Le langage des fleurs

Chapitre 8 : Acanthe

1433 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/01/2022 16:29

Il était évident que Ginny n’allait pas en rester là, après que Harry l’ait humiliée en public. Elle l’avait coincé dans le hall, dès le matin, pour exiger des explications.

Un peu mal à l’aise de l’endroit exposé dans lequel ils étaient - il suffisait qu’un groupe passe par là pour qu’ils se donnent en spectacle - Harry essaya de l’esquiver. Mais Ginny était décidée à la confrontation et elle ne chercha même pas à baisser le ton de sa voix quand elle commença à crier.

- À quoi tu joues Harry ? Je croyais que nous étions liés ?

Le brun fronça les sourcils, perplexe. Il commençait déjà à sentir les prémisses d’un mal de tête, et il n’avait vraiment pas envie de polémiquer. Il n’avait même pas envie de ménager la jeune fille, bien qu’elle ait tant compté pour lui à une époque.

- Ginny. Ton frère est mon meilleur ami et j’apprécie ta famille. Ça ne te donne pas le droit de te comporter comme une peste !

Il y eut un lourd silence puis Ginny se précipita vers lui avec un cri de rage, main levée avec l’envie évidente de le gifler. Harry stoppa sa main et la repoussa, les yeux assombris par la colère. Il grogna, agacé.

- Écoute moi bien Ginny. Ce n’est pas parce que je ne dis rien face à ton comportement ignoble que j’approuve. J’ai juste pensé que tu… gérais d’éventuels traumatismes de cette façon. Je pensais que tu redeviendrais la gentille gamine que Ron m’a présenté.

- Je ne suis pas une gamine !

L’interruption avait été brutale et le volume sonore de l’intervention de Ginny avait dû être entendue dans tout le château. Harry roula des yeux.

- Et bien si tu ne veux pas être traitée comme telle, cesse de te conduire comme une enfant jalouse et mauvaise ! Bon sang, tu es volontairement méchante, et mesquine ! Je ne pense pas que tu aies été élevée de cette façon !

Ginny grogna et croisa les bras sur sa poitrine. Elle lui lança, provocatrice, les yeux brillant de rage.

- Tu es peut être prêt à faire ami ami avec un enfoiré, mais tout le monde n’est pas un stupide idiot trop naïf comme toi !

Il y eut un hoquet choqué autour d’eux faisant prendre conscience à Harry qu’ils avaient un public. Cependant, il était bien trop en colère pour s’en soucier. Il se sentait trahi quelque part, que Ginny le voit de cette façon alors qu’elle continuait à lui courir après, et à espérer un avenir commun.

Il serra les poings, sentant sa magie pulser autour de lui.

- Un stupide idiot trop naïf hein ? C’est de cette façon que tu me vois ? Ça explique beaucoup de choses. Si j’étais aussi… naïf, je serais toujours à penser que tu es quelqu’un de bien Ginny. Je me serais peut être laissé convaincre que te fréquenter est une bonne idée. Mais crois-moi, il faudrait que je sois drogué à la potion d’amour pour te regarder de cette façon désormais.

Ginny hoqueta et recula d’un pas. Elle commença à pleurer - de colère, de chagrin peut être un peu - mais resta silencieuse, sous le choc de la colère de Harry.

- Ce n’est pas parce que je ne hurle pas sans arrêt que je suis aveugle. Et je crois être le mieux placé pour savoir qui mérite mon amitié ou mon pardon. Et crois moi, Ginny, tu n’en fais pas partie !

Il y eut un lourd silence, uniquement brisé par la respiration haletante de Harry. Il laissait enfin sortir toute la colère accumulée, contre Ginny et contre tous ceux qui se pensaient supérieur juste parce qu’ils n’avaient pris parti dans la guerre.

Il ricana et la pointa du doigt, ses yeux verts presque noirs.

- Tu ne vaux pas mieux que les autres Ginny. Que ceux qui se sont cachés en laissant un gamin gérer une guerre stupide qui durait depuis des décennies. Oh bien sûr tu t’es battue vaillamment, courageusement contrairement à d'autres. Mais tu n’as pas retenu la leçon. Tu aurais dû voir que c’était ce genre de réaction qui avait amené la mort et la désolation ! Tu aurais du voir que c’était les gens comme toi qui provoquent les conflits !

- C’est trop facile ! Parce que tu es un idéaliste il faudrait absoudre tous les péchés, Harry Potter ?

 

Harry laissa échapper un rire mauvais.

- Encore une fois tu ne comprends rien. Parfois, on n'a pas le choix. Parfois… on fait ce qu’on peut pour survivre. Le courage n’est pas toujours de se jeter baguette sortie au devant du danger. Parfois, le courage c’est juste s’opposer à sa famille, à ses parents. Ou tourner le dos à son éducation. Ça semble si peu… et pourtant ça permet de changer le cours d’une guerre.

Ginny allait répondre, mais Ron arriva et lui agrippa le bras en sifflant furieusement.

- Cesse de te donner en spectacle !

Harry vacilla brièvement, mais il ne regrettait rien de ce qu’il avait pu dire sous le coup de la colère. Ça devait sortir un jour où l’autre et si le public qu’ils avaient eu comprenait son point de vue, peut être que le monde magique serait un peu plus paisible.

Hermione posa une main légère sur son épaule et lui parla doucement.

- Harry ? Tu vas bien ?

Il soupira, et secoua la tête, s’obligeant à enfermer sa colère profondément en lui. Il grimaça et baissa la tête.

- A quel point Ron est furieux contre moi ?

Hermione gloussa et l’enlaça rapidement.

- Ne sois pas idiot. Il est furieux après Ginny. Elle… dépasse les bornes ces derniers temps. Il aurait préféré que ça se règle un peu plus en privé mais…

Harry grimaça une fois encore.

- J’ai manqué le petit déjeuner je suppose ?

- Non. Tu n’as même pas manqué le courrier.

Le jeune homme suivit Hermione dans la Grande Salle, en marmonnant à propos des harpies qui attaquaient dès le matin.

Il s’installa à la table Gryffondor avec un soupir, et surprit Dean et Seamus en train de parier.

Levant un sourcil perplexe, il les fixa suspicieusement. Seamus gloussa, et lui adressa un clin d’oeil.

- Tu veux parier aussi Harry ? Dean parie que Malefoy va recevoir des fleurs aujourd’hui. Moi je suis certain que ce sera demain…

Ron arriva et se laissa tomber près d’Hermione en grognant.

- Au lieu d’évidences, vous feriez mieux de parier sur la prochaine fleur qu’il aura. Quelqu’un semble très attaché à la fouine…

 

Il y eut quelques rires, vite interrompus par le ballet des hiboux. Comme la majorité des élèves de la Grande Salle, tout le monde avait les yeux fixés vers les rapaces, cherchant un bouquet de fleurs.

Malefoy semblait mal à l’aise, prêt à fuir la Grande Salle, mais Pansy le retint d’une poigne de fer, lui montrant un grand-duc portant un bouquet volumineux.

Il réceptionna le présent, son expression résignée se transformant en choc alors qu’il découvrait les branches au feuilles vertes brillantes et les fleurs en épis pourpres et blanches.

Neville siffla entre ses dents visiblement admiratif et Lavande se pencha vers lui, avide d’en savoir plus.

Prenant conscience que tous ses camarades - même Hermione - attendaient ses explications, Neville sourit.

- Des branches d’acanthe.

Hermione l’interrompit, sourcils froncés.

- La plante dont les feuilles sont utilisées en décoration en architecture ?

Neville eut un léger rire.

- Oui. L’une des signification de cette plante est l’amour de l’art. Mais en l’occurrence, je penche plutôt pour la seconde signification.

Le jeune homme fixa ses camarades un par un, visiblement fier de son petit effet, puis il murmura, doucement.

- L’acanthe signifie “Rien ne pourra nous séparer”. C’est le symbole d’un lien éternel…

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