Sauvetage imprévu

Chapitre 10 : Amadouer le potionniste

1224 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/03/2022 20:00

Lorsque Severus Rogue arriva chez les Malefoy, il nota avec suspicion que son cher filleul n’était pas présent à l’attendre. Selon Lucius, le mouflet trépignait pourtant d’impatience à l’idée de le voir alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis son anniversaire, six mois plus tôt.


Lorsqu’il fut conduit dans le bureau de Lucius, son visage se ferma et il croisa les bras sur sa poitrine, furieux, avec l’impression désagréable d’être tombé dans un guet-apens. Il était d’ailleurs prêt à quitter les lieux, agacé de s’être laissé berner, mais Lucius lui servit un verre de son meilleur whisky avec un sourire un peu trop amical. Ainsi, Severus — trop curieux pour son propre bien — s’installa dans le fauteuil qui lui était désigné, légèrement tendu, mais totalement attentif.


Lucius prit le temps de siroter quelques gorgées du breuvage hors de prix. Pour une fois, ce n’était pas une manœuvre quelconque… c’était plus une façon de rassembler ses idées avant de se lancer.


Finalement, l’homme soupira.

   — Je me souviens de ton amitié avec Evans.


Severus se tendit et plissa les yeux, les doigts serrés sur son verre. Lucius était certain que l’homme avait saisi sa baguette dans les plis de sa cape et qu’il lui en faudrait peu pour la pointer sur lui. L’aristocrate ricana, sans méchanceté pourtant. Il roula des yeux et but une nouvelle gorgée.

   — Détends-toi, Severus. Tu es le parrain de mon fils, et même si tu n’as pas reçu une éducation Sang-Pur, je sais que tu es parfaitement conscient de l’importance de ton rôle. Ce que je t’ai dit lorsque tu as accepté est toujours valable : que tu le veuilles ou non, tu fais partie de notre famille.


Le maître des potions se détendit légèrement. C’était presque imperceptible : la ligne des épaules qui se relâchait, ses yeux qui se fixaient sur son interlocuteur au lieu de scanner la pièce sans cesse — probablement pour chercher un piège ou une sortie de secours.

Lucius rejeta ses cheveux en arrière, et soupira.

   — J’avoue, mon cher ami que je ne sais pas où se situe exactement ta loyauté. J’aimerais pouvoir affirmer haut et fort que j’ai une confiance aveugle en toi… mais la raison de ta présence ici est trop… importante pour que je prenne le moindre risque.


L’homme leva un sourcil et prit la parole pour la première fois, méfiant.

   — Pour l’instant, c’est un charabia incompréhensible. Où est passée ton éloquence, Lucius ?



Ce dernier ne sembla pas se vexer de la remarque acide. Il ricana, et haussa les épaules.

   — Mon adorable épouse semble certaine que tu es l’homme de la situation.



Severus soupira, fixant le reste de son whisky, visiblement surpris. Finalement, il haussa les épaules.

   — Peu importe mon allégeance ou la situation. Tu devrais savoir que je ne ferais rien qui puisse t’expédier à Azkaban…

Lucius eut un reniflement moqueur.

   — Bien sûr. Parole facile… Mais sans la moindre garantie.

Le maître des potions ricana, et leva son verre en direction de son vieil ami.

   — Réfléchis, Lucius. Si tu es envoyé à Azkaban avec ta chère épouse, je me retrouve avec ton mouflet sur les bras. Je n’ai pas vraiment vocation à élever un mioche, j’en vois bien trop à Poudlard.



Cette fois, Lucius laissa échapper un rire amusé, plus détendu. Cependant, il se pencha pour dévisager l’homme face à lui.

   — Si tu détestes autant les enfants… pourquoi prendre en charge le rôle de professeur de potions ?



Un bref instant, Severus laissa transparaître toute l’amertume qu’il ressentait avant de se reprendre. Finalement, il lâcha, froidement.

   — Crois-tu que j’ai eu le choix ? C’est visiblement ce que Dumbledore a trouvé pour me faire payer mes erreurs.


Lucius se détendit soudain et eut un léger sourire satisfait. Il y avait suffisamment de rancœur dans le ton de son ami pour que ce dernier ne se précipite pas aveuglément vers le vieil homme quand il découvrirait la raison de sa présence.


Il eut un geste vague, comme pour écarter le sujet. Puis, il prit une nouvelle gorgée de son verre tranquillement avant de se laisser aller en arrière dans son siège.

   — Dis-moi, mon ami… Sais-tu ce que le petit Potter est devenu ?


Aussitôt, Severus se tendit et son expression se fit froide.

   — Quelle importance ?

   — Tu connais ma curiosité, Severus. Je ne veux pas de détails si c’est ce qui t’inquiète. Juste savoir ce qu’un héritier d’une famille ancienne est devenu.


Severus resta silencieux si longtemps que Lucius crut qu’il ne répondrait pas. Mais il finit par expirer, le visage crispé en une grimace de colère.

   — Dumbledore l’a placé dans sa famille, d’après ce qu’il a dit à Minerva. Je ne savais pas que ce foutu Potter avait de la famille si proche, mais puisque Black a été muselé et jeté à Azkaban…

   — De la famille ?


Le maître des potions ricana et se pencha en avant, ses yeux onyx brillant d’une lueur mauvaise.

   — Si tu veux mon avis, ce foutu gosse doit être adulé pour ce qu’il a fait et traité comme un petit roi. Il va probablement arriver à Poudlard comme en terrain conquis et tenter de régner sur l’école comme son père avant lui. Crois-moi, je l’attends avec impatience pour le ramener sur terre.


Lucius roula des yeux, stupéfait de la haine vibrant dans la voix de Severus.

   — Tu parles d’un enfant. Bon sang, il a l’âge de ton filleul ! Comment peux-tu...

Severus ne parut pas le moins du monde gêné ou repentant. Il serra juste les poings, avant d’expliquer.

   — Ce vieux fou de Dumbledore ne cesse de me dire à quel point il ressemble à son père. Je n’ai aucun doute que ce foutu gosse doit être porté aux nues et il est temps que quelqu’un le fasse chuter de son piédestal.


Choqué, Lucius vida le reste de son verre d’une gorgée, puis ferma les yeux. Il savait Dumbledore manipulateur, bien moins lumineux que ce qu’il voulait montrer à la face du monde. Le vieil homme s’imaginait déjà acclamé et considéré comme la réincarnation de Merlin en personne. Finalement, il posa son verre brutalement sur son bureau, et fixa Severus longuement.

   — J’ai quelqu’un à te présenter, Severus. Mais tu dois me jurer sur ta magie que tu ne parleras jamais de… ce que tu vas voir ici aujourd’hui. Je suis sérieux, c’est une question de vie ou de mort.

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