Aut vincere, aut mori

Chapitre 26 : Espoirs

4544 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/12/2020 16:55

Le lundi soir, Hermione s’était rendue comme à son habitude en cours avec Heka. Son professeur l’avait plus que bien entraînée lors de ces séances particulières, si bien qu’elle avait pu utiliser son bâ plusieurs fois pour ses propres bénéfices, notamment lors de l’attaque à Pré-au-Lard. Et lors de son errance dans la salle sur demande, son bâ avait revêtu une apparence presque animale ; elle découvrirait sans aucun doute sa forme aujourd’hui.

           

Comme à leur habitude, les deux sorcières commencèrent par entrer en un état de méditation afin de laisser échapper leur énergie, puis passèrent à un entraînement offensif. Hermione avait appris à préciser ses attaques, plutôt qu’à libérer en vagues son énergie, chose qui était advenue dans la caverne. Elle avait ainsi pu aveugler momentanément son dernier adversaire en invoquant une brume dorée devant ses yeux. Ce soir-là, Heka avait prévu pour leur dernière séance de l’année une simulation de combat, où la jeune femme affrontait des adversaires successifs. Elle s’en sortit plus qu’honorablement, ne s’étant reçu que deux sortilèges, mineurs qui plus est. L’égyptienne décida donc de passer à l’objectif de la séance : faire en sorte que Hermione parvienne à matérialiser son animal guide. Heka intima à son élève de s’asseoir en tailleur sur le sol, matérialisant un coussin rouge au passage. Hermione reprit sa position de méditation, suivant les instructions.

           

- Vous allez ouvrir votre esprit, comme vous le faites d’habitude, Hermione. Libérez-vous de votre environnement, ne vous focalisez que sur le calme qui vous habite.

           

Elle attendit quelques instants, afin que son élève se détente complètement. En voyant ses épaules se relâcher et ses traits se relaxer, elle poursuivit.

           

- Vous allez à présent libérer votre bâ, en veillant à le canaliser en une boule d’énergie devant vous. Il faut que vous sentiez chaque parcelle de sa puissance, chaque mouvement qu’elle entreprend. Maintenant, l’étape la plus difficile : il faut que vous parveniez à identifier votre animal guide. Cherchez à entrer mentalement dans cette boule, à l’explorer dans ses moindres recoins. Si votre volonté est assez forte, une forme s’imposa à votre esprit, et vous aurez trouvé l’animal vous correspondant.

           

Hermione peinait d’ores et déjà à rester alerte aux paroles d’Heka, alors qu’elle se sentait complètement entraînée dans cette boule dorée. Elle avait l’impression d’être libérée de son enveloppe charnelle, comme flottant dans ce monde étrange. Il ne lui paraissait pas reconnaître l’endroit, mais il s’en dégageait un sentiment de sécurité, de confort, de chaleur. Elle était parfaitement en paix dans cette rêverie, complètement extraite de la réalité. Elle ne sut combien de temps elle errait mais ne s’en soucia point. Avançant à travers les volutes de brume dorée, elle commença à chercher son animal guide. Bien qu’elle ne sache pas vers où se diriger, elle était inexorablement attirée par un point au loin, qui lui semblait pouvoir lui apporter une force incommensurable. Ce fut après un temps qu’elle se rapprocha finalement de ce point, distinguant une forme ambrée. Suivant son instinct, elle s’assit afin de ne pas effrayer son guide, et patienta, la main droite ouverte dans sa direction. Au bout de plusieurs minutes, l’animal se rapprocha doucement, avant de venir s’asseoir à un mètre de la jeune femme, la contemplant avec curiosité. En réponse, elle leva son bras, paume ouverte, dans l’expectative. L’animal se redressa, plaça une patte devant l’autre et finit par poser sa tête contre la paume accueillante. Une fois ce contact établi, il se déplaça autour d’elle, la reniflant pour l’apprivoiser et l’effleurant de sa queue au passage. Il vint finalement poser sa tête sur les genoux d’Hermione, lui transmettant une vague de sérénité. Ils restèrent ainsi un certain temps, s’accommodant de la présence de l’autre.

           

Hermione réémergea de sa méditation dans une bulle de bien-être. Heka avait deviné qu’elle avait réussi à trouver son animal guide, au vu du sourire approbateur qu’elle affichait. Cependant, en regardant par la fenêtre, elle vit que la nuit était déjà tombée ; son professeur répondit à son air incrédule en lui affirmant qu’elle devrait se dépêcher si elle souhaitait pouvoir encore dîner.

           

- Je vous félicite, Hermione. Vous avez fait un excellent travail et je suis plus que fière que vous ayez trouvé votre animal au bout de quelques mois. Cela révèle une très grand puissance magique de votre part, ainsi qu’une grand intelligence. Vous ne m’avez pas déçue. Je ne peux que vous conseiller de replonger de temps en temps dans votre subconscient, vous retrouverez votre animal bien plus aisément la prochaine fois. Voyez-le comme un animal de compagnie évolué : vous devrez l’apprivoiser et le dresser, mais vous aurez une connexion bien plus forte, plus fusionnelle.

           

- Il gardera tout de même une certaine indépendance, n’est-ce pas ?

           

- Bien sûr. Je ne peux compter le nombre de fois où Ouadjet a pris des initiatives inattendues, mais de manière générale bienvenues. Mon serpent reste indomptable, malgré notre connexion de longue date. Vous allez apprendre à vous connecter avec votre animal avec le temps. Quel est-il, d’ailleurs ?

           

- Une panthère.

           

- Je n’en doutais pas un instant, Hermione. Votre patronus est puissant et révélateur de votre caractère, et il ne pouvait être que votre animal guide. Les deux sont rarement différents, mais je ne voulais point vous pousser à chercher cet animal s’il avait été erroné. Mon patronus est également un serpent, comme Ouadjet, mais mon mentor avait un patronus d’aigle, et un guide lion. Il arrive souvent que notre pays d’origine définisse notre type d’animal pour le sortilège du patronus, mais la magie du bâ étant d’origine égyptienne, les choix d’animaux se portent plutôt sur des espèces sahariennes. La panthère vous sied bien.

           

- Merci, Heka.

Hermione s’apprêtait à partir, mais se retourna vers son professeur.


- J’aurais une question, si vous me permettez d’aborder des sujets plus… triviaux.


- Je vous en prie, Hermione.


La jeune femme chercha ses mots un instant, hésitant sur la formulation. Mais elle commençait à connaître la femme aux cheveux ébène et lui faisait réellement confiance.


 - Nous avons été pris ce samedi, comme vous le savez, dans une attaque à Pré-au-Lard. J’ai décidé de me battre avec plusieurs de mes amis, mais un sort que j’ai lancé leur fait… douter de moi.


- Il s’agissait d’un doloris, n’est-ce pas ?


- Oui.


Heka se releva du bureau sur lequel elle s’était adossée, avant de venir se placer devant Hermione, la regardant dans les yeux.


- Avez-vous riposté ou attaqué sans justification aucune ?


- J’ai riposté.


- Était-ce un entraînement entre amis, ou un combat contre des dénommés Mangemorts, attaquant un village animé de commerçants et d’élèves ?


- C’était un combat.


- Craigniez-vous pour votre vie ?


- Non. Plus à ce moment.


La femme la regarda, cherchant à sonder son âme alors qu’Hermione était crispée, anxieuse dans l’attente de sa réaction.


- Hermione, aviez-vous une raison… personnelle d’agir ainsi ?


La jeune femme en resta bouche-bée. Aurait-elle perçu certaines choses ?


- Lancer ce sortilège demande une véritable haine de l’autre, Hermione. Il est évident que c’est bien plus qu’une bataille dans un village qui a provoqué cela. Mais je ne vous demanderai rien, vous aviez vos raisons et je ne veux point m’imposer.


Elle pausa une fois de plus, son regard inspectant toujours son élève.


- Vous avez réagi en conséquence, Hermione. Vous combattiez des Mangemorts aguerris, de plus de votre plein gré, dans le but de protéger un village d’innocents. Qu’il s’agisse de magie noire n’a aucune importance, ce qui importe est de savoir que vous utilisez les sortilèges de manière adéquate. Oui, vous avez lancé un sortilège de torture, un Impardonnable sanctionné par le Ministère. Mais vous avez riposté, lasse de devoir subir. Jamais je ne pourrais vous blâmer pour cela.


- Je ne redoutais pas tant votre jugement…


- … mais celui de vos amis. Depuis le début de l’année, je vois à chacun de mes cours plusieurs élèves froncer les sourcils à la simple évocation de la magie noire. Mais cette même magie vous a aidée, et vous secourra encore dans le futur, c’est certain. Nous ne pourrons pas changer les mentalités de chacun du jour au lendemain. Mais nous pouvons espérer que vos amis sauront voir la bonne personne que vous êtes, et accepterons le fait que vous vous battiez avec toutes les armes à votre disposition. S’ils tiennent réellement à vous, ils reviendront et passeront au-dessus de ce conflit.


- Merci, Heka.


- Je ne m’inquièterais pas, si j’étais vous, sourit-elle. Je démentirai si l’on vient me reprocher de divulguer des observations professorales aux étudiants, mais le fils Black semble très proche de vous, peut-être plus que vous ne le croyez. Je l’ai bien vu en cours.


La jeune femme sentit le rouge lui monter au joues, sans qu’elle ne puisse le réprimer, au plus grand amusement d’Heka.


- Filez maintenant, ou le directeur de cette école va m’accuser de surmener mes étudiants.


Hermione sourit une dernière fois avant de s’échapper de la salle de classe. Cette séance avait été plus impactante que d’habitude. Alors qu’elle tournait dans un couloir, elle tomba sur Sirius, Carte du Maraudeur en main, qui se hâta de replier le parchemin dans sa poche en marmonnant la formule appropriée. Un silence gênant s’installa, alors qu’ils se dévisageaient, sans trop savoir quoi se dire. Les Gryffondor ne lui avaient pas adressé la parole de la journée, l’évitant le plus possible. Au bout d’une minute d’ambiance pesante, Hermione fit mine de continuer son chemin mais elle fut stoppée par la voix inhabituellement hésitante de Sirius.


- Hermione… peut-on parler ?


- Si tu veux, mais j’ai faim. Je ne compte pas rester debout dans ce couloir.


- Allons dans les cuisines.


Ils se dirigèrent vers les cachots, sans pour autant s’adresser une seule autre parole sur le chemin. Après avoir chatouillé la poire du tableau, ils furent assaillis par les elfes de maison qui les installèrent dans un coin, recouvrant la table de mets défiant la raison. Les deux première minutes continuèrent en silence, Sirius regardant Hermione s’attaquer à une tourte à la viande.


- Pourquoi ?


Elle manqua de sursauter à son ton brusque mais avala une autre bouchée, encore irrassasiée. Il n’ajouta pas un autre mot, la regardant avec insistance. Lassée de son inquisition, elle consentit à répondre.


- Pourquoi quoi ?


- Pourquoi avoir lancé ce sortilège ?


- Pour me défendre.


Il secoua la tête, passablement énervé, alors qu’elle continuait à manger.


- Ce n’était pas pour te défendre. Elle était acculée, et tu l’as torturée. Tu aurais simplement pu la livrer aux Aurors.


- Elle le méritait.


- Ce n’est pas une raison valable.


- Je crois que si.


Cette fois, elle déposa sa fourchette pour le fixer durement.


- Qui crois-tu gagnera la guerre ?


- Nous, évidemment ! s’exclama Sirius, outré.


- Vraiment ? Parce que c’est en laissant des Mangemorts s’échapper, bataille après bataille, parce que le camp du bien n’ose pas aller trop loin et toucher à des choses, oh attention ! interdites par un ministère pathétique, que l’on va finir par perdre ! Et il n’y aura pas de deuxième chance. Si on les laisse s’enfuir et renforcer leur camp, nous allons tous être forcés de courber l’échine. Enfin, je n’aurai pas cette chance, du fait de mon statut de sang. Je ne suis rien pour eux, Sirius. Mais je peux me battre avec tout ce que j’ai, absolument tout, et espérer que cela sera suffisant.


Il semblait ébranlé par son discours, ne sachant plus quel argument avancer.


- Magie noire ou magie blanche, nous nous battons. Le but est de détruire les Mangemorts et Voldemort. Un sortilège désapprouvé par l’opinion publique n’est certainement pas ce qui va m’arrêter.


Sirius ne répliqua pas tout de suite, la contemplant intensément. Finalement, il prit sa décision.


- Très bien. J’arrête de discuter ce point. Tu veux te battre à armes égales, et je ne m’y opposerai plus. Mais je veux savoir quelque chose, Hermione.


Elle haussa un sourcil, assez étonnée d’avoir réussi à stopper au moins ses accusations. Son point de vue sur la magie noire mettrait plus de temps à évoluer, mais c’était déjà un premier pas. Elle hocha brièvement la tête, l’incitant à continuer.


- J’ai bien remarqué que tu connaissais Bellatrix et que tu avais une vraie haine envers ma cousine. Et ce n’est pas simplement ce combat qui a provoqué cette fureur en toi, c’est plus ancien, plus profond.


Hermione hésita un instant, mais se résolut à lui dire la vérité. Il avait mis de côté ses a priori, elle pouvait bien abaisser son bouclier un instant.


- Bellatrix est celle qui m’a gravé les lettres sur mon avant-bras.


- Gravé ? Je… Je pensais que c’était un sortilège…


- Elle a utilisé son poignard préféré pour ce faire, et a mis beaucoup de cœur à l’ouvrage. Ce que j’ai fait samedi n’est qu’un juste retour des choses, qui n’égale même pas ce qu’elle m’a fait subir.


- Hermione, je suis désolé.


- Son souvenir provoque la majorité de mes insomnies dans la salle commune. J’ose espérer que je dormirai mieux maintenant.


Dans une vaine tentative de cacher ses yeux brillants, la jeune femme se leva et se dirigea vers un elfe de maison pour lui demander une quantité astronomique de profiteroles et de crème glacée à la vanille. Elle tarda un peu pour reprendre totalement contenance, avant de revenir vers la table, apaisée. Le souvenir de samedi avait fait ressurgir un flot de sentiments éprouvants, mais elle était à présent soulagée. L’un de ses pires cauchemars était en route pour Azkaban, et son âme semblait peu à peu s’en libérer.


- Je parlerai aux autres, promit Sirius alors qu’elle se rasseyait en face de lui. De toute façon, le bal de Noël arrive vendredi, et je ne me voyais pas arriver avec une Gryffondor honnie au bras.


- Je ne crois pas avoir accepté une quelconque invitation.


- Je voulais le faire samedi, mais avec l’enchaînement des évènements…


- Sirius… soupire-t-elle. Je ne sais pas si je peux…


- Qu’est-ce qui t’en empêche ?


- Je n’ai aucune envie de m’engager et t’amener à regretter tes choix.


- Regretter ? s’exclama-t-il. Mais enfin…


- Sirius. Je ne me vois pas sortir vivante de cette guerre.


Le silence se fit, alors que le brun devenait subitement très pâle.


- Hermione…


- Je n’ai qu’une mission : détruire Voldemort. A n’importe quel prix. Et aucun scénario pour le moment ne propose de fin heureuse pour moi. Je ne veux pas commencer une quelconque relation avec quelqu’un alors qu’il pourrait me voir disparaître dans quelques mois. Notre arrangement me convient parfaitement, et je ne veux pas qu’il change. Tu me donnes des moments absolument satisfaisants, et j’en profite vraiment, tout autant que toi, je l’espère. Mais il serait égoïste de ma part de te faire miroiter quelque chose qui n’arrivera jamais.


- Mais…


- Sirius, s’il-te-plaît, murmura-t-elle.


Le brun baissa la tête, mais ne lâcha pas l’affaire pour autant.


- Viens avec moi au bal.


- Sirius, je viens de te dire…


- En tant qu’amis, précisa-t-il en relevant son regard vers elle. Je n’ai pas de cavalière, toi non plus à ce que je sache, et je n’ai aucune envie d’y aller seul alors que l’ensemble des Maraudeurs s’est trouvé quelqu’un. Lily a fini par accepter à la centième demande de James et même Peter a trouvé une Pouffsouffle pour l’accompagner. Allons-y en tant qu’amis. Je te promets de bien me tenir.


- D’accord.


L’animagus ne put empêcher un large sourire d’envahir son visage, et il retint difficilement un cri de satisfaction, émettant un son étranglé qui fit faire les gros yeux à Hermione.


Ils restèrent encore un peu dans les cuisines, abordant des sujets plus triviaux que les précédents, et une fois le dessert d’Hermione englouti ils remontèrent au dortoir ensemble. Leur arrivée commune provoqua des regards noirs de la part des personnes présentes, autant de la part des Maraudeurs que des filles, et il se séparèrent bien vite d’un commun accord. Hermione remonta dans son dortoir, alors que Sirius convoquait une réunion des Maraudeurs dans le sien. Un fois la porte fermée et un Muffliato lancé, James laissa enfin entendre ses récriminations.


- Tu nous expliques, Patmol ? Je te rappelle qu’elle a torturé ta cousine il n’y a pas deux jours !


- Merci de me rappeler ce merveilleux lien familial, James. J’ai parlé avec elle. Longuement. Et je la comprends. Elle a raison, on doit se battre à armes égales, ou cette guerre est perdue d’avance.


- On ne vaudra pas mieux qu’eux, alors.


- Etonnamment, je n’en ai plus rien à faire, Remus. Tout ce qui m’importe, c’est que ces suprématistes arriérés ne gouvernent jamais le monde sorcier.


- Je suis assez d’accord.


Trois regards se tournèrent d’un coup vers Peter, qui restait habituellement hors de ce type de discussions.


- Ne me regardez pas comme ça, surtout toi, Sirius. Je soutiens ton point de vue. Comment peut-on se limiter à des sortilèges que l’on apprend en cours face à des Mangemorts ? Vous avez vu les dégâts de samedi. Les deux personnes décédées sont déjà de trop.


- Merci, Peter.


Sirius tourna la tête vers les deux Maraudeurs restant à convaincre. Au bout d’un duel de regards tendu, ils finirent par acquiescer à leur tour.


- Je veux bien accepter qu’elle utilise ce genre de sorts en cas d’extrême urgence, mais tu ne me verras pas en jeter pour autant, Pads.


- Je sais, James. Merci.


Remus se contenta d’un hochement de tête, largement satisfaisant pour le brun.


Une fois la tension redescendue, Sirius s’avachit sur son lit, jetant négligemment ses bottes au sol. Il fixa quelques secondes le baldaquin, avant de reprendre la parole.


- …


- Parle plus fort, Siri.


- J’ai un problème.


Trois visages se mirent à le dévisager, inquiétés par son ton sérieux.


- Tu n’as plus d’inspiration pour la maraude du bal de Noël ? Tu retournes chez tes parents ? McGonagall a enfin retrouvé ses chaussons ? tenta James.


- J’aurais bien aimé.


- Wow, c’est du sérieux.


Sirius laissa s’échapper un soupir las.


- Si je peux me permettre, James, je pense que ça a plutôt un rapport avec la belle brune qui est arrivée en sa compagnie dans la salle commune.


- Oh, fit Peter.


- Bien vu, Rem.


Sirius plongea la main dans sa poche avant d’en ressortir un paquet de cigarettes, dans lequel il piocha avant de porter à ses lèvres l’objet moldu et de l’allumer négligemment de sa baguette. Il tira la première bouffée avant de répondre à ses amis.


- Moony a raison, et je cours à ma perte.


- Tu deviens dramatique, mon cher frère. Tu vas nous dire ce qu’il se passe ?


- J’ai invité Hermione au bal de Noël.


- Super !


- En tant qu’amis.


- Oups.


Il se redressa, visiblement énervé, tirant sur sa cigarette.


- Elle ne veut pas débuter une quelconque relation avec qui que ce soit, et moi je suis l’imbécile qui s’attache à elle.


- De mon point de vue, Patmol, tu fais plus que simplement l’apprécier.


- Remus, je t’en prie, ne me sors pas tes théories lunardesques.


- Tu es amoureux, affirma son ami.


Ses propos furent vivement validés par James et Peter.


- Siri, tu m’as dit toi-même il y a quelque temps que tu étais plus que sensible à sa personne.


- Mais je ne suis pas amoureux !


James sortit un carnet de sa table de chevet, commençant à le lire.


- J’ai noté absolument tous tes propos concernant Hermione ces dernières semaines ; je savais pertinemment que tu refuserais de reconnaître la réalité alors j’ai été prévoyant. Il y a trois semaines, après avoir inondé les cachots, tu as déclaré : « Quand même, tu ne trouves pas que ses yeux sont magnifiques ? Ils brillent à chaque fois qu’elle parle de livres ». Il y a deux semaines : « Tu penses qu’Hermione accepterait de venir à Pré-au-Lard avec moi ? Non tu as raison, je ne veux pas lui mettre la pression, on ira en groupe. Mais je vais lui demander pour le bal de Noël ». Il y a cinq jours : « Moony, tu n’aurais pas vu ma veste en cuir ? J’aimerais la récupérer pour la sortie de samedi ». Innocent en apparence, mais tu as rajouté juste après en espérant que personne ne t’entende « J’espère qu’elle mettre sa robe bleue… » Et pour finir, pas plus tard qu’hier : « Je l’aime ».


- J’avais descendu deux verres de whisky pur feu !


- Ce n’est pas pour autant que c’est faux. Au contraire, c’était spontané.


Sirius s’écroula au pied de son lit, alors qu’il s’était levé durant le discours de James pour protester inutilement. Remus, en face de lui, était mi-exaspéré mi-amusé de l’entreprise de James. Peter avait tout bonnement abandonné toute tentative de raisonner le brun sur ses amours.


- Je suis fichu, hein ?


- Mon cher Patmol, tu es mordu…


Ledit Patmol commença à prendre un ton larmoyant, se lamentant sur sa pauvre destinée digne de Timéo et Marlette. Corrigé par Remus sur les véritables prénoms des héros tragiques de l’œuvre de Shakespeare, il consentit après des soupirs exaspérés de ses amis à calmer sa verve dramatique.


- Siri, tu es mon frère, et je souhaite te voir heureux. Mais si tu continues à te lamenter, je vais mobiliser Moony et Queudver pour t’enfermer dans la salle de bain avec un sort de silence, menaça James. Nous sommes les Maraudeurs, bon sang ! Ce n’est pas demain la veille que l’un de nous laissera tomber les autres. Nous allons tous nous activer pour que ta dulcinée ne rêve que de toi après le bal, tant tu l’auras charmée.


- Charme qui ne sera effectif que si tu cesses de geindre, précisa Remus sous l’approbation de Peter. Pourquoi ne voudrait-elle pas sortir avec toi, par ailleurs ?


- Elle ne veut pas s’impliquer émotionnellement, elle a peur de tout perdre avec ce qui se passe dans le monde sorcier.


Sirius resta volontairement vague, afin de respecter le souhait d’Hermione de laisser Peter à l’écart. Il ne comprenait pas ses réticences, mais ne pouvait pas trahir son serment.


- Je lui ai avoué que j’aimerais vraiment tenter quelque chose, mais elle n’a fait que me dire que je le regretterais dans le futur.


- Tu ne comptes pas laisser tomber, hein ?


L’animagus nia fortement, une lueur de défi dans le regard. Il venait d’avoir une idée pour la conquérir et l’amener à lui laisser une chance.


- Sirius, ton regard me fait peur. Je te rappelle que vous passez la prochaine quinzaine chez James, alors essaie de ne pas tout faire foirer ? Pour Noël, supplia Remus.


- Ne t’inquiète pas, Moony, je te promets d’être sage. Je vais simplement user du charme Black pour la faire tomber amoureuse. Sur ce, j’ai tout un plan à mettre en marche. Je vous demanderai certainement de me trouver deux ou trois potions d’ici vendredi. Bon, je vais aux serres, on se voit plus tard !


Sirius sortit en trombe de la chambre, non sans avoir récupéré sa veste en cuir. Il laissa derrière lui deux Maraudeurs dubitatifs et un Remus inquiet.


- Pourquoi ai-je l’impression qu’il va falloir protéger Hermione le soir du bal ?


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