Mes plus grand regrets
Depuis notre sortie à Pré-au-Lard, Kiara nous évite. Elle s'est renfermée sur elle-même. Elle n'avait pas dit un seul mot de tout le reste de l'après-midi jusqu'à ce qu'on la raccompagne. Elle m'avait laissé un mot sur mon oreiller pour que je sois certain qu'elle soit bien revenue à Poudlard. On avait fouillé toute l'école ensemble. Puis j'avais pris la décision de partir à la crique. J'avais fouillé une bonne partie de la forêt interdite sous la forme de Patmol. J'avais fini par retourner dans la salle commune où tout le monde m'attendait.
Elle était réapparue le lundi en cours uniquement. Elle apparaissait à la dernière seconde et repartait à la première où c'était fini. Je ne savais plus quoi faire. Lily m'avait conseillé de lui donner un peu de temps. Mais ce fut si difficile. J'ai pris sur moi. Une semaine entière, je lui ai laissé une semaine pour respirer.
Ça faisait maintenant 15 jours, et cette fois-ci je ne la lâcherais pas. Depuis une semaine je lui cours après. Je passe mon temps libre à la crique, dans le froid, tard dans la nuit. Cornedrue vient me chercher chaque nuit. Elle ne pouvait pas me faire ça. Elle ne pouvait pas juste disparaître. En si peu de temps elle était devenue tellement importante pour moi. Est-ce que ça ne comptait pas pour elle ? En tout cas, je ne compte pas abandonner. Je fouillerai la forêt interdite toutes les nuits et tous les week-ends s'il le faut mais je la récupérerai.
17 décembre 1977
J'avais encore froid. Ça faisait des heures que j'étais assis à la crique, depuis la tombée de la nuit en réalité. Depuis les premières lueurs de l'aube, j'avais pris le chemin de la forêt interdite sous la forme de Patmol et parcouru la forêt à la recherche de Kiara. Quand la nuit a commencé à tomber, j'étais revenu à la crique. Elle allait bien finir par apparaître. J'étais assis sur le sol froid, les genoux contre mon torse à fixer le lac si calme. J'avais un mal de tête intense qui m'avait pris en milieu de journée et qui ne cessait de grandir. Mais la douleur physique, je connaissais, c'était celle de mon cœur qui était la plus intense. Le bout de mes doigts s'engourdissait et un petit nuage de fumée sortait toujours de ma bouche à chaque expiration. Je commençais à somnoler quand je sentis le poids d'une couverture épaisse se poser sur mes épaules.
— Tu es tellement têtu...
J'entendis la voix de Kiara et je redressai la tête en la regardant s'asseoir à côté de moi. Je serrais la couverture sur moi.
— Pourquoi ?
— Pourquoi ? Voldemort vous a pris pour cible à cause de moi ! Tu te demandes vraiment pourquoi ?
— On t'aurait protégée...
— Ce n'est pas à toi de me protéger, Sirius ! Tu ne comprends pas. Si je n'étais pas venue à Poudlard, tout ça ne se serait jamais passé ! Tu aurais passé ton année tranquillement avec James, Lily, Remus et Peter. Tu aurais eu tes ASPICS sans te soucier de rien.
— Mais je m'en fous de ça ! Tu comptes réécrire le passé ? Tu peux peut-être le faire en tant qu'élémentaire d'ailleurs ? Je ne regretterai jamais de t'avoir connue ! Tu comprends ça Kiara !
Son regard bleu se posa sur moi, impenetrable. Elle prit mes mains dans les siennes, si chaudes, presque brûlantes, et reprit :
— Ça tu ne peux pas le savoir. Mais j'ai envie d'y croire.
Elle esquissa un léger sourire. Je fus presque rassuré mais je vis la peur dans ses yeux de glace.
— Tu n'y crois pas...
Elle se redressa, évitant mon regard.
— Sirius, tu connais mon passé. Ce n'est pas si facile de croire tout ce que tu dis. Pour l'instant, on a su éviter le pire. Mais si Lily était morte lors de l'explosion ? Tu aurais vu James détruit et tu m'en aurais voulu. Parce que je n'aurais pas réussi à protéger Lily. Parce que ça aurait été de ma faute. Parce que tout ce qu'ils font, c'est pour m'avoir moi.
Je restais un moment à ne rien dire, à la regarder. Est-ce qu'elle avait raison ? On resta un moment silencieux et je rompis le silence :
— Kiara... je ne sais pas ce que j'aurais pensé, mais je t'aime. Et ce n'est pas toi qui provoque ça. C'est eux. Tu connais aussi mon passé. J'ai toujours tracé ma propre route. Je n'ai jamais suivi les traditions, ou été où je ne voulais pas aller. Et aujourd'hui, c'est avec toi que je veux aller. Je te suivrai à l'autre bout de la terre.
Elle me regarda, les yeux brillants, et des larmes se mirent à rouler sur ses joues.
— T'es vraiment un grand idiot, Sirius.
— Je suis juste amoureux.
— Alors l'amour rend les hommes idiots.
J'eus un léger rire et elle m'embrassa tendrement. Ses lèvres étaient si chaudes sur les miennes et nos souffles qui se mélangeaient semblaient me réchauffer de l'intérieur, bien plus que la couverture toujours sur mes épaules.
Elle recula, essuyant les larmes qui roulaient encore sur ses joues et reniflant.
— Allez, rentrons avant que tu ne tombes malade, idiot...
Je me relevai et posai aussi la couverture sur ses épaules. On marcha alors blottis l'un contre l'autre jusqu'à revenir dans le parc, discrètement. La neige était un peu plus épaisse de ce côté du lac. On rit alors qu'on glissait tous les deux dans la neige fraîche.
— La couverture est foutue... dit Kiara. Je me relevai, lui tendant la main.
— C'est pas grave. On la récupérera cet été.
Elle rit et prit ma main. On remonta jusqu'à la salle commune et retrouvâmes le groupe assis devant la cheminée sauf James debout. James se tourna vers moi avec une expression douce.
— Tu es rentré ! J'allais venir te chercher... Kiara ?
Elle fit un pas en avant et les regarda rapidement, baissant les yeux.
— Salut...
Lily sauta sur ses pieds et vint la serrer dans ses bras. Je sentis la jeune femme se tendre à mes côtés mais elle laissa faire la rousse.
— On a eu tellement peur ! Ne nous fais plus jamais un truc pareil !
— Je vais essayer, murmura-t-elle en rendant son étreinte à Lily. James se rassit lourdement dans le fauteuil et Remus se leva.
— Venez vous asseoir auprès du feu. Vous devez être frigorifiés.
Remus posa un bras autour de mes épaules et m'accompagna vers le fauteuil le plus proche et James me jeta une couverture.
— T'as les lèvres bleues, idiot !
Je le remerciai à demi-mot alors que Lily s'assit à côté de Kiara dans un canapé en face de moi. Elle imita Remus et posa une couverture sur les épaules de son amie.
— Où est-ce que tu as dormi ces derniers jours ?
— Dans la forêt, en sécurité. Je suis désolée... je n'aurais pas dû fuir.
Remus fut le premier à répondre.
— On comprend. Ce que tu as entendu, ça a dû te troubler.
— Mais pourquoi Voldemort tient tant que ça à ce que tu le rejoignes ? demanda Peter.
Je toussai, couvrant la moitié de sa phrase, et tous se tournèrent vers moi. James fronça les sourcils.
— Ça va Sirius ? T'as vraiment l'air pâle...
C'est vrai que j'avais si chaud maintenant que j'étais devant la cheminée. Et malgré tout ça mon mal de tête n'était pas passé.
— On s'en fout de ce que veut Voldemort de Kiara. Le plus important c'est qu'on se protège. James ?
— J'ai déjà envoyé un message à mes parents. Ils ont déjà mis des sortilèges de protection en place.
Lily poussa vers moi le journal d'aujourd'hui. Une photo de plusieurs maisons moldus avec la Marque des Ténèbres flottant au-dessus était en première page.
Meurtres en masse.
Depuis plusieurs semaines, le ministère et les aurors sont débordés par un nombre de meurtres de familles entières de Moldus commis par des mages noirs. Le premier ministre de la magie...
Je reposai le journal en claquant des dents.
— Je vois... il est passé à la vitesse supérieure...
James se tourna à nouveau vers moi.
— Sirius... tu vas bien ?
Je me remis au fond du fauteuil.
— Ouais... je vais bien. Ton entraînement s'est bien passé ?
Tous les regards se posèrent sur moi. Mais j'étais tellement fatigué que je ne prêtais pas vraiment attention alors que James commençait à me raconter son entraînement. Je fermai les yeux lourdement en posant doucement la tête en arrière. Ça semblait apaiser mon mal de tête.
Une main gelée se posa sur mon front et je rouvris difficilement les yeux. Je fus surpris de voir Kiara debout à côté de moi.
— Sirius, tu as de la fièvre.
— Non... je suis juste fatigué. Je vais aller dormir...
Je tentai de me lever mais le paysage tout autour de moi se mit à tourner et mon estomac se retourna, me donnant envie de vomir. Je sentis des mains sur mes épaules me guider à nouveau vers le fauteuil. Je ne résistai pas et me rassis.
— Sirius ! On devrait aller voir Mme Pomfresh. Tu ne peux pas rester dans cet état, dit la voix autoritaire de James. Il était rare qu'il me parle aussi fermement. Je détournai la tête et gémis :
— Non... une nuit de sommeil et j'irai mieux. Il faut juste que j'aille me coucher.
— Et tu comptes faire comment pour monter les escaliers ? demanda alors James. Je rouvris à moitié les yeux et regardai vers les escaliers.
— Je crois que je peux ramper pour y aller...
J'entendis le rire de Peter et les soupirs du reste du groupe. Je sentis ensuite qu'on m'aida à me relever et mon bras fut passé autour des épaules de James et étrangement de Kiara.
— Tu es véritablement un idiot, murmura-t-elle.
Je me laissai faire. J'avais du mal à réfléchir correctement. Remus ouvrit le chemin. Je tournai la tête vers Kiara avec un léger rire.
— La première fois, j'ai cru que t'étais un ange...
Elle me regarda en levant les yeux au ciel.
— Sirius... on devrait parler de ça plus tard.
— Non sérieux, on aurait dit une aura dorée autour de toi...
Je les laissai faire et rapidement je me retrouvai assis dans mon lit. J'avais la même impression que quand j'avais bu accidentellement du whisky pur feu à mes 12 ans.
— Il faut le changer, ses vêtements sont un peu humides.
— Tu peux sortir ? demanda alors James et je gloussai.
— Elle m'a plus vu nu que toi...
James rougit et Kiara recula avec un léger rire. James me lâcha et s'éloigna.
— Fais-le alors...
Kiara revint et commença à me déshabiller. Je la laissai faire et repris :
— Ça me rappelle ce jour où t'avais séché Arithmancie.
Elle me sourit et me donna une légère pichenette sur mon nez.
— Arrête, Sirius. Tu es malade.
— Je suis juste... fatigué.
Elle sourit et prit le pyjama que lui tendit Remus, lui aussi clairement amusé. Une fois que je fus entièrement changé, Lily entra dans la chambre avec un grand verre et une fiole de potion.
— Tiens, j'ai fait ça en potion avancée. Ça devrait soigner son rhume dans la nuit.
Elle versa la potion dans le verre et me le tendit. Je le pris et l'avalai avec une grimace de dégoût.
— C'est dégueulasse...
Lily croisa les bras et reprit :
— Tu imagines bien qu'on ne donne pas bon goût à ce genre de potion. Sinon tout le monde l'utiliserait au moindre bobo. Allez maintenant, au lit !
Je la regardai en rigolant.
— Oui, maman...
Je les entendis tous étouffer un rire et Kiara m'aida à m'allonger et me borda. Elle déposa un baiser sur mon front.
— Bonne nuit, Sirius.
— Reste avec moi...
— Non. Je te laisse aux bons soins de tes amis. Ça va aller, dors.
J'émis une sorte de gémissement avant de fermer les yeux. J'étais tellement fatigué.