Mémoires d'un barman
- Nan, vous êtes vraiment sérieux, Abelforth, vous ne lui avez servi qu'un thé au citron ?
- Il ne lui en a jamais fallu beaucoup. Tu peux me tutoyer, Sev.
- Et vous avez déjà essayé de lui servir autre chose ?
- Si, une fois je lui ai servi un jus de grenadine. Un scotch, alors ?
- Oui. Qu'est-ce que ça a donné ?
- Il a chanté l'hymne national écossais sur le bar déguisé en drapeau.
- Vous me faites marcher.
- Si vous le dite.
Séverus but d'une traite son verre pour oublier l'image d'Albus en train de chanter debout sur un bar avec seulement un drapeau pour…
- Un autre, Abe.
- Et un scotch de plus. Ca fera 2 gallions.
- C'est de l'arnaque.
- Bois et arrête de réfléchir.
- Ma vie est nulle.
- Attends, bouge pas, je vais chercher les mouchoirs.
- Mais si tu n'aimes pas enseigner, qu'est-ce que tu attends pour te barrer ?
- Albus.
- Hein ?
- C'est de sa faute. Il a accepté de me couvrir à condition qu'il puisse contrôler le moindre de mes faits et gestes.
- Faut dire que t'as quand même sacrément déconné. Si Albus ne m'avait pas raconté tout ce que tu as fait pour l'Ordre, il y a longtemps que je t'aurais foutu à la porte. Espionner mes clients, non mais franchement. Ca nuit à l'image de…
- Arrête de pleurnicher et ressers-moi.
- On a la mémoire courte, hein ?
- Non. Je pourrais te raconter chaque point que j'ai fait perdre à Gryffondor depuis que ce petit prétentieux de Potter a intégré l'école.
- On parie ?
- On parie une bouteille de scotch que je t'en raconte au moins dix.
- Je sens que je me suis fait avoir.
- Nan, là, franchement, je te crois pas trop pour l'histoire des ingrédients pour polynectar. Des élèves de seconde année qui en fabriqueraient…
- Si, si, je te jure! Tellement prétentieux qu'il a osé me voler des ingrédients rares pour les gâcher avec son intelligence de limace. En plus cette abominable miss-je-sais-tout qui le suit partout en a prit avec un poil de chat… Si seulement elle avait pu rester comme ça. Et même que si j'avais la moindre preuve qu'ils en ont fabriqué, je pourrais enfin…
- Nan, je peux pas y croire. Pas question que je t'offre la bouteille si tu racontes des bobards.
- Personne ne m'aime.
- Attends, je vais chercher d'autres mouchoirs.
- Et t'as fait quoi après ça ?
- Je lui ai dit Potter, Evans mérite bien mieux que toi. Tu vas gâcher sa vie et après il te restera plus que tes yeux pour pleurer.
- Et qu'est-ce qu'il a fait ?
- … Je préfère pas en parler, c'est trop dur. Ah, si seulement je pouvais me venger…
- C'est ce que tu fais tous les jours sur le gamin.
- C'est même pas drôle. J'ai beau dire, quand je le vois, c'est pas son père que je vois.
- C'est Lily ?
- Non, sa sœur, idiot !
- Ah bon ?
- Tu le fais exprès, ou quoi ?
- Et du coup tu es encore plus méchant pour te sortir son image de la tête.
- Mais ça marche pas. Le gamin est entré dans le tournoi des Trois Balais, euh, Sorciers, et je passe mes nuits à chercher des mages noirs dans le château pour le protéger. Et ce petit ingrat il se promène sous sa cape et… Un autre scotch.
- Tu rentres comment ?
- A pieds.
- T'es sur ?
- J'ai perdu les clefs du sombral.
- Tu veux pas un thé au citron, plutôt ?
- J'suis sûr que t'es comme ton frère. T'as mis quoi, dans le thé, allez dis-le !
- Du calme, Sevy. J'te jure que j'y mets rien de dangereux.
- Allez, avoue que t'es là pour te débarrasser de moi sur ordre d'Albus ! Il en a soupé de moi en tant qu'espion et il sait plus quoi faire pour m'évincer, hein ?
- Si tu le dis. Tu trouves pas que t'es un peu parano, sur les bords ?
- Tu avoues ! Tu…
BLAM !
- J'aurais peut être dû ranger les chaises avant qu'il se lève…
Ableforth se dirigea vers la cheminée.
-Albus Dumbledore !
- Re-bonjour, Abe. Un bonbon au citron ?
- Un anti-gueule de bois pour Séverus, s'il te plait.
- Donne-lui en un aussi à la potion d'allégresse. J'ai vérifié, il n'existe pas d'antidote.
- Lui, il est un antidote à lui tout seul.
Il glissa deux petits bonbons dans la bouche de son client qui se réveilla en sursaut.
- Tout le monde il est méchant avec moi !
Et il éclata en sanglots.
- Tu avais raison, Abe. Le dosage n'était pas assez fort. Envoie-le-moi dans mon bureau, je m'en occupe.
- OK, bonne nuit, Albus. Je ferme.
- Personne ne veut de moi.
- Mais, si, lui, il veut bien de toi. Allez, rentre dans la cheminée.
- Et mon sombral ?
- Je vais le garer dans la forêt.
- Promis ?
- Oui, promis.
- Tu sais que t'es un type bien, toi ?
- Merci, allez, dégage, maintenant.
- T'es mon seul ami, tu sais. Toi et moi contre le monde entier.
- Bureau d'Albus Dumbledore, Poudlard.
Abelforth s'assit avec un soupir de soulagement. Il allait enfin pouvoir fermer après avoir passé la moitié de la nuit à supporter ses clients. Il apprécia un moment la solitude, puis se leva pour fermer le bar, quand tout à coup, la porte s'ouvrit dans un grincement sinistre.
- Gollum ! Vous n'avez pas vu mon précieux ?
- Je sens que la nuit va être longue… Vous n'avez pas vu un sombral ?