R.A.B

Chapitre 11

1693 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/07/2022 19:10

Le ton de Régulus était moqueur, mais il se posait des questions sur cet étrange garçon venu du futur. Le jeune homme aux yeux verts haussa les épaules avec une grimace, visiblement mal à l’aise.

   — Ça ne fonctionne pas tout à fait comme ça, je crois. C’était un peu une tentative désespérée… Je ne suis pas certain qu’il soit sage de le relancer une seconde fois, et…

   — Comment ça ?



Avec fascination, Régulus vit le garçon rougir brusquement malgré sa peau mate. Il cligna des yeux et souffla, effaré, en le détaillant, les yeux ronds.

   — Tu as lancé ce sort sans en connaître les effets ?




Le garçon grogna en se passant la main dans les cheveux avant de secouer la tête. Il fronça le nez, essayant de dissimuler sa gêne, et expliqua vaguement.

   — Je n’ai pas vraiment eu le temps de peaufiner mon plan. J’étais légèrement pressé par le temps, et… encore une fois, c’était plus une mesure désespérée qu’un acte planifié et réfléchi.



Soudain curieux, Régulus s’installa plus confortablement dans le lit, posant sa baguette à portée de main — ne ressentant plus le besoin de la pointer sur son étrange sauveur — et croisa les bras avec un sourire amusé et légèrement moqueur. L’adolescent le fixa, soudain un peu pâle, et Régulus baissa la tête, mal à l’aise, se souvenant du nombre de personnes qui avaient affirmé que les deux frères Black avaient le même sourire.

   — Je suppose que c’est le moment où tu me racontes tout en détail pour essayer de me convaincre de te venir en aide ? D’abord, pour commencer, où sommes-nous exactement ?



Harry eut un sourire nostalgique en regardant autour de lui. Puis il soupira.

   — À l’intérieur de la cabane hurlante près de Poudlard. Comme je te l’ai dit, elle est désormais vide, et nous ne risquons pas d’être découverts.


Régulus regarda autour de lui d’un air méfiant, les yeux plissés, avant de hocher la tête, acceptant l’information. Pourtant, il avait entendu les hurlements qui s’en échappaient certaines nuits durant sa scolarité, alimentant la rumeur d’un esprit frappeur particulièrement violent. Ça ne l’empêchait pas de faire instinctivement confiance à ce drôle de garçon. Harry reprit, doucement, baissant la voix jusqu’à murmurer.

   — Ensuite. Et bien, tu sais qui je suis, Régulus. Harry Potter, garçon venant du futur. Pas encore né, et dont les parents vont être tués d’ici peu.

   — Je sais qui tu es, oui. Enfin à condition que ton histoire extraordinaire soit vraie. Mais je ne sais pas pourquoi tu es là, devant moi. Quel rapport as-tu avec… tout ça ?



Harry hésita si longuement que Régulus pensa qu’il ne dirait rien finalement. Qu’il le laisserait là après l’avoir sauvé pour repartir d’où il venait — ou pour mettre en œuvre un autre plan incroyablement stupide et dangereux pour l’équilibre du monde magique. Finalement, le jeune homme commença son histoire, chuchotant presque, triturant ses doigts nerveusement.

   — Comme je te l’ai dit, je suis le fils de James Potter, et ton frère était… sera mon parrain. Tu as probablement dû entendre parler de l’Ordre du Phénix ?

   — Le groupe idiot créé par Dumbledore ? Je sais qu’ils sont une poignée à s’opposer au seigneur des ténèbres.

   — Mes parents… en font partie. Sauf qu’il va y avoir d’ici peu une prophétie. Avant ma naissance… Nous sommes en soixante-dix-neuf, n’est-ce pas ?

   — En octobre. Le mercredi vingt-quatre octobre. À moins que nous ne soyons déjà jeudi.



Harry eut un hoquet de surprise et eut une expression résignée.

   — Encore une fois la période d’Halloween… Je n’ai jamais su à quelle époque précisément tu es… tu avais disparu. La prophétie n’a pas encore eu lieu de ce que j’en sais. Quand elle sera prononcée, un Mangemort la rapportera à Voldemort et… il me choisira comme étant son ennemi.

   — Un bébé ?

   — La prophétie annonce la naissance de celui qui peut le vaincre.


Régulus secoua lentement la tête, les yeux écarquillés.

   — Il prévoit de tuer un nourrisson juste à cause d’une prophétie ? Mais…

Harry ferma les yeux, et laissa échapper un rire amer.

   — Une prophétie qui a détruit méthodiquement ma vie. Et pourtant ce n’est pas la chose la plus folle qu’il ait faite, n’est-ce pas ?



Si Régulus n’avait pas déjà trahi les ténèbres, il aurait probablement changé d’allégeance en cet instant. Il pouvait accepter les victimes parmi ceux qui se battaient pour leurs convictions. Après tout, c’était une guerre qui déchirait le monde magique, deux idéologies radicalement opposées. Mais faire d’un bébé tout juste né un ennemi était… ignoble.

Il fronça soudain les sourcils, perplexe.

   — Attends une seconde. Tu as dit qu’il t’avait choisi ? Je croyais que la prophétie te désignait.


Harry haussa les épaules, visiblement résigné à son sort.

   — La prophétie indique qu’un enfant naîtra fin juillet et aura le pouvoir de mettre fin à son règne. Nous sommes deux enfants magiques proches de Dumbledore pouvant correspondre à cette description. Neville Longdubat, Sang-Pur, et moi-même, Sang-mêlé puisque ma mère est née-de-moldus.


Régulus hocha la tête, acceptant l’explication, mais ne comprenant toujours pas pourquoi le jeune homme face à lui avait été choisi. Il était puissant de ce qu’il pouvait sentir, mais de ce qu’il savait il était impossible de déterminer le potentiel magique d’un nouveau-né.

   — Et il t’a choisi, toi, parce que… ?

   — Selon Dumbledore, il s’est reconnu en moi. Après tout, il est un orphelin sang-mêlé…


Régulus s’étouffa presque sous le choc, incrédule.

   — Tu peux répéter ? Je croyais… Il disait qu’il était l’héritier de Serpentard ?


Harry gloussa, visiblement amusé de la réaction brutale du jeune homme face à lui. Il lui adressa un clin d’œil moqueur, l’air bien plus jeune alors qu’il semblait soudain s’amuser comme un petit fou.

   — Il l’est réellement, mais sans la pureté qu’il mettait en avant. Sa mère était une Gaunt, descendant de Serpentard. Mais elle était presque cracmolle après trop de consanguinité dans leurs mariages entre cousins. De ce que j’en sais, elle est morte en le mettant au monde. Son père était un moldu fortuné, que sa mère avait drogué aux potions d’amour pour échapper à un destin sombre — je crois que c’était de l’amormentia, mais sans preuve précise — pour l’enchaîner à elle. Quand il l’a découvert, ou plus exactement, quand elle est tombée enceinte, elle a avoué ce qu’elle avait fait, et il les a abandonnés sans un regard en arrière. C’est visiblement de ça que vient la haine des moldus de ce cher Voldemort et il a tué son propre père lorsqu’il a eu une quinzaine d’années.


Régulus souffla, essayant de digérer ces révélations.

   — Il n’est qu’une illusion. Il a su exactement quel visage présenter pour rallier le plus de monde, et il nous a tous enchaînés par cette foutue marque… Il a profité de l’agitation créée par Grindelwald pour rallier à lui les plus vieilles familles sang-pur. Les vingt-huit sacrés…



Harry soupira et fixa le bras gauche de Régulus, comme s’il pouvait voir le tatouage maudit à travers sa manche et il hocha tristement la tête. Puis, il reprit, sans quitter le bras de Régulus des yeux, un pli amer marquant sa bouche.

   — Pour faire vite, au sujet de ma présence ici, mes parents ont donc tenté de se cacher puisqu’ils étaient des cibles, mais ils ont été trahis et… il les a tués. Il… a tenté de me tuer également, mais quelque chose s’est produit et j’ai survécu. À la place, il a été… détruit provisoirement ? Réduit à l’état d’esprit ? J’ignore exactement ce qui s’est produit. Dumbledore pense que le sacrifice de ma mère m’a protégé, et que j’ai résisté à l’Avada.


Harry sourit brièvement et souleva ses cheveux en bataille pour exposer une cicatrice en forme d’éclair.

   — Cette nuit-là, je suis devenu orphelin et j’ai récolté cette marque.


Régulus se redressa, comme hypnotisé, avant de tendre le bras, jusqu’à effleurer le front du jeune homme du bout des doigts. Incertain, il chuchota, ne cachant pas le doute dans sa voix.

   — Un Avada ne laisse pas de marque. Crois-moi, je l’ai vu bien des fois en action pour en être certain. Quel que soit ce qui a provoqué cette cicatrice, ce n’est pas le sort de mort.


Harry ferma les yeux, douloureusement.

   — Face aux Détraqueurs, je me souviens vaguement des cris de ma mère et d’une lueur verte. Je suppose que… c’est ce qui s’est produit. Ou c’est à force d’entendre cette histoire m’être répétée que mon inconscient a… imaginé les détails dont je ne me souvenais pas.


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