Blaireaux : sorciers de l'ombre

Chapitre 12 : Le Minotaure

4237 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 20/10/2020 23:02

- J’aurais dû demander à mon père de me prêter sa guitare. On n’a jamais de musique, ici !

- Mais si, il y a une chorale ! Pourquoi tu ne la rejoins pas ?

- Oh, le chant lyrique, c’est pour les petits joueurs ! Moi je veux faire… du rock’n’roll !

Debout sur la couverture à carreaux de son lit, Arthur tendit le bras droit en l’air et de sa main gauche se mit à gratter des cordes imaginaires tout en secouant la tête vers l’avant.

Hello, hello, hello… how low ! Hello, Hello… Tu sais qu’on n’entend plus que cette chanson à la radio, depuis trois mois ? s’écria Arthur en interrompant ses mimiques de scène. Et que je ne la connais que depuis que je suis retourné à Londres ? La magie va tuer ma culture.

- Oui, répondit Pete, je l’ai aussi entendue, à mon retour. Dommage qu’on ne capte pas la radio londonienne à Poudlard. Personnellement, c’est mon skate que j’aurais aimé prendre, ajouta-t-il en soupirant. J’ai appris à en faire cet été et finalement je n’ai jamais pu en profiter.

- Pourquoi tu me parles de skate alors qu’ici on peut voler sur des balais ? s’exclama Arthur.

- Justement ! On ne vole pas si souvent que ça ! s’indigna Pete à son tour. On n’a même pas le droit d’avoir notre propre balai, en première année. A part avec Madame Staline, on n’a jamais un moment pour voler…

- Détrompez-vous !

- HA !

La voix de Justin Fetch-Fletcher avait résonné de derrière le rideau tiré du lit à baldaquin d’Arthur. Ecartant la tenture, ils découvrirent leurs deux camarades de promotion, Justin et son ami Ernie McMillan.

- Justin, comment fais-tu pour être systématiquement partout et nulle part à la fois, comme tu le fais ? interrogea Arthur en se laissant retomber sur le matelas.

- On a quelque chose qui va vous intéresser ! annonça le jeune garçon dans un sourire. Les deuxième et troisième année ont prévu de sortir faire un Quidditch, vendredi soir.

- Un Quidditch ? Tu veux dire à l’entraînement ?

- Non, reprit Ernie qui s’approcha d’eux en parlant plus bas. C’est une partie clandestine. On a rendez-vous sur le terrain à minuit !

- J’aime pas tellement le Quidditch, répondit Pete. J’aime seulement voler.

- Question « vol », tu vas être servi ! Vous voyez qui c’est, Cédric Diggory ?

- C’est un troisième année, non ? se hasarda Arthur.

- Exact, répondit Justin. C’est l’Attrapeur de l’équipe de Quidditch et il est super cool ! Comme il a les clés du local, il va piquer des balais pour qu’on puisse jouer entre nous. Mais ne vous inquiétez pas, y aura pas que du Quidditch. On se fera aussi des deux-cent-mètres, des chats-planés ou un Minotaure.

- Un Minotaure ? répéta Arthur en se levant du lit pour s’approcher de Justin. Qu’est-ce que c’est ?

- C’est quand tu montes sur un balai et qu’on lui jette un sortilège d’Enervatum pour qu’il refuse que tu restes dessus. Tu dois rester à quinze centimètres au-dessus du sol et tenir le plus longtemps possible avant de tomber.

- TROP COOL ! s’écrièrent Pete et Arthur.

- Pourquoi est-ce que ça s’appelle comme ça ? ajouta Pete.

- Parce que les minotaures ont horreur de porter des humains ! répondit Justin.

- C’est un jeu plutôt ancien, ajouta Ernie. Mais au risque de paraître cynique, c’est l’accident de Harry qui nous a redonné envie d’y jouer.

- Bien sûr qu’on est intéressés ! ajouta Arthur en lançant un poing en avant. Dommage que vendredi soit dans si longtemps.

- C’est demain soir.

- C’est ce que je dis !

Le lendemain soir, à minuit, une quinzaine d’élèves de Poufsouffle quittait leur salle commune à pas furtifs. Ils s’étaient emmitouflés des pieds à la tête, moins pour se protéger du froid que pour camoufler leur visage au cas où ils croiseraient la route d’un professeur.

Ils progressaient en petits groupes pour atteindre la sortie de l’école le plus discrètement possible. La première division se chargeait de repérer Peeves, l’esprit frappeur qui hantait l’école et rapportait sans scrupule tous les méfaits auxquels il assistait – qu’ils aient été commis par des élèves… ou par des enseignants. La deuxième devait s’assurer qu’aucun fantôme ne s’approchait d’eux ; pour cela, les élèves scrutaient attentivement tous les murs et toutes les portes qu’ils longeaient, comme s’ils cherchaient leur chemin à tâtons dans le noir, ce qui ralentissait fortement leur progression. Enfin, ceux qui fermaient la marche assuraient les arrières de la meute et devaient fournir des plans de sortie ou des cachettes à proximité en cas de repli urgent.

Au beau milieu de la nuit, le château était toutefois désert. Ils échappèrent bien à quelques fantômes ensommeillés en se cachant hâtivement derrière des statues, mais ils ne croisèrent pas âme qui vive.

Quand ils eurent franchi la porte qui menait aux jardins, ils pressèrent le pas jusqu’au terrain de Quidditch et y accoururent en poussant des cris de victoire.

- C’est parti ! lança Diggory qui distribuait des balais à ses complices.

Pete et Arthur attrapèrent le manche en bois et décollèrent immédiatement. La température frôlait zéro degré mais l’émerveillement que Pete ressentit en voyant ses pieds s’élever du sol d’un mètre, puis de deux, puis de dix, le rendit insensible à la morsure du froid.

Quoique toujours débutant en leçons de vol, les vertiges de la hauteur laissèrent rapidement place à un frisson d’excitation. L’ébène de la nuit, la toile que l’obscurité semblait tisser tout autour de lui comme pour l’empêcher de tomber, lui procurait un profond sentiment de sécurité. Arrivant à hauteur d’un des poteaux de but du stade, il rentra la tête dans ses épaules, traversa le cercle doré puis redressa le manche afin d’effectuer un looping en arrière pour survoler l’anneau de métal la tête en bas. Il revint vers ses camarades et Arthur l’accueillit par des applaudissements emprunts d’une sincère admiration.

Pour s’échauffer, les étudiants passèrent dix minutes à improviser des acrobaties similaires en prenant des virages serrés ou en mettant volontairement des coups de frein secs à la fin d’une forte accélération.

Bien que réticents à tenter le Quidditch jusqu’alors, les deux garçons ne rechignèrent pas à essayer ce soir-là, ne fut-ce que pour réchauffer leurs mains devenues bleues.

Pete se révéla rapidement être un excellent Poursuiveur. Au Quidditch, les trois Poursuiveurs de l’équipe devaient marquer des points en faisant passer le « souafle », une balle ronde assez légère qu’ils pouvaient se lancer les uns aux autres, à travers les poteaux de l’équipe adverse qui étaient protégés par un gardien.

De son côté, Arthur se défoulait mieux au poste de Batteur. Son poste consistait, à l’aide d’une batte en bois, à dévier la trajectoire des « cognards », des petites balles rigides, ensorcelées pour attaquer tous les joueurs pendant la partie.

Durant une partie normale, l’un des joueurs, dit « l’Attrapeur », aurait dû passer son temps à chercher du regard le « vif d’or », une minuscule balle dorée dont la saisie octroyait 150 points à l’équipe en sa possession tout en signant l’arrêt du match. Pour simplifier les règles de cette partie nocturne, on remplaça les postes d’Attrapeur par des postes de Batteur supplémentaires.

La partie commença et Arthur et Pete s’étonnèrent eux-mêmes à troquer si rapidement leur sécurité physique contre leur volonté de gagner. Les cognards se précipitaient sur eux avec une rage presque humaine alors que tous volaient à au moins une dizaine de mètres au-dessus de la pelouse. Pourtant, les joueurs lâchaient sans hésitation une main ou deux du manche de leur balai pour attraper un souafle, dévier un cognard ou applaudir un but.

Plus la partie avançait, plus celle-ci était interrompue par des éclats de rire causés par un nez frôlant l’éclat face au courroux d’un cognard, ou parce qu’un poursuiveur avait marqué un point de manière totalement déloyale, en cachant le souafle sous sa robe de sorcier et en faisant mine de se désintéresser de la partie.

Essoufflés par les coups de batte et la pression psychologique que les balles leur mettaient depuis quarante-cinq minutes, les quatorze garçons finirent par changer de jeu.

On fit flotter un ruban rouge dans les airs. Cette ligne écarlate marquait le départ des sprints des étudiants ; d’abord sur cinquante, puis cent, puis deux-cents-mètres.

Bien que les troisième et quatrième année, qui montaient des balais plus puissants, finissent toujours vainqueurs, Pete et Arthur battaient systématiquement les deuxième et les autres première année, et Arthur contenait difficilement sa modestie.

- Bienvenue à la fête camarades ! Youhou ! I’m the wild one, the wild one ! chantait-t-il à tue-tête après sa troisième victoire consécutive au deux-cents-mètres contre Pete, Justin et Ernie. Je suis le meilleur. Je suis le meil-leur.

- Tu as conscience que personne parmi eux n’a tes références ? lui cria Pete avec un sourire, tout en topant dans sa main pour féliciter sa victoire.

Ils terminèrent la soirée par une partie de Minotaure. Cadwallader, un élève de troisième année, enchanta le balai qui s’agita avec fureur dans tous les sens. Pete tomba de l’épileptique engin au bout de quelques secondes, tête la première, et mit plusieurs minutes avant de retrouver le sens de l’orientation. Arthur réussit à tenir une minute entière, mais un vol plané qui se termina à plat ventre mit fin à son record, et il dut se cramponner à son estomac pour s’empêcher de vomir. Enfin, Ernie McMillan fut littéralement catapulté et atterrit sur son postérieur, dix mètres plus loin. Depuis leur retour à Poudlard, Pete et Arthur n’avait jamais autant ri et estimèrent que c’était une de leurs meilleures soirées depuis leur arrivée à l’école.

Vers deux heures, ils rentrèrent au château en tentant de prendre les mêmes précautions qu’à l’aller, ce qui se révéla beaucoup plus difficile. Grisés par l’euphorie du sport et meurtris par différents hématomes et autres contusions, ils claudiquaient tous et respiraient forts. Ils tombaient également de sommeil et leur vigilance était loin d’être constante. Ils parvinrent toutefois à retrouver leurs dortoirs sans encombre et sombrèrent tous dans un coma béat et profond.


La reprise des cours s’annonçait bien plus agréable avec la perspective de ces séances de sport qui devaient avoir lieu toutes les deux ou trois semaines.

Arthur retrouvait avec plaisir les cours de potions. Revigoré par de longues soirées à parler avec son père, pendant les vacances de noël, le jeune adolescent avait repris du poil de la bête et ne se laissait plus du tout impressionner par les commentaires de Rogue, qui s’en apercevait à son grand dam.

Pete, de son côté, se sentait de plus en plus à l’aise en cours de sortilèges. Tout ce qui le liait au plus près de la magie lui apportait un incroyable bonheur et il était toujours à la recherche de conseils et de livres sur les sorts et la métamorphose. Il regrettait, à ce titre entre autres, de ne croiser Hermione qu’en cours de botanique, un cours principalement manuel où on utilisait peu la magie alors qu’elle excellait à cet art et majorait tous ses cours.

Il convainquit Arthur de l’accompagner à la bibliothèque pour trouver de nouveaux sortilèges à travailler en plus de ceux des cours. Son ami avait fini par accepter car il s’intéressait toujours à la mythologie magique et aux contes médiévaux ; ceux-ci dressaient d’impressionnants récits de combats entre des animaux fantastiques et des sorciers dont la puissance et la précision semblaient s’être largement perdues au fil des siècles.

Un jour, alors qu’ils ressortaient de la bibliothèque en bavardant, ils y croisèrent, pour la première fois depuis leur retour, Drago Malefoy.

- Oh ! Drago ! Toi ici ? lança Arthur à son attention.

- C’est vrai que tu sais lire, remarqua Pete.

- Tu devrais apprendre à jeter des sorts, aussi, ajouta Arthur. C’est vachement pratique, quand on est un sorcier.

Poings serrés, une veine palpitant dangereusement au bord de son front, Drago commença à hurler :

- VOUS NE SA…

- Allez, bonne journée, interrompit Arthur tandis que Pete et lui repartaient vers leur maison.

Tout en s’éloignant, ils commentèrent :

- Je l’aime vraiment beaucoup, ce Drago.

- Mais je ne suis pas toujours sûr que ce soit réciproque, ça me chagrine.

Et derrière eux, le Serpentard semblant s’être un peu ragaillardi, ils l’entendirent s’écrier :

- Londubat ! Viens par ici, il paraît que je dois pratiquer mes sorts !

Et tandis que les deux Poufsouffle redescendaient à leur sous-sol d’un pas léger, le jeune Neville Londubat, un élève de Gryffondor, remontait vers la tour de sa maison les deux pieds joints par un sortilège de bloque-jambes.


Une semaine plus tard, Cadwallader vint leur annoncer que la prochaine soirée de Quidditch clandestin aurait lieu le soir-même. Mais à cette occasion, une question fâcheuse se posa.

- Comment ça, tu veux inviter des filles ? gronda Cadwallader.

- Mais Julia, Suzan ou Hannah adoreraient sortir avec nous ! s’indigna Arthur. La dernière fois, je n’ai pas pensé à leur proposer mais je trouve ça dommage de ne pas leur en parler !

- Et puis arrête, je me suis renseigné, ajouta Pete. Il paraît que l’origine de vos petites soirées, c’était justement d’impressionner les filles. Ne réécris pas l’histoire.

- Bon écoutez-moi, les deux féministes du boulevard. Le problème, c’est pas les filles mais la confiance que vous leur portez. Parce qu’au moindre cafard, au moindre cafeteur, c’est l’exclusion généralisée, et les profs ne rigolent pas avec ça. Pourquoi vous croyez qu’on est si peu nombreux dans cet énorme château ?

A ces mots, Pete et Arthur déglutirent bruyamment.

- Mais… Mais… Mais personne ne serait assez bête pour aller moucharder, balbutia Arthur. Franchement ! Qui irait cafeter un plan aussi cool et qu’est-ce qu’il y gagnerait ?

- Bienvenue dans la vraie vie, jeune sorcier, répondit Cadwallader en secouant la tête. J’ai déjà vu des Serpentard séduire des Serdaigle pour leur faire perdre points, juste pour gagner la coupe des quatre maisons de fin d’année.

A ces mots, Pete sentit son estomac se nouer de colère. Il avait toujours privilégié le partage et évité toute forme de préjugé, mais cette découverte lui inspira un profond dégoût. Or, cette confrontation avec la réalité l’obligeait à faire un choix qui lui déplaisait fortement.

Quand Cadwallader s’éloigna, ils continuèrent d’en discuter. Incapables de décider objectivement si, oui ou non, ils pouvaient faire confiance à leurs amies de première année pour garder un tel secret, ils allèrent à la rencontre de Suzan et d’Hannah après les cours pour tenter de voir leur réaction. Ils évoquèrent nonchalamment des anecdotes d’infractions mineures et de sorties interdites durant leur enfance, et les filles en étaient très amusées, mais cela ne leur apporta aucune réponse précise. Ils durent se résoudre à leur taire les soirées clandestines tant qu’ils ne seraient pas fixés ; mais ce secret leur pesa lourd comme un sac de cognards.

Ce soir-là, ce fut donc l’exacte même bande de Poufsouffle qui était réunie, chacun dans son groupe, pour organiser la sortie du château.

Arrivés sur le terrain de Quidditch, chacun récupéra un balai et monta dans les airs. Mais plombé par ses réflexions sur la confiance, Pete se sentit bien moins léger que d’habitude tandis qu’il s’élevait dans les airs, et le froid était si aiguisé qu’il en ressentait comme des lacérations de poignard dans le torse.

Ses préoccupations finirent par s’envoler quand ils entamèrent leur partie de Quidditch simplifiée. Chaque fois que son équipe applaudissait ses buts, il sentait la culpabilité le quitter et reprenait plaisir à être dehors, dans l’intimité de la nuit, loin des réflexions sur la magie, loin de la nostalgie de ses parents, et loin de la gravité des réflexions de grandes personnes, au Château ou ailleurs. Bientôt, il ne pensait plus ni aux Serpentard vicieux, ni à ses amies.


Les semaines passaient et les devoirs s’intensifiaient peu à peu, tout comme la pression nouvelle des examens de fin d’année. Valider ces examens était la condition sine qua non pour pouvoir revenir à Poudlard l’année suivante.

Pourtant, le sport et le Quidditch étaient devenu une addiction pour le groupe d’élèves. Réussissant à maintenir leurs notes au niveau minimal, ils ne se faisaient pas réprimander par leurs professeurs mais ne fournissaient aucun effort supplémentaire et passaient leurs soirées à sortir ou à préparer leur prochaine sortie, se couchant toujours plus tard, et finissant leurs devoirs à la dernière minute.

Les vendredis se suivirent et se ressemblèrent ainsi jusqu’à un soir où tous s’étonnèrent de l’absence de Cédric.

- Demain, c’est le 22, leur expliqua Stebbins, un troisième année proche de l’Attrapeur. Cédric affronte les Gryffondor et il doit bien se reposer pour son grand match. Ne vous inquiétez pas, il m’a laissé les clés.

Cela faisait une heure qu’ils jouaient, et, complètement épuisés par la partie, les joueurs finirent par revenir au sol, essoufflés et haletants. Bavardant tout en échangeant une bouteille d’eau, tous évitaient soigneusement de proposer la prochaine activité.

- Moi, j’ai plus peur de l’examen de Sortilèges que de celui de Potions, commentait Cadwallader. McGonagall est une vraie pie en notation.

- Comme si Rogue était sympa ! s’indigna Justin.

- Ouais, j’ai vraiment du mal avec ce type, renchérit Teddy, un élève de deuxième année. On dirait qu’il veut qu’on le déteste, comme s’il avait quelque chose à se reprocher et qu’on lui faisait sa thérapie gratuitement.

- Certains disent que c’était un Mangemort avant, tu le savais ?

- Mais jamais Dumbledore n’aurait accepté un Mangemort comme prof, rétorqua Cadwallader. C’est des conneries, ça.

- Je te signale qu’on n’a jamais vu Rogue et Tu-sais-qui dans la même pièce au même moment, plaisanta quelqu’un. Ça m’étonnerait que ce soit un hasard !

Il y eut des rires puis un silence.

- En parlant de Rogue… Je ne sais pas si vous savez la meilleure ? articula Stebbins avec un air soudain mystérieux.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Je croyais que c’était une blague, mais Cédric en a eu la confirmation par Chourave ce matin… C’est Rogue qui va arbitrer notre match contre les Gryffondor, demain !

- QUOI ?

Tout le monde semblait estomaqué, à l’exception des deux fans des Beatles qui n’avaient décidément rien suivi à la saison de Quidditch.

- Heu, c’est quoi le problème ? demanda timidement Pete.

- Rogue n’a jamais, ja-mais, arbitré un match de toute sa vie, lui répondit Brian, un autre élève de troisième année.

- Ouais, il en a rien à foutre du sport, commenta Stebbins.

- Qu’est-ce qui lui prend ? ajouta Brian.

- Aucune idée.

- Moi je pense que c’est lié à l’accident de Harry Potter pendant le dernier match, déclara Cadwallader. C’est bizarre ce qui est arrivé à son balai. Rogue se méfie peut-être de quelque chose.

- Pff ! Toujours aussi parano, toi ! lui lança Stebbins. Je vois ça d’ici. En fait, Tu-sais-qui se cachait dans les gradins pour lui faire perdre son premier match de Quidditch, en ultime vengeance à sa fureur et à son humiliation !

Tout le monde éclata de rire, sauf Pete et Arthur qui avaient déjà reculé d’un pas et qui profitèrent du brouhaha de la conversation pour un conciliabule express.

- Pete, chuchota Arthur, le mystère de Poudlard… ! Je crois qu’on tient quelque chose, là.

- Si Rogue n’a jamais fait ça avant, c’est forcément pour protéger Harry, c’est évident. Il a dû voir Quirrell lui jeter un sort pendant le match contre les Serpentard, comme nous.

- Attends… L’autre fois, quand on les a vu marmonner tous les deux, pendant le match…?

- On est idiots ! S’ils étaient vraiment deux, Harry se serait fait massacrer dans un couloir obscur depuis longtemps. Il y en a forcément un qui bloque l’autre !

- Et tu crois que c’est Rogue qui protège Harry ?

- Tu as entendu ? Rogue est largement au-dessus du Quidditch. Il vient arbitrer le match pour poser ses œufs de dragon dans l’assiette et montrer à Double-Face qui est le patron ! C’est Double-Face qui joue l’innocent depuis le début. Regarde-le, ce mec est prof à Poudlard, en Défense Contre les Forces du Mal, et il ne nous apprend absolument rien. C’est limite s’il ne nous donne pas toutes les méthodes pour nous faire dévorer par un loup-garou à la première occasion !

- Mais qu’est-ce que Quirrell lui veut, à Harry ?

- C’est peut-être un ancien fanatique de Magique Hitler qui veut le venger. Qui sait ? Harry Potter, c’est quand même le gamin qui a mis fin à onze années d’autocratie mégalomaniaque d’un hyperémotif qui avait des millions de supporters. Tu m’étonnes qu’on ait enchanté son balai !

- Je commence à être d’accord avec toi… Quirrell en veut à Harry, Rogue protège Harry… Et Dumbledore fume de la cendre de phénix en attendant que le corps enseignant s’entretue. Ça me semble cohérent.

- Il faut qu’on assiste au prochain match et qu’on voie tout ce qui se passe entre Rogue et Quirrell.

- Mais… Tu penses que Quirrell va y aller en sachant qu’il y aura Rogue en sentinelle ?

- S’il ne venait pas, ce serait un total aveu de culpabilité et Rogue le truciderait immédiatement après.

- Ok, alors allons au match demain et voyons ce qui se passe, statua Arthur. Si on est vraiment sûrs de nous, on pourra éventuellement en parler à Rogue…

- Eh, les amoureux ! On y retourne ?

Ils étaient si bien plongés dans leurs messes-basses qu’ils n’avaient pas vu leurs acolytes se lever et se préparer pour un chat-plané.

- Nous irons au match demain, répéta fermement Arthur.

- C’est pas ce soir qu’on en saura plus, de toute façon, conclut Pete.

- C’est clair. Allons plutôt montrer à ces danseuses étoiles qui sont les vrais pros du balai !

Soudain ragaillardis par le Mystère de Poudlard et par leur dernière punchline, les garçons rejoignirent le groupe, prêts à s’élancer dans de toutes nouvelles aventures.

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