Dans le nid des Serpents

Chapitre 4 : Nouveaux amis

4148 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/07/2022 16:12

Cela faisait un peu plus d’un mois que les cours à Poudlard avaient débuté. Si les premiers jours, les plus jeunes arrivants s’étaient amusés à découvrir les couloirs et les recoins du château, ils s’étaient très vite plongés dans la multitude de devoirs donnés par les professeurs. Nombreux étaient ceux qui passaient du temps dans la bibliothèque, à recopier des pages entières de parchemins, à dévorer des livres plus ou moins clairs pour eux, et à se lamenter devant leurs copies raturées. Les Serdaigles étaient les plus assidus dans leur travail, certains allant même jusqu’à tenter de convaincre Madame Pince de fermer la bibliothèque plus tard, afin de bénéficier plus longtemps de toutes les connaissances présentes dans ce lieu. Elle avait bien évidemment refusé, rappelant aux élèves que le sommeil était d’une importance capitale pour réussir correctement ses études. L’idée de s’endormir en cours avait dissuadé les plus jeunes de veiller jusqu’à pas d’heure.

En quelques jours, la bibliothèque était devenue l’endroit préféré d’Alyandra. Son refuge. Ici, personne n’aurait eu l’idée de venir l’embêter. Si la fillette avait été au départ ravie de découvrir Poudlard et le monde de la magie, elle avait déchantée très rapidement. Après sa confrontation avec Pansy Parkinson quelques jours à peine après la rentrée, les blagues toutes de plus mauvais goûts les unes que les autres avaient commencé. La brunette s’était levée un matin pour trouver l’intégralité de son uniforme trempée d’une substance visqueuse. Elle avait feint d’ignorer le sourire narquois de Tracey pour remercier chaleureusement Daphné quand cette dernière avait discrètement murmuré la formule de nettoyage et fait disparaître toutes traces du problème. Ensuite, la moitié de ses livres de cours avait mystérieusement disparu. Après plusieurs heures de recherches infructueuses, elle avait fini par les retrouver tout au fond du parc, à la limite de la Forêt Interdite, sous une pluie diluvienne. Le méfait n’était pas signé mais il ne fallait pas être Merlin pour comprendre que l’idée venait probablement de Pansy, vu la manière dont elle l’avait regardé quand Alyandra était rentrée trempée dans la Salle Commune de Serpentard. Là encore, Daphné lui avait été d’une grande aide. Avec le soutien de Théodore Nott, qui avait sans un mot accepté d’aider sa camarade, elle avait séché du mieux qu’elle pouvait les livres, rassurant Alyandra qui était au bord des larmes.

A cela s’ajoutaient de nombreux croches-pattes ou sorts mineurs qui touchaient la fillette quand elle se trouvait dans les couloirs. Au bout d’un mois, elle était devenue une visiteuse régulière de l’infirmerie. A chaque fois, elle prétendait avoir trébuché, ou avoir raté ses sorts quand elle s’exerçait. Madame Pomfresh serrait les lèvres devant ses explications, mais ne rajoutait rien. Si elle avait parfaitement compris que la jeune sorcière lui mentait, elle ne posait pas de questions. Elle savait à quel point les étudiants de Serpentard pouvaient être durs en eux, particulièrement quand l’une de leurs victimes osait se plaindre. Ces enfants étaient vicieux. Ils courbaient l’échine devant les remontrances des professeurs, mais faisaient subir pire au malheureux dès que les adultes avaient le dos tourné. Cela, Alyandra l’avait parfaitement compris. Alors elle se taisait, supportant en silence les mauvaises blagues et les remarques, se plongeant dans le travail pour oublier qu’elle était désespérément seule. Bien sûr, Daphné était gentille et faisait de son mieux pour l’aider discrètement dès que ses détracteurs avaient le dos tourné, mais elle ne s’affichait pas publiquement à ses côtés. Sûrement par peur des conséquences. Hermione était de moins en moins présente, trop occupée à se faire des amis dans sa propre maison et à prendre de l’avance sur le programme scolaire. Oui, Alyandra était seule. Et si, jusqu’à maintenant, la solitude ne l’avait jamais dérangée, aujourd’hui, elle aurait grandement aimé avoir un ami pour se confier, quelqu’un qui la défendrait face à Pansy Parkinson et sa clique.

Elle avait découvert qu’il n’y avait que dans la bibliothèque que ses camarades la laissaient tranquille. Madame Pince veillait à ce que le silence règne, et le moindre bruit suspect l’attirait comme un oiseau repérant sa proie. Aussi, Alyandra savait que les autres élèves de Serpentard n’oseraient pas tenter leur chance. Alors, elle venait le plus souvent possible, se pressant d’arriver en sortant de cours, et partant uniquement quand Madame Pince la mettait dehors. Elle se plongeait dans ses études. Elle qui avait toujours aimé étudier était ravie de pouvoir le faire sans être interrompue par les éclats de rire de ses frères et leurs amis. Mais d’un autre côté, le silence qui régnait alors qu’elle grattait sa plume sur des parchemins se remplissant de devoirs de Potions, Sortilèges ou Métamorphose, avait plus tendance à la mettre mal à l’aise qu’autre chose.

Cet après-midi-là, alors que le mois d’octobre avait débuté depuis quelques jours, Alyandra se retrouva à la bibliothèque à la fin de ses cours, comme tous les jours depuis près de trois semaines. Elle posa ses affaires sur la table la plus éloignée des grandes portes, à la fois entre les rayonnages mais néanmoins dans le champ visuel de Madame Pince, ultime protection pour l’enfant. Le professeur Rogue leur avait encore donné un devoir de vingt centimètres à rendre sur l’utilisation de la potion contre les furoncles et son application et, bien qu’il ne soit que pour la semaine d’après, Alyandra souhaitait rendre à son professeur un devoir aussi parfait que possible. Le professeur Rogue, sous son extrême froideur, portait une grande attention à son élève. Il n’hésitait pas à remettre à sa place quiconque osait faire une remarque durant son cours. Tout comme il lui arrivait de dispenser des conseils et des encouragements à Alyandra lorsque ses potions en valaient la peine. L’enfant se montrait très intéressée par cette matière, et faisait de son mieux pour satisfaire son professeur. Elle aimait entrevoir le regard presque fier de Severus Rogue quand son échantillon de potion avait la couleur souhaitée, ou quand le devoir qu’il lui rendait avait obtenu un E ou plus.

Elle avait commencé son travail depuis une vingtaine de minutes quand elle se rendit compte qu’il lui manquait un livre pour développer son paragraphe sur les lieux où il était possible de se procurer la potion contre les furoncles. Sans hésiter, elle abandonna ses affaires sur la table pour se diriger vers le rayonnage de la bibliothèque dédié aux potions, bien décidée à trouver ce qu’elle cherchait. Mais alors qu’elle se mettait sur la pointe des pieds pour attraper le livre qui représentait l’objet de sa convoitise, elle aperçut Hermione qui était assise à une table à l’opposé de la sienne, discutant joyeusement à voix basse avec une élève de Serdaigle, probablement sur le devoir de Métamorphose dont elle voyait les livres étalés devant elles. Le cœur de la jeune Serpentard se serra dans sa poitrine à cette vision. Bien sûr, Hermione avait le droit de travailler avec qui elle voulait, mais voir sa première amie bien entourée alors qu’elle se retrouvait seule lui fit mal.

Sentant qu’elle allait véritablement craquer, elle s’enfonça dans le rayonnage et se recroquevilla sur elle-même, laissant les larmes couler véritablement pour la première fois depuis son arrivée à Poudlard. Elle se demanda pourquoi ces fichus sorciers étaient venus la chercher dans son petit village de Rye. Elle était bien avec sa famille ? Certes, ils ne se montraient pas spécialement aimants, mais ils ne lui jouaient pas de mauvais tours, lui parlaient un minimum, et acceptaient quand même sa présence. Ici, la maison Serpentard ne l’appréciait pas, parce qu’elle était Née-Moldue, et les autres maisons la méprisaient parce qu’elle était à Serpentard. Personne ne voulait véritablement d’elle. Les nombreuses griffures qui ornaient ses avant-bras et ses jambes étaient la conséquence de cette haine dirigée vers elle. Elle voulait rentrer chez elle, oublier sa condition, et retrouver sa petite vie d’avant. A cet instant, même le fait d’être une sorcière ne pouvait pas calmer les tremblements qui l’agitaient, les sanglots qui montaient, et le sentiment d’insécurité qui courrait en elle.

—Qu’est-ce que tu fais là ? Tu t’es perdue ?

La question, posée sans aucune méchanceté, mais avec une véritable curiosité, fit relever la tête à la fillette. Blaise Zabini était penchée sur elle, la regardant avec ses yeux bruns, qui s’écarquillèrent quelque peu quand il découvrit les traces de larmes sur le visage de sa camarade.

—Tu vas bien ?

Ne souhaitant pas faire encore plus les frais de commérages, Alyandra se releva précipitamment sans regarder le jeune garçon. Elle ne voulait pas que le sorcier court dans la Salle Commune, et raconte qu’il avait vu la « sale Sang-de-Bourbe » pleurer dans la bibliothèque, comme une petite fille de trois ans.

—Ça va. Merci.

—Non, ça ne va pas. N’essaie pas de me mentir. Tu viens de pleurer, et tu es toute seule avec un air malheureux sur ton visage de poupée.

Surprise devant ce compliment non dissimulé, la fillette ne put s’empêcher de relever la tête. Blaise Zabini la regardait presque avec inquiétude, sans aucun jugement dans son regard marron. Au contraire, il semblait presque vouloir l’aider. Avec hésitation, il porta une main au visage de sa camarade, et essuya délicatement les sillons d’eaux salées laissés par les larmes. Touchée par ce geste plein de gentillesse, Alyandra se laissa faire.

—Je ne sais pas pourquoi tu es si triste, même si je peux imaginer au moins plusieurs raisons. Mais il est hors de question que je te laisse dans cet état. Tu ne vas pas rester seule toute la fin de l’après-midi. Théo et moi venons de nous installer à une table un peu plus loin. On va aller chercher tes affaires et tu vas t’installer avec nous.

—Avec vous ? C’est gentil Blaise, mais je ne crois pas que Théo…

—Que Théo quoi ? Tu penses qu’il va piquer une crise parce que tu t’assois avec nous ?

—Mais je suis…

—Tu es quoi ? Je t’assure que ni Théo ni moi ne faisons attention à ce que tu es. Tu es malheureuse là maintenant tout de suite, et je refuse de te laisser toute seule. Théo sera de mon avis. Donc tu viens avec moi.

Un peu rassurée, Alyandra acquiesça doucement et suivit le Serpentard. Ils récupérèrent les affaires de la fillette à sa table, avant de partir dans la direction opposée et de rejoindre une table vers l’avant de la bibliothèque, où un garçon aux cheveux presque noirs était déjà assis. En les voyant approcher, il leva le regard et dévisagea Alyandra. La jeune sorcière crut pendant un instant qu’il allait faire une remarque perfide, mais il n’en fit rien et décala simplement ses affaires pour lui faire de la place, avant de se remettre au travail sans un mot. La fillette s’assit doucement et imita son camarade. Pendant plusieurs minutes, on entendit autour de la table uniquement le grattement des plumes sur le parchemin et le bruissement des feuilles que l’on tourne. Néanmoins, Alyandra jetais de nombreux coups d’œil aux jeunes Serpentards, encore perplexe du fait qu’ils la laissaient travailler auprès d’eux sans faire de commentaires.

—Pourquoi tu ne poses pas ta question, au lieu de nous regarder avec cet air sceptique sur le visage ?

L’intervention de Théodore Nott fit rougir l’enfant. Ainsi, il avait remarqué son manège. Elle allait répondre que ce n’était rien, quand son camarade posa sa plume et la dévisagea de son regard charbon, l’invitant silencieusement à s’exprimer. Rassemblant son courage, elle se décida à poser la question qui la démangeait.

—Je… Je me demandais pourquoi vous ne vous comportiez pas comme les autres.

—Comme les autres ? Tu préfèrerais qu’on te laisse seule et qu’on t’insulte ?

—Non ! Mais c’est comme ça qu’agit le reste de la maison alors…

—Le reste de la maison est composé de crétins. Excepté Daphné.

Surprise par cette intervention, Alyandra se tourna vers Blaise, qui venait à son tour de lâcher sa plume pour la fixer gentiment. Théodore laissa échapper un soupir en croisant les bras.

—Je serais toi, je ne dirais pas ça devant Drago, Blaise. Mais il a raison. Qu’est-ce que ça peut me faire, la pureté de ton sang ? C’est un truc de vieilles familles trop ancrées sur les traditions.

—Honnêtement Alyandra, tu pourrais ressembler à un troll que ça ne ferait pas de différence pour nous. Quand on te regarde, on voit une petite fille qui apprend la magie et qui excelle là-dedans. On s’en fiche que tu ne sois pas une Sang-Pur. Et on en a un peu marre de te voir toute seule alors que tu mériterais d’être entourée, alors on a décidé de venir te voir. Tu as assez souffert de ta solitude et Daphné a hâte de devenir proche de toi, alors on accélère un peu les choses.

Emue, la fillette sentit les larmes lui monter aux yeux, mais c’était cette fois-ci des larmes de joie. Savoir que ces deux garçons, des Sang-Purs depuis plusieurs générations, venaient de faire un premier pas vers elle lui faisait extrêmement plaisir. Elle se sentait un peu moins seule.

—Merci.

—Il faut remercier Daphné. C’est elle qui nous a baratinés pendant des jours qu’elle voulait devenir ton amie, qu’elle s’en fichait de ce que les autres pensaient. Elle attend juste que tu acceptes son aide. Et on a décidé de faire comme elle, parce que tu ne mérites pas ce que les autres te font subir. Ton sang ne devrait pas être un motif de persécution.

Cette fois-ci, un grand sourire vint orner les lèvres d’Alyandra. Un véritable sourire, ce qui n’était pas arrivé depuis le début de l’année scolaire. Elle commençait à entrapercevoir un avenir un peu moins sombre, si ceux qui venaient de faire un pas vers elle continuaient à se tenir à ses côtés.

Quelques instants plus tard, quand Madame Pince leva les yeux pour surveiller sa précieuse bibliothèque, elle fut surprise d’apercevoir trois Serpentards travailler ensemble, échangeant de temps à autre quelques phrases chuchotées, ou se montrant des passages d’un livre portant sur le sujet de leurs devoirs. Deux garçons encadraient une fillette aux cheveux noirs, dont le regard pétillait quand elle se tournait vers l’un d’entre eux. Un rare rictus vint orner les lèvres de la bibliothécaire. Enfin, cette petite fille qu’elle voyait seule quasiment tous les jours venait de trouver ceux qui la suivraient probablement pendant plusieurs années, qui la défendraient face à ses détracteurs et qui lui redonneraient cette confiance en elle qu’elle ne semblait pas avoir.

——————

Dire que Pansy Parkinson était en colère serait un euphémisme. Elle était folle de rage. Flora Carrow et Millicent Bulstrode, qui marchaient à ses côtés alors qu’elles se rendaient en cours de potions, n’osaient pas dire le moindre mot, de peur de s’attirer ses foudres. La journée avait pourtant débuté sous les meilleurs hospices. A peine le petit-déjeuner terminé, les trois jeunes Serpentardes avaient joué un tour à l'une de leurs victimes préférées, une jeune Poufsouffle Née-Moldue. La pauvre enfant s’était retrouvée avec les cheveux recouverts de toiles d’araignées, et Pansy en parlait encore en arrivant en Histoire de la Magie. En entrant dans la classe, elle avait embrayé sur la prochaine blague qu’elle comptait faire à la « Sang-de-Bourbe Bowsmith » : elle prévoyait de lancer le sort lorsqu’un maximum de Serpentards – et surtout Drago Malefoy – seraient présents, pour montrer à tous à quel point cette gamine leur était inférieure.

Seulement, alors que les élèves de première année s’installaient dans la salle de classe, l’impensable s’était produit. Théodore Nott, noble et unique héritier de l’illustre famille Nott, avait délaissé Blaise Zabini et Daphné Greengrass pour venir s’asseoir à côté d’Alyandra Bowsmith. Pire encore, il lui avait souri. Un petit sourire, certes, mais un rictus quand même. Théodore Nott ne souriait à personne d’autre qu’à Daphné Greengrass. Jamais. C’était un fait connu de tous. Alors comment se faisait-il qu’il ait dédié un sourire à cette fille, par Merlin ? L’étonnement de Pansy et de ses comparses atteignit son paroxysme quand, en passant devant la table où était assise Alyandra, Blaise se pencha vers elle pour lui souffler quelque chose à l’oreille, lui arrachant un joli sourire. Que s’était-il donc passé la veille pour que deux des nobles les plus purs de Serpentard témoignent un semblant d’amitié à une simple Née-Moldue ? Le monde ne tournait visiblement plus très rond.

Les chuchotements des premiers années de Serpentard résonnèrent pendant une grande partie du cours, sous les yeux inexpressifs du Professeur Binns. Même Hermione, habituellement pourtant extrêmement concentrée sur les paroles de l’enseignant, se retournait parfois pour dévisager Alyandra d’un regard inquiet. Mais la fillette ne prêtait aucune attention à ses autres camarades de classe. Penchée sur son parchemin, elle écrivait avec application tout ce qu’elle trouvait un tant soit peu intéressant dans ce cours. Silencieux à ses côtés, Théodore faisait de même, non sans jeter de temps à autre des regards noirs au reste de la classe. A l’autre bout de la pièce, Pansy rageait en silence. Elle savait pertinemment que si Blaise Zabini et Théodore Nott s’affichaient aux côtés d’Alyandra Bowsmith, alors nombre de ses détracteurs feraient marche arrière. Beaucoup d’entre eux refuseraient de prendre le risque de défier les maisons Zabini et Nott. C’était beaucoup trop dangereux de se mettre les deux héritiers à dos pour la plupart. Pansy allait perdre des soutiens importants, des larbins à qui elle ne pourrait plus demander de faire les tâches qui risqueraient de lui coûter des points de maisons. Mais qu’avait donc fait cette Sang-de-Bourbe pour mériter l’attention de ces deux Sang-Purs ?

A l’instant même où la rumeur disant que Théodore Nott et Blaise Zabini s’affichaient ouvertement avec Alyandra Bowsmith se propagea dans le château, un grand nombre des tours dont la fillette était la victime cessèrent. L’enfant s’en réjouit silencieusement, remerciant dès qu’elle le pouvait ses nouveaux amis, qui n’étaient jamais loin d’elle. Si Daphné ne s’était pas encore ouvertement approchée d’elle, les deux jeunes garçons la rejoignaient tous les soirs à la bibliothèque, et Alyandra devenait de plus en plus à l’aise en leur présence. Il lui arrivait désormais de rire devant les pitreries que faisait Blaise lorsqu’il souhaitait détourner leur attention du travail. Elle prenait grand plaisir à étudier avec eux, surtout lorsque Théodore monologuait sur l’utilité de l’essence de dictame sous l’œil ahuri de Blaise, pour qui il était incompréhensible que quelqu’un puisse aimer la botanique.

C’est dans un état beaucoup plus serein que les semaines précédentes qu’Alyandra vit arriver le jour du premier match de Quidditch de sa vie de sorcière. Blaise, passionné par ce sport, lui avait patiemment expliqué les règles de cet espèce de football dans les airs. La fillette se montrait plus qu’enthousiaste à l’idée de découvrir en pratique ce que le métisse lui avait montré dans les livres. Elle n’envisageait aucunement de faire partie de l’équipe de Serpentard dans les années qui allaient suivre, mais elle avait déjà assuré son ami qu’elle serait sa plus fervente supportrice lorsque celui-ci deviendrait un des défenseurs des vert et argent.

Ce samedi après-midi, la totalité de Poudlard était en effervescence. Le premier match de Quidditch de l’année avait lieu, opposant Gryffondor à Serpentard. Mieux encore, la rumeur courait que Harry Potter – oui, oui, le Harry Potter ! – était le nouvel attrapeur de la maison des Lions. Rien n’était confirmé, bien sûr – les rouges et or protégeant jalousement leur équipe depuis quelques temps – mais beaucoup pariait sur sa venue sur le terrain. Le brouhaha ambiant augmentait dans les gradins du stade au fur et à mesure que l’heure fatidique de la rencontre approchait. Assise au milieu de ses camarades, Alyandra observait le décor, admirant les tentures aux couleurs des maisons, riant devant les pitreries que faisait Blaise pour tenter de convaincre Daphné de crier avec lui, ou observant en silence un Gryffondor s’énerver face à une blague lancée par un Serpentard. Théodore se tenait à ses côtés, emmitouflé dans sa cape, pas plus que ça intéressé par l’ambiance qui régnait dans le stade. Lorsque les joueurs pénétrèrent enfin sur le terrain, accompagnés par le commentateur qu’Alyandra ne connaissait pas, une immense clameur les accueillit. L’amour des sorciers pour le Quidditch n’était décidément pas faussé.

Après quelques minutes de match, Alyandra commença à se désintéresser du jeu. Certes, suivre les joueurs des yeux pouvait s’avérer captivant pour certains, mais la fillette s’ennuyait plus qu’autre chose. Elle ne trouvait pas réellement un intérêt au fait de lancer des grosses balles sur les joueurs de l’équipe adverse, dans le but évident de les déstabiliser. Et puis, quel était le réel rôle de l’attrapeur, s’il devait passer son match à chercher une petite balle en or, en évitant à la fois les Cognards, le Souaffle, ses coéquipiers et ses adversaires ? La sorcière commençait à trouver le temps long et, accompagnée de Théodore qui ne paraissait pas plus passionné qu’elle, se lança dans un commentaire de ses camarades. Ainsi, elle ricana devant une Pansy prête à tout pour encourager un Drago Malefoy qui rageait contre les joueurs de Serpentard, qui étaient loin derrière les Gryffondors. Elle sourit en voyant Hermione encourager avec ferveur sa maison, aux côtés d’un demi-géant et d’un rouquin.

Ce furent des exclamations qui lui firent reporter son regard sur le jeu. Harry Potter, perché à plusieurs mètres du sol, était visiblement en train d’essayer de maîtriser son balai qui cherchait à le faire tomber. La quasi-totalité des joueurs avaient ralenti le jeu, prêts à venir en aide au jeune garçon au cas où le pire se produirait. La scène dura bien quelques minutes, durant lesquelles beaucoup d’étudiants retinrent leur souffle. Finalement, il parvint à se remettre en selle et, au grand étonnement de tous, partit à la recherche du Vif d’Or. Quelques instants plus tard, il démontra son talent de joueur de Quidditch précoce en attrapant la balle dorée debout sur son balai, offrant la victoire à sa maison. Alors que les Lions hurlaient leur joie à travers le stade, Alyandra suivit ses nouveaux amis, dont Blaise qui ne tarissait pas de critiques sur le jeu des Serpentards, et rejoignit tranquillement sa salle commune. La soirée s’annonçait morne pour les verts et argents. 


Laisser un commentaire ?