Dollhouse

Chapitre 19 : Je ne suis pas ton ami, Granger

15202 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/11/2023 19:20

Soudain, au plein milieu de la piste de danse inondée d’élèves se tortillant au rythme de la musique, une boule de lumière noire apparu, sortie de nulle part. Les vibrations qu’elle émettait et les nuages noirs flottant autour d’elle ne laissait aucun doute sur sa provenance. Ma respiration se coupa et il me sembla que le temps s’arrêta de s’écouler alors que je compris ce qu’il se passait, et ce qui allait alors se produire. Comme si tout se passait au ralenti, et sans que je n’aie le temps de réfléchir à quoi que ce soit, l’instinct prit le dessus, et mes yeux cherchèrent Granger du regard alors que les élèves arrêtaient de danser autour et commençaient à se questionner sur ce qu’il se passait. Dès que mon regard trouva ses cheveux, je m’élançais aussi vite que je le pouvais et courrais vers elle, elle qui se tenait à quelques mètres de là, et qui risquait d’être blessée. Je sautais de tout mon corps sur le sien lorsque le premier bruit d’explosion de magie retentit dans mes oreilles. De la magie noire. De la magie du Seigneur des Ténèbres. Une attaque contre l’école qui avait réussi à pénétrer les murs du château. Une punition. Un avertissement. Le corps de Granger rencontra le sol, protégé par le mien, et elle leva vers moi des yeux terrifiés alors que les cris des autres élèves retentissaient dans nos oreilles, et que d’autres, ceux qui étaient les plus près de la boule de magie, tombaient autour de nous sur le sol dans un bruit sourd. Je regardai son visage et baissai les yeux sur sa poitrine, relevant mon corps du sien de la force de mes bras pour vérifier qu’elle n’avait pas été touchée. Elle était intacte. C’était à cet instant seulement que je réalisai que moi, je ne l’étais pas. Les élèves qui le purent coururent hors de la Grande Salle tandis que les professeurs s’attaquèrent à la boule de magie noire pour la faire disparaître. Deux mains puissantes m’attrapèrent soudainement par les épaules et me retournèrent sur le sol, m’éloignant du corps indemne de Granger. Je me retrouvai nez à nez avec le visage terrifié de Theo qui inspectait mes blessures alors que je réalisai, tandis que mes oreilles bourdonnaient encore, que mon dos me faisait atrocement mal. Un cri d’agoni sorti de moi quand les bras de Theodore se refermèrent sur moi et me levèrent du sol, et avant de perdre conscience tandis que mon frère me portait hors de danger, je vis Pansy qui tendis son bras à Granger, toujours au sol, qui me regardait avec terreur. 

Lorsque j’ouvrais à nouveau les yeux, j’étais dans un lit de l’infirmerie, et les trois paires d’yeux de mes plus proches amis furent la première chose que je vis. 

-       Hey, chuchota Pansy en se penchant plus amplement vers moi. 

Je tentai doucement de me redresser avant de constater que mon dos était encore trop douloureux pour cela. Je tournai le visage vers la droite, et constatai que plusieurs autres élèves occupaient les autres lits de l’infirmerie. 

-       Comment tu te sens champion ? demanda Blaise. 

Je regardai à ma gauche, et comptait qu’il devait y avoir une dizaine d’autres élèves au total qui avaient été blessés. Au moins blessés. Je ne savais pas s’il y avait eu des morts. Dumbledore, McGonagall, Rogue et Pomfresh allaient de lit en lit pour prendre des nouvelles des élèves. Je n’avais pas dû perdre conscience très longtemps. Mes yeux se posèrent ensuite sur Theo. Il se tenait le plus loin de moi, debout sur la droite au pied de mon lit, tandis que Blaise et Pansy étaient respectivement assis à ma droite et gauche. Les sourcils de Theo étaient froncés et sa mâchoire visiblement serrée. Il était terrifié. Terrifié que j’ai été blessé. Terrifié que je sois à l’infirmerie. Terrifié que j’ai failli perdre la vie. 

-       Je vais bien, murmurai-je difficilement en le regardant dans les yeux quand bien même c’était Blaise qui avait posé la question. 

Je vis son poitrail se soulever distinctement comme s’il pouvait à nouveau respirer, mais les traits de son visage ne se détendirent pas pour autant. 

-       Je vais bien, réitérai-je alors, juste une blessure de guerre, trouvai-je la force d’ajouter avec un sourire. Est-ce qu’il y a eu des morts ? demandai-je alors en tentant une nouvelle fois de me redresser dans le lit. 

-       Non, répondis Pansy, juste des blessés. Et elle va bien, contrairement à toi, ajouta-t-elle avec une voix basse teintée d’amertume. 

Je savais qu’elle allait bien, elle n’avait pas besoin de me le dire. Je l’avais vérifié avant de perdre conscience. Les professeurs et Pomfresh approchèrent de mon lit lorsqu’ils me virent éveillé : 

-       Monsieur Malefoy, nous sommes ravis de vous revoir en pleine conscience, me salua le directeur. 

-       Comment vous sentez-vous ? demanda Pomfresh en s’approchant de moi et en posant une main sur mon front. 

-       Ça va.

-       A quel point votre dos vous fait-il mal ? continua-t-elle en m’examinant. 

-       C’est raisonnable, mentis-je alors que les yeux de Rogue étaient fixés sur moi. 

-       Foutaises, commenta-t-elle donc. Je vous ai connu bien plus douillet que ça ! Votre dos a été entaillé à vif à plusieurs endroits lorsque la magie noire a rebondi sur vous, une chance que Monsieur Nott vous ait amené directement, vous avez perdu beaucoup de sang ! 

Un regard sur la chemise blanche de Theodore tâchée de mon sang de toutes parts lorsqu’il m’avait porté jusqu’ici me confirma que ce qu’elle disait était la vérité. 

-       Buvez ça, vous serez remis au matin, acheva-t-elle en me tendant un verre rempli d’un liquide qui ne m’inspirait pas confiance. Cul-sec ! 

J’obéissais et me retenais de recracher la potion absolument immonde qu’elle me faisait boire. Je levai finalement les yeux vers les professeurs et demandai innocemment : 

-       Que s’est-il passé ? 

Dumbledore soupira, et me répondis en enfonçant ses yeux dans mon âme : 

-       A défaut de pouvoir rentrer lui-même dans le château, nous pensons que Lord Voldemort est parvenu à faire pénétrer un peu de magie noire dans nos murs. Nos protections ont certainement amoindri l’effet de sa magie, sans cela nous pensons bien qu’il y aurait eu des morts, ajouta-t-il gravement. Peut-être même vous, continua-t-il après quelques secondes. Mais n’ayez crainte, nous avons renforcé la sécurité du château, et nous pouvons vous assurer qu’une telle chose ne saurait se reproduire, conclu-t-il tandis que ses yeux semblaient m’avertir de je ne savais trop quoi. 

Non, une telle chose ne se reproduirait probablement pas. La prochaine chose qui se produirait serait probablement bien pire, et mes amis et moi en serions responsables. Je lui adressai un signe de tête pour toute réponse. 

-       Bien, nous allons vous laisser vous reposer, Miss Parkinson, Messieurs Zabini et Nott, ne tardez pas à rejoindre vos dortoirs respectifs je vous prie, dit-il en s’en allant. 

Le regard de Rogue s’attarda gravement encore un instant sur moi, puis il suivit Dumbledore et McGonagall hors de l’infirmerie. Pansy jeta un sortilège d’impassibilité autour de nous pour que nous puissions échanger sans avoir à craindre d’être entendus, et elle demanda : 

-       Qu’est-ce que ça signifie ? Ce qui s’est passé ce soir, qu’est-ce que ça signifie ? 

-       Je pense que c’est un avertissement, un coup de pression pas si subtile, répliquai-je alors. 

-       Pour nous ? demanda Blaise. 

Je réfléchissais un instant avant de répondre : 

-       Il nous aurait prévenu avant sinon, non ? Pourquoi… pourquoi prendre le risque de nous blesser, voire de nous tuer si ce n’était pas une façon de nous foutre un… putain de coup de pression, expliquai-je difficilement. 

Blaise et Pansy réfléchirent à mes mots alors que Theodore continuait de me fixer gravement. Il n’allait pas bien, et je n’avais pas la force physique de pouvoir pénétrer dans son esprit en cet instant. 

-       Il faut absolument qu’on trouve comment réparer cette putain d’armoire à disparaître, constata alors Blaise. 

-       Oui, il le faut absolument, confirmai-je. 

Et dès que nous l’aurions fait, lui et ses fidèles pourraient pénétrer le château. Et ils tueraient. Et la guerre serait lancée. Et les élèves de cette école, et leurs professeurs, seraient des victimes de nos actions. Des actions que nous n’avions pas le choix de mener. Je sentis ma respiration qui commençait à s’accélérer à cette idée, et décidai de l’ignorer en me concentrant sur Theo. 

-       Il faut que tu te reposes, dit alors Pansy, nous verrons ça demain. Ça va aller pour dormir ? 

Je forçai un sourire en sa direction. 

-       Je ne sais pas ce que Pomfresh m’a donné, mais oui, je sens que ça va aller pour dormir. 

-       Petit veinard, chuchota Blaise en posant une main délicate sur mon épaule pour me dire bonne nuit. 

Pansy et Blaise se levèrent de mon lit et lorsque Pansy passa derrière Theo, elle lui chuchota « à tout de suite » tandis que ce dernier ne bougeait pas de sa place. Ses grands yeux bleus ne lâchèrent pas les miens pendant un long moment durant lequel aucun de nous ne dit mot, mais je pouvais sentir mon cœur battre plus vite dans ma poitrine. Je savais ce qu’il ressentait, j’avais ressenti la même chose lorsque Granger lui avait sauvé la vie après qu’il ait été torturé par Pansy, et que j’avais eu la peur de ma vie lorsque j’avais cru le perdre. Je savais exactement ce qu’il ressentait. Nos yeux échangèrent gravement ce que des mots ne pouvaient pas dire, parce qu’il n’y avait aucun mot qui pouvait exprimer ce que l’on ressentait quand nous étions passé à quelques secondes de perdre la personne que l’on aimait le plus. Alors il ne dit rien, et je ne lui disais rien non plus, pendant quelques minutes, alors que ses yeux embués de larmes restés fixés dans les miens. Mais je savais qu’il me voyait respirer. Qu’il pouvait voir mon poitrail se soulever au rythme de mes inspirations et expirations, et qu’il avait besoin de cela pour pouvoir apaiser son propre corps. Que tant qu’il pouvait voir mes yeux ouverts, cela signifiait que j’étais encore vivant. Qu’au fur et à mesure que mes joues devenaient un peu moins pâles, cela signifiait que la vie et la magie continuait de traverser mon corps. Alors je le laissai me regarder, parce que moi aussi, j’avais eu besoin de le voir. J’avais eu besoin d’entendre le rythme régulier de sa respiration pour pouvoir trouver le sommeil. Theo, de par ce qu’il avait vécu dans son enfance, avait surdéveloppé ses sens autre que la vue, et je savais lorsqu’il baissa les yeux sur mon poitrail qu’il écoutait attentivement les battements de mon cœur. Cela dura encore quelques minutes, puis ses yeux rencontrèrent à nouveau les miens. Ses sourcils se défroncèrent légèrement sur son visage, mais sa mâchoire demeura crispée quand finalement sa voix profonde raisonna dans mes oreilles : 

-       Alors tu sautes devant un sort pour elle, hein ? 

Je pouffai difficilement, mais un sourire sincère se dessina sur mon visage. Il n’allait pas bien, il était inquiet et il avait incroyablement peur pour moi, mais ça irait. La phrase qu’il venait de prononcer m’affirma que ça irait. 

-       Ce n’était même pas vraiment conscient, me défendis-je, je n’y ai même pas réfléchi, chuchotai-je alors. 

Ses sourcils se défroncèrent totalement quand il en laissa un se dresser sur son front. 

-       C’est pire, commenta-t-il avec un sourire en coin qu’il forçait. 

Je souriais au frère qui se tenait face à moi. Je n’aurais peut-être plus été là, s’il n’avait pas lui-même foncé sur moi, et s’il ne m’avait pas immédiatement emmené me faire soigner. 

-       Merci, lui chuchotai-je alors qu’une vague de gratitude me traversait. De toujours être là pour me porter quand je n’arrive plus à avancer. 

Il me regarda un instant en silence. Il écouta encore les battements de mon cœur, puis il répliqua en un murmure : 

-       Tant que tu continues de te relever, je continuerai de le faire. Et si un jour tu ne te relèves pas, ajouta-t-il après un moment, j’irai chercher ton cul dans l’au-delà, et crois-moi que je le botterai moi-même. 

Je ri à ses mots, mais je savais parfaitement qu’il était on ne peut plus sérieux. Son visage se tourna soudainement vers l’entrée de l’infirmerie, et je suivais son mouvement. Elle se tenait là, seule dans la noirceur de la nuit alors que tous les autres étaient partis se coucher, et elle resta plantée devant l’entrée lorsqu’elle vit que Theodore était toujours à mon chevet. Theo me regarda et m’adressa un mince sourire, et il eut l’élégance de s’en aller sans me dire quoi que ce soit. Il croisa Granger sur le chemin de la sortie, et une fois que Theo fut parti, elle s’approcha doucement de mon lit. Elle portait toujours sa longue robe noire, mais ses cheveux étaient désormais lâchés sur ses épaules. Son inquiétude était lisible sur son visage lorsqu’elle m’inspecta de ses yeux couleur noisette. 

-       Est-ce que ça va ? demanda tout doucement sa voix angélique. 

J’inspirai profondément. Je me sentais apaisé qu’elle soit là en cet instant, et qu’elle s’inquiète pour moi. Et je n’avais pas la force de le combattre alors que l’épuisement me gagnait. 

-       Ça va, lui répondis-je sur le même ton. 

Elle se tenait droite à ma gauche, debout à côté du lit. Elle gardait ses mains dans son dos et ses sourcils froncés traduisaient l’inquiétude qu’elle ressentait. Elle hésita un moment et resta silencieuse quelques secondes avant de chuchoter : 

-       Qu’est-ce que c’était ? 

J’observai son visage, et l’inquiétude manifeste qui était lisible sur celui-ci. Je ne savais pas vraiment si elle essayait de gratter des informations dans le cadre de sa « mission », si mission il demeurait, et je n’avais pas la force de me battre avec elle. 

-       Dumbledore a dit que c’était la magie de tu-sais-qui, et que cette magie aurait réussi à pénétrer dans le château, répliquai-je alors doucement. 

Elle demeura silencieuse encore un instant, laissant ses yeux s’offrir le luxe de m’étudier avant de questionner encore :

-       Comment tu savais ? Quand tu m’as sauté dessus, comment tu savais ? 

Je commençais à sentir ma respiration se faire de plus en plus difficile alors qu’elle continuait de me faire penser à ce qu’il s’était passé, et qu’elle sous-entendait de façon assez explicite que j’avais quelque chose à avoir dans cette attaque. J’étais coupable de pleins de choses, mais pas de cela. Et il me semblait qu’un putain de « merci de m’avoir sauvé la vie » était certainement bien plus approprié dans la situation actuelle qu’un interrogatoire sur mes activités extra-scolaires suspectes. Je rompais le contact avec ses yeux et fermai les miens un instant en redressant mon visage pour ne plus la voir. 

-       Je ne savais pas, c’était juste une intuition, dis-je en prononçant une semi-vérité. 

Je ne savais pas qu’une telle chose allait se produire ce soir-là. Mais j’avais su, dès que j’avais vu la boule de magie, que c’était sa magie à lui, parce qu’elle était reconnaissable entre mille. Mais cela je ne pouvais pas le lui dire, parce que je ne pouvais pas lui expliquer comment je connaissais si bien sa magie. Sa magie à lui. 

-       Une intuition que c’était de la magie de tu-sais-qui ? renchérit-elle doucement. 

Les rythmes des battements de mon cœur s’accéléraient à mesure qu’elle continuait de m’en parler, et de me questionner à ce sujet. Oui, le Seigneur des Ténèbres nous avaient attaqués. Et il nous avait attaqués parce qu’il n’était pas satisfait de mes amis et moi. Parce que nous avions des missions à accomplir, et qu’il nous tenait du bout de sa baguette magique, tous autant que nous étions. 

-       Qu’est-ce que tu veux que je te dise Granger, articulai-je alors plus froidement, je n’en sais pas plus que toi. 

-       Je ne sais pas tu…, hésita-t-elle un instant alors que je ne la regardais toujours pas, ton père aurait pu peut-être te dire quelque chose… chuchota-t-elle d’une voix à peine audible. 

Mon père mort. Mon père tué par le Seigneur des Ténèbres. Mon père assassiné sous mes yeux et ceux de ma mère, parce qu’il était ainsi. Parce que c’était comme cela que les choses se déroulaient avec lui lorsqu’il n’obtenait pas ce qu’il voulait de nous. Lorsque nous ne remplissions pas nos missions assez vite ou assez bien. 

-       Je n’apprends plus rien de la part de mon père, trouvai-je le moyen d’articuler difficilement alors que l’angoisse montait en moi. 

Il fallait qu’elle parte et que je puisse respirer. Que je puisse penser à autre chose et que je parvienne à respirer convenablement. Il fallait qu’elle dégage de là, et qu’elle arrête avec ses questions accusatrices. Qu’elle me laisse en paix. 

-       Laisse-moi tranquille maintenant, dis-je alors difficilement. 

Je ne levai pas les yeux mais elle ne bougea pas, et elle resta silencieuse. L’angoisse monta de plus en plus à l’intérieur de moi et j’entendis mon cœur battre jusque dans mes oreilles qui commençaient pourtant à bourdonner. Je tentai d’étirer mon dos et de pouvoir bouger mon corps, mais c’était trop douloureux. J’ouvrais la bouche discrètement à la recherche d’un peu d’air mais il me semblait qu’aucun air ne rentrait dans mes poumons. Et elle restait là. Et elle ne bougeait pas. 

-       Va-t’en Granger, réitérai-je avec mon dernier souffle disponible. 

Mais elle ne s’en alla pas. Elle s’assit sur mon lit, et posa sur ses cuisses un livre qu’elle avait gardé derrière son dos. Elle l’ouvrit doucement et dit de sa voix délicate : 

-       Je t’ai amené mon conte préféré, tu n’as qu’à écouter. 

-       Granger… tentai-je alors qu’il m’était quasiment impossible de parler, je ne plaisante pas, va-t’…

-       … Il y a fort longtemps, commença-t-elle alors de sa douce voix sans tenir compte de ma demande, au fin fond d’une forêt enchantée, naquit à la fin du mois d’août un bébé fée. A peine était-il né que ce bébé questionnait la famille de fées qui l’entourait : il était plus grand, plus gros et bien moins mignon que les autres bébés fées auxquels ils avaient été habitués. Attar, lorsqu’il grandit, grandit, grandit, et dépassa de taille toutes les fées de sa famille, fut traité comme un étranger. Alors qu’il était censé être d’une grande beauté, comme toutes les fées du monde entier, Attar avait les traits durs, la mâchoire carrée et un corps imposant. Alors qu’il devait bénir les bébés humains en leur faisant don de pouvoirs, aucune magie de la sorte ne semblait sortir de son grand corps maladroit. Tandis qu’il était censé être capable d’être diseur d’aventure et de changer le futur des humains à sa guise, s’en amusant et en riant avec sa famille en volant autour des arbres, il n’était tout simplement pas capable de faire tout cela. Attar était trois fois plus grand que tous les siens, dix fois plus maladroit avec ses grandes ailes et son grand corps anormal, et au moins cent fois plus incapable. Peu importait ce que sa famille exigeait de lui, Attar était incapable de s’exécuter. Pourtant, la fée essayait. Il essayait, encore et encore, d’offrir des dons aux nouveau-nés humains, mais tous ceux qui grandissaient après son passage se révélèrent on ne pouvait plus médiocres, sans la moindre prédisposition à quoi que ce soit. Tous les jours, il essayait de lire l’avenir et de le modifier pour les humains qu’il appréciait sincèrement, mais jamais il ne parvenait à changer leur destin. Les feuilles de la forêt qui composaient les vêtements de sa famille n’étaient pas assez grandes pour lui. En tout point, il était une déception absolue pour les fées qui l’entouraient. Attar était très triste de ne pouvoir être capable d’être ce qui était attendu de lui, et de ne pouvoir faire ce qui était exigé de lui, peu importait à quel point il essayait. Pour tous ceux qui l’entouraient, Attar était une fée incapable qui devait porter le mal en elle. Un jour, alors qu’il essayât une énième fois d’offrir des dons à un nouveau-né, une magie non similaire à quoi que ce soit qu’il connaissait sorti de lui, et l’enfant se mit à pleurer de façon incontrôlable. Attar ne comprenait pas ce qu’il s’était passé, et sa famille non plus, mais c’en était assez. Sa propre mère, de taille trois fois plus petite que lui au moins, et toutes ses sœurs s’alignèrent pour le pointer du doigt en lui disant des atrocités sur la fée incapable qu’il était à leurs yeux. Il les avait déçues, une nouvelle fois, et des larmes naquirent dans les grands yeux bleus d’Attar lorsque sa famille lui dit de s’en aller, et de ne jamais revenir. Alors il s’en était allé, seul dans la forêt, triste et apeuré. Il avait volé droit devant lui, des jours et des nuits durant, abimant ses grandes ailes parmi les branches des arbres qui le griffaient de toutes parts. Trop triste d’être constamment ramené à ses incapacités en traversant les forêts, il avait décidé de voler plus haut dans les airs, pour ne plus jamais voir ce monde auquel il ne pouvait plus appartenir, ce monde qui l’avait rejeté. En s’élevant, il découvrit une grande et magnifique montagne enneigée. Il décida de voler jusqu’à elle pour pouvoir s’y reposer un instant. Alors qu’il arrivait à sa destination, une grande créature magnifique qui volait au-dessus de la montagne lui apparut. C’était une fée de très grande taille, qui portait dans son dos de magnifiques et imposantes ailes qui lui permettaient de voler très haut dans le ciel. Son grand corps fort et imposant était habillé d’une puissante armure qui lui donnait l’air d’un grand guerrier indestructible. Cette créature lui ouvrit grand ses bras, et Attar s’y réfugia sans vraiment comprendre pourquoi. Lorsqu’il le serra contre lui, la grande fée lui chuchota « mon enfant, te voilà enfin à la maison », et Attar sentit son grand cœur se réchauffer dans son poitrail. Amax, le chef de cette étrange tribu de fées, lui fit découvrir son peuple qui vivait dans cette grande et magnifique montagne. Tous étaient grands. Tous étaient forts. Tous avaient de longs cheveux blonds comme ceux qu’Attar avaient lui-même. Attar dit alors à Amax qu’ils faisaient de bien bizarres fées, et Amax avait ri aux éclats lorsqu’il lui répondit « nous ne sommes pas des fées, Attar. Nous sommes des elfes. Et tu es l’un des nôtres ». Attar réalisa alors que ses grands pieds hideux lui permettaient de tenir debout, ancré dans la neige de la montagne. Que ses grandes ailes abimées par la forêt lui permettaient de voler plus haut dans le ciel, bien plus haut que les arbres. Et qu’il avait des pouvoirs, lui aussi, qui lui permettaient de défendre la tribu à laquelle il appartenait vraiment, et qui n’avaient rien à voir avec changer le destin des hommes. Une armure comme celle que portait Amax fut offerte à Attar, et son nouveau mentor lui expliqua sous un ciel étoilé que lorsqu’il venait de naître, ce bébé avait roulé, roulé, roulé le long de la montagne, et été tombé dans la forêt. Dévasté, Amax avait cherché son enfant des jours et des jours durant, mais il ne l’avait jamais retrouvé. Et alors Attar comprit qu’il n’était pas une fée incapable. Il n’était tout simplement pas une fée, et ce n’était pas tant que son environnement était mauvais, ou que lui était incapable, mais que cet environnement de fées n’était pas fait pour lui, et que sa place était ailleurs. 

Elle releva doucement les yeux vers moi alors que je m’autorisai à les fermer. Calme. Apaisé. Sans la moindre crise de panique en vue. Bercé par le son de sa voix. Et je laissai le sommeil m’emporter alors que je la savais encore à mes côtés. 


J’étais sorti de l’infirmerie le lendemain matin. Mon dos ne m’était plus douloureux, et ma nuit avait été reposante comme peu de mes nuits l’étaient dernièrement. Je ne savais pas si j’étais censé attribuer cela à la potion immonde de Pomfresh, ou bien au conte pour enfants de Granger. Je tentai de ne pas penser à la douceur de sa voix, lorsqu’elle m’avait lu ce conte qu’elle avait apporté pour moi. Je tentai de ne pas songer au fait qu’avant de décider de venir me rendre visite à l’infirmerie, elle avait pensé qu’elle me lirait son conte préféré, et à quel point cela était attendrissant. Je tentai de ne pas revoir son visage et la beauté de ses traits illuminés seulement de la lampe de chevet de mon lit d’infirmerie lorsqu’elle m’avait lu cette histoire. Je tentai de ne pas me rappeler la façon dont les premiers mots qu’elle avait lus et la chaleur de sa voix avaient immédiatement calmé l’angoisse qui montait en moi, et m’empêchait de respirer jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche. Je tentai d’ignorer le fait que je me languissais déjà d’elle, de son corps, de son regard, de sa voix. Que la seule chose que je désirai en cet instant c’était de pouvoir m’asseoir avec elle face à une cheminée, et la regarder lire, en silence. Je tentai de ne pas penser à la façon dont mon corps s’était jeté sur elle pour la protéger sans même me demander mon avis lorsque j’avais constaté d’un danger. Et je tentai par-dessus tout de ne pas me demander ce que tout cela signifiait, parce que c’était interdit. Parce que Pansy avait raison, et que c’était léthal. Pour elle, pour ma famille, et pour moi. Parce que quoi que ce fût, c’était interdit. 

Le soir suivant, après notre journée de cours, nous nous étions réunis dans notre salle commune autour d’un verre, et l’ambiance glaciale qui régnait entre nous était palpable. Blaise était mal à l’aise, tellement mal à l’aise qu’il ne faisait pas la moindre plaisanterie. Pansy se retenait de dire quelque chose qu’elle ne semblait pas s’autoriser à sortir. Et Theo était sur le qui-vive, même s’il tentait de me faire croire qu’il était parfaitement détendu. Au bout de quelques minutes à attendre que mes amis parlent et se permettent de dire ce qu’ils avaient à dire qui semblait ne pas aller, je m’exprimai :

-       L’un de vous va-t-il finir par me dire ce qu’il se passe ? 

Le regard froid de Pansy se posa soudainement sur moi alors qu’elle répliqua sèchement :

-       Ce qu’il se passe ? Tu ne crois pas que c’est plutôt à toi de nous dire ce qu’il se passe ? 

Blaise, à côté de moi sur le canapé, fixa le sol en silence, et les yeux de Theo allaient de Pansy à moi tandis qu’il siégeait sur le fauteuil face à moi. 

-       De quoi tu parles Pansy ? demandai-je alors franchement. 

Ses sourcils se dressèrent sur son front, signifiant qu’elle me trouvait bien culotté d’oser lui demander de préciser ce qu’elle sous-entendait tellement c’était apparemment évident à ses yeux. 

-       De quoi je parle ? répéta-t-elle froidement. Oh je ne sais pas Drago, peut-être que tu pourrais nous expliquer où est-ce qu’on en est, parce qu’aux dernières nouvelles que j’ai eues tu étais bien conscient que c’était une idée de merde de flirter avec la Sang de Bourbe…

-       … Ne l’appelle pas comme ça, tranchai-je aussi sèchement qu’elle. 

-       C’est ce qu’elle est ! s’énerva-t-elle. C’est ce qu’elle est, Drago ! 

Ma mâchoire se contracta et je posai sur elle des yeux durs alors que je répétai distinctement en appuyant chaque mot :

-       Ne l’appelle pas comme ça. 

Elle pinça ses lèvres avant de reprendre, explicitement énervée : 

-       Je m’en suis arrêté à « c’est une très mauvaise idée et je ne vais pas faire ça parce que je suis tout à fait conscient que c’est dangereux » et quelques heures plus tard tu risques ta putain de vie pour épargner la sienne, alors je crois que c’est à toi de nous dire ce qu’il se passe Drago, cracha-t-elle sèchement.

-       Ça ne te concerne pas, répliquai-je sur le même ton. 

Un rire qui n’avait rien d’amical raisonna en elle et elle cracha de sa voix tranchante :

-       Ça ne me concerne pas ? On est tous là-dedans avec toi ici ! s’énerva-t-elle finalement. 

-       Et tu crois que je ne le sais pas ? lui demandai-je à voix-basse. Tu crois que je m’en tape et que je décide de faire ce que j’ai envie de faire, au diable les conséquences ? enchaînai-je d’un ton tranchant alors que le sang commençait à bouillir dans mes veines. Elle savait tout, dis-je froidement. Elle savait tout et elle est restée là. Elle savait tout et elle est putain de restée LÀ ! hurlai-je alors en me levant du canapé. J’AI FAILLI TOUT AVOIR ! LA FEMME LA PLUS BRILLANTE, LA PLUS DOUCE, LA PLUS FORTE ET LA PLUS DETERMINEE QUE JE N’AI JAMAIS RENCONTRÉE ! criai-je alors que ma voix se déformait sous la rage. ELLE A SU TOUT CE QUE J’ÉTAIS, ET ELLE EST RESTÉE LÀ ! Et tu sais ce que j’ai fait Pansy ? dis-je plus froidement, emporté par la colère. Peu importait à quel point j’avais envie de pouvoir avoir ça, peu importait à quel point ça me faisait du bien quand elle était là, qu’elle me voyait, et qu’elle m’acceptait, peu importait à quel point moi aussi je voulais avoir droit à ça dans toute cette noirceur, tu sais ce que j’ai fait ?! Parce que vous êtes là-dedans avec moi ?! UN PUTAIN D’OBLIVIATE ! hurlai-je à nouveau. Alors n’aies pas le culot de me regarder droit dans les yeux et de me dire que je ne suis pas conscient que ça ne me concerne pas seulement moi, alors que j’ai renoncé à ça POUR VOUS ! 

-       Je ne te dis pas que tu n’y as pas droit, tout ce que je te demande c’est un peu de putain d’honnêteté ! s’emporta-t-elle à son tour. On est là-dedans pour toi et… 

-       … ET JE NE VOUS AI JAMAIS RIEN DEMANDÉ ! hurlai-je plus fort. JE NE VOUS AI JAMAIS PUTAIN DE RIEN DEMANDÉ ! 

-       PARCE QUE TU CROIS QUE TU AVAIS BESOIN DE LE FAIRE ?! cria-t-elle en se levant de son fauteuil à son tour. PARCE QUE TU CROIS QUE C’ÉTAIT SINCÈREMENT UNE PUTAIN D’OPTION DE TE REGARDER SOMBRER ET DE NE PAS POUVOIR ÊTRE À TES CÔTÉS POUR T’AIDER À TE RELEVER ?! 

-       Pansy…, tenta doucement Theodore. 

-       NON ! le coupa-t-elle violemment. PUTAIN NON ! TU PEUX CONTINUER DE T’AUTO-FLAGELER ET DE RESTER COINCÉ DANS TA PUTAIN DE NARRATIVE DE « ils sont là-dedans à cause de moi, et c’est la merde à cause de moi et je dois tout sacrifier pour eux maintenant parce qu’ils ont été tellement égoïstes et qu’ils ont rejoint les rangs à cause de moi, bouhouhou… » SI TU LE SOUHAITES MAIS ÇA NE CHANGERA PUTAIN DE RIEN ! hurla-t-elle alors que son visage devenait rouge écarlate. JE LE REFERAI ! EN SACHANT TOUT CE QUE JE SAIS AUJOURD’HUI, JE. LE. REFERAI. DRAGO ! s’égosilla-t-elle. PARCE QUE T’ES MA PUTAIN DE FAMILLE ! ET JE NE TE DEMANDE PAS DE SACRIFIER QUOI QUE CE SOIT POUR NOUS, JE TE DEMANDE JUSTE D’ÊTRE PUTAIN D’HONNÊTE AVEC NOUS, PARCE QUE OUI, LA VÉRITÉ C’EST QU’ON EST LÀ-DEDANS AVEC TOI, ET QUE OUI, SI TU TE METS EN DANGER EN FAISANT JE NE SAIS QUOI AVEC PUTAIN DE GRANGER TU NOUS METS NOUS TOUS EN DANGER AUSSI, ET JE NE TE DEMANDE MÊME PAS DE NE PAS LE FAIRE ! JE TE DEMANDE D’ÊTRE HONNÊTE ET DE ME DIRE CE QU’IL SE PASSE, PARCE QUE JE CROIS QUE SI TU VAS RISQUER TA VIE ET LES NÔTRES POUR ELLE, ON A PUTAIN LE DROIT DE LE SAVOIR ! ALORS FAIS TOI POUSSER UNE PUTAIN DE PAIRE DE COUILLES, ET DIS NOUS LA VÉRITÉ !

-       C’EST PAS A VOUS QUE JE MENS ! hurlai-je en retour, emporté par ma douleur. C’EST PAS À VOUS ! C’EST À MOI ! À MOI ! appuyai-je plus fort alors que ma voix raisonnait dans la salle commune. TU ME DEMANDES DE TE DIRE QUELQUE CHOSE QUE JE NE PEUX MÊME PAS VOIR ! JE NE PEUX PAS TE LE DIRE ! TU M’ENTENDS ?! lui hurlai-je dessus. JE NE PEUX PAS TE DIRE QUE JE N’ARRÊTE PAS DE PENSER À SON VISAGE, À SES YEUX, À SON CORPS, À SA VOIX, JE NE PEUX PAS TE DIRE QU’ELLE ME HANTE ET QUE J’AI ENVIE DE POUVOIR PASSER MON TEMPS À LA REGARDER TRAVAILLER, À L’ENTENDRE RIRE, À LA VOIR SOURIRE, PARCE QUE SI JE ME L’AVOUE JE FAIS QUOI ENSUITE ?! JE FAIS QUOI PANSY ?! DIS-LE-MOI ! lui crachai-je au visage. EN SACHANT QUE JE NE PEUX PAS DÉCOUVRIR CE QUE JE RESSENS POUR ELLE SANS METTRE VOS VIES EN DANGER, SANS METTRE CELLE DE MA MÈRE EN DANGER, JE FAIS QUOI ?! JE FAIS QUOI ?! 

-       ET TA PUTAIN DE VIE À TOI ! appuya-t-elle en hurlant. 

-       JE M’EN FOU ! hurlai-je plus fort alors que des larmes tâchaient le timbre de ma voix. JE M’EN FOU ! JE M’EN FOU DE MA PUTAIN DE VIE ! MON SOUHAIT LE PLUS CHER CE SERAIT DE POUVOIR ME JETER DU HAUT DE LA PUTAIN DE TOUR D’ASTRONOMIE, MAIS JE NE PEUX PAS, JE NE PEUX PAS PARCE QUE VOUS ÊTES LÀ-DEDANS À CAUSE DE MOI ! 

Elle tomba assise sur son fauteuil et sa bouche se ferma. Elle resta silencieuse un instant, mais emporté par ma peine, par ma douleur et par ma rage, je continuai injustement malgré moi : 

-       PARCE QUE VOUS M’AVEZ ENLEVÉ ÇA ! hurlai-je alors que des larmes perlaient sur mes joues. VOUS M’AVEZ ENLEVÉ CE CHOIX ! ET JE DOIS CONTINUER, ENCORE ET ENCORE, ALORS QUE TOUT CE QUE JE VOUDRAIS C’EST QUE ÇA S’ARRÊTE, PARCE QUE VOUS AVEZ FAIT ÇA ! 

Ses yeux se noyèrent de larmes, et elle se leva de tout son long, enfonça ses yeux dans les miens, et dit avec la voix la plus froide que je ne lui avais jamais entendue : 

-       Désolée d’avoir gâché ta vie en essayant de la sauver au prix de nos âmes. 

Et elle s’en alla alors que je tombais sur le canapé, réalisant l’injustice des mots que je venais de lui balancer au visage. Mes mains vinrent cacher mon visage alors que je pleurai, assaillit par la honte et le regret, et Theo ordonna à Blaise d’aller trouver Pansy. Lorsque nous furent seuls, sa voix puissante m’ordonna : 

-       Regarde-moi.

Je retirai les mains de mon visage mais laissai ma tête rencontrer le dossier du canapé alors que je pleurais encore en fixant le plafond de notre salle commune, tentant de reprendre mes esprits et de contrôler ma respiration. Un instant plus tard, je baissai le visage sur mes cuisses alors que mes larmes ne s’apaisaient pas, et pleurai en chuchotant : 

-       Je suis désolé, je suis désolé, pleurai-je. Je suis désolé, répétai-je en un sanglot. 

-       Regarde-moi, me somma-t-il plus fermement. 

Je levai les yeux vers lui alors que mon visage demeurait baissé. Quelques larmes coulaient sur ses propres joues. 

-       Tu n’as pas à être désolé, me dit-il alors gravement. Tu as vu ta famille se faire déchirer de l’intérieur, commença-t-il alors que de nouvelles larmes tombaient de ses yeux, tu as dû torturer ton propre père sous les yeux de ta mère, et tu as vu Voldemort le tuer devant toi. Tu as dû te débarrasser de son corps, du corps de l’homme qui t’as élevé, dit-il alors que je pleurai de plus belle, et tu as dû nettoyer son sang sur le sol de votre maison. Et ensuite tu as dû voir tes meilleurs amis rejoindre cet environnement-là, quand toi tu n’as pas eu le choix de le faire, et tu as dû tuer et torturer, et voir tes amis tuer et torturer à leur tour, rappela-t-il avant de marquer une courte pause. Tu as le droit de vouloir mourir, Drago, lâcha-t-il gravement. Tu as le droit de souffrir tellement que tu préférerais pouvoir mourir, répéta-t-il alors que ses mots pansèrent mon âme. Tout comme nous, on a le droit de t’aimer tellement qu’on continuera, encore et encore, d’être à tes côtés, et d’essayer de te sauver. Tu as le droit d’être en colère contre nous parce qu’on a pris une décision aussi énorme sans te demander ton avis, affirma-t-il. Tu n’as pas à être désolé, reprit-il gravement. Tu as le droit de vouloir mourir, acheva-t-il avec force. 

Des sanglots de soulagement me secouèrent alors que je laissai ma tête retomber entre mes épaules. Un soulagement si intense, si profond, qu’il en était presque thérapeutique. La permission d’exprimer une telle chose, une telle chose qui me semblait si indicible, si in-entendable qu’il me donnait là réparait une partie de mon âme dans un soulagement intense. Quand moi-même je me jugeais, il me donnait l’autorisation de ressentir ce que je ressentais. Quand moi-même je me demandais ce qui ne tournait pas rond chez moi pour penser de telles atrocités à propos des personnes qui avaient tout fait pour moi, il m’offrait l’espace de m’exprimer en toute sécurité. Il m’entendait. Il me comprenait. Il me voyait. Il me recevait d’une façon dont personne d’autre au monde n’était capable de me recevoir. Il laissait la place à toutes les parties de moi, les plus sombres, les plus mauvaises, les plus injustes, les plus détraquées, il leur lassait la place et il les accueillait. Sans les juger. Sans essayer de les changer. Il leur ouvrait simplement les bras, et il leur disait « vous êtes en sécurité avec moi ». Et en cet instant, alors que je sentais mon âme se réparer à l’intérieur de moi, il me semblait qu’il ne pouvait exister une façon plus pure d’aimer que celle-là. 

Il me laissa le temps de me calmer, et le temps de boire quelques verres de plus avant que nous puissions reprendre une discussion ensemble. Doucement, il amena finalement : 

-       Pansy est simplement morte d’inquiétude, même si elle le dit en hurlant. Tu sais, quand je suis venu te chercher hier soir pour t’emmener à l’infirmerie, elle allée relever Granger, et elle l’a tirée hors de la Grande Salle en courant derrière-moi, me dit-il alors que je me souvenais effectivement de l’avoir vue la relever du sol pour la tirer hors du danger. 

J’acquiesçai à ses mots. Je savais parfaitement que Pansy ferait tout pour moi, même si elle désapprouvait. Je le savais au plus profond de moi, sans le moindre doute. 

-       Mais elle est terrorisée, parce qu’elle t’a vu te mettre en danger pour une fille qu’elle considère être notre ennemi, et qu’elle sait qu’elle a pour mission de se rapprocher de toi pour en savoir plus sur nous, et chercher à nous coincer, continua-t-il doucement. 

-       Ce n’est plus ça, lui chuchotai-je alors. Je ne sais pas ce que c’est, mais je te jure que ce n’est plus ça. Ce n’est plus simplement une mission, et ça je le sais. 

-       Je te crois, m’affirma-t-il à voix basse. Mais si Blaise a le rôle de celui qui plaisante à ce propos, moi de celui qui t’encourage à aller là où tu trouves un peu de bonheur dans toute cette souffrance, le seul qu’il lui reste à elle, c’est bien celui de mettre en garde, tu ne crois pas ? 

J’acquiesçai encore à ses très justes mots. Je savais qu’il avait raison. Il avait toujours raison. 

-       Je sais, lui répondis-je alors. Et elle a raison. 

-       Mais tu sais aussi bien que moi que si tu la regardes dans les yeux et que tu lui dis que tu veux Granger, peu importe les conséquences, elle t’aidera à la cacher à l’autre bout du monde. 

-       Je sais, chuchotai-je avec gratitude. 

Il resta silencieux un instant, puis il proposa tout doucement : 

-       Et si j’allais te la chercher ? 

J’acquiesçai sans un mot, et il s’en alla dans son dortoir. Un instant plus tard, Pansy redescendit dans notre salle commune, seule. Ses yeux rouges et gonflés m’apprirent qu’elle aussi, elle avait beaucoup pleuré. Je me levai du canapé en l’apercevant et lui ouvrait mes bras dans lesquels elle se réfugia en pleurant. Nous restâmes un instant, sans se dire un traitre mot, dans les bras l’un de l’autre, puis elle prit place près de moi sur le canapé. 

-       Je suis désolé de t’avoir balancé ça comme ça, c’était injuste, chuchotai-je alors à son encontre. 

Elle m’adressa un mince sourire. 

-       Je comprends, murmura-t-elle en ma direction. Sincèrement, ajouta-t-elle. Et je ne t’en veux pas, je ne peux pas t’en vouloir, parce que je comprends vraiment. 

De nouvelles larmes coulèrent sur mes joues alors que je lui rendais son sourire et passai mon bras derrière elle. 

-       Merci, chuchotai-je. 

-       Et si tu ressens vraiment ce que tu as dit pour la Gryffondor, enchaîna-t-elle tout doucement, je ne te dirais jamais de ne pas y aller, et je ne te demanderai jamais de sacrifier ça pour nous. Je te demande seulement de me le dire, pour que je puisse savoir combien de guerres je mène à tes côtés, et que je sache comment je peux faire pour être ton meilleur soldat, murmura-t-elle en blottissant son visage sur mon épaule. Après Theo, bien sûr, ajouta-t-elle avec un sourire dans la voix. 

Je pouffai et déposai un baiser sur le haut de son crâne alors que je m’autorisai à ressentir la gratitude intense que je ressentais pour elle grandir en moi, et fermai les yeux en déposant mon visage sur le haut de sa tête. 


Nous n’avions pas le temps de respirer, ni de prendre le temps de digérer nos émotions comme les autres élèves de l’école pouvaient se permettre de le faire. Nous avions des missions que le Seigneur des Ténèbres nous pressaient de mener à termes, aussi le lendemain après-midi, Theo et moi avions décidé de nous rendre à Pré-au-lard, chez un marchand réputé pour retaper et réparer tout un tas d’objets du monde sorcier. Les recherches à la bibliothèque étaient infructueuses et il fallait passer à la vitesse supérieure. Alors, tous deux de noir vêtu, nous étions entrés dans sa boutique vide pour obtenir les informations dont nous avions besoin. Étant donné que mon visage était désormais connu du monde sorcier et que j’étais associé à la réputation de mon père, nous ne pouvions pas tout simplement lui demander comment réparer une armoire à disparaître sans craindre que cela ne devienne d’information publique, aussi je me chargeai de fermer les volets de la boutique tandis que Theo braquait sa baguette sur le gérant du magasin. 

-       Nous ne vous ferons rien, lui affirma-t-il en lisant la panique sur le visage du vieux sorcier fatigué, nous avons seulement besoin d’être sûrs que vous nous fournirez les informations dont nous avons besoin. 

-       Je vous dirai ce que vous voulez savoir, se défendit le sorcier en levant les mains pour montrer son impuissance, je vous dirai tout ce que vous voulez, pitié, j’ai une famille, continua le vieillard. 

-       Il l’a dit, nous ne vous ferons rien, répétai-je en les rejoignant vers la caisse du magasin où le sorcier se tenait. Mais il n’y a que d’une seule façon que nous pouvons nous assurer que vous nous direz la vérité, dis-je en adressant un signe de tête à Theo. 

-       Impero, lança mon ami en direction du vieux sorcier. Dites-nous comment faire pour réparer une armoire à disparaître ? demanda-t-il au vieil homme contraint de faire ce que nous attendions de lui par un des trois sortilèges impardonnables. 

-       C’est… c’est quasiment impossible, commença le marchand, je n’ai jamais accepté de le faire les quelques fois où des personnes sont venues me demander de réparer les leurs. Lorsqu’une armoire à disparaître est endommagée, une personne qui irait à l’intérieur serait comme… perdue, perdue dans le néant, à tout jamais, vagabondant entre l’armoire première, et la deuxième, mais sans jamais vraiment pouvoir retrouver la sortie du côté de l’une, ou de l’autre, expliqua-t-il malgré lui. On ne peut pas réparer un tel objet de l’extérieur, et c’est ce qui fait que c’est pratiquement impossible de les réparer une fois qu’elles sont endommagées, parce qu’il faut la réparer de l’intérieur. 

-       Vous voulez dire qu’il faut pénétrer dans l’armoire, et la réparer depuis le néant à l’intérieur d’elle ? questionnai-je alors. 

-       Oui, exactement, confirma le sorcier. Théoriquement, il faudrait pouvoir entrer dans l’armoire, se perdre à jamais dans le néant, réparer le pont entre les deux armoires jumelles, et pouvoir en ressortir. L’ennui c’est qu’une fois que vous êtes entré dans une armoire endommagée, vous y êtes perdu à jamais, vous ne pouvez plus en sortir, déclara-t-il gravement. 

-       Avez-vous entendu parler de personnes qui ont réussi à réparer une armoire à disparaître de l’intérieur ? lui demanda Theo. 

-       Non, répondis le vieil homme. Je n’en ai jamais entendu parler. 

Theo et moi échangions un regard grave. 

-       Existe-t-il un autre moyen dont vous auriez entendu parler pour réparer une armoire à disparaître ? demandai-je encore. 

L’homme fit non de la tête. 

-       Pas à ma connaissance, non. 

Je lançais au sorcier un obliviate, et Theo et moi quittions son magasin pour rejoindre le château avec pas bien plus d’éléments encourageants que nous l’avions quitté. Nous savions désormais que nous ne pouvions pas la réparer de l’extérieur, et qu’il nous fallait la réparer de l’intérieur. Mais nous savions également que cela était impossible, et que dans ce cas précis, impossible n’était pas acceptable. En fin d’après-midi, nous nous étions retrouvés tous les quatre dans la salle sur demande, devant l’armoire à disparaître, et Theo et moi avions raconté à Pansy et Blaise ce que le marchand nous avait appris. 

-       Donc c’est impossible ? demanda Pansy. 

-       Quasiment impossible, dis-je en reprenant les termes du vieux sorcier. 

-       Le vieillard t’a dit qu’il ne l’avait jamais fait, et qu’il n’avait jamais entendu parler de quelqu’un qui avait réussi à le faire, et qu’il ne savait pas même dans la théorie comment se serait possible de le faire, mais tu entends « quasiment » impossible ? me questionna Blaise. 

-       On n’a pas le luxe de s’offrir un « impossible » pour une de nos missions, alors oui, le « quasiment » impossible me semble important, rétorquai-je alors. 

Pansy soupira, et je la comprenais. Je n’avais pas beaucoup d’espoir non plus, mais je gardais mon cerveau occupé sur la résolution de la tâche, afin qu’il ne soit pas emporté dans l’angoisse de la situation qui nous tombait encore dessus. 

-       Nous avons quatre des plus pertinents cerveaux de toute cette putain d’école, déclara une Pansy faussement optimiste, s’il y a bien quelqu’un qui peut y arriver, c’est nous. 

Blaise acquiesça sans grande conviction et Theodore fixai le sol à la recherche d’une solution. Nous n’en trouverions pas une en l’état actuel des choses, et je devais m’occuper avant d’être confronté à mon impuissance. 

-       Je vais aller voir ma saleté de dragon pour prendre un peu l’air, tu veux venir voir Kira ? proposai-je à Theo. 

Il fit non de la tête. 

-       Je suis allé la voir tout à l’heure, je vais rester un moment avec Pansy, déclara-t-il alors. 

J’acquiesçai et m’éloignait d’eux alors que je partais en direction de l’animalerie du château. Je n’avais pas vu Ragnar depuis des semaines, et quand bien même cette sale bête m’insupportait, je supposai que plus je l’ignorai, moins il aurait envie de grandir pour moi. L’animalerie se tenait derrière la cour du château, c’était une sorte de grande cabane qui était aménagée en fonction des bêtes qui s’y trouvaient. Il y avait les animaux dangereux, ceux qui étaient malades, un peu plus loin il y avait la volière pour les hiboux et oiseaux, tout était fait de sorte à ce qu’ils se sentent le mieux possible, dans des conditions sécurisantes. Mon dragon miniature d’à peine trente centimètres était dans une cage d’à peu près trois mètres de haut, et un mètre de large. Cette sale bête avait largement la place de voler autour d’elle en ayant l’impression d’être en liberté dans la nature. 

-       Salut, Kira, saluai-je le serpent de Nott en passant devant sa cage qui se tenait juste à la droite de celle de Ragnar. 

Le serpent noir était en boule sur elle-même, mais elle releva la tête quand elle me reconnut, et me tira sa petite langue pour me saluer. Je passai la main dans sa cage pour lui caresser la tête un instant avant de faire face à mon dragon, ou plutôt à ma miniature de dragon. 

-       Et salut, toi, lui adressai-je alors qu’il me tournait le dos, au sol dans sa cage. 

Il ne se tourna pas même vers moi pour me faire face et me saluer. Ce petit enfoiré, en plus d’être toujours aussi ridiculement petit, avait un sale caractère. J’attrapais quelques morceaux de viande crue qui était mis à disposition par l’école dans un sac et ouvrai la cage de mon dragon pour pénétrer à l’intérieur. Je refermai la cage derrière moi, et m’assit au sol avec lui, qui me tournai toujours le dos. 

-       J’ai de la bouffe, sale reptile ingrat, lui annonçai-je alors qu’il me tendait toujours ses fesses. 

Il remua sa toute petite queue et releva sa tronche encore plus haut pour asseoir son mécontentement, et je soupirai face à l’attitude de ma satanée créature. Je l’attrapai par le ventre en faisant attention à ne pas le prendre par les ailes, et le tournai face à moi en le tenant dans ma main gauche sous ses faibles protestations vocales aiguës. 

-       Quoi, tu vas faire quoi ? lui demandai-je alors qu’il essayait de tourner la tête de sorte à ne pas me regarder. Me cramer un poil de sourcil ? 

Quelqu’un pouffa à l’entrée de l’animalerie, et je tournai vivement la tête pour voir de qui il s’agissait. Évidemment, Granger. 

-       Qu’est-ce que tu fais là ? la questionnai-je en tournant la tête vers mon dragon. 

Elle rentra dans l’animalerie et s’approcha d’une cage plus sur la droite de celle de mon dragon. 

-       Pattenrond est malade, il doit passer quelques jours ici pour être soigné, m’apprit-elle en allant voir son gros chat roux. Je ne voulais pas qu’il se sente trop seul, ajouta-t-elle plus doucement. 

Nous restâmes silencieux un instant alors que je donnais un bout de viande à Ragnar qu’il mangea malgré son attitude de gamin gâté, et qu’elle faisait je ne savais trop quoi avec sa boule de poils. Je tentai de ne pas trop songer à la façon assez incroyable que les Dieux avaient de toujours la foutre exactement sur mon chemin. 

-       Tu ne devrais pas lui parler comme ça, dit-elle finalement un instant plus tard. 

Je pouffai alors que je continuai de nourrir ma bête. 

-       Parce que tu t’y connais, toi, en dragons ? 

-       J’ai lu quelques livres, oui, déclara-t-elle de son ton hautain. Ce sont des animaux susceptibles, comme tu peux le constater, ajouta-t-elle dans son coin. Et puis, il est quand même sacrément mignon, dit-elle plus doucement. 

C’était vrai, Ragnar était mignon. Il avait des petites écailles qui dépassaient de son corps de reptile blanc aux couleurs et aux reflets des opales les plus claires. Il avait deux minuscules paires de cornes de la même couleur et des petites oreilles pointues, et sa gueule était assortie d’un petit museau rond. Son regard était lui aussi opalin et ses petites ailes dans les mêmes tons le rendait sincèrement beau. 

-       Mignon n’est pas censé être l’adjectif qui décrit un dragon, commentai-je cependant. 

Ragnar me souffla de l’air chaud au visage et je m’adressai ensuite à lui : 

-       C’est pas la peine de me souffler à la gueule comme ça, tu sais très bien que c’est vrai ! 

-       Ça ne sert à rien de lui reprocher sa taille, répliqua la Gryffondor qui était toujours vers son chat, il grandira quand toi tu y seras prêt. Autant qu’on le sache, c’est toi le responsable de son évolution, ajouta-t-elle avec un sourire dans la voix. 

-       Si ce petit merdeux n’est pas prêt maintenant à grandir, je ne sais pas quand il le sera, déclarai-je plus pour moi-même qu’à l’encontre de Granger. 

-       Les Opaloeils des antipodes sont certainement les dragons les plus sensibles qu’il soit, et comme je suis sûre que tu le sais, leur esprit et celui de leur véritable maître sont intimement liés, déclara-t-elle. Certains théoriciens pensent que les Opaloeils connaissent l’avenir de leur maître, et que c’est pour ça qu’ils ont cette couleur d’iris qui leur est propre. Selon certains, continua-t-elle, ils lisent dans l’âme de leur maître, et savent exactement, depuis la naissance, l’exact moment de leur transformation. Il paraît qu’avec ses dragons-là plus qu’avec les autres, ils se transforment non pas seulement lorsque leur maître y est vraiment « prêt », mais plutôt lors d’un tournant de vie sans pareille de celui qui les montera, dit-elle en m’apprenant véritablement quelque chose que je ne connaissais moi-même pas sur mon propre dragon. C’est pour ça que ces dragons sont aussi rares, et que leurs œufs peuvent rester dans une famille pendant des générations entières sans ne jamais éclore. Il faut qu’ils trouvent un maître non seulement à qui ils veulent se lier, mais qui en plus a un destin tel qu’à un moment donné, dans sa vie, il se passera quelque chose de tellement important, de tellement bouleversant qu’ils ne seront pas simplement « prêts » à avoir un dragon, mais qu’ils en auront intrinsèquement besoin. Alors, reprit-elle bien plus doucement en s’approchant de la cage de mon dragon tenant son chat dans ses bras, quand on y pense sous cet angle, c’est plutôt bon signe que ton dragon soit encore aussi mignon. 

Je levai les yeux vers elle, et étudiait la nouvelle perspective qu’elle m’offrait. J’avais ce dragon depuis seize ans, et je m’étais renseigné des heures et des heures durant à son sujet, et je n’avais jamais recueilli de telles informations. 

-       Où est-ce que tu as appris tout ça ? lui demandai-je alors à voix basse, impressionné.

Elle me sourit en répliquant : 

-       Il suffit de savoir où chercher. Tu lui demandes de se transformer en elfe, alors que dans votre histoire de vie vous n’en êtes encore qu’au stade de fée, chuchota-t-elle presque. 

Je tournai le visage vers mon dragon que je tenais dans mes mains, et qui s’était d’ailleurs bien calmé. 

-       T’entends ce qu’elle dit de toi, Ragnar ? Elle te compare à une putain de fée. 

Granger ri à gorge déployée, et je tournai le visage vers elle pour la regarder alors qu’il me sembla que ce son raisonnerait à jamais dans mes oreilles. Je ne l’avais jamais entendue rire de la sorte à quelque chose que j’avais dit. Je caressai ensuite la truffe de mon dragon en un geste affectif, et le regardait avec attendrissement. Si ce qu’elle disait était vrai, je n’étais plus très sûr de vouloir que Ragnar se transforme en bête géante et terrifiante, parce que si à ce stade le tournant le plus violent de ma vie n’était pas marqué, je n’étais pas sûr de vouloir savoir ce qui m’attendait encore. Je fermai les yeux pour me concentrer sur le lien que je partageai avec mon dragon, cherchant à savoir s’il me dirait ce qu’il me disait toujours, et je perçu effectivement ce que j’avais toujours entendu jusqu’alors : sa voix vibrante disant « …pas encore… ». 

-       Est-ce que tu vas bien ? finit-elle par me demander doucement, se tenant toujours debout devant la cage dans laquelle j’étais. 

Je tournai le visage vers elle et la regardait. Elle portait toujours cette inquiétude sur elle lorsqu’elle me regardait. Lorsqu’elle me demandait doucement si j’allais bien. Et je voulais pouvoir lui répondre. Je désirai sincèrement pouvoir lui dire que personne n’était jamais venu à mon chevet pour me lire un conte pour enfants, et que cela avait réchauffé mon cœur meurtri. Je désirai vraiment pouvoir lui dire que personne n’avait jamais posé sur moi un regard qui avait autant le pouvoir d’émouvoir mon âme, et que jamais personne n’avait réussi à enflammer mon corps de la façon dont elle le faisait. Chaque partie de moi était stimulée par elle, malgré elle. Et je n’avais pas le droit de lui laisser accès à cela. Et je n’avais pas le droit de laisser ma curiosité pour elle m’emporter, autant que je le désirai. Alors je soupirai : 

-       Il faut vraiment que tu arrêtes de me poser cette question, Granger. 

-       C’est vrai, chuchota-t-elle, ça risquerait de te transformer en sorcier civilisé. 

Je déposai Ragnar sur le sol de la cage et lui donnait le dernier morceau de viande que j’avais pris pour lui, puis je me relevai du sol. Je sorti de la cage et la refermai derrière moi avant de surplomber Granger de ma hauteur. 

-       Non, lui murmurai-je. Ça risquerait de me transformer en ami. Et je ne suis pas ton ami, chuchotai-je à quelques centimètres de son visage avant de m’en aller sous ses yeux blessés, et inquiets.  


Le lendemain après-midi se tenait le premier match de Quidditch de la saison, et nous ouvrions le bal face aux Gryffondor. Blaise nous avait ardument préparé à ce match, il avait observé plusieurs entraînements de l’équipe adverse, et en tant que capitaine, il nous avait fait des rapports en conséquence et nous nous étions entraînés en fonction de leurs forces et faiblesses. Alors lorsque le coup de sifflet retentit dans nos oreilles, Blaise, Theo et Vaisey, nos poursuiveurs, se passèrent le souafle agilement en direction des buts de McLaggen qui ne résistèrent pas longtemps à la force et l’agilité de Theo qui ne tarda pas à marquer le premier but. Ginny Weasley, qui était également poursuiveuse, était particulièrement coriace et douée, je devais le lui reconnaître, et Urquhart ne put s’empêcher de laisser quelques buts rentrer dans notre camp également. Nous menions la partie 90 points à 70 lorsque je repérais finalement le vif d’or. Potter ne le remarqua que lorsqu’il me vit foncer en sa direction, et il tenta de me suivre de près à l’autre bout du terrain, mais mon balai était plus rapide, et j’aimais à croire que j’étais plus agile. Il tenta de me dépasser par ma droite mais j’envoyais un coup de pied dans son tibia qui l’éloigna de moi, et lui fit perdre un peu de vitesse alors que je continuais de pourchasser le vif d’or sous les acclamations des Serpentard dans les gradins. Alors que je n’étais qu’à quelques centimètres de saisir le vif d’or, la fille Weasley fonça en flèche droit sur moi pour me faire dévier de ma trajectoire et offrir une chance à Potter de s’approcher du vif d’or, mais je lâchais mon balai qui retomba sous la fille Weasley alors que je sautais au-dessus d’elle, saisit de ma main droite le vif d’or que je n’avais pas lâché des yeux, et retombait ensuite sur mon balai en parvenant à rattraper son manche au vol et à le réenfourcher. Les acclamations des Serpentard dans les gradins étaient presque aussi douces que les lamentations de défaite des Gryffondor alors qu’il était annoncé que « Drago Malefoy a attrapé le vif d’or, Serpentard l’emporte ! » au micro. Mes camarades se mirent à chanter mon nom alors que le reste de l’équipe vint me féliciter et que Blaise, aux anges et un grand sourire aux lèvres, fonça en direction des gradins. Il s’arrêta au niveau de Pansy, lui tendit son avant-bras qu’elle saisit, et il la fit monter derrière elle sur son balai alors qu’il effectuait un ballet dans les airs avec Pansy derrière lui pour célébrer notre victoire. Theo et moi nous joignirent à lui, et bientôt ce fut le cas de toute l’équipe des Serpentard alors que nous étions acclamés dans les gradins. Blaise me regarda avec un grand sourire, chuchota quelque chose en la direction de Pansy, et la balança de son balai en ma direction. Je fonçai vers elle et la rattrapai derrière moi sous les hurlements encourageants des autres élèves alors que McGonagall s’était saisie du micro pour nous demander de ne pas nous lancer Miss Parkinson alors que nous éclations de rire. Je la fis voler derrière-moi un instant et repérai Theo quelques mètres en dessous de moi, et lançai Pansy en sa direction. Il fit en sorte de la récupérer de façon à ce qu’elle tombe face à face avec lui sur son balai, et ils s’embrassèrent passionnément sous les yeux de tout le reste de l’école pour célébrer notre victoire. Il lui adressa un grand sourire et la fit virevolter dans les airs en faisant encore quelques tours de terrain à toute vitesse en la regardant dans les yeux, puis sous les protestations de McGonagall nous finissions par redescendre sur la terre ferme. 

Ce soir-là, toute la maison Serpentard célébra notre victoire avec nous dans notre salle commune. Nous avions payé des verres à tout va aux élèves de notre maison, et nous les avions laissé nous acclamer et nous vénérer pendant plusieurs heures. Alors que la fête battait son plein, que Blaise était dans un coin de notre salle commune avec une élève de cinquième année et que Theo et Pansy commençaient à se rouler des pelles indécentes l’un sur l’autre sur le fauteuil face à moi, je réalisai en fermant les yeux que la tête me tournait un peu de l’alcool que j’avais consommé de façon plus déraisonnable que d’habitude. Parce que je continuais d’aller en cours alors que j’étais un putain de soldat de Voldemort. Parce que j’avais lancé plus de sortilèges impardonnables qu’il n’était envisageable pour tous les élèves réunis de cette école en toute une vie. Parce que mes amis et moi avions des missions impossibles à remplir, et que nos vies et toutes celles de ceux qui nous entouraient étaient menacées si nous ne les menions pas à exécution. Parce que je venais de me jeter physiquement sur Granger pour la protéger de mon corps afin qu’elle ne soit pas blessée. Parce qu’elle était venue me trouver à l’infirmerie, et qu’elle s’était pointée avec un putain de conte qu’elle m’avait lu en faisant s’évanouir une des crises d’angoisses qui commençait à me submerger. Parce qu’elle m’avait appris des choses sur mon satané dragon que j’étudiais depuis 16 ans, et que j’étais loin d’être un petit élève débile qui ne savait pas où ni comment trouver les informations qu’il cherchait. Parce que j’étais perdu, confus et terrifié de ce que j’avais dit à Pansy, de la façon dont j’avais perdu le contrôle de mon corps, de mes pensées et de mes paroles, et des atrocités qui étaient sorties de ma bouche sans que je ne puisse les en empêcher. A cause de ce qu’elle me faisait. Je fronçai les sourcils, essayant de calmer mon esprit sur le canapé, mes yeux toujours fermés, alors qu’elle envahissait mon esprit embué sans que je ne puisse l’en empêcher. Et je voyais son visage lorsque je l’avais touchée pour la première fois, et à quel point elle avait réveillé l’animal en moi. Et je voyais ses yeux brûlants posés sur moi et la façon dont elle m’avait demandé de lui dire qu’elle m’appartenait. Et je voyais son corps, son corps absolument parfait quand elle s’était déshabillée entièrement face à moi dans les vestiaires de Quidditch. Et j’entendais ses gémissements qui raisonnaient encore dans mes oreilles lorsqu’elle avait joui de moi toutes ces fois. Et je voyais ses yeux inquiets posés sur moi, et j’entendais sa voix douce et chaleureuse lorsqu’elle avait tout entendu, et qu’elle m’avait dit « je te vois, Drago ». Lorsqu’elle avait vu tout cela de moi, lorsqu’elle avait sauvé la vie de la personne que j’aimais le plus sur cette terre, lorsqu’elle avait appris ce que j’étais, et qu’elle m’avait embrassé de la façon la plus pure, la plus douce et la plus belle qu’il soit. J’entendais sa voix lorsqu’elle m’avait lu son conte, lorsqu’elle se tenait à mon chevet et qu’elle avait eu la sensibilité de me lire une putain d’histoire pour que je me calme, que je m’apaise, et que je m’endorme. J’entendais son rire sincère raisonner dans mes oreilles lorsqu’elle m’avait trouvé drôle quelques heures plus tôt, et je sentais mon cœur battre à cent à l’heure. Et c’était Granger. Et elle était là, elle était juste là pour moi, et je ne pouvais pas l’avoir. Je me sentis manquer d’air et ouvrais les yeux pour regarder le plafond face à moi. Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine et je me penchai sur le canapé pour attraper mon verre sur la table basse que je vidai d’une traite. Pansy et Theo face à moi s’embrassaient toujours, et je décidai que c’en était assez. C’en était assez. Je me levai en trombe du canapé et me dirigeai à grands pas en direction de la salle commune des Gryffondor. Lorsque je me tenais devant la Grosse Dame, je frappai de toutes mes forces sur le portrait sous ses protestations. Il était tard, et je savais que s’il y avait quelqu’un qui devait demeurer au coin du feu dans leur salle commune à cette heure-ci, c’était elle. Et si ce n’était pas le cas, je n’en avais rien à foutre. J’irai la chercher. Jusque dans son putain de dortoir s’il le fallait. Quelques secondes plus tard, le portrait s’ouvrit de l’intérieur, et c’était effectivement elle. Elle leva des yeux surpris et inquiets vers moi alors que j’enfonçai mon regard argenté dans le sien. J’attrapai sa nuque avec force et approchai son visage du mien alors que je permettais enfin à mes lèvres de rencontrer les siennes, et m’enfonçai à l’intérieur de sa salle commune en poussant le portrait à se refermer derrière moi. Elle me rendit mon baiser violent, mon baiser impatient, un baiser qui traduisait la passion qui nous animaient tous deux, et qui nous empêchait de réfléchir comme il convenait de le faire. Elle laissa ses mains s’entremêler dans mes cheveux alors que je l’entraînais au milieu de sa propre salle commune vide, et portant mes mains sur ses joues alors que je continuais de goûter violemment sa langue. 

-       Je ne veux rien savoir de ta vie, chuchotai-je frénétiquement alors que je continuai de l’embrasser avec violence. 

Ce n’était plus la première fois que je goûtais ses lèvres, et c’était toujours aussi putain de magique et d’enivrant à chaque fois. Elle ne me répondit rien et me rendit la ferveur de mon baiser alors que ses mains s’agrippaient à mes cheveux. 

-       Je ne veux pas savoir ce que tu penses, murmurai-je en ne m’arrêtant pas de l’embrasser un seul instant. 

Elle laissa un gémissement raisonner dans ma bouche alors que je la plaquai contre le mur de sa salle commune en continuant d’encadrer son visage de mes deux mains et de laisser la violence de ce que je ressentais être transmis par mes lèvres et la façon dont elles rencontraient les siennes. 

-       Je ne veux pas savoir quelles choses tu aimes et quelles choses tu détestes, grognai-je au creux de sa bouche qu’elle ouvrait grand pour moi. 

Elle me défit de mon tee-shirt frénétiquement alors que je la lâchai l’espace de quelques secondes pour me défaire la braguette de mon pantalon. Les paumes de ses mains parcoururent avec électricité mes épaules, mon torse et mon dos alors que nos lèvres se rencontrèrent à nouveau avec violence.  

-       Je veux que tu arrêtes de me demander comment je vais et que tu arrêtes de t’inquiéter pour moi, chuchotai-je en ne quittant pas la douceur de ses lèvres qui étaient parfaitement faites pour les miennes. 

Je retirai mon visage du sien mais ne décollai pas mon torse de sa poitrine alors que je l’aidais avec violence et habilité à se débarrasser du haut de son pyjama. Un grognement de satisfaction raisonna dans ma gorge alors que je découvrais qu’elle ne portait pas de soutien-gorge en dessous, et ma main droite trouva sa juste place sur sa poitrine alors que nos lèvres se retrouvèrent avec anticipation. 

-       Je ne suis pas ton ami Granger, murmurai-je dans sa bouche alors qu’elle continuait elle-même de m’embrasser avec un désir débordant. Est-ce que c’est clair ? demandai-je avec puissance sans quitter ses lèvres. 

Je l’aidais à retirer le bas de son pyjama frénétiquement et elle fit de même avec le mien alors que nos respirations saccadées se rencontraient et que nos yeux brûlants se languissaient l’un de l’autre. Cela, cela ce n’était pas quelque chose qui pouvait être feint. C’était réel. C’était beaucoup trop réel et palpable. Nos corps nus se rencontrèrent violemment contre le mur alors que je l’embrassai à nouveau sauvagement. Je sentis chaque cellule de mon corps s’ouvrir aux siennes, comme si ma propre peau s’ouvrait au contact de la sienne, et je tentais de garder du contrôle en lui répétant sur un ton plus dominant : 

-       Est-ce que c’est clair ? 

-       Tais-toi et baise-moi, murmura-t-elle avec anticipation dans ma bouche. 

Mes mains se saisirent de l’arrière de ses cuisses sans me demander mon avis, et je la portais contre moi et la plaquai violemment contre le mur. Sans considération aucune pour son dos. Ce n’était pas de l’amour. Ce n’était pas des sentiments. C’était instinctif. C’était animal. Et ce serait tout. Ce serait putain de tout. Mon sexe plus dur que jamais trouva l’entrée de son vagin de lui-même, comme s’il était attiré par l’entrée du trésor entre ses cuisses aussi naturellement que possible, et je m’enfonçai en elle d’un coup vif et sauvage. Ses mains tirèrent mes cheveux alors que le gémissement le plus puissant qu’elle n’avait jamais poussé raisonna dans mes oreilles. Je m’entendis moi-même émettre un son rauque lorsque son corps serré encercla mon membre de tout son long. Mon visage bascula en arrière et mes yeux se fermèrent alors que je dégustais la sensation sans pareille d’être à l’intérieur d’elle. De sentir ses parois serrées tout autour de mon sexe pour la toute première fois. De sentir sa poitrine écrasée contre mon torse. De sentir ses fesses nues au creux de mes mains. Ma bouche s’ouvrit en grand lorsque je redressai mon visage vers elle et que je constatai qu’elle était en train de me regarder d’yeux enivrés, d’yeux bouillonnant alors qu’elle constatait de l’effet qu’elle me faisait. De la jouissance insolente que je ressentais en m’enfonçant en elle. En elle. Mes sourcils se froncèrent alors que je regardais son visage alors que je commençais à la pénétrer sauvagement, son dos frottant violemment contre le mur de sa salle commune. Et elle la prendrait, cette baise animale. Et elle me prendrait moi, en ma totalité. Et elle me recevrait, dans toute ma violence. Parce que c’était ce qu’elle voulait, tout autant que moi. Parce qu’elle avait beau faire la gentille fille innocente, tout ce qu’elle attendait de moi c’était que je lui fasse perdre pied. Alors je le faisais, et j’effectuais en elle les va-et-vient les plus violents, les plus forts et les plus profonds que je n’avais jamais effectués. Elle s’accrocha à mes cheveux alors qu’elle gémissait ouvertement au rythme de mes coups de reins et que son dos rencontrait frénétiquement le mur de plus en plus violemment. 

-       Putain, grognai-je alors que je la sentais serrée autour de moi. 

C’était abominable. C’était abominable à quel point c’était délicieux. C’était absolument insupportable à quel point c’était orgasmique de la pénétrer. De la pénétrer elle. De sentir son vagin serré autour de mon membre. De sentir le liquide que je lui faisais sécréter dégouliner le long de mon sexe. De sentir son corps tout entier contre le mien. De sentir chaque cellule de mon corps rentrer en fusion avec les siennes. Jamais, jamais je n’avais ressenti une chose pareille. C’était absolument abominable à quel point c’était délicieux. A quel point je sentais mon esprit et mon âme s’ouvrir aux cieux comme si j’expérimentais le nirvana lui-même en me plongeant violemment en elle. A quel point chaque gémissement qu’elle poussait faisait bourdonner mes oreilles un peu plus à chaque fois. A quel point chaque coup de rein de plus en plus fort m’enfonçai plus profondément en elle. A quel point j’avais envie que cela ne s’arrête jamais. A quel point c’était la chose la plus délicieuse que je n’avais jamais faite de toute ma vie. A quel point être dans putain de Granger, putain de Granger, me rendait absolument fou. A quel point j’aimais ça, être en elle. Voir les traits de son visage se tordre à mesure que je la pénétrais plus violemment et plus profondément. Entendre sa voix se déformer dans les gémissements que je la forçais à pousser alors que tous les élèves de sa maison dormaient au-dessus de nous. Sentir son corps me céder alors que je la portais, nue contre moi. Elle ferma les yeux et laissa sa tête basculer en arrière, rencontrant le mur au même rythme que son dos alors qu’elle gémissait de plus en plus fort tandis que je me déchainais en elle. 

-       Oh mon dieu, gémit-elle à voix haute alors que je regardais son visage. 

Sa bouche s’ouvrit grand alors que j’enfonçai mes doigts dans son fessier alors que je me sentais moi-même si près de l’orgasme à la voir aussi vulnérable sous moi. Sa tête continua de frapper contre le mur alors que j’accélérai mes mouvements en elle, et ses mains s’entremêlèrent plus violemment dans mes cheveux alors que ses yeux demeuraient fermés. Je ne lâchai pas son visage des yeux un seul instant alors que je pouvais physiquement sentir à l’intérieur d’elle qu’elle atteignait l’extase, et je sentis le plaisir grandir en moi en même temps. Le plaisir d’être en elle. De la faire jouir. De jouir de son corps. De jouir dans son corps à elle. Les tableaux sur le mur tremblèrent violemment alors que je l’amenai jusqu’au bout d’elle-même, et elle ne put s’empêcher de gémir à haute voix quand ses cuisses se resserrèrent violemment autour de ma taille tandis qu’elle jouissait longuement. Mon corps complètement lié au sien, chaque cellule de mon corps en osmose avec le sien, m’apporta la délivrance ultime au rythme de ses cris et je gémissais moi-même d’un grognement rauque alors que je me sentais jouir de toute mon âme en elle dans un coup de rein aussi vif que profond. Mon visage s’enfonça dans son cou et ses bras se refermèrent autour de ma nuque en une étreinte chaude alors que nos deux corps brûlants ne se lâchèrent pas tandis que nos respirations saccadées demeuraient le seul bruit qui habitait sa salle commune. 

-       C’est juste du sexe, murmurai-je à bout de souffle dans le creux du cou de Granger, cherchant à me raccrocher au peu de contrôle que j’avais. 

Elle effectua une caresse bien, bien trop douce dans mes cheveux quand elle répliqua en chuchotant : 

-       C’est juste du sexe. 


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