Sauvetage imprévu

Chapitre 1 : Premier contact

1255 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/03/2022 12:11


Comme chaque année, Narcissa Malefoy sortit de son manoir seule, pour une expédition devenue habituelle. En passant la porte, elle leva la tête vers le ciel, et plissa le nez, espérant qu’elle ne serait pas surprise par la pluie.

En ce début décembre, les températures étaient encore trop douces pour craindre l’arrivée de la neige, mais elle ne tenait pas à rentrer trempée. Finalement décidée, elle sortit à grands pas et passa les grilles sans hésiter. Elle se retourna un bref instant pour faire un signe de la main à son fils. Elle se doutait qu’il l’observait derrière les grandes fenêtres du salon, inquiet de la voir partir.

Le petit garçon de cinq ans, vêtu d’un adorable pull beige mettant en valeur sa peau pâle et le gris délicat de ses yeux, eut un large sourire lumineux et lui répondit en retour. Avec ses cheveux blonds en désordre et ses joues potelées bien rouges, il était magnifique et son cœur de mère se gonfla de fierté.


Narcissa s’autorisa un bref instant à contempler son fils si parfait, et sourit avant de partir à grands pas. Plus vite sa mission serait achevée, plus vite elle pourrait rentrer profiter de son fils adoré.



Comme chaque année, Narcissa eut un instant d’hésitation avant d’entrer dans le monde moldu. Elle n’aimait pas vraiment y aller, trouvant les moldus détestables. Cependant, s’ils étaient inférieurs aux sorciers pour bien des choses de son avis personnel, il y avait une chose où ils excellaient : il n’y avait que les moldus pour produire le plus fin champagne qui soit. Et chez les Malefoy, au repas de Noël, seul le meilleur du meilleur était servi.


En arrivant dans la rue où se tenait la cave où elle se fournissait habituellement, elle bouscula accidentellement un jeune enfant.


S’il s’était agi d’un adulte, elle l’aurait regardé avec mépris, mais en voyant que le garçon était tout petit, probablement de l’âge de son fils, son visage s’adoucit malgré elle et elle se baissa pour l’observer.

Narcissa plissa soudain les yeux en constatant la maigreur affolante du garçon, ses vêtements sales et troués, bien trop grands. Il n’avait pas de manteau et il grelottait tout en essayant de le dissimuler.


Lorsqu’il vit que Narcissa l’observait ainsi, il eut un mouvement de recul, levant son petit bras comme pour se protéger. Horrifiée, la sorcière constata les hématomes sur le minuscule poignet, et comprit que le petit garçon était probablement maltraité.


Leurs yeux se croisèrent, et le gamin sembla figé par la peur, incapable de bouger. Elle lui sourit, doucement, se moquant bien d’être accroupie dans une rue moldue devant un enfant inconnu. Quelque chose l’avait fait s’intéresser à ce petit garçon. Peut-être parce qu’il était de l’âge de son propre fils. Ou peut-être parce que malgré son état déplorable, le garçon avait un air décidé sur le visage, une expression de rébellion dans ses yeux clairs.


Sans faire de gestes brusques — plus tard, elle se dirait qu’elle avait agi de la même façon que son époux qui essayait d’approcher un étalon sauvage — elle glissa sa main gantée dans sa poche, et fouilla doucement, en tirant une friandise, qu’elle gardait toujours pour son fils. Elle la tendit au petit, lui montrant le chocolat.


Au lieu de se jeter dessus, comme l’aurait fait n’importe quel enfant affamé — le gosse était si maigre qu’il ne devait pas manger à sa faim tous les jours —, une lueur de crainte passa dans ses yeux. Il regarda autour de lui, comme s’il s’assurait que personne d’autre dans la rue ne faisait attention à eux.

Elle lui sourit, et murmura, avec douceur — le ton qu’elle réservait habituellement à son fils.

   — Ça sera notre secret, tu veux bien ?


De nouveau, il sembla avoir peur, mais l’envie commença à apparaître sur son visage. Il était si petit si maigre… Narcissa sortit doucement sa baguette, et elle lui fit un clin d’œil complice.

   — Ça, c’est mon secret, d’accord ? Tu ne diras rien ?

Méfiant, le gosse hocha doucement la tête, l’observant avec curiosité. Narcissa murmura un sort « Ne me remarque pas » et sourit plus largement.

   — Maintenant, jeune homme, personne ne peut te voir. Je te le promets. Regarde…

Elle secoua la main au passage d’une moldue qui resta totalement impassible, n’ayant pas vu Narcissa grâce à la magie. Le gosse écarquilla les yeux, et agita à son tour sa petite main devant un gros moldu rougeaud, engoncé dans une parka vert pomme. Lorsqu’il constata que l’homme ne réagissait pas, il eut un léger sourire, et lança son premier regard de vraie envie vers la friandise.


Elle resta immobile, et il finit par prendre le chocolat. Hésitant, comme s’il craignait finalement une réprimande ou une plaisanterie cruelle de cette femme étrange. Elle hocha doucement la tête, restant immobile, regardant rapidement autour d’eux discrètement pour s’assurer que personne ne cherchait l’enfant.

Il porta le chocolat à sa bouche, tout doucement, et lorsqu’il goûta la douceur, il ferma les yeux. Visiblement, c’était la première fois qu’il avait droit au chocolat, et il aimait ça.


Il mangea rapidement, les yeux brillants, et offrit un large sourire à la femme. Voyant une petite trace de chocolat, elle sortit un mouchoir de sa poche et tendit la main pour lui essuyer la bouche, mais il eut un autre mouvement de recul. Essayant de ne pas perdre son calme face à un enfant visiblement malmené, elle murmura.

   — Tu as une trace sur la joue. Si tu veux que ça reste secret, je dois l’enlever.


Le gamin acquiesça brusquement et se tendit, fermant les yeux, s’attendant visiblement à être bousculé. Elle le nettoya avec douceur, et soupira.

   — Voilà. C’est terminé.


Une ride de perplexité barrant son petit front, le gamin l’observa pensivement, comme s’il ne comprenait pas cette femme étrange. Narcissa se redressa légèrement, et lui fit un clin d’œil complice avant de lui lancer un sort de chaleur qu’il garderait au moins jusqu’au soir. Puis, elle dissipa le « Ne me remarque pas ».

   — Où sont tes parents ?


Il cligna des yeux, restant silencieux. Narcissa savait qu’il comprenait parfaitement, compte tenu de ses réactions, mais il n’avait jamais prononcé le moindre mot. Elle frissonna soudain, alors qu’une pensée dérangeante s’infiltrait en elle. Le jeune garçon agissait comme si quelqu’un cherchait à le faire disparaître.


Effarée, elle se redressa, décidant soudain de le prendre avec elle. De l’emmener loin de cet endroit, pour lui trouver un foyer heureux. Moldu ou sorcier, un enfant ne devrait jamais être maltraité.

Cependant, à l’instant où elle allait poser la main sur son épaule, elle entendit un cri furieux, un « Garçon ! » tonitruant et plein de colère et le gamin détala comme s’il avait le diable aux trousses.

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