R.A.B

Chapitre 9

1492 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/07/2022 20:29

Lorsqu’il reprit connaissance, Régulus était couché sur un lit inconnu dans une chambre sombre qu’il n’avait jamais vue.

Il se tendit, clignant des yeux, forçant sa mémoire pour comprendre ce qui se passait. Dans ses derniers souvenirs, il buvait la potion infâme de la caverne maudite et il se retrouvait terrassé par la douleur.


D’un coup, tout lui revint avec la force d’un cognard. L’horcruxe, sa mission suicide, les effets de la potion ignoble, la douleur, les inferi… Puis l’intervention de son mystérieux sauveur.


Il se redressa, haletant, pour regarder autour de lui.

Il émanait de la pièce misérable des relents de poussière, et tout le mobilier autour de lui semblait brisé comme si quelqu’un s’était déchaîné à cet endroit. Le lit dans lequel il était semblait être la seule chose à avoir été épargnée. Il semblait également avoir été nettoyé et les draps étaient propres au moins.


Un verre d’eau était posé sur la table de chevet à ses côtés, et après une hésitation il s’en empara pour le renifler avec précautions. Ne détectant rien de suspect, il se risqua à boire, pour apaiser sa gorge desséchée. 


Il ferma les yeux un instant, savourant le soulagement apporté par le liquide frais. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il sursauta violemment, manquant d’échapper le verre en découvrant son mystérieux sauveur inconnu appuyé contre le chambranle de la porte, le dévisageant avec attention, en silence.


Sans le quitter du regard, il posa le verre près de lui, à tâtons, méfiant. Il chercha sa baguette, horrifié de découvrir qu’il en avait été dépossédé.

D’un ton neutre, le jeune homme lui indiqua, avec un léger sourire.

   — Si tu cherches ta baguette, je l’ai glissée sous ton oreiller. C’est en général là que je la garde, j’ai pensé que tu préférerais l’avoir à proximité, puisqu’après tout, je suis un inconnu.




Régulus fouilla immédiatement sous l’oreiller, se moquant bien du fait que sa précipitation pouvait avoir l’air insultante, et il se détendit légèrement en sentant le bois familier de sa baguette au bout de ses doigts. Il caressa doucement les entrelacs gravés sur le manche avant de la saisir fermement pour la pointer en direction de l’inconnu, sans être réellement menaçant. C’était juste une façon de se rassurer, après ce qu’il venait de vivre, comme pour avoir la preuve qu’il ne risquait rien.


Le garçon face à lui ne bougea pas, l’observant juste attentivement. Maintenant, alors qu’il avait l’esprit clair et qu’il avait l’occasion de l’observer avec attention, Régulus pouvait voir au premier coup d’œil qu’il n’était pas James Potter. Il songea que son esprit embrumé par la douleur avait provoqué la confusion, mais qu’en temps normal il n’y aurait jamais pensé.


Bien sûr, il y avait une ressemblance certaine avec le meilleur ami de son frère aîné, notamment à cause des cheveux en bataille d’un noir d’encre et de quelques traits de son visage qui étaient familiers — le teint mat, les pommettes marquées, une légère fossette.

Cependant, le garçon était bien plus mince et plus petit. Derrière ses lunettes rondes, ses yeux verts — d’un vert presque surnaturel — le fixaient, lui laissant le temps de le détailler. Il y avait aussi sa posture qui était différente — plus tendue que celles de James, comme s’il était en permanence sur ses gardes. Il n’avait pas cet air moqueur permanent et le fixait avec un sérieux déstabilisant.


Finalement, Régulus soupira.

   — Qui es-tu ?


Le brun avança lentement et attrapa une chaise bancale. Il la regarda d’un air hésitant puis s’installa avec prudence dessus, souriant malicieusement lorsque l’objet craqua, mais tint bon.

   — Je m’appelle Harry Potter.

Régulus fronça les sourcils, et répliqua aussitôt, agacé.

   — Potter n’a pas de frère ou de cousin.

Sans pouvoir s’en empêcher, le jeune homme pinça les lèvres et baissa les yeux, avant d’ajouter, amer, se moquant bien des réactions de l’inconnu face à lui.

   — Je le sais parfaitement, puisque c’est mon propre frère qui a pris cette place.



Il y eut un silence puis le garçon inconnu reprit doucement.

   — Je suis né le trente et un juillet mil neuf cent quatre-vingt.



Régulus blêmit et vacilla, essayant de toutes ses forces de penser à une mauvaise plaisanterie. Le genre de tour que pouvaient jouer les maraudeurs, inventant une potion pour modifier leurs traits et pour lui faire croire n’importe quoi. Mais le garçon avait su où était la caverne, il l’avait sauvé des inferi et il l’avait fait sortir. Sans compter que les Maraudeurs n’étaient plus à l’école. Ils étaient devenus membres actifs de l’organisation secrète de Dumbledore et Aurors, bien loin de leurs plaisanteries habituelles.

Il souffla enfin, dans un murmure choqué.

   — Nous ne sommes qu’en mil neuf cent soixante-dix-neuf.



Le garçon — Harry — eut un sourire triste et hocha la tête. Il se pencha en avant pour caler ses coudes sur ses cuisses et posa son visage dans ses mains, tirant un craquement sinistre de la chaise. Cependant, il n’eut aucune réaction et commença à parler, d’une voix étouffée par sa position, toute sa posture hurlant le désespoir.

   — J’ai dix-huit ans. J’ai… Dans le futur, je suis amené à combattre Voldemort et ses Mangemorts.


Régulus eut une exclamation de stupeur, choqué, s’agrippant aux draps du lit, espérant se réveiller d’un cauchemar un peu trop réaliste.

   — Dans près de vingt ans, il sera encore là ?


Harry releva la tête et soupira.

   — La mort de mes parents offrira un répit, mais oui, il sera encore là. Terrifiant et puissant.



Régulus se frotta le visage, un peu perdu et oublia toute méfiance envers ce garçon étrange. Il chuchota, perdu, les yeux un peu trop brillants.

   — J’ai échoué alors ?

Ils se fixèrent un long moment, conscients de se battre pour le même but, même si l’un d’entre eux avait été un fidèle du monstre à abattre. Puis Harry ferma les yeux et souffla doucement avant d’avouer.

   — Tu ne pouvais pas savoir qu’il en avait créé d’autres. Plusieurs autres.


Régulus hoqueta et écarquilla les yeux. Une vague de nausée le secoua alors qu’il se rendait compte de la situation. Il se pencha vivement en avant, les mains plaquées sur sa bouche. Il hésita, puis il écarta ses doigts tremblants et dans un souffle il osa enfin demander ce qui le tourmentait.

   — Combien ?


Harry eut une expression étrange, puis ferma les yeux.

   — À mon époque, il en avait créé sept. En ce moment exact, à cette époque, il doit y en avoir cinq en tout d’après mes calculs.


Régulus blêmit, et jura entre ses dents. Puis, il fixa le garçon qui venait du futur.

   — Tu dis que tu l’as affronté. Pourquoi es-tu ici ?


Harry eut un mouvement de recul, puis se leva d’un bond, envoyant la chaise au sol. Il commença à aller et venir, visiblement furieux, et sa magie crépitait autour de lui, intoxicante, prouvant sa puissance.

   — Parce que j’ai pu m’en sortir, mais lui aussi ! Parce que je n’ai pas réussi à le tuer, et parce que tout ce que j’avais… j’ai tout perdu ! Ma famille, mes amis ! Il a tué tous ceux que j’aimais… Alors j’ai cherché une solution, n’importe quoi qui puisse arrêter ce monstre et j’ai trouvé ce sort… Une façon de tout recommencer différemment, de changer les choses. Je l’ai lancé et…


Régulus l’arrêta, les sourcils froncés.

   — Tu as lancé un sort pour retourner dans le passé ? Pourquoi venir me sauver moi ? Qu’est-ce que ça pourrait changer ? On ne se connaît même pas !


Harry se stoppa soudain, et soupira en passant la main dans ses cheveux avant de cracher, furieux.

   — Tout ça, c’est à cause de ce foutu elfe !


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