Contre tout espoir

Chapitre 2 : Explications

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:01

- Un Horcruxe ? Comment diable voulez-vous que je connaisse la théorie, monsieur Potter ? Dans tous les livres de magie noire que j'ai pu lire, je n'ai trouvé que quelques allusions dégoûtées, je n'ai pas cherché à aller plus loin !

Harry faillit rire de se retrouver dans une situation aussi inhabituelle : lui, l'élève, était en train d'expliquer une théorie magique à son professeur. Mais la situation était trop grave pour en rire. Résistant à l'envie de faire payer à Snape des années de sarcasmes, il lui expliqua plutôt maladroitement comment Voldemort avait pu scinder son âme en plusieurs parties en commettant des meurtres. Au fur et à mesure de son récit, Snape, qui était resté silencieux, serrait de plus en plus les lèvres alors que son teint devenait de plus en plus blanc. Lorsqu'Harry eut fini ses explications, il s'effondra sur le sol et prit sa tête dans ses mains.

- Pro… Professeur ? Vous allez bien ?

- Mais comment Albus a-t-il pu penser qu'un imbécile tel que vous pouvait se débrouiller sans aide ? Mais pourquoi donc nous a-t-il mis dans cette galère !

Cette dernière remarque, loin de mettre Harry en colère, l'acheva encore plus. Il se sentait impuissant, faible, inutile. Et en plus, il allait ruiner la seule tentative concrète de mettre fin au règne de Voldemort à leur époque.

- Monsieur ? Est-ce que vous pensez que c'est à cause de l'horcruxe que… Que je vous ai suivi sans le vouloir ?

- De toute évidence.

- Donc, si on veut tuer Tom…

- Il va falloir détruire l'horcruxe.

L'idée de devoir supporter Potter et d'avoir une charge de travail en plus insupportait Séverus qui commençait à regretter de ne pas avoir avalé un poison violent plutôt que la potion de retour dans le temps. Mais il le fallait. S'il voulait venger Lily.

- Montrez-moi l'horcruxe, Potter.

Harry commença à avancer sa main vers l'objet, mais il se rendit tout à coup compte qu'il était incapable de le lâcher. Quelque chose au fond de lui l'empêchait de confier le morceau d'âme à Snape.

- Allons, Potter, ne vous faites pas attendre !

- Je… Je ne peux pas, monsieur.

- Comment ça ?

- Je ne peux pas vous la donner, c'est tout !

- Enlevez-le, Potter, si comme vous me l'avez expliqué cet objet est de même nature que celui qui a possédé Mlle Weasley il y a cinq ans, il peut vous posséder si vous le gardez trop longtemps sur vous !

Harry arracha vivement le collier et le déposa sur le sol.

- Il… Il a prit le contrôle de moi…

- Oui, Potter, voici une excellente définition du terme « posséder ». Bien, maintenant, si vous le voulez bien, nous avons du travail. Je vais essayer différents sorts pour détruire cet horcruxe.

- Vous n'en trouverez pas, monsieur. Il n'y a que très peu de façon de détruire un horcruxe. Il faut quelque chose de suffisamment destructeur pour détruire quelque chose d'aussi sombre.

- Que proposez-vous ?

- Du venin de basilic.

- Ah, rien que ça ? Du venin de BASILIC ? Vous en connaissez beaucoup, vous, de basilics susceptibles de nous fournir du venin ?

- J'en connais au moins un, professeur. Celui de la Chambre des Secrets.

Il y eut un silence au cours duquel Snape tenta de reconsidérer Harry. Le garçon avait beaucoup plus d'initiative que prévu. Mais il y avait néanmoins une faille dans son raisonnement.

- Si nous faisons cela, nous changeons le futur.

- D'un autre côté, on le change encore plus si on tue Tom.

- C'est bien pour cela qu'il faut essayer de ne modifier qu'une seule donnée.

- Ah…

Les deux hommes descendirent de la corniche et rejoignirent la plage sale. Snape lança un sort d'attraction sur les vagues et trois poissons en sortirent.

- Il est trop tard pour aller acheter à manger, il va falloir que votre fine bouche se contente de cela, Potter.

- C'est parfait, professeur ! Et ma bouche n'est pas si fine que ça, vous savez ?

- Voyez-vous ça ! Notre petit Golden Boy nous ferait-il l'honneur de se rabaisser au niveau des simples mortels ?

- Arrêtez ça, professeur. Si on est bloqué ensemble, essayons tous les deux de nous comporter en adultes.

Snape ravala une réplique cinglante en voyant avec surprise Harry se saisir des poissons et les vider.

- Où avez-vous appris cela, monsieur Potter ?

- Je faisais la cuisine dans ma famille.

- Comment ça ? Vous n'aviez pas de serviteurs attitrés pour répondre au moindre de vos désirs ?

- Si vous croyez cela, c'est que vous ne me connaissez vraiment pas du tout.

Ce faisant, Harry s'éloigna sur la plage après avoir conjuré un plat sur lequel il disposa les poissons. Il ramassa quelques morceaux de bois flotté pour faire griller les poissons. Snape, de son côté, se dit qu'il connaissait au contraire trop bien la situation d'Harry. Pendant les séances d'occlumentie, il avait eu l'occasion de voir le passé de Potter, et s'était rendu compte qu'il était loin de l'enfant détestable pourri gâté qu'il avait toujours cru voir. Mais l'habitude de détester Potter avait été trop forte et Séverus avait gardé une attitude constante qui ne pouvait rien laisser deviner aux mangemorts sur sa véritable allégeance.

Harry revint bientôt et entreprit de faire un petit feu. Snape le laissa faire jusqu'au bout et le regarda allumer son bucher approximatif du bout de sa baguette. Harry entreprit alors de faire tenir les poissons sur une baguette en bois. Lorsqu'il y fini et qu'il s'apprêta à suspendre les poissons au-dessus du feu, Snape tendit négligemment sa baguette et fit cuire les poissons en un seul sort. Harry se retourna vers lui, ulcéré.

- Mais pourquoi vous m'avez laissé me débrouiller pendant un quart d'heure avec des bouts de bois alors que vous saviez les faire cuire sans feu ?

- Parce que c'était distrayant, Potter. La vraie question est : pourquoi ne saviez-vous pas comment le faire ?

- Qui aurait pu m'apprendre un sort ménager, je vous le demande ! J'habitais dans une famille de moldus, je vous rappelle !

- Excuse pitoyable, Potter. Moi-même, j'ai appris tous les sorts ménagers tout seul parce que j'en avais besoin ! Vous devriez apprendre à compter sur autre chose que sur les autres ! Vous-même, par exemple !

- Eh bien apprenez-moi, si vous êtes si fort !

Avec du recul, Harry se dit qu'il aurait mieux fait de se taire. Snape le fit travailler jusqu'à épuisement, l'assaillant de remarques acides et de moqueries. Il ne le laissa manger que lorsqu'il eut pratiqué ses sorts de façon parfaite. La plage autour d'eux était à présent d'une propreté éclatante. La nuit approchait à grands pas et le temps commençait à se gâter. Snape métamorphosa un tas de sable contre la falaise en un petit abri rectangulaire à hauteur d'homme, dans lequel il conjura un lit.

- Et moi, alors ? demanda ingénument Harry.

- Débrouillez-vous. Je ne vais pas tout faire à votre place.

- Mais je ne sais pas…

- Ah ?

Harry se maudit à cet instant d'avoir montré ses faiblesses à Snape. S'en suivit une longue soirée d'explication sur des sorts de métamorphose très compliqués. A moment donné, même Snape en eut mare de torturer Harry et donna un coup de baguette sur la tête de son élève peu appliqué. Les larmes aux yeux, Harry réussit quand même à conjurer un abri attenant au premier. Snape soupira et lui conjura un lit. Il n'avait pas pitié, non, mais ne tenait simplement pas à avoir à supporter un Potter dépressif qui passait son temps à pleurer. Harry le remercia faiblement avant de se blottir sur le petit lit et de s'endormir aussitôt. Snape le regarda un moment grelotter dans son sommeil et finit par lui ajouter une petite couverture qu'il avait conjurée qu'il lança négligemment sur le garçon. Pas question de le border, en plus !

Soupirant, Snape se rendit dans sa propre « chambre » en sable en s'enroula dans une autre couverture conjurée. Il mit presque une heure à s'endormir, passant et repassant dans sa tête les événements de la journée. Il s'était comporté trop gentiment avec Potter, il lui avait même enseigné des sorts qui lui serviront jusqu'à la fin de sa vie ! Il avait été trop bon avec lui, et comment Potter le remerciait ? En manquant se mettre à pleurer comme un gamin. Mais comment allait-il pouvoir le supporter ?

Le lendemain, Harry se réveilla avec surprise dans un petit lit de camp, enroulé dans une couverture de laine rugueuse. Une idée étrange lui traversa l'esprit… Non ! Snape ne l'aurait jamais bordé ! Il se leva et sorti de sa partie de l'abri, pour se rendre compte que celle de Snape était revenue à l'état de tas de sable. Le professeur, lui, avait disparu.

Rageant, Harry détruisit son propre abri et alla inspecter les environs, certain que Snape l'avait abandonné. Il tenta un sortilège d'attraction sur les vagues, mais l'aspect du poisson au petit déjeuner le révulsa plus qu'autre chose. Il relâcha donc le poisson dans la mer et continua sa marche. Il arriva à une petite bourgade aux pieds de la mer. Le soleil se levait et le réchauffait agréablement et Harry devina que ce devait être l'été. Restait à savoir de quelle année.

Les petites rues de la bourgade étaient désertes. Harry marcha jusqu'à rencontrer une petite épicerie. Il sortit la cape d'invisibilité qu'il avait toujours dans la poche de sa robe, et la déploya sur lui. Restait à se débrouiller pour que le marchand ne remarque pas que des petits pains flottaient dans les airs.

Une demi-heure plus tard, c'est un Harry victorieux qui reprit le chemin de la plage, avec à la main quelques petits pains, ainsi qu'un paquet de café et une bouteille d'eau douce. Il vit une silhouette noire arpenter d'un air énervé la plage. Comprenant que Snape ne l'avait pas abandonné, il enleva sa cape et alla à sa rencontre.

- POTTER ! Mais vous n'avez donc aucun sens commun ? Ca ne va pas, de partir comme ça, sans prévenir, avec l'horcruxe ?

- Vous l'avez bien fait, vous !

- Je ne me suis absenté que dix minutes, pas une heure !

- Mais vous, vous n'avez pas le petit déjeuner.

- Ne me dite pas que vous avez volé cela, monsieur Potter ?

- Pourquoi ? Cela gêne le Serpentard que vous êtes, de voir qu'on peut être plus roublard que vous ?

- Pathétique.

- Au moins on aura du café.

Harry joignit le geste à la parole. A l'aide des sorts ménagers que lui avait appris Snape, il conjura deux récipients et utilisa le sort qu'il avait appris pour faire du café sans cafetière. Il tendit enfin l'un des récipients à Snape, qui le prit d'un air dubitatif.

- Pas assez passé, ce café, c'est du jus de chaussettes ! Je vais vous faire revoir vos sorts, ce soir.

Harry soupira d'un air tragique, mais s'abstint de tout commentaire. AU cours du petit déjeuner, il se décida à aborder le sujet qui le tracassait.

- Est-ce qu'on va aller à Poudlard pour retrouver le basilic ?

- Non. On va aller à Poudlard pour que je puisse trouver des livres sur les horcruxes dans la réserve avant qu'ils ne soient retirés.

Harry sentit malgré lui son cœur bondir dans sa poitrine. Il retournait à Poudlard. L'endroit qu'il avait toujours considéré comme chez lui. Et Albus… Albus serait toujours vivant.

- Allons-y, Potter, je n'ai pas l'intention de passer une minute de plus sur cette plage. Je n'ai pas envi d'être repéré par des pêcheurs. Savez-vous transplaner ?

- Oui, monsieur. Même si je n'ai pas encore passé mon permis.

- Le permis n'existait pas, il y a cinquante ans. Vous n'aurez aucun problème. Simplement, si quelqu'un nous demande, vous vous appelez Harry Anderson et vous êtes mon apprenti. Moi, je suis Séverus Prince.

- Apprenti ?

- Il n'était pas rare à l'époque que les jeunes gens choisissent d'entrer en apprentissage auprès d'un maître. Vous serez mon apprenti en potions. De toute façon, ce n'est que pour la forme.

- Bien, monsieur.

- On se retrouve à Pré-Au-Lard.

Sur ce, Séverus transplana. Harry le suivit après un dernier regard sur la mer.

Les deux hommes marchèrent en silence entre les maisons et les échoppes de Pré-Au-Lard qui ouvraient à peine. Harry refit le chemin qu'il avait fait des dizaines de fois avant pour remonter jusqu'à Poudlard. Son excitation était palpable et Snape lui lança un regard assassin. Une demi-heure plus tard, le château se dressa fièrement devant eux. Harry eut un sourire ravi.

- Je connais un passage pour entrer dans le château depuis la forêt, sans avoir à passer par la grande porte. Suivez-moi, Potter.

- Anderson.

Snape lui jeta un regard meurtrier et lui fit signe d'avancer. Ils marchèrent pendant encore une heure en s'enfonçant de plus en plus dans la forêt. Là, Snape qui suivait le mur d'enceinte s'arrêta et pointa sa baguette sur le sol, en murmurant une formule magique. Une trappe apparut au sol.

- Depuis quand on peut entrer si facilement à Poudlard ?

- Cette trappe mène directement au bureau du directeur, ainsi que dans tout un tas d'autres endroits stratégiques du château. Le tunnel a été prévu pour permettre d'évacuer l'école en cas de besoin, mais seul le directeur est au courant de son existence.

- Ah oui, c'est vrai que vous avez pris la place d'Albus après l'avoir tué !

Séverus saisit le jeune homme au col et le souleva légèrement du sol.

- Ce n'est pas le moment de parler de cela, Potter. Si on se fait repérer par votre faute, je vous le ferais regretter amèrement.

Harry le suivit en silence, profondément blessé. Il avait failli oublier que l'homme dont il dépendait à présent était aussi le meurtrier de son mentor. Il le suivit cependant à travers les dédales de marches, passa dans des galeries couvertes de mousse qui semblaient indiquer qu'ils passaient sous le lac, et commença à monter en pente douce. Arrivés à une certaine hauteur, une première porte apparut sur le côté. Snape l'ouvrit sans hésiter, sans prendre aucune précaution, et se figea. Harry regarda par-dessus son épaule et vit qu'ils étaient dans la cour pavée. Mais ce n'était pas ce qui avait surpris Snape. Non.

En face d'eux, se tenait Albus Dumbledore.

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