Le langage des fleurs

Chapitre 11 : épilogue : Camélia

Chapitre final

1517 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/01/2022 21:27

Il avait rendez-vous. 

C’était la seule chose que Drago Malefoy arrivait à penser, et même s’il essayait de ne pas afficher un sourire niais, ses yeux brillaient assez pour traduire son impatience.

Il avait rendez-vous, mais il n’y avait ni lieu, ni heure. Cependant, Drago n’avait pas besoin de tout ça. Il avait compris, il espérait avoir compris plus exactement. Il espérait ne pas se tromper, et il comptait bien se rendre au rendez-vous qu’il imaginait être le plus logique sans se tromper.

Il savait que ce serait le lieu d’un souvenir agréable et certainement pas une réminiscence de la guerre ou de ses erreurs. Il avait hâte que les cours se terminent pour voir s’il avait eu raison de recommencer à espérer à l’impossible.


Malgré lui, un rictus moqueur apparut sur ses lèvres quand Pansy le fusilla du regard. À l’instant où elle avait compris le message transmis par le superbe bouquet d’hibiscus, elle avait été intenable, l’interrogeant sans relâche, voulant tout savoir de ce rendez-vous mystérieux. Mais il était resté muet pour sa plus grande frustration.

Si le bouquet de roses rouges l’avait mis dans tous ses états la veille, il avait l’impression d’être dans un rêve en cet instant. Il n’imaginait même pas que ce puisse être un piège ou une mauvaise blague. Personne n’irait aussi loin pour l’humilier, pas après toutes ces semaines à envoyer des messages floraux de plus en plus précis. De plus en plus personnels.

L’oeillet l’avait fait douter, l’azalée lui avait permis de penser à une seule personne capable de ce genre de choses. Mais l’acanthe avait été ce qui lui avait révélé l’identité de la personne qui s’intéressait à lui. Sans le moindre doute.

Il avait hésité à y croire, mais au final, il n’avait pas été si surpris. Comme l’acanthe le signifiait, ils étaient liés. 

 

 


À la fin des cours, il quitta lentement le château, frissonnant lorsque le vent froid ébouriffa ses cheveux. Parce qu’il avait le coeur empli d’espoir, parce qu’il voulait continuer à rêver, il avait agrafé une fleur de camélia à son pull, une déclaration d’amour éternel. 

Il dépassa les serres tranquillement, sans y jeter un regard, les yeux dans le vague, plongé dans ses souvenirs. Ses meilleurs souvenirs de Poudlard.

Finalement, il arriva à l’endroit qui symbolisait tant.


Le terrain de Quidditch. 

Il ferma un instant les yeux, se souvenant de l’excitation de ses premiers matches. Son bonheur de voler, de faire partie de l’équipe. 

Puis, il essaya de chasser la peur de s’être trompé et il ouvrit les yeux, regardant autour de lui.

Au beau milieu du terrain, il y avait quelqu’un. Une silhouette solitaire qui attendait, lui tournant le dos, main dans les poches. 

Quelque chose se libéra en lui, alors qu’il identifiait enfin réellement la personne qui avait fait tout ça pour lui. La personne qui avait eu le courage de se déclarer publiquement. De faire oublier à tous ses erreurs.

Il avança, à pas lents, devant se faire violence pour ne pas courir. Son coeur battait à tout rompre, au point qu’il craignait de s’évanouir avant d’arriver au quart du terrain…

 

Et puis, comme dans un rêve, ils furent face à face. S’observant, comme souvent. Il n’y eut pas un mot échangé, parce qu’à la seconde où la personne qui lui avait avoué son amour découvrit le camélia sur lui, il l’enlaça fermement sans la moindre hésitation, un large sourire heureux sur le visage et les yeux brillants.

Le nez dans son cou, Drago se mit à rire alors que des larmes - de joie, de soulagement, il ne savait pas exactement - coulaient sur ses joues.

 - Bien sûr que c’était toi depuis le début. Il n’y avait que toi pour faire ça !

Un rire malicieux lui répondit et il se serra un peu plus contre lui, heureux. La guerre, ses fautes, les morts… tout était oublié en cet instant précieux, alors qu’il se gorgeait de cette étreinte pleine de promesse.

Il osa demander, curieux.

 - Comment tu savais la signification des fleurs ? Tu avais l’air de ne rien y connaître pourtant !

La personne face à lui sourit malicieusement, faisant briller ses yeux comme des joyaux. Puis, elle murmura.

 - Je vais te confier un secret. Ma tante n’aime pas la magie, mais elle a un jour… emprunté un livre à ma mère. Un livre sur le langage des fleurs. Ma tante adore les fleurs plus que tout, et j’ai dû lire ce livre un million de fois quand je m’ennuyais sans savoir qu’il provenait du monde magique.

 - Et tu as joué les idiots pour brouiller les pistes n’est-ce-pas ?

 - Bien évidemment. C’était plus… spectaculaire de cette façon ! Et puis… si je m’étais déclaré directement, tu aurais refusé de m’écouter et de me croire. Tu aurais pensé que je n’étais pas sincère. Que c’était un piège ou de la pitié.


Drago ne répondit pas, incapable de s’écarter du corps chaud qui le tenait bien serré, avide de cette affection qui lui avait tant manqué. Malicieux, il ne put s’empêcher de commenter.

 - C’est extrêmement Serpentard comme façon de faire, ça…

Un rire moqueur lui répondit et son admirateur souffla à son oreille, le faisant frissonner d’anticipation.

 - Je vais te confier un autre secret. J’ai failli être réparti dans ta maison… J’ai juste supplié le choixpeau de ne pas y aller parce que tu venais de me faire mauvaise impression en insultant mon premier ami…


Drago le regarda et découvrit effaré qu’il était totalement sérieux. Mais avant qu’il ne puisse faire un commentaire, des lèvres chaudes se posèrent sur les siennes, en un baiser maladroit. 

Le jeune homme gémit doucement et agrippa la nuque de son compagnon, se laissant aller, se perdant dans un tourbillon de sentiments, le coeur battant comme jamais.

Quand ils se séparèrent, à bout de souffle et les lèvres rougies, ils restèrent collés l’un à l’autre, souriant tous les deux. Drago eut un petit sourire amusé.

 - Harry Potter à Serpentard ? Personne ne croira ça !

 - Mais toi tu me crois ?

 - Je te crois capable de tout, même de l’impossible…

Harry leva la main et caressa la joue de Drago avec douceur. Puis, il pointa du doigt la fleur de camélia écrasée entre eux.

 - Tu connais sa signification n’est-ce-pas ? Ce n’est pas un hasard ?

Drago eut un rictus moqueur, mais ses yeux brillaient.

 - Tu n’es pas le seul à lire les livres parlant du langage des fleurs. Ma mère… elle aime beaucoup les fleurs et nous avons toute une série de livres sur le sujet au Manoir. 

Harry gloussa, et le serra contre lui, visiblement ému. Ce fut Drago qui initia leur second baiser, d’abord hésitant, puis se perdant lentement dans leur échange. Collé à Harry, il avait l’impression de pouvoir se fondre en lui, parce qu’il ne s’était jamais senti aussi en sécurité que dans ses bras. 

Ils parlèrent peu, restant juste enlacés, échangeant de sages baisers, murmurant quelques confidences. Après tout, ils étaient liés et ils se connaissaient. Ils n’avaient pas besoin de revenir sur le passé pour savoir que leur avenir serait commun.

Lorsque la nuit tomba et que la fraîcheur s’installa, Harry s’écarta légèrement avec regrets. Il sourit à Drago, les yeux brillants.

 - Nous devrions rentrer.

Drago hésita un bref instant avant de remarquer la main tendue en toute confiance. Il hoqueta stupéfait.

 - Ensemble ?

Il reçut un clin d’oeil amusé.

 - Je n’ai pas honte de t’aimer Drago Malefoy. Que ce soit maintenant face à nos camarades ou dans quelques mois dans le monde magique.

Dans un rire mêlé de larmes, Drago se jeta à son cou pour le serrer contre lui, avant d’enlacer leurs doigts tendrement en le fixant des yeux. 

 Il se sentit soudain plus fort, capable d’affronter les ombres du passé et de prouver qu’il était prêt à expier ses erreurs pour prouver qu’il n’était pas quelqu’un de mauvais. Le sourire d’Harry l’aida à avancer vers la lumière du château, où toute la Grande Salle devait attendre leur arrivée. 

Ensemble, ils avancèrent vers leur futur, le coeur en fête.

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