Blaireaux : sorciers de l'ombre

Chapitre 16 : Le blaireau et le corbeau

7461 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 16/09/2021 11:24

Même si sa présence parmi eux fut extrêmement furtive, le petit groupe de malfrats eut de la peine à se remettre de la disparition du châle d’invisibilité.

Sous ce camouflage, tous avaient ressenti un profond sentiment de liberté et d’indépendance. Cantonnés à leurs horaires de cours et à l’espace du château, ils n’avaient pas réellement pu profiter de ses propriétés, mais de ce qu’ils s’étaient imaginés de son usage dans le reste du monde, posséder cet objet aurait eu de merveilleuses vertus.

- Je n’aurais plus eu à payer un seul billet d’avion, soupira Arthur. Adieu Woodstock et tous les festivals qui nous attendaient outre Atlantique, papa et moi.

- C’est quoi un avion ?

- La ferme, Ernie, répliqua machinalement Arthur.

Ernie ouvrit la bouche avec colère mais Arthur s’empressa d’ajouter :

- Ça va, ça va, désolé. C’est juste que tu m’énerves à ne jamais connaître les trucs évidents. Un avion c’est une grosse machine. Qui vole. Ça peut transporter des centaines de personnes d’un seul coup et les emmener d’un endroit à un autre du globe en seulement quelques heures.

- C’est vrai ? s’émerveilla Ernie.

- Oui, c’est comme un très gros oiseau qui… transporterait des gens dans ses entrailles !

Ouaah… et pourquoi est-ce que vous ne volez pas sur des balais, plutôt ?

- Alors, pour la centième fois, répondit Arthur dont l’agacement devenait palpable, les objets moldus ne peuvent pas se mouvoir sans un carburant. Ici, c’est la magie qui fait avancer les choses ; chez nous, c’est plutôt le gaz, l’essence, la fission nucléaire… Toutes ces énergies naturelles hyper utiles qu’on peut dépenser comme bon nous semble et sans aucune limitation rationnelle puisqu’il y en aura indéfiniment et que leur usage n’a aucun effet néfaste sur notre lieu de vie.

- Alors pourquoi on n’utilise pas d’avions nous aussi ? s’indigna Ernie.

- Tu vois bien qu’il se paye ta tête, soupira Mary tout en se levant pour rapporter des livres sur l’une des bibliothèques de la salle commune. La magie sorcière est bien plus rationnelle que la magie moldue. La nôtre respecte un équilibre avec les ressources. Par exemple, même les grands sorciers ne peuvent pas créer de nourriture sans matière première.

- Si les sorciers ne se cachaient pas, ils pourraient partager leur savoir avec les moldus et ramener un équilibre dans les ressources terrestres ! s’écria Arthur qui s’était retourné sur sa chaise pour faire face à Mary.

- Si les sorciers ne se cachaient pas, ils se feraient bousiller par des armes à feu pour leurs pierres philosophales, rétorqua Pete en tirant sur sa manche pour le ramener à son cahier de leçons.

- Vous n’avez pas l’air de très bonne humeur tous les deux, lança Mary en croisant les bras.

- On en a marre de réviser.

- Et impossible de sortir prendre l’air sans tomber sur un Rusard ou un préfet, ces temps-ci, maugréa Arthur. Ça fait des plombes qu’on s’est pas fait un Quidditch.

- Allez, courage ! lança Mary en plaquant ses mains sur ses hanches. Plus que quelques jours avant le début des examens. Après ça, Rusard et les autres seront moins sur le qui-vive et on pourra reprendre notre vie normalement.

- Ou faire nos valises pour une autre école, déglutit Justin qui les avait rejoints en cours de conversation.

Tous ses interlocuteurs lui répondirent aussitôt par une polyphonie de soupirs agacés et condescendants.

- Tu vas les réussir, tes exams !

- Arrête de nous soûler avec ton stress !

- Si t’es pas content, va réviser avec Hermione, mais épargne-nous tes jérémiades !

Les joues roses, Justin s’assit à côté d’eux sans plus rien dire.

Malgré ses vociférations, Pete n’en voulait pas réellement au pauvre étudiant qui venait de se faire incendier par toute sa bande d’amis. Il n’arrivait juste pas à se pardonner d’avoir laissé filer une occasion en or de se faufiler dans le sous-terrain incognito en rendant le châle d’invisibilité à Harry Potter. De plus, et malgré ce qu’il en disait, le risque de ne pas valider sa première année et d’être séparé d’Arthur du même coup l’angoissait. Enfin, il savait que, tôt ou tard, il devrait redescendre dans l’affreux tunnel sous le château – et c’était bien cette dernière appréhension qui l’inquiétait le plus. Ce fut donc anxieux et le ventre noué qu’il se rendit dans la grande salle où se déroulaient les épreuves écrites de fin d’année.

Mais à sa grande surprise, il eut à peine commencé à lire les questions que sa peur d’échouer s’envola aussitôt. Il ne s’était jamais aperçu qu’entre les cours du soir de début d’année, les livres qu’ils s’étaient mis à lire sur le monde de la magie avec Arthur et leurs conversations avec les élèves, leurs connaissances de l’histoire de la magie avait été décuplée sans qu’ils s’en aperçoivent ; qu’ils s’étaient exercés aux sortilèges dans le sous-terrain ; avaient appris à voler mieux qu’en cours en sortant les vendredi soir ; maîtrisaient la botanique mieux que les autres maisons grâce à une directrice qui parlait plante en pot et mandragores avec passion et colère quand elle avait bu une bièreaubeurre de trop ; qu’ils avaient écouté avec terreur et effroi chaque phrase des cours de Quirrell. En un mot, la semaine fut très facile, que ce soit pour les questions écrites ou les tests pratiques.

Arthur perdit probablement quelques points en sortilèges quand il ne parvînt plus à maîtriser son fou rire devant la série d’ananas que Flitwick avait demandé aux étudiants de faire danser sur la table en guise de contrôle final.

La seule matière qui vint cristalliser cette semaine d’examens fut celle des potions. Rogue leur demanda de concocter une mixture d’amnésie. En amont de cette épreuve, Arthur se montra si concentré qu’on aurait pu lui donner dix ans de plus. Pete réussit sa potion avec effort mais sans faute, et ce fut le premier élève à quitter la salle de classe sans une remarque désobligeante du professeur. Il resta cependant sur le pas de la porte pour observer son ami.

Arthur fut impressionnant de rapidité. Il éplucha, découpa et éminça ses ingrédients avec une dextérité étonnante pour un première année. Lorsqu’il leva sa baguette pour lancer le sortilège final, Pete put voir la sueur perler à son front. Il la prononça d’une voix forte et assurée et aussitôt la potion changea de couleur et se mit en ébullition. Pete sentit son sang se glacer : la potion aurait dû prendre une couleur cerise ; or la sienne virait au pourpre.

- Qu’est-ce que… ? commença Rogue en se rapprochant du chaudron avec un air dubitatif.

Mais Arthur ne grimaça pas. Il suivit Rogue des yeux sans cligner une seule fois, attendant son verdict.

- M. Clay, pouvez-vous me dire en quoi votre recette diffère avec celle qui a été demandée ? interrogea Rogue de sa voix lente et impassible.

- Oui, monsieur, répondit Arthur avec aplomb. J’ai rajouté de la cannelle. La potion d’amnésie telle que vous nous l’avez demandée a un goût très amer, qui trahit sa fonction d’empoisonnement. Si l’on souhaite faire oublier un événement à une personne sans que celle-ci ne s’en aperçoive, il faut pouvoir la camoufler dans une autre boisson, comme une tisane, par exemple, et le goût sucré de cette épice s’y prête parfaitement.

- Vous avez donc décidé de présenter une potion qui prouve votre caractère énigmatique et capacité à réfléchir comme un criminel ?

- Oui, monsieur, répondit Arthur en déglutissant.

Rogue sembla réfléchir une minute, puis finit par déclarer :

- M. Clay, je n’aurais jamais cru pouvoir être impressionné par le travail d’un Poufsouffle. Vous pouvez y aller.

Sourire au lèvre et poings levés au ciel, le triomphe silencieux d’Arthur résonna dans tout le couloir. Tous les élèves qui attendaient encore dans le couloir et qui avaient observé la scène à côté de Pete l’applaudirent avec chaleur. Le jeune homme ne put contenir sa joie et sa fierté.

La semaine arrivait bientôt à son terme et Pete aurait voulu y voir la délivrance de leurs peines, mais il dut se résoudre à l’avis d’Arthur qui soutenait que le dernier jour d’examen était le meilleur possible pour retourner déposer les potions de feu.

- Tous les élèves lézarderont au parc pour se détendre, les profs devront gérer les copies, Rusard sera en train de peigner Miss Peste… et puis on sera enfin débarrassés de ce poids. Demain, c’est notre dernier jour. On finit l’exam, on retourne aux cuisines prendre les potions, on fonce en bas, on remplit les flacons vides et c’est fini. Oublié. On n’en parle plus jamais et on laisse nos profs s’entretuer sur les terrains de Quidditch.

- Ou nous assassiner, nous deux, parce qu’on s’est secrètement emparés de leurs bouquins sur les monstres et les créatures féroces, remarqua Pete.

- HA-HA.

Son rire se voulait détaché, mais Arthur n’avait pu que produire le son d’un rire jaune et nerveux qui prit fin dans un regard noir.

A la fin de la semaine, ils posèrent leurs stylos pour la dernière fois près de leurs copies d’histoires et se pressèrent jusqu’aux dortoirs, encore plus angoissés qu’au début de leurs examens.

Ils s’affublèrent des vêtements les plus sombres et discrets qu’ils purent trouver, passèrent récupérer les potions dans les cuisines quand tous les elfes eurent le dos tourné – encore que, si habitués qu’ils étaient aux pillages intempestifs des Poufsouffle, ceux-ci n’auraient certainement rien dit en les voyant faire – et, après une longue expiration, s’en allèrent retrouver la terrifiante aile est du deuxième étage de Poudlard.

Le couloir était désert. Un calme inquiétant régnait sur les quelques mètres qui les séparaient du molosse à trois têtes.

- Bon. Quand faut y aller…

Pete poussa prudemment la porte du fond du couloir. Le chien qui les attendait de l’autre côté était bien éveillé, mais son attention semblait porter sur la trappe qu’il gardait. Quoiqu’intrigués par cette attitude, Arthur et Pete profitèrent de cette seconde de répit pour poser un magnétophone au sol et pour frapper un diapason contre le mur.

Au « La » donné par la fourche métallique, Arthur se mit à entonner d’une voix hésitante :

All the leaves are...

All the leaves are brown, répondit alors Pete en écho.

And the sky is grey! poursuivit Arthur.

And the sky is greeeey, répéta à nouveau Pete.

I’ve been for a waaaalk… On a winter’s day…

On a winter’s day, yeah, reprit Pete.

I’d be safe and warm if I was in L.A, vociféra Arthur avec plus d’assurance tandis que les six paupières du chien éberlué s’affaissaient mollement sur ses yeux.

CALIFORNIA DREAMIN’ ON SUCH A WINTER’S DAY!! s’écrièrent finalement les deux acolytes en chœur.

A ces mots, les têtes du chien retombèrent franchement sur ses pattes avant, ce qui donna tout loisir à Arthur d’enclencher son magnétophone pour qu’il répète en boucle l’a capella que le duo venait d’enregistrer. Ils coururent vers la trappe et sautèrent sans plus attendre dans le fond du gouffre. Ils eurent à peine atterri que leurs baguettes lançaient de vives flammes violettes, repoussant les filets-du-diable qui avaient amorti leur chute. Ils traversèrent la pièce en courant, avant de s’arrêter devant la massive porte en bois, derrière laquelle attendaient les balais et la clé volante.

- Jusque-là, on gère très bien ! se félicita Arthur.

- Tout à fait, ajouta Pete en guise d’encouragement. On n’a plus qu’à aller prendre la clé, comme on a fait la dernière fois, et ensuite ce sera la partie d’échecs !

- Attends, avant qu’on y aille je voulais te poser une question. Tu ne l’as pas trouvé différent, le chien, tout à l’heure ?

- Si, il avait l’air encore plus furieux que d’habitude. Il a peut-être mal digéré son diner ?

- Je ne sais pas mais restons prudents, recommanda Arthur. En route !

A ces mots, il poussa vigoureusement la porte en bois et entra dans la grande salle remplie de clés volantes.

- Attention, prévint Pete, ne touche pas au balai tant que nous n’avons pas repéré la clé, sinon les autres vont se jeter sur nous.

Ils scrutèrent le ciel mécanique au-dessus d’eux jusqu’à ce qu’Arthur s’écrit :

- Là !

- Tu es sûr ? Ah, oui ! Tu dois avoir raison, mais…

Pete plissa les yeux.

- On dirait que son aile est abimée. C’est bizarre, non ?

Arthur lui jeta un coup d’œil sans répondre. Puis il reporta son attention sur la clé et ajouta :

- Oui, c’est bizarre. Il se passe quelque chose. Mais à ce stade, on n’a pas le choix puisqu’on aura besoin des balais pour remonter.

- T’as raison.

Ils enfourchèrent tous deux un balai et, pour la seconde fois depuis leur arrivée à Poudlard, s’élancèrent dans une course effrénée à la poursuite d’une grosse clé en or volante.

Était-ce la clé qui présentait des signes de fatigue ou leur expérience qui parlait ? Quoiqu’il en soit, nos deux héros ne mirent pas plus de trois minutes à récupérer l’objet convoité.

Ils sautèrent au bas du sol et ouvrirent la porte à grande vitesse. Pete, qui sortit le dernier, la referma d’un coup sec et ne comprit pas tout de suite pourquoi son ami l’avait agrippé par le bras pour le forcer à se baisser, le doigt sur la bouche en signe de silence.

Complètement déboussolé, Pete mit quelques instants à comprendre ce qu’il se passait. Arthur l’avait tiré dans un recoin de la pièce, derrière une statue en pierre sombre. Devant eux, des bruits de voix on-ne-pouvait-plus familiers retentirent à leurs oreilles :

- Courage, Ron, je t’en prie ! Tu dois te relever. Si je ne t’amène pas à l’infirmerie, tu vas tomber malade. Il faut qu’on s’occupe de toi au plus vite.

- Ha… Harry ? interrogea la voix de quelqu’un d’extrêmement faible.

- Harry est en danger, sanglota la voix d’Hermione Granger. Je l’ai aidé avec la dernière épreuve, mais il est seul face à Rogue en ce moment ! Je dois te faire sortir de là et prévenir Dumbledore immédiatement. C’est pour ça que tu DOIS te lever MAINTENANT, Ron Weasley. Allez !

Et dans une série de grognements, les deux Gryffondor se relevèrent et claudiquèrent ensemble dans la direction des deux Poufsouffle qui les observaient d’un air ahuri.

- Mais… Mais ? balbutia Pete.

- Qu’est-ce qu’on fait ? chuchota Arthur. On va les aider ?

- Heuuuu…

- Pete ! insista Arthur. Qu’est-ce qu’on fait ? On les aide ou pas ?

Reprenant enfin ses esprits, Pete répondit avec le peu d’assurance qui lui restait :

- C’est inutile, on perdrait du temps à tous s’expliquer. Il faut surtout aller aider Harry ! Ces idiots croient que c’est Rogue le coupable. Si Harry tombe sur Quirrell, il risque de lui raconter des conneries et se mettre en danger !

Pendant qu’ils échangeaient à voix basse, ils avaient contourné la statue de pierre pour laisser passer Hermione et Ron. Quand ces derniers furent définitivement sortis, Arthur reprit à voix haute :

- Mais, je ne comprends pas… Qu’est-ce qui est arrivé à Ron ? Qui l’a blessé ? Pourquoi est-ce que l’échiquier est complètement défoncé, comme ça ?

- J’en sais rien, répondit Pete, mais au moins ça nous épargne cette épreuve.

- Et pourquoi est-ce que ces trois-là pensent qu’Harry va être confronté à Rogue ? ajouta Arthur tandis qu’ils traversaient la pièce. Ou même Quirrell, d’ailleurs ! Qu’est-ce qu’ils font tous là, pile en même temps que nous, ce soir ?

- Chut ! le coupa Pete. On va arriver dans la salle du troll.

- Pas de problème, regarde.

Le troll gisait par terre, complètement inconscient. Sans perdre de temps, ils franchirent la pièce au pas de course et déboulèrent dans la salle des potions. Quand ils furent à nouveau prisonniers des murailles de feu, ils s’approchèrent de la table où se trouvaient toutes les fioles… complètement pleines.

- Bon, ben on a notre réponse, soupira Pete.

- J’arrive pas à croire que ces saloperies de potions se rechargent toute seule ! s’exclama Arthur. Ça fait des mois que j’en dors plus la nuit !

- En même temps, si c’était pas le cas, Poudlard aurait décimé la moitié des voleurs de pierre philosophale d’Angleterre dans un mur de flamme. Je ne sais pas comment fonctionne la justice, magique, mais je ne suis pas sûr qu’ils aient le droit.

- Vu leur système de points scolaires, ça ne m’étonnerait pas tant que ça, répondit Arthur. Bon, tant pis, reprit-il. Rien à faire, je boirai la potion que j’ai faite. Par fierté.

Et dans un geste théâtral, il déboucha la fiole qu’il avait portée jusque dans la salle embrasée et en but une longue gorgée.

- Tiens, fit Arthur en s’essuyant la bouche d’un revers de manche et en lui tendant le flacon.

Puis il s’avança vers le mur de flammes violettes. Sans réfléchir, Pete vida le reste de fiole qu’Arthur lui avait tendue et lui emboita le pas. Il aurait voulu féliciter son camarade pour le succès de sa potion, mais il n’en eut pas le temps.

Devant eux, dans la salle aux arcades qu’ils avaient déjà visitée, Quirrell, le redoutable professeur de défense contre les forces du mal, vociférait des menaces à un Harry Potter ligoté à ses pieds et tremblant d’effroi.

- C’est vous qui avez fait rentrer le troll ? interrogeait Harry avec peu d’assurance.

- Bien sûr, répondit Quirrell dont l’habituelle voix chevrotante et bégayante avait laissé place à celle d’un meurtrier au sang-froid. J’ai un don avec les trolls. Vous avez vu ce que j’ai fait à celui de l’autre salle ?

- Non mais je rêve, il n’avait toujours pas compris ? maugréa Arthur à voix basse, accroupi à côté de son compagnon.

- Ce miroir est la clé qui mène à la pierre, murmura soudain Quirrell dont le ton avait encore changé. On peut compter sur Dumbledore pour ce genre de manigances…

A ces mots, Pete et Arthur échangèrent un regard dubitatif. De leur conversation avec le directeur, ils étaient à peu près certains que ce miroir ne se tenait pas ici avant Noël.

- Mais il est à Londres, poursuivit Quirrell, et quand il reviendra je serai loin.

Cette fois, ce fut un regard paniqué qu’échangèrent les deux Poufsouffle. Si Dumbledore était réellement aussi loin, Hermione n’aurait jamais le temps d’aller le chercher pour les sortir tous d’ici.

- Restons calmes, dicta Pete qui devinait les pensées de son ami. Je suis sûr qu’il y a des déplacements magiques autres que les balais. Rappelle-toi comment il a surgi de nulle part dans le couloir, quand on est allé le voir… Il peut revenir plus tôt qu’on ne le pense.

- Mais on doit venir en aide à Harry le temps qu’il nous rejoigne, poursuivit Arthur avec un hochement approbateur. Je ne sais pas ce qu’il vient faire là, mais il va se faire trucider, c’est sûr.

- Je vous ai vu avec Rogue, dans la forêt ! lança soudain Harry d’une voix moins incertaine.

- Mais qu’est-ce qu’il raconte, celui-là ? soupira Arthur.

- Je pense qu’il cherche à gagner du temps, et il a raison, analysa Pete. Mais ça ne suffira pas. Quirrell tourne autour de ce miroir comme un vautour. Et nous, on l’a vue dedans, la pierre. Je ne sais pas quel est le mécanisme exact de défense, mais, même s’il est puissant, Double-Face réussira sûrement à le briser.

- Peut-être pas, suggéra Arthur, après tout Quirrell n’est pas si fort.

- Vous voulez dire que votre maître était avec vous dans la salle de classe ? s’exclama soudain Harry avec horreur.

- Il est toujours avec moi, où que j’aille, répondit Quirrell. Lord Voldemort m’a montré qu’il n’y a ni bien, ni mal ; il n’y a que le pouvoir, et ceux trop faibles pour le rechercher.

- Attends… Quoi ? questionna Arthur en plissant soudain les yeux comme s’il cherchait à deviner quelque chose sur Quirrell. Comment ça, Adolphe Voldemort est toujours avec lui ? De quoi il parle ?

- Mais il ne pardonne pas facilement, poursuivit Quirrell. Le jour où je n’ai pas réussi à voler la Pierre, à Gringotts, il était très mécontent et m’a puni.

- Attends, attends, attends, répéta Pete dont les yeux s’écarquillaient à vue d’œil. Double-Face… Double-Face !

- Son deuxième visage c’est… ?

Quirrell s’écria soudain :

- Je ne comprends pas ! Est-ce que la Pierre est à l’intérieur du miroir ? Je dois le casser ?

- Pete, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Arthur dont la voix n’était plus qu’un filet d’effroi quasiment inaudible. Tu te souviens de ce que nous a dit Binns en début d’année ? Voldemort était un grand psychopathe. Il a tué des milliers de gens. Il n’avait pas son égal en matière de puissance. Si Quirrell et lui ne font qu’un, on est vraiment dans la s…

- SSSSEEERS-TOIIII DUUU GAAARÇÇÇÇÇOOOON…

- ...Sauce, acheva Arthur.

Cette fois, Pete et lui entrèrent en apnée totale. La voix qui venait de parler n’était pas celle de Harry. Ce n’était pas celle de Quirrell non plus. Elle provenait bien de Quirrell mais sa bouche n’avait pas formulé ses mots. Elle provenait de son turban, mais elle avait raisonné avec tant de force et d’autorité qu’on aurait dit que les murs eux-mêmes en étaient les interprètes.

Quirrell délivra Harry de ses liens magiques et le fit approcher du miroir. « Que voyez-vous ? » lui demanda-t-il sèchement. Après un temps, Harry finit par bredouiller :

- Heu, je… Je sers la main de Dumbledore… On a gagné la… La coupe des…

- Iiiil meeeent, interrompit la voix terrifiante qui avait parlé un peu plus tôt.

- Dites-moi la vérité ! cria Quirrell.

- Laisse-moi lui parler face à face, reprit la voix.

- Et si on sortait lâchement et en toute discrétion pour aller chercher du secours ? suggéra Arthur d’une voix soudain claire et assurée.

Mais Pete ne pouvait plus détacher ses yeux de la scène. Quirrell avait défait son turban et tourné le dos à Harry, qui faisait à présent face au visage émacié qu’il voyait pour la seconde fois sur le crâne du professeur.

La première fois, il n’avait absolument pas remarqué la laideur et l’effroyabilité de cette face. Elle était blanche comme si elle était morte depuis des années. Mais le plus effrayant provenait de ses yeux. Deux pupilles, si rouges qu’on les aurait crues noyées dans leur sang, fixaient à présent le Gryffondor avec une haine palpable, ineffable. Et quand sa voix d’outre-tombe prononça les mots « Harry Potter » en s’adressant au garçon de onze ans qui transpirait à grosses gouttes à quelques mètres de lui, il sentit tout son corps se hérisser ; ses cheveux se dressèrent sur sa tête et son dos se raidit. Inexplicablement, Pete sentit qu’un être nouveau en lui-même faisait surface et déployait ses ailes pour venir le protéger.

Il jeta un bref coup d’œil à Arthur pour voir si une telle métamorphose était visible chez lui aussi, mais il ne constata aucune différence physique. En revanche, il pouvait lire la peur sur Arthur comme si les quatre lettres avaient été tracées à l’encre de chine sur son front.

Perdu dans ses pensées, Pete n’entendit pas tout du monologue que le second visage avait débité à Harry. Il reprit ses esprits tandis que la voix déclarait : « Maintenant, donne-moi cette Pierre qui se trouve dans ta poche. »

Les deux garçons échangèrent un nouveau regard de surprise. Depuis quand Harry se trouvait-il en possession de la pierre philosophale ?

- Ne sois pas stupide, conseilla le visage, ou tu vas mourir comme tes parents : en me suppliant de t’épargner…

- MENTEUR ! hurla Harry.

- Emouvant, ricana la voix. Contrairement à ton père, je n’avais pas prévu de tuer ta mère mais…. Elle essayait de te protéger. Alors, donne-moi la Pierre sinon, elle sera morte en vain.

- JAMAIS ! hurla à nouveau Harry qui s’était précipité vers Pete et Arthur en tentant de s’échapper.

Mais Quirrell avait saisi son poignet et Harry, pris d’une douleur terrassante, s’était écroulé sur ses genoux.

Flagrancio ! murmura Arthur.

- T’ES MALADE ?! s’échevela Pete dans un filet de voix.

Son sortilège de brûlure n’eut qu’un faible impact sur la main de Quirrell, mais cela avait suffi à le faire lâcher prise.

- Désolé, répondit Arthur, à force de bosser sur ma potion de feu, j’ai plus que des sortilèges de pyromanes en tête !

- Non mais on va se faire repérer, surtout ! s’écria Pete qui paniquait cette fois-ci bien franchement.

Pendant ce temps, sur les ordres de son Maître, Quirrell avait à nouveau agrippé Harry et le maintenait plaqué au sol. Il était en train de l’étrangler quand Arthur répéta : « Flagrancio ! ».

A nouveau, Quirrell fut saisi de douleurs terribles au niveau des mains.

- Mais, quitte à lancer les sorts de ta sœur, vise au moins la tête ! l’incendia Pete.

- J’essaye ! Je sais pas pourquoi je touche que ses mains !

- La tête, je te dis !

Et alors que Quirrell, la baguette pointée sur le cœur d’Harry, articulait lentement « Avada... », Arthur se releva un peu sur ses chevilles et s’écria :

INCENDIO !

Cette fois, son visage se mit à brûler. Mais au même moment, Harry se jeta sur lui, les deux mains plaquées sur les yeux de Quirrell.

- MAIS… MAIS QU’EST-CE QU’IL FOUT CELUI-LA ?! fit Arthur tout en s’arrachant les cheveux.

- Tu crois qu’il essaye de le soigner ? s’étonna Pete. Syndrome de Stockholm ?

Mais Harry se jeta soudain sur le bras du professeur qui poussait toujours d’affreux hurlements de douleur.

- Non, on dirait qu’il essaye de le… de le pincer, je crois ? suggéra Pete. Au moins... il lui fait mal... Je crois.

- Evidemment, qu’il a mal ! s’offusqua Arthur. Je viens de lui balancer trois sortilèges de barbecue dans la figure.

Mais tandis qu’Arthur croisait les bras en signe de mécontentement, le visage de Voldemort s’écria : « TUE-LE ! TUE-LE ! » et Quirrell s’était relevé pour lui jeter un nouveau sort.

S’apercevant tout à coup qu’Harry n’avait plus la force de réagir, les deux garçons ne purent retenir leur affolement et se mirent à crier « HARRY ! HARRY ! ».

Trop tard. Avant même que Quirrell n’ait porté le coup de grâce, Harry s’était écroulé sur le sol, complètement évanoui. « Ça vaut peut-être mieux pour lui. » commenta Arthur avec un sarcasme de situation que Pete ne put s’empêcher d’admirer. Mais il déglutit à la fin de sa phrase quand il aperçut que le regard assassin de Quirrell s’était soudainement posé sur eux.

- Heu… Salut ! lança Arthur de son plus beau sourire.

- Quiii eeeest-ce ? interrogea la voix.

- D’autres élèves, répondit Quirrell qui haletait toujours sous l’effet de ses brûlures. Qu’est-ce que vous faites ici, bande de vauriens ? Sales mauviettes !

- MAUVIE… ?

- Non, Arthur, on n’a pas le temps pour Retour vers le futur, là, l’interrompit Pete.

- Peu imppppoooorte, reprit la voix. Tue-les tous les trois… Et récupère la Pieeerre sur Harry Potteeeer…

- Bien, maître, répondit Quirrell qui ne semblait plus du tout se soucier de ses blessures.

Pete fit volte-face, mais Quirrell d’un coup de baguette fit se dresser un mur de pierres entre l’entrée et eux. Ils étaient pris au piège.

Ils se mirent à courir tandis que des explosions, provenant de l’arme de Quirrell, fusaient tout autour d’eux, s’écrasant contre les murs ou contre les colonnes qui constituaient leur ultime protection face à leur agresseur.

Réfugiés derrière la dernière colonne encore intacte, Arthur hurla « INCENDIO ! » contre Quirrell. Celui-ci dévia son sortilège d’un simple mouvement de la main.

- Bon sang, qu’est-ce c’est classe un sorcier, quand même ! admira Arthur.

- Tentons de l’attaquer ensemble, proposa Pete. « Incendio » à trois ! Un… Deux… Trois… !

Leurs deux sortilèges fusèrent de part et d’autre de la colonne et vinrent s’écraser vainement sur les bras que Quirrell avait levés devant son menton pour protéger son visage.

- Quand il anticipe nos sorts, on peut à peine le faire saigner du nez ! gémit Arthur. On va se faire trucider comme des rats. On doit essayer de… AH !

Un éclair pourpre venait de toucher Arthur en pleine épaule.

- MON BRAS ! JE SENS PLUS MON BRAS ! hurla Arthur, les yeux gorgés de larmes.

Soudain pris de fureur, Pete bondit par-dessus Arthur et, de tout son corps, vint le protéger de leur assaillant. Quirrell parut étonné mais il leva sa baguette et jeta un nouveau sort. Pete poussa un cri strident, un cri qu’il ne se savait pas physiquement capable de pousser, et, d’un tour de 180 degrés avec ses mains, renvoya le sort à son expéditeur.

Quirrell se mit à pousser des cris terrifiants. Pete ignorait quel sortilège l’homme au deux-visages avait lancé, mais il était à présent en proie à des convulsions de douleur telles qu’on eut dit une danse. Voyant que Quirrell était momentanément hors d’état de nuire, Pete se précipita vers Arthur.

- Mon vieux, ça va ? Ton bras ? T’as rien ?

- Ça va, ça va… Je crois que c’est pas si grave mais… Pete ! Espèce de faisan ! C’était QUOI, ça ?

- Ben… J’en sais rien…

- Non ! Ne me dis pas que tu n’en sais rien ! le coupa Arthur qui semblait presque en colère. Tu m’as déjà fait le coup dans le train, à la rentrée. Tu as un super-pouvoir et tu ne m’en as jamais parlé ?

- Mais j’en savais rien, moi ! s’offusqua Pete. Je ne sais même pas comment ça marche, et de toute façon j’ai peur de ma propre ombre alors je ne vois pas en quoi je serai capable de… ARGH !

Frappé par un sort, il tomba à plat ventre. Il vit des étoiles se former tout autour de lui et sentit le noir l’engloutir.

- Pete ! Pete !

A coup de grandes gifles, Arthur, qui avait eu le temps de le ramener derrière la colonne, tentait de le maintenir éveillé.

- Pete ! Ecoute-moi ! ECOUTE-MOI ! hurla-t-il à toute vitesse en secouant son camarade. Tu ne peux pas, tu m’entends, tu ne PEUX pas me laisser tomber maintenant. Tu ne le sais pas encore, mais moi je le sais, et d’ailleurs je l’ai toujours su. Tu es un super-héros, et j’ai besoin de toi. LE MONDE a besoin de toi.

Lorsqu’une nouvelle explosion retentit quelque part au-dessus d’eux, Pete se sentit rejoindre les limbes pour de bon.

- NON !

Arthur le gifla de toutes ses forces et reprit :

- Pete Doe. Tu nous représentes tous, ce soir. Mary, Julia, Ernie, Hermione, même ce con de Knottingley, tous ! Pense à Drago ! Pense à Goyle ! Pense à tous ces losers comme moi qui n’existent que parce que le monde est fait de gens comme toi, qui nous laissent toute la place pour exister ; les gens comme toi qui vivent des histoires des autres, des blagues des autres, de l’amour des autres, mais qui ont déjà tout ça en eux, et au centuple ! J’ai survécu à la magie, à cette école et à toutes cette année parce que TU étais là pour me regarder faire, et sans ton regard, j’aurais pas eu une seule goutte d’énergie à donner à ma propre vie ! Mais toi, t’es différent. Ton énergie, tu la préserves pour des choses plus importantes. ET LA C’EST PLUS IMPORTANT, PETE ! Tu dois nous sortir de là et empêcher cet Hitler magique de reprendre le pouvoir dans le monde des sorciers ! Alors relève-toi (il le souleva par le col pour le remettre sur pieds), réveille-toi (de sa main, il enserra celle de Pete pour qu’il tienne plus fermement sa baguette) et ferme les yeux, Pete ! Ferme les yeux parce que t’as plus personne à regarder, là. C’est le monde qui te regarde.

Mais ignorant la dernière injonction d’Arthur, Pete tourna la tête juste à temps pour voir le rais de lumière verte qui jaillissait de la baguette de Quirrell dans la direction d’Arthur. Il repoussa brutalement ce dernier d’un coup dans le torse. Arthur valdingua quelques mètres plus loin tandis que le sortilège s’écrasait contre le mur.

- A nous deux ! s’écria Pete en rejoignant Quirrell d’un pas ferme dans l’arène.

Il hésita une seconde et ajouta :

- Enfin, à nous trois plutôt.

Les paumes grand ouvertes face à son adversaire, il se mit à courir dans la direction de Quirrell à toute vitesse. Il ignorait totalement ce qu’il faisait ou pourquoi il le faisait. La seule chose qui lui parut sûre dans cet intervalle fut qu’il courait – littéralement – à sa perte. Pourtant, à la dernière seconde, alors qu’il s’attendait à rentrer sa tête dans le buste de l’enseignant, ce fut son talon qui vint se nicher dans l’estomac voisin. Son dos était à présent porté par des longues plumes et il parvenait à s’élever dans les airs. Sa course s’était terminée par un saut extrêmement haut qui lui avait permis d’attaquer Quirrell avec les jambes.

Malheureusement, Quirrell parvenait également à voler. Pete ignorait comment, mais son ennemi s’était mis à léviter jusqu’à sa hauteur.

- Qui êtes-vous ? demanda le pâle visage de Voldemort qui lui faisait à présent face.

- Je suis… Je suis…

Mais il se rendit compte que sa voix avait changé. Non, pas seulement sa voix. Son langage n’était plus le même non plus.

Et perdant soudain le contrôle même de ses paroles, il se mit à professer contre son gré :

- Je suis le corbeau maudit, l’ombre de ta solitude. Je suis l’oiseau de malheur, qui en tes bras ouverts a ouvragé sa croix. Reste loin du jour car je suis ta nuit. Je suis l’oiseau maudit et ta mort est mon vœu. Et ta mort sera aussi sombre que la pupille de mes yeux.

Voldemort l’observa quelques instants, pendant lesquels Pete se demanda s’il avait pu comprendre son étrange langage. Mais soudain, le macabre visage se mit à hurler comme un fou, et dans une langue que Pete ne comprit pas tout de suite, il lui répondit :

- Pauvre corneille ! Méfie-toi du serpent qui se tapit dans l’ombre et qui guette ton repos… Tu n’es la nuit de personne, vieux fou ! Je suis le roi des ombres, le maître des limbes et le premier-né de la mort. Regarde mon pouvoir !

Et découvrant des canines acérées, Lord Voldemort cracha de la fumée et repoussa Pete.

Pete se releva et fit naître une tempête d’un mouvement de ses ailes naissantes.

Mais Quirrell, ondulant comme un serpent, parvînt jusqu’à Pete et le mordit à la cheville. Pete poussa un hurlement – de sa voix propre – et tomba au sol.

- Pete ! Non… gémit Arthur qui observait toujours la scène depuis sa cachette.

Et alors que tout espoir semblait perdu, une voix grave et puissante chanta tout à coup :

CONFRINGO !

Dumbledore, qui venait de faire exploser la muraille de pierre que Quirrell avait dressée devant la seule issue un peu plus tôt, se tenait à présent dans la pièce avec eux.

D’un mouvement de baguette, il propulsa Pete quelques mètres plus loin pour lui éviter l’ultime attaque de Voldemort.

- Pete, ordonna le directeur, retournez auprès de votre ami et protégez Harry !

Pete s’exécuta aussitôt. Il se releva et courut auprès d’Harry qui gisait toujours évanoui sur le sol, rapidement imité par Arthur qui l’aida à mettre le Gryffondor à l’écart. En le déplaçant, ils virent un objet rouge rouler sur le sol. C’était la Pierre philosophale. Pete la ramassa et observa un court instant l’objet de toutes leurs peines.

- Garde-la précieusement, ordonna Arthur. Si Dumbledore se fait tuer, il n’y a que toi qui puisses encore la protéger.

- Ça n’a pas l’air d’être au programme, répondit Pete avec un faible sourire, en désignant d’un signe de tête l’homme aux cheveux blanc qui se battait devant eux.

D’un mouvement circulaire, Dumbledore avait fait apparaître derrière lui une flotte de cristaux de glaces et les lançait en plusieurs salves dans la direction de Quirrell. Celui-ci eut tout juste le temps de faire apparaître un mur de flammes violettes qui en fit fondre une grande partie, mais s’en prit certaines dans les jambes et dans les bras.

Profitant de ce répit, Dumbledore se lança dans une chorégraphie minutieuse avec sa baguette, qui petit à petit fit apparaître un loup auprès de lui – un loup blanc et à demi réel. Le loup se rua sur Quirrell qui lui lança des sortilèges meurtriers, l’éreintant de toutes part, et dans un même mouvement fit apparaître une araignée géante à côté de lui.

Jamais Pete n’avait assisté à quelque chose d’aussi beau et d’aussi spectaculaire. Les animaux créés par les deux sorciers ne pouvaient pas être vivants – on pouvait voir que leur composition était pointillée et qu’ils n’avaient que l’aspect de fantômes, mais leur aspect et leur couleur fantasmagoriques les rendaient incroyables.

Dumbledore arma son loup d’ailes et de griffes métalliques, et il se jeta sur l’araignée pour l’attaquer. Plus agile, l’araignée s’était déplacée en un clin d’œil jusqu’au loup. Le capturant dans sa toile, le canidé se retrouva prisonnier et poussa une plainte désolante.

Mais profitant de cette diversion, le vieux sorcier avait fait apparaître des flammes qui tournoyaient autour de sa tête. Quand Quirrell et son araignée s’en aperçurent, les flammes s’étaient regroupées pour former un dragon de cristal, dont l’envergure allait du sol au plafond. Le dragon vint écraser l’araignée d’un seul coup.

Pris de panique, Quirrell se mit à créer un bouclier tout autour de lui, mais le dragon fut plus rapide. D’un battement d’aile, il projeta le professeur qui vint s’écraser contre le mur derrière lui.

Vaincu, Quirrell tomba inerte sur le sol et une vapeur noire s’échappa de lui dans un cri strident.

Un silence de mort vint balayer le vacarme assourdissant de la pièce. Toujours près de Harry, les deux Poufsouffle échangèrent un regard silencieux. Puis, voyant Dumbledore s’approcher d’eux sans un seul signe d’essoufflement, les deux adolescents se mirent à pousser des exclamations et des cris joie. Ils applaudirent à tout rompre malgré leur épuisement.

- Monsieur, c’était in-cro-yable, commenta Arthur en appuyant chaque syllabe d'un mouvement de main.

- Il n’avait aucune chance contre vous, professeur ! ajouta Pete avec entrain.

Et tout en faisant apparaître un brancard magique pour Harry, Dumbledore laissa glisser un sourire qui n’échappa nullement aux jeunes garçons. L’araignée et le dragon s’étaient évanouis avec Quirrell mais le loup était toujours là. Il finit par disparaître dans une brume bleutée – le bleu de ses yeux, pensa Pete en observant le directeur.

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