Blaireaux : sorciers de l'ombre

Chapitre 14 : Faire ou ne pas faire de potion de feu

5183 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 03/08/2021 16:58

Après avoir parcouru un sous-sol secret qui renfermait des épreuves stupéfiantes et une pierre aux propriétés exceptionnelles, Arthur et Pete n’eurent jamais autant d’appétit.

Obsédés par leurs aventures, ils passèrent tous les repas de la semaine à reparler de ce qu’ils avaient découverts sur Poudlard et de ce qui devait encore les attendre.

En revanche, ils prenaient tous les deux grand soin d’éviter d'aborder un certain sujet – qui fit surface de lui-même lors du cours de potions du mercredi soir, quand Michael Corner mit feu à sa robe de sorcier en renversant son chaudron en pleine préparation.

- Corner, aboya Rogue qui avait interrompu la combustion d’un vif coup de baguette, faites plus attention à vos gestes. Votre incendie aurait pu abimer le matériel de ma classe.

Le Serdaigle attendit qu’il se fût éloigné pour lui jeter un regard noir et murmurer à Pete qui se tenait à côté de lui :

- C’est lui que j’aurais dû incendier…

- La violence ne résout rien, lui répondit Pete avec douceur.

- Alors qu’ensorceler son café pour qu’il ait besoin d’uriner toute la matinée, ça fait un bien fou ! ajouta Arthur qui les écoutait.

Michael retrouva le sourire et continua de nettoyer les traces de brûlure qui décoraient maintenant son espace de travail.

Cet incident avait malheureusement éveillé le même souvenir chez les deux Poufsouffle, et quand leurs regards se croisèrent, ils comprirent l’un comme l’autre qu’ils ne pourraient plus l’éviter.

Au cours de leur pérégrination sous-terraine, les deux élèves avaient vidé les deux potions qui permettaient de traverser les murs de feu de la salle des fioles. Ils s’inquiétaient désormais des conséquences de leur acte, craignant qu’une autre personne à la recherche de la pierre ne se retrouve coincée pour toujours entre les deux barrières ardentes.

Ils tentèrent donc d’en discuter après le cours, mais la conversation n’avançait pas. Jusqu’au lendemain matin, elle suivit le même schéma : le premier semait d’abord la panique en affirmant que leur geste inconsidéré mettrait un innocent en danger ; ce à quoi le second rétorquait qu’une personne innocente ne tenterait pas de passer ces épreuves, et que les personnes du Château qui étaient dans la confidence disposaient probablement d'un raccourci jusqu’à la pierre afin de s’épargner les fastidieuses épreuves. Qu’importe, ce n’était pas à eux d’estimer qui était coupable ou innocent, il fallait réparer leur erreur, et pour cela, fabriquer de nouvelles potions.

- D’accord, mais comment ? répétait Pete tout en se brûlant avec son thé.

Comme chaque matin, le brouhaha de la grande salle s’accentuait avec les discussions des élèves et l’irruption des hiboux qui apportaient les gazettes quotidiennes et leur courrier aux élèves. Pete et Arthur n’en recevaient que rarement, ignorant comment se procurer le journal local et trop occupés par les cours et les aventures pour écrire à leurs parents.

- Je ne comprends toujours pas le système de courrier d’ici, fit remarquer Arthur qui regardait passer les oiseaux d’un air rêveur. D’ailleurs, dans sa dernière lettre, mon père dit qu’il veut lancer son business de vente d’instruments en ligne, avec ce nouveau truc d’Internet… Mes parents se sont acheté un ordinateur l’été dernier et ils en sont devenus fanas.

- Ah oui, internet. Ça a l’air flippant.

- Mais non, c’est génial. Cet été, ma sœur et moi on a passé des heures sur des jeux en ligne. Ensuite, elle m’a lâchée et s’est accaparé l’ordi pendant des jours pour tenir son « blog », pfeu…

- Son blog ?

- Un site où tu racontes ta vie ou des histoires… Je n’sais même pas de qui elle parle dessus - sûrement de choses ennuyeuses… Mais mon père m’a aussi engueulé parce qu’il s’est créé une boîte pour envoyer des courriers électroniques et il ne comprend pas qu’on ne soit pas joignables plus rapidement que par voie postale. En plus, il est particulièrement remonté contre la poste magique depuis qu’un hibou a ruiné le capo avant de son Opel.

Pete laissa échapper un rire.

- Remarque, reprit Arthur, connaissant ma mère, si on avait un ordinateur à Poudlard, elle passerait son temps à prendre de mes nouvelles et à me demander si j’ai besoin de quelque chose.

- Oui, quelle horrible personne.

- J’aurais même plus le temps de faire mes devoirs si elle pouvait m’écrire non-stop ! C’est pour ça que c’est toujours mon père qui écrit leurs courriers pour ici.

- Tu crois qu’ils vont mettre un ordinateur à Poudlard, un de ces jours ? interrogea Pete.

- Alors là, tu rêves ! répondit Mary qui, assise en face d’eux à la grande table, écoutait leur conversation depuis quelques instants. Ma grande sœur est en cinquième année et il n’y a jamais aucune évolution dans cette école. La technologie, ce n’est pas leur fort.

- C’est quand même curieux, fit remarquer Pete. Dans une école, les professeurs doivent être à jour dans ce qu’ils enseignent aux élèves !

- Certains sorciers font de la recherche en magie, expliqua Mary, et les professeurs doivent en effet entretenir leurs connaissances concernant l’évolution des sortilèges ou des incantations… Je sais notamment que les professeurs de potions – Rogue, typiquement – doivent suivre attentivement les recherches des biologistes qui étudient les créatures magiques et les plantes, en fonction des saisons et des évolutions de la planète.

- Pourquoi faire ? l’interrompit Arthur.

- Pour te donner un exemple, reprit Mary, quand le Vivet Doré, l’oiseau qui a été remplacé par le vif d’or au Quidditch, est entré en voie d’extinction à cause de ce sport de brutes, des associations sorcières de plusieurs pays se sont mobilisées pour réclamer sa protection car ses plumes ont des propriétés médicinales rares. On s’en sert énormément pour soigner les personnes âgées.

- Quoi ? On attrapait un oiseau au Quidditch, autrefois ? répéta Pete d’un air interdit. C’est vraiment monstrueux !

- Je suis d’accord, approuva Mary avec un hochement de tête. Mais pour en revenir à Poudlard, en matière de technologie, on est complètement à la ramasse. Je crois qu’il n’y a même pas de lave-vaisselle en cuisine. Ce sont encore des personnes qui la font à la main.

- Je ne savais pas que ta sœur était en cinquième année, s’écria Arthur avec enthousiasme. T’en sais des choses ! Et maintenant que tu le dis, je n’ai effectivement jamais vu l’ombre d’un produit électro-ménager en cuisine…

- Tiens, on dirait que c’est pour toi, fit remarquer Mary.

Une enveloppe venait de tomber à quelques centimètres de Pete, sur la table, en plein dans le bol de lait qu’un élève avait laissé à demi-plein sur la table.

- Oui, ils feraient bien de se mettre à jour un de ces quatre, grommela Pete en extrayant le papier humide du bout des doigts.

- Qu’est-ce que c’est ?

- Une lettre de mes parents ! s’écria Pete avec un sourire. Mais je la lirai plus tard, sinon on va être en retard en cours de défense contre les forces du mal.

Ils tenaient en effet à se montrer d’une ponctualité exemplaire devant Quirrell depuis qu’ils le soupçonnaient de vouloir dérober la pierre philosophale, de s’en être pris à Harry Potter pour ce motif, et surtout depuis qu’ils lui avaient subtilisé le manuel qui traitait du cerbère. Ils s’appliquaient donc à se faire oublier au maximum. Ils arrivaient bien à l’heure, s’asseyaient à une table discrète sur le côté et faisaient mine de porter une attention toute particulière à son cours. Ils n’osaient même plus profiter de cette rencontre avec les Serpentard pour essayer de mettre sur les nerfs Crabbe, Goyle et Drago.

- On n’a toujours pas décidé ce qu’on allait faire pour les potions, fit remarquer Pete à son ami tandis qu’ils se rendaient au cours dont ils redoutaient le professeur.

- J’ai eu une idée, répondit Arthur. C’est une potion étudiée en deuxième année. Elle n’est pas très compliquée à faire. La difficulté provient des ingrédients à utiliser. Il faut déjà pouvoir se les procurer, et ensuite il faut les manier avec beaucoup de précautions. Une fausse manipulation peut te valoir une brûlure instantanée au deuxième degré !

- Et évidemment, il n’y a pas plus de Biafine que de lave-linge, dans cette école.

- J’en doute, mais je vais demander à ma mère de m’en envoyer.

- Et il faut quelle sorte d’ingrédients ?

- Alors, énuméra Arthur en comptant sur ses doigts, il nous faudra des champignons vénéneux sauteurs, qui t’explosent dessus quand tu ne les endors pas assez vite, premier danger ; du sang de salamandre, animal qui ne raffole pas de se faire ponctionner son énergie vitale, deuxième danger ; et, enfin, de la poudre à verrue, qui, en cas d’incident, rallonge la durée de ton célibat d’une dizaine d’années. Danger numéro trois.

- Mais où est-ce qu’on va trouver ces ingrédients répugnants ?

- Chez quelqu’un qui a une hygiène de vie tout aussi répugnante.

- Tu ne veux pas dire… ?

- Si. On va les voler à Rogue.

- Non, répondit Pete avec fermeté. Affronter un chien à trois têtes je veux bien, mais jouer avec Rogue, c’est hors de question. En cas de décès précoce, je veux que ma famille ait des restes de moi à enterrer.

- On fait comment, alors ?

- Si les deuxième année l’étudient, ils ont dû acheter les ingrédients. On va leur en demander.

- Ton plan bat le mien pour les probabilités de survie.

- Je ne te le fais pas dire.

Dans les semaines qui suivirent, Pete et Arthur s’engagèrent donc à réparer leur erreur en reproduisant les potions de feu qu’ils avaient bues sous la trappe. Heureusement pour les garçons, c’était justement le trimestre où la promotion de deuxième année apprenait à réaliser cette potion avec Rogue.

Cette mission vint cependant largement entacher leur réputation.

A force de négocier des ingrédients étranges avec les deuxième année, ils avaient attiré la suspicion de leurs camarades de maison. Leur cas s’aggrava quand ils annoncèrent à ces derniers qu’ils ne pourraient plus participer aux Quidditch clandestins. Fabriquer les potions, faire leurs devoirs et commencer la révision des examens de fin d’année qui approchaient à grand pas représentait trop de travail. Ils durent donc tirer un trait sur leur activité préférée, et ce alors même que les températures remontaient enfin et que les soirées de vol allaient devenir agréables.

Leurs congénères, notamment Cadwallader et Knottingley, trouvèrent cette décision particulièrement suspecte.

- Qu’est-ce que vous fichez, au juste ? finit par leur demander Cadwallader. Pourquoi vous n’arrêtez pas de demander des ingrédients hyper inflammables aux deuxième année ? Vous seriez pas dans un délire pyromane, tous les deux, quand même ?

- Mais pas du tout ! s’offusqua Pete. On essaye juste de progresser dans la fabrication de potions, pour nous améliorer. C’est la matière préférée d’Arthur, et ça m’intéresse moi aussi.

- Ouais, on veut devenir suffisamment bons pour que Rogue nous fiche enfin la paix, affirma Arthur.

Le plus étonnant dans ces réponses improvisées est qu’elles ne constituaient qu’un mensonge par omission. Bien qu’ils taisent à tous le véritable motif de leur concoction, les deux garçons pensaient sincèrement leur réponse.

- Et vous essayez de fabriquer quelle potion ? demanda Knottingley à son tour.

- On veut suivre le programme des 2A, répondit Arthur.

- Tu veux dire des deuxième année ? interrogea-t-il. Ah, mais oui, les potions de flammes noires et de flammes violettes !

- Exactement.

- Mouais… Vous avez quand même des bonnes têtes de pyromanes, rétorqua Cadwallader. On vous garde à l’œil. En tout cas, si vous voulez préparer une potion, ne le faites pas dans vos chambres. Vous allez foutre le feu à toute la Maison. Allez plutôt en cuisines, ou dans des toilettes peu fréquentées, ça sera plus prudent. Et puis si Truman vous voit, il va vous coller tout de suite. Je pense que même Chourave désapprouverait.

Ils acquiescèrent à cette dernière remarque et décidèrent d’utiliser les cuisines voisines, le soir en cachette pour effectuer leurs expériences chimiques.

La difficulté de cette potion ne provenait pas de sa fabrication mais de la préparation des ingrédients : ils étaient tous extrêmement inflammables et dangereux et devaient être manipulés avec grand soin. Les deux potions étaient à peu près identiques, à l’exception de quelques ingrédients et surtout du sortilège à leur jeter pour les rendre fonctionnelle. Ils passèrent donc plusieurs semaines à rassembler les ingrédients nécessaires et à les préparer selon la recette.


Les jours passèrent. La gaieté du printemps battait son plein en cette fin de mois d’avril, mais les deux sorciers voyaient leur humeur se dégrader de plus en plus.

- J’EN PEUX PLUS ! J'y arrive PAS ! C’est inutile !

Cela faisait un mois qu’ils avaient commencé leurs recettes. Les ingrédients étaient presque tous prêts, mais avant d’en faire une potion, ils voulaient s’entraîner à lancer correctement les sortilèges finaux. Ce soir-là, ils avaient récupéré une soupe de champignons de la veille, et, depuis une heure, Arthur s’entraînait à prononcer la formule, sans succès.

- Je ne comprends pas, gémit Arthur. J’ai beau travailler la prononciation, le mouvement… La soupe ne devient pas bleue puis rose comme elle devrait ! Ça m’énerve !

Il se leva et donna un coup de pied dans l’une des poubelles de la cuisine en grognant. Puis il vint se rasseoir en tailleur à côté de Pete tout en grommelant :

- Déjà qu’on n’est même pas rentrés chez nous pour les vacances de Pâques à cause de ces foutues potions… !

Pete baissa les yeux à cette remarque. Dans sa dernière lettre, son père lui avait partagé sans le vouloir quelques inquiétudes. Matthew ne s’intégrait pas très bien à l’école, et malgré ses bonnes notes, sa maîtresse ne l’encourageait guère. Sa mère avait l’air épuisée par le cumul de ses activités : en plus de son métier d’infirmière, elle faisait à présent des heures supplémentaires le week-end dans un dispensaire pour gagner plus d’argent. Pete comprenait à présent que ses études coûtaient une fortune à sa famille, et que cela risquait de peser sur ses parents ainsi que sur son petit frère et sa petite sœur. Il aurait au moins voulu retourner les voir pour les soutenir et les remercier de tous leurs sacrifices ; mais leur curiosité et escapades interdites les obligeaient aujourd’hui à réparer leurs erreurs, et il s’en voulait terriblement d’avoir fouillé le bureau de Quirrell.

Une ambiance lourde et déprimante pesait soudain dans la cuisine.

- Et puis, c’est pas tout, poursuivit Arthur. Il faut qu’on commence à préparer nos examens de fin d’année. Si on ne valide pas, on ne peut pas rester à Poudlard l’année prochaine !

- Il paraît que ça n’arrive que très rarement, objecta Pete.

- On ne sait jamais. Et il y a quand même une tonne de cours à apprendre ! On est fin avril, et on a à peine commencé.

Arthur s’interrompit et le silence s’installa une nouvelle fois.

Au bout de quelques minutes, il finit par pousser un soupir :

- On n’a qu’à aller se coucher, et on réessayera demain… Encore…

- Si vous me permettez… Monsieur…

A cette voix, Arthur et Pete sursautèrent.

- Ah, salut Dobby ! lança Arthur.

Dobby était un elfe, une créature magique qui vivait et travaillait au Château. Ces créatures n’étaient jamais vues par les élèves, à l’exception des Poufsouffle qui passaient leur temps à dévaliser les cuisines.

- Arthur Clay et Pete Doe ne doivent pas être tristes, monsieur, non, non, affirma Dobby d’une voix de crécelle chevrotante.

- On est coincés, Dobby… répondit Arthur, morose. Je n’arrive pas à appliquer la formule de ma potion.

- Peut-être que Dobby peut aider Monsieur, monsieur. Quelle formule Monsieur Clay veut-il lancer ?

- Sur ma première potion, je dois lancer le sort Frigora Adjuvat, et sur la seconde c’est Fencedium Tragocit.

- Si Dobby peut se permettre, Monsieur, je crois que vous ne prononcez pas les sortilèges correctement. La première se prononce de cette manière « Frigor’adjuvat » (il accentua largement la première consonne de chaque mot, tandis que les fins étaient presque inaudibles), et la seconde se prononce « Fen’cedium Tragocit » (il accentua beaucoup plus la première et la deuxième consonne que la troisième). Voyez-vous la différence ?

- Tu parles que je la vois ! lança Arthur en s'appuyant prestement sur ses mains pour se relever.

Il se racla la gorge, pointa la soupe de champignons de sa baguette et prononça distinctement :

Frigor’ adjuvat !

Aussitôt, la soupe devint toute bleue, tournoya sur elle-même, devint rose un instant, puis reprit son état initial.

- Formidable, Monsieur ! Formidable ! applaudit Dobby.

- Enfin ! Enfin ! s’écria Arthur dans une danse de la joie effusive. Pete, t’as vu ça ?

- Bien joué, mon vieux ! lança Pete qui avait également retrouvé sa bonne humeur. Merci beaucoup, Dobby ! Comment on peut te remercier ? Est-ce qu’on peut te faire un cadeau ?

A ces mots, le petit être sembla se pétrifier. Il émit une sorte de hoquet de peur, claqua des doigts, et se volatilisa aussitôt de la pièce.

- Mais… Qu’est-ce que j’ai dit ? interrogea Pete, la paume des mains soudain figées vers le plafond.

- Oh non, gémit Arthur. Dommage qu’il soit parti, je dois encore travailler la prononciation… Ça n’était pas parfait…

- Ne t’en fais pas, on le recroisera certainement une autre fois, le réconforta Pete. Viens, on va se coucher maintenant. On a de quoi bien progresser, grâce à lui.

Et en effet, grâce à l’aide précieuse de Dobby, au bout d’une dizaine de jours ils parvinrent à ensorceler correctement toutes les soupes et boissons chaudes qu’ils trouvaient en cuisine.

Ainsi, par une belle nuit de mai, du fond de la cuisine du château de Poudlard, on entendit Arthur tonitruer :

- ELLES… SONT… EN… VIE !

- T’es ridicule, s’amusa Pete qui ne pouvait dissimuler son propre soulagement.

Ils avaient enfin achevé les deux potions de feu. Ils les versèrent dans des gourdes qu’ils stockèrent dans le cellier de la cuisine, après les avoir soigneusement étiquetées « Propriété des Poufsouffle ».

- Génial ! s’écria Pete. On va enfin être débarrassé de ce poids.

- Oui, approuva Arthur. Enfin, sauf évidemment si, pendant qu’on les préparait, un autre élève a essayé de faire comme nous, qu’il s’est retrouvé dans la salle des potions, que celles-ci étaient vides et que, depuis tout ce temps, il est déjà mort de faim et de soif.

- Je pense quand même que quelqu’un va vérifier de temps en temps, répondit Pete pour se rassurer lui-même.

- Je n’ai aucune envie de retourner dans ce sous-sol, cela dit, ajouta Arthur.

- Moi non plus. On ne sait même pas quand on va pouvoir s'y rendre. Rusard monte souvent la garde dans ce coin-là.

- On verra ça un autre jour. Je suis sûr qu’il y aura un match de Quidditch qui nous permettra à nouveau de descendre. En attendant, on a enfin le temps de réviser !

Ils s’aperçurent toutefois que réviser leurs examens était largement moins compliqué que de préparer des potions de feu. Ils avaient passé des nuits à essuyer des brûlures d’ingrédients explosifs et à angoisser de ne pas atteindre leur objectif. A présent, apprendre par cœur des dates d’histoire de la magie, ou réviser les sortilèges du professeur Flitwick, leur parut être un jeu d’enfant.

- Je propose qu’on aille fêter la réalisation de nos potions, lança Arthur un soir, pendant qu’ils révisaient. Ces examens, ça sera de la tarte.

Pete approuva tout de go et, le samedi soir qui suivit, ils rejoignaient joyeusement leur groupe d’amis partis faire un Quidditch clandestin. Ce soir-là, ils apprirent avec joie la présence de Mary et de Julia. Ces deux dernières avaient enfin gagné la confiance du reste du groupe et venaient passer la soirée à jouer avec eux.

La soirée était particulièrement agréable et le ciel complètement dégagé. Voler et virevolter ainsi sous les étoiles leur procurait un plaisir inégalé. Tout le monde passait une soirée particulièrement agréable, lorsque l’un d’eux s’écria :

- Eh ! Regardez ça !

Levant la tête, Pete découvrit avec surprise un groupe de trois personnes sur des balais, dont deux qui tenaient chacun une énorme cage en fer par un fil.

- On ne devrait pas s’inquiéter d’être vus ? demanda Arthur.

- Aucun risque que ce soit des profs, le rassura Diggory. Ils ne se déplacent jamais sur balais, encore moins à cette heure-ci.

- Venez, on va les voir ! lança Mary.

Tous s’élancèrent à leur rencontre.

- Ohé ! Par ici !

- Qu’est-ce que vous fichez ici à cette heure, les gamins ? demanda l’un des trois hommes qu’ils rejoignaient.

- Charlie, on doit pas traîner, ce bébé pèse une tonne ! lança l’un des deux inconnus qui tenaient une cage au bout d’un fil.

- Qu’est-ce que vous transportez ? demanda Mary d’un ton espiègle.

- Moins t’en sauras, mieux tu te porteras, petite, lui répondit le troisième.

- Mais… balbutia Knottingley, mais… Tu as une pure tête de Weasley toi ! s’écria-t-il en fixant le dénommé « Charlie ».

- Eh oui, répondit celui-ci avec un sourire, je fais partie de la grande tribu.

- Tu es le frère des jumeaux ?

- Malheureusement ! J’espère qu’ils ne font pas trop de bêtises, ces deux-là.

- Tu rigoles ! Y a pas plus cool que Fred et George, dans toute l’école !

- Allez, dites-nous ce que vous transportez, insista Julia.

- C’est un secret.

- C’est un dragon ! s’écria Arthur qui s’était rapproché discrètement. Venez voir !

- OUAAH !

Tout le reste du groupe s’était précipité près de la cage, et, ôtant le drap qui l’enveloppait, découvrit un petit dragon avec une crète et des écailles, qui trépignait d’impatience et de peur.

- Mais… Vous le kidnappez ou quoi ? s’écria Mary. Il a l’air terrorisé, le pauvre !

- Oui, on vient de le séparer de son papa, expliqua l’un des deux garçons, mais c’est dans leur intérêt à tous les deux. On l’emmène dans notre parc à dragons, en Roumanie. On va bien s’occuper de lui, ne vous inquiétez pas.

- En Roumanie ?

- C’est dingue !

- C’est où la Roumanie ?

- Allez, désolé, mais on a une longue route et on ne peut vraiment pas traîner ici. Surtout, ne dites à personne que vous nous avez vus. Surtout pas à mes frères. Et interdiction formelle de parler de dragon à qui que ce soit.

- Promis, répondit Knottingley, tandis que les autres approuvaient d’un signe de tête.

- Psst, Arthur !

Intrigué par des éclats de voix, Pete s’était rapproché de la tour d’Astronomie qui n’était qu’à quelques mètres d’eux, tandis que les deux groupes discutaient. Caché près d’une des fenêtres, il fit signe à Arthur de le rejoindre discrètement.

- Je viens de voir Harry Potter et Hermione ressortir de cette pièce, chuchota-t-il.

- Je ne comprends pas qu’une fille intelligente comme elle traîne encore avec ces losers… répondit Arthur.

- Ouais, ils ne la méritent pas, grinça Pete avec une pointe de jalousie dans la voix.

- C’est eux qui font du trafic de dragons, tu crois ?

- Je n’en sais rien, répondit Pete. Je comprends que Charlie Weasley n’ait rien dit, ça leur attirerait d’énormes ennuis. Mais bon… C’est le frère de Ron, qui est le meilleur ami de Harry. Ça m’étonnerait qu’il n’y ait aucun lien…

- Dis donc, c’est quoi, ça ?

- Ça, quoi ?

- Là, par terre ! ajouta Arthur en montrant une masse sombre qui jonchait le sol dans la salle d’astronomie.

Alohomora, murmura Pete.

Sans un bruit, ils entrèrent par la fenêtre de la tour et s’approchèrent de l’objet indistinct.

Pete tendit la main et sentit une sorte d’étoffe, qui lui parut encore plus douce que de la soie ou de la laine. Il agrippa le linge et le souleva. C’était un immense châle, brodé de motifs très travaillés.

- Tu crois que le professeur Aurora a oublié son plaid ici ? plaisanta Arthur.

- Ça n’a pas l’air très chaud…

- WOUAH !

Les deux garçons poussèrent un même cri de surprise : emmitouflé dans le châle, le corps de Pete avait entièrement disparu !

- Je rêve ou tu es invisible ? s’écria Arthur.

- C’est dingue je… Chut… Attends…

Ils tendirent l’oreille et reconnurent distinctement la voix du professeur McGonagall en train de passer un savon à un élève – probablement les mêmes Gryffondor que Pete avait vu sortir.

Les garçons échangèrent un regard de connivence, enfourchèrent leurs balais et ressortirent de la pièce en refermant soigneusement la fenêtre derrière eux, le tout sans le moindre bruit.

Ils s’empressèrent de rejoindre leurs amis qui discutaient bruyamment sur le terrain pour les avertir de la présence de McGonagall. A ces mots, tous les sangs se glacèrent et un silence complet s’abattit sur le groupe. Chacun ramassa son balai sans plus mot dire et le tendit à Diggory qui partit les ranger en vitesse tandis que les autres retournaient à leur sous-sol.

De retour dans leur maison, la plupart des élèves montèrent aussitôt se coucher, après avoir remercié Pete et Arthur de les avoir prévenus. Mais Mary lança soudain à Pete :

- Je veux te poser la question depuis tout à l’heure : qu’est-ce que tu as rapporté de la tour d’astronomie ? Vous faisiez quoi là-haut ?

- On a trouvé ça, regardez !

Sous les yeux éblouis de Mary, Julia, Knottingley, Cadwalladder et d’Ernie McMillan, ils révélèrent l’objet magique rapporté de la tour.

- C’est un châle qui rend invisible, expliqua Arthur d’une voix qui trahissait toute son excitation.

- Mais non, s’écria Julia, ce n’est pas un châle ! C’est une cape. Une cape d’invisibilité ! C’est l’objet le plus rare et le plus cher au monde. Mes parents m’en ont beaucoup parlé. C’est absolument incroyable que vous en ayez trouvé une comme ça, qui traînait ! Vous n’avez vu personne ?

- Personne, mentit Pete.

- Vous n’avez pas tué quelqu’un au moins ? interrogea Cadwalladder avec le même air de suspicion que lorsqu’il les avait interrogés sur les potions de feu.

- Lâche-nous un peu ! rétorqua Arthur. On a trouvé un objet dingue par pur hasard, c’est tout !

- Je croyais que c’était une légende, cette cape, commenta Ernie qui en restait bouche bée.

- Elle permet de rendre complètement invisible, aux yeux de tous…

- Qu’est-ce qu’on va en faire ? interrogea Mary.

- Oui, excellente question : qu’est-ce qu’on va en faire ?

A suivre…

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