James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 2 : Deux Aurors sur le dos

8111 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/01/2024 22:03

Harry sourit chaleureusement en retour à l'hôte de marque qui venait d'arriver. Bien qu'il soit encore jeune pour un sorcier, en effet, Kinsley n'était âgé que de 65 ans, on pouvait constater que son visage était sillonné de nombreuses rides notamment autour de ses yeux et de son front. Kingsley était devenu Ministre de la Magie à titre provisoire à l'issue de la Seconde Guerre. Sa tâche fût, dans un premier temps, d'assurer la transition et de restaurer la démocratie dans un Ministère de la Magie qui était déjà en crise bien avant le gouvernement Thicknesse. Kingsley avait donc réussi à faire juger les fonctionnaires ayant collaboré activement avec les Mangemorts. Il n'avait cependant pas voulu reproduire les erreurs et la justice expéditive de l'ère Croupton et avait donné à chacun un procès. Le premier de ces procès concernait Dolorès Ombrage, ancienne haut placée de l'exécutif magique qui s'était particulièrement démarquée par sa cruauté envers toutes les personnes qu'elle qualifiait d'hybride. Malheureusement, ce que Kingsley n'avait pas prévu, c'était que la vague de procès qui s'annonçait passionnait intensément la population magique ... Et continuait de la diviser ... Certains prenaient part pour Ombrage et continuaient de dire qu'elle avait raison, d'autres demandait un rétablissement de la peine capitale : le baiser du Détraqueur.


Ainsi à travers toute l'Irlande et la Grande-Bretagne, des mouvements politiques étaient nés. Deux mouvements majeurs ressortaient du lot : le premier d'entre eux s'appelait «L'Honneur Sorcier», il était présidé par Iggy Greengrass, un sorcier de Sang-Pur mais n'ayant jamais été Mangemort, bien qu'il croyait en une nécessaire prédominance des sorciers “de souche”. Ce parti voulait défendre ces mêmes idéaux en version plus souple. Dans ses discours, Iggy Greengrass partait d'un constat simple : 


« Les Moldus se sont mis à croire de plus en plus fortement en leurs religions au Moyen-Age. Les sorciers étaient devenus des parias païens qu'il fallait exécuter. Les sorciers se sont donc retranchés dans un monde auquel les Moldus ne pouvaient pas avoir accès. Ils ont mis en place leur propre culture, écrit leur propre histoire, inventé leurs propres lois, leurs propres jeux et sport magiques. La culture sorcière est riche et les vieilles familles de sorcier se doivent de la défendre. Or, toujours selon Greengrass, l'augmentation du nombre de sorcier au Sang-Mêlé et Nés-Moldus, a, il ne le nie pas, permis d'éviter l'extinction de la population sorcière, mais a surtout fait disparaître certaines coutumes auxquels les sorciers étaient très attachés. Pire encore, les légendes et témoignages historiques semblent conforter les idéologues favorables aux Sang-Pur, que, la magie était plus puissante au Moyen Âge, comme en atteste les talents des Fondateurs de Poudlard, ou de Merlin . Greengrass et ses partisans soutenaient donc une théorie nébuleuse, qui servit longtemps de prétexte, d’abord à Salazar Serpentard, plus tard à Grindelwald et Voldemort, qu’une magie qui se dilue dans le sang Moldu et l’absence de rites traditionnels, finit par s’éteindre. » Le Parti de Greengrass cherchait donc à conserver une identité sorcière tout en s’autoproclamant comme sauveurs d’un monde magique voué à disparaître. Et l'idée était simple. Les sorciers issus du monde moldu devraient effectuer, dès leurs 11 ans, deux années à Poudlard dites « préparatoires ». Durant ces deux années, ils seraient initiés à la culture sorcière et pourraient ensuite commencer leur cursus normal. L'autre idée de Greengrass était de pardonner les Mangemorts ou sympathisants du régime pour lesquels il était prouvé qu'aucun crime n'avait été commis. Il s'opposait aux procès qui ne faisaient qu'intensifier la haine anti Sang-Pur. Les faits lui donnaient raison. De nombreuses familles de Sang-Pur avaient été agressées au sortir de la guerre, des demeures furent ravagées et la Brigade de Police Magique dût effectuer des surveillances des familles de Sang-Pur concernées par la guerre, le tout afin d'assurer leur sécurité. 


Iggy Greengrass fut aussi l'avocat de certains anciens Mangemorts ou fonctionnaires zélés et il réussit à faire acquitter des familles pour qui la potence était réclamée unanimement par l’opinion. Ainsi, la famille Malefoy, qui s'était repentie lors de la bataille de Poudlard, fut acquittée grâce à ses services. Cependant, il ne put rien faire pour négocier la caution importante demandée par le Magenmagot et il fut obligé de voir Lucius Malefoy se séparer de tous ses biens pour compenser les horreurs qu'il avait commises lors des deux guerres. 


En opposition à ce mouvement consevateur, un mouvement Pro-Moldu s'intitulant simplement «Collectif pour la Justice », vit le jour. Il était présidé par un jeune sorcier. Tout juste sorti de Poudlard : Justin Finch-Fletchley. Ce jeune homme, qui avait vu nombre de ses amis mourir lors de la Bataille de Poudlard et qui avait dû vivre dans des conditions déplorables pendant l'année de la Terreur, demandait une Justice expéditive et dénuée de tout sentiments pour les Mangemorts et collaborateurs de Voldemort. Il appelait à une refonte totale du système magique, à la suppression de toutes les lois pro Sang-Pur, à la confiscation des biens de ceux qui avaient permis un tel système de se mettre en place... Il voulait que les punitions infligées aux partisans de Voldemort soient exemplaires et il interpellait régulièrement le pouvoir sur la lenteur des procédures. Il se fit notamment remarquer du grand public lors du procès Ombrage. Il fit un discours qui fit trembler jusqu'au plus rigide des jurés du Magenmagot. Il parla d'abord des années d'Ombrage à Poudlard. Il demanda à Harry Potter de le rejoindre et montra au Magenmagot les marques présentes sur la main droite du désormais jeune Auror. Ombrage l'avait torturé en l'obligeant à écrire « Je ne dois pas mentir » avec son propre sang, lui et tant d’autres élèves ayant osé contester son autorité. Il raconta ensuite comment Ombrage l'avait auditionné à lui, Sorcier Né-Moldu, ayant renoncé à des études à Eton pour embrasser le monde magique, pour finalement terminer, cerclé de Détraqueur et accusé de vol de baguette par une vieille sorcière sadique et raciste. Il souligna la cruauté du personnage, le plaisir qu’elle prenait à abuser de son pouvoir, et la mission, presque divine, qu’elle s’était auto-attribuée, de persécuter les hybrides et autres Nés-Moldus. Il cita ensuite une longue liste de noms. Cette liste recensait toutes les personnes qu'Ombrage avait conduites à Azkaban et qui en étaient mortes. Il termina son discours en défiant Ombrage du regard et en se désolant qu'elle n'ait pas eu les Détraqueurs autour d'elle. 


Kingsley était bien conscient que ces deux mouvements représentaient maintenant les opinions majoritaires de la société sorcière. Ainsi, dès les premiers mois de sa gouvernance provisoire, en politicien sage et avisé, il décida de former un gouvernement d'union nationale. Les deux mouvements seraient représentés à égalité au Magenmagot (qui votait les lois) et auraient plusieurs postes de chef de département. Il veilla également à ce que les artisans de la victoire : l'Ordre du Phénix puissent veiller, eux aussi, à la reconstruction du monde sorcier. Ainsi, Arthur Weasley devint Directeur du Département des Accidents et Catastrophes Magiques, Perceval Weasley devint son Premier Secrétaire d'Etat tandis que Sturgis Podmore prit en charge le Département de la Coopération Magique Internationale. Il fit également appel à Gawain Robards, l'ancien Directeur du Bureau des Aurors qui s'était illustré par sa résistance lors de l'année noire (il avait organisé des réseaux permettant de récupérer les Nés-Moldus envoyé à Azkaban et avait permis leur exil vers la France), pour prendre en charge le Département de la Justice Magique que Kingsley voulait indépendant des querelles politiciennes. Les autres départements furent partagés entre les membres des deux Partis. Ainsi, Greengrass prit en charge le Département des créatures magiques tandis qu'Howard MacMillan, second de Finch-Fletchley, père d'Ernie et Langue de Plomb de son état (Finch-Fletchley était trop jeune pour être chef de département) fut nommé au département des Mystères. Les jeux et sports magiques furent confiés à Archibald Fawley, membre de « L'Honneur Sorcier » et ancien joueur international de Quidditch, tandis que les transports magiques furent donnés à un sympathisant du «Collectif pour la Justice » : Irvin Livingrock, ancien responsable des liaisons du Magicobus. 


Tous les observateurs voyaient le gouvernement de Kingsley voué à l'échec. Les premiers procès avaient apporté leur lot de conflits et d’émeutes. La société sorcière semblait vouée à se déchirer autour de la mémoire de la guerre. Kingsley décida alors de changer de stratégie. Les procès seraient désormais fermés au public. Harry Potter à qui Kingsley avait laissé l'été pour se reposer de son année de lutte, fut nommé Auror avec plusieurs autres membres de l'Armée de Dumbledore. Kingsley surexposa cette jeunesse qui avait apporté la paix. Il annonçait dans ses discours qu'une fois de plus, la jeunesse ferait en sorte de reconstruire efficacement le monde en ruine que leurs prédécesseurs ont laissé. Et lors des conseils de chef de département, il réussissait toujours à obtenir ce qu'il désirait, même auprès des membres des deux partis politiques les plus virulents. Ainsi, les Elfes de Maison furent affranchis (ce fut grâce à Hermione Granger qu'il imposa comme collaboratrice auprès de Greengrass), il faudrait désormais leur donner un salaire et un logis décent. La mention de « pureté du sang » avait été bannie sur tous les documents officiels, les petits fonctionnaires ayant cherché de l'avancement en collaborant lors de la guerre furent relaxés en échange de fortes amendes aux familles des victimes, les Détraqueurs furent chassés de Grande-Bretagne et confinés dans une île au large de l'Écosse désormais incartable et protégée par le sortilège de Fidélitas et seul Kingsley, le Gardien du Secret, pouvait avoir accès au lieu exact de détention de ces horribles créatures.


Au bout d'un an de gouvernance, les journalistes reprirent la forme du Patronus du Kingsley pour le surnommer « Le Lynx ». C'est ainsi que le Lynx fut réélu sans discontinuer tous les quatre ans. Ce n'est qu’à un an de la fin de son sixième mandat, que Kingsley annonça sa retraite à l’issue de celui-ci, et à la surprise générale. Depuis la fin de son mandat l’année passée, Kingsley se faisait désormais rare. Il restait chez lui, à profiter paisiblement de sa retraite. D'après la carte de vœux qu'il avait envoyée à la famille Potter, Kingsley en profitait aussi pour voyager aux quatre coins du monde. Le fait qu'il soit toujours resté célibataire depuis la mort de sa bien-aimée Dorcas Meadowes, lors de la première Guerre, lui permettait par la force des choses, d’être seul décisionnaire quant à ses envies de voyage et d’activité. Harry observa son ami Kingsley qui venait de voir défiler devant lui la totalité des convives. Tous tenaient à le saluer. Kingsley, en bon politicien, avait réussi à avoir un mot pour chacun. Demandant des nouvelles de la tante, ou du fils, complimentant la dame sur sa robe, Kingsley arrivait toujours à personnaliser ces moments. Mais après tout, il n'était pas dans l'hypocrisie que pouvait parfois demander la politique. Il était avec “ses amis.”


 -Comment se passe cette retraite Kingsley ? demanda Ginny qui venait de les rejoindre lui et Harry. 


-N'emploie pas trop ce mot Ginny, j'ai l'impression d'être un vieux croulant quand on me décrit comme ça, lui répondit Kingsley avec un léger sourire. A vrai dire, j'arrive d'un voyage en Egypte. Les Pyramides sont magnifiques, il y en avait même une qui renfermait des momies vivantes. C'était vraiment impressionnant. 


-J'ai failli les voir les momies, mais mes parents ont refusé que j'y aille, avoua Ginny d'un air bougon.


-Harry pourrait t'y emmener. Il a moins de travail au Ministère en ce moment, de ce que j’ai compris, dit Kingsley en jetant un coup d'œil appuyé à Harry.


-Disons que l'ancien Ministre n'a pas préparé sa succession, et on se retrouve avec un incapable à notre tête, lui rétorqua Harry sur un ton de reproche. 


-Ecoute Harry, j'ai voulu former un successeur, mais Percy Weasley a été trop orgueilleux. Il aurait dû écouter Hermione et tâcher de s’associer avec l’un des deux partis politiques … Je l’ai conseillé en ce sens aussi … Il fallait tâcher de maintenir l’union. Même vingt-cinq ans après, se diviser est toujours mauvais signe dans notre communauté … Quant à moi, quelque chose me disait que je me devais de me retirer. J'ai passé presque 25 ans à la tête du Ministère. C'est beaucoup. Et pour nombre de mes collaborateurs directs, c'en était trop. Mes chefs de Département commençaient à se lasser de moi et me critiquaient sans cesse. J'en ai eu assez Harry, lui avoua Kingsley d'un air las, ils allaient jusqu'à inventer des choses que j'avais faites, jusqu'à critiquer la moindre de mes mesures. 


-Mais Fawley démontre qu'il est facile de détruire 25 ans de reconstruction en même pas un an. Tous ses fidèles ont été bombardés chef de Département. Arthur vous a sûrement raconté qu'ils lui avaient offert un beau sac d'or pour qu'il annonce sa retraite ... 


-Papa l'a refusé et a préféré démissionner, coupa Ginny en regardant fièrement en direction d'Arthur qui continuait de discuter avec Albus. Les Weasley ne sont pas des corrompus.


-On se croirait revenu au temps de Fudge, reprit Harry. Les riches familles de sorcier se font de nouveau voter des privilèges et les échanges de sac d'or sont devenus monnaie courantes. Il ne peut pas se permettre de toucher au Bureau des Aurors qui est devenu un symbole de la reconstruction du Ministère. Alors il nous enlève de plus en plus de fonctions et les donne à la Brigade de Police Magique. Maintenant, ils s'occupent de contrôler la contrebande des produits de Magie Noire, de la sécurité du Ministre et de donner les preuves au Magenmagot en vue des procès. Nous n'intervenons plus que sur les meurtres et délits de magie noire majeurs. Donc nous sommes en sureffectif pour peu de tâches. Il veut pousser les anciens, Fairbanks, Vale et Valiant à la retraite. Déjà que nous n'avons plus recruté d'aspirants depuis vingt ans, le sang neuf que je voulais apporter n'est pas prêt d'arriver.


Kingsley observa Harry d'un air désolé. Il lui tapota l'épaule et lui dit : 

-Je suis désolé Harry, mais j'y ai laissé énormément d'énergie. Je me sentais mourir à petit feu. Je ne pensais pas que l’élection se passerait ainsi … Mais après tout, notre société repose dorénavant sur des bases solides, puis, “L'Élu” et ses amis sont là pour s'assurer que notre monde reste le plus juste possible. D'ailleurs, je suis désolé, mais j'ai quelques mots à dire à Hermione. Profite de ta soirée Harry. Il lui adressa un sourire et se dirigea vers Hermione qui était en grande conversation avec Hannah Londubat et Fleur Weasley. 


-Hermione ! Puis-je t'importuner une minute ? lui demanda Kingsley en souriant aimablement à Hannah et Fleur. Vous pouvez rester bien sûr, mais je pense que l'actualité du département de la Justice Magique ne vous intéresse guère. 


En effet, Hannah et Fleur n'étaient que trop contentes de pouvoir échapper à une Hermione folle de rage commentant tous les amendements de loi adoptés au cours de l'année écoulée.


-Kingsley, ravie de voir que vous occupez votre retraite … demanda-t-elle avec une once de reproche dans la voix.


-Je m’occupe, en effet, mais là n'est pas la question. J'ai appris que tu faisais beaucoup parler de toi au Département de la Justice Magique. 


-Oui, admit Hermione. Ce vieux fou d'Iggy Greengrass (qui avait été nommé chef du Département de la Justice Magique) aimerait faire abroger les lois que nous avons mises en place durant toutes ces années. Harry t'a sûrement expliqué que la Police Magique avait désormais tous les pouvoirs. Il a essayé de réintroduire dans les documents officiels les statuts du sang, il a fait publier le Traité de Teignous Nott (1) au titre d'ouvrage de référence à forte valeur historique. Il veut aussi créer une école primaire pour sorciers où ils apprendront qu'ils ne sont pas Moldus et que ces derniers ont fait d'eux des parias et vont diluer leur magie. Kingsley … Tu as fait une grossière erreur en quittant ton siège. 


-Je sais Hermione, tu n'es qu'une des nombreuses personnes à me le rappeler. Mais je vous fais confiance, je sais par exemple que Greengrass te craint beaucoup et les lois que tu m'as cité ne passeront pas tant que tu seras là. Et, gardes en mémoire que si le candidat pour me succéder … avait été moins … orgueilleux politiquement … Tes conseils auraient fait mouche … Tu dois donc comprendre ce qu’il TE reste à faire pour les prochaines élections !


Percy Weasley était justement en train de disserter sur les réfections du réseau de cheminée du Ministère auprès des anciens enseignants de Poudlard visiblement très ennuyés. Il ne s’aperçut pas que Hermione s’était tournée vers lui alors que Le Lynx observait la juriste magique d’un regard appuyé.


 -En fait, j'hésite plutôt à démissionner, avoua Hermione. Les blagues douteuses sur les Moldus refont leur apparition au Bureau. Les membres de «L'Honneur Magique» sont infects. 


-Tu ne démissionneras pas. Tu as bien rendu leur liberté aux Elfes de Maison, supprimé la discrimination anti loup-garou et sur les statuts du sang en passant outre Greengrass qui était déjà ton chef de Département. Tu es une battante Hermione, et tu dois apporter tes grandes qualités à la société magique, l'encouragea Kingsley.


Il se pencha vers elle pour lui ajouter à voix basse : 


-Je n’ai constaté que trop tard que tu était la mieux qualifiée pour me succéder … J’en suis désolé … Je te voyais encore comme la jeune femme idéaliste qui a causé un sacré remue-ménage en faisant enchainer les votes au Magenmagot …


Hermione devint écarlate à l’écoute des louanges de l’Ancien Ministre. Mais Kingsley avait raison. Elle ne nourrissait pas vraiment cette ambition d’occuper le siège du pouvoir de la société sorcière. Elle n’aurait pas supporté la presse, les quolibets, les roueries. Mais elle n'eut pas le temps de répondre en ce sens, car Mrs Weasley demanda aux convives de passer à table. Elle s'installa auprès de Ron, à qui les verres de Whisky Pur-Feu avaient donné son sourire niais. Il sourit à sa femme, lui déposa un baiser sur la joue, lui murmura que tout finirait par s'arranger et se concentra sur son assiette de Quiche-Lorraine, une recette enseignée par Fleur à Molly Weasley. Hermione sourit à son mari, le simple fait de le savoir avec elle, aussi calme et toujours prêt à la protéger ne pouvait que lui ôter tous ses doutes. Lui aussi, l’avait encouragée à candidater à la place de Percy, mais Hermione avait privilégié sa loyauté, son sens du devoir, à ce qu’elle voyait alors comme une folie. Mais souhaitant oublier toutes ces problématiques sociétales, elle se servit elle aussi une part de quiche et se mit en tête de faire la fête pour son meilleur ami.


__________


Les assiettes de plat chaud : un gratin façon Weasley, venaient d'être terminées. Hagrid pleurait maintenant à chaudes larmes en se remémorant comment 31 ans plus tôt, il était allé tirer Harry de chez les Dursley. James, qui était placé à côté de lui à table, ne pouvait s'empêcher de sourire. Hagrid racontait toujours les mêmes histoires lors des réunions de famille où il était toujours convié. Il faisait partie de ses nombreux «oncles et tantes d'adoption» avec entre autres Neville Londubat, Dean Thomas, Luna Lovegood, ou encore Andromeda Tonks. James les appréciait tous beaucoup, mais l'avantage avec Hagrid, c'est qu'il pouvait compter sur lui à Poudlard. Neville était bien trop sévère avec les Potter. Il en venait même à retirer des points à Albus et Rose, ce qui, en comparaison, montre à quel degré de sévérité les bêtises de James peuvent être réprimandées (des semaines entières de retenue, des visites au 12 Square Grimmaurd, des masses de points enlevés). Hagrid était plus souple, beaucoup plus. James se rendait régulièrement dans sa cabane avec ses amis Alice Londubat (la fille de Neville, qui malheureusement bénéficie, par Neville, du même traitement que James, voire pire) et Scott Hattaway (1). Là-bas, ils étaient toujours reçus comme des rois et n'avaient rien à craindre de leurs multiples entorses au règlement. Il n'était pas rare que Hagrid les gronde après les avoir retrouvés à errer dans la Forêt Interdite, mais la colère du demi-géant ne durait jamais bien longtemps. Il finissait toujours par se remémorer leurs parents à leurs âges et il plongeait toujours dans une nostalgie salvatrice. 


« Dès que je t'ai vu, je savais que ... que ... Tu ... tu deviendrais un grand homme ! Plus ... grand encore que Dumbla.. DUMBLEDORE ! Je suis fier de toi Harry » disait le géant d'une voix tremblante déformée par ses sanglots et les bouteilles de Whisky Pur-Feu qu'il avait enchaînées.


En face de lui, Neville était en grande discussion avec Rose et Albus qui étaient situés à sa droite. Ils s'inquiétaient de la charge de travail qu'ils auraient en 6ème année. Les deux élèves venaient d'obtenir leurs BUSEs. Rose avait eu un Optimal dans toutes les matières battant ainsi le score de sa mère qui était de 10 Optimal, Albus avait reçu un Optimal dans toutes les matières sauf en Astronomie où il s'en sortait avec un Acceptable (l'Astronomie était une matière qui ne l'intéressait pas vraiment). James du temps de ses BUSEs en avait reçu 6 : La Botanique, les Potions, les Sortilèges, la Défense Contre les Forces du Mal, la Métamorphose et les Soins aux Créatures Magiques. Harry, qui avait obtenu l'Astronomie en plus de James, était cependant très fier de lui. Il lui avait soufflé que James avait désormais la possibilité de suivre le cursus pour devenir Auror avec un clin d'œil appuyé. Mais James n'avait pas osé lui dire qu'il hésitait de plus en plus à s'engager dans cette voie. Il est vrai que, depuis tout petit, le fils aîné de Harry avait toujours fait part de son désir de devenir Auror avec son père. Mais, plus les années passaient, plus les gens dans la rue, la famille, les amis de la famille le comparaient à son père. Puis, ce fut le tour des professeurs à Poudlard, puis même celui des autres élèves. James devait sans cesse vivre dans l'ombre de son illustre père. Tous ses faits et gestes étaient commentés et mis en compétition avec les exploits passés de son père. Albus, de son côté, souffrait moins la comparaison. Certes, dès son arrivée à Poudlard, élèves et professeurs ont largement commenté la ressemblance physique avec son père, mais rapidement, Albus s'est illustré dans des domaines autres que ceux de son père. En effet, Albus était désormais en compétition avec sa cousine, Rose Weasley, pour savoir qui des deux serait le meilleur élève de leur année. Ils bluffaient sans cesse les professeurs qui ne tarissaient pas d'éloges sur eux. Albus était plus calme et posé que son aîné, il préférait les longues soirées de révision silencieuses dans la salle commune plutôt que les farces faisant s'esclaffer tous leurs camarades Gryffondor. Il ne s'intéressait également que très peu au Quidditch et, contrairement au reste de sa famille, Albus n'était pas un casse-cou. Il réfléchissait longuement avant d'agir, usait souvent de ruse pour arriver à ses fins et ne rêvait pas de passer sa vie à combattre comme son père l'avait fait. Non, Albus avait une passion, c'était les Moldus. Il rêvait d'ailleurs de voir les relations entre le monde sorcier et Moldu s'améliorer. Son objectif était d'ailleurs de devenir un haut-fonctionnaire du Ministère chargé des relations avec les Moldus. Il prenait souvent conseil auprès de son parrain et enseignant favori : le professeur Londubat.


Neville était leur enseignant de botanique, et, bien qu'il soit le parrain d'Albus et l'équivalent d'un oncle pour Rose, il n'a jamais pris en compte l'affection qu'il avait pour eux dans sa notation. Au contraire même ... Neville ne voulait que personne ne crie au scandale et il veillait à être particulièrement strict avec les enfants de ses amis (et les élèves de sa maison en général). Depuis la retraite d'Aurora Sinistra il y a cinq ans, le nouveau Directeur Quintilius Everett (2) l'avait nommé Directeur de la Maison Gryffondor (Neville étant également le directeur-adjoint de Poudlard). Il s’arrangea pour avoir quand même le temps de retrouver son épouse Hannah au Chaudron Baveur et ne bénéficiait donc pas pleinement du logement auquel il avait droit à Poudlard. Neville était un enseignant très apprécié par ses élèves, et James appréciait ses cours. Il avait réussi à rendre passionnante une matière, somme toute assez ridicule. Il lui arrivait parfois de montrer comment des Filets du Diable ou des Tentaculas Vénéneuses avaient permis de tenir à distance les Mangemorts lors de la bataille de Poudlard. Il prenait souvent exemple sur son passé de combattant en tant que membre de l'AD et Auror, et il n'était pas rare qu'il montre à ses élèves son Gallion de l'AD. James savait qu'il avait, tout comme son père, ses galons d'Auror ainsi qu'un Ordre de Merlin 1ère classe gagné à l'issue de la guerre, mais ce genre de récompense officielle l'intéressait moins car jugé trop "pompeux" par l'intéressé. Il chérissait surtout son Gallion de l'AD et les élèves étaient souvent admiratifs de leur légendaire professeur.


James fut tiré de sa rêverie par son cousin qui lui tapait sur l'épaule : Fred Weasley. Il était le fils de Georges et Angelina. Lui et sa sœur jumelle : Roxane, étaient de la même année que James. Celui-ci était très proche de ses deux cousins qui avaient hérité du même penchant que lui pour les farces. Il n'était pas rare que leur groupe d'amis sorte en douce du dortoir de Gryffondor pour aller voler de la nourriture dans les cuisines où se balader dans la Forêt Interdite. Fred et James étaient sans doute ceux qui avaient le plus d'imagination pour monter des plans, souvent extrêmement risqués, mais qui leur apportaient à chaque fois une bonne dose de rigolade. Fred avait justement l'expression avide sur son visage du garçon qui avait trouvé une bonne blague à faire. Et c'est tout excité qu'il s'adressa à James :


 -Regarde ce que mon père m'a donné, dit-il en montrant un paquet dans sa main.


 James n'en croyait pas ses yeux, Fred avait dans sa main le premier modèle, pas encore commercialisé, des Réglisses d'Eurk le Crasseux. L'emballage représentait un gobelin très laid qui laissait dégager un filet de fumée verte à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Ces horribles réglisses donnaient à celui-qui le mangeait une haleine ignoble pendant 2 heures.


 -C'est merveilleux, lui chuchota James. Tu as une idée pour réussir la blague ? 


-Mon père m'a dit que Grand-Mère allait disposer des friandises en même temps que le gâteau, on pourrait en glisser quelques-unes avec.


 -Excellente idée, faisons semblant d'aller au petit coin, lui souffla James dans un murmure.


Et les deux garçons se levèrent et se dirigèrent vers l'intérieur de la maison. Cependant, au lieu de tourner à droite de suite après l'entrée, ils continuèrent et se rendirent dans la cuisine. Une dizaine d'assiettes contenait toutes sortes de petites friandises caramélisées en forme de balai, et toutes faites maison. Molly y tenait !


 -Grand-Mère va nous tuer …


 -Oui, elle déteste voir notre famille transformée en cobaye pour les produits d'oncle Georges. Mais ça fera bien rire mon père. Il aime toujours les imprévus, le rassura James. 


Fred lui sourit et commença à disposer des réglisses dans chaque assiette. Alors qu'il avait bientôt terminé son paquet, il fut interrompu par un bruit de flammes. Dans le salon, la cheminée venait de crépiter. Une fois que les flammes vertes avaient disparu, James eut du mal à déglutir. Un homme massif, de taille moyenne, au visage rond cerné par de longs favoris bruns, de la même couleur que sa tignasse ébouriffée, les remarqua immédiatement et leur sourit de bon coeur. L’homme épousseta brièvement sa robe ocre brodée de motifs astronomiques blancs, puis sortit de l’âtre de la cheminée. C’était le Directeur de Poudlard, Quintilius Everett. 


-Potter, Weasley ! Qu'êtes-vous encore en train de manigancer ? demanda-il en accentuant fortement le « encore ». 


-Bonsoir Professeur, salua James en essayant de prendre un ton dégagé. Notre Grand-Mère vient de finir ces délicieuses friandises et elle nous a demandé de les goûter pour voir si elles ne collaient pas trop aux dents. Grand-Père déteste ça. 


Le Directeur les regarda chacun leur tour dans les yeux. Il semblait les passer au rayon X et James détestait quand le Directeur faisait ça. Il se sentait comme nu face au regard inquisiteur du vénérable Professeur. Mais, celui qui était aussi leur enseignant de Défense Contre les Forces du Mal était un homme bon qui punissait rarement. Il respectait profondément tous ses élèves et il préférait laisser la discipline au Professeur Londubat, qu'il avait nommé Directeur-Adjoint.

 

-Je me doute que vous me mentez, dit-il lentement, un sourire se dessinant sur son visage. Cependant, je ne peux pas pousser le zèle en vous punissant chez vous, qui plus est, lorsque vous êtes en vacances. En fait, je désirais simplement m'entretenir avec votre père, Monsieur Potter. Pourriez-vous m'indiquer ... 


Mais il fut interrompu par l'arrivée de Molly Weasley, suivie de Harry qui la forçait à recevoir son aide.


-Molly ! Vous avez fait assez de travail, comme ça. Je peux au moins vous aider à apporter le dessert à …


Mais Harry s'interrompit en voyant le nouvel arrivant.

 

-Professeur Everett ? Que nous vaut cet honneur ? 


-Bonsoir Monsieur Potter, je suis désolé d'arriver de la sorte à l'improviste. Mais Neville m'avait promis que je ne vous gênerais pas. En fait, je souhaiterais m'entretenir avec vous. 


-Bien sûr que non, Professeur, c’est même un plaisir de vous voir ! 


Il jeta un coup d'œil à James et Fred : 


-Les enfants, vous n'avez qu'à aider grand-Mère à porter les desserts à table. Je ne serai pas long. 


James et Fred s'exécutèrent. Pendant que Molly faisait léviter les assiettes contenant les friandises, ils prirent le gâteau d'anniversaire à deux. Fred avait sorti sa baguette pour faire léviter l'immense pièce montée garnie de crème et de chouquettes caramélisées, mais le coup d'œil désapprobateur de Molly le fit se résigner à porter le gâteau « à la Moldue ». Les deux garnements portèrent le gâteau jusqu’à la table où il fut accueilli par des rugissements approbateurs des convives. Certains, et surtout les femmes, prétendaient que Molly avait prévu beaucoup trop de nourriture et que le gâteau allait les faire exploser. Mais James avait une autre idée en tête que celle de manger paisiblement une part de gâteau. Il tira Fred par le bras, sortit de sa poche une paire d'Oreilles à Rallonges, en tendit une à Fred. Et tous deux repartirent en direction du Terrier, prétextant un nouvel arrêt aux toilettes, sans tenir compte du regard mi-inquisiteur, mi-mamusé de l’Oncle Georges. 


Arrivés devant la porte de la cuisine désormais fermée, ils déplièrent leurs oreilles à rallonge et entendirent la voix chaleureuse du Directeur de Poudlard :


 -Voilà bien longtemps que vous n'avez pas recruté d'Auror. Il faut admettre que le niveau que vous exigez ne sera sûrement jamais plus atteint. Vous vous êtes entouré de personnes ayant vécu une sombre période, et qui, par la force des évènements, ont acquis des compétences qu'aucun élève de Poudlard ne peut prétendre posséder. 


-Je n'ai jamais remis en cause votre enseignement, Professeur, vous savez sans doute que nous avons de moins en moins de missions et que le Ministère fait tout pour que nous ne devenions qu'une institution symbolique. Mais je suis conscient du vieillissement de mes troupes. Et je vais penser à un renouvellement des aspirants dans les prochaines années, à condition que l’administration me laisse y procéder, énonça la voix de Harry. 


-Je n'ai cependant pas la prétention d'en savoir autant que vous, Monsieur Potter. Je pense, modestement, être assez pédagogue et avoir assez de connaissances pour guider les élèves jusqu'aux BUSEs, mais je pense qu'arrivé au niveau ASPIC, un sorcier de votre trempe pourrait apporter un développement beaucoup plus intense des bases que j'aurai développées.


 -Le Professeur Londubat pourrait vous seconder pour ce cours, dit lentement Harry. Je doute que je puisse assumer à la fois le Bureau des Aurors, et à la fois un poste d'enseignant. 


-C'est le Professeur Londubat qui m'a soufflé l'idée de vous recruter lorsque je lui ai proposé de prendre en charge les ASPICs dans cette matière. Il m'a alors raconté que vous vous plaignez que votre Bureau ne soit plus au feu de l'action. Il m'a aussi fait part du plaisir que vous aviez pris lorsque vous meniez l'Armée de Dumbledore, que vous aviez formée pour enseigner cette même matière et commencer à unifier la résistance des jeunes. Je suis persuadé que vous êtes resté un enseignant compétent, assura le Directeur de Poudlard. 


-Il est vrai que j'ai pensé à enseigner. Notamment après certaines blessures … Dans ces moments-là, mon épouse voulait que je quitte immédiatement mon poste actuel, mais même sans ça, j'avais déjà envisagé de candidater d'ici quelques années. Après avoir pris ma retraite au Bureau des Aurors … Cependant, je doute de pouvoir concilier les deux. 


-Je vais une fois de plus, prendre mon modeste exemple, continua Everett. Personne ne croyait que je réussirais à assumer et la fonction de Directeur, et la fonction d'enseignant. Aussi bizarre que cela puisse paraître, c'est une chose inédite à Poudlard. Pourtant, huit années ont passées, et j'arrive à concilier gestion de l'école et cours avec mes élèves. Et mon objectif de rester proche d'eux est atteint. 


-Il y a beaucoup de choses inédites à Poudlard depuis la direction de Minerva, puis la votre, Professeur. James me dit souvent que, hormis pour les banquets d’évènements, les Maisons se mélangent pour les repas quotidiens. Vos groupes de travail où des élèves de plusieurs Maisons sont mélangés pour s'entraider sont aussi une excellente idée. Pour tout vous dire, je pense que le concept de Maison est quelque peu dépassé désormais. La guerre nous a montré que des Poufsouffle pouvaient être aussi courageux que des Gryffondor, tandis que certains Gryffondor pouvaient s'avérer être de redoutables lâches. 


-Je suis assez d'accord avec vous sur le concept des Maisons, confia Everett. Néanmoins, cela fait partie d'une certaine culture que l'on se doit de préserver puisqu'elle fait l'identité de Poudlard. Ce qui est sûr, c’est que ce serait un honneur pour moi de vous compter dans notre équipe pédagogique. Vous pourriez m'aider à combler de mieux en mieux ce fossé qui sépare les Maisons. Ah ! Et vous me parliez également de votre emploi du temps, je vous garantis que je m'arrangerai pour que vos classes se déroulent toutes sur le même jour, il faut compter deux classes par niveau et 2 heures par semaine en ASPIC. Nous ferons donc tenir tout ça sur la journée qui vous arrange. 


James entendait Harry qui semblait taper frénétiquement du pied en signe de défaite, face aux arguments implacables d’Everett.


 -Très bien, je .. J'accepte. Il est vrai que j'ai moins de travail et collaborer avec vous sera un honneur pour moi, Professeur. 


-Harry, je vous en prie. Appelez-moi Quintilius, vous faites partie de la famille maintenant. J'attends votre hibou pour m'indiquer le jour de la semaine qui vous arrange le mieux pour vos cours. Nous devrons également nous rencontrer pour que je vous explique les savoirs que j'estime acquis par mes élèves en BUSE.


-Très bien, Pro... Heu, Quintilius, dit Harry d'une voix enjouée. Mais je vous en prie, joignez-vous à nous, nous attaquons le dessert. 


James et Fred se dépêchèrent de replier leurs Oreilles à Rallonge et de sortir dans le chapiteau du jardin du Terrier. Ils retournèrent s'asseoir à table, les convives n'avaient pas encore attaqué le dessert et attendaient Harry pour souffler les bougies. James était horrifié. Son père allait enseigner a Poudlard, il pourrait avoir un contact hebdomadaire avec ses autres enseignants qui se feront un plaisir de lui détailler les bêtises qu'il aura faites. Et puis, les autres élèves n'auront pas fini de le comparer à son illustre père. En plus, la Défense Contre les Forces du Mal était sa matière préférée. Mais maintenant ... Son père allait exiger de lui un niveau élevé. Il deviendrait aussi strict que Neville et James sait très bien comment cela se passe lorsqu'un enseignant veut le surcharger de travail : l'aîné des Potter finit par abandonner. Face à eux, Rose les regardait d'un air inquisiteur. Elle leur parla à voix basse : 


-Le gratin de Grand-Mère a dû vous rendre malade ... Vous avez passé tellement de temps aux toilettes. Et deux fois d'affilée ! 


-Rosie ... commença James. 


-Ne me prenez pas pour une idiote, je sais que vous avez préparé un sale coup et ... 


Mais elle fut interrompue par plusieurs cris de dégoût. Gary Londubat n'avait pas pu s'empêcher de goûter aux friandises et, visiblement, la Réglisse d'Eurk le Crasseux avait eu son effet, une fumée verte sortait à présent de sa bouche. Rapidement, une odeur pestilentielle d'œuf pourri mêlée à l'odeur de la bouse de dragon embauma tout le chapiteau. James vit que son oncle Georges regardait dans leur direction d'un air amusé. Il se leva de sa chaise et annonça : 


-Réglisses d'Eurk le Crasseux, 50 Noises l'Unité, 3 Mornilles le paquet de 40. Elles vous donneront l'haleine d'Eurk pendant deux heures. Et c'est une invention des Farces pour Sorciers Facétieux ! 


La foule applaudissait gaiement tandis que sa mère allait exploser de rage. Harry et le Professeur Everett qui venaient de rejoindre la foule se joignirent aux rires. James ne put s'empêcher de remarquer que Everett regardait dans sa direction d'un air amusé. 


-Désolé M'man, reprit Georges. Quelqu'un a dû en glisser malencontreusement dans les friandises. Heureusement, j'ai le contre-sort à ça. 


Il pointa sa baguette sur Gary qui ne crachait plus de fumée verte et agita sa baguette en direction du chapiteau pour enlever toute odeur. On oublie ça d'accord M'man ? demanda Georges d'une voix légèrement suppliante. 


Voyant que la blague venait d'être réparée et que tous les invités avaient bien ri, Molly sourit également à son tour et commença à placer les bougies sur le gâteau. Elle les alluma d’un couop de baguette magique et tout le monde se mit à chanter le traditionnel refrain. Harry eut du mal à toutes les souffler d'un coup et c'est sous couvert des applaudissements que James s'adressa à Rose. 


-Tu vois Rosie, c'est aussi bête que ça. Nous préparions cette stupide blague.

 

-Vous avez utilisé des Oreilles à Rallonge quand ton père était avec Everett dans la cuisine. Je vous ai vu les sortir, affirma Rose. 


-En effet, et il faudra être gentil avec Fred et moi pour savoir ce qu'il s'est dit. En tout cas, il va y avoir du changement à Poudlard, annonça James d'un air mystérieux. 


Et dès lors, pour le reste de la soirée, Rose avait convaincu Albus de l'aider à tirer les vers du nez de James. Puis Lily vint s'en mêler, puis les Londubat, puis Roxanne, puis Dominique, Molly (ces deux dernières ayant pourtant quitté Poudlard) et Louis. Même Lucy Weasley, la benjamine des deux filles de Percy se demanda ce que James et Fred cachaient. Molly avait fini ses études à Poudlard et Lucy était de la même année que James, en septième année à Serdaigle.


Ne supportant plus les questions envahissantes de leur famille et amis, ils préférèrent se réfugier auprès des Jumeaux Dragonneau, Lorcan et Lysander, qui s'amusaient avec un Gnome de Jardin. Ils passèrent une bonne partie de la soirée, en marge des invités, à plaisanter avec les jumeaux, souvent en se moquant de leur côté « lunaire » et ne retournèrent au chapiteau que pour boire et danser au rythme de la radio branchée sur la rediffusion d'un concert des Rebel Garewolves, le groupe en vogue du moment. 


En effet, la soirée battait désormais son plein. La table avait été rangée et des chaises étaient disposées tout autour du chapiteau. Albus et Arthur menaient les invités en leur enseignant une chorégraphie qu'ils avaient apprise durant leurs visites côté Moldu : la Macarena. Hagrid s'enfilait encore des Whisky Pur Feu aux côtés de l'Oncle Charlie et, James n'en crut pas ses yeux, du Professeur Everett. Celui-ci semblait d'ailleurs raconter une anecdote hilarante. Percy était en grande conversation avec Hannah Londubat, Fleur Delacour et Kingsley Shacklebolt, -ce dernier semblait légèrement s'ennuyer en présence du pompeux Percy-. Les amis Aurors d'Harry étaient, de leur côté, en grande conversation avec les anciens Professeurs de Poudlard. Ernie McMillan et Susan McMillan-Bones, son épouse, qui venaient d'arriver car ils sont tous deux Médicomages et travaillaient de nuit, discutaient de la grossesse de la cousine Victoire. En effet, celle-ci, mariée depuis un an avec Teddy devait accoucher en Novembre. Teddy quant à lui animait le traditionnel jeu des soirées. Il tentait de transformer son visage en celui d'un sorcier célèbre (du moins, il essayait d’en adopter les traits les plus remarquables) ou d'un membre de la famille, il l'imitait, et les enfants, souvent aidés de Ron qui adorait ce jeu, devaient deviner de qui il s'agissait. Hermione les regardait d'un air outré (Teddy venait justement de l'imiter à elle en train de crier sur Hugo et Ron) et elle préféra se retourner dignement et continuer à discuter avec Harry, Ginny et Andromeda. 


James fut tiré de sa rêverie par Alice Londubat qui dansait avec Owen Finnigan, le fils de Seamus et Lavande (des anciens camarades de classe de Harry, Ron et Hermione), de la même année que James, Fred, Roxanne et Alice, mais qui ne comptait pas vraiment parmi les amis de James. En effet, le jeune garçon à la silhouette frêle et à la tignasse de cheveux blonds avait peu apprécié une blague de James en début de première année. James lui avait mis des œufs de crapaud dans son lit et depuis, les deux garçons s'ignoraient mutuellement. Il observa ensuite la silhouette élancée d'Alice se mouvoir avec grâce au milieu de la foule. James connaissait Alice depuis toujours, c'était un véritable garçon manqué lorsqu'elle était enfant. James et elle se disputaient souvent pour des âneries et Alice l'emportait souvent quelle que soit la manière dont ils réglaient leurs comptes : Quidditch, bagarre à la Moldue, ou duel sorcier. Alice était sûrement l'amie la plus proche de James. Mais James s'aperçut, qu'au fil des années, Alice était devenue très belle. Elle avait encore grandi. Et était désormais presque aussi élancée que l'ainé des Potter. Son teint pâle s'accordait parfaitement avec sa longue chevelure blonde et ses yeux bleus, hérités de sa mère. Enfin, pour parfaire le tout, ses lèvres pulpeuses cachaient un sourire rayonnant qui enchantait toujours les personnes qui se voyaient gratifiées d’un de ses sourires. Quand elle vit que James l’observait, elle sembla repousser légèrement Owen Finnigan. Elle adressa un de ces sourires rayonnant dont elle avait le secret à James, puis, à la fin de la chanson, vint le rejoindre. Elle se mit à danser avec lui. James était un piètre danseur et préférait donc la laisser conduire. Elle approcha d'abord son corps de lui, puis approcha sa tête de la sienne. Et elle lui murmura à voix basse :


 -Alors qu'as-tu surpris ? Je vous ai vu partir avec Fred, mais je n'aurais pas été discrète si je vous avais rejoint. 


-Mon père va nous enseigner la Défense Contre les Forces du Mal à la rentrée dit-il d'un air dépité.


Elle se retira brusquement de son étreinte et le regarda avec des yeux ronds :


 -Tu veux dire qu'on va maintenant avoir deux Aurors sur le dos ?


 -Oui, confirma James. Et ils vont se sentir obligés de nous punir deux fois plus sévèrement que les autres pour éviter que les Malefoy et autre crétins de Flint crient au favoritisme. 


-C'est horrible, se lamenta Alice. Tu penses qu'ils nous en voudraient si on arrêtait l'école et qu'on demandait à Hagrid de nous former comme garde-chasse ? 


(1) Scott Hattaway est inspiré de Sean Hattaway, personnage de la merveilleuse fanfic d'Owlie Wood : June Tierney's diary. Scott serait le fils du Sang-Pur Sean Hattaway, meilleur ami d'Olivier Dubois,et de Dorys.

 

(2) Quintilius Everett : Personnage massif aux longs favoris bruns, il est âgé de 75 ans, il est père de deux filles et grand-père de quatre petits enfants. Marié à une Moldue, il vivait dans un village du Lancashire et a oeuvré, pendant la guerre, à protéger toutes les habitations Moldues à proximité de sa demeure. A l’appel de la bataille de Poudlard, il rejoignit la bataille en même temps que les habitants de Pré-Au-Lard. Il fut nommé Professeur de Défense Contre les Forces du Mal après la guerre et est devenu Directeur de Poudlard suite au départ à la retraite de Minerva McGonagall il y a 8 ans. Il a continué d'enseigner la Défense Contre les Forces du Mal en parallèle de sa fonction de Directeur. Il apprécie énormément la proximité avec les élèves, il est perçu comme un professeur extrêmement juste et pédagogue mais qui a tendance à parfois être un peu trop souple sur la discipline.

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