Aut vincere, aut mori

Chapitre 34 : Vermeil

4309 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/02/2021 23:01

Deux jours étaient passés depuis la révélation d’Hermione et James s’était muré dans le silence. Voir le capitaine d’ordinaire si enjoué se laisser dépérir inquiétait tout le monde. Il acceptait la seule présence des Maraudeurs mais ne répondait à aucune de leurs tentatives de conversation ; seule Lily parvenait à le faire réagir par moments. La rousse s’était rapprochée de lui depuis Noël et ils parvenaient à avoir des moments de tendresse.

             

James avait reçu une lettre de sa mère jeudi matin, qu’il avait lue sans émotion dans la grande salle avant de se lever, suivi par Sirius. Ce dernier était tiraillé entre son envie de réconforter James et sa propre tristesse, et Hermione ne pouvait qu’admirer le dévouement dont il faisait preuve pour soutenir son frère. S’il avait craqué à l’annonce du coma de Fleamont Potter, sa première pensée avait été pour James et il n’avait cessé de le soutenir depuis, s’assurant qu’il mange à peu près correctement, et grimpant dans son lit le soir pour lui tenir compagnie. Les autres Maraudeurs s’assuraient de prendre les cours et de faire en sorte que personne ne vienne l’importuner. Peter avait même fini par hausser le ton lorsque des quatrièmes années admiratives du capitaine de Quidditch avaient insisté pour lui apporter du réconfort.

Hermione se tenait à distance, se considérant coupable des événements et sentant que James ne souhaitait pas vraiment la confronter. Elle lui avait brièvement narré la bataille lorsque Sirius lui avait annoncé le mauvaise nouvelle et sa propre culpabilisation avait nourri le ressentiment du préfet-en-chef des rouges et or. Les deux s’évitaient donc soigneusement depuis. La jeune femme s’exilait des heures durant dans la Salle sur Demande dès qu’elle sortait de cours, pour n’en ressortir que le soir, peu avant le couvre-feu. Elle évitait par ailleurs aussi Sirius, ne pouvant se décider à croiser son regard.

Une ambiance pesante régnait ainsi chez les griffons, accompagnée d’un silence inhabituel. L’ensemble de la maison avait semblé prendre conscience de la douleur de James Potter. McGonagall avait même relâché ses exigences sur l’attention demandée en cours, au courant de la situation. Elle avait adressé au concerné un faible sourire encourageant à la fin de son cours, mais il s’était rapidement enfui.

Hermione se retrouvait ainsi isolée, culpabilisant à ce propos, et sans plan pour le prochain horcruxe. Severus ne l’avait pas recontactée depuis leur conversation et elle ne voulait pas risquer de le braquer. Mais le temps pressait. Si dans quinze jours elle n’avait pas de retour, il lui faudrait trouver un autre plan pour approcher Regulus.

Le dernier cours de la journée était DCFM et Heka les préparait au duel depuis le retour des vacances à raison de deux heures par semaine. Les élèves avaient pris un certain rythme dans cet entraînement hebdomadaire et commençaient à combattre de manière efficace, malgré leur manque d’habitude. Heka avait mis en place des bulles encadrant les différents affrontements pour éviter les sortilèges perdus. Toutefois, les paires changeaient, obligeant les griffons à affronter les serpents régulièrement. Mais si les sorts fusaient avec plus de violence, aucun écart de conduite n’avait été à déplorer jusque-là, d’un côté comme de l’autre.

             

Après avoir affronté Marlène et Remus, Hermione se retrouva en face de Avery. Son sourire vicieux l’alerta et elle brandit immédiatement son bouclier. Un sort rouge s’écrasa et elle se félicita de son réflexe : il n’avait pas attendu le début du combat pour l’attaquer. Elle riposta immédiatement avec une série de trois informulés, mais ils s’écrasèrent sur le bouclier du Serpentard. Ce dernier riposta et renvoya un sort d’entrave mais elle le dévia aisément. La violence du combat augmenta d’un cran et la jeune femme remarqua vite que les autres élèves regardaient leur combat avec anxiété. Elle avait de plus en plus de mal à repousser les sorts de son adversaire et reculait pas à pas. Elle était si concentrée qu’elle ne remarque pas qu’Heka annulait la bulle de protection.

             

- Stoppez ce combat immédiatement, vous allez bien trop loin, tous deux !

             

La lionne sursauta et ne put éviter un rayon violet de l’atteindre à l’épaule droite. Elle s’écroula au sol sous les cris des élèves, serrant les dents pour réprimer la douleur. Elle vit des lacérations rouges apparaître sur son pull et identifia immédiatement un sectumsempra, bien que la douleur soit bien plus intense que ce qu’elle aurait pu imaginer. Non seulement sa peau déchirée était en feu, mais son esprit était paralysé, son corps entier brûlait. Elle entendit vaguement Heka tenter de lui parler, mais essaya de se concentrer au mieux pour lui communiquer la formule de guérison.

             

- …nera …entu…

- Hermione, un effort je vous en prie, vous connaissez le contre-sort ? Essayez d’influer votre bâ vers la zone touchée pour atténuer le sortilège…

             

- Vul…nera Sane… Vulnera Sanentur…

             

Son esprit lâcha enfin, soulagé d’avoir pu nommer la formule, et Hermione sentit les ténèbres l’emporter.

             

La jeune femme refit surface au milieu de la nuit, papillonnant des yeux. Elle reconnut sans hésitation aucune les rideaux blancs de l’infirmerie. Son corps entier la lançait, mais elle distingua sans peine deux zones particulièrement douloureuses : son torse et sa cicatrice. La formule avait apparemment marché puisqu’elle ne semblait plus se vider de son sang, mais la douleur de la déchirure était encore bien présente. Se redressant, elle fit se déplacer un léger poids sur son bras droit. La main de Sirius retomba sur le lit de l’infirmerie et elle l’entendit grogner.

             

- Pas… meil… Mione ?

             

Le brun se redressa en sursaut, la marque du fauteuil sur lequel il s’était assoupi sur la joue. Elle lui sourit faiblement, encore dans les vapes.

             

- Depuis quand es-tu réveillée ? Je suis désolé, je voulais rester et j’ai dû supplier Pomfresh mais elle m’a fait asseoir et j’avais sommeil, avec James ces derniers jours on n’a pas vraiment dormi, et…

- Sirius.

             

Il arrêta sa tirade d’un coup, suspendu à ses lèvres.

             

- Tout va bien. En fait, non, rien ne va. Mais je suis en vie, donc c’est plutôt pas mal, non ?

- Mione, je suis désolé… James avait besoin de moi ces derniers jours avec ce qui se passait, je ne pouvais pas le laisser seul…

- Je sais. C’est ton meilleur ami, ton frère même. Et c’est entièrement ma faute, je comprends sa réaction. Je ne peux pas me regarder dans la glace depuis le Ministère.

- Attends, Mione, mais enfin… De quoi parles-tu ? Ce n’est absolument pas de ta faute !

- Je vous ai tout raconté, Sirius, n’essaie pas de minimiser ce qu’il s’est passé. Une fois de plus, je suis restée incapable alors qu’on comptait sur moi.

- Hermione.

Cette fois, le ton de Sirius était dur. Son regard s’était froncé et il la contemplait, cherchant ses prochaines paroles alors qu’elle baissait le regard, honteuse.

- Tu es une jeune femme intelligente. Brillante, même. Pourrais-tu donc m’expliquer en quoi le coma de mon père d’adoption est ta faute ?

- Sirius…

- De ce que j’en ai sorti, si tu ne lui avais pas porté secours, James et moi serions allé à son enterrement hier. Hermione, tu n’es en rien coupable de ce qui est arrivé ! Je m’excusais de ne pas avoir été là pour toi ces derniers jours, mais je ne t’ai en rien évitée pour une raison pareille ! Je devais être là pour mon frère et tu en as subi les conséquences, et j’en suis navré. Vraiment. Comment peux-tu imaginer que je t’en voudrais pour cela ?

- Je…

- D’ordinaire, tu es celle qui nous apprend tout. Que ce soit en cours ou concernant notre combat. Alors pour une fois, laisse-moi t’apprendre une chose. Le seul coupable, c’est Voldemort. Lui et ses partisans. Qui détruisent chaque jour des vies pour une saleté de suprématie du sang. Pas toi. Toi qui te bats chaque jour avec toute son âme pour nous débarrasser de cette enflure. Qui encaisse chaque coup sans broncher, en attendant le suivant. Qui te mets en danger mortel pour l’espoir d’un monde meilleur.

Elle resta sans mots après ce discours. Elle fouilla dans ses pupilles grises pour une quelconque trace de déraison, mais ne trouva que deux orbes déterminés et brillants. Il approcha sa main de sa joue et elle frissonna sous son contact, son pouce effleurant sa lèvre inférieure.

- Pardon. Pardon Hermione de t’avoir abandonnée alors que toi aussi tu avais besoin de moi. Et j’avais aussi besoin de te parler. De t’entendre me rassurer. Tu sais combien je tends à m’isoler lorsqu’un problème surgit, mais pour une fois, je voulais le partager avec toi. J’ai juste refoulé ce sentiment pour mon frère. Tu sais comment je suis avec James. J’ai beau afficher mon air insolent et dégager une confiance certaine, sans lui je ne suis rien.

- Les deux faces d’une même pièce.

- Remus m’a poussé à venir ce soir, tu sais. J’avais peur que tu ne veuilles pas me pardonner tout de suite, mais il m’a convaincu que je devais te soutenir envers et contre tout. Comment va cette blessure, alors ?

- Horriblement. Je connais ce que cet enfoiré m’a lancé et c’est pour cela que j’ai pu donner le contre-sort à Heka.

Sirius émit un son étranglé qui fit hausser un sourcil à Hermione.

- Désolé, c’est juste que… tu ne jures jamais.

Un sourire apparut au coin des lèvres de Sirius alors qu’elle levait les yeux au ciel, faussement exaspérée.

- Idiot.

- Merci, très chère. Pomfresh a quand même dû te faire avaler une potion de régénération sanguine et tu es bonne pour deux-trois jours à l’infirmerie. Mais ne t’inquiète pas, je serai à tes côtés jour et nuit. Tant pis pour la sortie à Pré-au-Lard, on fêtera la Saint-Valentin autrement.

- La Saint-Valentin ?

Cette fois, Hermione laissa échapper un rire incrédule. La dernière chose à laquelle elle aurait pensé en ce moment aurait été de se balader niaisement avant d’aller boire un thé rose chez Mme Piedodu.

- Sirius, je peux t’assurer que j’étais de toute façon très loin d’imaginer une journée romantique.

- Sous-estimerais-tu mes capacités de charmeur invétéré ?

- Je n’oserais pas… soupira-t-elle.

- Mais on s’éloigne du sujet. Comment te sens-tu ?

- Se recevoir un tel sort n’est jamais agréable. Mais j’ai l’impression qu’il y a autre chose… Ma cicatrice me fait mal.

Immédiatement, le visage de l’animagus s’assombrit et il prit le bras qu’elle lui tendait, faisant courir ses doigts sur la marque.

- Je n’ai pas eu le temps de te le dire mais j’ai été blessée l’autre jour, au Ministère. Un sort non identifié. La personne qui s’est chargée de moi m’a juste conseillé d’y aller doucement, mais j’ai l’impression qu’il va y avoir des conséquences inattendues. Inutile de se leurrer : on touche très certainement à de la magie noire, et de la mauvaise magie dans ce cas. C’est pour cela que la douleur de ma cicatrice a dû se réveiller. Et je peux imaginer que le sectumsempra mettra du temps à guérir.

- Avery, mais quel…

- Que s’est-il passé après qu’il m’ait touchée avec le sortilège ?

- Je n’avais jamais vu la prof se mettre en colère comme cela. Elle t’a accompagnée à l’infirmerie et s’est assurée que tu sois stabilisée avant de repartir. Elle avait ordonné à Avery de rester dans la salle, et pour ce que j’en sais il a été envoyé chez Dumbledore. Au fait, je suis allé chercher ça tout à l’heure.

Une pomme verte apparut devant ses yeux.

- Ce n’est pas parce que tu es à l’infirmerie que nous allons arrêter de te faire reprendre du poids, sourit-il largement. Allez, mange au moins ça, et demain je t’apporterai le meilleur petit-déjeuner du monde…

- Sirius…

- … moi. Et quelques gaufres si tu veux.

Elle le remercia et croqua dans la pomme, rapidement satisfaite par le goût acidulé qui envahit sa bouche.

- Une fois que tu auras fini, je te laisse te rendormir. Le dragon de l’infirmerie va certainement nous réveiller tous deux demain et on aura ton diagnostic. En attendant, repose-toi, je ne bouge pas.

- Merci, Siri.

La jeune femme replongea rapidement dans un profond sommeil, bercée par les caresses de son amant. Ce fut la lumière du jour qui la réveilla, lorsque les rideaux furent écartés par une infirmière énergique.

- Bonjour, Miss Granger. Vous devez prendre une potion de régénération sanguine et une autre revigorante, et appliquer ce baume cicatrisant. Vous serez sur pieds d’ici deux jours, ne vous inquiétez pas. J’ai dû congédier ce pauvre Sirius Black pour qu’il aille se changer, il est resté toute la nuit à vos côtés.

Elle sentit une chaleur réconfortante l’envahir à cette annonce et sourit discrètement.

- Vous avez reçu un sortilège récemment, bien que je n’en connaisse pas l’origine. Mais vous devez savoir qu’il contraint votre énergie. Plus vous serez exposée à la magie noire, plus votre organisme sera incapable de gérer votre flux magique. Vous avez donc ressenti avec beaucoup plus de puissance que prévu le sortilège de M. Avery et c’est aussi la raison pour laquelle votre… cicatrice s’est réveillée.

Hermione s’en doutait, aussi elle n’eut pas de réaction particulière à cette annonce.

- Je dois vous prévenir que toute exposition à la magie noire pourrait avoir des conséquences dramatiques. Merlin soit loué, nous sommes à Poudlard.

La jeune femme rit amèrement mais l’infirmière ne releva pas, prenant certainement cette réaction pour du soulagement. Elle était à la recherche d’artefacts imprégnés de magie noire et elle devait s’en tenir à distance. Décidément, le sort s’amusait avec elle. Ce fut le moment que choisit Sirius pour revenir à l’infirmerie, lui souriant dès qu’il la vit. Mme Pomfresh leur laissa de l’intimité et il grimpa sur le lit à ses côtés, replaçant la jeune femme sur son torse. Il avait usé de tout son charme pour convaincre le dragon veillant au bien-être de ses patients que vivre une journée normale de Saint-Valentin aiderait la jeune femme à aller mieux. Aucun autre élève n’étant à l’infirmerie actuellement, ils seraient tranquilles jusqu’à ce soir, sauf visite inattendue.

Comme promis, il était descendu aux cuisines pour lui constituer un petit-déjeuner et une assiette bien remplie arriva devant ses yeux alors qu’il l’entourait de son bras.

- Le sort s’active à proximité de la magie noire. Je… Je vais devoir repousser notre chasse, dit-elle amèrement.

- Mais on sera avec toi. James s’en veut, tu sais. Il a réalisé qu’il cherchait juste quelqu’un à blâmer. Il viendra bientôt te rendre visite, je l’ai vu ce matin et il était affligé de t’avoir fait culpabiliser.

- Je ne lui en veut pas. Qu’il le sache.

Sirius hocha la tête et ils parlèrent de choses plus bénignes quelques temps, avant que le brun n’affiche un sourire mutin et sorte de sa sacoche en cuir un sachet de dragées surprises de Bertie Crochue.

- Rien de mieux que de partager de succulentes friandises en couple, n’est-ce pas Mione ?

- Oh, je déteste ces horribles choses. J’ai l’impression que les sorciers n’ont pas conscience qu’il est possible d’avaler des bonbons sans risquer une régurgitation ou de se transformer en canari.

- En canari ! Il faudra qu’on invente ça avec les Maraudeurs, ça ferait fureur…

- Je connaissais deux jumeaux qui avaient inventé une série de confiseries pour sécher les cours : on se faisait envoyer à l’infirmerie avant d’avaler le remède et pouvoir passer la journée comme on le voulait.

- Je croyais que tu avais étudié chez toi…

Elle stoppa net ses souvenirs, se rembrunissant.

- Je ne poserai pas de questions, Mione, je commence à comprendre que certaines choses me dépassent. Je sais que lorsque tu le pourras tu me raconteras tout. J’ai confiance en toi.

- Merci, Siri, murmura-t-elle, soulagée. Bon, je me lance… Eclair au chocolat !

- Et mince, je suis sûr que… Quelle horreur, morve de troll !

- Comment peux-tu reconnaître un goût pareil ?

- Oh, en première année avec James, on avait décidé d’établir le nombre de parfums que pouvaient avoir ces dragées… En tout, une cinquantaine de paquets y sont passés, et nous avons atterri à l’infirmerie pour une crise de foie. Remus et Peter n’ont pas arrêté de nous railler pendant des semaines. Mais on avait notre liste ! Elle a été affichée à l’entrée de notre dortoir avant qu’elle ne disparaisse au début de la troisième année… James dit que ce sont des premières années qui admiraient notre travail, mais je sais bien que Remus en a eu assez de voir ce torchon lorsqu’il rentrait dans le dortoir et qu’il l’a jeté. Mais je connais maintenant chaque goût de ces immondes petites choses.

- Tu arrives encore à m’étonner alors que je pense avoir déjà tout entendu à votre propos…

- Oh, mais c’est tout l’intérêt du couple, Mione, il faut se surprendre, non ?

Ce clin d’œil.

La journée fut apaisante et c’était ce dont Hermione et Sirius avaient besoin après cette semaine agitée. Ils parlèrent, rirent, restèrent en silence dans les bras de l’autre. Finalement, Sirius la quitta peu avant le couvre-feu, déposant un chaste baiser sur ses lèvres et promettant de revenir le lendemain dès l’aube.

James lui rendit visite le jour suivant, penaud. Ils parlèrent peu mais se comprirent et se pardonnèrent tous deux sans trop de difficultés. Le capitaine de Quidditch repartit avec un sourire timide et la lionne poussa un soupir soulagé.

Hermione sortit de l’infirmerie lundi, enjouée à l’idée de reprendre les cours après un week-end reposant. Elle retrouva les Maraudeurs et les filles de Gryffondor le soir pour un dîner commun, qui se passa tranquillement. Elle avait appris que Avery avait été exclu durant une semaine complète, mais Dumbledore n’avait pas plus sévi.

- C’est honteux… C’est un Mangemort, tout le monde le sait, et pourtant il continue d’étudier ici ! Après ce qu’il a fait à Hermione, il aurait dû aller directement à Azkaban, asséna Marlène.

- Dumbledore ne peut pas le permettre. Il fait partie d’une famille puissante et le Ministère est beaucoup trop instable actuellement pour s’occuper d’un cas comme celui-ci, expliqua Hermione.

- Personne n’agit contre Vous-savez-qui. Il y a des attaques chaque semaine, des familles moldues enlevées et tuées… Et le monde sorcier ne fait rien !

Hermione fut rassurée par la verve de Marlène. Elle ne s’était pas trompée sur son compte même si elle la fréquentait moins que les Maraudeurs, ni sur celui de chaque personne présente à cette table. Tous voulaient abattre le mage noir, quoi qu’il en coûte. Peter également était animé d’une détermination qui avait de prime abord crispé la lionne, mais elle devait lui laisser une chance. Cette époque était déjà modifiée par ses actions ; elle avait donc à présent l’espoir de le garder sur le droit chemin avant qu’il ne s’en écarte potentiellement.

- Et ce Minchum… Le ministre est complètement dépassé, il ne… Hermione ?

La jeune femme haussa un sourcil interrogatif. Elle n’avait pourtant pas décroché du discours de la blonde.

- Tu… Tiens, tu saignes un peu du nez.

Un bras lui tendit une serviette en tissu qu’elle s’empressa d’attraper avant de pencher la tête en arrière, faisant pression. Quelques gouttes avaient eu le temps de tomber sur la table des lions, teintant le bois sombre de rouge. Sirius qui était assis à ses côtés lui fit pivoter doucement la tête, inquiet.

- Tu veux qu’on aille voir Pomfresh ? C’est sans doute le sort…

- Elle ne pourra rien faire et je ne veux pas rester bloquée à l’infirmerie une éternité. Je vais arranger ça, je reviens.

Si elle tourna le dos à ses amis en leur adressant un sourire presque convainquant, elle sentit Sirius la suivre. Elle courut jusqu’aux toilettes du deuxième étage. Mimi commençait à l’apprécier et ils y seraient tranquilles, sans risquer qu’un élève soit témoin de cette scène.

- Hermione !

Elle se dirigea droit vers un lavabo disponible avant de se rincer le visage abondamment, le sang envahissant la vasque.

- Ce n’est pas normal…

- En effet, Sirius. J’ai été touchée par un sortilège de magie noire qui réveille mes blessures passées et a des effets secondaires plutôt désagréables. Mais j’ai de la chance, il n’a pas « réveillé » la potion de la caverne, ou la journée aurait été différente. Au lieu d’un simple saignement de nez, j’aurais commencé à délirer sur le sol de la grande salle. Je m’en sors pas mal, je dirais.

- Ne sois pas comme ça. Je déteste lorsque tu acceptes ce qui t’arrive avec fatalisme. Lorsqu’il s’agit des autres, tu remues ciel et terre, mais pour toi, tu passes au-dessus comme si ce n’était pas grand-chose.

- Parce que je n’ai pas le temps pour ça !

Elle souffla, exaspérée.


- « Si tu ralentis, ils s’arrêtent » Si je m’apitoie sur chaque petite chose qui m’arrive, je ne peux plus chercher les horcruxes. Voldemort prendra le pouvoir. Et j’ai vraiment envie d’éviter cela.

- Il s’agit de ta santé ! S’il-te-plaît…


Sa voix se brisa.


- Je n’arrêterai pas de me battre pour toi. Tout le temps. Alors il va falloir que tu me laisses t’aider à chaque fois.


Il s’approcha et glissa ses doigts le long de son cou pour saisir la chaîne du collier d’or et d’émeraude qu’elle portait sans cesse depuis Noël.


- Ce n’est pas qu’un bijou, Mione. C’est un rappel que je suis toujours avec toi, surtout quand tu en as le plus besoin.


Le saignement avait cessé. Elle se tourna vers le miroir pour effacer les dernières traces de l’incident puis se retourna vers Sirius, qui attendait une réponse de sa part. Elle prit sa main, la caressa de son pouce et leva les yeux vers lui. Puis elle l’embrassa désespérément.

 

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