Promesse de sang

Chapitre 62

1149 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/12/2022 20:48

En y repensant, Harry était fatigué de se battre. Il n'avait pas un seul souvenir d'une vie paisible. Il avait dû se battre à chaque instant pour survivre chez les Dursley, pour avoir le droit d'exister. Il avait dû se battre à Poudlard, contre Quirell, contre Voldemort, contre les Détraqueurs, contre ses propres camarades, contre le monde magique dans son ensemble… Chaque année, il avait eu à affronter un danger, plus ou moins sérieux.

Il aspirait à la paix. Une vie normale. Désespérément banale même. Il ne voulait pas avoir à se demander si ses choix allaient coûter la vie de quelqu'un ou s'il verrait la mort de quelqu'un qu'il aimait.

Il voulait pouvoir se chamailler avec Drago, puis l'embrasser pour se réconcilier avec lui. Il voulait découvrir librement cette relation, ces nouveaux sentiments qui l'agitaient, sans qu'il y ait quelqu'un pour lui rappeler qu'il ne pouvait pas penser aux sentiments quand la guerre grondait dans le monde magique.

Mieux encore, il voulait pouvoir embrasser Drago en public sans terminer en première page de la Gazette du sorcier, avec Skeeter s'interrogeant sur son équilibre mental parce qu'il avait choisi un garçon, un Serpentard, un Malefoy ou un blond. Ou parce qu'il préférait s'occuper de sa vie sentimentale plutôt que de l'avenir du monde magique.

En entrant dans la bibliothèque, Harry ferma un instant les yeux, le souvenir de Drago s'effondrant en face de lui le percutant de plein fouet. Il reprit une inspiration tremblante alors que son compagnon arrivait dans son dos et posait une main rassurante sur son épaule, sans prononcer un mot, comme s'il comprenait.

Harry marqua une pause à l'entrée de la bibliothèque et Drago posa une main sur son épaule en arrivant près de lui, devinant que les souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire. Drago resta silencieux jusqu'à ce qu'il le sente se détendre, puis il murmura, d'un ton léger.

— Je crois que toute cette souffrance était une bonne chose. C'était effrayant sur le moment et… et bien j'aurais préféré que tu n'aies pas à partager ça, mais au moins nous sommes libérés de son emprise. Toi et moi.

Sans répondre, Harry fronça les sourcils et porta la main à son front. Drago reprit, avec un sourire en coin.

— Je suis plus tranquille de savoir que tu ne risques plus de te retrouver dans la tête de ce taré.

Laissant Harry réfléchir à ses mots, Drago planta un baiser sur sa joue et entra dans la bibliothèque, commençant à ramasser les livres qu'ils avaient fait tomber lorsqu'ils avaient été interrompus dans leurs recherches par Voldemort en personne.

Bien qu'il sente le regard de Harry sur lui, il tria efficacement les grimoires, classant ceux qu'ils avaient déjà lus et ceux qui restaient à étudier. Puis, il s'installa tranquillement. Il connaissait Harry pour savoir qu'il devait lui laisser un peu de temps, pour se reprendre et pour réfléchir.

Harry ne fut pas long à le rejoindre et il masqua un sourire amusé. Il s'attendait à ce que Harry engage la conversation, mais ce dernier se pencha vers lui en passant à ses côtés pour l'embrasser. Un baiser bref, qui suffit à Drago pour comprendre que Harry le remerciait de ses mots…

Ils étudièrent avec sérieux toute la matinée, sans qu'un mot soit échangé. Ils se regardaient de temps à autre, puis retournaient à leur lecture.

En fin de matinée, Harry reposa un livre de plus sur la table avec un soupir découragé.

— C'était probablement une idée stupide. Je veux dire, de penser que la solution était dans cette bibliothèque.

Drago tourna une page et leva les yeux au ciel.

— En général, faire des recherches prend du temps. Dis-toi que nous avons déjà eu de la chance de trouver des informations sur la promesse de sang, même si c'était peu de choses finalement. Je ne sais même pas comment tu as fait pour réussir… à fermer le lien. C'est bien ce que tu as fait, non ?

Harry grimaça.

— Je n'ai rien fait. Je voulais juste… te sauver.

Drago sourit juste, continuant sa lecture. Harry, boudeur, insista.

— Peut-être qu'il n'y a vraiment rien dans tous ces livres ! Je veux dire… c'était un peu une idée désespérée. Et je n'ai pas réussi à… faire ce que j'ai fait grâce à un livre !

Drago claqua la langue, agacé.

— Si tu as une autre option, Potter, je t'écoute. En attendant, cette bibliothèque a probablement quelque chose pour nous aider, bien caché dans tous ces livres, alors autant chercher. Ce n'est pas comme si nous avions autre chose à faire, non ?

Harry ronchonna un instant, puis il se leva brusquement.

— Je vais préparer le repas. Je suppose que j'ai besoin d'une pause. J'ai l'impression qu'on est coincé dans cette foutue pièce pour des mois à ce rythme.

Drago roula des yeux, et tourna une nouvelle page. Il afficha brièvement un rictus moqueur avant de lever la tête pour offrir un charmant sourire à Harry.

— Vois le bon côté des choses. Sans ton idée merveilleuse, je n'aurais pas su qu'il existait plusieurs façons d'embaumer un homme. Dont une alors que la victime est encore vivante… La magie noire est si… inventive.

Harry écarquilla les yeux et blêmit, avant de serrer les dents et lui jeter un regard noir. Grommelant, il quitta la bibliothèque à grands pas, alors que Drago ricanait, fier de l'avoir fait réagir, une fois de plus.

Drago continua sa lecture, décidant qu'il se ferait pardonner de cette petite provocation un peu plus tard. Peut-être même qu'il pourrait proposer à Harry de faire une pause pour se charger seul d'éplucher ces livres. Son Gryffondor préféré avait probablement besoin d'un peu de repos, il semblait se perdre un peu trop souvent dans ses pensées depuis son réveil…

Harry grogna en quittant la bibliothèque, se retenant de claquer une porte ou de lancer un objet. La frustration le rendait dingue, rampait sous sa peau comme une démangeaison impossible à apaiser.

Lorsqu'il était entré dans la bibliothèque, le souvenir de Drago s'effondrant, le visage tordu par une grimace de douleur l'avait percuté avec la force d'un cognard.

Bien sûr, Drago avait survécu, mais Harry avait senti au même moment par sa cicatrice la rage de Voldemort, son envie de tuer.

La disparition de la marque avait libéré Drago, cependant Harry ne savait pas si Voldemort le pensait mort ou s'il avait compris qu'il s'était libéré de son emprise. Les deux jeunes hommes étaient conscients que tout ça n'était qu'un répit, qui ne durerait pas éternellement.

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