Dans le nid des Serpents

Chapitre 7 : Tentative de vol

4648 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/04/2023 14:52

Quelques jours après son anniversaire, alors qu’elle avait repris le cours tranquille de ses études et que le froid hivernal commençait à s’installer durablement sur l’Ecosse, une surprise accueillit Alyandra ce matin-là dans la Grande Salle. Pendant qu’elle petit-déjeunait sereinement en bout de table avec ses amis, comme ils en avaient pris l’habitude, et que la livraison de courrier journalière arrivait, un immense hibou noir se posa devant elle. Les quatre enfants se regardèrent, surpris, avant que Théodore n’avance une main hésitante vers la patte que tendait l’oiseau, où une petite pochette était attachée. Mais le hibou esquiva habilement la menotte du garçon, se contentant de se tourner vers Alyandra. Blaise essaya à son tour de récupérer le paquet, sans succès.

—Je crois qu’il veut absolument que ce soit toi qui récupères le colis Aly. De toute évidence, il t’est destiné.

La jeune Née-Moldue détacha son regard des yeux perçants de l’animal pour tendre à son tour la main, un peu apeurée. Elle n’avait jamais approché un oiseau d’aussi près et n’était pas très sûre d’elle quant à la marche à suivre. La bête n’allait-elle pas lui donner un coup de bec si elle essayait de lui toucher la patte ? Mais le hibou se contenta de pencher la tête sur le côté pendant qu’elle récupérait ce qui lui était livré.

Dès qu’elle eut son colis en main, le volatile reprit son envol, sans même attendre une récompense. Les quatre enfants le suivirent des yeux, attendant de le voir disparaître de la Grande Salle pour se pencher avec une certaine excitation sur le paquet qu’Alyandra tenait toujours dans sa main.

—Tu attendais quelque chose ?

—Non pas du tout. À part ma famille, personne ne sait que je suis ici.

—Peut-être un cadeau de ta famille ? Un cadeau d’anniversaire en retard…

—Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. Ouvre-le !

—Surtout ne fais pas ça !

Surprise, Alyandra faillit lâcher le colis. Théodore, qui venait presque de crier, le récupéra in-extremis, avant qu’il n’atterrisse sur le plancher. Le Sang-Pur s’empressa de sortir sa baguette et de murmurer quelques incantations. Devant l’air perdue de sa camarade et le haussement de sourcil de Blaise, l’héritier consentit à s’expliquer.

—Juste quelques vérifications. On ne sait jamais, il pourrait contenir un mauvais sort de la part d’un Serpentard malavisé. Maintenant tu peux l’ouvrir Aly.

Alors que Daphné hochait gracieusement la tête, la sorcière née-Moldue lança un sourire éblouissant à son ami, qui se sentit rougir. Il n’était pas commun de voir Théodore Nott rougir, aussi Blaise ne put-il retenir un rictus moqueur, accueilli par un regard noir de son camarade. Le métis l’ignora superbement, et se jura intérieurement de conserver ce souvenir mémorable.

Insensible à tout cela, Alyandra s’était finalement décidée à ouvrir le paquet. Le colis n’était en réalité qu’un minuscule sachet de soie, noué par un fin ruban vert. Avec l’aide de Daphnée, assise à ses côtés, la fillette délia le ruban, puis retourna la pochette pour faire tomber un objet au creux de sa main. Les deux filles se penchèrent sur l’objet en question, découvrant avec stupéfaction un pendentif en or, relié à une chaîne faite du même métal.

—Qu’est-ce que ça représente ?

Blaise, penché par-dessus la table, tendit la main pour se saisir à son tour du collier. Assisté de Théodore, il étudia lui aussi l’objet. Le pendentif représentait un simple triangle autour d’un rond, barré d’un trait vertical. Perplexes, les garçons rendirent le bijou à Alyandra sans un mot. La petite sorcière le fixa à son tour, incapable de comprendre la raison de cette livraison.

—C’est quoi ce bidule ?

—Aucune idée Blaise. Tu sais d’où ça vient Alyandra ?

—Non, je n'ai jamais vu ce collier.

—Donc ça ne vient pas de ta famille ?

—Je ne pense pas. Je n’ai jamais vu ce genre de bijou à la maison. Ma mère porte toujours le même collier, et sa boîte à bijoux n’est pas très remplie.

—Il n’y a pas de mot dans le sachet ?

Daphné, qui examinait avec attention la pochette, secoua la tête.

—Non aucun. Rien pour nous indiquer la personne qui l’a envoyé. Mais la pochette est en soie. Et pas n’importe laquelle. Elle est de très bonne qualité, elle me fait penser à la soie que ma mère commande directement de Chine pour ses robes de soirées sur-mesure.

—De cette qualité-là ? Ma mère en commande aussi et ça coûte une petite fortune d’après elle. Aly, je ne sais pas qui t’a envoyé ça mais on peut en déduire qu’il ou elle est très riche.

De plus en plus perplexe, la jeune Née-Moldue hésita un long moment avant de glisser le collier et sa pochette dans la poche de sa robe. Elle décida qu’elle ne porterait pas le bijou tant qu’elle n’aurait pas une idée de son expéditeur. Essayant de ne plus y penser, elle reprit son repas, tandis que ses amis se lançaient dans une nouvelle conversation. Aucun des enfants ne remarqua le regard inquisiteur du directeur de Poudlard.

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Albus Dumbledore n’était pas satisfait. Pas satisfait du tout. Quelque chose avait échappé à son contrôle à Poudlard, lui qui se targuait de tout savoir dans le château. Il jura intérieurement. Obnubilé par l’arrivée du jeune Potter dans son établissement, il avait mis de côté son observation des autres nouveaux étudiants. Bien sûr, le placement d’une Née-Moldue dans la maison la plus puriste des quatre l’avait inquiété dans un premier temps avant qu’il n’oublie complètement ce fait, constatant que rien de grave ne semblait se passer. Harry Potter était sa priorité. Les autres étudiants passaient au second plan. Évidemment, il gardait constamment un œil sur la maison Serpentard, vérifiant que rien de mauvais n’allait en sortir pour déstabiliser son Sauveur. Mais il n’avait pas creusé plus loin. Et aujourd’hui, il s’en mordait les doigts. Car il n’était pas normal qu’une Née-Moldue qui paraissait seule même dans sa propre famille, reçoive soudainement un colis livré par un oiseau qui n’appartenait pas à l’école. C’était d’ailleurs cet animal qui avait attiré son regard. Les hiboux noirs n’étaient pas courants au Royaume-Uni. Dumbledore ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il en avait aperçu un. À cela s’ajoutait l’excitation puis le désarroi qu’il avait décelé chez ses élèves. Tout cela méritait qu’il aille mettre son nez dans les affaires des Serpentards.

De son côté, Severus Rogue n’avait rien manqué de la réaction de son supérieur. Depuis longtemps, il avait appris à se méfier du visage de gentil grand-père que le sorcier affichait les trois quarts du temps. Derrière cette gentille façade se cachait en réalité un personnage beaucoup plus rusé, et n’hésitant pas à employer les grands moyens pour arriver à ses fins. Jusqu’à présent, il ne s’était jamais réellement intéressé à la maison Serpentard. Il ne faisait rien non plus pour améliorer leur image. Le directeur de maison soupçonnait Dumbledore d'être secrètement soulagé de voir que, malgré le passage des années, la maison Serpentard était encore victime de vieux préjugés. Pour autant, il était hors de question que ce vieux directeur se mêle des affaires internes à Serpentard. Pas tant que lui, Severus Rogue, en serait à la tête. C’était pour cela qu’il ne s’était pas précipité dans le grand bureau ovale du directeur quand ses étudiants lui avaient fait part de leur doute. Le risque que Dumbledore ne vît en Alyandra qu’une menace ou un simple pion était bien trop grand. Cette enfant, comme tous les autres, méritait de grandir sans être au centre d’une machination, orchestrée par le pseudo dirigeant de la Lumière. Que le vieux sorcier reste éloigné de ses Serpents et continue à chouchouter son Sauveur. Sinon, il comprendrait toute l’étendue des talents de Rogue en Potions.

C’est sur ces pensées que Rogue termina rapidement son petit-déjeuner et se rendit dans sa salle de cours. Il enseignait dans une demi-heure aux cornichons de quatrième année de Poufsouffle et cela le désespérait déjà d’avance. Ce n’était pourtant pas faute de tenter de leur enseigner les bases, mais ces gosses étaient beaucoup trop nigauds pour réussir convenablement la moindre potion. Il se préparait déjà à voir au moins trois chaudrons exploser, et à envoyer minimum deux élèves à l’infirmerie. Soupirant, il s’approcha de son bureau, avant de découvrir une lettre délicatement posée sur son manuel de “Potions avancées”. Avant même de l’ouvrir, il reconnut l’écriture, et une drôle de sensation s’empara de lui. Il savait que cette lettre contenait probablement la réponse qu’il attendait, et il avait un mauvais pressentiment. La sensation que ce qu’il allait apprendre ne lui plairait pas.

Effectivement, après avoir terminé sa lecture, Severus Rogue songea à se frapper la tête contre le bureau. C’était même pire que ce à quoi il s’attendait. En écrivant à son ancien camarade, le professeur s’attendait à tout, sauf à ça. Jamais, par Merlin, il n’aurait pu soupçonner ce fait. Il comprenait désormais pourquoi il n’avait rien trouvé dans les livres. Tout avait dû être effacé. Se passant la main sur le visage, comme pour effacer les rares marques d’émotions qui pouvaient s’y inscrire, l’austère personnage relut la dernière phrase.

« Je te prie de ne pas lui dire ce que je viens de t’apprendre. Je ne pense pas que ce soit bon pour elle qu’elle l’apprenne maintenant et de cette manière. »

Avec un dernier soupir, Rogue replia la lettre et la fit disparaître d’un coup de baguette. Évidemment qu’il ne parlerait pas de sa trouvaille à Alyandra Bowsmith. Son étudiante commençait à peine à prendre confiance en elle, et à se sentir chez elle à Poudlard, il n’allait pas détruire tout ce qu’elle parvenait à construire. Pas maintenant. Il était certain qu’il faudrait lui dire la vérité un jour, mais Rogue estimait que ce n’était pas son rôle. Lui se contenterait de veiller sur son élève, discrètement, comme il le faisait depuis le début de l’année. Se ressaisissant, Rogue recomposa son masque et commença à préparer sa salle de classe. Il avait un cours à assurer. Il aurait tout le temps de s’inquiéter plus tard.

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Alyandra avait tenu sa résolution. Sur les conseils de Daphné, elle avait déposé le collier dans sa boîte à bijoux et ne le portait jamais. Avant qu’elle ne puisse la ranger dans sa commode, son amie avait décidé d’appliquer un sort de protection sur le coffret. Au cas où quelqu’un viendrait fouiner dans ses affaires, avait-elle argumenté devant le regard interrogateur de sa camarade. Alyandra ne savait pas quel sort elle avait utilisé, mais elle avait surpris le regard admiratif de Théodore quand Daphné lui avait raconté, et en avait déduit que son bijou était en parfaite sécurité.

Les quatre enfants n’avaient pas reparlé du collier depuis la dernière fois. Instinctivement, ils avaient compris qu’il ne valait probablement mieux ne pas trop en faire l’étalage. D’un autre côté, l’arrivée des vacances de Noël avait détourné leurs pensées sur tout autre chose. Car qui disait vacances disait aussi examens. Et si Blaise se serait bien passé de cette étape, il n’était pas question pour ses trois camarades de ne pas réviser. Ainsi, chaque fin d’après-midi, après les cours, ils traînaient un métis récalcitrant jusqu’à une table de la bibliothèque, et travaillaient en silence sous l'œil vigilant de la propriétaire des lieux. Le soir des vacances, en sortant de son examen de Métamorphose, Blaise dû bien avouer que ces révisions intenses et imposées ne lui avaient été que bénéfiques, puisqu’il était quasiment certain d’avoir réussi toutes les matières. À ses côtés, Théodore et Alyandra discutaient de la réponse à la question bonus proposée par leur professeur, pendant que Daphné se dressait une liste à voix haute de tous les vêtements qu’elle devait récupérer chez elle et ramener à Poudlard.

Ce ne fut que quelques heures plus tard, alors qu’elle sortait de la salle de bain, que Daphné se rendit compte que quelque chose n’allait pas dans leur dortoir. En observant Alyandra qui farfouillait dans son armoire à la recherche de son pull fétiche, la petite sorcière blonde fronça brutalement les sourcils.

—Aly ? As-tu touché à ta boîte récemment ?

—À ma boîte ? Non pas depuis que j’y ai déposé le collier avec toi. Pourquoi ?

—Ce n’est pas normal… Ton coffret ne devrait pas se trouver là. Regarde, il est sur l’étagère du milieu, la plus accessible, alors que tu avais fait bien attention à le mettre en haut, là où il se voit moins car il est caché par tes affaires d’hiver.

—C’est vrai. Mais j’ai cru que tu l’avais déplacé pour récupérer le pull que tu m’as prêté hier et que j’ai rangé là-haut.

—Non ce n’est pas moi. Laisse-moi vérifier si le sort est toujours en place.

Joignant le geste à la parole, la fillette fit un mouvement compliqué avec son bras, avant de soupirer de soulagement et d’hocher la tête. Le sort, et donc le collier, était toujours là. Rien ne semblait avoir disparu. Peut-être rêvait-elle.

Mais au même instant, Perséphone se faufila entre les jambes de sa maîtresse, quémandant de l’attention. Alors que la jeune sorcière se penchait vers elle, la petite fléreur lui déposa dans la main un morceau de tissu. En l’observant, Alyandra estima que sa petite compagne avait l’air très fière d’elle. Elle tendit le tissu à Daphné qui l’observa avant de secouer négativement la tête. Elle ne le reconnaissait pas. Une chose était sûre, il n’appartenait à aucune des deux amies.

Blêmissant, les deux filles se regardèrent avant de se précipiter à l’extérieur. Il fallait qu’elles trouvent Théodore et Blaise. Quelqu’un avait touché aux affaires de la Née-Moldue pendant son absence.

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Albus Dumbledore était extrêmement contrarié. Rien ne se passait comme il l’avait prévu. Bien décidé à comprendre ce qui n’allait pas avec la petite bande de Serpentard, il avait profité du fait que toute la maison était en cours et en examen pour se faufiler discrètement dans le dortoir de la première année. Il avait scanné un moment la pièce, mais rien ne semblait retenir son attention. Jusqu’au moment où, en ouvrant l’armoire, il avait découvert ce coffret en bois. Il avait reconnu le genre d’objet que possédaient les femmes de Sang-Pur, et avait froncé les sourcils d’en voir un ici. Que faisait une telle boîte dans la commode d’une Née-Moldue ? De plus en plus intrigué, il avait tenté de l’ouvrir, et avait senti une vive douleur dans les doigts. Jurant, il avait compris que le coffret était protégé par un sort, un qu’il ne connaissait pas, probablement ceux créés par les familles de Sang-Pur pour protéger leurs petits secrets. Mais il s’était entêté. Rien ne résistait au grand Albus Dumbledore. Il tenta une seconde approche, mais s’arrêta net en sentant une griffure sur sa jambe. Interloqué, il baissa la tête et découvrit une jeune fléreur noire qui crachait furieusement dans sa direction. Ce fut quand l’animal lui griffa une seconde fois le mollet, arrachant au passage un morceau de tissu de sa robe, que le vieux directeur comprit qu’il lui fallait rebrousser chemin.

Il n’avait pas pu savoir ce que protégeait le coffret, tout cela à cause de cette maudite bête. Il savait bien qu’il aurait dû interdire les animaux dans l’établissement mais il avait fait preuve de faiblesse en écoutant son équipe pédagogique qui s’y était fermement opposée. Et maintenant, ce stupide chat l’empêchait d’atteindre l’objet de sa convoitise. Il rageait. Il ne savait pas ce qu’il se passait et cela ne lui convenait pas. Il allait devoir trouver un autre moyen de parvenir à ses fins.

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—Je maintiens qu'il faut prévenir quelqu'un. C'est de la violation de propriété privée.

—Pour la troisième fois, on ne va prévenir personne, Blaise. On n'a aucune idée de qui a pu faire ça. Ça pourrait être n'importe qui. Et arrête d'utiliser des termes que tu ne comprends pas. On dirait Drago Malefoy.

—Mais…

—Théo a raison. Imagine que l'on parle de ça à la personne qui en est responsable. Ça ne m'attirera que plus de problèmes. Et en plus on m'accusera de chercher à faire porter le chapeau à un Serpentard, puisque seuls notre maison et les professeurs ont accès à notre Salle Commune.

—Tu penses à quelqu'un en particulier ?

—Non, je n'ai aucune idée de qui a pu faire ça. À part vous, je n'ai parlé à personne du collier.

Le silence retomba sur le petit coin de la salle où s'étaient installés les quatre amis. Tous étaient plongés dans leurs pensées, essayant de comprendre qui avait bien pu tenter de forcer le sort de protection de Daphné. Le morceau de tissu apporté par Perséphone ne les avait pas vraiment aidés, leur indiquant tout au plus qu'il s'agissait d'une matière d'assez bonne qualité. D'un commun accord, ils avaient décidé que Daphné garderait le morceau dans sa propre boîte, afin de ne pas ranger toutes les preuves au même endroit. Blaise avait argué que le malfaiteur pourrait retenter quelque chose, et faire disparaître les indices compromettant par la même occasion s'il réussissait son coup. Les trois autres n'avaient pas trouvé à redire.

—Bon changeons de sujet. Le sort est toujours en place et le collier aussi. Cela veut donc dire que pour le moment, il n'a pas été découvert. Parlons de quelque chose de plus joyeux. Que prévoyez-vous pour les vacances de Noël ?

—Ma mère a décidé de se trouver un nouveau mari. Mais un étranger cette fois. Elle m’emmène avec elle en Australie, elle espère y trouver un beau sorcier blond et bronzé.

—Et riche…

—Bien évidemment. Sinon, à quoi pourrait-il lui servir ? Ma mère est une femme indépendante mon cher Théo. Et toi, où vas-tu passer les fêtes ?

—Chez moi, au Manoir. Je vais m’ennuyer comme un rat mort, mon père a déjà prévu de nombreuses réunions avec des amis. Heureusement qu’il me laisse son laboratoire de potion à disposition, je vais pouvoir m’entraîner aux potions prévues à la rentrée.

—Quel programme…Daphné ?

—Mes parents nous emmènent en France, Astoria et moi. On va aller passer les fêtes chez une tante éloignée de Mère je crois. Elle n’a pas d’enfants, pas de mari et un héritage à faire pâlir les Malefoy. Une vieille peau acariâtre.

—Sympathique la tata… Et toi, princesse ?

—Je ne sais pas encore. J’ai envoyé une lettre à ma mère pour savoir si je pouvais au moins rentrer pour les fêtes, j’attends sa réponse. Sinon je resterai à Poudlard.

—Ne t’inquiète pas, elle va forcément te dire oui. C’est quand même important de passer les fêtes de fin d’années en famille.

—Je ne sais pas, j’ai un mauvais pressentiment…

—De toute façon tu ne peux pas savoir tant que tu n’as pas reçu la réponse. Ça ne sert à rien de s’inquiéter. Allons plutôt dîner.

—Blaise, tu ne penses vraiment qu'avec ton estomac !

—Ce n’est pas ma faute si je meurs de faim ! Vous avez de la chance de ne pas connaître cette torture !

—Mais oui, mais oui… Allez en route, ou Monsieur va nous faire un malaise.

Alors que Blaise et Daphné ouvraient la voie en chahutant doucement, Théodore remarqua qu’Alyandra restait légèrement en retrait, les observant avec un sourire un peu triste. Il ralentit le pas pour arriver silencieusement à sa hauteur. Ils firent quelques mètres sans un mot, avant que Théodore ne se décide à parler.

—Tu n'as pas à faire semblant d'être contente pour nous.

—Pardon ?

—Tu as le droit d'être triste qu'on se sépare même si c'est pour peu de temps.

—Je suis vraiment contente pour vous, c'est juste que…

—Que tu as peur qu'on t'oublie, ou qu'on décide de ne plus être amis avec toi en revenant ?

—Oui voilà… C'est idiot je sais mais…

—Pourquoi ça serait idiot ? C'est normal de ne pas vouloir être séparée de ceux auxquels tu es attachée. Mais tu peux nous en parler.

—Mais je ne veux pas vous blesser…

—Ne t'inquiète pas, je peux comprendre… et je suis sûr que Blaise et Daph' aussi. Au contraire, on préfère même que tu nous en parles plutôt que de garder ça pour toi toute seule. On est tes amis Aly, ça ne changera pas après deux semaines de vacances.

—Merci, Théodore.

—Je sais que tu es plus proche de Daphné que de moi, mais tu peux venir me voir aussi si tu as besoin de parler.

—Tu m’écriras ?

—Évidemment. Quel ami serais-je si je ne faisais pas au moins ça ?

Rassurée, Alyandra sourit à son compagnon, d'un vrai sourire cette fois. Puis, attrapant la main que Théodore lui tendait, ils rejoignirent les deux autres, qui s'étaient arrêtés pour les attendre devant la Grande Salle.

L’heure du départ approchait.


Quelques jours plus tard, un hibou se posa près d’Alyandra lors du petit-déjeuner, qu’elle prenait en compagnie de Théodore et Blaise, Daphné étant exceptionnellement restée dans les dortoirs pour terminer de remplir sa valise. Instinctivement, la fillette su qui en était l’auteur, et elle prit le parchemin avec un peu d'appréhension, et le déroula d’une main peu assurée. Ses deux amis avaient interrompu leurs repas, attentifs aux réactions de la Née-Moldue.

Alyandra,

J’ai bien reçu ta lettre. Malheureusement, nous ne pourrons pas t’accueillir à Noël, les garçons et moi partons en vacances hors de l’Angleterre. Si j’ai bien compris, ça ne devrait pas poser problème que tu restes dans ton école.

D’après ton emploi du temps, on se reverra aux vacances d’été. En attendant, travaille bien et dur. Tes frères sont sur le chemin de la réussite, j’espère que tu en feras autant.

Maman

P.S: N’existe-t-il pas de boîte aux lettres dans votre monde ? Répondre par hibou est vraiment ridicule.

Sans un mot, la jeune sorcière tendit la lettre à Théodore, qui déjeunait à ses côtés, avant de boire d’une traite son verre de jus de citrouille pour éviter aux larmes de monter. Cette fois, elle refusait de pleurer. Sa situation n’était plus la même qu’en début d’année. Même si sentir la morsure du rejet était toujours aussi difficile, elle n’était plus seule. En témoignait la main de Théodore posée sur la sienne en guise de réconfort, ou encore Blaise qui l’enlaçait doucement par derrière après avoir lu par-dessus l’épaule de Théodore. Et elle savait que, une fois mise au courant, Daphné proposerait toute une flopée de nouveaux sorts à l’encontre de sa mère.

—Je suis désolé Aly…

—Tu n’y es pour rien.

—Comment peut-on être aussi sec avec sa propre fille ? Elle ne te dit même pas leur destination. Elle est horrible !

—Ce n’est pas grave, je vais rester à Poudlard. J’ai entendu un quatrième année de Serdaigle raconter que le banquet de Noël est vraiment sympa et que les elfes sont aux petits soins pour nous.

—On t’écrira, c’est promis. Et si tu as le droit d’utiliser une cheminée, on pourra même essayer de se voir !

—De se voir ? Par la cheminée ?

—Oui ! En fait, on met une poudre dans la cheminée et on prononce distinctement l’endroit où on veut que notre tête apparaisse, et ensuite on se retrouve dans la cheminée voulue ! C’est très pratique, tu verras !

—Merci les garçons. Ça va beaucoup mieux grâce à vous !

—On est là Aly. On ne te laissera pas tomber.

Une heure et demie après avoir reçue sa lettre, Alyandra accompagna ses amis dans la cour intérieure du château et, après avoir reçu une accolade timide de la part de Théodore, un câlin de la part de Daphné et s’être faite quasi étouffée par Blaise, elle les regarda s’éloigner vers les grilles de Poudlard. Elle sentit un petit pincement s’insinuer dans son cœur, mais les larmes ne montèrent pas. Ce n’était que deux semaines. Dans quatorze jours, ses amis seraient de retour, avec plein de belles choses à lui raconter. Et elle pourrait elle aussi leur narrer son premier Noël à Poudlard, sans adulte pour la regarder avec dégoût, sans enfants pour la maltraiter - elle avait vu Pansy et sa clique s’éloigner à la hâte quand le garde-chasse était arrivé pour les récupérer. Au fond d’elle-même, elle devait avouer qu’elle avait quelque peu hâte de découvrir Poudlard sous un autre jour, plus animé, plus fêtard. Elle savait déjà qu’elle consacrerait une partie de ses vacances à ses devoirs - elle avait un énorme parchemin à rendre en Potions - mais elle n’excluait pas d’aller se balader autour du Lac Noir gelé. Elle avait deux semaines pour visiter de fond en comble ce château qui, elle commençait à s’en apercevoir, était devenu sa maison plus que ne l’avait jamais été l’endroit qui l’avait vu grandir. 

—Finalement, tu avais peut-être raison Maman. Il vaut mieux que je reste à Poudlard…

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