Aut vincere, aut mori

Chapitre 27 : Hésitations

5253 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/12/2020 16:23

Pour la première fois depuis son entrée à Poudlard à l’âge de onze ans, Hermione Granger sentait que rien ne pourrait arriver de mauvais. La neige tombait depuis l’aurore, drapant le château d’un magnifique manteau blanc. Chaque professeur avait décidé de finir l’année sur un cours atypique, allant de la confection de potions pailletées jusqu’aux métamorphoses de bonhommes de neige. Et surtout, la jeune femme irait au bal avec ses amis.

Elle chassa le souvenir du bal du Tournoi des Trois Sorciers loin de son esprit pour se focaliser sur toutes les bonnes choses qui pourraient advenir à cette soirée. Elle allait s’amuser, danser avec Lily, accorder quelques chansons aux Maraudeurs (sauf Peter) et profiter de l’esprit de Noël. Et surtout, elle partirait le lendemain pour passer les vacances chez les Potter avec James et Sirius. Remus arriverait après le réveillon.

           

Il était dix-sept heures trente ; elle avait encore le temps de passer à la bibliothèque emprunter quelques ouvrages pour les vacances. Elle passa presque une heure dans les rayons, dénichant quelques ouvrages de DCFM dont un livre détaillant l’utilisation des hiéroglyphes anciens dans les procédés de défense. Elle dut cependant se hâter en voyant l’heure, ayant promis aux filles de se préparer avec elles et se mit presque à courir, faisant pester Mme Pince alors qu’elle la gratifiait d’un « Joyeux Noël ! » Lily avait mis quelques jours, tout comme les filles, avant de digérer l’attaque de Pré-au-Lard, mais elle avait fini par déclarer la fin des hostilités deux jours avant le bal, pour coller à l’esprit de Noël. Et puis, elle ne pouvait rester longtemps fâchée envers Hermione. La jeune femme avait pris une place importante dans sa vie, malgré leur rencontre relativement récente. Elle remonta les marches quatre à quatre et déboula dans la salle commune, en surprenant quelques-uns, avant de monter sans attendre dans le dortoir. Comme elle s’y attendait, Lily, Marlène, Dorcas et Mary étaient déjà affairées. Elle tenta de discrètement rejoindre son lit, mais fut fermement arrêtée par une Lily déjà rougie par l’émulation.

           

- Ou étais-tu ?

           

- Désolée, je faisais un saut par la bibliothèque… grimaça Hermione.

           

- On t’attend depuis une demi-heure ! Allez, dépêche-toi d’aller dans la salle de bain, on fait ta coiffure en sortant !

           

N’osant pas affronter l’ire de Lily pour refus d’obéissance, la lionne attrapa ses affaires avant de partir se détendre brièvement sous l’eau chaude. La douche lui fit un bien fou, lui apportant la relaxation nécessaire avant le bal. Elle vida sa tête de toutes ses pensées, profitant de la chaleur envahissant son corps. Après une dizaine de minutes, elle se décida à sortir avant de subir les foudres de Lily. Elle s’enroula dans sa serviette et après avoir séché ses cheveux regagna leur dortoir pour aller s’apprêter. Elle sortit sa robe de la housse en souriant et fit rouler le tissu entre ses doigts. Elle avait eu un coup de cœur dans la boutique et son impression avait été confirmée par les soupirs admiratifs des filles. Intérieurement, elle espérait que sa robe plairait à Sirius, malgré un détail qui le laisserait sans aucun doute dubitatif. Elle enfila des dessous noirs en dentelle et s’enroula dans un déshabillé traînant sur un des lits avant de rejoindre la rousse qui l’attendait sur le pied de guerre. Elle la fit s’asseoir sur un coussin et commença à la coiffer avec application, démêlant ses longues boucles brunes.

           

- Je vais faire des merveilles avec tes cheveux, Hermione. Le rejeton Black ne saura plus quel compliment t’adresser.

           

- Oh, mais Lily, nous y allons en tant qu’amis, c’est simplement que ni l’un ni l’autre n’avions de partenaire.

           

- Mais bien sûr…

           

Lily leva les yeux au ciel, avant de proposer différentes options à la jeune femme. Elle finit par opter pour un chignon bas, ramenant les mèches soigneusement bouclées en arrière sans pour autant trop les tendre, les laissant plus lâches du côté gauche. Elle alla alors se vêtir de sa robe avec une joie non feinte. Marlène lui prêta des boucles d’oreilles noires ainsi qu’un choker assorti en dentelle, muni d’une perle sombre en poire. Pour finir, elle enfila des escarpins noirs prêtés par Lily, et il fut l’heure de descendre rejoindre les garçons. Ils avaient convenu de se rejoindre tous en bas de l’escalier principal, permettant à Peter d’accueillir sa Pouffsouffle comme il se doit. Sur le chemin, Hermione sentit l’appréhension monter, alors que les filles étaient surexcitées. Elle failli faire demi-tour, mais se gifla mentalement. Elle avait bu une potion créée par Voldemort lui-même ; elle n’allait pas reculer devant un simple bal. Arrivée au tournant de l’escalier, elle prit un longue respiration avant de suivre les filles qui avaient déjà descendu la moitié des marches.

           

Sa respiration se coupa lorsqu’elle vit le regard de Sirius, l’admirant alors qu’elle posait le pied sur la première marche. Elle ne put s’empêcher de rougir, et prit son temps pour descendre, profitant de son moment. Arrivée en bas, elle posa sa main dans celle de son cavalier, qui en gentleman l’effleura de ses lèvres sensuellement, faisant naître une chaleur dans son bas-ventre.

           

- Hermione, tu es à couper le souffle.

           

- Tu es plus qu’élégant toi-même.

           

Elle rayonna intérieurement, ravie de constater que sa tenue faisait effet. Elle avait choisi de porter une robe princesse, dont le haut noir en dentelle dégageait ses épaules et sa gorge, offrant une vue délicieuse à son cavalier. La robe se poursuivait avec une jupe en satin vert émeraude, chutant jusqu’à ses chevilles. La teinte princière avait attiré son œil, et elle n’avait pu résister à l’envie de porter une couleur si contraire à sa maison d’appartenance.

           

- Je n’ai jamais autant apprécié les couleurs de Serpentard.

           

- Vraiment ?

           

- Je serais prêt à le crier à toute la salle. Mais McGonagall pourrait m’en vouloir.

           

Elle laissa échapper un bref éclat de rire, faisant sans s’en rendre compte pétiller les yeux de son cavalier. Il lui offrit son bras galamment, et ils rejoignirent leurs amis, entrant dans la grande salle décorée spécialement. Les discussions allaient bon train, et Dumbledore dut quérir un peu de calme pour son discours d’ouverture, vêtu d’une robe mauve décorée de flocons, qui ne convainquit pas Hermione.

           

- Mes chers élèves, je suis ravie de vous voir si élégants en ce dernier soir à Poudlard avant que vous ne repartiez pour beaucoup dans vos familles pour les fêtes de fin d’année. Je ne saurais que trop vous conseiller de vous mêler à tout le monde, sans distinction aucune, afin de découvrir des personnes auxquelles vous n’auriez sans doute jamais parlé autrement. Très bonne soirée à tous !

           

L’ensemble des élèves applaudit avant que la musique n’envahisse la Grande salle, commençant traditionnellement par une valse. Une main apparut dans le champ de vision d’Hermione, et elle reconnut Sirius en levant les yeux, un sourire charmeur aux lèvres mais un éclat anxieux dans le regard. Elle sourit en attrapant sa main, et il l’emmena au centre de la piste de danse, avant d’enserrer sa taille.

           

- J’espère que tu sais danser, mais même si tu m’écrases les pieds je ne te lâcherai pas une seule seconde.

           

Elle éclata de rire, mais le rassura concernant ses orteils. Son père lui avait appris il y a des années, lorsqu’elle revêtait des robes appartenant à sa mère et qu’il passait des valses viennoises dans le salon. Sirius était un excellent cavalier, chose dont elle n’avait jamais douté. Il la faisait valser avec légèreté, faisant virevolter sa robe émeraude, la portant avec grâce avant de reprendre leurs tournoiements. Mais malgré toute sa délicatesse, ce qui troubla le plus Hermione fut l’intensité de son regard. Ses pupilles grises la fixaient avec ardeur, bien plus violemment que celle d’un ami auraient dû. Ainsi déstabilisée, elle quitta la piste dès la valse terminée en murmurant des excuses inaudibles, afin d’aller rapidement siffler une coupe de champagne pour se redonner consistance. Elle vit que le brun avait rejoint Remus et Mary, alors que le reste des couples valsait encore. Elle ne put éviter le signe du lycanthrope qui l’invita à les rejoindre, et reprit une flûte en soutien, affichant un sourire crispé. Elle regrettait d’avoir accepté l’invitation de l’animagus, malgré son assurance qu’ils iraient entre amis. Elle voyait bien que leurs sentiments étaient beaucoup trop ambigus pour que ce soit le cas. Et intérieurement, elle commençait à penser que sa volonté flancherait s’il continuait son numéro de charme. Elle était encore dans ses pensées lorsque Remus lui posa une question, et elle dut la lui faire répéter.

           

- Tu t’amuses bien, Hermione ?

           

- Oui, c’est vraiment magnifique. Et mon Dieu, ce champagne… Ça m’avait manqué…

           

Alors qu’elle avait une conversation plutôt superficielle avec Remus et Mary, Sirius ne pouvait s’empêcher de la dévorer du regard. Il avait cru qu’aucun mot ne pourrait sortir de sa bouche lorsqu’il l’avait vue descendre les marches, drapée dans cette robe si délicieuse. Et il espérait que c’était bien une rougeur qu’il avait furtivement aperçue sur ses joues, avant qu’il ne la guide vers la Grande salle. Il avait été ravi lorsqu’elle avait accepté cette valse, mais conscient de sa gêne lorsqu’elle avait été achevée.

           

Après sa discussion avec les Maraudeurs lundi, il avait commencé à préparer un plan défiant la raison, comprenant une série de bouquets « empruntés » dans la serre du professeur Chourave, une potion d’hilarité et trois angelots métamorphosés. Mais James était venu lui parler, le raisonnant quant à ses ambitions pour le bal. Hermione n’aurait apprécié aucunement ces attentions, qui la mettraient sans aucun doute excessivement mal à l’aise devant les autres. Il avait donc laissé tomber ses machinations et suivi le conseil de Remus : « Sois toi-même. Elle t’apprécie comme tu es et ne veut certainement pas connaître le Sirius séducteur et arrogant que tu peux parfois devenir » Mais pour une fois dans sa vie, il craignait qu’être lui-même ne suffise pas. Sa confiance et parfois sa suffisance étaient un moyen de se protéger ; seuls les Maraudeurs le connaissaient réellement et voyaient au-delà de cette façade. Mais avec Hermione, tout était différent et il avait peur de ne pas savoir comment s’y prendre.

           

En l’observant du coin de l’œil, il constata qu’elle paraissait tendue, et d’autant plus lorsqu’elle croisa fugacement son regard. Il se demanda si malgré toutes ses réticences, elle était sensible comme lui l’était à elle. De l’espoir était-il permis ? Il allait falloir qu’il parle à James et Remus avant de rater sa chance. Notant que le capitaine et sa cavalière rousse s’étaient retirés de la piste de danse, il alla subtiliser son meilleur ami pendant quelques instants.

           

- Evans, ça ne te gêne pas si je te l’emprunte ? Mon mari se languit de moi.

           

James éclata de rire, avant de rassurer son prétendu compagnon sur sa fidélité. Lily même ne put s’empêcher de rire brièvement.

           

- Je t’en prie, mais ramène-le-moi en un seul morceau ! Il serait dommage que son joli minois soit abîmé.

           

James dut être traîné par le brun, ne se remettant pas du compliment de Lily.

           

- Ne t’inquiète pas, Lily-jolie, je te reviendrai ! Patmol, tu as entendu ?! Elle a dit que j’étais joli !

           

- Je suis certain qu’elle avait déjà bu quelques coupes de champagne.

           

Il fit fi des récriminations de James, qui firent se retourner quelques têtes sur leur passage, et l’emmena manu militari vers l’entrée de la salle. Une fois qu’il eut son entière attention, il lui expliqua la situation.

           

- Je veux qu’à la fin de la soirée, elle me laisse une chance. Et je n’arrive pas à croire que je dis ça, mais tu as plus d’expérience que moi en termes de relations amoureuses. S’il-te-plaît, va faire danser Hermione et parle-lui.

           

- Lily pourrait t’aider mieux que moi, après tout c’est elle qui m’a accepté et qui gère notre relation, je n’ai fait que la poursuivre pendant plus de six ans.

           

- James, tu es son cavalier depuis à peine une heure, alors ne commence pas, tu n’es pas encore en couple. Oui, ça arrivera, je sais. Tout le monde à Poudlard le sait. En attendant, j’ai besoin que mon meilleur ami aille sur la piste de danse pour convaincre une fille de sortir avec moi. Lui dire que ça ne sera pas une catastrophe. Invente ce que tu veux.

           

- Ça marche, Siri, le rassura le grand brun en lui tapotant l’épaule. Fais-moi confiance.

           

Cette dernière phrase acheva de le convaincre qu’il faisait une erreur, mais il était déjà trop tard. James rejoignit rapidement Hermione, alors que Sirius allait s’excuser et proposer une danse à Lily, lui résumant la situation. Il savait que la rousse espérait la formation prochaine de leur couple ; il aurait ainsi une alliée supplémentaire dans son entreprise.

           

De son côté, James avait galamment invité Hermione, lâchement abandonnée par Remus et Mary voulant aller danser, et n’acceptait pas de refus. Il l’entraîna sur la piste et mena la danse avec expertise, sans pour autant lui laisser ne serait-ce qu’une seconde de répit avant son interrogatoire.

           

- Sirius est très beau ce soir.

           

- James, votre relation plus qu’ambiguë de couple marié m’inquiète, donc viens-en au fait. Que veux-tu ?

           

- Pourquoi ne veux-tu pas t’engager dans une relation avec Sirius ? Vous êtes beaux, jeunes, célibataires, alors qu’est-ce qui vous en empêche ?

           

- Si tu veux vraiment tout savoir, je ne veux pas créer quelque chose qui pourrait être anéanti par le combat que nous menons.

           

- Mais justement ! répliqua-t-il. Il ne sert à rien de vivre si on réprime nos envies. C’est ce credo qui nous mène à teindre la barbe de Dumbledore à chaque fin d’année, à piéger ce cracmol de concierge dans ses propres placards à balais et à inonder les cachots des Serpentards !

           

Il se reprit devant l’air ahuri d’Hermione.

           

- Tu dois lui laisser une chance. Ça crève les yeux que vous êtes attirés l’un par l’autre, et il serait vraiment stupide que vous passiez le reste de l’année à vous tourner autour. En plus, tu passes Noël à la maison, et je n’ai pas envie d’assister à un vaudeville ridicule pendant deux semaines.

           

Hermione ne répondit pas, plongée dans ses réflexions. Fallait-il qu’elle continue à refouler ses sentiments ? La danse se termina et James la libéra, partant reprendre sa dulcinée des bras de son frère. A ce moment, la musique changea pour un rock endiablé, et l’ensemble des élèves se mit à se trémousser en rythme. La jeune femme se laissa prendre à l’excitation ambiante et dansa de concert avec les autres, entraînée par une Marlène surexcitée. Cette dernière et Dorcas étaient apparues l’une au bras de l’autre devant l’ensemble des élèves et des professeurs, mais la blonde avait immédiatement fait taire les murmures par un regard noir impressionnant chargé de menaces. Elles savaient qu’elles devraient malheureusement affronter le jugement de certaines personnes, mais elles ne laisseraient rien gâcher leur bal. Il aurait de toute façon été irréfléchi pour des gens malveillants de les provoquer devant l’ensemble des professeurs. Les deux jeunes femmes avaient ainsi pu valser amoureusement, faisant fi des regards jugeurs de certains.

           

Remus avait lui été émerveillé devant l’apparition de Mary dans les escaliers, son regard brûlant la suivant jusqu’à ce qu’elle rejoigne son bras. Peter, étonnamment bien apprêté dans son costume de bal, avait également accueilli sa cavalière, une certaine Sage rencontrée en cours d’Herbologie. Leur passion pour les géraniums dentus les avait apparemment réunis, pour le plus grand bonheur de ses trois amis qui ne manquaient pas une occasion de formuler des métaphores fleuries à tout bout de champ. Sans aucune surprise, le plus doué à ce jeu était Remus, qui puisait son inspiration dans la quantité innombrable de livres moldus qui passaient sur sa table de chevet.

           

Quant à Lily et James, la lionne les avait vus avec une joie non contenue se sourire durant tout ce début de bal, lui réchauffant le cœur. Le capitaine de l’équipe de Quidditch avait œuvré ce dernier mois pour rendre sa présence plus agréable aux yeux de Lily, et la rousse avait fini par céder en acceptant de l’accompagner au bal, même si ce n’était pas qu’une bonne action comme elle le laissait entendre. Hermione voyait bien que des sentiments commençaient à naître en elle, et elle en était extrêmement heureuse pour ses amis. Inconsciemment, elle voyait déjà Harry naître, et espérait lui offrir un monde beau, sans guerre, sans mage noir.

           

Remus vint à ce moment lui proposer une danse, comme sa cavalière avait été volée temporairement par un Serdaigle. Ils rirent de leurs mouvements, et profitèrent simplement de l’ambiance féérique de cette soirée. Le plafond enchanté de la salle avait créé des flocons magiques pour le bal, qui s’évanouissaient avant d’atterrir sur les épaules des participants. Il l’accompagna ensuite au buffet pour grignoter des canapés, après cette foule d’émotions. Ses sens lupins lui indiquaient qu’Hermione avait plus besoin d’avaler une tournée de petits-fours que d’endurer une litanie sur les qualités de Sirius, malgré les supplications de son ami pour qu’il place un mot en sa faveur.

           

La musique continuait d’envahir leurs oreilles, et changea soudainement pour du rock moldu, faisant hurler de joie une bonne partie de la salle. Les Beatles enflammaient l’ambiance, faisant se tortiller ces jeunes nés dans les années soixante, et timidement danser les néophytes majoritairement sang-purs dans un premier temps, avant qu’ils ne se laissent eux-aussi entraîner par le timbre survolté de Lennon. Les quelques réfractaires se tenant à la musique sorcière furent rapidement ignorés.

Sirius connaissait bien ces musiques, tout comme Remus, et en avait touché un mot ou deux aux autres Maraudeurs durant toutes ces années à Poudlard. Ils étaient donc gagnés par l’euphorie générale, se déhanchant sur Twist and Shout. Hermione adorait ce groupe plus retro que ceux que tous écoutaient à son époque, et se laissa emporter avec un grand sourire dans la danse. Lorsqu’après plusieurs tubes des Fab Four la musique changea pour David Bowie, Sirius vint la capturer pour la faire tournoyer sur Suffragette City et Let’s Spend the Night Together, et plus doucement sur Space Oddity. Il la rapprocha de lui sur ce morceau, l’entourant délicatement de ses bras, alors qu’ils ondulaient de concert, bercés par la musique. Le jeune homme laissait ses mains sur les hanches d’Hermione, profitant de son contact.

           

Il avait peur de la perdre, de faire une énorme connerie. Il ne voulait pas la laisser s’échapper avant de n’avoir pu tenter quoi que ce soit, mais lui avouer ses sentiments la ferait fuir définitivement. Rien que sa demande pour le bal avait tétanisé la jeune femme, la mettant dans tous ses états lors de leur discussion dans les cuisines. Alors lui demander officiellement de sortir avec lui ? Il sentait une réelle connexion entre eux, bien plus forte que l’attirance physique qui les avait d’abord menés dans le même lit. Et pour être honnête avec soi-même, leurs dernières étreintes avaient été presque douloureuses pour le jeune homme qui ne pouvait librement exprimer ses sentiments. Hermione et lui avaient même eu une discussion à ce propos, après avoir repris leurs esprits dans la Salle sur Demande.

           

- Que se passe-t-il, Sirius ?

           

La brune s’était redressée sur son coude, le drap blanc cachant à peine les courbes qui provoquaient un ouragan chez le jeune homme. Sa peau veloutée était un appel à la luxure, et il ne résista pas à faire courir ses doigts sur ses hanches, en un geste tendre. Il la sentit se tendre imperceptiblement, non habituée aux caresses tendres de sa part.

           

- Sirius ?

           

L’animagus cessa ses mouvements sans pour autant retirer sa main, et soupira avant de prendre la parole.

           

- Rien, je ne suis juste pas dans mon assiette en ce moment.

           

- Problème de couple avec James ? tenta-t-elle avec humour.

           

- Même pas, fit-il.

           

Elle fronça les sourcils, contrariée, se mordillant la lèvre. Sirius avait remarqué ce tic qu’elle avait qui faisait ressortir la couleur pulpeuse de sa bouche, ne la rendant que plus belle à ses yeux.

           

- Alors, que se passe-t-il ?

           

Lui ne répondant pas, elle soupira avant de lui confier ces quelques mots.

           

- Je sais que j’ai tendance à me renfermer et à intérioriser tout ce que je peux ressentir, mais je suis là, et même si je n’applique jamais mes propres conseils, tu devrais t’ouvrir à quelqu’un. Et je suis là pour toi, en tant qu’amie. Si ça concerne ta famille, je sais que les fêtes peuvent être difficiles et James sera certainement un choix plus aisé que moi, mais tu peux tout me dire. Rien ne sortira de cette pièce.

           

- Ne t’en fais pas, c’est juste le blues de notre dernière année, et donc de notre dernier Noël à Poudlard, inventa-t-il.

           

Cela sembla la convaincre, et elle cessa de martyriser sa bouche.

           

- Que penses-tu faire après ?

           

- Auror. On veut s’engager avec James, ça a toujours été notre rêve. Peter souhaiterait entamer des études d’herbologie, quant à Remus… On essaie de le convaincre qu’il pourra réussir, mais tu le connais, son petit problème de fourrure l’empêche de se dire qu’il pourrait faire tout ce qu’il veut. Il est brillant, et c’est tellement injuste que sa condition gâche sa carrière… Il veut mettre toutes les chances de son côté avec son dossier, mais j’ai peur que ça ne suffise pas. Il faudrait que les lois changent. C’est Wendell Coleman qui est à la direction du bureau de régulation des créatures magiques depuis bien trop d’années et qui a raffermi les lois contre les créatures dites « hybrides ». Et une certaine Ombrage vient d’arriver, avec des idées absolument terrifiantes, ce qui risque de ne rien arranger. Elle est maléfique d’après ce que j’en ai entendu par le père de James et a déjà écrasé trois de ses collègues pour évoluer au Ministère. Je lui souhaite le pire.

           

- Moi aussi, lui répondit le plus sincèrement Hermione.

           

Ils s’arrêtèrent de parler en un accord muet, avant de tourner leur regard vers le plafond de la Salle sur Demande. Sirius peinait à se contenir aux côtés d’Hermione, alors qu’il rêvait de l’embrasser passionnément, de lui montrer tout l’affection qu’il avait pour elle. Cela allait bien au-delà de leurs escapades érotiques.

           

Il l’avait vue pour la première fois atterrir en grand fracas dans la Grande Salle, pendant le banquet de début d’année, et avait comme tout le monde été intrigué par cette jeune femme mystérieuse. Puis, en apprenant à la connaître, il avait découvert une personne passionnée, intelligente, brillante même, pleine de force et bien sûr extrêmement belle et envoûtante. Il avait alors révélé, en grattant la surface, une femme pleine de mystères, arborant une cicatrice au bras, seul témoin de son passé. Elle avait découvert le secret de Remus, et pas un instant ne l’avait laissé tomber, lui apportant même son aide et améliorant nettement ses nuits. Et puis elle les avait entraînés, tous, dans ce combat contre le mage noir le plus craint depuis Grindelwald, se donnant corps et âme à ce qu’elle croyait juste, combattant dans l’ombre pour sauver des milliers de personnes. Comment pouvait-il lui résister ? Pour la première fois, il se retrouvait terriblement intimidé par une personne du beau sexe, se trouvant minime en comparaison. Il se sentait démuni de moyens, ne pouvant qu’espérer être un jour digne de son attention.

           

Revenant à la réalité, il reprit conscience des mains de la jeune femme autour de sa nuque. Et alors qu’il se tenait là, Hermione dans ses bras, son doux parfum charmant ses sens, il prit sa décision. Il allait lui dire. Il allait lui avouer ses sentiments et la convaincre de lui accorder une chance.

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