L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles
Le soleil n'était pas encore levé lorsque Drago se réveilla. Il mit quelques temps à se rappeler où il se trouvait. La respiration d'Hermione était régulière et profonde, encore endormie. Il soupira et s'écarta de la jeune femme, à regret. Depuis la guerre et depuis la prison, Drago ne dormait jamais assez, sans cesse réveillé par des souvenirs, ou des bouffées d'angoisse. Cela était devenu son quotidien et il savait qu'il ne servait à rien de rester plus longtemps couché. Il se résigna donc à se lever, et s'habilla sans faire un bruit. Il chercha doucement de quoi écrire sur le bureau d'Hermione et griffonna quelques mots sur un morceau de parchemin qu'il déposa sur la table de nuit. Il posa une dernière fois le regard sur la jeune femme, éclairée uniquement par les reflets de la lune et des réverbères dans la rue, puis regagna son appartement, le sourire aux lèvres.
Après une douche et un café, il se mit au travail et commença à répondre à tous ses mails en attente. Quelques heures plus tard, le jour glacial enfin levé sur Londres, un magnifique hibou gratta à sa fenêtre. Une lettre de sa mère... Il la déposa sans l'ouvrir sur son bureau, voulant profiter de sa bonne humeur encore un peu. Profitant d'une petite pause, il décida de proposer à Blaise de venir quelques heures dans l'après midi, et se replongea dans le travail, pour l'école cette fois ci.
- Que me vaut cette invitation ? demanda Blaise en entrant sans toquer chez son ami, quelques heures plus tard.
Drago soupira et ils s'installèrent dans le salon. Le blond passa plusieurs fois la main dans ses cheveux, mal à l'aise et leur servit des verres de Whisky Pur Feu. Blaise haussa un sourcil.
- Il est encore tôt, même si je ne vais pas refuser, mais tu m'inquiètes vieux …
- Ça va. Je suis un peu... Je ne sais pas ce que je fous.
- Avec Granger ? s'amusa le brun.
- Avec Granger, avec la pression que me fout ma mère, …
- Si tu n'es pas un poil plus précis, je ne vais pas pouvoir faire grand chose pour t'aider.
Drago soupira, dépité.
- Ça fait deux jours, deux jours que j'ai eu Granger dans mon lit. Juste deux. Et c'est... c'est vraiment bien Blaise... lâcha-t-il en buvant une gorgée pour se donner une contenance.
- Alors elle n'est pas si coincée que ça ? s'esclaffa son ami.
- Je ne parle pas de ça... enfin si, un peu, et effectivement c'est vraiment bien aussi dans ce domaine, mais je te parle de … Oh et puis merde, se ferma Drago, devant l'air hilare de son ancien camarade.
- Bon ok, ok, je peux être sérieux, se reprit-il, retenant un rire.
Drago le fusilla du regard, attendant qu'il se calme, avant de reprendre.
- C'est juste que ça semble tellement naturel... Je n'ai jamais eu de vraie relation, pas eu le temps, pas eu de moment pour ça non plus, tu le sais bien. Et je n'en avais pas non plus vraiment envie. Mais avec Granger c'est juste... normal. Je ne sais pas comment expliquer, et j'ai l'impression d'être un ado de 15 ans, mais je crois vraiment que ça pourrait donner quelque chose de bien... expliqua-t-il, mal à l'aise.
- Et quel est le problème dans ce cas ?
- Tu le sais très bien, tu es un Sang Pur , comme moi, tu fais partie de l'aristocratie, comme moi...
- Personne ne te demande de voir si loin, tu ne sais même pas comment cette relation va évoluer, et tu vois déjà les problèmes si jamais tout ça fonctionnait...
- Je suis obligé, je n'ai pas envie de me planter avec elle... répondit le blond.
- Mmh... Dans ce cas, tu sais très bien que tout ce petit monde d'aristocrates racistes vous radieront de leurs événements, et d'ailleurs, je te ferais remarquer que ta mère fait tout pour démentir les rumeurs vous concernant.
- Je me fous de ce qu'elle peut faire, ragea Drago.
- D'une part, ce n'est pas vrai, tu ne te fous pas de ta mère , et d'autre part, tu sais pertinemment qu'elle serait impactée aussi par tes choix. Si tu décides de réellement t'engager avec Granger...Ta mère aussi sera radiée de toutes ses associations et événements de la haute société. Votre nom serait bafoué , etc … je ne t'apprends rien.
Drago posa ses coudes sur ses genoux et baissa la tête, conscient de tout ce que venait de lui dire Blaise.
- Je n'ai aucune idée de ce que je dois faire Blaise. Renoncer à ma réputation, j'ai déjà commencé à m'y faire, même si beaucoup ne savent pas que je travaille aussi avec le monde moldu... Mais ma mère... Elle vient de sortir de prison, a du mal à retrouver ses repères... Sauf que Granger n'a rien à voir là dedans. Je suis vraiment bien quand je la vois... Tu vois, c'est sans fin...
- Prend le temps d'y réfléchir. Attend de voir ce que ta relation avec Granger devient avant de prendre une décision, c'est le seul conseil que je peux te donner. Maintenant, raconte moi donc quelques détails croustillants sur Miss Granger, ajouta Blaise, un sourire moqueur sur son visage.
Une fois Blaise raccompagné dehors, Drago se remit au travail, et se plongea dans ses lectures et prises de notes, ne voyant pas que le soleil se couchait déjà.
Quelqu'un toquait à la porte, ce qui lui fit relever la figure des ouvrages dans lesquels il était plongé. Il n'attendait personne. Il ouvrit la porte et fut surpris de trouver derrière la porte Hermione, resplendissante avec son bonnet et ses cheveux lâchés. Son manteau ouvert laissait apparaître le tee-shirt qu'il lui avait offert.
- Qu'est ce que tu fais là ? lui dit-il doucement en lui servant son sourire en coin.
Elle haussa les épaules, lui fit un petit sourire et entra chez lui. Il referma la porta en la suivant des yeux, se passant la main dans les cheveux. Au lieu de lui prendre son manteau, il enfila une veste et tendit sa main à la jeune femme qui la prit. Il la guida vers sa terrasse... qui était en fait le toit de l'immeuble.
- Tu ne m'avais pas fait visiter cet endroit ! s'exclama-t-elle, ravie devant les aménagements de la terrasse.
Pour toute réponse, il sourit et sortit une cigarette de sa poche qu'il porta à sa bouche. Hermione le détailla lorsqu'il l'alluma et tira sa première bouffée. Elle ne comprenait ni comment ni pourquoi, mais ce geste lui provoquait des frissons. Elle le désirait à cet instant. Drago s'adossa sur le garde corps en fumant, et Hermione le rejoignit, enchantée et émerveillée de ce qu'elle voyait.
- Mais on voit presque tout Londres d'ici ! Les lumières... c'est magnifique !
Il la regarda et lui remit une mèche de cheveux derrière son oreille, puis l'embrassa tendrement. La jeune femme fut surprise de ce geste, et touchée à la fois. Elle s'adossa elle aussi sur la barrière et Drago passa son bras sur son épaule, tirant sur sa cigarette. Ils ne parlèrent pas, n'en ressentant pas le besoin, puis ils rentrèrent doucement dans l'appartement.
Une fois que Drago eut prit leurs manteaux, et le bonnet d'Hermione, ils se regardèrent en souriant, ne sachant que faire.
- Tu as mangé ?
- Non... répondit Hermione. Mais tu n'es pas obligé de faire quoique ce soit, je ne suis pas venue pour ça...
- Je vais me sentir offensé Granger, tu es venue uniquement pour mon corps ! s'amusa Drago, l'air faussement outré.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire !
- Allez, viens, tu pourras nous servir quelque chose à boire, je m'occupe de la cuisine évidemment.
Hermione souriait d'aise. Le repas était divin, et ils conversaient le plus naturellement du monde. Ils s'installèrent dans le salon, tous les deux sur le canapé.
- Oh ! Je t'avais dit que je te montrerai comment mettre les CDs, tu sais, ton cadeau de Noël !
- C'est vrai. Je les ai rangé à coté, dit-il en s'approchant de la sono, le jeune femme à ses cotés.
Elle prit sans hésitation la compilation de Queen et montra chaque étape au blond, qui l'écoutait attentivement. Elle sourit lorsque la musique parvint enfin à ses oreilles, et remua doucement la tête au rythme de la mélodie. Il sourit et l'attira vers lui sur le canapé.
- J'ai vraiment passé une très bonne soirée, révéla Hermione, quelques verres plus tard, sa tête reposant sur l'épaule de Malefoy.
- Parce que tu crois qu'elle est finie Granger ? lui répondit Drago, un sourcil levé et son célèbre sourire en coin sur le visage.
La jeune femme sourit, complètement détendue. Enhardie par l'alcool et par le désir, elle se releva et s'installa à califourchon sur le jeune homme, qui attrapa sa bouche rapidement. Leur baiser se fit de plus en plus passionné tandis que leurs respirations accélérèrent. Oubliant la notion du temps, leurs corps se mêlèrent et ils se perdirent l'un en l'autre.
Hermione avait l'impression de vivre un rêve. Une fois leurs ébats terminés sur le canapé, Drago la guida jusqu'à sa chambre, et ils se donnèrent du plaisir une fois encore. Rien ne semblait les rassasier, leur désir revenait sans cesse.
Au matin, Hermione se réveilla, collée à Drago. Le jeune homme avait une tasse de café sur sa table de nuit et son ordinateur sur les genoux.
- Oh, tu es réveillée Granger, désolé pour … ça, dit-il en désignant son ordinateur. Mais je ne dors jamais très tard...
Il écarta l'ordinateur et embrassa Hermione, en faisant passer lentement ses mains sur son corps.
- Non, Malefoy, je dois vraiment prendre une douche ! s'amusa-t-elle, voyant venir le jeune homme.
- Ou mieux, un bain !
- J'avais complètement oublié ! Non mais je peux rentrer chez moi, de toute façon, je n'ai pas mes affaires, et il faut que je travaille pour l'école...
Il la coupa d'un baiser.
- Je te propose d'aller chercher tes affaires pour prendre un bain, et de prendre également tes affaires pour l'école, on peut tous les deux travailler dans mon appartement, et faire quelques petites pauses... sourit-il en l'embrassant passionnément.
Hermione dut faire appel à toute sa volonté pour s'écarter en souriant. Elle se rhabilla rapidement et lui dit qu'elle revenait très vite. Elle sortit de l'appartement et transplana aussitôt devant la porte du sien. Malefoy, tout comme elle, avait installé des sortilèges pour que personne ne puisse transplaner directement dans son appartement. Les réflexes de la guerre n'étaient pas faciles à oublier. Elle se précipita pour prendre toutes les affaires dont elle aurait besoin, un grand sourire aux lèvres et transplana de nouveau chez le jeune homme.
- Je t'ai fait du thé, dit-il en l'accueillant dans sa cuisine, une tasse à la main.
Dans un élan de spontanéité, Hermione s'approcha de lui et l'embrassa, ce qui sembla le surprendre.
- Merci, murmura-t-elle en portant la tasse à ses lèvres.
Les deux jeunes gens restèrent sans un mot dans la cuisine, Hermione assise sur une chaise haute, sirotant son thé au bar, tandis que Drago continuait de répondre à ses mails, concentré. C'était comme s'ils avaient cette habitude. Comme s'ils vivaient ensemble depuis des années. Tout était tellement naturel !
- Je vais me laver, annonça la jeune femme, pour stopper le flot de ses pensées.
Une fois dans la baignoire gigantesque, Hermione se détendit à nouveau. Elle se surprit à rire seule. Elle était dans la baignoire de Drago Malefoy, avec qui elle couchait depuis quelques jours. Cela était tellement incroyable et ridicule. Elle décida de profiter de cette journée, et se prélassa un long moment.
Enroulée dans une serviette, elle ouvrit la porte de la salle de bain, pour rejoindre Drago vêtue de cette manière. Elle ne doutait pas que cela l'amuserait et, honnête avec elle-même, elle avait aussi une petite idée derrière la tête.
Mais lorsqu'elle se rapprocha de la cuisine, toujours dans le couloir, elle entendit des éclats de voix et se stoppa, mal à l'aise mais ne put s'empêcher d'écouter.
- Je n'ai pas envie de vous voir Mère, ma désertion à Noël me semblait pourtant clair !
- C'était d'ailleurs tout à fait impoli, répondit sèchement ce qui semblait être Narcissa Malefoy aux oreilles d'Hermione. Je ne comprends pas ton comportement, et je souhaiterai que tu reprennes tes esprits afin que je puisse commencer les préparatifs.
- Je refuse d'entendre ces conneries ! s'énerva Drago.
- Je te prie de surveiller ton langage.
- Je m'en fous Mère ! Vous ne comprenez visiblement pas ! Je me fous de ces engagements !
Hermione s'interrogea sur ces propos mais recula de quelques pas, remarquant que les voix des Malefoy se rapprochaient.
- Ton mariage avec Astoria est prévu depuis des années ! Tu n'as pas le choix, tu dois respecter ce qui était convenu, tu te dois de respecter la tradition, répliqua d'un ton sec Narcissa.
Hermione fut trop choquée d'entendre cette révélation qu'elle ne parvint pas à bouger, alors même que les pas de Drago se rapprochaient d'elle. Elle se trouva nez à nez avec lui, qui s'arrêta net, surpris de la trouver là, vêtue uniquement d'une serviette de bain très courte. Il passa la main sur son visage, attendant l'explosion de sa mère qui le suivait.
Hermione ne vit que son visage outré par cette scène. Narcissa ne parvint pas tout de suite à trouver ses mots. Elle glissa ses yeux sur la jeune femme et reconnut Hermione. Elle hoqueta et passa son regard de son fils, tête baissée, à la jeune femme, rouge de honte, tentant de se cacher comme elle pouvait dans sa serviette.
- Explique moi Drago, ce que fait Miss Granger ainsi vêtue dans ton appartement, alors que tu es fiancé à Astoria Greengrasse ? arriva-t-elle à articuler, ravalant sa fureur.
Les appréhensions d'Hermione se trouvèrent confirmées en entendant ces propos. Elle leva le visage vers Drago, dépitée et déçue. Pourquoi ne lui avait-il rien dit !?
- Sortez de chez moi, Mère, répondit très calmement Drago, se contrôlant du mieux qu'il put.
- Je te demande pardon !? Tu vas me mettre, moi, ta mère, dehors !? Comment peux tu déshonorer notre nom avec … avec cette... buta Narcissa, ulcérée.
Drago n'y tint plus et sa colère explosa.
- Cette quoi Mère ? Cette quoi !? DITES LE !
Visiblement outrée du comportement de son fils, Narcissa préféra partir la tête haute, en jetant un dernier regard dédaigneux à Hermione.
Drago attendit d'entendre la porte claquer avant de lancer son poing de toutes ses forces sur le mur du couloir. La jeune femme n'osa pas bouger ni dire un mot pendant quelques secondes, mais voyant qu'il restait figé, elle retourna discrètement dans la salle de bain se rhabiller.
Fiancé... se dit-elle. Fiancé à Astoria Greengrass. Il ne lui avait rien dit.
Rassemblant ses affaires, la jeune femme, complètement perdue, se rendit dans le salon récupérer ses livres, les larmes aux yeux, trahie.
- Qu'est ce que tu fais ? dit Drago derrière elle, beaucoup trop calmement.
- Je dois rentrer chez moi... trouva-t-elle le courage de dire, larmoyante. Tu es fiancé, Malefoy, et tu n'as pas trouvé le temps de m'en avertir visiblement, ajouta-t-elle, déçue.
Ses larmes coulaient sur ses joues tandis qu'elle récupérait son sac. Elle sentit le regard de Drago sur elle, sa colère, et l'entendit soupirer et s'éloigner dans l'appartement. Une porte claqua, et Hermione ne se retint plus de pleurer et regagna son appartement, effondrée.