Sauvetage imprévu

Chapitre 3 : Recherches vaines

1236 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/03/2022 20:17

Le reste du mois de décembre, Narcissa s’en tint à ce qu’elle avait annoncé. Elle partait chaque jour du Manoir, et restait de longues heures à arpenter la rue moldue, regardant d’un air distrait les vitrines richement décorées.

Elle cherchait le pauvre garçon qu’elle avait croisé par hasard, inquiète pour lui. Elle dévisageait chaque enfant, essayant de reconnaître la frimousse apeurée qu’elle avait vue. De la même manière, son regard s’attardait sur chaque moldu, se demandant si c’était le bourreau de l’enfant.

Contrairement à ses habitudes, elle visita chaque boutique, parlant de l’enfant avec un léger sourire, usant de légilimentie sans scrupules pour détecter le souvenir d’un enfant tel qu’elle le décrivait.

Malheureusement, personne ne l’avait remarqué, comme s’il n’existait pas.



L’enfant devenait une véritable obsession, apparaissant dans ses cauchemars, lui coupant l’appétit lorsqu’elle l’imaginait affamé. Son époux pinçait les lèvres tout en la fixant d’un air réprobateur, mais il ne faisait pas la moindre réflexion. Il connaissait son épouse et son caractère bien trempé… Aussi, pour garder la paix au sein de son ménage, mieux valait la laisser faire ce qu’elle voulait, tout en l’aidant discrètement.



*



À l’époque de leur mariage, lorsque Lucius avait découvert que son père Abraxas avait signé un contrat avec Cygnus Black et qu’il devait épouser la cadette des sœurs Black, il avait été furieux.

Il connaissait vaguement l’aînée, Bellatrix, et il la trouvait vulgaire et tapageuse. Elle n’hésitait pas à faire valoir son opinion haut et fort, bien loin de l’épouse parfaite et docile dont son père rêvait pour lui. Sans compter qu’elle se vantait d’être une combattante, au service du seigneur des Ténèbres. La sœur suivante avait été reniée pour s’être enfuie avec un moldu, et plus personne n’avait le droit de prononcer son nom.

Mais la cadette… Narcissa était clairement différente de ses sœurs. Douce et effacée, seule blonde dans une lignée de cheveux noirs comme l’ébène, elle avait réussi à l’intriguer, puis à le charmer malgré lui. Avant qu’il ne s’en rende compte, il était face à elle et prononçait ses vœux d’union, plongé dans son regard gris.


Pourtant, il n’oserait jamais qualifier Narcissa de faible, bien au contraire. S’il devait comparer son épouse à un élément, il dirait qu’elle était comme l’eau. Douce et inoffensive en apparence, elle s’insinuait partout, dans chaque cellule de son être, se rendant indispensable. Par contre, lorsqu’elle se mettait en colère, elle balayait tout sur son passage, impitoyablement, et rien ne pouvait échapper à son courroux.



Avec le temps, ils avaient réussi à s’apprivoiser, tous les deux. La méfiance initiale s’était peu à peu muée en tendresse réciproque, puis en un amour timide qui se développait peu à peu. Ni l’un ni l’autre ne venait d’une famille démonstrative ou aimante : ils étaient des héritiers, destinés à perpétuer leur lignée.

Pourtant, loin des mariages froids et sans sentiments de leurs parents, ils apprenaient à se reposer l’un sur l’autre et à se faire confiance. Ils étaient devenus amis en premier lieu, avant de réellement s’aimer. Ils restaient discrets : aux yeux du monde, leur couple était le fruit d’un mariage arrangé de plus, une collaboration plus qu’une union. C’était probablement ce qui faisait leur force et ils l’avaient compris très vite.


La seule ombre au tableau avait été leur difficulté à concevoir un enfant. Narcissa avait espéré plusieurs enfants au début de leur union, mais malgré leurs efforts, le ventre de la jeune femme restait désespérément plat. Les meilleurs médicomages s’avéraient impuissants à les aider, leur assurant qu’ils parviendraient à produire un héritier. Que tout était une question de patience.

Ils s’étaient accrochés l’un à l’autre, refusant de laisser leur couple exploser sous la pression. Ils supportaient ensemble les remarques de leurs familles respectives, les rumeurs sur leur couple, la déception d’échouer encore et encore.

Ils s’étaient soutenus, rêvant de cette famille qu’ils attendaient avec impatience.


Puis, enfin, le ventre de Narcissa avait commencé à s’arrondir alors qu’ils commençaient à désespérer et Drago était arrivé. L’accouchement avait été long et pénible — tout autant que la grossesse de Narcissa — et les époux avaient compris que finalement leur héritier serait fils unique. Ils étaient aussi heureux que possible, bien évidemment. Drago était leur fils adoré, et ils le chérissaient tendrement.

Cependant, parfois, le regard de Narcissa se perdait dans le vague et elle regrettait de ne pouvoir avoir d’autres enfants. Il lui manquait quelque chose pour que sa vie soit parfaite, mais elle n’en parlait jamais. Elle savait que Lucius avait la même blessure en lui, et il ne lui serait jamais venu à l’esprit de reprocher quoi que ce soit à son mari.


*


Ainsi, pendant que Narcissa continuait de chercher son petit malheureux dans le quartier moldu où elle l’avait croisé, y retournant encore et encore, Lucius faisait jouer ses relations pour que le gamin en question soit identifié et amené chez lui au plus vite. Il était indécemment riche, il avait un nombre presque infini de contacts ou de relations qui pouvaient l’aider, qu’ils soient moldus ou sorciers. Même s’il suivait les ordres de son père en luttant pour la supériorité Sang-Pur, Lucius n’était pas idiot et savait qu’il fallait composer avec les moldus pour faire des affaires et continuer de s’enrichir.



Mais les jours passèrent, identiques les uns aux autres, sans que leurs recherches soient couronnées de succès. L’enfant ne réapparut pas, pour la plus grande inquiétude de Narcissa.

Lucius commençait également à se poser des questions sur cet étrange enfant qui avait su attirer l’attention de Narcissa, au point de bouleverser leurs vies. Il ne doutait pas qu’ils finiraient par le retrouver, un jour ou l’autre.



Le soir de Noël, après que Drago eut été couché, heureux et épuisé, la mère de famille murmura avec dépit qu’elle reprendrait ses recherches dès l’année suivante. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser à cet enfant quelque part, qui était loin d’avoir la même chance que son propre enfant. Elle pria de toutes ses forces pour qu’il aille bien, pour qu’il supporte encore un peu son terrible quotidien. Jusqu’à ce qu’elle le trouve et qu’elle l’amène en sécurité.

Avec un soupir, Lucius l’enlaça tendrement, alors qu’ils étaient tous les deux installés devant leur cheminée. Le regard perdu sur la flambée agréable, il lui jura que ses contacts continueraient les recherches, quel qu’en soit le coût.


Ils échangèrent un sourire tendre et s’embrassèrent doucement, serrés l’un contre l’autre, profitant de ce moment de paix.



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