Sauvetage imprévu

Chapitre 2 : Décision importante

1222 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/03/2022 12:13

Au lieu de la course rapide qu’elle avait planifié, Narcissa passa un long moment à arpenter la rue moldue, cherchant l’enfant. Cependant, comme le soir tombait, elle comprit qu’il était déjà loin, et son cœur se serra.

Sans même repenser au champagne, elle quitta les lieux pour transplaner depuis une ruelle déserte.


Lorsqu’elle arriva au manoir, elle attrapa son fils au vol alors qu’il se jetait contre elle, visiblement inquiet de son absence prolongée. Elle le câlina longuement, heureuse de le voir si bien portant et si heureux. Mais au fond de son esprit se superposait la silhouette de cet enfant inconnu, si maigre et si malheureux.



Une fois Drago couché et endormi, son mari leva un sourcil moqueur dans sa direction.

   — Quelque chose à me dire, Cissa, au sujet de tes activités de la journée ?

Elle eut un sourire amusé et lissa sa robe en laine sur son corps svelte.

   — Et bien… puisqu’on en parle, effectivement.


Avec une pointe de satisfaction, elle nota l’expression soudain crispée de Lucius, alors qu’il imaginait visiblement le pire. Elle prit son temps pour s’expliquer, buvant quelques gorgées de thé, se tamponnant la bouche, alors qu’elle sentait la patience de son époux s’effriter.


Si son humeur n’avait pas été si sombre, emplie d’inquiétude pour un petit inconnu, elle aurait probablement attisé la jalousie de son mari, en se montrant joueuse, le provoquant avec plaisir. Mais elle n’était pas d’humeur à plaisanter alors qu’en cet instant, le pauvre enfant était probablement rudoyé.


Elle murmura, tristement.

   — Il y avait cet enfant… Je l’ai bousculé, et… il était si petit. L’âge de notre fils. Vêtu de loques informes, maigre à faire peur, couvert d’ecchymoses.


Lucius fronça les sourcils.   

   — Un enfant moldu ?

Le cœur de Narcissa se serra, et toutes ses inquiétudes se transformèrent en colère. Elle cracha soudain, fusillant son époux de ses yeux clairs.

   — Et quand bien même ? C’était un enfant. Un très jeune enfant, traité pire qu’un animal !


L’homme se rembrunit, et se carra dans son fauteuil.

   — Le code international du secret…

Narcissa l’interrompit grossièrement, les sourcils froncés.

   — Nous interdit de dévoiler ce que nous sommes. Il n’y a pas la moindre interdiction de se mêler de leurs affaires. Il n’y a aucune interdiction de venir en aide à un pauvre enfant abusé. Qui sait s’il ne recevra pas une lettre de Poudlard quand le temps sera venu ? S’il survit jusqu’à cet âge dans ce foyer ignoble !


   — Cissa…

   — N’essaie pas. N’essaie même pas de me dire d’oublier, ou de ne plus y penser. Va regarder notre fils, Lucius, et imagine-le perdu. Imagine-le entre les mains de gens tels que ça ! N’oublie pas que tu as échappé de peu à Azkaban. Que se passera-t-il si un jour le vent tourne pour toi et tes affaires ? Qui prendra soin de notre garçon ?


Comme chaque fois qu’elle mentionnait la prison sorcière, le visage de son mari se ferma et son teint devint gris. Aussi arrogant soit-il, Lucius avait une peur terrible de s’y retrouver enfermé, plongé dans la crasse et soumis aux Détraqueurs.


Après un long silence à contempler la confortable flambée dans l’immense cheminée, Lucius grogna et abdiqua. Comme toujours.

   — Que veux-tu ?

Narcissa soupira.

   — Je vais y retourner. Encore et encore en espérant le croiser. Et si je ne le trouve pas cette année, je recommencerai l’an prochain. C’est une allée pour les produits de luxe et certains moldus n’y viennent qu’au moment des fêtes. J’essaierai de demander à quelques commerçants s’ils l’ont déjà vu. Je prétexterai qu’il a perdu un jouet ou une écharpe, je n’en sais rien. Ou que je veux le remercier d’avoir retrouvé une de mes affaires. Rien de tape-à-l’œil, rien qui ne puisse lui valoir une correction de ces… gens.



Son époux secoua lentement la tête, marmonnant indistinctement. Puis il soupira.

   — Avais-tu réellement besoin de mon avis ou de mon autorisation, Cissa ?

   — Bien sûr que non. Mais je préfère te prévenir, puisque je compte le ramener ici, le temps de lui trouver un foyer correct. Il aura besoin de soins également, alors tu ferais bien de te réconcilier avec ton vieil ami de débauche. Tu te souviens peut-être du parrain de notre fils, mon cher ?


Lucius grimaça, comme s’il avait mordu dans un citron. Il hocha la tête sèchement et répliqua sans conviction.

   — Nous ne sommes pas fâchés. Il… fait son deuil ? Bon sang, Narcissa ! Tu ne peux pas me demander de faire appel à Severus alors même qu’il… Qu’il n’a visiblement plus les mêmes aspirations que nous !


Narcissa le fixa un long moment, puis secoua doucement la tête.

   — Que toi, mon cher. Je n’ai pas envie d’un futur de violence et de sang. J’aspire à voir grandir mon fils dans un monde en paix, à le voir s’épanouir, trouver l’amour et faire de moi une grand-mère épanouie. J’aspire à vivre tranquillement, sans avoir à me battre ou à me tenir aux aguets. J’aspire aux nuits paisibles sans cauchemars, aux Noëls heureux sans victimes.


Il se leva, raide, et s’apprêta à quitter la pièce. À la porte cependant, il marqua une pause, lui tournant le dos. Lorsqu’il parla, sa voix était à peine perceptible, pourtant elle comprit chaque mot. Et chaque mot sonnait comme un sinistre présage.

   — J’ai bien peur d’avoir fait un choix peu judicieux autrefois. S’il revient un jour, je n’aurai pas d’autre choix que de le rejoindre ou notre fils sera l’une des premières victimes.


Il quitta la pièce tête haute tandis que Narcissa fermait les yeux, essayant de faire disparaître la boule d’angoisse qui lui obstruait la gorge. Elle soupira, et secoua lentement la tête. Pour l’instant, elle ne pouvait rien faire pour l’avenir. Elle pouvait juste espérer de toutes ses forces que sa famille resterait en sécurité.

Mais elle pouvait agir concrètement pour un pauvre gosse, et peut être que lui venir en aide effacerait une partie des péchés commis par son époux. Une façon d’expier, de prouver qu’ils n’étaient pas les méchants de l’histoire.


Elle termina sa tasse de thé, les yeux dans le vague, revoyant le visage de l’enfant, son sourire, ses expressions craintives avec une pointe de rébellion. Malgré elle, elle sourit avec douceur, imaginant sans peine que cet enfant était un battant. Un survivant. Elle était certaine de le retrouver, un jour ou l’autre.


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