Dollhouse

Chapitre 26 : Intense

15556 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/01/2024 17:36

Nous avions repris les entraînements d’occlumencie à un rythme bien plus soutenu. Nous étions début décembre et il ne demeurait plus que quelques jours qui nous séparaient de nos retrouvailles avec le Seigneur des Ténèbres. Pansy était désormais parfaitement calée en la pratique, et Blaise l’était presque tout autant que nous. Nous nous creusions tous les méninges pour trouver un moyen incroyablement rapide pour rendre Theo soudainement aussi doué que nous autres.

-       Et si tu pénétrais son esprit en même temps que le Seigneur des Ténèbres pour permettre à Theo de rester présent ? me proposa Pansy, assise par terre au milieu de la Salle sur Demande. 

-       Il m’y trouverait immédiatement, répliquai-je alors que j’avais déjà songé à cette option, et je ne suis pas sûr qu’il appréciera de m’y trouver, et encore moins de découvrir que je suis un bon legilimens sans qu’il n’en ait été informé. 

-       Surprise motherfucker, plaisanta Blaise alors que l’ambiance devenait pesante face aux échecs répétitifs pour permettre à Theo de demeurer dans son esprit. 

Il fallait trouver le moyen d’ancrer Theo dans le présent sans qu’il ne soit tenté de partir on ne savait trop où dans son esprit. Tout ce qui concernait Granger était vif dans sa tête, et le Seigneur des Ténèbres se ferait un plaisir de découvrir tout cela et d’agir en conséquence. Et il était hors de question pour moi d’effacer ces souvenirs de l’esprit de la personne la plus importante au monde pour moi. Il fallait trouver une autre solution, et il fallait la trouver vite. Très vite. 

-       Pansy et Blaise, tenez chacun une main de Theo fermement pendant que je pénètre son esprit, proposai-je alors. Ce ne sera certes pas possible s’il décide de faire un tour dans sa tête, mais si ça peut nous aider à trouver le moyen d’y arriver d’ici-là, autant essayer. 

Nos deux amis s’assirent juste à côté de Theo qui se tenait sur le sol face à moi, et il serra la main de Pansy de sa main droite, et celle de Blaise de sa main gauche, les laissant reposer sur ses genoux. J’acquiesçai vers lui : 

-       Ferme les yeux, et concentre-toi sur les sensations physiques de leurs peaux contre la tienne. 

Je pénétrais son esprit alors qu’il demeurait présent un instant, et soudainement un des souvenirs de Theo s’imposa violemment à moi sans que je ne puisse décider de le voir, ou de le repousser. 

Mon père n’avait pas eu le choix, il devait partir pour le travail. Il avait été obligé de m’emmener chez les Malefoy même si cela n’avait pas été prévu. Je me doutais que ce déplacement pour le travail n’avait pas été organisé au préalable, sinon il ne se serait jamais permit une telle chose en sachant que j’allais voir d’autres personnes que lui prochainement. Il me tenait fermement par le poignet alors qu’il me dirigeait vers leur pièce principale tandis que je n’y voyais quasiment rien. 

-       Theo ! s’exclama Drago avec entrain. 

Je ne le voyais pas, mais je savais qu’il était content de me voir. Je l’entendis courir vers moi, et les battements de son cœur qui s’accélérèrent soudainement m’apprirent qu’il pouvait voir ce que moi, je ne voyais pas. Il s’arrêta de courir immédiatement.  Je sentis l’odeur de Madame Malefoy sur ma droite, près de moi, et le rythme saccadé de sa respiration. 

-       Que lui est-il arrivé ? demanda-t-elle à mon père avec une inquiétude ainsi qu’une colère transparente dans la voix qu’elle ne pouvait dissimuler. 

La poigne ferme de mon père lâcha mon poignet, mais je ne bronchais pas. Je n’avais que six ans et demi. Où pouvais-je aller pour lui échapper ?

-       Il a joué avec de la javel, mentit mon père. 

Madame Malefoy demeura silencieuse, mais elle ne bougea pas d’un centimètre non plus. Drago non plus, il ne s’approcha pas plus de moi. 

-       Où est Lucius ? demanda finalement mon père. 

-       Dans son bureau, trancha froidement Madame Malefoy. Il vous attend, le Portoloin est prêt. 

Mon père s’en alla vers le bureau de Monsieur Malefoy sans plus se faire attendre, et dès que j’entendis ses pas devenir si lointains qu’il ne pouvait certainement plus nous voir, Madame Malefoy s’agenouilla devant moi, ses mains fraiches encadrant mes bras. 

-       Est-ce que ça va mon garçon ? chuchota-t-elle près de mon visage. 

J’acquiesçai. Que pouvais-je répondre d’autre ? 

-       Viens, dit-elle en me prenant la main, me tirant vers là où je savais qu’il y avait leur table à manger. 

-       Qu’est-ce qu’il a maman ? demanda doucement Drago en nous suivant. 

Elle m’aida à m’installer sur une de leurs chaises qui étaient encore trop grandes pour mon corps trop petit. 

-       Va lui chercher un jus de citrouille mon chéri, ordonna-t-elle à son fils. 

J’entendis les petits pas de Drago s’éloigner de nous alors que les mains de Madame Malefoy se posaient sur mes genoux. Je sentis son souffle sur mon visage sans pouvoir voir le sien. 

-       Que s’est-il passé, petit ange ? me demanda-t-elle doucement. 

Que se passerait-il si je lui disais la vérité ? Elle savait déjà que je passais beaucoup de temps seul dans notre sous-sol. Si je lui disais ce qu’il m’avait fait cette fois-ci, et qu’elle s’emportait contre lui, il lui ferait certainement la même chose. À elle et à Drago. 

-       J’ai joué avec de la javel, mentis-je à voix basse. 

-       Je ne lui dirai rien, c’est promis, chuchota-t-elle, tu n’as pas à t’inquiéter. Mais pour pouvoir te soigner, je dois savoir ce qu’il t’est arrivé mon chéri, continua-t-elle d’une voix douce. 

D’une voix de maman. J’avalai ma salive avec difficulté. Madame Malefoy ne m’avait jamais menti. Je supposai que si elle me disait qu’elle ne dirait rien, alors elle ne dirait rien. 

-       Il m’a versé de la javel dans les yeux, murmurai-je alors que les petits pas de Drago revinrent vers nous. 

-       Tiens, dit-il doucement en me tendant un jus que je ne pouvais pas voir. 

Il attrapa délicatement ma petite main de la sienne, et y plaça le jus de citrouille qu’il avait ouvert pour moi. J’acquiesçai avec un sourire pour le remercier. 

-       Est-ce que tu arrives à voir quelque chose ? me demanda Madame Malefoy. 

Je fis non de la tête. 

-       Drago chéri, va voir dans le bureau de papa si lui et Monsieur Nott sont partis s’il-te-plaît, et reviens vite, lui ordonna-t-elle tendrement. 

Les pas de Drago s’éloignèrent de nous en courant et elle me dit doucement : 

-       Je vais te soigner mon chéri, tout ira bien, tu verras. 

Drago revient immédiatement et affirma à voix haute : 

-       Ils sont partis ! 

-       Très bien, ponctua sa mère. 

Elle tira une chaise face à moi et s’assit dessus. 

-       Prends la main de Theodore mon chéri, maman va le soigner. Ça va faire mal mon cœur, je suis désolée, s’excusa-t-elle auprès de moi, mais c’est pour te soigner. Tu es d’accord ? me demanda-t-elle. 

J’acquiesçai sans un mot. Je lui faisais confiance. La petite main dodue de Drago prit la mienne, et il la serra de toutes ses forces. 

-       Ça va aller, me chuchota-t-il. Je te lâche pas. 

Je sentis de la magie sortir de la baguette de Madame Malefoy et rencontrer mes yeux, qui me brûlaient soudainement atrocement. Je fronçais les sourcils, et quelques secondes plus tard, je ne sentais plus rien. Il n’y avait plus rien. Le noir total, quand bien même je ne voyais déjà rien. C’était plus sombre encore. Plus vide encore. Je ne sentais plus la main de Drago qui serrait la mienne violemment. Je ne sentais plus la brûlure de mes yeux. Je n’entendais plus Madame Malefoy qui tentait de m’apaiser et de me rassurer. Plus rien. Purement et simplement, plus rien. Comme si je n’étais plus. 

-       Theo ? m’appela lointainement la voix de Madame Malefoy alors que je ne savais combien de temps avait passé. Theo, mon chéri, tu m’entends ?

J’ouvrais les yeux, et découvrais que je me tenais dans leur salon, sur une chaise de leur table à manger. Drago était agenouillé à côté de ma chaise, et me regardait avec ses grands yeux argentés embués de larmes, et il tenait toujours ma main de ses deux siennes. Madame Malefoy était penchée vers moi et étudiait mon visage. 

-       C’est fini, m’apprit-elle alors. Est-ce que ça va ? chuchota-t-elle. 

J’acquiesçai en silence. J’y voyais à nouveau. 

-       Tu y vois normalement ? me demanda-t-elle. 

J’acquiesçai à nouveau. Elle me rendit mon geste alors que ses yeux exprimaient la tristesse qu’elle ressentait. 

-       Je suis désolée de ce qui t’arrive mon garçon, chuchota-t-elle. Et je suis désolée de ne pouvoir que limiter les dégâts, ajouta-t-elle en caressant mon genou. 

Je lui souri. Je n’étais pas sûr qu’elle se rendait compte à quel point cela était déjà énorme pour moi. A quel point c’était plus que tout ce que je pouvais espérer. A quel point c’était plus que tout ce que je n’aurais pu imaginer un jour. Elle, et son fils. Je tournai les yeux vers lui. Il avait l’air tout petit, accroupi au pied de la chaise sur laquelle je siégeai. Il levait le visage vers moi alors que les traits de sa mâchoire et de ses pommettes s’affinaient de jour en jour. Avec sa peau si pâle, ses cheveux lisses si blancs, et ses grands yeux si argentés. Je n’avais pas vu beaucoup d’yeux dans ma vie. Mais je ne pensais pas que beaucoup de gens avaient des yeux aussi argentés que ceux-là. 

-       Je ne comprends pas pourquoi ton papa te fait ça… murmura-t-il en me regardant, et je lui rendais son regard en cet instant. 

Je pinçai des lèvres et haussai les épaules. Il n’aimait pas mes yeux. Ce n’était pas bien de lui imposer leur vue. 

-       Moi je trouve que tu as des yeux magnifiques, chuchota-t-il sans lâcher mes yeux. 

Et les miens se remplirent de larmes alors que je continuais de le regarder. Jamais personne ne m’avait dit une telle chose. Est-ce qu’il existait une possibilité que mes yeux n’étaient pas le problème ? 

Je fus propulsé hors de son esprit et retrouvais mes marques dans la Salle sur Demande alors que lui aussi ouvrait les yeux, Blaise et Pansy nous observant déjà. 

-       Est-ce que ça a marché ? demanda Pansy avec hâte. 

-       Est-ce que c’est toi qui as voulu me montrer ce souvenir ? demandai-je à Theo avec une once d’espoir. 

Il fronça les sourcils. 

-       Quel souvenir ?

Je soupirai malgré moi. 

-       Non, dis-je à Pansy. Ça n’a pas marché. 

Et une nouvelle fois, nous repartions de la Salle sur Demande sur un échec, incapables de permettre à Theodore de rester dans son esprit, et encore moins de le contrôler. 

Ce soir-là, Theo et Pansy s’étaient retirés pour passer la soirée en amoureux, tandis que Blaise et moi jouions ensemble aux échecs façon sorcier dans notre salle commune. C’était une activité qui nous était réservée à tous les deux, Theo ne sachant pas jouer, et Pansy n’aimant pas particulièrement. Alors de temps en temps, nous y jouions ensemble, en partageant un bon verre. 

-       Tour en D2, ordonna Blaise alors qu’il prit une gorgée de son verre. 

Je me concentrai sur l’échiquier alors qu’il ajouta à mon intention : 

-       Je songe à inviter Greengrass à sortir une nouvelle fois, m’annonça-t-il alors sur la réserve. 

Ma tête était basse en direction de l’échiquier, mais mes yeux se levèrent immédiatement vers lui. Il me dit un geste de main m’incitant à ne pas m’emballer alors que je le regardai, surpris : 

-       Doucement, temporisa-t-il. Je n’ai pas dit que je voulais quoi que ce soit avec elle, ou avec qui que ce soit, je dis simplement que j’envisage éventuellement de lui proposer une autre soirée. 

-       Et qu’est-ce qui motive ce questionnement ? l’interrogeai-je alors. Fou en E6, commandai-je à l’échiquier alors que mon fou prenait un de ses pions. 

-       Merde, commenta-t-il, moi qui pensais te distraire avec ces conneries. 

-       Je t’ai avoué ressentir des choses pour Granger, je pense que tu peux te permettre de me dire que tu envisages éventuellement de passer une deuxième soirée avec Daphné Greengrass, relativisai-je alors. 

-       Je te l’accorde, me céda-t-il. 

Blaise n’avait jamais mentionné vouloir revoir une fille, tout du moins pas pour autre chose que son cul. Il se passait quelque chose de différent. 

-       La première fois ne t’a pas suffi, t’as envie de t’en reprendre une deuxième ? plaisantai-je alors pour le détendre. 

Il se permit de rire de son rire chaleureux qui remplissait toujours la totalité des pièces dans lesquelles il se tenait. 

-       Je dois l’avouer, dit-il finalement, ça m’a intrigué probablement autant que ça a blessé mon ego. 

-       Arrête, le provoquai-je alors, tu l’as fait exprès. Tu me feras pas croire que tu as oublié le prénom de l’une des plus belles Serpentard, de même année que nous, dans notre classe depuis la première année, et avec qui t’as passé une soirée. Pas à moi. 

Il leva les yeux de l’échiquier pour rencontrer les miens alors qu’il pinçait les lèvres sur le côté et levait un sourcil sur son front. 

-       Cavalier en C4, annonça-t-il alors qu’il me prenait un pion à son tour. L’une des plus belles, hein ? me questionna-t-il alors en s’enfonçant dans le fauteuil de Theo face à moi. 

-       Chez les Serpentard, oui. Pansy, Edna Beauregard, et Greengrass, listai-je donc. 

Il acquiesça. 

-       Pourquoi tu ne te rabats pas sur Beauregard d’ailleurs ? me demanda-t-il. 

Parce que Granger lui avait jeté un maléfice de sorte à ce qu’elle ne puisse plus jamais me parler. Parce que de toute façon elle ne pouvait pas arriver à la cheville de Granger. Je fis non de la tête : 

-       Pas assez bavarde à mon goût, dis-je avec un sourire en coin. 

-       Ah ouais, j’oubliais que maintenant tu les préférais du genre à ne jamais se la fermer, répliqua-t-il avec un sourire. 

Je levai des yeux rieurs vers lui. Il me les rendait bien. 

-       J’aime le piment. 

Il acquiesça et se mit à réfléchir. 

-       Je crois que si je devais en choisir une, j’en aimerais une calme, déclara-t-il. Il faudrait bien sûr qu’elle ait de l’humour et qu’elle rit à mes conneries, mais qu’elle me contienne, tu vois ? Qu’elle présente bien, qu’elle soit intelligente, qu’elle soit une sacrée acrobate aussi, et qu’elle puisse me tempérer. 

-       Ouais, Daphné Greengrass quoi, répliquai-je en sondant l’échiquier. 

-       J’ai dit si je devais en choisir une, appuya-t-il. 

-       Bien sûr, et ce n’est pas une obligation, rappelai-je sérieusement. Tu peux très bien choisir de ne choisir personne, et de mener ta vie comme tu l’entends. Le mariage et les gosses, la monogamie même, ce n’est une obligation pour personne. Tu as le droit de faire un choix différent. 

-       Toi, pourquoi tu choisis ça ? me demanda-t-il sérieusement. La monogamie, le mariage, les gosses, tout ça ? 

Je m’enfonçai dans le canapé et pris une gorgée de mon verre en quittant l’échiquier des yeux un instant pour réfléchir à sa question.

-       Je crois que mes parents m’ont montré un modèle certes imparfait, mais inspirant de ce que pouvait être le mariage, et une famille aussi, commençai-je alors. J’ai vu mon père épuisé et vidé de son travail, mais parvenir à se ressourcer et à retrouver de la vie en passant du temps avec ma mère et avec moi. Je l’ai vu s’acharner au travail pour continuer de maintenir notre dynastie, et je l’ai vu être satisfait de ce qu’il faisait quand enfin il passait la porte de la maison, et qu’il serrait ma mère contre lui, et qu’il l’embrassait, songeai-je avec un sourire en revoyant ces souvenirs qui autrefois étaient nombreux. Je voyais ma mère faire tomber son masque social à chaque fois que nous étions seuls, et je la voyais rire aux éclats quand il lui racontait des blagues. Je voyais la façon dont ils se regardaient, ces petites caresses dérobées ici et là, un touché de la main, une caresse sur la cuisse, un baiser sur la joue en passant. Et puis, je me redressai un peu dans le canapé, j’ai aussi vu ce qu’une famille pouvait réparer de ce qui avait été brisé. J’ai vu ce que pouvait apporter un foyer stable quand Theodore est arrivé. J’ai vu ce qu’un peu d’amour et d’attention pouvait faire à quelqu’un qui ne connaissait pas tout ça, et j’ai vu tout ce que ça pouvait changer. Et pour moi, il n’y a rien de plus intrinsèquement motivant que ça, dis-je alors à voix basse. Ce sentiment que ta maison, ce n’est pas un endroit, mais quelques personnes qui, envers et contre tout, seront toujours là, quoi qu’il se passe, et cette certitude absolue que toi aussi, tu seras toujours là pour eux. Parce que tu es absolument et totalement dévoué à eux, parce que vous vous êtes mutuellement choisis. Et que tous les jours que les Dieux font, vous continuez de vous choisir, envers et contre tout. 

-       Mais tu ne peux jamais savoir, savoir vraiment que la personne que tu choisis continuera de te choisir toi aussi, commenta-t-il gravement alors qu’il étudiait mes mots, ni que ça durera toujours. 

Je lui rendais son regard sérieux. Il était affalé dans le fauteuil de Theodore, habillé d’un costume marron foncé dont il avait enlevé la veste, ses yeux marrons enfoncés dans les miens. Blaise aussi, était un homme magnifique. Le Quidditch avait fait de lui un homme à la carrure impressionnante, et les traits magnifiques de sa mère se retrouvaient sur son visage fin. 

-       Non, lui accordai-je, tu ne peux jamais vraiment savoir avec absolue certitude, en effet. Mais je crois que quand on choisit bien, le jeu en vaut la chandelle. 

-       Je n’ai pas eu de modèle comme ça, moi, dit-il finalement. 

-       Je sais. Mais tu sais que ça existe, tu l’as déjà vu, lui rappelai-je. 

-       Ouais, j’ai vu ta mère être radicalement détruite quand elle a fini par perdre ton père, dit-il gravement, j’ai vu les parents de Pansy ne rien faire alors qu’ils savaient ce que leur fille traversait, et j’ai vu le père de Nott le détruire consciemment. 

-       Tu as aussi vu Theo et Pansy se choisir mutuellement depuis la toute première année, ajoutai-je alors. 

-       Je ne crois pas que ce que ces deux-là ont arrive souvent, observa-t-il justement. 

-       Je te l’accorde oui, mais ça existe. Et tu nous as vu, nous tous, nous choisir mutuellement, et être des piliers sans faille les uns pour les autres. 

-       C’est de l’amitié, c’est différent, nota-t-il. On prend moins de risques en amitié. 

-       Tu crois ? questionnai-je alors. Parce qu’il me semble que vous avez tous condamné vos vies par amitié pour moi. 

-       Touché, nota-t-il avec un sourire. 

Je l’observai alors que je réfléchissais au fait qu’effectivement, il n’avait pas eu ce que j’avais eu. Sa mère avait fini par tuer tous les hommes avec qui elle avait été, et il l’avait aidé à se débarrasser de la plupart des corps, et il avait dû la ramasser du sol à chaque fois, de plus en plus détruite au fur et à mesure du temps. 

-       Est-ce que le fait de rester seul et sans attaches tient d’un choix préférentiel de ta part, où est-ce que c’est la conséquence de peurs que tu aurais vis-à-vis de tout ce dont tu as été témoin avec ta mère ? lui demandai-je alors doucement. 

Il m’adressa un sourire complice. 

-       Je pense qu’on est tous les deux trop intelligents pour feindre de ne pas connaître la réponse à cette question, répondit-il sincèrement. 

J’acquiesçai en souriant. 

-       Tu penses qu’on en est à une période de notre vie où c’est pertinent d’avoir peur d’une potentielle histoire de cœur ? le questionnai-je. 

-       Probablement pas, non, me céda-t-il avec un sourire. 

-       Je ne pense pas que tu prends de très grands risques en invitant Daphné à partager une nouvelle soirée avec toi. Regarde Theo et Pansy, appuyai-je sur un ton plus détendu, ça donne quand même un peu envie, non ? 

-       Oh me parle pas d’eux, dit-il en souriant et en changeant radicalement son énergie, j’en peux plus. Pansy n’a pas de copine, ajouta-t-il devant mon air interrogateur, vers qui tu crois qu’elle se tourne pour raconter dans les moindres détailstoutes les choses sexuelles que Theodore lui fait, et à quel point c’est un dieu du sexe, à ton avis ? Eh ben à moi, Drago ! s’exclama-t-il en ouvrant les bras. A moi ! Et putain je te jure, il fait des trucs que même moi je savais pas que c’était possible ! 

Mon rire raisonna dans la salle commune alors que Blaise en rajoutait une couche pour me faire rire d’autant plus, comme à son habitude. 

Ce soir-là, Blaise et moi étions partis nous coucher alors que Pansy et Theo n’étaient pas encore rentrés d’où que ce soit qu’ils étaient. J’avais trouvé le sommeil rapidement grâce aux quelques verres que j’avais bu, et grâce au bon et léger moment que j’avais passé avec Blaise. Pourtant, j’avais été réveillé en sursaut au milieu de ma nuit avec un pressentiment intense et terrifiant. Une sensation physique de malaise m’envahissait violemment alors que je ne sentais aucune pensée angoissante monter en moi. Theo. Je ne pouvais expliquer comment je le savais, mais je le sentais comme une absolue certitude. Mon visage se tourna immédiatement vers son lit et constatai qu’il était vide. Je me sentais poussé, comme poussé physiquement hors de mon lit, et hors de mon dortoir. Il se passait quelque chose. Quelque chose n’allait pas avec Theo, et je ne savais pas comment je le savais, mais je n’avais pas l’ombre d’un doute. Je devais le trouver, et je devais le trouver immédiatement. L’angoisse commença à monter en moi alors que je suivais cette poussée vers lui que je ne contrôlais pas sans me retourner. Je n’avais pas même pris le temps de mettre un t-shirt alors que je sortais de mon lit seulement habillé du bas de mon pyjama, et courais hors de mon dortoir alors que la sensation de malaise physique grandissait en moi à chacun de mes pas. Il se passait quelque chose d’important, je le sentais, c’était tout. Mon frère avait besoin de moi. Tout de suite. C’était comme si l’intégralité de mon corps me hurlait qu’il avait besoin de moi, et que c’était urgent. Comme si l’intégralité de mon corps me poussait vers lui sans que j’y puisse quoi que ce soit, alors je courais dans les couloirs du château sans réfléchir, en suivant simplement ces sensations qui m’assaillaient et faisaient monter l’angoisse en moi. Que pouvait-il lui arriver ? Que se passait-il ? Qu’allais-je trouver ? Lui, mon frère. Je ne pouvais pas le perdre. Il ne pouvait pas être blessé. Il ne pouvait pas souffrir. Pas lui. Plus je courrais et me rapprochai de je ne savais trop où, plus les sensations devenaient fortes à l’intérieur de moi, comme si elles me disaient que j’étais sur la bonne voie, sur la bonne voie pour trouver ce qui n’allait pas. Je courrais aussi vite que je le pouvais alors que l’air frais frappait mon torse et mon visage, et que mes pieds nus s’abimaient sur le sol du château. Mon frère. Quelque chose n’allait pas. Il avait besoin de moi. Je ne m’autorisai pas à éprouver des difficultés à respirer alors que l’angoisse montait de plus en plus en moi, ce n’était pas une option, elle ne pouvait pas m’assaillir. Je ne pouvais pas m’arrêter de courir, et je ne pouvais pas ralentir. Il avait besoin de moi. Il se passait quelque chose. Quelque chose n’allait pas avec lui. Je montais trois à trois les marches qui menaient à la Tour d’Astronomie alors que la fraicheur environnante frappait mes joues plus violemment, et me figeait en découvrant mon frère à genoux contre la rambarde de la tour, la tenant fermement de ses deux mains, pleurant et fracassant son crâne contre la barre en fer de celle-ci. 

-       ALLER ! hurla-il alors que d’importantes larmes coulaient le long de ses joues. ALLER ! répéta-t-il alors qu’il fracassait son crâne ensanglanté contre la barre de fer. 

Je restai interdit l’espace de quelques secondes alors que je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Il était habillé, et il était seul. Il pleurait à genoux devant la rambarde, et il se fracassait le crâne de plus en plus fort alors que le bruit de son front tapant contre la barre de fer raisonnait dans la Tour d’Astronomie.

-       ALLER ! hurla-t-il encore alors que sa voix se brisait des larmes qui l’envahissait. ALLER ! répéta-t-il alors que du sang dégoulinait de la barre de fer. 

Je m’élançais vers lui et saisi son visage pour qu’il cesse de le fracasser contre la barre. Il tenta de renouveler son acte alors que je le tenais fermement d’un bras et tentai de défaire la prise qu’il avait de la barre de fer de ma main libre. 

-       THEO ! hurlai-je pour le ramener à moi. THEO, REGARDE-MOI ! ordonnai-je alors que je ne pouvais m’autoriser à laisser la panique me gagner. 

Je me sentais absolument impuissant. Je ne comprenais pas ce qu’il se faisait. Pourquoi se ferait-il une telle chose ? Pourquoi se ferait-il volontairement autant de mal ? Pourquoi se ferait-il cela à lui-même ? Lui qui était la perfection incarnée ? Lui qui était si plein d’amour et de dévotion ? Lui qui avait désormais la femme de sa vie à ses côtés ? 

Il se débattit contre moi un instant avant de me céder tandis que je le tournais de force vers moi, et tenais fermement son visage ensanglanté entre mes mains. Son visage était mouillé de larmes, et l’impuissance que j’y lisais, ainsi que la douleur que j’y voyais me brisèrent le cœur jusqu’au plus profond de mon être. 

-       Theo…, chuchotai-je alors que mes propres yeux se remplirent de larmes. 

Je me tenais à genoux face à lui, sur le sol de la Tour d’Astronomie. Il avait l’air de cet enfant impuissant qu’il était autrefois. De cet enfant blessé qui me regardait avec toute la peine du monde à l’intérieur de lui, et contre laquelle je ne pouvais rien faire. Il me regardait de ses grands yeux bleus innondés et rougis de larmes alors que du sang dégoulinait de son crâne jusqu’à son menton. Ses bras reposaient sans force à côté de lui. Si l’impuissance devait être une image, je lui donnerais celle-ci, et cela me brisa intérieurement. 

-       Theo, qu’est-ce que…, pourquoi tu te fais ça ? chuchotai-je alors que j’inspectai son crâne. 

Il saignait beaucoup. Je réalisai soudain qu’il fallait que j’intervienne, et que je soigne sa plaie. Il perdait beaucoup de sang. Trop de sang. Je n’avais pas ma baguette, j’étais parti de mon dortoir sans elle. Je fouillai ses poches et trouvais la sienne, et recousu hâtivement ses multiples plaies profondes. Il ne broncha pas, ses yeux comme dans le vide alors qu’il me regardait avec impuissance, des larmes silencieuses continuant de couler le long de ses joues.

-       Je te fais défaut, chuchota-t-il enfin, à bout. 

-       Quoi ? questionnai-je, interdit. 

-       Je ne suis pas à la hauteur, murmura-t-il, je…, je suis incapable de te donner ce dont tu as besoin, je te fais défaut alors que tu as besoin que je sois capable de contrôler mon esprit et je… 

-       Theo… 

-       Et je ne suis même pas capable de rester à l’intérieur de ma tête, continua-t-il, ses yeux perdus dans le vide. Je te fais défaut, répéta-t-il, je ne suis pas à la hauteur… 

-       Theo…, chuchotai-je alors que mon cœur se brisait dans mon poitrail de le voir ainsi, et de l’entendre dire de telles atrocités. 

-       Tu as…, tu as besoin que je sois capable de faire ça et je…, et je n’y arrive pas, continua-t-il. Je n’y arrive pas Drago, pleura-t-il de plus belle. Je suis tellement désolé, je suis… je suis tellement désolé Drago. Je ne suis pas à la hauteur…

-       … Arrête, tentai-je alors que mes propres larmes m’empêchaient de parler convenablement. 

Mon frère. La personne que j’aimais le plus au monde. Et il pensait ne pas être assez pour moi. Ne pas être assez capable pour moi. Lui… 

-       Je te jure que j’essaye, chuchota-t-il. Je sais à quel point c’est important pour toi et pour Granger et je…, je te jure Drago, je te jure que j’essaye de toutes mes forces mais je…, pleura-t-il de plus belle, je n’y arrive pas… 

-       … Je t’en supplie, arrête, tu ne me fais pas défaut, tentai-je alors que je contenais son visage entre mes mains tremblantes. 

-       Je vous tire vers le bas, je ne suis pas à votre niveau et par ma faute vous êtes en danger, Granger est en danger, tu es en danger, énuméra-t-il alors que ses yeux m’indiquaient qu’il était toujours absent. 

-       Theo, regarde-moi, murmurai-je en cherchant un vrai contact avec ses yeux. On va y arriver, je te le promets, on va trouver une solution, assurai-je avec autant de force que je le pouvais. Tu es la personne la plus dévouée et déterminée que je connaisse, et j’aime croire que je suis la personne la plus intelligente que tu connaisses, ajoutai-je en essayant de lui arracher une étincelle dans les yeux.

Il y en eut une, une microscopique, mais il y en eut une, et je pus respirer un peu plus normalement dès lors. 

-       On va y arriver, fais-moi confiance, lui assurai-je à nouveau. Et si on n’y arrive pas, on trouvera une autre solution. Il y a toujours une autre solution. Mais je t’interdis, putain Theo…, pleurais-je alors, je t’interdis de te faire du mal comme ça, et je t’interdis de croire que tu me fais défaut, ou que tu n’es pas assez bien, ou que tu nous tires vers le bas ou je ne sais encore quoi, parce que rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, tu m’entends ? 

Il me sembla être un peu plus connecté à mes yeux après ces mots, et je m’accrochai à cela. 

-       On va se battre Theo, tu te souviens ? On va se battre, ensemble, on va y arriver, pleurai-je en serrant ses joues entre mes mains. Ensemble, répétai-je. J’ai besoin de toi, tu m’entends ? J’ai besoin de toi, alors je t’en supplie, ne te fais plus jamais du mal comme ça. D’accord ? 

Il acquiesça tout doucement. 

-       On va y arriver. Peu importe comment, peu importe quand, mais on finira par se sortir de tout ça, que tu apprennes à être un occlumens ou non, d’accord ? Peu importe, répétai-je alors que je me noyai dans ses yeux. Ce n’est pas important, on trouvera toujours un autre moyen. Et si on doit envoyer Granger à l’autre bout du monde parce qu’il n’y a pas d’autre solution, on le fera, d’accord ? Ce n’est pas important, répétai-je alors que je le tirai dans mes bras. 

J’inspirai son odeur alors que je le serrai contre moi. Mon frère. Lui qui pensait me décevoir, et me laisser tomber alors qu’il était tout. Qu’il m’avait tout donné, et que lorsque le Seigneur des Ténèbres m’avait tout prit, lui m’avait tout rendu. Il m’avait rendu la vie. Il m’avait rendu l’espoir. Il m’avait sauvé la vie à maintes et maintes reprises. Il avait donné vie à mon âme et à mon cœur. Il n’avait pas le droit de se faire du mal de la sorte. Il n’avait pas le droit de penser qu’il n’était pas assez pour moi, ou qu’il ne faisait pas assez pour moi. Parce que je n’aurais jamais assez de toute une vie pour lui rendre ce qu’il me donnait jour après jour. 

-       Ce n’est pas important, chuchotai-je encore en serrant son visage contre mon cœur. 

Il serra ma taille de ses bras, et son corps trembla contre le mien. 

-       Tu ne peux pas lâcher, murmurai-je en le serrant plus fort. Tu ne peux pas me lâcher Theo, pleurai-je de plus belle. D’accord ? Promets-moi que tu ne vas pas me lâcher. 

Ses bras se renfermèrent plus fort autour de moi alors qu’il chuchota dans mon torse : 

-       Je te le promets. 

-       Plus jamais, chuchotai-je alors que je me balançai doucement d’avant en arrière en le gardant contre moi. Plus jamais, répétai-je. 

Je l’avais gardé contre moi un moment, puis nos corps s’étaient séparés, et nous étions restés ensemble un instant, en silence, dans la Tour d’Astronomie, pour nous calmer mutuellement. 

-       Comment tu as su ? demanda-t-il quelques instants plus tard. 

-       Quoi ?

-       Qu’il se passait quelque chose, et que j’étais là ? 

Je fis non de la tête alors que je réalisai que je n’en avais pas la moindre idée. Je le savais, c’était tout. Ce n’était pas possible de passer à côté. Il n’y avait pas eu matière à interprétation. 

-       Je ne sais pas, avouai-je, je l’ai senti, comme si mon corps savait. 

Il pouffa doucement. 

-       Les voies des Dieux sont impénétrables, n’est-ce pas ? 

Nous autorisions tous les deux à sourire quand des bruits de pas dans l’escalier nous poussèrent tous les deux à nous retourner. Évidemment. Les putains de voies des Dieux impénétrables. 

-       Oh, s’étonna-t-elle. Désolée, je…, je vous laisse, hésita-t-elle alors qu’elle fit demi-tour dans l’escalier.

-       Non, dit alors Theo sereinement. Tu peux rester, l’invita-t-il, je vais me coucher. 

-       Theo, le sommai-je alors que je ne souhaitais pas le moins du monde le laisser seul. 

-       Tout va bien, me rassura-t-il en se levant alors que son visage était toujours inondé de son sang. Promis, ajouta-t-il doucement. 

Je pénétrais son esprit immédiatement, cherchant à m’assurer que je n’y trouverais pas la moindre pensée suicidaire. 

-       Tout va bien je t’ai dit, me dit-il par la pensée alors qu’il appuyait son regard sur moi. 

-       Il n’y aucune raison que je reste-là avec elle alors que je pourrais rentrer avec t…

-       … Tu as été là pour moi cette nuit, je crois que c’est à ton tour d’avoir quelqu’un qui est présent pour toi, me coupa-t-il en me souriant. L’équilibre de la vie, tu ne crois pas ? 

-       Tu me promets que ça va ? réitérai-je alors. 

-       Je te le promets. Maintenant sors de ma tête avant qu’elle nous prenne pour des fous. 

Je me permis de rire alors que nous demeurions aux yeux de Granger complètement silencieux. 

-       Je crois que le sang séché sur ton visage a déjà fait cet effet pour nous. 

Un sourire trouva place sur son propre visage. 

-       Sors de là mon frère. Bonne nuit. 

-       Je te verrais demain, annonçai-je plus pour m’en assurer moi-même que pour quoi que ce soit d’autre. 

-       Et tous les jours d’après, promit-il alors.

J’acquiesçai et me retirai de son esprit. Il passa devant Granger qui demeurait immobile dans les escaliers alors que je restai seul assit dans la Tour d’Astronomie. Elle le regarda passer avec des grands yeux inquiets, mais elle ne lui dit rien. Une fois qu’il fut parti, elle se tourna vers moi avec le même air interdit sur son visage : 

-       Est-ce que…, hésita-t-elle, non sûre qu’elle pouvait poser la question. 

-       Ça va aller oui, répondis-je alors. 

-       Il…, il avait beaucoup de sang sur…, le visage, finit-elle difficilement alors qu’elle s’approchait doucement. 

Elle était perdue. Je le comprenais, devant un tel spectacle. Je pouffai malgré moi. La pression était redescendue et la fatigue m’assaillait à la place. 

-       Tu l’as dit toi-même, mon frère est quelqu’un de violent, dis-je alors avec un sourire.

Elle était en pyjama, mais elle portait un gros pull rouge et une écharpe aux couleurs de sa maison qui emprisonnait ses cheveux détachés pour se protéger du froid. Et elle portait un livre contre elle. Elle n’était pas venue ici en pensant croiser quelqu’un. Son chat était à ses pieds, et il s’approcha de moi et frotta son corps contre mon genou plié, laissant une trainée de poils roux sur mon pantalon de pyjama vert foncé. 

-       Désolée, s’excusa-t-elle alors, on ne pensait pas croiser quelqu’un à cette heure-ci, je…, on va s’en aller, dit-elle alors en essayant d’appeler son chat vers elle. 

Il ne se sépara pas de moi. 

-       Ça va Granger, la rassurai-je, tu peux rester. 

Je savais que le moi du lendemain matin regretterai cela, et que j’aurais dû la laisser partir alors que pour une fois c’était elle qui se montrait raisonnable, et consentait à me laisser en paix. Mais j’étais fatigué, et j’étais usé de la vie, et elle était là, et je voulais qu’elle le reste. Parce que c’était à elle que ressemblait ma paix. C’était tout. Je voulais qu’elle reste. 

-       Et ton hideux de chat aussi, dis-je en souriant à l’horreur qui se frottait contre moi. 

Elle hésita un instant, mais elle approcha finalement, et s’assit à distance respectable de moi. Pas trop loin pour que ce ne soit pas ridicule, mais pas trop près non plus, afin de signifier qu’elle avait bien comprit que je ne voulais plus d’elle de la sorte. Si seulement elle savait à quel point je la voulais. Elle se défit de son écharpe en silence, et ses cheveux se libérèrent alors que la brise du vent les remettait en ordre. Elle me tendit son écharpe, et je me rappelai alors que j’étais torse nu. Dieu merci, Pansy avait jeté des sorts permanents à Blaise, Theo et moi sur nos marques depuis que Blaise lui en demandait un tous les quatre matins pour aller baiser, et depuis que je fréquentais Granger. 

-       Tiens, me dit-elle alors doucement. 

Je regardais son écharpe aux couleurs de sa maison en hésitant. 

-       Ne sois pas ridicule, tu vas tomber malade, souligna-t-elle justement. 

J’attrapais l’écharpe qu’elle me tendait et m’enroulait d’elle. L’odeur de sa peau et de son parfum vanillé remplit mes narines alors que je fermais les yeux pour l’inspirer malgré moi un instant. Le poids de son chat s’installant entre mes cuisses me fit rouvrir les yeux alors que je pouffai. Sale bête. 

-       Tu n’as pas l’air de tenir tes principes de respect de la vie privée et de ne pas pénétrer les esprits des autres en ce qui concerne Nott, nota-t-elle avec un demi-sourire.

-       Il est le seul avec qui je prends cette liberté, parce qu’il me l’a donnée, lui appris-je alors. 

Elle regarda son chat enroulé entre mes cuisses un instant avant de se permettre de demander : 

-       Tu es sûr qu’il va bien ? 

C’était une excellente question. 

-       Ça ira, oui, dis-je alors doucement alors que je permettais à une de mes mains de rencontrer le pelage de son animal. 

Elle ne posa pas plus de questions, probablement parce qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas obtenir plus de réponses de moi. Que pouvais-je bien lui dire, de toute façon ? Rien dont elle pourrait se souvenir ensuite. 

-       C’est pour lui que tu vendrais ton âme et que tu laisserais mourir des innocents pour qu’il soit ramené à la vie ? demanda-t-elle ensuite. 

Je pouffai doucement en acquiesçant. 

-       Oui, je le ferai. 

Elle sembla réfléchir un moment en regardant la cour du château face à elle avant de dire doucement : 

-       Je ne crois pas que je puisse comprendre une telle relation, une telle relation qui justifierait la vie de milliers d’innocents juste pour… une vie, songea-t-elle sans jugement aucun. 

Je caressai d’une main absente son chat qui ronronnait entre mes cuisses alors que je réfléchissais à ce qu’elle m’amenait. Je savais que peu de gens pouvaient réellement comprendre cela. Dans le concept, dans les livres et dans la théorie, beaucoup pensaient qu’ils pourraient laisser mourir des innocents pour sauver la personne qu’ils aimaient le plus au monde. Dans la pratique, et surtout lorsque cela impliquait de tuer ces innocents soi-même, il me semblait que fort peu de personnes avaient le même discours. Mais je connaissais la mort, désormais. Je savais ce que c’était que de se faire prendre une vie qui comptait pour nous, et je savais ce que c’était que de prendre une vie. Et je savais qu’il n’y avait rien au monde que je ne ferai pas pour pouvoir garder Theodore à mes côtés. 

-       Je ne pense pas que beaucoup de personnes puissent vraiment comprendre, lui accordai-je alors. 

La nuit était apaisante, et sa présence l’était également, même si elle ne devait pas l’être, et qu’une partie de moi essayait constamment de lutter contre cela. J’étais épuisé. Je venais de découvrir la personne que j’aimais le plus au monde se faire du mal parce qu’elle pensait me faire défaut, et il y avait peu de choses qui faisaient aussi mal que cela. 

-       Qu’est-ce qui le rend si spécial ? me demanda-t-elle alors en tournant le visage vers moi. Je veux dire, tu m’as déjà dit que vous aviez grandi ensemble mais en tant que personne, qu’est-ce qui le rend si spécial à tes yeux ? 

J’inspirai profondément alors que je prenais le temps de réfléchir à sa question. Après tout, elle lui avait sauvé la vie, quand bien même elle ne s’en souvenait pas. Je supposai qu’elle avait le droit de savoir. Je laissai mes yeux se noyer dans la nuit alors que je commençai : 

-       Theo est ce genre de personne qui ne se rend même pas compte à quel point elle est incroyable. Il fait partie de ces gens qui ont vécu des horreurs, qui ont été tellement abimés par la vie qu’ils ne sont même pas capables de voir à quel point ils sont des super-héros. Il a toujours tout fait, depuis qu’il est haut comme trois pommes, pour protéger ma famille et moi de ce qu’il vivait, même si ça voulait dire que lui, personne ne le protégerait des monstres qui habitaient sa maison, me rappelai-je alors. Je sais tout ce qu’il a vécu, et malgré tout ça, malgré le fait qu’il ait été détruit depuis l’instant où il est né, il est malgré tout devenu quelqu’un de sage, quelqu’un de bon. Je sais que d’un point de vue extérieur ça peut être difficile à concevoir, lui accordai-je alors, mais je crois sincèrement que Theo est la personne la plus intrinsèquement bonne que je connaisse. Oui, il a beaucoup de violence en lui, je ne peux pas le nier, mais même ça, même le plus terrifiant en lui, je l’aime aussi. Je l’ai vu se taire sur ce qu’il vivait chez lui pendant des années pour ne pas que mes parents se mettent en danger pour lui, même s’il n’avait même pas encore six ans, et qu’il rentrait tous les jours chez son père et subissait des atrocités. Je l’ai vu être incapable de regarder qui que ce soit dans les yeux pendant des années et des années, alors qu’on jouait ensemble des journées entières, je l’ai vu ne même pas savoir si c’était safe pour lui de sourire ou de rire pendant des années, et puis j’ai commencé à le voir vraiment, dis-je avec un sourire. J’ai finalement vu ses yeux, et je suis tombé amoureux de leur couleur et de leur profondeur. J’ai vu la confiance, l’affection et la reconnaissance qu’il avait pour ma famille et moi. Je l’ai vu sourire et rire pour les premières fois, et à chaque fois que je l’entendais rire ou que je voyais un sourire sur son petit visage, je sentais comme une vague de chaleur grandir en moi, parce que je savais à quel point un sourire ou un rire était quelque chose de précieux pour lui. Il n’est pas de ce genre de personne qui feignent ce genre de chose, et il n’est pas du genre à les donner à tout va. Il est de ce genre de personnes qui t’apprennent que lorsqu’ils disent ou font quelque chose, ils le pensent et le ressentent réellement, de toute leur âme, sans jeu, sans faux semblant. De la pure et transparente sincérité absolue. Il n’y a jamais de question à se poser, il n’y a jamais d’interprétation à avoir, il n’y a que la pure vérité avec lui. Ça rend tout beaucoup plus intense, parce que l’inverse est vrai. Quand il ne va pas bien, quand il est en colère, ou quand il est triste, c’est la même chose. Il ne joue pas. Il ne fait pas semblant. Et c’est toute la puissance de sa violence, tout comme c’est toute la puissance de son amour. Elles ne connaissent pas de filtres, elles n’ont pas de barrières. Elles sont brutes, mais elles sont vraies. Et ça rend tout intense avec lui. Une discussion qui semble banale, une rigolade qui semble lambda, un moment tendre qui semble normal, tout ça, ça n’existe pas avec lui. Chaque mot qui sort de sa bouche traduit la vérité la plus absolue qu’il vit, et ça rend chaque mot qu’il prononce incroyablement précieux. Chaque fois qu’il rit, c’est son âme qu’il dévoile et qu’il nous laisse voir, parce que jamais il ne fait semblant pour faire plaisir à quelqu’un d’autre. Et chaque fois qu’il se montre doux et vulnérable, c’est…, hésitai-je un instant. Je ne peux même pas le décrire en mots. Il n’y a rien de fade, de lambda ou de routinier avec lui, parce qu’il est d’une intensité qui n’a pas d’équivalent. Et face à une personne comme ça, on ne peut pas être faux, nous non plus. Il y a des gens avec qui je suis faux, des gens à qui je ne dis pas les choses où à qui je ne dis pas tout, des gens avec qui je fais semblant de rire, et des gens que j’arrive à garder loin de moi en leur mentant. Mais lui…, lui il rend tout ça impossible. Parce qu’il n’y a pas la place pour quoi que ce soit de faux, et il n’y a pas non plus la place pour la demi-mesure. Tu sais, il y a des relations dans lesquelles on est dans la retenue parfois, pour se protéger, pour ne pas souffrir. Des relations où on ne montre pas tout, où on ne donne pas tout, où on ne dit pas tout. Ça n’existe pas avec lui. Et à côté de tout ça, il est quelqu’un d’incroyablement juste, de dévoué et de loyal, il est aussi drôle et brillant à sa manière, c’est quelqu’un qui se bat et qui donne tout de lui, sans demi-mesure là encore. C’est quelqu’un qui aime sans limite lorsqu’il s’autorise à aimer, et après tout ce qu’il a vécu, je…, je n’arrive même pas à comprendre comment quelqu’un qui a été si abimé que lui puisse être la personne la plus forte que je n’ai jamais rencontrée. Et puis quand j’ai une bonne nouvelle, c’est avec lui que j’ai envie de la partager. Quand je suis triste, il n’y a que lui qui a les mots pour me consoler. Quand j’angoisse, il n’y a que lui qui est capable de m’apaiser. Quand j’hésite, il n’y a que lui qui a des conseils assez justes pour m’éclairer vraiment. Il traverse tout avec moi depuis que je sais marcher, et je traverse tout avec lui depuis autant de temps. Alors si des tonnes d’innocents doivent perdre la vie juste pour que lui vive, ou si je dois vendre mon âme pour que la sienne continue d’être, je le ferai sans une once d’hésitation, conclus-je à voix basse. Je ne peux pas avoir peur de ce qu’il y a de violent en lui, parce qu’en ce qui le concerne lui, la même violence existe en moi, achevai-je alors.

Je tournai finalement le visage vers elle et découvrait qu’elle me sondait, buvant mes paroles et apprenant à connaître la personne qui m’était la plus chère à travers mes mots. 

-       Ça a dû être difficile pour toi, de l’aimer autant et de savoir que tu ne pouvais rien faire pour le protéger quand vous étiez petits, chuchota-t-elle alors. 

Je me noyais dans ses yeux alors que je sentis un pincement dans mon cœur. Je n’avais même jamais pensé à cela. Je n’avais jamais pensé à ce que cela me faisait à moi, parce que c’était lui qui avait besoin d’aide. Et alors que moi je lui parlais de Theo, ce qu’elle elle entendait, c’était ce que moi j’avais dû traverser dans l’impuissance la plus totale. Mes yeux se remplirent de larmes alors qu’elle pointait du doigt une douleur qui s’éveillait en moi, et dont j’ignorai jusqu’alors la présence. Parce que je n’avais jamais ne serait-ce qu’envisager une seule seconde ce que cela pouvait me faire, parce que lui souffrait. Parce que mon attention était rivée sur lui, et sur ce que lui ressentait. Et je savais qu’il fonctionnait de la même façon avec moi, s’oubliant dans le lien qu’il partageait avec moi. Et je savais que c’était exactement ce qu’il traversait en ce moment, alors qu’il était un Mangemort pour que je ne sois pas seul là-dedans. Pour me protéger, et protéger ma mère. N’envisageant même pas une seule seconde le mal que cela lui faisait à lui. Et elle, elle voyait des choses en moi que je ne savais même pas être là. Et maintenant qu’elle avait dit cela, je me souvenais. Je me souvenais des nuits où il n’était pas avec moi, et pendant lesquelles je savais qu’il était dans sa cave alors que nous n’avions pas même six ans. Je me rappelai que je gardai la veilleuse allumée, quand bien même je n’en avais jamais eu besoin, pour lui, même s’il n’était pas là, pensant que s’il savait qu’il y avait de la lumière dans ma chambre, peut-être qu’il trouverait un peu de lumière dans son sous-sol. Je me rappelai ce que je ressentais, quand j’étais seul dans mon grand lit, et que je savais qu’il était replié sur lui-même, seul, dans le froid, dans le noir, à avoir peur, et la douleur physique qui ne quittait pas mon corps, alors que ce n’était pas moi qui subissais tout cela. Je me rappelai lorsque j’appelai ma mère au milieu de la nuit, parce que je n’arrivai pas à dormir en sachant ce que lui traversait alors que personne n’était là pour lui. Je me rappelai le nombre de nuits que j’avais passées à prier les Dieux de le protéger, en vain, et je me rappelai lorsque j’avais compris qu’ils ne l’aideraient pas, et la colère que j’avais ressentie contre eux. Je me rappelai les petits-déjeuners pendant lesquels je n’arrivais pas à manger, parce que je savais que lui, personne ne lui apportait à manger. Je me rappelai l’attente, l’attente interminable pendant laquelle je me demandai si oui ou non il allait finir par passer la porte du manoir, ou si son père l’avait finalement laissé dans cette cave pendant trop longtemps. Je me rappelai le soulagement, quand finalement il passait la porte, puis l’horreur que je ressentais à chaque fois que je le découvrais dans des états toujours de pire en pire. Je me rappelai la colère que je ressentais, à chaque fois que je voyais son père se tenir à côté de lui, prétendre qu’il ne lui faisait rien. Je me rappelai la façon dont j’avais été absolument et totalement figé, cette fois-là, quand il était arrivé chez nous avec les yeux brûlés. Je me rappelai le nombre de fois où j’étais réveillé en pleine nuit, ou bien le nombre de fois où je m’écroulais soudainement en pleine journée alors qu’il n’était pas là, et que l’intégralité de mon corps me faisait mal, à me hurler qu’il n’allait pas bien. Et cette impuissance. Cette impuissance totale alors que je ne pouvais qu’attendre qu’il me revienne, et essayer de lui arracher un sourire. Essayer de lui offrir un peu de lumière. Essayer de lui faire découvrir un peu d’amour. Essayer de lui faire ressentir un peu de chaleur. Parce que c’était la seule chose que je pouvais faire. Une larme perla sur ma joue alors que je chuchotai à Granger :

-       Il m’a appris le bonheur autant qu’il m’a appris la douleur. 

Elle baissa les yeux et observa son chat que je caressai malgré moi, m’en rendant compte à l’instant seulement. 

-       C’est magnifique, ce que vous avez, murmura-t-elle alors que j’effaçais la larme qui coulait sur mon visage d’un revers de main. 

Je reniflai et tentai de me reprendre quand je dis : 

-       J’imagine que tu connais ce genre de relation aussi, tu as traversé beaucoup de choses avec tes amis, et tu partages une relation avec l’un d’eux, rappelai-je avec un pincement au cœur. 

Elle baissa le visage et pinça les lèvres. Ah. 

-       Je ne…, hésita-t-elle en regardant le sol, je ne suis plus avec Ron depuis un moment, confessa-t-elle alors que mon poitrail s’ouvrait pour inspirer une quantité indécente d’air. 

Mes yeux s’ouvrirent grand alors que je demeurai interdis. Avait-elle vraiment dit cela ? Était-elle réellement libre désormais ?

-       Quoi ? m’entendis-je dire sans le contrôler. 

-       Je l’ai quitté peu de temps après…, juste après la dernière fois que…, hésita-t-elle, la dernière fois, dans ta salle commune, quand on…, tu sais. 

La dernière fois que nos corps s’étaient rencontrés. La dernière fois que je l’avais repoussée, et que j’avais appelé Theodore pour qu’il la force à partir. La fois où elle m’avait finalement entendue, et après laquelle elle m’avait enfin laissé tranquille. Elle l’avait quitté après cela. Ça n’avait pas de sens. 

-       Pourquoi ? demandai-je alors, confus. 

Elle leva les yeux vers moi. Vulnérable. Elle avait l’air vulnérable, son visage porté bas et ses yeux levés pour rencontrer les miens alors que sa tête était penchée sur le côté. Elle fronça légèrement les sourcils quand elle s’autorisa à chuchoter, de la douleur transparente dans la voix : 

-       Je ne trouvais pas ça correct de rester avec lui, alors que je pense à un autre. 

Mon souffle se coupa quand elle prononça ses mots, et j’eus l’impression que le temps se figea entre nous. Je sentis mes propres sourcils se froncer sur mon front alors que je ne lâchai pas ses yeux, me demandant si elle venait vraiment de dire cela. Me demandant si c’était vraiment réel, et si elle le disait vraiment. Elle avait quitté un homme qu’elle connaissait et appréciait depuis ses onze ans pour moi. Pour moi, alors qu’elle ne me connaissait même pas vraiment. Pour moi, alors qu’elle savait que je vivais des choses qu’elle ne pouvait pas connaître. Pour moi, alors qu’elle savait que je ne pouvais pas lui donner ce qu’elle attendait de moi. Parce que c’était réel. Parce que ce qu’elle ressentait pour moi, c’était réel. Tellement réel qu’elle ne pouvait pas être avec un autre qu’elle aimait pourtant réellement. Qu’elle connaissait par cœur et avec qui elle avait partagé de tonnes de choses, contrairement à moi. Ce n’était pas qu’une histoire de sexe, ni même une histoire de compétition intellectuelle pour elle. C’était réel. Autant pour elle que pour moi. 

-       Même si tu sais que tu ne pourras jamais être avec cet autre ? demandai-je à voix basse, comme si j’avais peur de la réponse. 

Elle ne quitta pas mes yeux, et elle ne me répondit pas un seul mot. Elle acquiesça simplement doucement, et il me sembla que c’était pire que quoi que ce soit qu’elle aurait pu dire. Elle ne jouait pas. Elle avait renoncé à son avenir avec Weasley pour quelque chose qu’elle ne pourrait jamais avoir avec moi. C’était réel. 

-       J’ai peur, chuchota-t-elle finalement, des larmes naissant dans ses yeux. J’ai peur de ce que je ressens pour toi, murmura-t-elle sans lâcher mes yeux. 

Et de nouvelles larmes naquirent dans mes propres yeux. Que lui avais-je fait ? Je n’avais pas le droit de lui faire ça à elle. Pas à elle. Pas comme ça. Je poussai son chat endormi délicatement et le posai à côté d’elle alors que je m’agenouillai en lui faisant face. Ses yeux larmoyants ne quittèrent pas les miens alors que je saisissais son visage de mes deux mains. 

-       Je suis désolé, chuchotai-je à ses lèvres alors qu’une larme perla sur ma joue. 

-       Ne fait pas ça, murmura-t-elle tandis qu’elle pleurait aussi. Ne me repousse pas encore. 

-       Je suis désolé, répétai-je encore. Je ne peux pas. 

Elle saisit mes mains qui demeuraient sur son visage, essayant de m’empêcher de partir. 

-       Je ne te demande rien, dit-elle tout doucement. Je ne te demande pas de savoir quoi que ce soit, je ne te demande pas d’être quoi que ce soit, je… je veux juste pouvoir être là, je veux juste pouvoir partager quelques moments avec toi, pleura-t-elle alors. 

-       Granger…, chuchotai-je alors que mon cœur se brisait dans mon poitrail. J’ai essayé de ne te donner qu’une moitié de moi, mais je n’y arrive pas. 

-       Alors donne-moi tout, murmura-t-elle en se noyant dans mes yeux. 

-       Je suis désolé, chuchotai-je alors que je déposai un baiser appuyé sur son front avant de me défaire de son écharpe et de l’enrouler autour de son cou sans quitter ses yeux, et de m’en aller. 

Nous prenions notre petit-déjeuner dans la Grande Salle, le lendemain matin, quand Blaise apprit à Theo et Pansy qu’il avait invité Daphné Greengrass à sortir à nouveau, et quand il nous apprit à tous qu’elle avait accepté de le revoir une nouvelle fois, à condition qu’il l’invite au restaurant, et qu’il rentre suite à cette soirée dans son propre dortoir, la queue entre les pattes. Pansy avait recraché son thé en riant. 

-       Oh cette fille-là me plaît, commenta-t-elle. 

-       Peut-être que c’est toi qui devrais l’inviter au resto, répliqua Blaise avec un sourire. 

-       Peut-être bien que je vais le faire ! s’exclama Pansy. Histoire de lui montrer ce que ça fait que d’être avec un homme qui ne prend pas ses jambes à son cou quand une femme demande simplement « est-ce que tu vas bien ? », lança-t-elle en appuyant un regard dans ma direction. 

Je reposai ma fourchette en ouvrant grand la bouche alors que Blaise et Theo se permirent de rire. 

-       Qu’est-ce que je viens foutre au milieu de cette discussion ? 

-       Vous êtes les mêmes handicapés sentimentaux ! déclara Pansy en buvant son jus avec une fausse moue innocente. 

-       Dit la meuf qui sort avec le mec qui l’a aimé à distance pendant six ans, balança Blaise avec le même air. 

Theo ouvrit les bras pour témoigner de son indignation. 

-       Putain j’ai rien dis moi, contesta-t-il alors. 

Et soudain, je sentis quelque chose sauter sur mes cuisses alors que nous étions en train de déjeuner à notre table dans la Grande Salle bondée. Je me figeai de surprise et baissai les yeux sur mes cuisses pour découvrir la tête poilue de l’hideux chat de Granger regarder ce qu’il se trouvait dans mon assiette face à moi, et attendre mes caresses. Ma bouche s’ouvrit grand malgré moi alors que je regardai le culot de l’animal alors que nous étions au plein milieu de la putain de Grande Salle. 

-       Oh putain non, murmurai-je. 

Je levai les yeux pour découvrir que Blaise et Pansy me regardaient avec leurs propres bouches grandes ouvertes et de grands yeux ronds, tandis que Theo pinçait ses lèvres, essayant de s’empêcher de rire. Blaise explosa de rire le premier, et Pansy suivit rapidement derrière, leurs rires raisonnant dans la Grande Salle, et les regards des gens assis à notre table se tournant vers nous alors que le chat continuait de me fixer, attendant mes caresses. 

-       Quelque chose à nous dire Drago ? me demanda Pansy alors qu’elle riait toujours. 

-       Un petit problème de chatte, peut-être ? continua Blaise. 

Je pinçai les lèvres en une moue colérique alors que je trouvais Granger des yeux. Elle n’avait pas l’air d’avoir remarqué que son putain de chat était sur mes cuisses au milieu de la putain de Grande Salle, son nez dans La Gazette du matin. 

-       La ferme, lançai-je à mes amis sèchement. 

-       Je crois qu’il veut des caresses Drago, renchéri Blaise en riant. 

Les épaules de Theo sursautèrent alors qu’il tentait en vain de contenir son rire. 

-       Arrête de rire, lui ordonnai-je fermement. 

Il me signifia qu’il était désolé d’une main avant de couvrir sa bouche de cette même main sans pouvoir s’arrêter de rire. 

-       C’est une putain de blague, chuchotai-je. 

Je faisais sursauter mes cuisses pour pousser le chat à dégager de là, mais il ne broncha pas. 

-       Va-t’en putain, lui commandai-je à voix basse alors qu’il se permit de miauler en me fixant de ses gros yeux globuleux, et mes amis explosèrent d’autant plus de rire. 

-       Oh aller, rien qu’une petite caresse, réitéra Blaise en riant alors que Pansy se tordait de rire à côté de lui et frappai son épaule. 

-       La ferme, répétai-je alors que j’essayai de pousser le chat à déguerpir de mes cuisses. 

Il ne broncha pas. Je le pris de mes deux mains et le posa par terre, et cet enfoiré sauta à nouveau sur mes jambes, et eut le culot de miauler une nouvelle fois. Je posai mon coude sur la table et cachai mes yeux d’une main, dépité alors que mes amis pleuraient de rire face à moi. Un rire nerveux secoua mes épaules alors que je pinçais mes lèvres. Putain de chat de merde. Alors qu’il riait toujours, Blaise se tourna en arrière pour pouvoir voir la table des Gryffondor, et balança son bras en l’air pour faire signe à Granger. 

-       Qu’est-ce que tu fais ?! chuchotai-je en sa direction. 

Elle leva les yeux vers nous alors que des regards curieux se tournaient vers nous, et Pansy sembla être à deux doigts de se pisser littéralement dessus alors que Blaise articula « Granger » en silence, en lui faisant signe de venir vers nous. Elle se leva avec confusion, et fit le tour de la Grande Salle pour venir vers nous alors qu’il me montrait du doigt sans pouvoir s’arrêter de rigoler, et ses yeux devinrent ronds quand elle approcha assez pour constater que son chat reposait sur mes cuisses. Je sentais mes joues devenir rouge écarlate alors qu’elle arriva à mon niveau : 

-       On a un petit problème, lui apprit Blaise en riant toujours. 

-       Oh mon dieu, je suis désolée, s’excusa-t-elle en se penchant sur moi pour prendre son chat. 

Je reculai mon torse de façon exagérée pour ne pas qu’elle me touche et ne rencontrai pas son regard, tournant la tête de l’autre côté : 

-       Juste…, vire-le de là, dis-je alors qu’elle le récupérait. 

Elle le prit dans ses bras et s’excusa une nouvelle fois en s’en allant alors que mes joues me brûlaient tant j’étais gêné. Au milieu de la putain de Grande Salle. 

-       Merci ! s’exclama Blaise qui riait encore aux éclats avec Pansy. 

Je levai les yeux vers la table des Gryffondor. Weasley posait sur moi un regard noir que je ne lui connaissais pas. 

Ce soir-là, avant d’aller nous coucher, nous avions jeté un sort pour isoler notre conversation dans la Grande Salle alors que j’amenais dans une ambiance bien plus pesante : 

-       Je pense qu’on devrait le faire pendant le bal de Noël. 

Leurs trois regards sérieux se posèrent sur moi. 

-       Il nous foutra la paix pendant les vacances si on a fait ça pour lui, c’est le plus important à ses yeux. Le reste, ce sont des détails. Si on fait ça, explicitai-je alors, il ne doutera plus de nous. Si on fait ça, Theo n’a pas besoin d’être un bon occlumens. Si on fait ça avant Noël, dis-je alors que mon estomac se serrait d’angoisse, tout se passera bien quand nous y retournerons. Et je pense que le bal de Noël présente assez de distractions pour pouvoir faire ça sans se faire remarquer. Il y aura du monde partout, et les lumières seront basses. Si on fait ça bien, personne ne pourra savoir que c’était nous. 

Aucun d’eux ne répondit quoi que ce soit, mais ils acquiescèrent tous gravement. 

-       Je le ferai, et vous vous assurerez que personne ne voit, déclarai-je alors. 

-       Non, répliqua sèchement Theo. 

-       C’est à moi qu’il a donné cette mission, rappelai-je alors. Il veut voir si je vais échouer là où mon père n’a pas pu réussir, et je ne peux pas lui donner cette satisfaction. Ça doit être moi, dis-je gravement. 

Il ne me répondit pas en mot, mais il acquiesça discrètement. Il savait que j’avais raison. Il n’y avait rien d’autre à dire. Je devais le faire. Je devais tuer Dumbledore. 


Ses pieds et ses mains étaient enchaînés, ses membres écartés, attachés à une grille en métal qui soutenait son corps, et la dévoilait face à nous. A ma droite, le Seigneur des Ténèbres tenait Pansy contre lui par la gorge, sa baguette pointée sur son cœur. Theo se tenait face à Granger dont le sang coulait déjà sur le sol, attachée comme un animal, et Blaise me tenait plus en arrière. 

-       C’est elle, ou c’est Parkinson, dit alors la voix inhumaine du Seigneur des Ténèbres à Theo. 

Il ne se retourna même pas vers moi. Il ne m’accorda pas même un regard, ni une quelconque considération. Il n’hésita pas une seule seconde, et il leva sa baguette vers Granger alors que ses yeux ne me quittaient pas. Je tentai de lui hurler de ne pas faire ça, mais aucun son ne sortait de ma bouche. Je tentai de me débattre et de lui sauter dessus, mais Blaise me tenait trop fermement. Impuissant. Je ne pouvais rien faire. Rien faire que de voir mon frère me prendre la femme que j’aimais, sans même hésiter une seule seconde, parce que le Seigneur des Ténèbres tenait Pansy. Elle n'avait jamais eu la moindre chance. Elle n’avait jamais eu la moindre chance, et je l’avais mise dans cette situation, parce que j’avais été trop faible. Et maintenant, elle allait mourir, par ma faute, et de la baguette de mon frère. 

-       Avada Kedavra, lança froidement Theodore. 

Un éclair vert jaillit de sa baguette et frappa Granger en pleine poitrine. Ses yeux demeurèrent ouverts, fixés sur moi, alors que son corps n’avait plus de vie. Mon souffle se coupa, et je voulu hurler, mais aucun son ne sortit de moi. Il n’y avait rien. Je tentais de me débattre pour me réfugier sur son corps, mais Blaise ne me lâchait pas. Il tenait fermement mes bras en arrière, et peu importait à quel point je pleurais, à quel point je me débattais, il ne me laissait pas aller retrouver son corps qui nous était toujours exposé. Le dos calme de Theodore se retourna, et je vis son visage. Son visage froid. Son visage fermé. Son visage qui ne ressentait pas la moindre émotion. Celui du Monstre. Et cette fois, je hurlais. Je hurlais parce que mon frère n’était plus. Je hurlais parce que mon frère me l’avait prise, elle, et qu’il n’était plus. Je hurlais parce que j’avais tout perdu. Parce que le Seigneur des Ténèbres m’avait tout prit, et qu’il ne me restait plus rien. 

Je fus violemment sorti de mon sommeil alors que je sentis un poids important atterrir soudainement sur ma taille. J’ouvris les yeux immédiatement et découvris le visage de Theodore, de mon Theodore, à califourchon sur moi, appelant mon nom, plaquant mes bras au-dessus de mon visage pour que j’arrête de me débattre. J’inspirai et expirai difficilement alors que des larmes montaient à mes yeux. 

-       Respire, me somma-t-il. 

Il lâcha sa prise sur mes poignets, mais demeura sur moi alors qu’il inspirait avec moi. Un poids abominable écrasait mon poitrail alors que l’angoisse montait en moi tandis que je réalisai qu’un tel scénario était possible. Un tel scénario était possible dans ma réalité. 

-       Reste avec moi, m’ordonna-t-il, respire. 

Je tentai de lui obéir, mais je revoyais son visage. Celui du Monstre. Ce visage qui me disait qu’enfin, le Seigneur des Ténèbres l’avait détruit. Que finalement, il ne restait plus rien de lui. Que finalement, il m’avait tout prit. 

-       Drago, m’ordonna-t-il. 

Mais je pleurai, impuissant. Parce que ce scénario était une possibilité, et que je ne parvenais pas à contrôler l’angoisse qui grandissait en moi. De la chaleur m’envahissait, et obstruait mes pensées. J’avais l’impression que j’allais vomir, ou bien tomber dans les pommes, ou tout en même temps. Je ne le regardai pas vraiment, je vis que Theo s’en rendit compte, puisqu’il se leva rapidement de mon lit, enleva ma couverture et me prit par le bras pour me sortir de mon lit. Je marchai difficilement vers lui alors qu’il me traînait vers notre salle de bain, tentant de respirer et d’apaiser la chaleur intense qui prenait le contrôle de mon corps alors que je ne contrôlais plus même mes pensées. Il pénétra dans une cabine de douche avec moi, et m’assis contre le mur de celle-ci. Il alluma de l’eau froide, et la laissa dégouliner sur nous alors qu’il s’assit à genoux face à moi, ses mains reposant sur mes jambes alors que l’eau froide coulait sur nous.

-       Respire, me somma-t-il en chuchotant. Concentre-toi sur mes yeux, et respire avec moi. 

Je l’écoutais, et j’inspirai. Le froid de l’eau ramenait mon corps dans le présent, et par la même mon esprit. Mes pensées angoissantes sur un futur qui n’existait pas encore, et n’existerait peut-être jamais, n’avaient plus de raison d’être lorsque mon corps se rappelait que dans le présent, il ne se passait rien de tout cela. Quand je parvenais à me raccrocher au fait que cela, ce que mon cerveau imaginait, n’était encore bien que cela, de l’imagination. Alors je regardais ses yeux, et j’inspirai et expirai avec lui. L’eau dégoulinait de ses cheveux, mouillant son visage alors que ses grands yeux bleus ne lâchaient pas les miens, ses lèvres pulpeuses entre-ouvertes alors que des gouttes d’eau en tombaient tandis qu’il inspirait et expirait avec moi. 

-       Tu es en sécurité, me dit-il alors qu’il continuait de me rappeler comment faire pour respirer. 

Il était torse nu, lui aussi, et ses épaules imposantes recevaient l’eau glaciale qui coulait du pommeau de douche pour refroidir mon corps. Je la sentais dégouliner sur moi, et au fur et à mesure qu’elle le faisait, je me sentais revenir peu à peu. Je me sentais devenir de plus en plus capable de respirer à nouveau. 

-       Ta famille est en sécurité, continua-t-il sans arrêter de me montrer comment respirer. 

Et je ne lâchai pas ses yeux. Je me concentrai sur le son de sa voix, sur la sensation de l’eau froide sur mon corps brûlant, et sur la véracité actuelle de ses paroles. C’était vrai. Actuellement, tout le monde était en sécurité. Actuellement. Et m’inquiéter de ce qui pourrait arriver ensuite ne me rendrait pas plus capable d’affronter cela, bien au contraire. 

-       Granger est en sécurité, ajouta-t-il alors. 

Et il me sembla que je pus à nouveau respirer normalement. Il acquiesça doucement en le remarquant lui-même, et il ne quitta pas mes yeux une seule seconde jusqu’à ce que je sente à l’intérieur de moi que j’avais intégralement repris le contrôle de moi-même. Dès qu’il sentit que ce fut le cas, il régla l’eau pour qu’elle soit un peu plus chaude, et il se laissa tomber contre le mur de la douche face à moi, sa tête appuyée contre le mur. Lui aussi, il respira finalement normalement. 

-       Ce putain d’chat t’as fait un sacré effet hein, pesta-t-il avec un sourire. 

Je ri. Je ri sincèrement un moment avant de chuchoter : 

-       Elle a quitté Weasley. 

Il décrocha son visage du mur pour mieux me voir, lui également surpris. 

-       Quand ?

-       Après que tu l’ais virée de notre salle commune. 

Il leva un sourcil mais il ne put retenir un sourire en coin. 

-       Quoi ? le questionnai-je alors. 

Il laissa l’arrière de sa tête rencontrer le mur à nouveau alors que des gouttelettes d’eau tombaient toujours de ses cheveux noirs : 

-       J’imagine la gueule de Pansy après la Guerre, quand tu lui diras que tu veux qu’elle soit ta demoiselle d’honneur pour épouser Granger, plaisanta-t-il. 

Et je ri à nouveau, parce que j’imaginais sa tronche, moi aussi. D’ordinaire, je lui aurais dit de ne pas dire de telles choses. Mais j’avais besoin d’un peu de légèreté. J’avais besoin d’un peu d’espoir, et il le savait, parce qu’il savait toujours ce dont j’avais besoin. Alors nous nous permirent ce moment tous les deux. 

-       Je pense que c’est foutu depuis l’instant où elle a posé les mains sur toi, commentai-je avec un sourire. 

Il pouffa en acquiesçant. 

-       Ouais, c’était pas très malin de sa part, reconnu-t-il. 

Je souris en silence, laissant mes yeux fatigués se fermer et s’ouvrir doucement. 

-       Tu imagines, après tout ça ? me demanda-t-il après un moment. Toi avec Granger, moi avec Pansy, Blaise avec ses MST, continua-t-il alors que je riais doucement. Avec la liberté de devenir ce qu’on veut, ajouta-t-il avec un sourire. Nos gosses jouant ensemble dans les jardins du manoir pendant qu’on prendrait le thé sur la terrasse. 

Je me permis d’imaginer la scène. Mes enfants blonds, ou bien bruns, et les siens aux cheveux noirs, devenant meilleurs amis comme nous l’étions. Une seule et même famille. En paix. Heureux. Avec rien de toute cette noirceur en eux. Innocents. Libres. 

-       Avec un peu de chance, Azriel épousera ma fille, dis-je alors avec un sourire, et nous serons enfin une vraie famille. 

Il me rendit mon sourire. 

-       J’espère qu’il aura les yeux de sa mère, déclara-t-il alors doucement. 

-       Ça va pas la tête ? répliquai-je alors. T’as vu tes yeux ? 

Il pouffa, et nous nous autorisions tous les deux à les fermer, nos yeux, alors que l’eau chaude coulait toujours sur nous, imaginant à quoi pourrait ressembler notre futur parfait, et nous nous endormions ainsi, mal installés, à moitié assis, à moitié allongés, dans la douche trop petite pour nos deux corps adultes. 


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