R.A.B

Chapitre 38

1324 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/08/2022 21:01

Harry s’était approché sans un mot, curieux, essayant de comprendre la soudaine tension entre les deux frères. Il se pencha légèrement pour lire les mots écrits sur le parchemin en même temps que son parrain et hoqueta, blême.


Il s’éloigna, le visage crispé, pour se rapprocher de Régulus, regardant Sirius avec reproche. Cependant, Sirius regardait la note avec incompréhension, les sourcils légèrement froncés. Finalement, il secoua la tête.

   — Je ne comprends pas…


Régulus se crispa, incrédule, puis cracha, alors que la colère montait.

   — Tu as probablement oublié depuis tout ce temps ? Je t’ai envoyé un message lorsque j’ai découvert l’erreur que j’avais faite en le rejoignant. Je pensais donner des informations pour… mettre fin à cette folie, et voilà ce que j’ai reçu quand j’ai tenté de te contacter. Bien évidemment, je n’allais pas… mentionner par simple lettre mes réelles intentions. J’ai juste… écrit que je voulais avoir une conversation avec mon frère. Pour reprendre contact.


Sirius fronça les sourcils, regardant en direction de son frère puis de Harry. Le reproche inscrit sur le visage de son filleul le ramena au présent et il secoua la tête, perplexe.

   — Je… Je n’ai jamais reçu de lettre de toi, Reg. Jamais.


Régulus eut un ricanement moqueur, et désigna le morceau de parchemin du menton, amer.

   — Alors ta réponse est un hasard ? Subitement, sans mot de ma part, tu te décides à me faire savoir ce que tu penses de moi ?


Sirius secoua la tête.

   — Non ! Non, je ne t’aurai jamais envoyé ça ! Je n’ai…



Mais Régulus ne sembla pas le croire, puisqu’il le fixa avec un mépris difficilement supportable pour Sirius. Il siffla, le visage contracté par la colère.

   — Tu ne l’as jamais dit peut-être ? Tu as la mémoire courte ! Ta dernière année, avec ton groupe d’idiots !




Sirius vacilla, et son air coupable parla pour lui. Faiblement, il murmura.

   — Je ne le pensais pas vraiment… C’était juste après que mère ait… décidé de me renier, quand je suis parti chez James.


Régulus ricana, et détourna le visage et Harry vit la peine sur son visage. Évidemment, si les années avaient adouci les souvenirs de Sirius, pour lui, tout était encore à vif. Il s’approcha un peu plus, et posa la main dans le dos de Régulus. Ils échangèrent un long regard, Harry essayant de le réconforter de son mieux sans une parole, refusant de se mêler de la dispute. Cet abcès devait être percé une bonne fois pour toutes, pour que Sirius et Régulus puissent se pardonner mutuellement.


L’air misérable, Sirius insista.

   — C’était une plaisanterie. Juste…


Cette fois, ce fut Harry qui sembla furieux, lançant un regard déçu à l’homme qui comptait tant pour lui. Puis, il murmura juste, avec une amertume bien plus percutante que des mots hurlés.

   — Une plaisanterie. Bien sûr. Toi et mon père étiez bien plus idiots que je ne le pensais. Vous auriez adoré mon cousin Dudley. Tu sais, celui qui m’a tellement soutenu ? À coups de pied, en me rappelant que je n’étais rien ?


Sirius recula, le teint vert, comme s’il allait être malade. Ses yeux allaient du parchemin qu’il tenait, vieux de plus de vingt ans, aux deux jeunes garçons face à lui. Puis il secoua la tête.

   — Je te jure, Reg. Je n’ai jamais envoyé ça. Je n’aurais jamais…



Il y eut un lourd silence. Puis, Sirius soupira, l’air misérable.

   — Je ne t’aurais jamais envoyé ça. Je ne te l’aurai jamais dit, même. Mais… mais oui, je l’ai dit à mes amis, parce que j’étais furieux. Tu étais… le préféré, quoi que je fasse et je t’en voulais stupidement.


Harry émit un reniflement incrédule, fixant son parrain comme s’il le voyait pour la première fois. Régulus ne bougeait pas, attendant la suite. Sirius baissa les yeux, incapable de soutenir le regard vert accusateur, et il bégaya.

   — Nous… nous échangions des petits mots pendant les cours. Mais… Nous ne les gardions pas, nous les détruisions. Je…


Sirius se tourna soudain vers le mur, agité, et lança son poing dedans en hurlant un juron rageur.

   — Merde ! Ce foutu rat !


Régulus fronça les sourcils, mais Harry lui pressa la main et se précipita vers Sirius, attrapant sa main ensanglantée.

   — Pourquoi tu as fait ça ? Tu cherches à te mutiler ?

Sirius ne répondit pas, marmonnant, avant de secouer la tête, ignorant les réactions de Harry.

   — Peter ! Peter aurait pu le faire ! Il squattait tout le temps chez nous, et il… nous échangions des messages avec lui ! Il devait les garder, ce sale rat !


Lèvres pincées, Harry sortit sa baguette, toujours dissimulée dans sa manche, et soigna la main de son parrain, l’empêchant de bouger malgré son agitation.

Puis, sans un mot, il se détourna pour rejoindre Régulus. Ce dernier semblait pensif, observant la colère de son frère, essayant de voir s’il pouvait ou non lui faire confiance.


Sirius se retourna et haussa les épaules.

   — J’ignore si tu vas me croire ou non, mais je ne t’ai jamais envoyé ce torchon. Je l’ai probablement écrit, mais… tu n’aurais jamais dû voir ça pour ce que ça vaut. Si j’avais eu ton message entre les mains… je… Bon sang. Je l’ignore. Aujourd’hui, je t’aurai recontacté, mais à l’époque… j’étais stupide et furieux. Et…


Régulus compléta d’une voix douce.

   — Et j’étais un des sales Mangemorts qui méritait Azkaban. Ça tu me l’as dit, face à face, n’est-ce pas ?


Sirius le regarda d’un air suppliant, mal à l’aise.

   — Je l’ai dit. Je suis désolé.



Harry intervint, d’un ton glacial.

   — Alors que comptes-tu faire ? Est-ce que nous devons aller ailleurs qu’ici ?


Sirius se figea, comme s’il venait d’être frappé. Il ferma les yeux, et soupira, avant de murmurer d’une voix brisée.

   — Je te l’ai dit, Harry. Je suis de ton côté. Je te protégerai. Je vous protégerai. Quel qu’en soit le prix.


Il leur lança un dernier regard douloureux avant de s’approcher de la porte. Leur tournant le dos, il resta quelques secondes immobile, avant de dire à haute voix.

   — Je vais préparer le dîner. Personne de l’Ordre n’est censé venir ce soir, mais je suppose que vous préférerez manger ici pour plus de sécurité ?


Harry pinça les lèvres, observant les épaules tombantes de Sirius et sa posture défaite. Il croisa le regard de Régulus et ce dernier haussa les épaules, visiblement hésitant sur la conduite à tenir. Finalement, Harry sourit tranquillement et répondit, d’une voix neutre.

   — Je suppose qu’avec la cape d’invisibilité nous pouvons venir manger avec toi. À la moindre visite, Reg se cachera et le tour sera joué.


Sirius ne répondit pas, hochant juste la tête sans leur faire face, et sortit, fermant doucement la porte derrière lui, laissant les deux adolescents seuls.


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