Mes plus grand regrets

Chapitre 15 : Ceux qu'on ne veut pas perdre

2068 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/12/2025 02:52

Nous avons passé le cap, la nuit après son entretien avec le premier ministre. Nous avons couché ensemble, dans la crique. C'était sûrement une des meilleures nuits que j'ai vécues. Je pensais qu'elle serait gênée et me repousserait un peu après. Mais ce ne fut pas du tout le cas. Je crois que je n'ai jamais été aussi épuisé de ma vie par une femme. Tout est prétexte à la moindre occasion. Je n'ai jamais dit ça de ma vie, mais je pense qu'on va devoir ralentir. James et Remus commencent à faire des remarques qui me gênent. Pourquoi ? Je ne sais pas, ce n'est pas comme si c'était nouveau qu'on me charrie sur ma vie sexuelle. Mais là, ça ne me plaisait pas.

Je passe tout mon temps libre à la bibliothèque. Depuis ma conversation avec M. Binns, je n'ai qu'une idée en tête : trouver un moyen pour faire annuler ces lois. J'ai très peu de temps à accorder à ce nouveau passe-temps. Je ne peux pas expliquer à mes amis pourquoi je travaille là-dessus et je ne veux pas que Kiara sache ce que je fais. Il me reste donc un créneau serré, à raison de deux heures par semaine, où Remus, Lily et Kiara ont cours d'Arithmancie, Peter son cours de soins aux créatures magiques et James son entraînement de Quidditch. Et par-dessus tout, je n'avais aucune idée de comment j'allais m'y prendre. M. Binns avait raison. J'avais besoin de l'aide de quelqu'un pour m'aiguiller. Mais qui ?

J'ai d'ailleurs d'autres préoccupations plus urgentes en ce moment. Ça fait plusieurs jours que je vois Avery traîner autour de mon frère. Chaque fois, il réussit à partir avec Severus ou ses amis. Mais j'ai l'impression que quelque chose cloche. Il faut absolument que je m'assure qu'il aille bien. Et je dois le mettre en garde contre Avery. Putain sérieux, une semaine tranquille ça n'est pas possible ?

15 novembre 1977

Ce début de journée avait encore été chaotique. Entre les cours devenus de plus en plus intenses. On croulait sous les devoirs de plus en plus longs. Les ASPICS, ce n'était pas de la rigolade. James et Lily avaient eu raison là-dessus. Alors le repas de midi avait été plus que le bienvenu. Kiara discutait avec Lily du cours de métamorphose que l'on venait d'avoir. James et Remus riaient ensemble d'une des blagues de Peter. C'est à ce moment-là que je vis Regulus passer seul. Je me levai sans un mot pour eux et suivis mon frère dans le couloir. Je le hélais.

— Regulus !

Il ne regarda pas derrière lui et accéléra le pas. Je me mordis la lèvre et accélérai moi aussi jusqu'à lui saisir l'épaule.

— Depuis quand tu me fuis ?

Il s'arrêta et détourna le visage pour ne pas me regarder directement.

— Qu'est-ce que tu veux, Sirius ?

— Alors tu ne me parles plus toi aussi ?

Il plongea son regard sombre dans le mien et reprit sèchement :

— Tu t'attendais à quoi ? C'est toi qui es parti ! Et tu ne m'as envoyé aucune nouvelle de tout l'été !

Ce fut à mon tour de détourner les yeux et de déglutir.

— Tu... tu as raison. J'aurais dû t'envoyer des hiboux. Mais tu sais bien que je ne suis pas vraiment parti de la maison.

On se dévisagea tous les deux silencieusement avant que Regulus ne dise :

— Tu as eu la lettre de maman ?

— Tu veux dire le torchon ?

Il ne répondit pas et je soupirai :

— Je l'ai eue. Prends juste ce que j'ai acheté avec mes économies. J'ai ce qu'il me faut pour le reste.

— Tu as trouvé un endroit où loger ?

— Les Potter m'ont accueilli cet été. Ils le feront encore, le temps que je trouve un emploi pour me payer mon propre logement.

Il hocha doucement la tête et reprit :

— Je suis content pour toi. Je vais y aller...

Il commença à repartir et je lui saisis encore le bras.

— Attends, Regulus. J'ai vu que tu traînais beaucoup avec Avery et sa clique...

— Qu'est-ce que ça peut te faire ?

Il se dégagea sèchement, son expression tendue.

— Ce ne sont pas des gens fréquentables. Avery est un des disciples de Voldemort.

Regulus blêmit et me repoussa un peu fort.

— Ne prononce pas son nom !

— Quoi, t'as peur de lui ?

— Je... ce ne sont pas tes affaires. Pourquoi tu ne peux pas faire comme tout le monde ? Je traîne avec qui je veux !

— Regulus, je ne veux pas te dicter ta conduite. Mais juste te demander de faire attention...

— Ce n'est pas à toi de me donner des leçons sur mes fréquentations.

Son regard devint appuyé et, avant que je ne réponde, j'entendis la voix d'Avery.

— Sirius Black ! Tu te promènes sans ta dulcinée aujourd'hui ?

Je me reculai, laissant ma baguette glisser dans ma main.

— T'as un problème, Avery ?

— Ouais, ta copine n'a toujours pas répondu à notre invitation. Peut-être qu'il faudrait qu'elle comprenne que ce n'est pas que sa vie qu'elle met en danger.

Je fis un pas sur le côté pour me mettre entre lui et mon frère instinctivement. Regulus et moi n'avions pas la meilleure des relations, mais j'avais l'impression que la menace le visait directement.

Severus surgit alors de l'angle du couloir.

— Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Regulus regarda Severus comme s'il était son sauveur et se déplaça vers lui.

— Rien, juste un règlement de compte verbal.

— Tu fais encore l'intéressant, Sirius ? Peut-être que je devrais prévenir le directeur.

Je regardais Regulus, serrant les dents. Me sentant trahi. C'était mon frère, alors pourquoi il se mettait du côté de ce... Puis je compris. Je restais un Gryffondor, et s'il avait déjà des problèmes avec Avery et sa clique, il ne pouvait pas se mettre les autres Serpentard à dos parce qu'il se glissait sous les jupes de son frère à Gryffondor.

Je me reculai et repris :

— C'est bon, je pars.

Avery avança :

— Je ne crois pas, non.

Ma main se resserra sur ma baguette et j'entendis qu'on m'appelait.

— Sirius !

Je vis alors Kiara me faire un signe. Elle était accompagnée de James et Lily. Je me détendis et repris, passant entre Avery et Rogue, leur donnant un coup d'épaule pour me frayer le passage.

— Moi, je crois que si !

Il fulmina mais personne ne m'empêcha de m'éloigner. Je rejoignis le groupe et Kiara prit doucement ma main.

— Ça va ? Ils te voulaient quelque chose ?

— Non. Je devais juste parler avec mon frère.

Je me tournai vers eux et vis Rogue partir, suivi de mon frère, loin d'Avery et Cie. Lily regarda Severus passer et blêmit un peu alors que nous reprenions notre marche vers la bibliothèque. Elle serra un peu plus la main de James. Elle demanda d'une voix blanche :

— Que voulait Severus ?

— Me chercher des noises. Mais au moins, il pourra peut-être empêcher Avery d'utiliser Regulus contre nous.

Remus jeta un regard en arrière et reprit :

— C'est ce qu'ils t'ont dit ?

— Pas directement. Mais c'est le pressentiment que j'ai eu. Je ne suis pas certain que Regulus apprécie leur présence.

Lily reprit avec ce ton de Miss Parfaite qui m'agaçait :

— Sirius, tu sais que tous les Serpentard ne sont pas des mages noirs, n'est-ce pas ? Ton frère a sûrement de bonnes relations avec des personnes équilibrées. Et puis il n'a pas du tout le même âge qu'Avery. Il est moins sous leur influence.

— Oui, pour moi ce sont tous les mêmes. J'espère juste que Regulus aura plus de jugeote que ça. Il a toujours été beaucoup plus influençable que moi.

Tous rirent et Remus reprit :

— Tout le monde est plus influençable que toi.

Peter rajouta dans un fou rire :

— Sirius est la personne la plus têtue du monde !

Je croisais les bras, perdant mon sourire :

— Mais vous avez un problème avec moi ?

Kiara secoua doucement la tête.

— Mais non, ils te montrent juste qu'ils te connaissent par cœur.

Je levai les yeux au ciel et ris :

— Ok, je vais le prendre comme ça.

James applaudit dans mon dos :

— Félicitations Kiara ! Tu as réussi à faire plier notre parfaite tête de mule.

Lily lui donna un coup de coude dans les côtes.

— James ! C'est bon je crois qu'il a compris. Tu deviens lourd.

De nouveau on rit tous alors que cette fois-ci, c'est mon meilleur ami qui se faisait réprimander.

On avait encore passé notre soirée à la bibliothèque avec toute l'équipe jusqu'à ce que Mme Pince nous mette à la porte. Lily et James discutaient dans la salle commune. Kiara était assise sur le bord de la fenêtre et regardait dehors. Je m'assis dans le fauteuil à côté d'elle et regardai mes amis l'un à côté de l'autre.

— Tu sais... on pourrait tout leur dire sur toi.

Je la sentis se tendre et elle me fusilla du regard, retirant sa main de la mienne. Sa voix fut dure et à peine audible.

— Il n'en est pas question, Sirius !

— Ils comprendraient. Je te jure qu'ils n'en parleraient jamais.

— Sirius... c'est trop dangereux. Si tu es au courant, c'est par un concours de circonstances. Je n'ai rien dit. Là, ce serait moi qui romprais le contrat — et eux aussi.

— Mais ce contrat est d'une débilité ! Ce n'est pas juste ! Il ne devrait même pas exister !

Elle me regarda et je sentis qu'elle avait compris. Ses yeux s'écarquillèrent et elle continua :

— Qu'est-ce que tu as fait ? Sirius, ne joue pas à ça ! Tu ne peux pas affronter le ministère.

— Pourquoi ? Ces lois sont injustes et racistes !

— Ce monde est injuste et raciste ! Et plus le temps passe, plus on sombre dans la folie de supériorité. Tu penses que Voldemort prend de l'ampleur à cause de qui ? La mentalité des sorciers n'est pas prête de changer maintenant !

— Si on ne fait rien, c'est certain qu'elle ne changera pas ! Fais-moi confiance !

— Je te fais confiance. Mais ce n'est absolument pas le moment de faire ça. Je veux juste finir cette année ici et retourner en France.

— Et nous alors ? Après cette année ?

— Tu l'as dit. Tu veux partir à l'aventure. Voyager, voir le monde. On pourra le faire ensemble, loin d'ici.

Je la regardai le cœur serré et me tournai vers James, Lily, Remus et Peter.

— Ça veut dire les abandonner aussi.

Elle les regarda et reprit :

— Tu n'es pas obligé de faire ça... Je ne t'empêcherai jamais de revenir ici. Je ne t'empêcherai jamais de faire ce que tu veux. Je te dis juste que moi je ne resterai pas en Angleterre. Il y a deux heures entre Londres et la Normandie, tu sais ?

Je la regardai doucement et pris sa main.

— Kiara... c'est... Je ne sais pas quoi faire.

Elle me sourit doucement.

— Je ne te demande pas de faire quoi que ce soit maintenant. On est au début de notre relation. Elle commence bien en quelque sorte. Mais on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve.

— Tu veux dire que tu ne nous vois pas ensemble dans l'avenir ?

— J'en sais rien. Je veux le savoir. Mais toutes ces histoires ne pressent pas à la minute.

— Poudlard, c'est le seul moment de répit qu'on aura. Une fois qu'on sera diplômés, on sera plongés dans cette guerre entre le bien et le mal. L'amour, ça sera secondaire.

Elle me regarda. Ses lèvres se posèrent sur les miennes avec une tendresse infinie. Elle caressa ma joue et remit une de mes mèches rebelles en place.

— C'est toi qui m'as appris qu'il y a toujours une place pour l'amour. Tu ne veux pas juste profiter du moment présent ?

Je restai un moment à la regarder. Elle avait l'air si sereine, si calme. Mais je savais que nous ne pouvions pas nous contenter de ça. Un jour, nous devrions parler et prendre des décisions difficiles. Pourtant je ne pus dire qu'une seule chose en me plongeant dans ses yeux.

— Oui, profitons.


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