R.A.B

Chapitre 37

1419 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/08/2022 21:15

En entendant le ton affectueux de Harry, Régulus se rembrunit, définitivement jaloux. Il avait pris l’habitude d’avoir le jeune homme pour lui seul, et l’idée que son compagnon puisse être proche d’une fille qu’il trouvait « étonnante » ou « extraordinaire » le dérangeait particulièrement.

D’un coup, il écarquilla les yeux.

   — Cette fille, Luna ? C’est elle que Fol’Oeil a mentionnée en parlant de petite amie ?


Harry fronça les sourcils, et nia immédiatement avec une grimace.

   — J’ai toujours vu Luna comme une amie proche, mais pas comme ça ! Il n’y a jamais eu le moindre rapprochement romantique entre nous, ça serait définitivement étrange…

Régulus insista cependant, ignorant l’air amusé de son frère qui les observait en silence.

   — Mais tout a changé, non ? Apparemment, tu n’as pas les mêmes amis alors que tu jurais que rien ne pourrait changer à ce niveau ! Tu étais prêt à tout leur dire en arrivant, en étant sûr qu’ils seraient présents pour toi !


Harry se passa une main nerveuse sur le visage et haussa les épaules.

   — Avec Hermione et Ron, on a traversé tellement de choses ensemble… Je veux dire, ils m’ont toujours suivi à chaque fois que je me suis retrouvé en danger, et… mis à part la dispute avec Ron en quatrième année, ils m’ont toujours cru sans discuter ! Quand je leur ai dit que j’entendais une voix dans les murs, en seconde année, alors qu’un Basilic se promenait dans l’école, ils n’ont pas un seul instant pensé que j’étais fou. Ils ont juste demandé ce que je comptais faire, prêts à me suivre.


Régulus leva un sourcil dubitatif, prêt à aborder le sujet de Luna. Dans son esprit, Harry devait probablement avoir plus de la moitié des filles de Poudlard à ses pieds, sans même s’en rendre compte. Sirius ricana, et bouscula légèrement Harry.

   — Tu devrais le rassurer avant que ça termine en crise de jalousie. Et pour information, Luna est… Et bien, ce n’est pas vraiment le genre de fille qu’on croise tous les jours. Elle semble en permanence vivre dans son propre monde.




Harry renifla, agacé.

   — Je t’ai dit que je n’avais pas de petite amie ! Je suis certain que je n’en avais pas ici non plus, je ne vois pas pourquoi j’aurais changé d’avis !

Sirius roula des yeux.

   — Ah ! Cette histoire de copine encore ? Je ne t’ai jamais vu proche d’aucune fille, enfin… de cette façon. Mais d’un coup, il y a eu des rumeurs dans l’Ordre comme quoi tu avais une petite amie. Tu étais furieux d’entendre ça, et tu as protesté bien évidemment. Honnêtement, j’ai pris ça comme une plaisanterie un peu pénible, parce que je suis fermement convaincu que ta vie amoureuse ne nous regarde pas.


Les joues rouges de gêne — Harry n’avait jamais été à l’aise avec ce genre de conversation, et plus encore avec son parrain, l’une des seules figures d’autorité qu’il respectait vraiment — le jeune homme marmonna vaguement quelques mots, puis il soupira et parla de façon plus intelligible.

   — Tu sais de qui ils parlent ?

Sirius haussa les épaules.

   — J’ai essayé de le savoir — au moins par curiosité — mais personne ne m’a jamais fait entrer dans la confidence.



Harry s’enferma dans un silence boudeur, le front plissé, réfléchissant visiblement à la question. Régulus eut un sourire amusé et Sirius soupira, avant de s’approcher de son frère pour lui parler sans être entendu de Harry.

   — Tu t’es réellement attaché à lui.

C’était un constat et non une question. Régulus dévisagea son frère et fronça les sourcils, toute sa rancœur passée ressurgissant. Seule son envie de ne pas blesser Harry l’obligeait à se montrer courtois.

Aussi, il marmonna, d’un ton sec.

   — Aussi surprenant que ça puisse paraître à tes yeux, j’ai un cœur.


Sirius ne sembla pas se formaliser de la réponse brusque et il haussa les épaules.

   — Tu étais toujours si seul à Poudlard que… je pensais que tu préférais être seul. Je suis surpris de te voir aussi… attentionné envers Harry.


Cette fois, la lueur de colère qui passa dans les yeux de son frère n’échappa pas à Sirius et il eut un mouvement de recul. Régulus grogna et serra les poings.

   — J’étais seul, oui. De la faute à qui, à ton avis ? Toi et ta bande vous avez montré que vous ne m’aimiez pas à mon arrivée et personne n’était assez fou pour défier ton groupe de petits délinquants !


Sirius cligna des yeux, comme s’il ne comprenait pas. Puis, il murmura, l’air indécis.

   — Mais c’étaient des plaisanteries !


Régulus grogna, non sans regarder Harry au passage, qui semblait perdu dans ses pensées et qui n’avait pas encore remarqué leur accrochage.

   — Bien évidemment. Demande à Rogue ou aux Serpentard victimes de vos plaisanteries s’ils ont trouvé ça drôle ! C’était stupide et cruel. Tu sais quoi, Sirius ? Nous sommes au moins deux à être devenus Mangemort pour échapper à tes plaisanteries et pour espérer une revanche. Tu trouves ça toujours aussi marrant ?


Sirius tituba, soudain pâle. Il secoua la tête, incrédule.

   — Non c’est… impossible. C’était juste pour rire ! Ce…

   — J’étais là le jour où Rogue a été marqué. Vous lui avez pris sa seule amie et vous l’avez humilié méthodiquement. Il n’avait plus rien après votre passage, surtout avec sa vie familiale terrible. Et voilà une recrue parfaite pour le seigneur des ténèbres, non ? Tendant son bras en rêvant de te jeter quelques Doloris, vendant son âme juste pour être accepté quelque part.


Sirius recula d’un pas, secouant toujours la tête, mais Régulus continua, impitoyable.

   — Quant à moi, j’avais un grand frère que j’adorais, et un jour il s’est mis à me détester juste parce que j’aimais mes parents. Mère pouvait soutenir les idéaux du seigneur des ténèbres, mais elle refusait d’être marquée parce que les Black se devaient de rester leur propre Maître. Moi, j’ai pris la marque. Le jour où j’ai appris que tu serais un des hommes de Dumbledore. Tu m’avais repoussé pendant toutes ces années et je voulais te montrer que je valais autant que toi. Et que moi aussi je pouvais avoir des amis, puisque c’était une moquerie que tu avais souvent aux lèvres, me concernant, non ?


Arrivé au bord du lit, Sirius s’y laissa tomber, l’air nauséeux. Régulus le dévisagea et haussa les épaules en se détournant, ayant enfin pu dire ce qu’il avait eu sur le cœur toutes ces années. Sirius le rattrapa par le poignet, et Régulus se retourna, les sourcils froncés. Mais son frère semblait vraiment touché par ce qu’il venait de dire.

Sirius souffla soudain, sans oser croiser son regard.

   — Pourquoi tu ne me l’as jamais dit ? Bon sang, Reg ! Pourquoi tu n’as jamais essayé de reprendre contact ? Je n’aurais jamais imaginé…


Incrédule, Régulus se dégagea violemment pour s’approcher de son bureau. Il ouvrit un tiroir si brusquement qu’il le fit sortir de son emplacement et le renversa sur le plateau. Il fouilla rapidement dans les parchemins en désordre et en prit un, le froissant dans son poing serré.

Revenu près de Sirius, ignorant le regard curieux de Harry dont l’attention avait été attirée, Régulus ricana, l’air mauvais.

   — Mais je t’ai contacté. Je t’ai demandé de l’aide. Voilà quelle a été ta réponse.

La main tremblante de Sirius prit le parchemin et il le déplia avec soin pour le lire.

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