Sauvetage imprévu

Chapitre 9 : Instinct de protection

1232 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/03/2022 20:16

Pour être certaine que le message à Lucius était bien passé, elle l’avait obligé à rester près d’elle pour qu’il puisse observer les réactions de l’enfant. Elle savait que sous ses dehors rudes — et malgré ses erreurs du passé — Lucius ne supportait pas que des enfants soient maltraités.


Ainsi, Lucius vit les gestes de recul du garçon à chaque son un peu fort, ou à chaque mouvement trop vif près de lui. Il vit ses expressions de surprise à chaque fois que quelqu’un le traitait comme un être humain, ou qu’il recevait un simple geste d’affection.

Il vit son air effaré lorsqu’un elfe lui servit une assiette bien garnie, comme s’il n’avait jamais vu autant de nourriture pour lui tout seul. Il s’installa à la place désignée par Narcissa, se recroquevillant presque, n’osant pas bouger, ne touchant à rien.


Narcissa soupira, fermant les yeux, mais sursauta en entendant Lucius intervenir.


Penché devant Harry pour le fixer droit dans les yeux, il lui demanda brusquement.

   — Tu n’as pas faim ?

Le gamin tressaillit, hésitant visiblement, incapable de répondre. Comme s’il s’attendait à un piège. Lucius soupira, et s’assit face à l’enfant, sans le quitter des yeux.

   — Ici, tu n’as rien à craindre. Personne ne te frappera ou ne te fera du mal. Tu peux manger sans crainte, cette assiette est entièrement pour toi. Il y a bien assez pour que chacun d’entre nous puisse se nourrir convenablement.


L’enfant se mordilla la lèvre, perplexe. Finalement, il chuchota, perplexe.   

   — Pourquoi ?

Lucius soupira avant de hausser les épaules, comme si sa réponse était logique.

   — Tu es un enfant, et les enfants doivent être protégés, jeune homme.



Harry regarda l’assiette de pâtes posée devant lui avec envie, mais il plissa le nez et baissa la tête, fixant ses mains soigneusement croisées sur ses genoux.

   — Mon oncle il dit que j’ai pas droit. Parce que je suis un monstre. Il dit que la bonne nourriture c’est pour les gens normaux.


Lucius eut un rire grinçant, serrant les poings, soudain furieux. Il prit quelques secondes pour reprendre le contrôle et ne pas effrayer le gamin déjà perturbé. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix était totalement maîtrisée.

   — Et bien, il ne me semble pas que ton oncle soit ici, non ? Dans ce cas… tu peux manger tout ce que tu veux. Je te promets qu’il n’en saura rien.



Le petit garçon hocha la tête lentement, regardant son assiette avec un air d’envie. Puis, il soupira et commença à manger, à toutes petites bouchées.

Trop vite, il fut repu, et Narcissa s’en rendit compte. Elle lui retira son assiette, s’attirant un regard apeuré.

   — Ne va pas te rendre malade, d’accord ? Tu as juste à demander si tu as faim.


Lucius lui adressa un petit sourire complice et posa devant lui un petit carré de chocolat, satisfait de voir les yeux verts briller et le petit garçon se jeter dessus avec un plaisir évident.



Drago qui était resté silencieux et calme, tournant les pages d’un livre d’images un peu à l’écart, se précipita avec une moue boudeuse.

   — Hey ! Et moi pourquoi j’ai pas du chocolat, hein ?


Harry se figea aussitôt, et posa ce qui restait de la friandise, à peine la moitié, devant Drago, tête baissée. Le blondinet cependant renifla.

   — Non je veux pas le tien ! Je veux le mien !


Narcissa intervint, lançant un regard d’avertissement à son fils.

   — Je n’aime pas les caprices, Drago.

Il n’en fallut pas plus au petit garçon pour baisser le nez, un peu honteux. Il marmonna une excuse, ses petites joues un peu rouges.


Après quelques secondes, Lucius lui donna sa propre friandise et rendit à Harry le morceau qu’il avait abandonné.

Puis, il lança un regard sombre à sa femme, et murmura qu’il avait quelqu’un à appeler.


Narcissa hocha la tête, réprimant un sourire satisfait : visiblement, Lucius avait compris son point de vue et il allait faire venir son ami potionniste pour s’assurer que Harry ne souffrait d’aucun problème de santé à cause de sa petite enfance dans un foyer abusif.


*



En regagnant son bureau, Lucius Malefoy savait parfaitement que sa diablesse d’épouse l’avait habilement manipulé pour qu’il se rende à ses arguments.


Bien évidemment, elle avait gagné sur un point : il regrettait amèrement la marque sur son bras, et l’enchaînement d’évènements qui avait conduit à la mort des Potter. Il ne pouvait pas se sentir fier de ses actes en voyant cet enfant si jeune déjà si marqué par la vie. Il avait l’âge de son fils… et de penser à ce qu’il avait déjà traversé l’emplissait de rage.


Cependant… Cependant, les manigances de sa tendre moitié l’avaient convaincu finalement que les moldus étaient bien les animaux que le seigneur des Ténèbres avait décrits. Pire que des animaux, puisque la plupart des espèces animales avaient l’instinct de protéger leurs petits.


Il soupira, conscient que la conversation qu’il s’apprêtait à avoir allait être particulièrement pénible. Bien que Severus ait échappé à Azkaban en se réfugiant dans les robes de Dumbledore, il savait qu’il pouvait compter sur lui. Il était le parrain de son fils après tout et, quels que soient les défauts de l’homme, il ne trahirait pas sa parole.



Lucius était suffisamment proche des arcanes du pouvoir pour savoir que la disparition du petit héros de la Lumière avait été orchestrée par Dumbledore en personne. Le monde magique avait simplement pensé que le vainqueur de Grindelwald l’avait placé en sécurité et qu’il était élevé comme le héros qu’il était, choyé et protégé.

Combattant déjà le vieil hypocrite pour ses idées bien trop idéalistes, il se jura de lui faire payer les souffrances d’un enfant innocent, qui n’avait rien demandé à personne…


Plutôt que de tenter d’expliquer la situation par cheminette et risquer d’être épié par Dumbledore, il invita simplement le parrain de son fils, en prétextant que le petit garçon réclamait sa présence.


Il nota l’hésitation dans le regard sombre, mais le maître des potions finit par acquiescer et accepter son invitation.

   — Puisque tu insistes, Lucius, je passerai au week-end…


Le blond leva un sourcil moqueur, secouant lentement la tête.

   — Aurais-tu oublié l’impatience des enfants, mon ami ? Drago va être infernal si son parrain préféré ne passe pas le voir plus tôt.

Imperméable, Severus grogna.

   — Je suis son seul parrain. Offre-lui un truc hors de prix et il m’oubliera quelques jours de plus.



Lucius plissa les yeux, vexé, mais Severus souffla et finit par abdiquer.

   — Ce soir, je peux t’accorder une demi-heure.

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