L'Ecrin des illusions
Chapitre 31 : "Ne-m'oubliez-pas" (deuxième partie)
3754 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 25/05/2024 13:43
La nuit après leur retour à Poudlard, Hazel et Rogue n'évoquèrent plus le Pacte et chacun retrouva son rôle : lui, celui d'un maître des potions distant et exigeant ; elle, celui d'une apprentie sorcière aspirant à se faire la plus discrète possible et à profiter de ses amis.
Les semaines défilèrent à une allure folle. La veille du départ, Hazel et ses camarades de dortoir terminaient leurs valises en bavardant avec animation. Hazel, adossée contre son lit, se désintéressa peu à peu de la conversation de ses comparses pour se concentrer sur son paquetage. La besace de Dahlia contenant sa baguette, la clef du coffre-fort et les documents compromettants se trouvaient au fond de sa valise, cachée sous un gros pull. Hazel ne tenait pas à ressortir ses objets et avait même voulu s'en débarrasser. Sofia lui avait conseillé de les garder, argumentant qu'elle risquerait de le regretter... Hazel avait finalement suivi le conseil de sa meilleure amie.
Soudain, la porte s'ouvrit et Dumbledore apparut sur le seuil du dortoir. Les cinq jeunes filles se relevèrent avec précipitation, saluant le directeur avec des cris dignes d'orfraies apeurées ! Dumbledore sourit à la petite troupe avant de se tourner vers Hazel.
- Ms. Mirwani, Abbott, March et Liddell, pourriez-vous me laisser seul avec Miss Evans ?
Les quatre Gryffondor s'empressèrent d' obéir et descendirent dans la salle commune. Dumbledore franchit les piles de vêtements entassés sur le tapis et s'assit sur le lit de Hazel. Il tapota l'édredon du plat de la main. Hazel n'esquissa pas le moindre geste, se contentant de rester face à lui, les yeux rivés au sol.
- Hazel, commença le vieux sorcier, je sais que tu as vécu des épreuves douloureuses dernièrement et un « ami » se fait du souci à ton sujet.
La jeune sorcière replia sa main contre sa poitrine qui lui paraissait n'être qu'un gouffre sans fond depuis qu'elle avait retrouvé ses souvenirs.
- Professeur, murmura alors la jeune sorcière, comment combler ce vide ?
Elle releva la tête et lui adressa un bien piètre regard. Dumbledore prit alors conscience que face à lui, se tenait une toute petite jeune fille qui avait perdu son innocence. Lui et Rogue avaient agi de façon imprudente en lui infligeant ce Pacte, puis en lui ôtant ce lien qu'elle avait su tisser avec le maître des potions. Le vieux sorcier sentit une pointe de culpabilité en voyant ce petit visage ravagé par une douleur indescriptible. Il lui était arrivé, à de nombreuses reprises, de faire fi des sentiments d'autrui pour accomplir ce qu'il croyait être juste. Il ne pouvait imposer davantage de souffrances à la jeune Hazel Evans.
- En profitant enfin de ton existence, Hazel, répondit le vieux sorcier. En faisant tes propres choix et en retrouvant ton insouciance d'enfant.
Elle osa esquisser un sourire. À cet instant, Dumbledore retrouva en elle, un peu du jeune Sirius Black qui avait débarqué à Poudlard, plein de malice et débordant de gentillesse pour ses amis. Le visage du vieil homme s'assombrit : comment cet homme avait-il pu trahir Lily et James de façon aussi vile ? Il espérait de tout cœur que Hazel n'emprunte pas le même chemin que le cousin de sa mère en se laissant envahir par l'amertume.
- Professeur, demanda Hazel, étiez-vous au courant pour le mariage de ma mère et de Hyde ?
C'était donc là l'une des nombreuses interrogations tourmentant la petite sorcière. Dumbledore sut qu'il devait se montrer honnête avec elle. Il tapota l'édredon et Hazel s'avança vers lui et se laissa tomber à ses côtés. Elle replia ses genoux sous son menton, sa tresse pendant sur le côté laissait entrevoir la cicatrice hideuse infligée par Hyde.
- Hyde avait tenté de demander la main de Dahlia dans les « règles », mais Walburga Black a menacé de déshériter sa nièce si elle s'avisait de se marier à ce sorcier « douteux ». La vieille bique connaissait l'identité du père de Hyde et elle n'aurait pas supporté d'avoir sous les yeux, la perpétuelle preuve de l'infidélité de son époux... qui plus est, avec une moldue !
Dumbledore acquiesça en voyant l'air ébahi de Hazel.
- J'ai mené ma petite enquête. Kitty Hyde a été la maîtresse d'Orion Black. Hyde avait raison finalement : il était bel et bien le demi-frère de Sirius, d'où sa ressemblance avec ce dernier... Les fiançailles de ta mère et Hyde ont été rompues, mais ils se sont tout de même mariés en secret. Seul Melmoth Wilde et son épouse étaient au courant.
Hazel mit quelques secondes avant de digérer ses nouvelles informations. Tout d'un coup, elle se souvint de sa première rencontre avec la fratrie Weasley, quand elle avait pris le thé au Terrier, quelques heures après avoir découvert le Chemin de Traverse. Percy, le jeune frère de Bill et Charlie, avait bien failli vendre la mèche avant d'être repris par sa mère.
- Les Weasley, s'exclama-t-elle, ils savaient !
- Le Destin peut parfois s'avérer plein de surprises, répondit Dumbledore en se replongeant dans ses souvenirs. Après la chute de Lord Voldemort, ses partisans ont été traqués et certains, comme Wilde, ont tenté le tout pour le tout. Un matin, quelques semaines après la défaite du Seigneur des ténèbres, Melmoth Wilde s'est introduit dans le Ministère et a pris le pauvre Arthur Weasley en otage. Je me trouvais là, ce jour-là. Il a exigé de parler uniquement à Alastor Maugrey et à moi-même, sinon, il éliminerait le pauvre Arthur...
Hazel retint son souffle, pressée d'entendre la suite de ce sombre événement.
- J'ai convaincu Alastor d'accepter les conditions de Wilde et nous nous sommes réunis tous les quatre dans un petit bureau. Le pauvre Arthur, la baguette de Wilde pointée sur sa joue, n'en menait pas large. Wilde a tout avoué, sans se cacher. Il nous a racontés les meurtres commis pour son maître, la nuit où Carrew et Hyde se sont acharnés sur la pauvre Dahlia... et il a même avoué que ta mère et Altaïr étaient mariés en réalité !
- Pourquoi tout vous avouer ?! Il savait que cela le conduirait à une condamnation certaine !
- Melmoth Wilde n'a qu'un point faible : son épouse . Il a négocié sa liberté en échange de toutes ces sordides informations. Sa tactique n'a pas fonctionné. Isadora Wilde a refusé d'abandonner son époux à son triste sort et l'a suivi à Azkaban. Curieusement, il n'a jamais évoqué la présence de Severus lors du crime commis contre ta mère... peut-être a-t-il voulu protéger, dans un sursaut de bonté, un tout jeune homme.
- Le père de Charlie a ensuite tout raconté à sa femme...
- C'est exact, confirma le directeur, sauf que Molly et Arthur n'avaient pas remarqué la paire d'oreilles indiscrète cachée dans leur armoire. L'un de leurs fils, celui qui a un fort noble prénom, avait tout entendu.
- Percy ?
- Celui-là même. Molly et Arthur lui ont fait promettre de garder le secret et ne pas le répéter à quiconque. Ce garçon, digne de confiance selon Molly, n'a pas révélé ces confidences à ses frères car dans le cas contraire, le fidèle Charlie aurait fini par te vendre la mèche !
Hazel ne doutait pas de la bonne foi de Dumbledore. Bill et Charlie n'avaient aucun secret l'un pour l'autre et avait une relation fusionnelle et complice, comme les jumeaux et, dans une moindre mesure selon Charlie, Ginny et Ron. Percy, le solitaire de la fratrie, avait gardé avec orgueil et fierté, le secret confié par ses parents, afin de faire plaisir à cette mère qui l'aimait de manière déraisonnable.
Hazel tendit la main vers sa table de chevet et se saisit de l'écrin. Dumbledore la scrutait avec attention de ses beaux yeux clairs, comme s'il cherchait à lire dans ses pensées. Hazel ouvrit le coffret et le lui tendit.
- De bien fascinants artefacts, déclara-t-il d'un ton connaisseur en effleurant le Remonteur de Temps cassé et l'anneau d'invisibilité, qui peuvent s'avérer dangereux s'ils sont utilisés à très mauvais escient.
- C'est pourquoi, fit Hazel avec assurance, je vous les confie.
Elle redressa la tête, soutenant le regard du sorcier. Celui-ci l'invita à poursuivre d'un petit signe de tête.
- J'ai encore beaucoup de choses à apprendre afin... afin de devenir une sorcière « moins médiocre » et j'aimerais faire mes preuves.
- Sage décision, Hazel, conclut Dumbledore en fermant l'écrin. Je te le rendrai à la fin de ta scolarité, qu'en dis-tu ?
Hazel acquiesça. Dumbledore retira le dahlia du couvercle et le tendit à Hazel. La jeune sorcière s'en saisit et le mit dans sa poche, tout en sachant pertinemment que le beau bijou finirait par rejoindre le fond de sa valise, comme tous les objets appartenant à Dahlia Black. Elle ne parvenait pas à lui pardonner, pas encore... Pour le moment, elle voulait reléguer ses douloureux souvenirs retrouvés dans les limbes de sa mémoire.
- Hazel, reprit Dumbledore avec gravité tout en lui tapotant le genou avec sympathie, je sais que cela doit être difficile, mais tu dois mettre ces mauvais souvenirs de côté afin de pouvoir poursuivre tes rêves.
La jeune sorcière baissa la tête pour dissimuler son visage. Ses poings se crispèrent contre ses genoux et une larme tomba sur ses doigts repliés. Dumbledore la contempla un instant. Ses yeux s'assombrirent. À quoi ou à qui songeait-il à cet instant ? Son départ pour l'Autriche avait suscité bien des commentaires et certains prétendaient qu'il avait été aperçu du côté de Nurmengard, sinistre prison dont le plus terrifiant occupant n'était autre que Grindelwald... Dumbledore était resté près d'une semaine loin de Poudlard. Lors de son retour, il s'était enfermé dans son bureau pendant toute une journée et nul ne sut pourquoi, le directeur arborait une mine des plus sombres dans les jours suivants son retour.
Hazel porta la main à son visage et essuya ses larmes. Elle releva le menton et gratifia le sorcier d'un sourire bravache. Il répondit à ce sourire par un clin d'oeil, avant de se tourner vers la table de chevet de Judy où il aperçut un petit paquet de bonbons que la jeune Gryffondor avait laissé traîner.
- Je pense que Miss Abbott ne m'en voudra pas si je lui pique un petit bonbon à la pomme !
Il tendit ses doigts gourmands vers un petit bonbon vert et le porta à ses lèvres. Il l'engloutit avec voracité. Il eut un haut-le-cœur et une grimace dégoûtée se peignit sur ses traits.
- Gazon... je n'ai jamais eu de chance avec ces maudites dragées !
Il toussota et déglutit afin de chasser le goût immonde imprégnant ses papilles. Avant de quitter la chambre, il se tourna vers Hazel.
- N'oubliez pas de transmettre toutes mes amitiés à Miss Prewett.
- Je n'y manquerai pas, murmura la jeune sorcière.
Dumbledore s'éclipsa du dortoir. Hazel plongea sa main dans sa poche et en retira le petit dahlia. Elle replia ses doigts autour du bijou avant de le dissimuler dans sa valise. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit sur les quatre Gryffondor et le dortoir se remplit à nouveau de cris et de rires.
♠♠♠
En début de soirée, tous les élèves se rendirent au banquet pour fêter cette étrange fin d'année. Hazel prit place près de ses amis et se tourna vers la table des professeurs : depuis le mois de mars, la place du professeur Jekyll était demeurée inoccupée et les rumeurs prétendaient que nombreux étaient ceux déclinant l'offre d'emploi proposée par Dumbledore. Le directeur se leva et n'eut qu'à regarder la salle pour que celle-ci devienne silencieuse :
- Voilà une nouvelle année qui s'achève, riche en enseignements et découvertes.
Son regard balaya son auditoire captivé et frôla un instant Misty et Seren, avant de se poser sur les quatre jeunes Gryffondor réunis.
- J'aimerais, poursuivit-il en se redressant, que nous ayons à nouveau, une pensée pour Hydra Jekyll.
Il se tut. Les élèves baissèrent la tête et se recueillirent quelques instants. Hazel se mit à fixer ses mains. Le souvenir de Hyde hantait encore certaines de ses nuits et il lui arrivait d'observer les tableaux de l'école avec attention, craignant que le cruel sorcier ne resurgisse d'entre les morts... Certes, Dumbledore avait confié les tableaux ensorcelés par Hyde au Ministère, mais ce dernier pouvait très bien se terrer dans un autre tableau, guettant son heure pour mieux les surprendre. Un reniflement la tira de ses pensées. Elle jeta un coup d'œil vers la cheminée éteinte et vit le pauvre Rusard écraser une larme roulant sur sa joue. Cette image la fit sourire. Elle échangea un regard amusé avec Charlie.
Dumbledore s'éclaircit de nouveau la voix :
- Espérons tout de même que l'année prochaine soit moins trépidante. Voici à présent le moment que vous attendez tous : celui désignant le vainqueur de la Coupe des Quatre Maisons.
Il se tourna vers les sabliers avant de reporter son attention sur la Grande Salle.
- À la quatrième place, applaudissons Poufsouffle qui, suite à un travail acharné, est enfin parvenu à acquérir un total de cent points. À la troisième place, à seulement vingt points de son challenger, Gryffondor. Cette année, la victoire est pour Serdaigle !
Il frappa dans ses mains. Les bannières bleues et argentées se déployèrent du plafond. Les Serdaigle laissèrent éclater leur joie en lançant leurs chapeaux pointus. À la table des professeurs, Flitwick était félicité avec chaleur par McGonagall et Chourave ; Rogue quant à lui, observait la scène d'un regard fort peu aimable et Hazel comprit alors qu'il était bien décidé à tout mettre en œuvre pour ravir la coupe à son collègue...
- Réjouissez-vous, chers Serdaigle, cette victoire est plus que méritée, mais nul ne doit oublier une chose essentielle : c'est l'union de nos quatre Maisons qui fait la force de notre école.
Il frappa une dernière fois dans ses mains et les mets délicieux, tant attendus par un Charlie au bord de la famine, apparurent. Le jeune homme s'apprêtait à planter sa fourchette dans une pomme de terre juteuse lorsqu'un murmure s'éleva de la table des Serpentard. Bien qu'affamé, Charlie releva la tête et imitant ses camarades, se tourna vers la tablée des serpents. Seren et Misty, leurs assiettes à la main, venaient de se lever et sous les regards outrés de leurs camarades, vinrent s'installer à la table de leurs amis. Hazel vit Rain Stoker les fusiller du regard avant de faire mine de vomir dans son verre, s'attirant les regards approbateurs de sa petite cour d'admirateurs et d'admiratrices. Rain avait réussi après la désertion de Seren et Misty, à se créer un petit groupe de fidèles dont les coups pendables rythmaient la vie des élèves de Poufsouffle de première année, proies faciles pour une Rain bien décidée à asseoir son autorité. Elle se permettait aussi des remarques acides à l'encontre de ses deux anciens complices mais Misty avait suffisamment de tempérament pour lui rabattre le caquet et Seren, assez de force pour l'intimider d'un simple regard. En la voyant faire des messes basses, Hazel se dit que Rain était en bonne voie pour suivre les traces de son frère disparu, tant idolâtré.
- Je préfère passer cette dernière soirée avec mes amis, répondit Seren à Sofia l'interrogeant sur cette surprenante décision.
Il s'assit à côté de Hazel et sourit à sa jumelle de baguette. Lors de ces dernières semaines, la présence et le réconfort du Serpentard avaient été plus qu'appréciables ! Seren avait accepté, bien plus que leurs amis, les silences de Hazel et les moments où son esprit s'égarait dans ses pensées. Hazel le gratifia d'un petit coup de coude amical et tous deux, à cet instant, se rappelèrent leur première rencontre et de leurs premiers échanges inamicaux. Hazel avait craint que d'avoir retrouvé le souvenir de la nuit « maudite » aurait sonné le glas de leur amitié. Elle et Seren, un après-midi qu'ils étaient seuls, avaient longuement échangé à ce sujet. Seren avait voulu s'excuser pour les agissements de son père ; Hazel avait refusé ses excuses, affirmant qu'il n'était pas responsable des fautes paternelles. Ce triste souvenir, loin de les séparer, avait renforcé leur lien ! Seren, comprenant les pensées traversant son esprit à cet instant, lui adressa un regard en disant long sur l'affection qu'il lui portait...
Un cri de Misty les arracha à leur contemplation:
- Face de potiron, file-moi la moutarde !
Sous les regards ébahis de ses camarades, Misty engloutit une patte de poulet tartinée de moutarde ; Jonathan, la main calée contre sa joue, laissa échapper un soupir béat d'admiration. Hazel et Seren échangèrent un clin d'œil entendu : ces deux-là, aussi différents que l'eau et le feu, s'étaient trouvés et pouvaient passer des heures innombrables à se chercher et à se provoquer par tous les moyens possibles. Le sérieux et doux Jonathan avait besoin de l'énergie et de l'opinion bien tranchée de Misty qui elle, apprenait à devenir plus posée aux côtés du calme Gryffondor. Ils se complétaient à la perfection, songea Hazel.
À ce moment-là, elle se désintéressa de la discussion animée de ses amis et laissa ses yeux dévier jusqu'à la table des professeurs. Tous bavardaient avec animation et même McGonagall gloussait de plaisir, tout en essayant d'empêcher Flitwick de lui verser un énième verre de vin. Tous s'amusaient, excepté un... Le regard de Hazel croisa celui du maître des potions. Rogue se saisit de son verre d'eau et le leva, en toute discrétion, vers elle pour la saluer. Hazel se saisit de son jus de citrouille et lui rendit son salut.
À la fin du repas, le professeur Brûlepot et quelques collègues bien éméchés, proposèrent aux élèves qui le désiraient, de les accompagner au bord du Lac Noir afin d'assister à la parade nuptiale des Veaudelunes. Cette proposition fut accueillie avec joie par de nombreux étudiants et le professeur Brûlepot donna rendez-vous aux volontaires à la cour du clocher dans une petite heure. La Grande Salle se vida peu à peu et Rogue fut l'un des premiers professeurs à quitter le réfectoire. Hazel et ses amis, bien décidés à profiter du spectacle proposé par Brûlepot, se levèrent de table quelques minutes après le départ du maître des potions. Charlie et Seren marchaient devant, parlant avec passion des mystérieuses créatures qu'ils s'apprêtaient à voir.
- Le jardinier de Hurle-au-Vent utilise des crottes de Veaudelunes pour ses plantations, déclara Seren.
- Mon père voudrait en acheter pour son potager, mais il trouve ça trop cher...
- Je t'en donnerai un sac pendant les vacances !
Hazel ralentit le pas. Seren cessa de parler et se tourna vers elle. La jeune sorcière leur dit qu'elle avait oublié quelque chose et qu'elle les rejoindrait plus tard. Le Serpentard proposa de l'accompagner et elle accepta sa proposition, tout en recommandant à leurs amis de leur garder une bonne place.
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Hazel et Seren avaient pris la direction des cachots. La jeune sorcière frappa à la porte de la salle des potions mais n'obtenant aucune réponse, en franchit le seul sans y être invitée. La porte de la réserve était close et nul murmure trahissait la présence de l'occupant des lieux. Les deux amis s’avancèrent jusqu’à la table qu’ils avaient partagée au cours de l’année écoulée.
– On a vécu une sacrée aventure, pas vrai ? fit Seren en laissant courir ses doigts sur la table.
Hazel se plaça à côté de lui et tous deux échangèrent un sourire. Les deux jeunes sorciers ignoraient à cet instant, que leurs aventures ne s’arrêteraient pas à celle vécue en première année et que de nombreuses péripéties allaient accompagner leurs chemins jusqu’à leur départ de Poudlard. Certains de leurs choix allaient séparer leurs routes lorsque le temps serait venu pour eux de choisir un camp, mais lors d’une nouvelle guerre se préparant dans l’ombre et qui plongerait de nouveau le monde de la magie dans les ténèbres, tous deux finiraient par se retrouver et par leurs actes et leur amour prouveraient que dans l’adversité, une Gryffondor et un Serpentard, ensemble, pouvaient accomplir de grandes choses.
– Pourquoi on est venu ici ? demanda Seren dans un chuchotement, comme s'il craignait d’attirer la présence de Rogue.
Hazel sortit sa baguette et murmura le sort sur lequel elle s’entraînait depuis des semaines :
- Myosotis Sylvatica.
Un bouquet de fleurs bleutées jaillit du bout de sa baguette et vint se poser sur la table. Seren comprit qu’elle souhaitait par ce geste, adresser un dernier remerciement au maître des potions. Ils restèrent quelques instants silencieux avant de quitter les cachots pour rejoindre leurs amis.
Rogue quitta la réserve et s’avança jusqu’à la table. Il effleura du bout des doigts, le petit bouquet de myosotis et se surprit à prier le Destin de se montrer clément avec cette « mauvaise graine de Black » et ce benêt de Wilde. Il replia sa main autour des petites fleurs. Et de leur permettre d’être heureux, libérés des fardeaux imposés par une mère avide de pouvoirs et des parents aveuglés par la haine.
Note:
- En anglais, "Forget-me-not" ("ne m'oublie pas") est le nom donné à la fleur de myosotis.