Blaireaux : sorciers de l'ombre

Chapitre 15 : Garder le cap

4686 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 19/08/2021 18:55

Sous les yeux éblouis de Mary, Julia, Knottingley, Cadwalladder et Ernie, Pete et Arthur révélèrent l’objet magique le plus incroyable qu’ils aient vus jusqu’ici, et qu’ils venaient de trouver par hasard dans la tour d’astronomie : le châle d’invisibilité.

- Une cape, rectifia Julia. Ce n’est pas un châle mais une cape d’invisibilité ! C’est l’objet le plus rare et le plus cher au monde. Mes parents m’en ont beaucoup parlé. Elle permet de se rendre invisible aux yeux de tous.

- Qu’est-ce qu’on va en faire ? demanda Mary.

- Oui, excellente question : qu’est-ce qu’on va en faire ? répéta Knottingley.

Un silence pesant suivit sa phrase.

- Je ne veux pas paraître mesquin ou quoi que ce soit de similaire, répondit lentement Arthur, mais c’est Pete et moi qui l’avons trouvée. Je ne vois pas bien ce que vous venez faire là-dedans.

Tout le monde hua sa remarque.

- Sale égoïste ! lança Cadwalladder en lui donnant un coup de baguette magique sur le crâne.

- Eh ! Tu me frappes pas !

- T’es qu’une buse ! vociféra le troisième année.

A cette remarque, Arthur se jeta sur lui et les deux élèves s’engouffrèrent dans une rixe risible où, se tenant mutuellement par les cols, l’un essayait vainement de gifler l’autre au visage, tandis que le reste du groupe poursuivait sa réflexion dans l’indifférence la plus totale.

- Evidemment, cette cape t’appartient, déclara Julia, mais c’est un objet puissant. Tu vas t’attirer la convoitise des autres. Je peux déjà te dire que mes parents seraient prêts à te verser une montagne de Galions pour l’acquérir.

- Ah bon ? s’étonna Pete.

A ces mots, il repensa à la lettre de son père et à tous les problèmes d’argent qui pesaient désormais sur les épaules de sa famille à cause du prix de cette école. L’idée lui traversa donc l’esprit, mais il se ressaisit.

- Je ne pense pas qu’il faille entrer dans une logique marchande, soupira-t-il après réflexion, tandis que Cadwalladder tentait d’étrangler Arthur derrière eux.

- Est-ce que je peux l’essayer ? demanda Julia avec excitation.

- Bien sûr !

Pete la lui tendit. Elle s’enveloppa dedans et disparut aussitôt du décor. Les six autres, y compris Arthur et Cadwalladder, poussèrent un cri d’émerveillement devant le magique phénomène.

- Alors ? s’exclama Julia dont on n’avait plus que le son. De quoi j’ai l’air ?

- Ben… T’as l’air… Absent, je dirais, répondit Pete avec un sourire.

- Bon, enlève-la maintenant, ordonna sèchement Knottingley.

Julia ne répondit plus rien.

- Julia ? Julia ? insista Pete.

- Elle essaye de se barrer avec la cape ! hurla Cadwalladder qui était à présent étalé sur le sol tandis qu’Arthur s’apprêtait à lui asséner un coup de poing.

- Choppez-la ! s’écria Knottingley.

- Oh, c’est bon, du calme, répondit Julia qui avait précipitamment laissé tomber la cape et retrouvé toute sa visibilité. C’était juste pour rire !

- Il n’empêche… grommela Arthur qui avait finalement retenu son coup pour revenir parler avec le reste du groupe. C’est un sacré exercice de confiance que de prêter cette cape.

- Ne tombons pas là-dedans, ordonna Pete. Je comprends bien que c’est un objet important, mais il ne faut pas que cela nous rende fous. Et puis, après tout, qui a besoin d’une cape d’invisibilité, à part pour faire des choses complètement interdites ?

- On pourrait s’en servir pour aller plus facilement faire des Quidditch, le vendredi soir, proposa Knottingley.

- On n’en a jamais eu besoin jusqu’à présent, objecta Mary.

- Bon, je suis mort de sommeil, conclut Arthur. Je vous propose qu’on laisse la nuit nous conseiller et qu’on en reparle demain. Vous n’aviez pas une course invisible à faire d’urgence ce soir, de toute manière. Ou je me trompe ?

Tous acquiescèrent et retournèrent rapidement chacun à leurs dortoirs.

Toutefois, le lendemain matin, l’air pesait comme un couvercle de plomb au-dessus des sept élèves de la maison au blaireau. Ils s’étaient rassemblés dès le lever du lit dans la salle commune, puis s’étaient rendus sans un mot jusqu’à la grande table où ils petit-déjeunaient à présent. Les cinq élèves avaient les yeux rivés sur l’inséparable duo, et tous se regardaient en chien de faïence. Mâchant bruyamment une tartine de confiture, Cadwalladder finit par grommeler sans lâcher Pete des yeux :

- Tu l’as amenée ?

- Ma plume ? ironisa Pete.

- Oui, Pete. Ta plume, exactement. Je me soucie régulièrement de la disponibilité de tes fournitures scolaires. La CAPE, aboya-t-il dans un cri qu’il réprima aussitôt en baissant la voix.

- OUI, je l’ai apportée, grogna Pete en retour. Pas la peine de me faire ces yeux de hibou.

- Et qu’est-ce que tu comptes en faire ? chuchota Arthur.

- Ecoutez, j’ai bien réfléchi. Si l’un de nous essaye de la voler, il se fera forcément tabasser par les six autres dans la semaine, vu qu’on a les mêmes cours. Je vous propose donc qu’on la partage. Je l’utilise aujourd’hui, Julia demain. Ensuite c’est au tour d’Arthur, Mary, Ernie, Knottingley et enfin Cadwalladder. On est sept, donc on l’aura tous un jour par semaine. Et si quelqu’un veut l’emprunter, on voit ça avec le propriétaire selon le jour de la semaine. Est-ce que ça vous va ?

- C’est parfait ! s’écria Mary avec entrain.

- Non, c’est pas parfait ! s'indigna Cadwalladder. Pourquoi je l’aurais que le dernier jour ?

- Parce que je supporte pas ta tronche ! rétorqua Pete.

- Ok, ok, on va peut-être se calmer sur les compliments, l’interrompit Arthur. Cette cape te rend nerveux, mon pote.

- On est déjà sympa de la partager avec vous, tempêta Pete, je vais pas aller regarder chaque chose dans le détail en plus.

- Bon ça va, coupa Cadwalladder. C’est très bien comme ça.

- Alors, qu’est-ce que tu vas en faire aujourd’hui ? demanda Mary avec des yeux brillants d'espièglerie.

- C’est pourtant évident, rétorqua Arthur.

- Arthur, pour la dernière fois, on ne s’en sert pas pour aller dans le dortoir des filles en douce, s’exclama Pete tandis que Julia et Mary échangeaient un regard de dégoût. Ça vaut également pour vous tous, d’ailleurs, ajouta-t-il en pointant un doigt accusateur sur ses complices. Le premier ou la première qui s’en sert pour faire un truc de pervers se prend mon pied dans l’arrière-train. C’est compris ?

- Compris, affirmèrent les autres.

- En revanche, c’est effectivement évident, reprit Pete. On va s’en servir pour aller fouiller dans la caverne aux merveilles !

Tout le monde le fixa avec incompréhension.

Quelques heures plus tard, emmitouflés dans leur cape d’invisibilité, Pete et Arthur se tenaient pour la seconde fois devant l’entrée du bureau du professeur Dumbledore.

- C’est à la fois génial et complètement stupide, commenta Arthur.

- On ne risque rien, murmura Pete. J’ai espionné McGonagall tout à l’heure et ils ont réunion tous les deux, cet après-midi. Il n’y a plus qu’à attendre que quelqu’un entre avec le mot de passe pour pouvoir entrer facilement.

- Quelqu’un approche, justement ! s’écria Arthur.

Il eut à peine terminé sa phrase que le professeur Rogue atteignait l’entrée du bureau directorial. Le ténébreux professeur de potions se racla la gorge et articula avec aplomb :

Caramel mou.

Aussitôt, la gargouille de pierre qui gardait l’entrée pivota sur elle-même et Rogue put s’avancer vers l’escalier en colimaçon qui menait chez Dumbledore.

Pendant ce temps, Pete et Arthur tentaient péniblement de réprimer le fou rire provoqué par l’allocution solennelle de leur plus terrifiant professeur. Les yeux noyés de larmes, Pete parvint pourtant à faire taire Arthur lorsque Rogue ressortit du bureau quelques instants plus tard.

- Allez, c’est à notre tour !

Ôtant la cape, Arthur et Pete s’écharpèrent quelques instants pour savoir lequel des deux prononcerait le mot de passe, avant de se décider à l'énoncer de concert.

- CARAMEL MOU ! s’écrièrent-ils.

La gargouille pivota à nouveau, laissant place au même escalier en colimaçon. Ils s’emmitouflèrent à nouveau dans la cape et s‘élancèrent par l'entrée béante. Une fois au sein de l’étonnant bureau du directeur, ils restèrent subjugués quelques instants.

Comme ils avaient pu le remarquer la première fois, le bureau regorgeait de petits et grands objets tous plus merveilleux les uns que les autres.

- Tu penses qu’il y a des caméras ? interrogea Pete.

- Mais non, il n’y a même pas d’électricité dans ce château.

- Une caméra magique, je veux dire.

- Au vu du système de surveillance d’une pierre d’immortalité et d’incommensurable fortune, permet-moi d’en douter. Qu’est-ce qu’on va tester en premier ?

Ils passèrent un bon moment à soulever et à scruter chacun des bibelots posés sur les étagères ou sur l’impressionnant bureau aux pieds de serre du directeur, comme s’il s’agissait de pièces de musée. Puis, de plus en plus ragaillardis, ils se mirent à ouvrir les placards, jouèrent à refaire la cérémonie d’ouverture avec le choixpeau magique et improvisèrent un combat d’épées en utilisant une magnifique lame en argent au manche serti de rubis qui reposait derrière l‘une des vitrines. Somnolant sur son perchoir, Fumseck leur jetait de temps à autre des regards accusateurs, mais ne disait rien. Intrigués par une large bassine qui trônait derrière la plus large vitrine de la pièce, ils s’en approchèrent et se retrouvèrent projetés dans une autre dimension où ils pouvaient se déplacer et marcher sans être ni vus ni entendus par les autres personnages. L’expérience fut extrêmement intrigante et les incita à ne pas abuser des bonnes choses. Une heure était presque passée, Dumbledore n’allait pas tarder à revenir, aussi remirent-ils tous les objets à leur place et sortirent.

- Au revoir Fumseck ! lança Arthur à l’attention de l’oiseau.

L’oiseau ouvrit la moitié d’un œil qu'il referma aussitôt.

- Bonne nuit, Fumseck, ajouta Pete avec un sourire.

Cette fois, le phénix ouvrit grand les deux yeux et se courba en une révérence.

- Tu es très vexant, sale pigeon ! grommela Arthur.

- J’ignore pourquoi, mais j’ai toujours eu un très bon rapport avec les oiseaux, fit remarquer Pete.

Ils se camouflèrent sous la cape et quittèrent les lieux.

Le surlendemain, ce fut au tour d’Arthur de profiter des propriétés époustouflantes du châle d’invisibilité.

- Julia te dirait que c’est une cape, faisait remarquer Pete tandis que son ami disparaissait de son champ de vision, et Mary désapprouverait ton entreprise.

- Tu répondras à Mary que la vengeance est un plat qui se mange, et que je ne suis pas du genre à rester sur ma faim. Et maintenant, c’est la guerre.

Il disparut totalement et fila hors de la salle commune afin de rejoindre la salle de cours de métamorphose où le professeur McGonagall enseignait à des Gryffondor et à des Serdaigle de troisième année.

- A présent, déclarait solennellement la directrice adjointe, observez bien le mouvement de baguette. Métamorphoser une éponge en un raton laveur demande une précision toute particulière.

- Mais pourquoi quelqu’un voudrait-il changer une éponge en rayon laveur ? S’interrogea Arthur, oubliant qu‘il était tout seul et que personne ne pouvait le voir. Ses messes-basse n'échappèrent pas à la directrice des Gryffondor qui s’interrompît en s’écriant :

- Weasley ! Je vous conseille de vous taire si vous ne souhaitez pas faire perdre plus de points à votre maison !

- Mais madame, je n’ai rien…

- CINQ POINTS EN MOINS POUR GRYFFONDOR ! hurla la professeur tandis que les élèves de la maison punie lançaient des regards accusateurs et indignés en direction de Fred Weasley, un élève de troisième année, qui rougissait à vue d’œil.

Depuis qu’Harry et Hermione s’étaient fait attraper en pleine nuit à roder dans les couloirs, une épée de Damoclès pesait sur la maison rugissante, à qui les deux couche-tard avaient fait perdre 150 points, en une seule nuit, et tout espoir de gagner la coupe des quatre maisons.

Arthur se sentit soudain très mal mais garda son sang-froid.

Tandis que McGonagall s’apprêtait à faire sa démonstration de métamorphose - démonstration souvent emblématique de son cours et de son talent de sorcière - Arthur murmura la formule qu’il avait apprise à ce même cours, au premier trimestre, en même temps que l’incantation de McGonagall.

Contrairement à ce qu’il avait espéré, l’éponge ne se transforma pas en verre d’eau, en revanche le petit raton laveur fit son apparition dans une série d’éternuements, avec le bout du museau en verre.

McGonagall en resta interdite et ne put s’empêcher de blêmir en entendant les rires et les soupirs d’attendrissement que poussaient les élèves à la vue du chétif animal.

Elle lança son sors une seconde fois, alors qu’Arthur chuchotait avec conviction : Wingardium Leviosa. Là encore, l’impact de son sortilège ne fut pas aussi puissant que celui de la professeur, mais cette fois-ci, le rongeur fit une pirouette de 360 degrés sur place au moment de sa métamorphose. La classe ne put alors se retenir de rire franchement à la vue du spectacle.

- Silence ! Silence ! Aboyait McGonagall, visiblement prise au dépourvu.

- Allez, un petit dernier, murmura Arthur avant de jeter un sort de coloration à la pauvre éponge, qui ressemblait à présent à un gros chat vert fluo.

Et pendant que McGonagall enlevait nerveusement des points aux différents élèves hilares, Arthur ressortait de la classe, ravi d’avoir pris sa revanche sur celle qui lui avait interdit de diffuser sa « musique de sauvage » dans les couloirs, alors qu’il faisait découvrir Dire Straits à des deuxième année.

Toutefois, lorsqu’il raconta son aventure à Pete, il n’obtint pas la réaction escomptée.

- Fouiller, se venger… Tu crois que les autres vont s’en servir pour des choses aussi bêtes ? questionna son ami avec une appréhension nouvelle.

- Mais non, mais non, le rassura machinalement Arthur.

Mais les craintes de Pete se révélèrent assez fondées. Toute la semaine qui suivit, ses camarades utilisèrent chacun leur tour la cape pour des motifs plus égoïstes les uns que les autres : Cadwaladder et McKingkey s’en servirent tous deux pour tricher lors de contrôles, Mary l’utilisa pour croiser régulièrement un garçon qui lui plaisait, et Ernie s’en affubla afin d’écouter les conversations d’un groupe de Serdaigles qui l’avait pris en grippe un peu plus tôt.

Quand les sept complices se retrouvèrent le vendredi soir suivant pour se raconter leurs exploits respectifs, Pete regretta d’avoir trouvé cet objet.

Les choses s’envenimèrent le lendemain lorsque plusieurs d’entre eux évoquèrent l’idée d’utiliser la cape pour se rendre à Pré-Au-Lard, un village moldu voisin du château, dont la visite hebdomadaire était réservée aux élèves de troisième année et plus. Or, Cadwalladder exigeait d'avoir l’objet le même jour pour pouvoir tricher à un nouveau contrôle. Excédé, Pete leur intima de se décider entre eux et partit se coucher.

Le lendemain, tandis que c’était à son tour d’utiliser la cape, il se sentit presque honteux de ne pas bien savoir qu’en faire. Il décida de s’en envelopper pour faire un tour du château en toute discrétion. Il descendit aux cachots observer Rogue préparer des potions pour son cours, mais quand il vit Rogue lever les yeux dans sa direction et maintenir son regard sur lui avec insistance, il préféra repartir.

Il explora les différents étages de l’impressionnante école et s’aperçût de la présence de portes ou de salles qu’il n’avait jamais observées jusqu’alors. Toutefois, il n’osa pas systématiquement rentrer à l’intérieur. Quelque chose lui suggérait que cette cape n’était peut-être pas infaillible. Il n’aurait par exemple pas aimé croiser la route de Dumbledore ou de McGonagall, même dissimulé sous le châle. Sur le chemin du retour, vers les sous-sols, il n’eut même pas le cœur de se servir de la cape pour titiller Malefoy et sa bande.

Il rentra pour exposer ses doutes à son ami, mais n’en eut pas le temps car celui-ci tenait à tout prix à lui présenter ses projets du lundi avec la cape :

- D’abord, lancer de bombes à eau sur les Serpentard ; ensuite, sortilège de stéréo dans les couloirs pour diffuser du Pink Floyd en toute impunité ; enfin, si j’ai le temps, nouveau petit détour par la classe de McGonagalapagos.

- C’est quoi ce nouveau surnom ?

- Ce n’est pas le sien mais celui de son raton-laveur-éponge. Le vert lui donne un côté très exotique.

- Tu n’en as pas marre de te venger ?

- Jamais.

Pete poussa un soupir en lui tendant l’objet démoniaque et partit réviser ses examens dans la salle commune.

Mais le lendemain soir, réunie dans la salle commune des Poufsouffle, l’heptagonale équipe n’avait toujours pas décidé à qui reviendrait le châle ce mercredi.

- T’es rien d’autre qu’un sale tricheur ! hurlait Ernie à Cadwaladder. Va réviser tes cours au lieu de prendre MA cape !

- Ah parce que maintenant c’est « ta » cape ? s’exclama McKingley avec un sourire narquois. Petit, ne cherche pas les problèmes.

- Le mercredi, j’en suis le propriétaire légitime, on l’a convenu tous ensemble ! rétorqua Ernie qui était rouge comme une pivoine.

- Ça suffit, arrêtez de vous disputer, s’étranglait régulièrement Mary.

- Si Ernie a décidé de s’en servir, c’est son droit, et tu n’as pas à l’en empêcher, s’écria Julia venue au secours de son ami.

- AH AH ! Laisse-moi rire ! se gaussa McKingley d’une voix sonore. Tu dis ça seulement parce que tu sais que vous tiendrez à deux sous le châle et que tu pourras te rendre à Pre-au-Lard avec lui. Au passage : c’est sympa de laisser ta copine sur le carreau, ajouta-t-il en indiquant Mary d’un mouvement de tête.

- Bah il y a très certainement la place pour une troisième personne aussi, marmonna Julia d’une voix de plus en plus inaudible.

- Vous êtes qu’une bande d’égoïstes ! vociféra Knottingley.

- Tricheur !

- Andouille !

Les coups commencèrent à fuser et les autres élèves présents observaient la scène avec amusement, à commencer par Truman, leur préfet.

- Bon, écoutez-moi bande de buses ! hurla tout à coup Arthur. Cette histoire de cape partagée, ça ne rime à RIEN. Ça fait à peine deux semaines qu’elle est en notre possession, et on est déjà tous en train de s’écharper.

- Je suis d’accord, approuva Mary en se massant la mâchoire. Ça ne vaut pas le coup.

- Je t’avais dit de ne pas t’en servir pour masquer le fait que tu squattais mes fringues, chuchota Julia précipitamment.

- Ca suffit, lança Pete. Arthur a raison. Il faut se débarrasser de ce châle immédiatement.

- QUOI ? Mais j’ai jamais dit ça ! s’offusqua Arthur.

- Non mais ça va pas ? renchérit Cadwaladder. Je ne te laisserai pas faire.

- Ah ouais ? Et sinon quoi ? Qu'est-ce que tu vas lui faire ? s’écria Arthur qui était venu coller son nez au menton du troisième année avec un air de défi.

- Sinon, je vous mets mon pied au derrière à tous les deux ! rétorqua Cadwaladder.

A ces mots, Arthur se jeta sur son adversaire et tous deux se lancèrent une nouvelle fois dans un indescriptible échange de coups de poing et d’insultes.

Poussant un soupire à la vue de cette énième dispute entre les deux camarades, Pete déclara :

- Ecoutez, cet objet est trop puissant pour être partagé. On vous l’a prêté parce qu’on l’a trouvé à la soirée Quidditch, mais maintenant c’est terminé.

- Tu vas juste la garder pour toi tout seul ! s’écria Mary avec fureur. C’est tellement égoïste de ta part !

- Non, justement, je ne vais pas la garder. Je n’ai pas envie de me faire égorger pendant mon sommeil pour un pauvre châle.

- UNE CAPE, s’écrièrent Mary et Julia en chœur.

- Peu importe. Je vais m’en débarrasser sans vous dire ce que j’en fais pour que vous ne soyez pas tentés de la chercher partout.

- Non mais… Tu ne vas pas la détruire, tout de même ? s’étrangla Julia qui était devenue blanche. Cet objet vaut une fortune. Si tu veux t’en débarrasser, je te le répète : mes parents peuvent te la racheter à un excellent prix.

- C’est tentant, mais ça n’est pas à moi de décider qui doit posséder un objet pareil. N’insistez pas, cet objet ne nous était pas destiné. Ça va vous paraître idiot, mais je le sens au fond de moi, comme une intuition.

Ils tentèrent encore vainement de le faire changer d’avis, mais ils comprirent que c’était peine perdue. Après une discussion interminable, les uns et les autres finirent par repartir de leurs côtés, la mine abattue, à l’exception d’Arthur qui resta fidèlement aux côtés de son ami.

- Et à moi, tu vas dire ce que tu comptes en faire ? interrogea-t-il.

- Evidemment. Je vais la donner à Harry Potter.

- Comment ?

- Il était en train de quitter la pièce avec Hermione quand on l’a trouvée. Ça ne veut pas dire que c’est la sienne, mais il y a actuellement un dangereux criminel qui cherche à s’en prendre à lui au sein du château.

- En effet, c’est bien le seul qui en aurait réellement besoin, approuva Arthur en se frottant le menton avec l’index.

- Disons que… C’est juste au cas où.

Le lendemain soir, ils se dissimulèrent donc pour la toute dernière fois sous l’incroyable cape.

Ils suivirent un élève de Gryffondor jusqu’en haut d’une tour pour trouver l’entrée de leur Maison et en apprendre le mot de passe. Quand il n’y eut plus personnes aux alentours, ils pénétrèrent dans les dortoirs des garçons et passèrent plusieurs minutes à fouiller les livres des élèves jusqu’à trouver ceux étiquetés au nom de « Harry Potter ». Quand ils eurent enfin trouvé son lit, ils ôtèrent l’objet magique, le plièrent en quatre et le déposèrent sur son lit.

- Attends, chuchota Arthur précipitamment. S’il a jamais vu ce truc, il va paniquer. Il faudrait mettre un mot.

- Je vais quand même pas signer ! maugréa Pete.

- Et pourquoi pas ?

- Mieux vaux ne pas attirer l’attention sur nous. Surtout si c’était bien la sienne et que l'idée lui venait de nous traiter de voleur ! ajouta Pete.

- Oui, mais si c’est pas la sienne ? Mets-toi à sa place deux minutes !

A court d’arguments, Pete tapa du pied. Il jeta un regard circulaire autour de lui et aperçut le sac de Harry au sol. Il le prit brusquement, en sortit une plume, de l’encre et un morceau de parchemin. Il griffonna précipitamment quelques mots dessus, laissa tomber le mot sur la cape puis fit signe à son comparse qu’il était temps de filer. Ils emmitouflèrent leurs visages dans des capuches noires et ressortirent de la salle commune d’un pas pressé, évitant soigneusement de croiser le regard des Gryffondor qui y faisaient encore leurs devoirs. Pendant une seconde, Pete crut entendre un « Eh ! » à leur attention, qu’il aurait facilement attribuer à Hermione Granger, mais ils pressèrent le pas et sortirent en deux temps trois mouvements.

Ils retournèrent à leur sous-sol au pas de course, le cœur battant à tout rompre.

Lorsqu’ils furent de retour à leur maison, ils étaient blancs comme des linges, mais Pete fut soulagé de s’être enfin débarrassé de ce vêtement de la discorde.

- Tu es sûr qu’on n’a pas été vus ? demanda Arthur à toute vitesse.

- Non.

- Et suivis ?

- Non.

- Non, on n’a pas été vus, ou non, tu n’es pas sûr ?

- Non, je suis pas sûr, répondit Pete.

Ils restèrent haletants et silencieux pendant plusieurs minutes.

- Au fait, Pete, appela Arthur, j’ai une question.

- Oui ?

- Cette cape, là. On n’aurait pas pu s’en servir pour rapporter les potions sous la trappe avec tous les monstres ? Tu sais, les potions qui sont au frigo depuis quinze jours ?

- Non, bien sûr que non, puisque… commença Pete.

Il s’interrompit soudain et échangea un regard avec son ami.

- OH LES C…

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