Dans le nid des Serpents

Chapitre 6 : Un drôle d'anniversaire

3832 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/11/2022 22:33

Le lendemain d’Halloween, Alyandra ainsi que le reste de l’école avait appris par Radio-Poudlard, le réseau de commérages du collège, que Harry Potter et Ronald Weasley avaient combattu le troll dans les toilettes des filles, portant secours à Hermione Granger. Drago avait maugréé pendant trois jours en apprenant que le Sauveur du monde sorcier avait encore joué au héros. Alyandra, en revanche, se fichait d’Harry Potter comme de sa première chaussette. La personne qui l’intéressait était Hermione. A peine avait-elle appris la nouvelle qu’elle avait couru à la bibliothèque lui demander comment elle allait. Avec un sourire éblouissant, la Gryffondor lui avait expliqué en long, en large et en travers son expérience, mettant en avant le fait qu’elle s’était enfin fait deux vrais amis dans sa maison. Rassurée, la Serpentard avait retrouvé ses amis Sang-Pur dans la Salle Commune, qui s’étaient gentiment moqués d’elle face à ses inquiétudes. Après tout, Alyandra était bien la seule petite verte et argent à vouloir copiner avec une rouge et or. Elle savait bien que si personne dans sa maison ne lui faisait de remarques sur ce fait, c’est parce que son petit trio de Sang-Purs y veillait personnellement. Théodore pouvait paraître très menaçant quand il commençait à proférer des malédictions vous promettant mille tortures…

Depuis cet incident qui aurait pu être catastrophique, la vie au château avait repris son cours tranquille. Pas de troll, ni d’accromentule ou autres créatures n’avaient tenté d’envahir l’établissement, pas plus que les rêves de la sorcière. Alyandra n’avait pas fait de nouveau cauchemar. Rassurée sur le fait qu’il s’agissait probablement d’un enchaînement de mauvais moments, elle n’avait plus pensé à faire la moindre recherche dessus, bien trop prise par ses devoirs et ses cours. En parallèle, son amitié avec ses trois camarades se consolidait de jour en jour. Désormais, elle révisait ses sortilèges avec Daphné, qui se montrait relativement douée dans ce domaine, et assez patiente pour lui montrer plusieurs fois le même mouvement. Elle dissertait métamorphose avec Théodore, aussi passionné qu’elle sur le sujet, et qui était une mine d’information à lui tout seul. Avec Blaise, elle découvrait les coutumes des anciennes familles de sorciers, traditions la plupart du temps étonnantes pour la simple Née-Moldue qu’elle était. En échange, elle les aidait régulièrement dans leur révision des cours de potion, matière dans laquelle elle se sentait parfaitement à l’aise désormais. Finalement, grâce au soutien de ses nouveaux amis, elle s’était adaptée à la vie du château, et pouvait désormais dire qu’elle se sentait un peu chez elle à Poudlard.

Le 17 novembre, Alyandra s’éveilla pleine de bonne humeur. Elle fêtait ses onze ans aujourd’hui. La petite sorcière ne s’attendait pas à de quelconques cadeaux ou autres joyeusetés, mais le simple fait de passer ce jour spécial avec des amis l’enchantait. En plus, cette année, son anniversaire tombait un samedi et qui disait samedi, disait week-end. Elle allait pouvoir profiter du temps encore clément de ce mois de novembre pour sortir dans le parc, et admirer le domaine de Poudlard. Ses amis lui avaient promis qu’ils passeraient près du lac pour admirer le ballet des poissons autour du Calamar. C’est donc une Alyandra pressée qui suivit Daphné partout où la petite Sang-Pur allait, jusqu’à ce que les deux filles rejoignent Blaise et Théodore dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner. Généreux en ce jour, Blaise lui servit une grande part de pudding tandis que le petit brun assis en face remplissait son verre de jus de citrouille.

Daphné et Alyandra babillaient joyeusement de la dernière robe de la petite blonde lorsque les premiers hululements se firent entendre. Quelques instants plus tard, une quarantaine de volatiles arrivaient dans la Salle. Un peu excitée, Alyandra se redressa, espérant voir une chouette se diriger vers elle. C’était son anniversaire, sa mère avait forcément pensé à elle. Depuis la rentrée, elle n’avait reçu aucune nouvelle. Pourtant, quelques jours après le début des cours, elle avait envoyé une longue lettre à sa mère, lui racontant en détails son arrivée au château, sa Salle Commune et ses nouveaux camarades. Elle avait confié la missive à une petite chouette de la volière, un matin. Mais elle n’avait jamais eu de réponse. Ses amis avaient tenté de la consoler en lui disant que la chouette avait peut-être perdu la lettre, ou n’avait pas trouvé la maison des Bowsmith. Mais les suivantes, apportées par deux autres volatiles, s’étaient aussi soldées par des échecs. Alyandra s’était alors résolue à l’évidence : sa famille ne souhaitait pas lui répondre.

Mais aujourd’hui était un jour spécial, il y aurait sûrement une lettre. La petite sorcière y croyait. Pourtant, alors que les minutes passaient, aucun oiseau ne se posa devant elle. Le sourire de l’enfant se fana et ses yeux s’humidifièrent. Plus que tous les silences, cette absence le jour de son anniversaire lui fit mal. Sa famille la reniait-elle au point de ne plus lui envoyer la moindre petite carte ? Elle n’avait jamais demandé à être ce qu’elle était, et encore moins à être différente. Elle avait toujours voulu être une petite fille normale, chérie par sa mère et protégée par ses frères. Son statut de sorcière avait fait d’elle quelqu’un de différent, d’unique. Mais les liens de la famille étaient plus forts que les différences, non ?

—Je suis désolée Aly. Je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas reçu une lettre.

—On est là, princesse. On ne va pas te laisser toute seule le jour de ton anniversaire. On va en faire une super journée tu vas voir.

Le soutien de ses amis, qui avaient l’air aussi peinés qu’elle, lui mit un peu de baume au cœur. L’étreinte de Daphné, assise à côté d’elle, arrêta ses tremblements. Tout à sa peine, elle n’avait pas remarqué que les assiettes des quatre enfants s’étaient mises à trembler. Les trois Sang-Purs, eux, avaient parfaitement compris que leur Née-Moldue ne se contrôlait plus et qu’un tour de magie accidentelle risquait d’arriver à tout moment. Alors, d’un simple regard, ils avaient décidé d’entourer la petite fille, pour éviter aux curieux de pouvoir voir la moindre chose qu’ils pourraient par la suite utiliser pour blesser leur amie.

—Merci vous trois. Mais… Est-ce que vous pourriez me laisser ? J’ai besoin d’être un peu seule. S’il vous plaît.

Doucement, ses trois amis acquiescèrent, et la regardèrent se lever pour se diriger vers les portes de la Grande Salle. Puis, ils se penchèrent tous les trois vers le centre de la table.

—Qu’est-ce qu’on fait ?

—Que veux-tu qu’on fasse Blaise ? On ne va quand même pas lui écrire une fausse lettre et lui faire croire qu’elle est arrivée pendant qu’elle était partie.

—Ça ne serait pas une mauvaise idée Théo.

—Ne raconte pas de bêtises. Imagine un peu sa peine si jamais elle découvrait que la lettre vient de nous. En plus, elle serait furieuse contre nous, c’est sûr.

—Je peux savoir ce que vous mijotez tous les trois ?

Perdant soudainement de leurs couleurs, les trois enfants relevèrent la tête pour se retrouver face à leur austère Professeur de maison, qui les toisait de son regard noir.

————

Alyandra traversa les couloirs du château sans vraiment faire attention à l’endroit où elle se rendait. Elle voulait juste se retrouver un peu seule. Elle adorait ses nouveaux amis, et elle leur était très reconnaissante de tenter de la consoler, mais elle avait besoin de se recentrer sur elle-même pendant un peu de temps. Ensuite, elle irait retrouver Blaise, Daphné et Théodore pour fêter sa journée. Alors qu’en comprenant qu’aucune lettre ne viendrait, elle s’était laissée envahir par la tristesse et l’incompréhension, désormais, c’était la colère et l’injustice qui arrivaient. Elle n’avait rien fait pour mériter pareil traitement. Elle en voulait à sa mère de la traiter différemment de ses frères, à ses frères de se moquer constamment d’elle, et à sa famille dans sa globalité pour l’oublier en ce jour.

Trop prise dans ses pensées, elle ne se rendit compte de sa destination qu’en montant les marches qui la menaient à la Tour d’Astronomie. Théodore lui avait montré cet endroit quelques jours auparavant, alors qu’ils tentaient de se cacher d’un Blaise surexcité face à l’annonce du prochain match de Quidditch de Serpentard. Ils s’étaient réfugiés ici, dans une des plus hautes tours de Poudlard, et le petit brun lui avait expliqué que l’endroit servait principalement aux étudiants plus âgés, afin de pouvoir observer les astres et les cartographier pour leur cours d’astronomie. Le reste du temps, elle servait de refuge aux rares personnes qui souhaitaient s’isoler.

Alyandra s’approcha doucement de la barrière qui protégeait les élèves du vide. D’ici, on voyait une grande partie du château, le stade de Quidditch, et même une bonne partie du Lac Noir et de la Forêt Interdite. Le paysage était magnifique. Le cadre de cette école était vraiment unique. Plongée dans son admiration, Alyandra sursauta presque lorsqu’un bruit se fit entendre. Se retournant brusquement, elle découvrit avec appréhension Drago Malefoy, qui venait d’apparaître en haut de l’escalier. Lui aussi parut stupéfait de voir quelqu’un en haut de la tour, puisqu’il marqua un temps d’arrêt avant de s’avancer doucement vers la rambarde.

—Pourquoi es-tu venue ici, toi ?

La question surprit la jeune sorcière. Elle n’aurait jamais pensé que le grand Drago Malefoy, l’enfant gâté qui se proclamait chef de maison, s’abaisserait à parler à une simple Née-Moldue. Elle se tendit un peu, dans l’attente d’une insulte qui ne vint pas. Le garçon semblait simplement attendre sa réponse tout en fixant l’horizon, sans la regarder.

—J’avais envie d’être un peu seule. Et toi ?

Sans un mot, il s’accouda à ses côtés, et commença lui aussi à observer l’extérieur. Ses traits semblaient montrer une réflexion intense, comme si quelque chose le tracassait et qu’il cherchait une solution.

—J’avais besoin d’être au calme pour réfléchir. Pourquoi voulais-tu être seule ?

Plus que sa précédente question, c’est la réponse qui stupéfia la fillette. Elle pensait se faire rabrouer, pour avoir osé lui poser une question. En y repensant, elle se souvint que depuis le début de l’année, le petit blond ne lui avait jamais cherché de noises. Tout au plus souriait-il aux brimades de Pansy, mais sans jamais y prendre part. Elle se détendit un peu, et consentit à répondre.

—C’est mon anniversaire aujourd’hui et je m’attendais à recevoir une lettre de ma famille. A quoi voulais-tu réfléchir ?

—Donc tu n’as pas reçu de lettre ? Etrange. C’est ainsi que vous montrez votre affection chez les Moldus ? Moi j’ai justement reçu une lettre de mon père, et j’aurais préféré ne pas en recevoir.

Mine de rien, Alyandra commençait à prendre goût à ce jeu de question-réponse. Drago ne la regardait toujours pas, mais il ne se braquait pas non plus. Cela constituait un bon début. Le fait qu’il ait utilisé un terme classique et non pas une insulte pour la désigner aida aussi Alyandra à accepter complètement la présence de son camarade.

—Je crois que ma famille n’a pas très bien pris mon statut de sorcière. Ils ont coupé les ponts. En quoi une lettre de ton père est une mauvaise nouvelle ?

—Ta famille est idiote. Etre un sorcier est bien plus intéressant que de ne pas avoir de pouvoir. Au lieu de t’ignorer, ils devraient prendre soin de toi. Et mon père n’écrit que lorsque quelque chose ne va pas. Cette fois-ci, c’est pour m’ordonner de ne plus me faire battre par cette Sang-de-Bourbe de Granger.

Alyandra allait répliquer pour défendre son amie lorsque Drago soupira, s’éloigna de la rambarde et commença à s’approcher de l’escalier. Visiblement, la conversation était close. Se retournant, la fillette le regarda descendre les premières marches, avant qu’il ne s’arrête.

—Au fait, bon anniversaire.

Puis, comme s’il n’avait rien dit, le Sang-Pur reprit sa descente et disparut du champ de vision de la sorcière. Cette dernière était encore plus surprise qu’au début de cette conversation irréelle. Drago Malefoy venait de lui souhaiter son anniversaire, et avait eu une discussion sans insulte avec elle. Elle rêvait. Elle se pinça le coude afin de vérifier si tout cela était bien réel, et sourit lorsqu’un picotement lui traversa le bras. Elle n’avait pas imaginé la scène. Un peu réconfortée par cet instant étrange, elle décida qu’il était temps pour elle de retrouver ses amis.

————

—Mais vraiment, on a failli t’attendre !

—Blaise, tais-toi.

—Mais…

Le rire qui s’échappa de la bouche de la petite brune fit plaisir aux trois compères. Quand elle était revenue dans le dortoir quelques minutes plus tôt, elle paraissait plus sereine, mais aussi un peu perplexe. Elle avait refusé de dire à Blaise où elle se trouvait, malgré ses nombreuses questions, et avait plutôt demandé à faire la balade autour du Lac Noir qu’ils lui avaient promise. C’est ainsi que les quatre camarades se retrouvèrent à marcher au bord du Lac, Blaise rouspétant dès qu’il en avait l’occasion, se faisant ainsi rabrouer par Théodore, sous les regards amusés des deux filles.

—Qu’est-ce que c’est Daphné ?

Depuis qu’ils étaient dehors, Alyandra avait remarqué que son amie tenait sous son bras un petit paquet emballé, et qu’elle semblait en prendre grand soin. Intriguée de connaître l’objet, elle s’était résolue à lui poser la question. S’arrêtant net, Daphné se tourna alors face à elle avec un immense sourire sur les lèvres.

—Ceci, ma chère, est ton cadeau d’anniversaire !

—Mon quoi ?

Stupéfaite, Alyandra ne put que recevoir le paquet des mains de la petite blonde, vite suivi par deux autres boîtes, que venaient d’ajouter Blaise et Théodore, qui s’étaient rapprochés.

—Tu ne pensais quand même pas qu’on t’avait oublié ? Comment moi, le grand Blaise Zabini, aurais-je pu oublier un anniversaire ? D’ailleurs, je vous rappelle que le mien…

—On sait Blaise.

—Vous m’offrez vraiment des cadeaux ?

Tour à tour, la petite Née-Moldue dévisagea ses trois camarades, qui acquiescèrent en souriant.

—Evidemment. Comme on sait que les derniers mois ont été compliqués pour toi, avec tout ce que tu dois gérer, on s’est dit que cela te ferait plaisir. Bon ce n’est pas grand-chose…

—C’est déjà beaucoup. Merci !

—Tu nous remercieras quand tu les auras ouverts. Si ça se trouve, celui de Théodore est tellement barbant que tu voudras le lui rendre tout de suite.

—Blaise !

Tout en pouffant devant les pitreries du métisse, Alyandra commença à déballer le premier paquet, et tomba sur un livre en cuir de dragon noir.

—Il traite des potions essentielles et plus rares. Comme tu aimes beaucoup cette matière, j’ai pensé que ça te plairait. Mais si jamais tu préfères autre chose…

—Il est parfait ! Merci Théo !

En défaisant le second papier, la fillette découvrit une écharpe toute douce en cachemire gris. Elle l’essaya immédiatement et s’aperçut qu’elle lui allait comme un gant. Devant son sourire, Blaise prit un ton docte pour lui expliquer.

—C’est une écharpe adaptable. C’est-à-dire que tu peux réguler sa chaleur en fonction de tes besoins. L’été, elle peut devenir aussi légère qu’un foulard. L’hiver, elle te tiendra bien chaud.

—Super ! J’adore l’idée ! Merci !

—Ouvre celui de Daphné maintenant !

Le troisième paquet s’ouvrit sur une jolie boîte en bois sculpté. Sous le charme, Alyandra caressa doucement le couvercle, avant de l’ouvrir avec délicatesse, et de découvrir une multitude de tiroirs, de caissons et de cachettes. Perplexe devant la profondeur de la boîte, qui paraissait minuscule quand elle était fermée, la jeune sorcière lança un regard stupéfait à sa camarade.

—C’est une boîte à bijoux infinie. C’est très courant dans les grandes familles de Sang-Pur. On offre aux femmes une boîte où elles peuvent ranger tout ce qui leur est précieux. Et la boîte n’est jamais pleine. Il suffit de penser à ce que tu cherches en ouvrant le tiroir du milieu et l’objet apparaîtra dedans. Les petits caissons sur les côtés peuvent servir à ranger des fioles de parfums, de potions…

—De poisons…

—Blaise !

—Bah quoi ? Ma mère en a un et je suis certain que toutes ses fioles ne contiennent pas que des trucs légaux.

—C’est génial…

—Quoi ? Que ma mère possède des poisons ?

—Mais non pas ça ! La boîte ! C’est magnifique ! Merci beaucoup Daphné, je l’adore !

—Bon anniversaire Aly !

Radieuse, l’enfant suivit ses amis avec ses nouveaux trésors, ayant presque complètement oublié que sa famille n’avait pas daigné lui envoyer le moindre mot. Au fond d’elle-même, un nouveau sentiment naissait. Celui d’avoir trouvé avec ses trois camarades une nouvelle famille, une qu’elle avait choisie.

————

Dissimulé derrière le lourd mécanisme qui ornait le haut de la Tour de l’Horloge, Severus Rogue observait ses élèves. Un rictus ornait ses lèvres face à l’engouement de la petite Née-Moldue pour ses cadeaux. Bien qu’il ne puisse pas entendre la conversation, il ne rata rien du câlin collectif qu’elle offrit à ses amis. Définitivement, ce quatuor était attachant. Les trois Sang-Purs semblaient graviter autour de la petite fille, comme attirés par une aura lumineuse qu’ils pouvaient apercevoir. Si, au départ, l’austère personnage avait craint que cette coalition ne se retourne contre eux, il devait avouer qu’elle était au contraire plutôt bénéfique à toutes les parties. La présence constante de Greengrass et Nott aux côtés de la petite Bowsmith décourageait un grand nombre de Serpentards qui auraient souhaité lui jouer un mauvais tour. D’un autre point de vue, la gaieté de la petite Née-Moldue déridait l’héritier Nott, souvent trop sérieux pour ses onze ans. Quant à Blaise Zabini, il s’assagissait au contact de ses trois amis, même s’il restait le petit énergumène que le professeur voyait courir dans le Manoir Zabini depuis que le gamin savait se servir de ses jambes. Rogue n’avait jamais été dupe de l’accueil réservé à Alyandra lors de ses premières semaines à Poudlard. Il n’était pas intervenu, jugeant que son soutien n’aurait apporté que plus de problèmes à l’enfant. Mais voir ces trois héritiers se lier d’amitié avec elle – et semblant vouloir y tenir comme il l’avait découvert plus tôt – le rassurait quelque peu, même s’il ne l’avouerait jamais.

En revanche, un autre mystère le taraudait. Comme il l’avait promis aux enfants, il avait entamé des recherches sur les possibles visions de son élève. Malheureusement, jusqu’à présent, il n’avait rien trouvé de concluant. Comme il le supposait, les rares devins connus dans le monde magique ne possédaient pas de rêves prémonitoires. Ou ne s’en vantaient pas. Rien n’en parlait : rien dans les livres ou archives qu’il avait pu consulter. Devant cet échec, il avait un court instant songé à une simple coïncidence, avant de se souvenir que les coïncidences n’existaient pas dans le monde de la magie. Il avait pourtant désespéré de trouver un semblant de réponse.

Ladite solution lui était venue le matin même. Sans savoir réellement pourquoi, il avait brusquement songé à une conversation qu’il avait eue avec un de ses camarades de promotion une vingtaine d’années plus tôt. Ce dernier lui avait parlé des talents héréditaires de sa mère, cette capacité à voir le futur en rêve. Il avait même prétendu que son arrière-grand-mère, une puissante sorcière, avait même tenté de manipuler l’avenir. L’histoire ne disait pas si elle avait réussi. Toutefois, Rogue n’avait jamais vraiment cru aux racontars de son camarade, et avait à l’époque pensé qu’il ne s’agissait que d’un moyen de mettre en avant le statut de son sang. Mais ce matin, le doute l’avait pris. Et si son camarade ne se vantait pas ? Et si le don de prémonition existait vraiment ? Qu’Alyandra Bowsmith en était pourvue ? Comment ce don était-il arrivé jusqu’à elle, une simple Née-Moldue ? Peu à peu, ses questions avaient laissé place à une théorie, alors que son cerveau tentait tant bien que mal de relier les pièces du puzzle. Rogue n’avait jamais cru aux coïncidences. Et il n’y avait qu’un seul moyen de vérifier son raisonnement.

S’écartant de la grosse horloge et de la vue que la tour lui offrait, le professeur se dirigea à grandes envolées de cape vers son bureau. Il avait une lettre à écrire.

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