Dollhouse

Chapitre 20 : Complexité

14792 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/11/2023 17:55

Ce n’était que du sexe, me répétais-je sans cesse alors que je rejoignais mon propre dortoir à grande vitesse. Ce n’était que du sexe. Même pas du sexe d’ailleurs, ce n’était que de la baise. Ce n’était rien qu’un instinct primitif et animal qui avait besoin d’être assouvi, et qui l’avait désormais été. Maintenant que c’était fait, ce ne serait plus un problème. Ce n’était qu’une baise. Mes pas s’accélérèrent dans les couloirs déserts alors que je me rapprochais de l’entrée de ma salle commune. Une seule fois, parce que j’avais bu, et qu’elle était celle qui me tournait toujours autour. Mais ce n’était qu’une baise insignifiante. Il n’y avait rien de romantique, rien de bien grave. Pas de préliminaires, pas de tendresse, pas de passion. Simplement du physique. Du concret. C’était tout. Rien qu’une baise. Les battements de mon cœur retentissaient dans mes oreilles alors que ma tête me tournait lorsque je pénétrais dans ma salle commune et montait les escaliers vers mon dortoir. Cela ne signifiait rien. Le fait que c’était plus délicieux que tout ce que j’avais jusqu’alors expérimenté ne signifiait rien. J’étais simplement totalement perdu, et ivre pour couronner le tout. Ce n’était que l’alcool et les circonstances actuelles de ma vie branlante. C’était simplement parce que mon esprit était trop sous pression. Ce n’était rien de plus. Rien de plus que du sexe. L’image de son corps nu contre le mien et le son de ses gémissements s’imposaient à mon esprit dans une succession d’images, de sensations et de bruits que je n’arrivai pas à chasser. Ce n’était qu’une baise. Rien qu’une baise. Je secouai le bras de Theo qui dormait dans son propre lit alors que Pansy était allongée à côté de lui, dans notre dortoir. Il ouvrit les yeux immédiatement et m’observa un instant alors que je lui chuchotai de se lever. Il tourna le visage vers Pansy et dégagea délicatement son bras de sous son visage de sorte à ne pas la réveiller, et il se leva de son lit en silence. Je lui tendais impatiemment son peignoir pour qu’il couvre son torse nu et menait la marche jusqu’à notre salle commune. Je l’attendis en bas en faisant les cent pas autour de notre table basse, et lorsqu’il m’eut rejoint il ne s’assied pas non plus. Il resta debout, enroulé dans son peignoir, à quelques mètres de moi qui tournait comme un lion en cage, fixant le sol. Il attendait. 

-       J’ai baisé Granger, lâchai-je alors soudainement. 

Je levai les yeux vers lui alors que mon visage était tourné sur le sol lorsque je marchais en sa direction avant de refaire demi-tour sur moi-même. Il leva un sourcil, mais ce fut tout. Il m’observait. Je continuais de faire les cent pas autour de notre table basse alors que j’essayai moi-même d’intégrer l’information que je venais de lui donner. 

-       Je viens de baiser Granger, réitérai-je en continuant de fixer le sol. 

-       Ok ? dit-il finalement sur un ton interrogateur, comme s’il cherchait le problème. 

Je n’arrêtai pas de marcher autour de notre table basse. Ce n’était qu’une baise. Pas vrai ? Ce n’était qu’une simple baise. Rien de plus. Absolument rien de plus. Le fait que j’ai risqué ma vie pour elle ne signifiait rien. C’était simplement une façon de me détendre. D’extérioriser. C’était tout. Rien qu’une baise. 

-       Putain, lâchai-je dans un soupir. Je viens de baiser Granger ! m’exclamai-je en rencontrant ses yeux. 

Ma bouche s’ouvrit grand et mes sourcils se dressèrent sur mon visage lorsque je constatai de l’amusement explicite qui était lisible sur le visage de Theodore.

-       Putain, je peux savoir ce qui t’amuse ? demandai-je avec agressivité. 

Il pinça ses lèvres et fit non de la tête sans pouvoir s’empêcher de garder un mince sourire dessiné sur les coins de sa bouche. Je pointai un doigt accusateur en sa direction et le foudroyai du regard. 

-       Je t’interdis de rire, c’est clair ? 

Il leva vers moi la paume de ses mains en essayant de proclamer son innocence. Je continuai de tourner autour de la table basse alors que les gémissements de Granger continuaient de retentir dans mes oreilles, et je me concentrai sur les dessins du tapis sous mes pieds pour éviter de revoir son visage alors qu’elle jouissait de mon sexe à l’intérieur d’elle. 

-       Ma bite était à l’intérieur de Granger, appuyai-je alors en tournant plus rapidement autour de la table basse. 

-       Ouais, je sais comment ça fonctionne, tenta Theo à voix-basse, même si je ne l’écoutais pas vraiment. 

-       De Granger ! m’exclamai-je encore en sa direction. 

-       Mmh mmh, j’ai entendu, confirma-t-il en continuant de pincer ses lèvres. 

-       Je suis la première fois de Granger, réalisai-je alors dans un murmure. Putain de merde, soupirai-je alors que cette réalité s’imposait à moi. Je suis la première fois de Granger ! réitérai-je plus fort alors que ma bouche s’ouvrait grand face à cette réalisation. Merde ! Oh mon dieu ! continuai-je sans pouvoir m’arrêter. Ma bite ! La première, à l’intérieur de Granger ! La bite de Drago Malefoy ! Ma putain de bite ! m’exclamai-je avec une expression de dégoût. 

Et je réalisai soudain. Je réalisai soudain avec horreur que j’avais été trop emporté par l’animal qu’elle éveillait toujours à l’intérieur de moi que je ne lui avais pas donné la première fois qu’elle méritait. Que je ne l’avais même pas réalisé lorsque je l’avais fait. Que je ne l’avais pas préparée à me recevoir. Que je m’étais simplement introduit en elle, comme si son corps était habitué à recevoir ce genre de violence. 

-       Oh mon dieu, répétai-je avec horreur. C’était sa première fois, chuchotai-je. C’était sa première fois, et je l’ai baisée, je n’ai même pas…, je ne pus continuer ma phrase. Oh mon dieu, continuai-je. 

Elle avait dû avoir mal. Elle avait dû avoir mal et je ne l’avais même pas réalisé. Je n’y avais même pas pensé une seule putain de seconde. 

-       Elle a dû…, je ne pus encore une fois pas terminer ma phrase alors que je portais une main à ma bouche. 

Theodore comprit ce que je sous-entendais alors qu’il demanda plus sérieusement : 

-       Est-ce qu’elle a eu l’air d’avoir mal ? 

Je me remémorai son visage, et ses gémissements qui raisonnaient encore dans mes oreilles. 

-       Non, avouai-je en continuant de tourner au milieu de notre salle commune. Non, répétai-je en essayant de me rassurer. 

C’était vrai, rien dans son comportement ne m’avait indiqué que ce n’avait pas été agréable pour elle. Rien du tout, pas une seule seconde. Bien au contraire. Et je me rappelais alors que je venais de baiser Granger. 

-       Je viens de baiser Granger, Theo, répétai-je. De la pénétrer, d’être à l’intérieur d’elle, avec ma bite, littéralement mon corps, à l’intérieur du corps de Granger ! 

Les sourcils de Theodore se dressèrent haut sur son visage et il tenta en étant explicitement concerné par ma santé mentale : 

-       Okkkk Drago… 

-       … Cette putain de bite, continuai-je en pointant vers mon entre-jambe, à l’intérieur de putain de Granger ! 

-       Oui j’ai bien compris Drago, tenta-t-il de me couper. 

-       Mais non, tu ne comprends pas ! m’exclamai-je alors que la panique commençait à me gagner. J’ai baisé Granger ! 

-       Très bien, tu as baisé Granger, et alors ? coupa-t-il soudain avec un ton plus fort qui me permit d’arrêter un instant le déferlement de mes pensées. 

Je le regardai avec interrogation. Que voulait-il dire par « et alors ? », comme si ce n’était rien ? Comme si ce n’était pas important. Comme si ce n’était pas grave du tout. 

-       Ce n’était pas bien ? enchaîna-t-il devant mon expression interdite. 

Je balançai ma tête en arrière alors qu’un rire nerveux sortit de mon poitrail. 

-       Oh non, dis-je en continuant de rire, en effet, ce n’était pas « bien », c’était juste atroce à quel point c’était PUTAIN DE DÉLICIEUX ! m’emportai-je malgré moi. Est-ce que tu peux, s’il te plaît, demandai-je avec agressivité quand je constatai que son sourire en coin avait repris place sur son visage, arrêter de te marrer ? 

-       Je suis désolé, s’excusa-t-il en ayant le culot de ne pas effacer son sourire, c’est juste que tu me sors du lit au milieu de la nuit pour me dire que tu as baisé Granger, et je crois qu’il faut un temps à mon cerveau pour bien capter l’information puisque visiblement ça ne s’arrête pas juste à « j’ai baisé Granger », appuya-t-il avec insolence. 

-       Qu’est-ce que tu sous-entends ? 

-       Je ne sais pas Drago, tu en as baisé des tas des filles avant Granger, qu’est-ce qui est différent là pour que tu paniques comme ça ? demanda-t-il alors avec un sérieux qui ne me plaisait pas beaucoup plus que son amusement. 

-       GRANGER ! répétai-je en articulant comme si je m’adressai à un troll des montagnes. Ce qui est différent c’est que c’est putain de GRANGER ! JE FAIS QUOI MAINTENANT THEO ?! 

-       Ok, il faut que tu te calmes maintenant, dit-il sans ne plus être amusé. 

Il posa ses mains solides sur mes épaules et m’ancra physiquement dans le sol. Il enfonça ses grands yeux bleus dans les miens et me poussa à le suivre en prenant des grandes et profondes inspirations avec lui. J’obéissais à ses ordres implicites et inspirai profondément. C’était pour cela que j’étais allé le chercher. Parce que je n’arrivais pas à gérer. Et que je savais que lui saurait. Il prit avec moi une dizaine de profondes respirations, puis il enleva les mains de mes épaules et m’ordonna alors que lui se dirigeai vers le bar :

-       Assieds-toi.

-       Non, je… 

-       … Pose ton cul sur ce canapé, ordonna-t-il d’une voix plus puissante alors qu’il était dos à moi au niveau du bar. 

Je m’exécutai. Il revint du bar avec un verre dans chaque main, et il prit place à mes côtés sur le canapé en m’en tendant un. 

-       Bois, commanda-t-il. 

Je pris une gorgée du verre et lui du sien quand il demanda d’une voix posée qui m’aidait à rester ancré dans le présent : 

-       Bien, est-ce que tu l’as baisée, ou est-ce que tu lui as fait l’amour ? 

-       Ça fait une différence ? demandai-je en fronçant les sourcils. 

-       Ça en fait une pour moi pour savoir jusqu’où tu es plutôt conscient ou dans le déni de ce qu’il se passe, et ça me permet de m’ajuster à ton niveau pour pouvoir t’aider, donc réponds à la putain de question, dit-il si calmement et pourtant si fermement. 

Je pris une nouvelle gorgée de mon verre avec réticence. 

-       Je l’ai baisée, répliquai-je alors. Mais…, enchaînai-je avec hésitation, je l’ai baisée, baisée… Genre…, un bruit animal sorti de moi alors que j’essayai de faire comprendre à mon frère de quoi je parlais. 

-       Ouais, je vois, répondit-il. 

-       T’es sûr ? demandai-je en me questionnant sur le fait qu’il soit réellement capable de savoir de quoi je parlais. 

-       Je suis sûr, confirma-t-il avec assurance. 

-       Oh, dis-je en réalisant alors qu’on parlait de ma meilleure amie. Oh, répétai-je quelques secondes plus tard, gêné de ce constat. 

-       J’entends parler de ta bite à l’intérieur de Granger depuis dix minutes, fais pas l’enfant, dit-il doucement. 

-       J’avoue, lui accordai-je en prenant une gorgée de mon verre. Mais ça fait quand même bizarre, avouai-je. 

-       Concentre-toi, c’est pas le sujet, me recentra-t-il. 

-       Certes, cédai-je. 

-       Et c’était donc différent de tes autres baises ? continua-t-il pour bien comprendre la situation. 

Je pouffai. Différent n’était même pas le mot. Il y avait un monde. Un putain de monde entre ce que j’avais connu jusque-là et ça

-       Je n’ai jamais vécu un truc pareil, c’est juste… je ne contrôle putain de rien avec elle, avouai-je donc. Ça n’avait…, ça n’avait rien à voir avec ce que j’ai connu, repris-je doucement. C’était…, je ne trouvais pas mes mots. Ça n’avait rien à voir, dis-je simplement à nouveau. 

Theodore m’observa en silence un moment, et je soutenais son regard en attendant qu’il parle. En attendant qu’il dise quelque chose qui réglerai tout. 

-       Tu sais pourquoi ? demanda-t-il finalement à voix basse. 

Je lui rendais son regard profond. Je ne voulais pas aller dans cette direction. Je ne voulais pas penser au fait que c’était différent avec elle parce qu’elle était brillante, et qu’elle était douce, qu’elle m’avait embrassé comme personne ne m’avait jamais embrassé le soir où elle avait su qui j’étais, qu’elle m’avait vue et qu’elle m’avait accepté comme j’étais, qu’elle avait été à mon chevet pour me lire une putain d’histoire pour gosses pour m’aider à m’endormir, et qu’elle m’apprenait des trucs sur des sujets à propos desquels je pensais déjà tout maîtriser. Qu’elle avait autant de mordant et de répondant que moi, et que jamais de ma vie je n’avais rencontré quelqu’un qui pouvait se mesurer à moi sur cet aspect-là. Non, je ne voulais pas aller dans cette direction. Je soutenais son regard quand je chuchotai alors que des larmes naissaient dans mes yeux, probablement plus parce que j’étais épuisé et à bout de nerf que pour autre chose : 

-       C’est le meilleur atout de Potter. Il faut que ça s’arrête, murmurai-je. Je ne peux pas…, commençai-je alors qu’une larme perla sur ma joue, il faut que ça s’arrête, répétai-je. Mais je…, à chaque fois que je la vois, ou que je lui parle, ou que je…, à chaque fois je n’arrive pas à m’en empêcher, lui avouai-je. Je n’arrête pas de me dire que je ne dois pas céder, que je ne dois pas lui parler, que je ne dois pas la toucher, et je la regarde dans les yeux et je… et je ne peux pas, cédai-je. 

-       D’accord, acquiesça doucement Theo. 

Je levai les yeux vers lui. Il me regardait gravement. 

-       Alors si tu ne peux pas t’en empêcher, comment on peut faire pour que ça se passe de la meilleure façon possible ? demanda-t-il ensuite. 

Je bus une nouvelle gorgée de mon verre avant de répondre : 

-       Il n’y a pas de « meilleure façon possible », il faut que ça s’arrête, annonçai-je gravement alors que les larmes avaient cessé de perler sur mes joues tandis que je reprenais mes esprits. Elle est le bras droit de Potter et elle fait parti de l’Ordre, commençai-je froidement. Elle a une mission envers moi qui est de se rapprocher pour avoir des informations sur nous et les rangs. Et je ne peux pas m’inquiéter de quelqu’un d’autre, mon âme ne le supportera pas, achevai-je. Il faut que ça s’arrête. 

Il me regarda en silence encore un instant avant de me demander de but en blanc :

-       Qu’est-ce que tu ressens quand tu es avec elle ? 

Je pouffai. 

-       Quand ? Quand elle m’énerve, quand elle me rend fou, ou quand elle apaise mon âme ? Parce qu’on est sur trois registres largement différents, ironisai-je alors. 

-       Oui, conclut-il, dans tous les cas c’est puissant ce qu’elle te fait ressentir, que ce soit positif ou négatif. 

J’haussai les sourcils en prenant une nouvelle gorgée de mon verre bientôt vide. J’étais épuisé. Épuisé de devoir mener autant de combats à la fois. Je n’avais pas la place pour cela. Je n’avais pas la place pour plus de complications, pour plus d’inquiétudes, et pour plus d’incertitudes. Et encore moins avec elle. Et pourtant, quand bien même je le savais parfaitement, j’étais incapable de demeurer loin d’elle. Mais il fallait que ça s’arrête. Il fallait que tout cela prenne fin. Je levai des yeux illuminés vers mon frère alors que je trouvais finalement la solution à ce problème. 

-       Il faut que tu m’obliviate, annonçai-je avec espoir. Que tu effaces de mon esprit toutes les fois où je me suis retrouvé seul avec elle, ce que j’ai partagé avec elle, ce que j’ai vu d’elle, et qu’il ne demeure que le fait qu’elle m’insupporte et qu’elle fait partie du clan de Potter. Et puis tu prendras du Polynectar, et tu feras pareil sur elle, continuai-je alors que je réfléchissais à ce plan qui me semblait parfait. J’arrêterai de penser à elle, et j’arrêterai de m’enfoncer dans la merde. 

Ses yeux m’étudièrent un instant avant qu’il réponde simplement : 

-       Non. 

Je restai interdit. 

-       Comment ça, « non » ? 

-       Non, répéta-t-il. 

-       Pourquoi ?

-       Je ne vais pas effacer de ton esprit une des seules choses positives qui t’arrive dans toute la noirceur dans laquelle on baigne désormais, commença-t-il fermement. Et.., commença-t-il avec hésitation, je ne sais pas comment je le sais, mais je le sais c’est tout, elle va t’être cruciale, à un moment donné, déclara-t-il gravement. Il va arriver un moment où tu auras besoin d’elle, je le sens. Et si tu ne l’as pas, ça ne passera pas. 

-       Qu’est-ce que tu me racontes ? questionnai-je, perdu. 

-       Je te l’ai dit, je n’en sais rien, ce n’est pas rationnel, mais je le sens, répéta-t-il. Un jour viendra où tu auras besoin qu’elle soit là, et si elle ne l’est pas…, hésita-t-il un instant. Il faudra qu’elle soit là, acheva-t-il avec une certitude inquiétante. 

Je laissai ma nuque rencontrer le dossier du canapé et fermai les yeux un instant alors que je soupirai. 

-       Je voulais que tu trouves le truc à me dire qui allait faire que j’allais enfin réussir à ne plus l’approcher, déclarai-je en gardant les yeux fermés. 

Il prit la même position que moi sur le canapé, à mes côtés, et il murmura : 

-       Je ne crois pas que les Dieux l’ai mise sur ton chemin de la sorte pour rien. 

-       Je vais vomir si tu me sors qu’elle est ma destinée. 

J’entendis son visage se tourner vers le mien alors qu’il demeurait contre le canapé, et je tournai la tête vers lui. 

-       Est-ce que ce serait si terrible que ça ? 

Je fermais les yeux à nouveau et pouffai en pensant à ce que serait la vie, si Granger faisait partie de mon destin. Je ris en déclarant : 

-       Pansy ne la supporterait pas. 

J’entendis Theodore rire à côté de moi alors que nous avions tous les deux les yeux fermés, épuisés de la vie que nous menions. Mais ensemble. 

-       Non, concéda-t-il avec un sourire dans la voix, probablement pas. 

Nous restions un instant silencieux, avachis dans le canapé, puis je chuchotai avec inquiétude : 

-       Et si ce n’était vraiment qu’une mission pour elle ? Si elle cherchait juste des informations pour nous exposer ? Si après tout, c’était la volonté des Dieux pour faire triompher le bien, et que c’était ça, le plan divin que tu sens ? Si elle se jouait simplement de moi ? 

Il tourna à nouveau le visage vers moi et je rencontrai ses yeux. 

-       Alors je la tuerai de mes propres mains, déclara-t-il plus sérieusement que jamais. 


Le lendemain matin, Theo et moi nous étions réveillés tous les deux endormis sur le canapé, au milieu de notre salle commune à cause des élèves qui descendaient pour aller prendre leur petit-déjeuner. Theo parti se doucher et je profitai de cet instant pour arrêter Blaise et Pansy avant qu’ils n’aillent prendre leur déjeuner : 

-       Il faut qu’on parle de son anniversaire, leur annonçai-je en sautant sur l’occasion. 

Theodore était né le 13 novembre, soit quelques jours plus tard. 

-       Ça tombe un samedi, donc on peut faire ce qu’on veut, déclarai-je alors. 

Pansy m’afficha un grand sourire et s’assit à côté de moi sur le canapé alors qu’elle commençait : 

-       J’ai pensé qu’on pouvait lui préparer son gâteau préféré pour le petit-déjeuner, je pourrais me rendre à Pré-au-lard chercher ce dont on aura besoin. 

-       Ça lui fera plaisir oui, acquiesçai-je avec un sourire. 

-       J’ai déjà pensé à la soirée du soir-même, enchaîna Blaise, j’ai commencé à prévenir les élèves de notre maison qu’ils seraient enfermés dans leur dortoir ce samedi-là, j’ai pensé qu’étant donné que c’est son anniversaire à lui, et qu’il est plutôt du genre pas très sociable, que ce serait mieux qu’on ait la salle commune seulement pour nous quatre. 

-       C’est une très bonne idée, encourageai-je avec satisfaction. 

-       Moi j’ai repensé à un jeu que je faisais beaucoup avec lui quand on était gamins, annonçai-je avec nostalgie. Comme il était pas encore en capacité de me regarder dans les yeux, mais comme on avait quand même commencé à créer du lien, on jouait beaucoup à cache-cache dans mon jardin. C’était toujours lui le loup, parce que ce n’était que comme ça que ça l’amusait, mais il adorait utiliser tous ses autres sens que la vue pour me pourchasser et me trouver jusqu’à m’attraper. A l’époque c’était les seules fois où je l’entendais rire, quand il m’avait finalement attrapé, racontai-je avec un sourire. J’ai pensé qu’on pourrait lui faire un grand cache-cache dans la forêt où il devrait nous trouver nous, proposai-je alors. 

Pansy posait sur moi des yeux attendris quand elle répliqua : 

-       J’adore cette idée. 

Nous tournions tous les deux le visage vers Blaise qui semblait étonné. 

-       Ah c’était sérieux ? demanda-t-il en constatant que nous attendions sa confirmation. On va jouer à cache-cache pour son anniversaire ? continua-t-il avec des yeux ronds. Bien sûr, nous céda-t-il devant le regard noir que lui lança Pansy, qui ne rêverait pas de se faire pourchasser par Theodore Nott dans la forêt interdite ? 

-       T’as peur de ce qui va t’arriver quand il va t’attraper ? provoqua Pansy. 

Il baissa son visage vers elle et laissa ses sourcils se dresser sur son visage en pinçant ses lèvres : 

-       C’est toi qui dis ça ? 

Un sourire imposant prit soudainement place sur les lèvres de Pansy alors que ses joues rougirent quand elle répliqua : 

-       « Peur » n’est pas le mot que j’utiliserai pour décrire ce que je ressens à l’idée qu’il me pourchasse et m’attrape en pleine forêt. 

La tête de Blaise bascula en arrière et il laissa un rire décontenancé sortir de lui alors qu’il répondit en continuant de rire : 

-       Aaaah Seigneur, pitié, non ! 

Je pouffai en cœur avec Pansy, puis j’étais parti me doucher avant de les rejoindre au petit-déjeuner pour entamer notre journée de cours. 


Durant notre pause du déjeuner nous nous étions retrouvés dans la salle sur demande afin de réfléchir ensemble à une solution afin de parvenir à réparer l’armoire à disparaître. Le Seigneur des Ténèbres avait été on ne pouvait plus clair sur le fait que cela urgeait, étant donné la façon dont la soirée d’Halloween s’était terminée. Le temps nous était compté, et nous le savions parfaitement. Malheureusement, nous étions désormais tout autant conscients que la tâche qu’il nous avait donnée était pratiquement impossible. 

-       Et si on envoyait quelqu’un ou quelque chose qui n’avait pas vraiment d’importance pour nous à l’intérieur ? proposa Pansy alors que nous étions assis sur des chaises pliables au milieu du capharnaüm indécent de la salle sur demande. 

-       Comme quoi ? demanda Blaise. 

-       Je ne sais pas, comme un elfe de maison ? Il y en a plein à Poudlard, continua notre amie. 

-       C’est trop risqué, il pourrait sans difficulté se téléporter hors de l’armoire à disparaître, leur magie est bien plus fine que la nôtre, expliquai-je alors, et pour les mêmes raisons on ne pourrait pas lui faire d’obliviate en étant sûr que ça fonctionnerait. 

-       Un élève alors ? suggéra encore Parkinson. 

Nous tournions tous trois les yeux vers elle et un silence de quelques secondes pesantes s’abattu sur nous. 

-       Quoi ? se défendit-elle. Excusez-moi mais de ce que j’ai compris c’est nos vies où réparer cette putain d’armoire, et je crois qu’on n’est plus à un sacrifice près ici, si ? C’est pas comme si on allait finir au paradis de toute façon, chuchota-t-elle en s’enfonçant dans sa chaise. 

-       Ce n’est pas une idée qu’on peut écarter définitivement, lui accorda Theo, mais je pense qu’on a un peu de temps pour envisager d’autres solutions que celle-ci, qui serait de dernier recours absolu. 

Il avait raison. La personne que nous enverrions à l’intérieur de l’armoire à disparaître, disparaitrait. Tout simplement. 

-       Au moins j’ai les couilles de proposer quelque chose moi, continua de se défendre Pansy sur la défensive alors qu’elle croisait les bras sur sa poitrine. 

Theodore posa sa main sur la cuisse de Pansy et la rassura à voix basse, mais puissante :

-       Et ce n’était pas une mauvaise idée, mais d’abord on va s’offrir le temps de peser nos options.

Elle était à bout de nerf, elle aussi. Nous l’étions tous. Nous nous ressourcions dans les moments de pause, d’amour et d’amitié que nous avions, mais nous étions tous à bout. Et cela ressortait dès que nous devions faire quelque chose pour le Seigneur des Ténèbres. Il portait bien son nom, songeai-je alors. Il faisait ressortir ce qu’il y avait de plus sombre à l’intérieur de chacun d’entre nous. Un silence de quelques minutes s’ensuivit alors que nous cherchions tous une idée, quelque chose qui pourrait fonctionner, en vain. Finalement, Blaise reprit la parole : 

-       Et si on envoyait quelqu’un avec une corde attachée à la taille, qui serait elle rattachée à quelqu’un de l’extérieur, avec un sortilège d’incassabilité sur la corde ? 

-       Oui, j’y avais pensé aussi, commentai-je en sa direction, et je ne pense pas que ça fonctionnera. Ce n’est pas tant qu’elle sera cassée, c’est simplement qu’elle va disparaître, expliquai-je alors. J’ai lu sur le sujet, et les armoires à disparaître n’amènent pas simplement d’un point A à un point B, continuai-je de leur apprendre. Entre deux, il y a tout un espace-temps qui est inexistant, qui n’est rien. Qui est néant. Une armoire à disparaître cassée est comme… un trou noir, dis-je en choisissant mes mots. Un trou noir dans lequel quoi que ce soit qui y passerait serait perdu à jamais, parce qu’à l’intérieur de cet espace-temps-là, cette chose-là n’existerait plus. Donc, théoriquement, ce n’est pas que la corde se casserait en deux parce qu’elle serait tirée trop loin, ce serait simplement que la moitié qui serait passée dans le trou noir cesserait d’exister dans notre espace-temps à nous, achevai-je alors. 

-       Théoriquement, commenta Pansy avec tension. 

-       Oui, confirmai-je, théoriquement. 

-       Étant donné que nos vies dépendent de la réussite de cette mission actuellement, peut-être qu’on pourrait se satisfaire d’un peu plus que d’un simple « théoriquement » avant de rejeter une idée qui n’est, somme toute, pas si conne que ça ? demanda-t-elle avec agressivité en enfonçant ses grands yeux verts accusateurs dans les miens.

-       Pansy, chuchota Theodore en essayant de la temporiser. 

-       Pardon, reprit-elle avec dédain, je vais le dire autrement, continua-t-elle sur le même ton. 

Elle se lécha les lèvres, laissa un faux sourire se dessiner sur ses lèvres, pencha la tête sur le côté et commença avec une tonalité aigue qui n’était pas la sienne : 

-       Et si nous essayions une idée qui n’a pas l’air complètement naze avant de la rejeter puisque tu n’as rien de mieux à proposer pour l’instant, et que nos vies sont en ligne de mire, comme tu t’en rappelles puisque t’as faillis crever à cause de ça ? elle força un grand sourire aussi faux que terrifiant sur son visage une fois qu’elle eut fini. 

Je regardais le visage de mon amie et suçai l’intérieur de mes joues pour m’empêcher de m’emporter face à elle. Moi aussi, j’étais tendu. Moi aussi, j’étais épuisé. Mais elle aussi. Et sa vie à elle aussi était en jeu. Et sa mère avait été torturée à cause de nous. Et elle avait dû torturer l’homme de sa vie. Et elle avait cru me perdre quelques jours plus tôt. Je pouvais comprendre qu’elle ne soit pas dans les meilleures dispositions possibles pour discuter de comment nous allions faire pour introduire des Mangemorts dans l’école dans laquelle nous avions grandi pour qu’ils puissent tuer autant de monde que possible. 

-       Tu as raison, lui accordai-je alors, essayons. 

La salle sur demande portait parfaitement bien son nom, puisqu’à côté de l’armoire à disparaître que nous devions réparer se tenait une épaisse et longue corde. J’attrapai le premier objet qui me vint sous la main, un vieux livre avec une couverture noire en cuir, et fit un nœud serré autour du livre. J’attachai à l’aide de ma baguette l’autre bout de la corde autour de moi, et Blaise lança sur la corde un sortilège pour la rendre incassable : 

-       Indissolubilis

Je lançai le livre attaché à la corde à l’intérieur de l’armoire ouverte, et m’apprêtai à fermer la porte de celle-ci quand les mains puissantes de Theodore se renfermèrent autour de ma taille. Je tournai le visage vers lui. 

-       Tu as dit « théoriquement », me dit-il. Je prends pas le risque que tu sois inspiré là-dedans à cause d’un « théoriquement ». 

Je soupirai et fermai la porte de l’armoire à disparaître. Je sentis une pression sur la corde autour de ma taille, puis plus rien. J’ouvrais alors la porte de l’armoire à disparaître à nouveau, Theo me lâcha finalement et tous trois se penchèrent pour observer qu’effectivement, l’autre moitié de la corde avait disparue. Je pinçai des lèvres, sans surprise, et me retenais de rappeler que je l’avais dit. Je me défaisais du nœud de la corde, et nous reprîmes place sur nos chaises pliables. 

-       Et si…, hésita Blaise un instant. 

-       Quoi ? demandai-je alors. 

-       Et si tu demandais de l’aide à Granger, au niveau théorique justement ? proposa-t-il avec réserve. Je veux dire, elle est brillante, peut-être qu’elle pourrait trouver une idée qui fonctionnerait. 

-       Non, coupai-je sèchement sans avoir besoin d’y réfléchir une seule seconde. 

-       Pourquoi ? demanda Pansy. 

-       Parce qu’une fois que les Mangemorts auront pénétré Poudlard et que les élèves tomberont comme des mouches autour d’elle, et qu’elle comprendra ce qu’elle a aidé à faire, parce qu’elle comprendra, répliquai-je sèchement en sa direction, elle ne sera plus jamais capable de se regarder dans une glace, et je ne lui ferais pas ça. 

-       Ce sera le début de la guerre, je ne pense pas qu’elle aura comme priorité absolue de se regarder dans une glace à partir de ces événements-là, commenta mon amie.

-       J’ai dit non, la coupai-je froidement. Il n’y a pas matière à discussion. 

Elle haussa les sourcils mais elle ne renchérit pas, et moi non plus. Un nouveau silence gagna la pièce alors que nous continuions de réfléchir ensemble, et que l’atmosphère se faisait de plus en plus pesante, et de plus en plus angoissante. 

-       Je peux y aller, dit soudainement la voix très sérieuse de Theo. 

-       Non, rétorquai-je tout aussi sérieusement. 

-       Je sais que vous allez trouver le moyen de me sortir de là, ajouta-t-il gravement.

-       C’est hors de question, répliqua Pansy plus tendue qu’alors. 

-       Je n’ai pas peur et quelqu’un doit bien le faire, continua-t-il toujours aussi sérieux. 

-       J’ai dit non, répétai-je avec une irritation teintée d’une inquiétude montante. 

-       J’ai l’habitude de passer longtemps enfermer dans le néant et je sais que vous…

-       … Putain mais quelqu’un va m’écouter et arrêter de contester tout ce que je dis ?! m’énervai-je alors que mon visage rougissait. 

Je posai les yeux sur mon frère et le regardait gravement. Je savais qu’il était prêt à absolument tout pour nous, et pour assurer notre survie. Prêt même à venir ici en pleine nuit, nous laissant un mot derrière lui pour nous dire qu’il était parti réparer l’armoire de l’intérieur, qu’il nous aimait et qu’il avait confiance en nous. Cette pensée retourna mon estomac. Je levai un doigt accusateur vers lui en me penchant vers lui : 

-       Écoute-moi bien et regarde bien comme je suis sérieux, lui dis-je d’une voix vibrante et pourtant basse. Si tu rentres dans cette armoire à disparaître, je me tue, c’est clair ? 

Il acquiesça doucement et je me laissai retrouver le fond de ma chaise. 

-       Personne ne va dans cette putain d’armoire tant qu’on n’a pas trouvé le moyen de nous lier ensemble, conclus-je alors que nous ne trouvions toujours pas la solution qu’il nous fallait. 


Nous n’avions pas été très attentif en cours le reste de l’après-midi, et nous n’avions toujours trouvé aucune idée qui était théoriquement envisageable pour réparer cette putain d’armoire. Après nos cours, je m’étais rendu seul à la Tour d’Astronomie pour réfléchir plus amplement à notre problème, et trouver une idée, n’importe quoi, mais rien ne me venait. Je ne voyais aucun sortilège qui pourrait nous permettre de physiquement retrouver quelqu’un qui était perdu dans le néant. Lier ma vie à celle de quelqu’un d’autre ne changerait rien, je ne mourrais pas. Je disparaitrais simplement. Cela ne nous aiderait pas, et je ne connaissais aucune solution qui nous permettrait de contourner le néant absolu. J’entendis des pas derrière moi alors que j’étais appuyé contre la rambarde de la tour, et me retournai quand je les entendis s’arrêter à quelques mètres de moi. Potter. Il se tenait devant moi, le visage déformé par la rage lorsque mes yeux rencontrèrent les siens. Je soupirai. Je n’avais pas l’énergie pour cela. 

-       Tu savais, cracha-t-il alors que la rage déformait de plus en plus ses traits. 

-       De quoi tu parles, Potter ? demandai-je avec lassitude. 

-       Tu savais pour l’attaque de Voldemort, c’est pour ça que tu as sauté sur Hermione, m’accusa-t-il alors qu’il sortit lentement sa baguette de la poche de son pantalon. 

Je pouffai. 

-       Tu vas faire quoi ? le questionnai-je alors qu’il tendait sa baguette vers moi. 

-       Tu fais partie des siens, ça y est, m’accusa-t-il encore. 

-       Encore le même disque rayé, Potter ? m’amusai-je sans même me saisir de ma propre baguette alors qu’il tendait toujours la sienne vers moi. 

-       Avoue-le, me dit-il en s’avançant d’un pas vers moi, c’est pour ça que tu savais qu’il allait attaquer à Halloween. 

-       Et quoi ? provoquai-je alors. J’aurais sauté sur ta Sang de Bourbe plutôt que de sauver ma peau parce que sa pathétique existante me tient à cœur ? 

Je vis Theodore arriver en courant dans la tour, sa baguette tendue, alors que Potter prononça en ma direction : 

-       Expelliarmus

Son sortilège me frappa en plein poitrail et je sentis mon corps partir en arrière alors que je regardai mon ami. Je sentis soudain l’air frais de l’extérieur alors que mon corps tombait de la rambarde. J’allais tomber du haut de la Tour d’Astronomie. Mon souffle se coupa de la puissance du sortilège et mes yeux se fixèrent sur le visage paniqué de Theo. C’était la fin. Je mourrais. Je fixais les grands yeux bleus de mon frère. Tout se passa très vite, et pourtant je l’expérimentais comme si je tombais au ralenti. Je me noyais dans ses yeux, et je trouvais de la paix dans le fait de savoir que c’étaient ses yeux à lui, la dernière chose que je verrais. Il envoya à la seconde près un immobilus en ma direction. Mon corps cessa de bouger et il le lévita jusqu’à ce que je revienne au milieu de la tour, m’empêchant de tomber dans le vide. Il cessa son sortilège une fois que je fus hors de danger et je vis la rage se dessiner sur les traits parfaits de son visage une fois que la panique que je tombe dans le vide s’était évanouie. Il pivota soudainement vers Potter, laissa sa baguette tomber au sol, et le saisi de ses deux mains par son t-shirt. Il le plaqua contre le mur de la tour et envoya un premier coup de poing en plein dans son visage alors que je tombai au sol, désormais plus immobilisé. Le Monstre s’emparait de lui, de la peur qu’il avait ressentie en ayant été à deux doigts de me perdre quelques secondes plus tôt, et il rua Potter de coups violents, ce dernier trop sonné pour pouvoir se défendre de la foudre qui tombait sur lui. Il envoyait dans son visage coup de poing après coup de poing, sans pouvoir s’arrêter. Potter glissa le long du mur, le visage gonflé et ensanglanté, alors que Nott le tenait par le t-shirt pour pouvoir continuer de lui donner des coups de pied dans les côtes. 

-       Theo ! hurlai-je alors que j’étais encore sur le sol de la tour d’astronomie, sonné. 

Il ne s’arrêta pas, et telle une bête sauvage il assaillit Potter de coups de plus en plus violents alors qu’il tombait sur le sol en recevant la violence de ses gestes. 

-       THEO ! m’égosillai-je en me relevant difficilement. ARRÊTE ! 

Je courrais jusqu’à lui alors que je voyais que Potter perdait conscience, et encerclai mes bras autour de ceux de mon frère alors qu’il continuait d’essayer de déchaîner sa rage sur Potter pour avoir osé m’attaquer. Je le tirai de toutes mes forces en arrière, et Potter tomba complètement sur le sol, inconscient, alors que Theo ne pouvait plus l’agresser. 

-       REFAIS ÇA ENCORE UNE FOIS POTTER ! hurla Theo comme si son corps inconscient sur le sol pouvait entendre. REFAIS ÇA ENCORE UNE FOIS ET CETTE FOIS PLUS PERSONNE NE POURRA M’ARRÊTER ! 

Je tirai Theo plus loin du corps de Potter gisant sur le sol et le tournai vers moi pour qu’il me fasse face. 

-       Regarde-moi ! le sommai-je afin de le faire revenir lui, et non pas le Monstre. Je vais bien ! appuyai-je en sa direction. 

Ses yeux bleus observèrent mes yeux distinctement, puis mon nez qui avait de l’air qui en sortait, puis ma bouche, qui expirait et inspirait, puis mon poitrail, qui se gonflait et se dégonflait au fur et à mesure que je reprenais mon souffle. 

-       Je vais bien, répétai-je plus doucement alors que je le voyais revenir à lui. 

Il cligna des yeux et sembla être totalement revenu à lui, et non plus contrôlé par sa rage et sa terreur de me perdre. Il se retourna lentement et observa Potter, le visage gonflé et complètement ensanglanté, gisant sur le sol. Je reprenais difficilement mon souffle alors que je chuchotai : 

-       Il faut l’emmener à l’infirmerie. 


Alors c’était ce que nous avions fait. Nous l’avions déposé à l’infirmerie en disant que nous l’avions trouvé ainsi dans les couloirs, et comme nous supposions que Potter ne se vanterait pas d’avoir failli me tuer nous avions émis l’hypothèse que nous n’aurions pas de problèmes avec les professeurs. Pansy et Blaise avaient été fous de rage lorsque nous leur avions raconté au dîner ce soir-là, mais ils s’étaient contenus pour ne pas énerver à nouveau Theodore. C’était là un des signes qui montrait qu’il n’allait pas bien, lui non plus, et que lui aussi, il était à bout de ce que nous traversions. Cela s’exprimait simplement différemment de nous. Il était capable d’endurer plus que nous tous réunis, mais lorsque ça explosait chez lui, c’était plus destructeur que tout. Blaise avait eu besoin de se détendre, ce soir-là, aussi était-il parti retrouver une des filles qu’il voyait à l’occasion. Pansy était partie quelques secondes avant Theo et moi de la Grande Salle pour aller terminer un devoir pour Slughorn, et Theo et moi étions repartis ensemble en direction de notre salle commune quand la voix de Granger nous avait arrêté dans notre course. Elle s’approcha de nous à grands pas, le visage colérique déformant ses traits angéliques, et elle poussa Theodore de ses deux mains : 

-       T’es taré ou quoi ?! lui hurla-t-elle dessus. 

Theo resta contre le mur du château et ne bougea pas, mais il rencontra son regard. 

-       Granger, tentai-je doucement en sa direction, mais elle m’ignora royalement alors que je me tenais derrière elle. 

-       Comment tu as pu faire une chose pareille ?! continua-t-elle alors que Theo demeurait silencieux et immobile face à elle. 

-       Granger, réitérai-je alors que mon ami demeurait de marbre face à elle. 

-       Il n’y a pas de « Granger qui tienne » ! hurla-t-elle sans même se retourner vers moi. Tu es complètement malade Nott, et si tu crois que… 

Pansy débarqua en trombe et poussa violemment Granger loin de Theodore : 

-       Oh putain je crois pas, non ! s’exclama notre amie. Ces deux-là sont peut-être des gentlemen qui ne vont pas toucher une femme, mais moi j’aurais absolument aucun scrupule à te péter tes dents de lapin contre le marbre du sol sur lequel tu te tiens avec autant de culot, alors si j’étais toi je m’arrêterais tout de suite, Granger ! lui cracha-t-elle au visage alors que je m’approchai doucement d’elle pour la calmer, mais elle ne me semblait pas être sur le point de l’agresser physiquement. 

Pas encore. 

-       Il a dévisagé Harry ! s’égosilla Granger en pointant en la direction de Theo. 

-       Et tu t’es pas demandé pourquoi ?! répliqua violemment Pansy. 

Je baissai les yeux quand ceux de Granger se tournèrent vers moi. Je n’avais pas prévu de lui raconter ce qu’il s’était réellement passé. 

-       Pansy, ce ne sont pas nos affaires, tenta Theo dans son dos. On se casse, essaya-t-il en caressant son bras. 

-       Je crois pas non, répliqua-t-elle avec rage sans se retourner vers lui. T’as envie de croire que tes amis sont plus blancs que neige et que vous êtes les gentils de l’histoire, reprit-elle avec colère vers Granger, mais dans la vie il arrive un moment où il faut grandir Granger, et arrêter de ne lire que la moitié de l’histoire. Ton cher Saint Potter de merde t’as raconté la partie où il attaque Drago et où il est à quelques secondes de le tuer, ou il s’est gardé de raconter que sans Theo il serait mort à l’heure qu’il est ?!

L’incompréhension était lisible sur le visage de Granger. 

-       Non…, murmura-t-elle difficilement. 

-       Si, Granger, appuya violemment Pansy. Et malgré ça, c’est le mec qui est accusé d’horreurs dont il est innocent à longueur de journée qui se tient juste là, dit-elle en me désignant d’un mouvement de son visage, celui-là même qui s’est fait attaquer, qui ferme gentiment sa gueule et qui prend le blâme sur lui sans rien dire pour que la gentille petite Granger ne se rende pas compte que ses amis déconnent plein tube, lui cracha-t-elle au visage. Alors continues de faire l’aveugle autant que tu veux, j’en ai rien à foutre, continua-t-elle plus froidement, mais la prochaine fois que tu t’approches de mon mec pour l’agresser, ce ne sera pas Potter qui sera envoyé en urgence à l’infirmerie, promit-elle gravement. Et toi, dit-elle en se retournant violemment vers moi, contrôle ta chienne si tu veux qu’elle reste en un seul morceau. 

Granger resta interdite alors que Pansy se retourna pour prendre Theo par le bras, et ils partirent ensemble. La Gryffondor fixait le sol face à elle, et je la regardai, me demandant ce qu’il convenait de faire. Je devais partir, je devais la laisser dans sa merde, après tout c’était sa merde. Mais je ne pouvais pas le faire. Elle était anéantie de ce qu’elle venait d’apprendre, c’était lisible sur son visage, et je voulais être présent pour elle. Quand bien même je devais partir. Elle leva finalement les yeux vers moi alors que je continuais de débattre intérieurement : 

-       C’est vrai ? demanda-t-elle tout doucement. 

J’inspirai profondément, et acquiesçai faiblement. 

-       Et tu n’allais rien me dire ? 

-       Je crois que si ton ami avait décidé de ne pas te le dire, ce n’était pas ma place de le faire. 

Elle effectua un tour sur elle-même alors que je l’observai. Elle portait encore son uniforme de cours, son pull gris la protégeant de la fraîcheur ambiante. Elle avait les cheveux encore attachés par sa baguette magique, comme si elle venait d’étudier pendant de longues heures. Et elle commençait à hyperventiler. Elle était en train de paniquer. Visiblement, réaliser que son ami ne comptait pas lui dire la vérité sur ses actions était quelque chose qu’elle avait du mal à gérer. Et j’aurais dû partir. C’était l’instant même où j’aurais dû partir. Mais à la place, j’ordonnai :

-       Viens, allons ailleurs. 

Elle me suivit jusqu’à la Tour d’Astronomie en silence, où des élèves ne sortaient pas de la Grande Salle à tout instant après avoir fini leur repas. Au moins nous étions tranquilles. Il faisait nuit et froid, personne ne venait ici dans ces conditions. Elle tourna un moment au centre de la tour avant de s’arrêter et de poser ses yeux chaleureux sur moi. Je me tenais à un mètre d’elle, une distance qui me semblait respectable quand une personne avait besoin de respirer. 

-       Il t’a attaqué, murmura-t-elle comme si elle avait du mal à le croire. 

-       Oui, confirmai-je à voix basse. 

Une main nerveuse vint lui gratter les tempes. Elle commençait à avoir du mal à respirer convenablement, je reconnaissais cela entre mille. 

-       Il a… il a essayé de te tuer…, chuchota-t-elle difficilement en regardant le sol. 

-       Je ne crois pas qu’il ait réellement essayé de me tuer, je suis plutôt sûr que cette partie de l’événement était un accident, lui dis-je doucement mais avec assurance. 

Les faits avaient tendance à m’apaiser, quand Theo me les énuméraient pour me faire revenir d’une crise de panique. Une voix posée et encrée aidait également. Elle fronça les sourcils et leva les yeux vers moi quand elle reprit, non sans peine :

-       Oui mais si Nott n’avait pas été là, tu serais mort à l’heure qu’il est. 

-       Oui, confirmai-je encore, mais Theo était là, et je vais bien. 

-       Mais…

-       … Je vais bien, la coupai-je dans ses anticipations anxieuses. 

Elle me regarda un moment sans rien dire. Sa poitrine continuait de se soulever trop rapidement. Je l’observai avec attention pour déterminer ce dont elle avait besoin, et quelles étaient le genre de choses qui pourraient l’aider à se calmer. 

-       N’empêche que… il t’a attaqué, toi, et on… et on…, hésita-t-elle avant de porter une main à sa bouche. Oh, Merlin… 

Et on avait couché ensemble. 

-       Est-ce qu’il sait ? demandai-je alors sur un ton toujours voulu bas. 

Elle leva les yeux vers moi. 

-       Ce qu’il s’est passé entre nous ? 

-       Oui. 

-       Non, il ne sait pas, répondit-elle en fixant à nouveau le sol. 

Sa réponse ne me surprit pas, mais je fis comme si c’était le cas. 

-       Oh, eh bien, j’imagine que ça aurait pu expliquer une partie de sa colère, tentai-je pour élargir le sujet de conversation, et l’éloigner de ses pensées anxieuses. 

-       Il ne sait rien, répliqua-t-elle immédiatement. Personne ne sait. 

Je restai silencieux un instant. Personne de son côté ne savait. Si c’était en partie une mission, il n’y avait aucun sens à ce que personne de son côté ne sache, bien au contraire. Et elle n’avait rien dit. A personne. Et je connaissais assez bien l’état psychologique d’une personne sous emprise de l’angoisse pour savoir qu’elle n’était pas en état de me mentir, et encore moins aussi instinctivement. Je pris trop de temps à lui répondre quand elle leva ses yeux de couleur ambrée pour me demander : 

-       Est-ce que tes amis savent ? 

J’hésitai un moment, et me demandai ce que cela faisait, si je lui disais la vérité, et décidai que cela l’aiderait peut-être à penser à autre chose, la sortant de sa panique. 

-       Seul Theo sait…, j’hésitai sur mon choix lexical, la totalité. 

-       La totalité ? demanda-t-elle en haussant ses sourcils. 

-       Tu sais ce que je veux dire. 

Elle ne me demanda pas d’expliciter plus. Elle savait effectivement ce que je voulais dire. 

-       Et les autres savent…, une partie ? questionna-t-elle encore dans une tentative d’occuper son esprit le temps de pouvoir le contrôler. 

-       Ils savent simplement que je me suis trouvé être impliqué avec toi, d’une certaine façon, lui appris-je à voix basse. 

-       Pourquoi ne pas leur dire ? 

Je l’observai encore. Je ne la lâchais pas des yeux. Je savais comme on pouvait se sentir seul, lorsque notre propre esprit nous trahissait de la sorte. Lorsque nous n’étions même plus capables de le contrôler. Elle respirait un peu mieux que quelques minutes plus tôt, mais elle n’avait pas encore repris le contrôle. L’occuper en parlant avec elle ne me rendait pas vulnérable. Ça la rendait simplement elle un peu moins en détresse. 

-       Ce n’était pas quelque chose qui me semblait être sujet à partage illimité, lui répondis-je alors. 

Elle prit une profonde inspiration en m’observant, elle aussi. Elle plaça ses deux mains sur ses hanches alors qu’elle tentait de retrouver un rythme de respiration normal. 

-       Theo est un bon ami, constata-t-elle. Je suis désolée de l’avoir attaqué. 

Je laissai un sourire en coin se dessiner sur mon visage. Elle le nota. 

-       Je suis sûr qu’il va s’en remettre, répliquai-je en un murmure. 

Un mince, très mince sourire se dessina sur ses lèvres et elle haussa les sourcils une nouvelle fois en enchaînant : 

-       Je ne suis pas sûre que ce sera le cas de Parkinson. 

-       Non, admis-je avec un sourire plus large, je n’en suis pas sûr non plus. 

Elle pouffa doucement, et reprit une profonde inspiration. Elle continua sur ce sujet alors qu’elle commençait à se calmer : 

-       Alors ça y est, ils sont… ? Elle l’a appelé son petit-ami, et la dernière fois je crois les avoir vus s’embrasser quand vous la lanciez en l’air sur le terrain de Quidditch. 

-       Oui, enfin, confirmai-je en maintenant mon mince sourire sur mes lèvres. Ils sont ensemble.

-       Chouette, commenta-t-elle avec nervosité. C’est bien, c’est très bien. Je suppose qu’ils vont bien ensemble, tempéraments de feu, observa-t-elle en fixant le sol. 

Je pouffai et posai sur elle des yeux attendris. 

-       Oui, ils vont bien ensemble, lui accordai-je. 

Elle leva des yeux sérieux vers moi, et dans un murmure elle demanda, effaçant mon sourire de mon visage : 

-       Comment tu fais pour le gérer, quand ton plus proche ami pète les plombs et ne peut pas être raisonné ? 

Je la regardai gravement. Elle était réellement en conflit intérieur par rapport aux actions de son ami. 

-       Tu parles de Theo ? lui demandai-je alors. 

-       Oui, répliqua-t-elle. Je comprends pourquoi il a pété les plombs, mais tout de même. J’ai vu Harry à l’infirmerie. Il a vraiment, vraiment pété les plombes, observa-t-elle avec inquiétude. 

-       Eh bien, soupirai-je doucement, on pète tous les plombs parfois, non ? Je pense que c’est une question d’équilibre, enchaînai-je en réfléchissant à sa question. Il ne pète pas les plombs tout le temps, parfois c’est moi, parfois c’est Pansy, et parfois c’est Blaise. On gère les pétages de plombs des uns et des autres à tour de rôle, observai-je avec véracité. Et je crois que si on comprend pourquoi ils ont pété les plombs, et pourquoi c’est comme ça qu’ils pètent les plombs, alors c’est bien plus supportable. 

-       Et toi ? chuchota-t-elle. C’est comment quand tu pètes les plombs ? 

Je ne répliquai pas immédiatement. La première réponse qui me vint fut qu’apparemment, désormais, je la baisai elle, quand je pétais les plombs. 

-       J’ai tendance à paniquer, comme tu as l’air de le faire en ce moment, répliquai-je doucement. 

-       C’est pour ça que tu me parles comme ça ? demanda-t-elle sur le même ton bas. Pour enlever la panique de mon esprit ? 

-       Ça fonctionne ? chuchotai-je alors en rencontrant ses yeux brûlants. 

-       Je crois, un peu, constata-t-elle en baissant les yeux pour se concentrer sur ses sensations corporelles. C’est Theo qui te raisonne quand tu paniques ? continua-t-elle de demander en me regardant à nouveau. 

-       Oui, répondis-je simplement. 

-       Et tu es capable de juste…, elle hésita un instant, le pardonner et avancer du fait qu’il ait violemment attaqué quelqu’un juste parce qu’il avait peur pour ta vie ? Je veux dire…, continua-t-elle en se mesurant, ça ne te dérange pas que ton meilleur ami soit capable d’autant de violence ? Parce que je veux dire…, je comprends et je sais pourquoi Harry a fait ce qu’il a fait, mais peu importe à quel point j’essaye de me raisonner, je ne sais pas comment faire pour passer outre le fait qu’il a failli te tuer parce qu’il a « pété les plombs », acheva-t-elle alors. 

Je pris une profonde inspiration alors que je réfléchissais à sa question. Il me semblait qu’elle et moi ne venions pas du même monde, et n’avions pas la même tolérance à la « violence ». 

-       Je connais le côté sombre de Theo, et je le connais depuis très, très longtemps, commençai-je alors à voix basse. Et j’ai plutôt tendance à l’admirer, pour être honnête. Je le vois dans tout ce qu’il est, et je suis ok avec chaque partie de lui, dis-je avec honnêteté. Et puis nous sommes dans un contexte d’avant-guerre particulier, ça nous affecte tous. Peut-être que tu as du mal à accepter le côté sombre de Potter parce que tu n’arrives pas à la comprendre, cette noirceur, ajoutai-je plus doucement. Parce que tu vois toujours le bon chez les autres, et que tu essayes d’apaiser le moins bon, observai-je. Parce que tu es une trop bonne personne pour pouvoir concevoir ce genre de noirceur, ajoutai-je malgré moi. 

Elle pouffa, et pas avec joie. Je levai vers elle des yeux interrogateurs. 

-       Je suis fatiguée que tout le monde pense que je suis une innocente, bonne petite personne, soupira-t-elle. Ce n’est pas tout ce que je suis, dit-elle en levant les yeux vers moi. Ce n’est pas vrai, ajouta-t-elle gravement. 

-       Qu’est-ce que tu veux dire ? 

Elle prit une profonde inspiration, comme si elle hésitait, puis elle fixa le sol quand elle commença : 

-       En quatrième année, j’ai découvert que Rita Skeeter était une animagus non déclarée. Elle se transformait en scarabée pour espionner autour d’elle et trouver les potins les plus croustillants qu’elle pouvait, tout ça pour rapporter des horreurs dans sa rubrique de La Gazette, cracha-t-elle avec dédain. Je…, hésita-t-elle un instant, j’étais très énervée de ce qu’elle avait écrit à propos d’Harry et moi et je l’ai enfermée dans un pot en verre pendant des jours, sous sa forme de scarabée, lâcha-t-elle avec embarras. 

Elle leva difficilement les yeux vers moi alors que je la regardais avec des yeux ronds, et un sourire en coin. J’allais répliquer quand elle continua : 

-       L’année dernière, j’ai jeté un sort permanent à Marietta Edgecombe, quand elle nous a trahit auprès d’Ombrage sur nos « activités extra-scolaires illicites ». Elle aura le visage plein de boutons à vie, même Pomfresh n’a rien pu faire, avoua-t-elle alors. 

Je suçais l’intérieur de mes joues alors qu’un grand sourire essayait de se dessiner sur mes lèvres. Elle était bien plus apaisée. L’anxiété qui l’avait gagnée commençait à s’évanouir totalement. Je choisissais de la détendre alors que je répliquai avec un sourire en coin : 

-       Arrête, tu me dragues. 

Elle pouffa et un sourire sincère se dessina sur ses lèvres alors qu’elle me regardait avec hésitation, comme si elle avait peur de ce que je pouvais penser d’elle désormais. 

-       Tu parles, qui trouverait ça attirant ? commenta-t-elle finalement en regardant à nouveau le sol.  

Je ne contrôlai pas mes paroles quand ma réponse sorti de moi sans me concerter au préalable : 

-       Moi. 

Elle baissa les yeux une nouvelle fois et sembla encore hésiter avant d’avouer à voix basse, très basse : 

-       Et il se pourrait que j’aie jeté un sortilège à Edna Beauregard qui la rend physiquement incapable de te parler à nouveau, à moins de vouloir endurer d’atroces souffrances… 

Mon visage bascula en arrière alors qu’un rire profond sorti de ma gorge, raisonnant dans la Tour d’Astronomie. Edna Beauregard. Ma cavalière lors de la soirée d’Halloween. Oh, Granger… Je riais encore lorsque je redressai mon visage pour la regarder. Ses joues étaient rouges, son visage bas et ses yeux m’observaient avec un sourire timide. 

-       Tu plaisantes ? demandai-je alors qu’un immense sourire lui dévoilait mes dents. 

Elle fit timidement non de la tête. Je pinçais mes lèvres alors que je sentais mon cœur s’emballer dans ma poitrine et mon sexe se réveiller dans mon pantalon. Elle me regardait comme si elle ne comprenait même pas comment c’était possible de réagir ainsi à ce qu’elle venait de me dire. Et moi je la regardai en me demandant comment il était possible qu’elle soit aussi putain de parfaite. 

-       Je n’ai jamais dit ces choses-là à personne, chuchota-t-elle alors sérieusement. 

Le sourire sur mon visage s’effaça alors que mes yeux se noyaient dans les siens, et elle dans les miens. Elle était si dangereuse. Si, si dangereuse pour moi. Mon cœur battait fort dans mon poitrail. Trop fort. 

-       Peut-être que tu le devrais, murmurai-je à son encontre. Ça ajoute de la complexité à ta personne, et ça te rend dix fois plus intéressante que tu ne l’es déjà, dis-je à voix basse. 

-       Ça ne brise pas totalement l’image de la gentille petite fille innocente que tu avais de moi ? demanda-t-elle avec inquiétude. 

Je ne pus m’empêcher de lui adresser un grand sourire. Je passai ma langue sur mes dents et hésitai à me censurer, mais constatant qu’elle ne paniquait quasiment plus du tout, je décidai de consolider le tout : 

-       Je t’ai vu me supplier de te baiser, Granger, chuchotai-je de ma voix animale. Je ne t’ai jamais vue comme une gentille petite fille innocente. 

Elle se permit de rire, elle aussi, et je sentis de la chaleur gagner mon cœur alors que je souriais aussi. Elle leva vers moi des yeux amusés alors qu’elle acquiesça :

-       Tu ne vas jamais me laisser oublier ça, pas vrai ? 

Je lui rendis son sourire. 

-       Non, jamais. 

Elle soupira en s’autorisant à sourire encore un instant, puis elle releva des yeux bien plus sérieux vers moi quand elle demanda : 

-       Je croyais que tu n’étais pas mon ami ? 

J’inspirai discrètement. Retour à la réalité. 

-       Je ne le suis pas, confirmai-je alors. 

-       Alors qu’est-ce que tu fais ici, à m’écouter, à essayer de me calmer et à me faire rire ? 

-       T’étais à deux doigts de pleurer, je ne suis pas complètement sans cœur Granger, même si tes potes et toi avaient très envie de le croire, me défendis-je alors en essayant de feindre l’indifférence. 

-       Je ne crois pas ça, dit-elle doucement. 

Non. Mon cœur battit plus vite dans mon poitrail. Le sang circula plus rapidement dans mes veines. Non. Nous ne pouvions pas aller sur ce terrain-là. Non. 

-       Ça n’a pas d’importance, coupai-je alors. 

Elle m’observa en silence un instant alors que je laissai les murs autour de moi reprendre leur place pour me protéger d’elle. 

-       Pourquoi tu es comme ça ? demanda-t-elle alors à voix basse. 

-       Comme quoi ?

-       Tu as été un ami génial pour moi durant ces dernières minutes, et quand j’essaye de te dire merci en te disant quelque chose de gentil, tu te renfermes, constata-t-elle. 

-       Essaye de juste me dire merci, proposai-je alors, peut-être que je ne renfermerai pas.

Ses yeux chaleureux s’enfoncèrent dans les miens. Elle était magnifique. Son visage fin. Ses cheveux sauvagement maintenus en arrière par sa baguette magique. Ses yeux bruns. Ses lèvres fines. 

-       Merci, chuchota-t-elle. 

Aucun de nous ne dit mot pendant plusieurs secondes, avant qu’elle reprenne : 

-       Et merci de m’avoir sauvé la vie à Halloween, murmura-t-elle. Je dirais bien que c’est le genre de chose que ferait un ami, mais ça risquerait de ne pas te plaire, commenta-t-elle avec un sourire pincé. 

-       Tu as raison, ça ne me plaît pas, confirmai-je à voix basse. 

Elle ne paniquait plus du tout. L’angoisse lui était totalement passée. Il était temps de la laisser, avant que les choses partent en vrille. Mais une question demeurait en suspens pour moi. Une question à laquelle il me fallait une réponse. 

-       Pourquoi tu ne l’as pas dit à Potter, ce qu’il s’est passé entre nous ? demandai-je alors. 

-       Je sors avec son meilleur ami, tu te rappelles ?

-       Oui, mais je croyais qu’il voulait que tu te rapproches de moi pour déterminer si oui ou non j’étais un Mangemort ? demandai-je trop rapidement. 

-       Pourquoi tu croirais ça ? questionna-t-elle donc. 

Eh oui. Bien trop rapidement. J’avais eu cette information en fouillant son esprit à son insu. 

-       Pour quelle autre raison est-ce que tu me laisserais t’approcher de si près ? tentai-je alors sans me laisser démonter. 

Elle me regarda un moment gravement et l’air flotta entre nous. 

-       Je ne sais pas, peut-être parce que j’en avais envie, répondit-elle alors. Peut-être que ça avait commencé comme ça, peut-être que je voulais savoir si oui ou non tu étais un Mangemort. Et peut-être que j’ai arrêté de chercher et de faire des rapports, acheva-t-elle doucement. 

-       Est-ce que c’est le cas ? demandai-je sur le même ton. 

Ses yeux se noyèrent dans les miens, comme si elle cherchait à lire mon âme. Comme si elle ne savait pas si c’était une bonne idée de me donner la réponse à cette question. Comme si elle cherchait à savoir si elle pouvait me dire la vérité ou non. 

-       Est-ce que c’est important ? questionna-t-elle. Est-ce que ça changerait quelque chose à ton ambivalence ? 

Je voulais lui répondre que oui. Je voulais, de tout mon corps, et de tout mon cœur lui répondre que oui. Que si je savais qu’elle n’était pas en mission pour Potter, je pouvais la laisser me découvrir. Que si je savais qu’il n’y avait aucun risque, absolument aucun risque qu’elle ne dise à qui que ce soit ce que moi et ma famille étions vraiment, je pouvais me dévoiler à elle. Mais ce n’était pas le cas. Parce que je ne pouvais pas lui donner ce pouvoir. Parce que je ne pouvais pas lui donner cette place. Parce que je n’avais pas la force de laisser quelqu’un comme elle entrer. Parce que mon âme ne le supporterait pas. 

-       Non, ça ne changerait rien, répliquai-je alors plus froidement. 

Elle soupira. 

-       J’ai dit à Harry que j’étais quasiment sûre que tu n’étais pas un Mangemort, m’apprit-elle tout de même, et que je ne continuerai pas de chercher à savoir si c’était le cas puisque j’étais arrivée à mes conclusions. Mais il…, il ne l’entend pas, termina-t-elle. 

Je sentis un pincement dans mon cœur. Elle pensait qu’elle parlait à un garçon innocent. Elle avait oublié. Elle avait su. Elle avait vu. Elle avait accepté. Mais elle avait oublié. Elle ne savait même pas à qui elle parlait. 

-       Est-ce que tu peux lui en vouloir ? demandai-je alors. Vu la réputation de mon père, je suppose que ses soupçons sont entendables. 

-       Je les entends, confirma-t-elle. C’est simplement je ne crois plus que les choses soient aussi simples qu’elles semblent parfois l’être, ajouta-t-elle plus doucement, m’étudiant. Tu sais, ajouter de la complexité et rendre les choses plus intéressantes, plaisanta-t-elle doucement. 

Aucun sourire ne se dessina sur mon visage. 

-       Qu’est-ce qui te rend si certaine que je ne suis pas un Mangemort ? questionnai-je alors gravement. 

Elle m’observa avec la même gravité. 

-       Je ne le suis pas, avoua-t-elle. 

Il me semblait que le temps s’était arrêté. C’était une de ces conversations qui avaient tendance à arrêter tout ce qu’il se passait autour des personnes concernées. Ces conversations qui lient où qui brisent. Ces conversations dangereuses. 

-       Mais tu as arrêté de chercher la réponse ? demandai-je à voix basse. 

-       Je ne suis plus aussi intéressée par la réponse que j’ai pu l’être, répliqua-t-elle avec délicatesse. 

Je l’observai. Elle ne paniquait pas. Elle ne jouait pas. Sa respiration était régulière. Son regard n’était pas fuyant. Elle n’était pas sur ses gardes. Elle avait l’air sereine. Trop sereine pour la conversation que nous étions en train d’avoir. Je ne comprenais pas. 

-       Pourquoi ?

Elle releva le menton quand elle me répondit simplement : 

-       La complexité.

Granger, qui acceptait de ne pas connaître la réponse à une question qu’elle se posait. Qui plus est à propos du garçon qui avait pris sa virginité. Je ne comprenais pas. 

-       Tu es une sorcière surprenante, Granger, lâchai-je alors. 

Elle m’adressa un très mince sourire sans quitter mes yeux une seule seconde. 

-       Je pourrais te retourner le compliment, dit-elle avec douceur. 

Il fallait que je parte. Immédiatement. 

-       Est-ce que tu te sens mieux ? lui demandai-je alors. 

Elle prit une profonde inspiration. 

-       Oui. Tu peux partir avant qu’on prenne le risque de devenirs amis, dit-elle avec amertume. 

Je pouffai faiblement. 

-       Bonne nuit, Granger. 

-       Bonne nuit, Malefoy, répliqua-t-elle alors que je descendais les escaliers de la tour pour rejoindre mon dortoir avant de me perdre en elle. 


Je retrouvai ma salle commune, et Theo et Pansy y siégeaient en son centre. Je m’avançai vers Pansy rapidement, la prit par le poignet la poussa à se lever du canapé. Interdite, elle se leva face à moi, et je l’enfermai dans mes bras. Je la serrai contre moi alors que ses bras hésitèrent un instant avant de se renfermer autour de mon dos. Elle n’allait pas bien. Elle avait besoin d’être vue. Elle avait besoin d’être entendue. Elle avait besoin d’être aimée. Son comportement de la journée qui venait de s’écouler le démontrait clairement. Elle me serra contre elle, et une fois que je sentis son corps se détendre contre moi, je chuchotai à son oreille d’une voix vibrante de colère : 

-       La prochaine fois que tu utilises ce que je t’ai confié pour manquer de respect à Granger en l’appelant ma « chienne », toi et moi c’est terminé. 

Elle prit une profonde inspiration et me serra plus fort contre elle. C’était une étreinte que je lui rendais. Puis je les laissai avoir leur soirée en amoureux, et montait me coucher. 


Cette nuit-là, pour la première fois depuis longtemps, je ne fis aucun cauchemar. Je me réveillai reposé, et accompagnait mes amis au petit-déjeuner en essayant de ne pas ressasser la conversation que j’avais eue avec Granger la veille, en vain. Elle aussi, parfois elle paniquait. Elle aussi, elle ressentait des choses dont elle essayait de se protéger en n’en parlant pas. Elle non plus, elle ne contrôlait pas. Et elle aussi, elle avait une partie d’elle bien plus sombre, qui la rendait simplement et absolument intrigante. Intéressante. Humaine. Le courrier arriva alors que nous mangions nos petits-déjeuners dans la Grande Salle. Blaise reçut une lettre, contrairement à nous autres. Nous attendions qu’il nous dise de quoi il s’agissait alors que son visage se décomposa. Toute notre attention se porta sur lui. Il avala difficilement sa salive, et posa la lettre sur la table. 

-       C’est ma mère, dit-il gravement. Elle a… elle a besoin de mon aide, continua-t-il difficilement. Les choses ont encore dérapé avec son dernier mari, ajouta-t-il avec embarras. Je dois y aller, dit-il en se levant. 

La mère de Blaise était instable, et elle avait tendance à finir par assassiner les hommes qu’elle épousait. Theo, Pansy et moi nous levèrent machinalement en abandonnant nos assiettes pleines. 

-       On t’accompagne, déclara Pansy. 

Les yeux de Blaise rougirent et un mince sourire se dessina sur son visage alors qu’il acquiesça. 


Pour des updates sur la fic (aesthetic, avancée de l'écriture, publication des chapitres, échanges...) et du contenu Dramione, suis mon compte insta dédié ! @ livstivrig  


Laisser un commentaire ?