Promesse de sang

Harry leva les yeux vers Drago et nota son air pensif. Aussitôt, son expression changea et il sembla inquiet. Inquiet pour lui.

Quelque chose s'agita en Drago, comme une nuée de papillons dans son estomac, et il sourit immédiatement pour le rassurer, réprimant l'envie de se précipiter pour aller l'enlacer.

Après avoir mangé, Drago se leva pour récupérer les assiettes et les déposer dans l'évier. Il se perdit à nouveau dans ses pensées, se souvenant que Harry avait toujours été spécial à ses yeux. À une époque, ça le rendait fou de rage, parce qu'il était inaccessible probablement. Ou parce que tout les opposait. Personne à Poudlard n'aurait pu imaginer qu'ils puissent devenir amis.

En peu de temps, ils avaient réussi à abattre toutes les barrières qui les séparaient, jusqu'à se retrouver aussi proches l'un de l'autre que possible. S'il y avait une chose pour laquelle Drago était prêt à montrer du courage et se battre, c'était bien pour garder Harry près de lui. Il ne supporterait pas de le perdre.

Drago sortit finalement de ses pensées, secouant doucement la tête, et il croisa les bras sur sa poitrine, devant Harry, haussant malicieusement un sourcil.

— Alors ? Quel est le programme ?

Harry gloussa, puis il plissa légèrement le nez en haussant les épaules.

— J'ai bien peur que ce soit toujours le même programme. Recherches encore. Tu es libre, mais on ne sait toujours pas comment détruire les horcruxes. Si on arrive à trouver…

Drago ne protesta pas. Il s'approcha de Harry pour le prendre dans ses bras, déposant un rapide baiser sur ses lèvres. Il prit un ton détaché pour lui demander avec douceur.

— Et tu ne peux pas laisser tout ça à Dumbledore ?

Harry hésita brièvement, avant de se rembrunir, un éclair de culpabilité passant sur ses traits.

— Je ne peux pas… juste tourner le dos comme ça. Je veux dire, imagine qu'il y ait une façon de mettre un terme à tout ça, à portée de main. Je…

Drago hocha la tête, tristement. Il comprenait parfaitement Harry et il l'arrêta, parlant doucement.

— Tu n'as pas à te sentir coupable, mais je sais que… que tu voudras faire de ton mieux pour aider. C'était… je crois que j'espérais égoïstement qu'on puisse profiter de la vie, cachés ici, en sécurité, tu vois ? C'est… agréable d'être avec toi.

Harry laissa échapper un bref rire, se nichant un peu plus dans les bras de Drago.

— C'est très agréable. Et tu dois me trouver stupide… Je veux dire… j'ai l'occasion de tourner le dos à tout ça et…

Drago le coupa d'un baiser, décidant que c'était une façon particulièrement efficace de le faire taire. Il recula la tête avec un sourire satisfait, dévisageant Harry. Il secoua la tête.

— Harry. Je te connais, je sais qui tu es. Bien sûr que tu vas continuer, parce que tu es comme ça. C'est ton truc de faire de ton mieux pour sauver tout le monde. Bon sang… tu as tout fait pour me sauver alors qu'on se détestait !

Après un soupir las, Harry haussa les épaules.

— Ce n'est pas que… ça. Il y a la prophétie. Imagine que ce soit vrai ? Que je sois vraiment la seule personne à pouvoir… l'arrêter ?

Drago haussa les épaules, avec un rictus moqueur.

— La prophétie se trompe déjà. Tu n'es pas seul, je suis là. Je vais t'aider, quoi que tu puisses en dire.

Harry cligna des yeux, visiblement secoué par la déclaration tranquille de Drago. Il ouvrit la bouche, puis la referma aussitôt. Finalement, il rosit légèrement et s'éloigna de lui, quittant la pièce pour rejoindre la bibliothèque, troublé.

Drago le suivit aussitôt, sans un mot de plus, ne pouvant pas s'empêcher de sourire. Parfois, Harry fonçait tête baissée, sans sembler ressentir la moindre gêne à venir vers lui et à l'embrasser. À d'autres moments, un rien l'effarouchait, il semblait hésitant et terriblement timide.

Venant de n'importe qui d'autre, il aurait immédiatement cru que c'était une façon de se moquer de lui ou de l'humilier. Mais il avait confiance en Harry. Depuis qu'il s'était réveillé dans l'infirmerie, il avait toute confiance en lui, aussi incroyable que ça puisse paraître…

Le jeune homme secoua la tête pour sortir de ses pensées et accéléra pour rattraper Harry, prêt à passer une journée supplémentaire plongé dans de vieux livres pleins de poussière en bonne compagnie.

Bien qu'il se soit montré sûr de lui lorsqu'il avait répondu à Drago, Harry réfléchissait à leur conversation. Il appréciait particulièrement que Drago le laisse faire ses propres choix sans chercher à le pousser. Il avait juste accepté sa décision et l'avait suivi sans chercher à le dissuader… et pourtant Drago aurait eu des raisons de refuser d'aider le monde magique. Après tout, il était vu comme un Mangemort et Dumbledore n'avait pas cherché à cacher qu'il voulait l'enfermer quelque part…

S'il voulait être honnête, il devait avouer que sa décision n'était pas due à un banal complexe du héros. Beaucoup le voyaient de cette façon, comme un garçon prêt à se sacrifier pour les autres, mais ils n'imaginaient pas que la réalité était bien plus sombre.

La vérité était que Harry voulait venger ses parents et son parrain. Cédric Diggory également, à cause de toute cette culpabilité de lui avoir proposé de prendre la coupe en même temps que lui, ce qui avait conduit le Poufsouffle à la mort.

Harry voulait être celui qui détruirait Voldemort parce que le mage noir l'avait privé de ses parents et d'une vie heureuse. Il voulait s'assurer de le neutraliser pour qu'il ne puisse jamais s'en prendre à Drago ou à ses deux meilleurs amis. Il ne voulait pas apprendre un autre décès, une mort qu'il aurait pu éviter.

Cependant, la proposition de Drago de rester loin de l'action, de rester ensemble cachés du monde, dans la maison de Sirius, était attirante. Ils pourraient probablement nettoyer la maison et améliorer la décoration. En faire leur petit nid, en sécurité. Ils seraient heureux, dans cette maison. Ils pouvaient y faire de la magie librement puisque c'était une maison sorcière protégée et la trace ne les détecterait pas à cet endroit. Après tout, il y avait un elfe qui y vivait et personne ne ferait la différence entre leur magie et celle de Kreattur.