lui c’est Arthur…

Mais Malefoy tourna les talons et, suivi des deux costauds, repartit sans mot dire.

- Bonne journée à toi aussi ! lança Arthur vers la porte. Quel drôle de type. Finalement, je préfère les magiciens du style de Miss Crapaud que celui-là ! Dis donc, tu lui as dit quoi, à la baleine qui me tenait par le col ?

- De quoi tu parles ?

- Pour le faire fuir, t’as utilisé un sortilège, non ?

- Non, j’ai juste dit « va-t-en » !

- « Va-t-en » ? Tu en es sûr ?

- Ben ouais, je ne connais aucun sortilège !

- Je ne t’ai pas entendu dire ça. J’avais l’impression que tu criais un truc, mais dans une autre langue. Mais il me serrait tellement fort qu’il m’a peut-être brisé un tympan, ce taré.

- Désolé pour toi.

- Mais… et le coup de vent qui a jailli de tes mains ? reprit Arthur

Pete baissa lentement les yeux et contempla la paume de ses mains.

- Je ne me l’explique pas non plus.

Et après quelques instants, il ajouta avec excitation :

- Mais c’était cool, nan ?

- Super cool, mec ! Faudra le refaire !


Pour la première fois de tout le trajet, le calme s’installa dans la petite cabine des nouveaux amis. Ils contemplèrent silencieusement le paysage qui défilait devant eux.

Pete repensa à ce qu’avait dit le barman, à l’Auberge du Chaudron Baveur : « Tous les sorciers ne sont pas… disons, très accueillants ». Il venait de faire l’expérience douloureuse de la véracité de ces propos.

« J’ai toujours dit que Poudlard ne devrait pas accepter d’enfants comme vous ».

Même si ce Drago semblait n’avoir aucune réelle opinion propre, les mots résonnaient dans sa tête, comme un bruit de tambour. Et faisaient mal. Le monde magique n’avait définitivement rien de très différent du monde moldu. Mais la présence d’Arthur lui avait fait pousser des ailes. Jamais il n’avait eu une telle assertivité, une telle confiance en lui, en présence d’un persécuteur. Jamais. Et il en était ravi.

- Eh ! dit soudain Arthur, ça te dit de faire une course dans le couloir ?

Pete n’osa pas refuser.

Quelques minutes plus tard, ils se tenaient étroitement serrés dans le couloir de la locomotive, les pieds derrière un lacet qui faisait office de ligne de départ.

- Trois… Deux… Un… Partez ! cria Arthur

Ils s’élancèrent dans une course frénétique. D’autres élèves sortirent la tête par la porte du compartiment, et l’un d’eux, un dénommé Justin Finch-Fletchley, demanda à participer au sport. D’autres l’imitèrent rapidement. Quelques instants plus tard, la jeune fille aux cheveux hirsutes, qu’Arthur surnommait affectueusement « Miss Crapaud », passa au milieu d’eux en grommelant que, décidément, on ne pouvait pas exiger de calme ici, et partit rejoindre un autre compartiment, tout au bout du wagon.

La course avait pris des proportions telles qu’ils en étaient arrivés à discuter d’un éventuel Tournoi Inter-Compartimental de Course de Sorciers, quand la jeune fille revint dans sa cabine initiale, l’air encore plus exaspéré qu’à son départ. Agacée de ne pas pouvoir circuler facilement, elle s’écria alors :

- Bon, ça suffit maintenant. Allez mettre vos robes, on est presque arrivés !

Les élèves s’interrompirent dans leur projet sportif et rentrèrent un à un dans leurs compartiments respectifs. Pete et Arthur récupérèrent leur lacet et baissèrent la tête sous le regard hautement accusateur de la jeune dictatrice, qui referma brutalement sur eux la porte de son compartiment.

- Oui maman ! répondirent-ils dans un même sarcasme.

Et, comme à leur – nouvelle – habitude, ils partirent en fou rire.

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