Le langage des fleurs

Chapitre 4 : Cyclamen

1170 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/01/2022 13:19

Malefoy avait été agressé.

Ginny avait relayé l’information, avec une satisfaction évidente, à la table du petit déjeuner. En voyant les yeux de Harry s’assombrir, Hermione avait posé la main sur le bras de son ami, lui murmurant de se calmer.

Même s’il n’aimait pas Malefoy, Ron fit grossièrement taire sa soeur, agacé.

- Bon sang Ginny ! Tu as quel âge ? À quoi ça t’avance de t’en prendre à quelqu’un déjà à terre ?

Il y eut un lourd silence - Ron avait la voix qui portait lorsqu’il était agacé - mais ses paroles eurent un poids considérable puisqu’il était connu comme détestant le Serpentard. Harry lui avait envoyé un regard reconnaissant et un sourire soulagé, tandis que Ginny boudait et le fusillait du regard.

 

Hésitante, Hermione avait murmuré.

- Je suppose que ça durera encore longtemps, ce genre de choses ! À croire qu’ils ont la mémoire courte, et qu’ils oublient qu’il y a eu tant de morts à cause d’un enfant malheureux qui a voulu se venger…

Harry baissa la tête, soudain épuisé. Après avoir vaincu Voldemort, il avait été voir Luna et il lui avait demandé un service. Son amie avait souri, comme si elle savait exactement ce qu’il voulait lui demander et elle avait juste hoché la tête.

Il lui avait raconté toute l’histoire de Tom Jedusor. Sans fioritures, la vérité crue uniquement.

Il avait montré au monde magique le petit garçon malheureux, né d’une erreur de sa mère, rejeté par son géniteur avant même sa naissance, ne recevant jamais la moindre once d’amour sincère. Il avait été considéré comme une charge dès son premier souffle, alors qu’il se retrouvait à l’orphelinat Wool.

Harry avait montré qu’il avait eu de bonnes raisons de haïr les moldus - en rappelant qu’heureusement ils n’étaient pas tous mauvais. Qu’il aurait suffi que quelqu’un tende la main à ce garçon perdu pour le sortir de sa colère permanence, que le petit Tom puis le Tom adolescent avaient eu désespérément besoin d’attention.

Enfin, Harry avait accusé chaque sorcier d’avoir participé à la création de Voldemort, en manquant de compassion. Si quelqu’un avait juste aidé un enfant malheureux, le pire aurait pu être évité.

 

Complice, Luna lui avait souri et avait murmuré qu’il n’allait pas arranger sa côte de popularité. Harry avait haussé les épaules et décidé qu’il se moquait ou non d’être aimé tant que ses amis restaient près de lui.

En repensant à ce qu’il avait dit pour cet article, Harry sourit doucement à Hermione et décida de se souvenir qu’il aurait pu être réparti à Serpentard s’il n’avait pas eu autant de préjugés sur la maison à cause des déclarations innocentes de Ron. Son ami n’avait fait que répéter ce qu’il avait entendu toute son enfance après tout, et à onze ans, ils avaient été trop jeunes pour comprendre que la maison ne déterminait pas la personnalité du sorcier.

Un Serpentard ne serait pas forcément un ennemi ou un Mage noir, tout comme un Gryffondor ne serait pas toujours un héros sans peur…

 

Harry attendit le moment propice pour échapper à la compagnie de Ron et Hermione - il suffisait d’attendre simplement qu’ils soient pris d’une envie de se bécoter - pour rendre une petit visite à la Directrice de Poudlard. Il ne voulait pas vraiment qu’ils soient au courant de ce qu’il préparait, et il espéra qu’ils ne réagiraient pas trop mal…

 

L’idée qu’avait eu Harry était terriblement simple : forcer les élèves les plus âgés à travailler tous ensemble, sans prendre en compte la maison, pour combler les lacunes de certains, dont les notes avaient dramatiquement chuté l’année où les Mangemorts étaient dans Poudlard.

Il imaginait un genre de groupe d’études, rassemblement tout les élèves d’une même année pendant quelques heures par semaine.

Minerva McGinagall alla bien plus loin et Harry put afficher la même expression de surprise que ses camarades.

Elle avait trouvé l’idée de son élève pertinente, mais elle avait décidé d’apparier les élèves par deux. Bien évidemment, elle ne laissa pas le choix des binômes, persuadée que l’intérêt de la manoeuvre serait perdu puisque les adolescents iraient automatiquement avec leurs amis.

Ainsi, Hermione se trouva avec Blaise Zabini, Ron avec Théodore Nott, Lavande avec Pansy Parkinson, Neville avec Daphnée Greengrass, Dean avec Millicent Bullstrode et Seamus avec Adrian Pucey. Sans compter Harry avec Drago Malefoy.

Ils s’observèrent avec méfiance dans un premier temps, et Hermione roula des yeux avant d’aller voir directement son binôme pour lui demander comment il comptait s’organiser. Face à sa réaction, et à l’accueil plutôt amical de Zabini, les autres élèves - quelque soit leur maison - suivirent le mouvement.

Harry lança un coup d’oeil reconnaissant vers la table des professeurs, et Minerva hocha discrètement la tête, avec un petit sourire en coin.

 

Entamer la conversation avec Malefoy fut compliqué. Pas parce que le blond était réfractaire à l’idée, mais parce qu’il semblé vidé de toute combativité. Il se montra passif, laissant Harry décider de tout et acquiescer à tout ce qu’il pouvait dire, tête baissée, bien loin de sa personnalité d’autrefois.

Harry échangea un regard lourd de sens avec ses amis. Même s’ils ne regrettaient pas la personnalité arrogante et prétentieuse du Serpentard, ce Malefoy apathique et brisé était la preuve que la guerre avait laissé des traumatismes profonds.

Quelques jours plus tard, Malefoy reçut un joli cyclamen en pot, d’un mauve vibrant.

S’il avait regardé les deux premiers bouquets avec intérêt mais sans montrer de réaction évidente, l’arrivée de celui-ci lui causa visiblement un choc. Le pot entre les mains, il regardait fixement la fleur, les yeux plus brillants qu’à son habitude. Pansy le secoua et lui murmura quelques mots, auxquels il acquiesça mais il ne parvint pas à quitter la plante des yeux.

A la table des Gryffondor, Hermione observait la scène avec un léger sourire. Ron gonfla les joues avant de soupirer.

- Si avec ça Malefoy ne reprend pas du poil de la bête… D’ailleurs c’est quoi comme fleur ?

L’air absent, Neville - qui observait aussi la scène - répondit.

- Un cyclamen. Ça signifie “en toute confiance”.

Harry hocha la tête, les yeux brillants.

- Visiblement ça signifie que quelqu’un est prêt à oublier le passé.

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