Secrets de Serpentard (II) : Le Pensionnat Wimbley

Chapitre 2 : De nos jours

1132 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/03/2023 18:44

De nos jours




Bonjour Drago,

 

Je vais commencer par te présenter mes excuses pour avoir tant tardé à te répondre. Malheureusement, me replonger dans tous ces vieux souvenirs a été bien plus douloureux que prévu : malgré la présence précieuse des Weasley et des Potter, je dois avouer que le courage me manque depuis que Teddy a quitté la maison.

Après ce long délai, voici tout de même quelques nouvelles de ton fils Scorpius. J'ai appris par les Potter qu'Albus et lui auraient entrepris de voyager autour du monde pour une durée indéterminée. Leur localisation change sans cesse ; je crois qu'ils sont toujours en Europe mais qu'ils s'approchent de l'Asie centrale. Je les envie, cette région du monde fourmille de Livres Voyageurs.

D'après les rares lettres d'Albus, j'ai l'impression que ton fils Scorpius se porte bien ; ils se promènent, voient des tas de choses formidables et font des rencontres passionnantes. Nous espérons tous que cela lui donnera envie de reprendre contact avec toi.

En ce qui concerne ta deuxième requête, je vais sans doute te décevoir, mais Ted et moi avons été tenus à l'écart pendant la Première Guerre car Maugrey estimait que nous courrions un plus grand danger que tous les autres – ce qui, admettons-le, était parfaitement ridicule.

Les deux souvenirs que je t'envoie datent plutôt de l'avant-guerre et du tout début de celle-ci, après quoi le récit de notre quotidien entre quatre murs ne t'apportera pas grand-chose. Ainsi, tu pourras découvrir de tes propres yeux le tristement célèbre pensionnat Wimbley, et tu auras peut-être une idée un peu plus précise de la manière dont la Première Guerre a commencé. Tu pourras aussi voir à quoi ressemblait Adam Claring, dont tu as sûrement déjà entendu parler. Après tout, c'est en partie pour lui que l'Ordre du Phénix a été nommé ainsi...

Je te fais également parvenir plusieurs articles de journaux à propos de cette terrible nuit de Noël – inutile de te préciser à laquelle je fais allusion. C'est Ted qui les a gardés, à l'époque ; j'avoue que je n'ai pas eu la force de les lire à nouveau mais je pense que tu y trouveras quelques informations précieuses sur tous ces sinistres évènements.

J'espère sincèrement que tout cela te sera utile ; quoiqu'il en soit, je t'adresse tous mes encouragements car je trouve que ton projet est très prometteur. Remettre un peu de sens dans tout ce chaos me paraît nécessaire, et je regrette que personne ne s'y soit attelé plus tôt. J'espère donc que tu viendras à bout de ce récit et que Scorpius voudra bien entendre tout ce que tu as à lui dire. Si jamais je parviens à entrer en contact avec lui, je te promets que j'essaierai de lui faire entendre raison – sans lui parler de ce que tu entreprends, bien entendu.

 

Je te souhaite bien du courage, Drago, et n'hésite pas à me solliciter de nouveau si tu en as besoin.

 

À bientôt peut-être,

 

Andromeda


Dans le silence immobile et glacé du manoir, le bruit que fait Drago en repliant la lettre parcheminée parait assourdissant.

Il se trouve dans l'aile Nord, qui n'a pas été chauffée depuis plusieurs mois ; une buée épaisse s'échappe de ses lèvres à chaque expiration, il tremble de froid malgré plusieurs couches de vêtements et doit frotter vigoureusement ses mains l'une contre l'autre pour espérer conserver l'usage de ses doigts.

Il se trouve dans une petite pièce sombre dépourvue de fenêtres, éclairée par la lueur vacillante de la chandelle qu'il tient à la main. Il n'y a pas de table non plus, pas de bureau, pas même un fauteuil, seulement une imposante bassine de pierre gravée de runes qui flotte au milieu de la pièce.

Du bout des doigts, Drago touche le bord de la bassine et tâtonne le long des irrégularités du granit. Elle était encore brisée en morceaux il y a peu de temps, avant d'être minutieusement réparée. Il ne manque aucun éclat, aucune rune n'est déformée : la Pensine des Malefoy est de nouveau prête à l'emploi.

Avec appréhension, il regarde furtivement autour de lui : sur les étagères qui courent le long des murs, d'innombrables fioles couvertes de givre scintillent paisiblement, remplies d'une substance argentée qui ne semble ni liquide, ni gazeuse, et sur laquelle le froid n'a pas de prise. Une armée de souvenirs heureux lui tend les bras, tous soigneusement ordonnés, classés par ordre chronologique et affublés d'étiquettes, sur lesquelles les prénoms d'Astoria et de Scorpius se trouvent presque systématiquement.

Drago se surprend à s'en rapprocher, aimanté par la tentation de s'y replonger pour la énième fois ; mais il se ravise aussitôt. Il n'a que trop perdu de temps : pour l'heure, ce sont les deux petits flacons envoyés par sa tante Andromeda qui l'intéressent. Le premier est étiqueté Pensionnat Wimbley : Anniversaire Nymphadora. Le souvenir qui se trouve à l'intérieur évolue paisiblement, nimbé de volutes rosées. À l'inverse, celui qui se trouve dans le second flacon – étiqueté Pensionnat Wimbley : Nuit de Noël – crépite intensément et se cogne sans cesse aux parois de verre.

– Le Pensionnat Wimbley, murmure Drago.

Ce nom ne lui est que trop familier. Il l'a entendu des dizaines de fois dans la bouche de son père ou de ses amis, toujours pour s'en moquer ou pour se vanter des torts qu'ils avaient causé à l'établissement et à sa propriétaire...

La gorge serrée, Drago dévisse le bouchon pour libérer le premier souvenir. Aussitôt, celui-ci s'échappe de son flacon et s'étale dans la Pensine. Des images lumineuses éclairent la pièce, les visages souriants de plusieurs personnes se succèdent au fond du bassin de pierre ; en tendant l'oreille, on peut même entendre le rire d'une petite fille.

Avant de se pencher au-dessus de la Pensine, il hésite. Il éprouve un certain malaise à l'idée de se plonger dans le passé de ceux à qui sa famille a fait tant de mal, surtout dans un lieu aussi symbolique que le Pensionnat Wimbley.

Mais il secoue la tête. Les anciens ennemis de son père ne sont plus les siens, au contraire. Et il doit se dépêcher : tout ce qu'il a à raconter ne peut attendre d'être révélé. Il faut que Scorpius sache, et il est grand temps qu'Andromeda apprenne certaines choses, elle aussi...


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