Dans le nid des Serpents

Chapitre 5 : Le cauchemar d'Halloween

3932 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2022 14:10

Il faisait nuit noire. A travers les fenêtres du couloir qui donnait sur la cour intérieure, on pouvait distinguer la lune qui apparaissait de temps à autre entre les nuages qui recouvraient le ciel d’automne. Il ne faisait pas spécialement froid, une petite laine suffisait pour se promener à la nuit tombée.

Le Château semblait endormi. Les élèves se trouvaient tous dans leurs dortoirs, profondément enfoncés sous les couvertures chaudes aux couleurs de leurs maisons. Les professeurs avaient depuis longtemps éteint les chandelles de leurs bureaux, leurs copies sagement rangées dans leurs affaires de cours pour le lendemain. Dans la volière, les chouettes et les hiboux étaient recroquevillés le bec dans leurs plumes. Le Lac Noir ne s’agitait pas, le Calamar géant ayant rejoint les profondeurs des eaux dès la tombée de la nuit.

Tout paraissait calme. Tout vraiment ? Soudain, une forme sortie de l’orée de la Forêt Interdite, et se dirigea, d’un pas lourd et traînant, vers une porte dérobée du château, qui s’ouvrit d’un coup, comme si la forme était attendue. Avant de disparaître complètement par la porte, la forme se retourna pour fixer l’extérieur. A ce moment-là, la lune éclaira soudainement l’endroit où elle se trouvait. Une forme sombre, gigantesque, chauve, habillée d’un simple pagne, fouillant les lieux d’un regard mauvais et portant avec lui une grosse massue en bois. Face au silence qui régnait, la forme sourit, dévoilant des dents noires qui lui donnaient un air encore plus malveillant.

Alyandra se redressa brusquement dans son lit, cherchant de l’air. Pendant quelques instants, elle se sentit perdue, avant de se souvenir qu’elle était à Poudlard, dans son dortoir sous le Lac Noir. Elle était en sécurité. Ce n’était qu’un cauchemar.

—Alyandra ? Tout va bien ?

La voix ensommeillée de Daphné acheva de rassurer l’enfant. Sa camarade était là. Elle n’était pas seule. Elle ne risquait rien.

—Ça va. Juste un cauchemar. Ne t’inquiète pas.

Réveillée par les voix de sa maîtresse et de sa camarade, Perséphone leva une tête endormie, s’étira puis bondit sur le lit d’Alyandra. Immédiatement, elle vint se blottir dans les bras de sa maîtresse, en quête de caresse. Presque machinalement, la fillette commença à glisser ses mains dans la fourrure noire et toute douce, ressentant un sentiment de calme. Perséphone se mit à ronronner, et Alyandra calqua sa respiration sur celle de sa fléreur, essayant d’oublier sa peur.

—Un cauchemar ? Tu veux m’en parler ?

Daphné paraissait désormais totalement réveillée. Elle se leva à son tour, et vint elle aussi s’asseoir sur les couvertures de sa camarade. Ses parfaits cheveux blonds étaient quelque peu ébouriffés, probablement à cause du fait qu’elle venait de passer plusieurs heures la tête dans son oreiller. Elle se recoiffa machinalement, fixant Alyandra de son regard bleu. Sa camarade lui rendit son regard, hésitant à se confier. Elle avait peur que Daphné ne la juge, la trouve infantile avec son cauchemar.

—Je ne vais pas te juger. Ça arrive à tout le monde de faire des mauvais rêves. Ça te fera peut-être du bien d’en parler avec quelqu’un.

—Le cauchemar en lui-même n’était pas si effrayant. C’est juste que… ça paraissait si réel. J’étais comme une spectatrice de la scène et… j’ai eu l’impression que le troll me regardait à un moment, comme s’il pouvait me voir.

—Le troll ?

—Oui, j’ai rêvé qu’un Troll des montagnes sortait de la Forêt Interdite en pleine nuit, et entrait dans Poudlard. Mais avant de refermer la porte, il s’est tourné et a regardé dans ma direction, comme s’il pouvait sentir ma présence. J’ai eu peur et c’est pour ça que je me suis réveillée. C’est ridicule n’est-ce pas ?

—Pas du tout. Ton cauchemar paraissait juste très réel, et c’est pour ça que tu t’es réveillée en sursaut. Mais tu ne crains rien ici. Aucun troll n’oserait entrer dans l’école, avec les protections de Dumbledore sur le château.

La voix de Daphné avait un effet apaisant sur Alyandra. La jeune sorcière blonde avait raison. Les élèves étaient en sécurité à Poudlard.

—Essaie de te rendormir d’accord ? Il ne faudrait pas réveiller Tracey, où elle va encore passer sa journée à rouspéter demain. En plus, il faut que tu sois en forme pour le banquet d’Halloween. Il paraît que c’est un des meilleurs repas de l’année, avec celui de Noël pour ceux qui restent.

—Merci Daphné. Désolée de t’avoir réveillée.

—Ne t’inquiète pas, ce n’est pas grave. Tu peux me réveiller quand tu veux si tu as besoin.

Avec un dernier sourire, la fillette retourna dans son lit, souhaitant une bonne fin de nuit à sa camarade. Bientôt, le silence revint dans la chambre, seulement entrecoupé par les légers ronflements de Tracey, que même une explosion dans la salle de bain n’aurait pas pu réveiller. Perséphone ne rejoignit pas son panier, cette nuit-là. Blottie contre sa maîtresse, la jeune fléreur passa le reste de la nuit dans ses bras, la rassurant par ses ronronnements et sa respiration calme.

——————

Le lendemain, l’excitation causée par le banquet d’Halloween organisé le soir-même avait gagné une bonne partie des élèves de l’école de magie. Même les plus anciens, pourtant habitués à ce repas spécifique ayant lieu chaque année, ne pouvait que sourire devant les décorations horrifiques qui avaient pris place dans la Grande Salle. Ici et là, on retrouvait des citrouilles édentées, qui tentaient de mordre les plus jeunes quand ils avaient l’imprudence de passer un chouia trop près. Au plafond, de nombreuses araignées avaient élu domicile, tissant de gigantesques toiles. Un véritable décor d’Halloween était né, pour la plus grande joie des plus jeunes. Mais à leur grande déception, les cours du jour avaient été maintenus, et c’est en traînant les pieds que les Serpentards rejoignirent les Serdaigles dans la serre de Botanique n°2. La Professeure Chourave les attendait de pied ferme, prête à récupérer leurs devoirs sur le Filet du Diable. Aux yeux de beaucoup, le cours s’éternisait en longueur, tellement la joie de pouvoir festoyer le soir-même était forte. Alyandra, assise à côté de Daphné, avait du mal à cacher son sourire devant les nombreux bâillements de sa camarade, qui tentait vainement de s’intéresser au cours, sans grand succès.

Enfin, après deux heures de Métamorphose, durant lesquelles ils apprirent à changer un hérisson en brosse à cheveux et inversement, le moment tant attendu arriva. La Professeure McGonagall eut à peine le temps de leur indiquer la fin du cours que la moitié de la classe était déjà dans le couloir, les élèves bavardant avec joie de la soirée à venir. Daphné décida d’attendre Alyandra près de la porte de la salle de classe, patientant pendant que sa camarade demandait à l’enseignante des précisions pour le prochain examen de métamorphose. Une fois cela fait, les deux nouvelles amies se dirigèrent ensemble vers la Salle Commune de Serpentard. Contrairement à ses habitudes, Alyandra ne rejoignit pas la bibliothèque, ayant accepté de tenir compagnie à Daphné en attendant l’heure du banquet.

—Comment est ta famille ?

La question, posée par Daphné alors qu’elles feuilletaient tranquillement leurs livres de cours, assises sur leurs lits respectifs, prit Alyandra au dépourvu. Depuis son arrivée à l’école de magie, personne ne lui avait posé la moindre question sur sa vie avant Poudlard. Que Daphné le fasse lui fit plaisir. Elle commençait vraiment à voir en la fillette blonde une amie.

—Je viens du sud de l’Angleterre, d’un petit village. Je vis avec ma mère et mes deux frères. Ils sont moldus et je crois que la magie leur fait un peu peur.

—Et ton père ?

—Je ne le connais pas. Ma mère m’a toujours dit qu’il n’avait jamais voulu de moi, qu’il était parti en apprenant qu’elle était enceinte et qu’il lui avait demandé de ne plus jamais chercher à le contacter. Ma mère m’a élevé en compagnie de Lewis et Simon, qu’elle a eu avec son premier mari. Et toi ? Qu’est-ce que ça signifie de vivre dans une famille de Sang-Pur ?

Daphné parut amusée par la formulation de la question. Alyandra avait déjà remarqué que les filles comme Tracey Davies et Pansy Parkinson faisaient des tonnes de manières afin de montrer leur rang dans la société sorcière. Mais pas Daphné. Elle restait simple, ne se vantant jamais de sa famille. Pas comme un blond arrogant qui se référait constamment à son père…

—C’est d’un ennui, si tu savais ! Toujours à devoir faire attention à la moindre de tes paroles, toujours assister à des soirées avec des gens guindés au possible. Et sans te plaindre, s’il-te-plaît ! On te demande d’être parfaite, de faire honneur à ton sang. Astoria, ma petite sœur, arrive à jouer ce rôle avec brio. Moi, j’ai plus de mal. Heureusement, mes parents ne sont pas aussi sévères que d’autres.

— Ça n’a pas l’air facile tous les jours chez toi.

—Au moins, à Poudlard, je n’ai pas constamment quelqu’un sur le dos pour me dire quoi manger, quoi porter, quoi répondre. Oh ! Regarde, c’est l’heure ! Vite, rejoignons le banquet !

L’ambiance dans le Grande Salle était vraiment animée en ce début de repas. Les élèves faisaient honneur aux mets qui leurs étaient proposés, discutant entre eux, s’interpelant parfois entre les tables. Sur l’estrade, les professeurs regardaient leurs étudiants avec bienveillance. Même si le volume sonore était beaucoup plus élevé que les repas habituels, ils pouvaient bien faire une entorse au règlement intérieur en ce jour de joie. Assise à côté de Daphné et en face de Blaise et Théodore, Alyandra dégustait avec un grand intérêt les plats préparés par les elfes de maisons, tout en riant aux pitreries de Blaise, grand farceur du petit groupe.

Ce fut dans cette ambiance joyeuse que le Professeur Quirell poussa soudain les grandes portes pour se diriger d’un air paniqué vers la table professorale, tout en criant.

—Un troll ! Dans les cachots ! Un troll !

Le silence se fit instantanément, le temps que tous dans la Grande Salle assimile les paroles de l’adulte. Ce dernier tourna de l’œil en murmurant, alors que les autres professeurs présents se levaient d’un coup.

—Je voulais vous prévenir…

A cet instant, le plafond magique de la Grande Salle, décoré pour l’occasion d’un ciel orageux, laissa échapper un gigantesque coup de tonnerre. Et ce fut le chaos. Un grand nombre d’élèves se mirent à crier, insensibles aux mouvements que faisaient les professeurs pour les calmer. Certains parmi les plus jeunes commencèrent à sangloter, et il fallut toute la prestance du Professeur Dumbledore – et un puissant Sonorus – pour ramener instantanément le calme. Tous se tournèrent alors vers le vieillard, qui semblait aussi serein qu’à son habitude. Mais à bien y regarder, l’étincelle qui habitait généralement ses pupilles avait disparu.

—Jeunes gens, s’il-vous-plaît, pas d’affolement.

La salle était désormais silencieuse, et chaque étudiant attendait avec appréhension la suite.

—Bien. Les préfets vont ramener leurs condisciples dans leurs dortoirs respectifs. Les professeurs vont m’accompagner jusqu’aux cachots.

Alors que les élèves des autres maisons commençaient à se diriger vers la sortie, une petite voix s’éleva à la table de Serpentard.

—Mais le troll est dans les cachots et notre Salle Commune aussi…

Tous les verts et argents stoppèrent instantanément leurs mouvements, se rappelant soudainement de ce fait. Comme un seul homme, ils se tournèrent vers leurs préfets, qui eux-mêmes cherchaient une explication auprès de leur Directeur de maison. Ce dernier semblait avoir réfléchi avant eux à ce problème épineux et resta de marbre devant ses élèves paniqués.

—Restez dans la Grande Salle et ne bougez pas, quoi qu’il arrive. Nous allons fermer les portes derrière nous, cela devrait vous mettre un minimum en sécurité.

Habitués de par leur ascendance à obéir sans poser de questions, de nombreux verts et argents hochèrent simplement la tête avant de se rasseoir. Néanmoins, les plus jeunes ne semblaient pas rassurés, et jetaient de fréquents coups d’œil à leurs aînés, comme pour se persuader qu’ils étaient bien encadrés par des sorciers sachant faire autre chose qu’un simple Wingardium Leviosa.

Daphné et Alyandra avaient à nouveau rejoint leur banc, et se tenaient le plus proche possible l’une de l’autre, essayant de se réconforter mutuellement. En face d’elles, Blaise et Théodore contemplaient la table, espérant peut-être que quelque chose y apparaisse. Aucun des élèves de la maison n’était véritablement serein, même si Drago Malefoy racontait à qui voulait l’entendre que la créature n’avait qu’à venir, qu’il n’en ferait qu’une bouchée. Beaucoup semblaient se retenir de lui dire qu’il avait été l’un des premiers à paniquer et à vouloir s’enfuir.

—Daphné… Mon cauchemar…

Le murmure était si faible que seuls la petite blonde et ses deux camarades Serpentards entendirent Alyandra. Les deux garçons durent même se pencher par-dessus la table pour pouvoir participer à la conversation qui allait suivre.

—Ce n’était qu’un cauchemar Alyandra.

—Mais tout de même… C’est bizarre.

—Qu’est-ce qui est bizarre ?

En voyant que la jeune Née-Moldue tremblait de peur, Daphné se chargea de raconter le cauchemar de son amie à Blaise et Théodore. Quand elle eut fini, le petit brun sembla pensif.

—Tu penses que ce serait un cauchemar prémonitoire ? Comme s’il t’annonçait ce qui allait se passer ?

—C’est peut-être une simple coïncidence…

—Qu’elle rêve d’un troll qui entre dans Poudlard et que le soir même, il y en ait véritablement un ? C’est trop étrange pour ressembler à une coïncidence Blaise…

—Alors Aly aurait des dons de voyance ? Comme Trelawney, la professeure de divination ? Tous ceux qui l’ont en cours disent qu’elle est complètement folle, et qu’elle passe son temps à prédire le malheur des gens… Aly, si un jour tu rêves de ma mort prochaine, je ne veux pas le savoir, d’accord ?


La tentative de Blaise pour détendre l’atmosphère eut le mérite de tirer un sourire aux enfants. Néanmoins, l’idée qu’Alyandra ait pu avoir une sorte de vision dans ses rêves n’en restait pas moins inquiétante. La proposition de Théodore d’en parler au Professeur Rogue quand il serait revenu fut approuvée à l’unanimité, mais Alyandra ne put s’empêcher de frissonner. Allait-elle devenir comme la professeur folle de divination dont tout le monde parlait ?

Pansy, assise à quelques mètres du quatuor, ne perdit pas une miette du frisson qui parcourut sa camarade. N’ayant toujours pas décoléré depuis le rapprochement de la fillette avec les deux Sang-Purs, elle vit à cet instant un moyen de ridiculiser encore plus l’enfant, et ne s’en priva pas.

—Regardez, la Sang-de-Bourde a peur d’un stupide Troll ! En même temps, je comprends. Si elle se retrouvait devant lui, elle serait incapable de se défendre. Ça nous ferait une tare de moins dans cette école.

—Parce que toi, tu sais bien évidemment quoi faire devant un Troll, Parkinson ? Alyandra, elle, pourrait au moins tenter de le désarmer avec un simple Wingardium Leviosa, vu qu’elle maîtrise le sort. Mais toi ? Aux dernières nouvelles, tu peinais à faire léviter une simple plume, alors une massue…

Devant l’air hautain de Daphnée, Pansy ne trouva rien à répondre et rougit de colère, alors que quelques ricanements se faisaient entendre. Pour une fois que cette fille à papa se faisait remettre à sa place par une de ses condisciples, certains n’allaient pas laisser passer l’occasion. Théodore s’autorisa un rictus tandis que Blaise pouffa sans discrétion. Alyandra remercia son amie d’un sourire, alors que sa petite voix lui soufflait qu’il faudrait un jour qu’elle se défende par elle-même face à ces attaques.

Après ça, le silence revint dans la Grande Salle, interrompu par moment seulement par un éternuement ou une quinte de toux. Le froid envahissait peu à peu la pièce, et ce n'étaient pas les quelques chandelles – celles qui avaient résisté aux coups de tonnerre, en tout cas – qui allaient réchauffer l’endroit.

Après ce qui parut une éternité aux étudiants, le professeur Rogue réapparut enfin aux portes de la Grande Salle. Un soupir de soulagement traversa les rangs quand l’austère directeur de maison leur fit signe qu’ils pouvaient retourner dans les cachots. Pourtant, en passant devant lui, Alyandra et ses amis comprirent que quelque chose n’allait pas. Leur professeur boitait – même s’il tentait de le cacher – et on apercevait par moment une énorme morsure sur sa jambe droite.

——————


—Ça mord, un troll ?

—Ne raconte pas de bêtises, Blaise. Le professeur Rogue a dû se faire attaquer par autre chose ce soir.

—Parce que tu en connais beaucoup des créatures qui se baladent dans le coin et laissent des morsures de cette taille, Daphné ? Si c’est ça, je veux rentrer chez moi. Je suis bien trop jeune pour mourir.

Pendant que Daphné et Blaise se chamaillaient au milieu du couloir, Alyandra attendait anxieusement devant la porte du bureau de son directeur, observant Théodore qui faisait les cent pas devant elle tout en marmonnant elle ne savait quoi à propose de « vision », « troll » et « morsure de gros chien ». Les quatre enfants avaient décidé de voir leur professeur le plus rapidement possible pour apaiser les craintes de la Née-Moldue. Ils avaient beau essayer de la rassurer en lui disant que ce n’était probablement qu’une coïncidence, la fillette ne pouvait totalement se défaire de l’idée que ce cauchemar n’était pas aussi simple qu’il n’y paraissait.

—Que faites-vous ici ? Miss Bowsmith… ?

Les quatre enfants se redressèrent d’un coup alors que Rogue apparut à la lueur des torches du couloir. Une fois n’est pas coutume, sa cape ne volait pas derrière lui, mais était rabattue le long de sa jambe.

—Il faut que l’on vous parle, professeur.

Hochant la tête, ce dernier ouvrit la porte et leur fit signe d’entrer. Alors que le lourd panneau de bois se refermait sans un grincement, le strict personnage s’assit à son bureau et dévisagea ses élèves en haussant les sourcils. Ce quatuor se révélait quelque peu… surprenant. Jamais il n’aurait envisagé que trois Sang-Purs d’aussi grandes familles se prendraient d’amitié pour une Née-Moldue. Pourtant, il devait reconnaître que la fillette possédait une sorte d’aura lumineuse qui semblait attirer même les plus récalcitrants. Il en avait fait les frais lors de leur première rencontre.

—Je vous écoute.

Il vit ses élèves s’agiter nerveusement et se regarder discrètement les uns les autres, comme pour s’encourager mutuellement à parler, avant que Miss Greengrass ne semble se décider et ne s’avance de quelques pas.

—Alyandra a fait un cauchemar cette nuit et…

—Et j’ai rêvé qu’un troll sortait de la Forêt Interdite pour s’introduire dans l’école.

La petite sorcière semblait aux bords des larmes et gardait la tête baissée, contemplant le sol du bureau. Il était évident pour le professeur que la perspective que son cauchemar se soit réalisé l’inquiétait vraiment.

—On se disait qu’il s’agissait peut-être d’une sorte de rêve prémonitoire, un genre de vision…

—Possible Monsieur Nott. Mais je n’ai jamais encore rencontré de sorcier capable de voir l’avenir dans ses rêves. Ma collègue Trelawney peut voir un futur incertain et des prophéties grâce à des visions particulièrement éprouvantes. Mais quelqu’un capable de prédire l’avenir en dormant…

Alyandra frissonna. Elle qui commençait à peine à se faire à ses pouvoirs, et à se sentir à l’aise dans l’école, voilà que quelque chose de nouveau lui tombait sur la tête. Elle aurait aimé que les choses soient plus simples, et qu’elle n’ait jamais fait ce cauchemar. Voyant la détresse de son élève, et ses frissons alors qu’elle se collait contre Daphné, le professeur Rogue tenta de la rassurer.

—Ne vous inquiétez pas Miss Bowsmith. Je vais me renseigner autour de moi afin de vérifier si ce que vous pensez peut se réléver juste. Pour le moment, il vaut mieux que vous considériez cet évènement comme une simple coïncidence. Vous êtes peut-être simplement très sensible aux incidents qui pourraient se produire, et cela se répercute dans votre sommeil. Si jamais il s’avérait que cela n’est pas le cas, et que vous avez vraiment une prédisposition à… la voyance, alors nous aviserons. Mais dites-vous bien que ce qui vous rend différente des autres ne fait pas forcément de vous quelqu’un de mauvais ou de dangereux. Votre particularité peut aussi devenir une force.

Le professeur sut qu’il avait atteint son objectif quand l’enfant hocha la tête, un peu rassérénée. Il nota mentalement de faire attention au moral de son étudiante, voyant bien qu’elle manquait cruellement de confiance en elle, et que le moindre côté négatif pouvait la faire douter. Néanmoins, il ne mentait pas aux enfants en leur disant qu’il était surpris. Jamais encore il n’avait entendu parler d’un sorcier capable de prémonition de cette sorte. Evidemment, il ne pensait absolument pas à une simple coïncidence. L’air affecté de son élève lui démontrait que son cauchemar devait être assez réaliste pour qu’elle s’en souvienne une fois réveillée, et sûrement dans les moindres détails. On était bien loin du simple rêve d’enfant. Des recherches s’imposaient. 

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