James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1
Ce matin-là, Andy se réveilla sur un sol particulièrement dur. Encore plus désagréable que son canapé lit, avec les arceaux qui passaient au travers de la mousse et lui détruisaient le dos. Il avait beau enchaîner les soirées alcoolisées avec son ami, il n’avait pas l’impression que son corps assimilait mieux le Whisky Pur-Feu. Trempé par la rosée du matin, il grelottait. Il avait beau garder quelques restes de son passé sportif, ses muscles ne pouvaient s’empêcher de tressaillir et d’échapper à son contrôle, transis de froid. Il s’évertua donc à tâtonner dans la poche de sa robe ouvragée, rayée rouge et blanche, pour saisir sa baguette magique. Il murmura “Ventus” et aussitôt, de l’air chaud vint soulager son grelottement.
Mais où avait-il donc atterri ? A en juger par les devantures des boutiques, il se trouvait dans une ville Moldue. Assez ancienne au vu des rues pavées et des colombages sur les bâtisses. Il se redressa, passa devant une boutique de souvenirs et s’engouffra dans une ruelle.
Il fallait qu’il rentre chez lui. Il se concentra donc sur sa Destination : le Chemin de Traverse, il se jura qu’à la prochaine visite de l’Egyptien, il lui demanderait sérieusement des comptes sur la soirée de la veille, qui comme d’habitude, n’était qu’un immense trou noir pour le jeune homme.
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La première semaine de classe fut plus qu'éprouvante. Bien que les enseignants aient tous consacré une grande partie de leurs cours à présenter le programme de l'année et à souligner l'importance des ASPIC, ceux-ci n'avaient pas tardé à inonder les élèves de devoirs. Jane Fauntleroy avait ainsi demandé un rouleau de parchemin entier sur la potion Felix Felicis. Une potion aux vertus prodigieuses, mais très difficile à réaliser. Sa consommation devrait également être extrêmement limitée sous peine d'effets secondaires très dangereux.
En plus de tout ceci, James dut se rendre aux serres, toute la soirée du jeudi, pour nettoyer la serre Numéro Trois, celle-ci ayant été inondée de fumier de dragon suite à une mauvaise manipulation d'élèves de deuxième année. Neville l’avait obligé à récurer les moindres recoins de la serre avec un simple balai et une serpillère. Il était rentré au dortoir des Gryffondor en empestant la bouse, et James eut l’impression que l’odeur, malgré une succession de douches et de changement d’uniformes, était restée sur lui toute la journée du vendredi.
C'est donc avec un soulagement inhabituel que James savoura sa soirée du vendredi qui symbolisait l'arrivée de deux jours de tranquillité. Mais surtout, le samedi matin auraient lieu les sélections du Quidditch. Scott s'était entraîné tous les soirs, Alice, Roxane et même Rose, ayant accepté de lui donner un coup de main sur les devoirs pour que celui-ci passe plus de temps à se régler sur son tout nouveau balai : un Nimbus 3001. Nancy venait régulièrement rejoindre les Gryffondor, en récréation, aux repas, et demeurait avec eux, jusqu'au couvre-feu. Ce vendredi soir, elle était même venue profiter de la salle commune de Gryffondor avant que James ne la raccompagne à vingt et une heures vers la salle commune de sa maison, dans les cachots. Elle et James, désormais plus apaisés, savouraient de précieux instants de complicité, se mettant à l’écart du groupe, ou partant en balade autour du lac pour profiter encore du soleil qui demeurerait bientôt aux abonnés absent. C’était là le défaut majeur de Poudlard. Le manque d’ensoleillement dès que l’automne arrivait. Et jusqu’au printemps. Pendant ces moments de complicité en couple, James en venait à oublier que sa meilleure amie, Alice, faisait de même qu'eux, parfois quelques mètres plus loin, en compagnie d'un sinistre garçon à tête de fouine.
Le samedi matin, James se réveilla à l'aube. Tout excité qu'il était de retrouver son équipe de Quidditch. Après s'être lavé et mis en tenue, il constata que les lits de Scott et Fred étaient déjà vides. Scott ne tenait plus en place, celui-ci était resté sur le terrain jusqu'à minuit avec Fred. Le fils de George passait ses soirées à jeter des noix, subtilisées en cuisine, à Scott qui devait les rattraper. Celui-ci devait ensuite éviter les pommes -elles aussi subtilisées-, que Fred lui envoyait et qui faisaient office de Cognards. D'après Fred, le jeune Gryffondor se débrouillait bien, et avec un peu d'entraînement, il ne tarderait pas à faire oublier l'excellent Andrew Higgins, l’ancien Attrapeur de Gryffondor qui s’était même payé le luxe de sortir avec Leanne Gatwick, la fille pour qui James avait eu un coup de foudre. Higgins avait laissé un souvenir très positif au sein de la Maison au Lion. Grâce à sa longévité au poste -il le tint pendant six ans-, ses prouesses -il n’a jamais gagné le championnat, mais il était un Attrapeur très spectaculaire et efficace-, sa régularité, et l’aura de sympathie -il était timide, réservé, et très humble- qu’il dégageait, en firent un élève très apprécié et respecté, aussi bien par ses pairs, que par le corps enseignant. Cumulant sa grâce sur un terrain de Quidditch à d’excellents résultats scolaires, et à une romance avec une des étudiantes les plus convoitées de l’école, Andrew Higgins serait difficile à remplacer dans le cœur des Lions. Scott le savait et c’est sans doute ce pour quoi l’étudiant à la coupe au bol s'entraînait avec autant de rigueur.
Ce samedi matin, la Grande Salle était déserte quand James alla prendre son petit déjeuner. Ce n'est que lorsqu'il eut terminé celui-ci qu'il croisa son cousin, Hugo Weasley, accompagné de sa meilleure amie, Laurie Filmore, dont le teint hâlé devint écarlate à la vue de James.
-Lily n'est pas là ? demanda James surpris de voir que le groupe des plus fervents supporters de l'équipe de Gryffondor n'était pas au complet.
-Oh, répondit Laurie, toujours aussi écarlate, elle était fatiguée, elle a voulu rester plus longtemps au lit, mais ne t'en fais pas. Elle sera là pour les sélections.
-Pour sûr ! ajouta Hugo avec un sourire malicieux.
Le capitaine des Gryffondor reprit donc son chemin, son fidèle Eclair de Feu sur l'épaule. En cette matinée de septembre, le soleil était au rendez-vous, comme si le climat lui-même voulait permettre aux aspirants joueurs de Gryffondor de donner le meilleur d'eux-mêmes. Néanmoins, ces sélections n'allaient pas complètement changer la donne des plans qu'avait prévu James pour l'équipe. Seul le poste d'Attrapeur était vacant. James savait précisément que Dorian Fincher, cinquième année, serait le Gardien. Le jeune Gryffondor avait une paire d'épaules si large qu'il semblait être capable de couvrir les trois anneaux d'or sans bouger, et s'il devait se mouvoir pour effectuer une parade, c'était toujours avec vivacité et fluidité. Le trio de Poursuiveurs ne bougerait sans doute pas non plus. James continuerait de jouer en pointe de la formation, Fred Weasley sur son flanc gauche et Jack Eales, cinquième année, sur son flanc droit. Enfin, les postes de Batteurs seraient occupés par Marshall Leach, quatrième année, et Donald Thatch, sixième année. Leach était le plus jeune de l'équipe, il l'avait intégrée l'année précédente, suite au départ de Domnall Sloper et le jeune Gryffondor trapu avait réalisé une grande saison, renvoyant les Cognards avec énormément de force et de précision.
Les sélections, que James organisait chaque année depuis le début de son capitanat, servaient surtout à asseoir la légitimité de l'équipe en place, et, bien que ce ne fût jamais le cas, de découvrir une pépite cachée parmi les Gryffondors. Pour le rôle d'Attrapeur, il était presque acquis que le poste serait tenu par Scott, celui-ci était motivé, talentueux, de ce qu'avait constaté James, et il s'entraînait tellement qu'il pourrait très certainement offrir une performance de haut vol pour le premier match de la saison qui devrait se dérouler à la mi-octobre. La chance de l’équipe au lion, c’était qu’ils affronteraient les Poufsouffle en premier, l’équipe réputée la plus faible de l’école. James se saisit de tout le matériel dont il avait besoin, celui-ci étant enfermé dans le bureau réservé au Capitaine. Il avait une bonne heure devant lui pour préparer l'entraînement, et il fut aidé par Fred et Scott, qui étaient déjà sur le terrain depuis l’aube. L’aspirant Attrapeur avait la mine tendue, et même la tape amicale que James lui donna sur l’épaule ne put redonner des couleurs à son teint blafard.
Au fil que l'heure avançait, le Capitaine vit arriver petit à petit un flot de Gryffondor qui prenaient place dans les tribunes. La quasi-totalité des élèves de sa maison venaient assister aux sélections, ils s’étaient tous laissés entraîner par des discussions passionnées et ils avaient compris que cette année était particulière. James et Fred, qui jouaient depuis bien longtemps pour l’équipe au Lion, défendraient leurs couleurs pour la dernière année. Et tous rêvaient de voir l'équipe menée par l’aîné des Potter remporter la Coupe qui leur échappait depuis tant d'années.
Lysander Dragonneau, accompagné de ses amis de première année, fut rapidement rejoint par Lorcan, son jumeau de Serdaigle qui n'hésita pas à héler James pour le saluer. Rose et Albus arrivèrent également peu avant le début des sélections, rapidement suivis par Roxanne, Mycroft Baines, Alice Londubat et, au grand désespoir de James, d'Owen Finnigan qui lui tenait la main. Lucy Weasley, l’air d’être tombée là par hasard, vint également saluer Alice, et s’installa aux côtés de Mycroft Baines. Nancy Frobisher se joignit également au groupe des Gryffondor, tandis que Louis Weasley, lui aussi à Poufsouffle, s'installa aux côtés de Hugo et Laurie qui avaient eux–même auparavant rejoint Gary Londubat et un groupe de cinquième année. Lily étant toujours mystérieusement absente. La montre de James affichait neuf heures tapantes, et c’est suivi de Fred et Scott qu'il vint à la rencontre du groupe d'une vingtaine d'élèves qui patientait dans le vestiaire.
Quelques seconde année, d'aspect plus frêle que les autres venaient tenter leur chance pour la première fois, l'équipe de l'année précédente était également là au complet, tandis que certains habitués des sélections, y participant chaque année sans succès, tels Jodie Stone, de l'année de James, avaient également revêtu une tunique de Quidditch. Lorsque le Capitaine des Gryffondor annonça qu'il était temps pour eux de se rendre sur le terrain, il distingua le visage écarlate d'une petite fille qui se tenait un peu à l'écart du groupe. Lily Potter, un vieux Comète 260 de l'école sur son épaule, allait participer aux sélections. Elle, qui ne volait que très rarement, et lorsque c’était le cas, les membres de sa famille lui faisaient simplement garder les buts. Elle, la petite fille espiègle qui clamait toujours haut et fort qu'elle adorait par-dessus tout supporter l'équipe de Gryffondor, voilà qu'elle montrait son intérêt pour la pratique de ce sport. James était convaincu que c’était une excellente idée de tenter les sélections dès sa quatrième année, cela lui permettrait d'acquérir une certaine expérience, et de pouvoir postuler à une place dans l'équipe dans les années qui suivraient. Agréablement surpris par sa présence, James lui adressa donc un sourire encourageant, tout en se promettant que lors des prochains matchs au Terrier, sa petite sœur jouerait à des postes plus exposés pour pouvoir s'améliorer.
Les candidats à l'équipe de Gryffondor défilaient devant lui. Les joueurs de l’année précédente : Fred Weasley, Jack Eales, les Poursuiveurs, Thatch et Leach les Batteurs et Fincher le Gardien avaient tous un air serein, mais légèrement tendu. Tandis que Scott, qui les suivait, arborait toujours un visage livide et marmonna un vague « Merci », lorsque James lui tapota de nouveau sur l'épaule en lui promettant que ça irait. Le Capitaine ordonna d'abord aux élèves de réaliser un tour de terrain en volant sur leur balai. Comme chaque année, cet exercice qui paraissait futile permettait toujours d'écarter deux ou trois débutants, souvent parmi les secondes années. Et ce fut le cas, un garçon et une fille de seconde année, justement, à en juger par leur silhouette plus juvénile, chutèrent dès le début du tour de stade et furent ainsi automatiquement écartés, non sans avoir reçus de vifs encouragements de James, qui les incita à s’entraîner pour intégrer l’équipe dans quelques années. Scott était resté en tête de cortège, sa coupe au bol, déformée par le vent, il bombait le torse tandis que son visage reprenait contenance à mesure qu'il effectuait son tour de chauffe avec prestance. Vint ensuite le moment de déterminer les Batteurs, la dizaine d'élèves qui se présentait au poste devait réussir un parcours où ils devraient renvoyer en pleine course les Cognards sur des cibles que James et Fred faisaient léviter. Sans surprise, Thatch et Leach furent reconduits, réussissant un sans-faute et ne laissant aucune contestation possible aux autres prétendants. Puis, ce fut au tour des postulants au poste de Poursuiveur qui s'avançaient. Outre Fred et Jack Eales, trois autres élèves s'étaient présentés au poste de Poursuiveur. Jodie Stone, de l’année de James, qui visait juste, mais manquait cependant d'agilité dans ses déplacements. Puis Olivia Harrison, aussi de l’année de James, elle avait des qualités, notamment une précision exceptionnelle sur ses passes et tirs, mais elle n’arrivait pas à se débarrasser de l’appréhension du Cognard, et donc, perdait énormément en vitesse d’exécution. Et enfin, Tom Martins, un ami d'Albus, ne soutint même pas la comparaison face aux deux titulaires du poste. Dorian Fincher fut également rapidement reconduit à son poste, réussissant à bloquer tous les tirs au but des Poursuiveurs retenus.
Enfin, le dernier poste à être attribué serait celui d'Attrapeur. Scott se présenta devant James, chevauchant son Nimbus 3001 tout pimpant. Lily s'approcha également, suivie d'un élève de troisième année dont James ignorait le nom. Ceux-ci furent tout d'abord jugés sur leur faculté à éviter les Cognards, Scott passa le premier et il réussit avec brio à se faufiler d'un bout à l'autre du terrain sans être effleuré par les violents coups portés par les Batteurs. L'élève de troisième année eut moins de fortune, arrivé à la moitié du terrain, il fut heurté en pleine poitrine et chuta de son balai avant d'être rattrapé in extremis par Fred et Eales. Enfin, ce fut au tour de Lily, dont le visage prit de nouveau une teinte écarlate, assortie à ses longs cheveux qu’elle avait noués en queue de cheval, lorsque Laurie et Hugo lui crièrent leurs encouragements.
Lorsque James lui donna le départ, le regard de sa petite sœur prit alors une lueur froide et déterminée. Cette même expression inquiétante que prenait Ginny lorsqu'elle se mettait en colère. Malgré l'obsolescence de son balai, Lily survola le terrain avec grâce, à la grande surprise de James, la petite rousse maîtrisait des techniques telles que la Roulade du Paresseux, qu'elle utilisa pour éviter au dernier moment le boulet de canon envoyé par Leach. Elle parvint ainsi sans embûches jusqu'au bout du terrain, sous les acclamations de ses amis de quatrième année, tandis que Scott semblait se raidir sur son balai.
-Lily ? Comment est-ce possible ? demanda James en l'observant avec des yeux ronds.
Jamais il n'aurait imaginé que sa petite sœur puisse être aussi agile sur un balai, elle ne volait que très rarement. Elle préférait être la fervente supportrice, jamais elle n'avait manifesté le désir de jouer avec ses cousins. Bien que ceux-ci ne l'auraient sûrement pas acceptée dans leurs matchs dominicaux au Terrier, et les rares fois où elle pouvait jouer, c'était pour faire acte de présence dans les buts, quand il manquait quelqu'un pour faire un nombre pair. Après tout, peut-être était-ce leur regard et leur manque de confiance en la benjamin des Potter qui avait incité Lily à se réfugier en tribunes pour vivre autrement sa passion. La jeune fille, qui s'était tirée avec brio de la première épreuve, devrait désormais se mesurer à Scott, qui lui, devait asseoir sa légitimité pour être l'Attrapeur des Gryffondor. Ils se placèrent face à face au centre du terrain, le visage tendu, pendant que James libèrerait le Vif d'Or, celui-ci voleta lentement autour des deux postulants Attrapeurs, et une fois qu'il eut disparu à toute vitesse, Harry donna le départ tandis que les Batteurs devraient bloquer la progression des Attrapeurs. Lily choisit de coller au train de Scott, qui filait à toute vitesse sur son Nimbus 3001. Celui-ci distançait allègrement la jeune fille à chaque accélération, mais celle-ci s'accrochait, poussant à bout le vieux balai de l'école. Elle semblait calculer chacun des angles qu’elle faisait prendre à son balai pour compenser son manque de vitesse par une optimisation rigoureuse de la distance à parcourir. Bientôt, alors que Scott scrutait les alentours en vol stationnaire, Lily plongea de toute la vitesse qu'elle put donner à son balai, vers le sol. Scott, pressentant qu'elle avait vu la minuscule balle dorée, donna une accélération et commença à la dépasser par la gauche, et au dernier moment, la jeune Gryffondor releva sa course, tandis que Scott, qui aurait été sans doute piégé si Lily avait eu un balai plus compétitif, ne redressa qu'un peu plus tard, lorsqu'il eut compris la feinte, ses genoux frôlant la pelouse du terrain. Si le Comète 260 de prêt de la jeune Potter avait été plus rapide, Scott aurait dû accélérer encore plus son Nimbus 3001. Et il se serait écrasé contre le sol.
-Elle a tenté une feinte de Wronski ! s'exclama un Fred stupéfait. James, tu aurais dû lui prêter ton balai, elle nous aurait encore plus bluffés.
Au même moment, Lily évitait un Cognard d'une nouvelle Roulade du Paresseux, alors que Scott, qui l'observait lui aussi, une sombre stupéfaction sur le visage, fut heurté dans le dos par le Cognard qui revenait sur les deux Attrapeurs. Encaissant le choc, il se remit rapidement en selle, mais Lily se tenait désormais à une dizaine de mètres de lui, observant son concurrent qui se remettait en chasse du Vif d'Or, c'est à ce moment-là que Lily fondit en direction de Scott, le regard fixé sur un point dans son dos, le Gryffondor, d'un geste vif, fit demi-tour avec son balai, le Vif d'Or n'était plus qu'à une dizaine de mètres de celui-ci. Alors qu'il allait donner le dernier coup d'accélérateur pour asseoir sa victoire, la jeune Potter, dans un geste fou et désespéré, digne de sa lignée, fondit au-devant du meilleur ami de son frère, lui bloquant le passage, et obligeant le Gryffondor à s'arrêter pour ne pas la faire tomber de son balai, permettant à la jeune Gryffondor de redresser sa course, reprendre une longueur d'avance, et, alors que Scott, cheveux aux vent avait donné toute l’accélération qu’il pouvait, approchait dangereusement, main droite tendue, Lily lâcha les deux mains du manche de son balai, se jeta sur le Vif d'Or dans une superbe détente, et seulement après l'avoir rattrapé, ramena le manche de son balai vers elle avec ses jambes, qui malgré son plongeon, étaient restées solidement accrochées, pour se redresser et montrer le Vif d'Or au public, stupéfait et admiratif.
Lorsque James annonça, d'une voix émue et fière, que Lily serait l'Attrapeuse des Gryffondor, tous les membres de l'équipe se jetèrent sur elle pour la féliciter, ébahis par sa prestation, qui plus est, sur un balai de l'école totalement obsolète. Les spectateurs l’avaient bien compris eux-aussi, car leur masse descendait déjà des tribunes pour se ruer sur la nouvelle Attrapeuse de la Maison au Lion. Scott se tenait à l'écart, les mains crispées, les dents serrées, et le teint livide. James, qui était certes fier et surpris par sa petite sœur, n'en était pas moins désolé pour son meilleur ami. Il savait que cette place d'Attrapeur tenait à cœur au jeune garçon. Celui-ci avait su attendre le départ de Higgins de Poudlard pour saisir sa chance. Il avait sacrifié énormément de temps pour s'entraîner, et James était, jusqu'ici, persuadé que son meilleur ami le rejoindrait dans l'équipe, tant celui-ci était doué au Quidditch. Jamais il n'aurait imaginé qu'un autre Gryffondor, et qui plus est, la propre petite sœur de James puisse dépasser le populaire Scott Hattaway.
-Je suis désolé mec ... murmura James en posant une main sur l'épaule de son ami.
-Tu aurais préféré que je la fasse tomber de son balai ? demanda Scott d'un ton amer, tout en enlevant la main de James de son épaule. J'aurais pu la devancer, j'ai simplement freiné ma course pour ne pas lui faire courir de danger. C'est injuste !
Il observait avec amertume Lily être étreinte par Hugo, Laurie, Gary Londubat, Lucy Weasley, et une masse d’étudiants admiratifs. Hugo et Laurie entreprenaient même de la hisser sur leurs épaules tandis que la benjamine des Potter, l’air gêné, semblait se retenir d’exulter.
-C'est du Quidditch, Scott, expliqua James en tentant de prendre un air conciliant. On ne te demande pas d'être galant.
-J'aurais dû me douter en la voyant, tu n'allais pas recaler ta petite sœur, fulmina Scott.
C'était donc ça ? Scott n’acceptait pas sa défaite, pourtant incontestable, et tentait de faire croire que James avait manigancé la victoire de Lily ? Le sang de l’aîné des Potter ne fit qu’un tour.
-J'espère que tu plaisantes ! tonna James. Dis-moi que tu plaisantes Scott ! Comment oses-tu crier au favoritisme ? Elle a gagné à la loyale !
-Elle est en quatrième année, elle a eu de la chance aujourd'hui, mais jamais vous ne remporterez le moindre match avec ça, cracha Scott, dépité. Les Serpentard vont la laminer.
Alice, Nancy, Roxane, Rose et Albus arrivèrent à pas précipités près des deux meilleurs amis. Les observant d'un air inquiet.
-Tiens, vous aussi, vous venez féliciter la petite Potter ? Après tout qui vous en voudrait ? Vous êtes tous du même clan, et moi, j'en suis le fantôme.
-Scott, arrêtes, ce n'est que du Quidditch, tenta de raisonner Alice.
-Tu n'as pas démérité, surenchérit Nancy.
-Oui, je n'ai pas démérité, répéta Scott d'un ton mauvais. Mais au final, c'est les Potter qui attirent l'attention sur eux. C'est toujours comme ça. Moi, je suis juste le gars marrant qui suit l'aîné comme son ombre. Il est beau James Potter, ce couard qui m'explique que la place est pour moi alors qu'il forme sa cadette en cachette.
-Je n'ai ... commença James révolté.
Mais Scott lui tourna les talons, son balai flambant neuf sur l'épaule, il prit congé de ses camarades qui l'observaient, horrifiés.
-Il s'en remettra, tenta de relativiser Alice, la voix tremblante. Il y attachait beaucoup d'importance, c’est normal qu’il le vive mal.
Mais Nancy, scandalisée par les propos de Scott, assimilant le groupe à un clan dévoué aux Potter, faisait part avec passion de l’ampleur de la déception qu’avait causée Scott. Clairvoyante, Rose Weasley tenta de détourner la conversation sur des choses plus positives, sans doute motivée par la vision de James qui fulminait en entendant parler de son ex-meilleur ami :
-Je n'en reviens toujours pas du niveau de Lily, constata la Préfète des Gryffondors, stupéfaite.
Tous hochèrent la tête pour montrer qu'ils partageaient son avis, sauf Albus qui rayonnait.
-Ça fait deux ans qu'elle prend ton balai en cachette, James. Chaque fois qu'on est chez grand-père et grand-mère, ou même ici à Poudlard.
-Deux ans ? s'exclama James stupéfait. Mais je n'ai jamais rien vu.
-Elle est très discrète, Lily, tu sais, continua d'expliquer Albus. Je l'ai appris cette semaine, le soir où tu étais en retenue avec Neville. Je finissais ma ronde nocturne avec Orlane -ses joues prirent une teinte écarlate, et un sourire niais apparut sur son visage à l'évocation de ce nom-, quand je l'ai croisée. Elle revenait du parc, et je lui ai demandé des explications. C'est là qu'elle m'a tout raconté sur ses envolées nocturnes. Elle te demande d’abord la Carte (et James nota qu’effectivement, Lily, depuis sa deuxième année demandait à la lui emprunter, parfois plusieurs fois par semaine),ensuite, lorsque tu es hors du dortoir, elle prend ton balai, elle part voler un moment, puis elle vient le remettre à sa place, comme si de rien n’était. Mais je ne pensais pas qu'elle avait ce niveau ! A avoir su, je serai passé gardien et elle aurait joué sur le champ pendant nos matchs au Terrier. Elle est vraiment douée !
-Elle m'étonnera toujours, murmura Alice. Je suis sûre que Scott finira par l'accepter, James. Ça doit être difficile pour lui, tu sais …
Alice préparait déjà la défense de Scott, mais James ne préféra pas répondre. Il venait d'être déçu par le garçon à la coupe au bol. Il est vrai qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que celui-ci saute au cou de Lily pour la féliciter, mais accuser James de favoritisme, insinuer qu'il savait pour sa petite sœur, et finir par tenir des propos incohérents sur le fait qu'il restait toujours dans l'ombre, c'en était trop pour James. Son ex-ami avait été trop loin. Lui avec qui James avait tout partagé, celui avec qui il avait sympathisé dès leur premier banquet de début d'année, celui avec qui il partait en escapade dans la forêt, poursuivis par Hagrid. Scott avait tout dénigré. Rien qu'en insinuant que James savait, et avait aidé Lily à jouer au Quidditch, pour ensuite faire preuve de favoritisme : il avait en fait sous-entendu que son meilleur ami n'était pas digne de confiance. Et ça, James ne le pardonnerait pas. Il ne ferait pas le dos rond pour retrouver son meilleur ami, son clan, comme Scott les appelait, le soutiendrait. Ils avaient tous compris que James n'y était pour rien dans la sélection de Lily. Elle avait gagné à la loyale, poussée par son talent, malgré le désavantage que représentait son balai de prêt. Non, James ne pardonnerait pas à Scott. Il devait comprendre son erreur, et James attendrait, le temps qu'il faudra, mais il ne bougerait pas tant que son meilleur ami ne viendrait pas lui présenter ses excuses.
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-Je suis désolée, James. Scott avait l'air furieux, murmurait Lily alors qu'elle revenait vers le château aux côtés de son frère.
Les deux se tenant à l'écart de leurs amis Gryffondor respectifs qui revenaient à présent avec entrain sur la prestation de Lily.
-Tu n'as pas à t'excuser, Lil', souffla James. Tu as été exceptionnelle. Tu dois célébrer ce moment, et tu peux être fière de toi.
Celle-ci rayonnait, heureuse du respect glané auprès de son grand frère.
-C'est même moi qui devrais m'excuser, continua James. Albus m'a raconté. Nous aurions dû te faire confiance pour jouer avec nous, et te laisser t’exposer.
-Pour ça, il aurait fallu que je me fasse confiance moi-même. Lucy, notre cousine, précisa Lily, m'a beaucoup aidé dans cette voie. Elle a deviné cet été. Alors elle m'a poussée à tenter ma chance. Sans elle, je ne me serais présentée que l’année prochaine …
-Brillante en déduction, cette Lucy, ricana James. Elle n'a pas eu tort, quand tu vas annoncer ça aux parents, ils seront vraiment ravis.
-J'ose espérer qu'ils le soient assez pour m'offrir un balai, avança Lily en rougissant.
-C'est bien la moindre des choses, soutint vigoureusement James. Il te faut un balai à la hauteur de ton talent ! D’ailleurs, tu me permets de leur envoyer un hibou ? Il faut que tu aies ce qu’il y a de mieux. Et rapidement, parce que ce que tu as montré aujourd’hui ne te privera pas de suer aux entraînements ! On va aller la chercher, cette victoire en championnat. Crois-moi Lily !
La petite fille sauta au cou de son grand frère, et désormais, Capitaine, avant de rejoindre en sautillant de joie le groupe des Gryffondor qui marchait devant eux. Et le groupe se rendit jusqu'à la Grande Salle pour prendre le déjeuner. En les voyant entrer, Scott, qui déjeunait seul, les observa d'un air dépité, et quitta la table, sans même avoir touché à son dessert.
-T'as raison. On pourra déjeuner en paix, comme ça ! cracha James suffisamment fort pour que le garçon puisse l'entendre, tandis qu'Alice écrasait avec vigueur le pied du Capitaine des Gryffondor et que Nancy ricanait de bon cœur à la pique envoyée par son petit ami.
Mais afin d’oublier la rixe avec celui qu’il pensait être son meilleur ami, James emprunta une plume et un parchemin à Rose Weasley, pendant que les autres continuaient d’imaginer avec animation, ce que serait l’équipe de Gryffondor avec sa nouvelle recrue.
Chers Papa et Maman adorés,
Je ne vous apprends rien en vous disant à quel point le Quidditch sera important cette année. Je ne doute pas une seconde que vous soutenez corps et âme l’équipe de notre maison. J’imagine que, quand vous aurez cette lettre, vous aurez déjà reçu le courrier de Lily.
Je ne pense pas que vous réalisez, car elle a le succès modeste, mais elle a été ÉBLOUISSANTE, une vraie furie sur un balai ! Et figurez-vous qu’elle n’avait qu’un vieux Comète 260 de l’école !!!!! Alors, très sérieusement, ne songez pas à lui trouver un balai au rabais, ou le vieil Eclair de Feu 1993 de Papa. Pas même ton Nimbus, M’man. Lily doit avoir ce qu’il y a de mieux aujourd’hui. Je lui ai déjà donné mon exemplaire de Balais Magazine pour qu’elle vous dise lequel elle voudrait, et j’ose espérer que vous saurez vous montrer très réceptifs à ses demandes et que vous serez très généreux.
James,
P. S. : Les premiers cours se sont très bien passés pour moi, j’ai beaucoup de travail, et je n’oublie pas que le Quidditch est un loisir et que mes ASPIC comptent vraiment. (Si, si !)
P. P. S. : Mais bon sang, vous n’imaginez pas le potentiel de Lily !!!
P. P. P. S. : Ah, Neville vous a peut-être raconté qu’il m’avait mis en retenue, mais c’était pour couvrir Nancy. Pour une fois, je n’avais rien fait. (Vraiment !)
P. P. P. P. S. : N’utilisez pas comme prétexte ma retenue pour ne pas acheter le meilleur balai possible à Lily. Je veux gagner la Coupe cette année ! (Tout le monde attend après ça à Gryffondor !)
P. P. P. P. P. S. : ça fait beaucoup de posts scriptums, mais je vous aime. Prenez-soin de vous !
-Ce n’est pas un peu trop ? demanda Alice, hilare, en lisant la lettre de son meilleur ami par-dessus son épaule.
-Ils trouveront ça drôle, affirma James. Et comme ça, ils seront peut-être plus disposés à céder à Lily. Mais si jamais ils ne lui dégotent pas, au moins un Nimbus 3001, j’ai un plan B.
-Tu vas ensorceler leur oreiller pour qu’il les supplie de céder ?
-Hum … réfléchit James. Tu sais que c’est une super idée ? Non, de base je pensais : s’ils ne veulent pas, je demanderai à ton père d’intervenir. Il veut autant que nous que Gryffondor remporte la Coupe !
Néanmoins, à bien y réfléchir, James n’imaginait pas une seule seconde que ses parents puissent refuser à Lily d’avoir un bon balai. Mais il se devait de leur souligner la prestation de sa petite sœur. Car même avec toute la mauvaise foi du monde, jamais l’aîné des Potter n’aurait pu être crédible, si, à l’issue des sélections, il avait pris Scott plutôt que Lily. Sa benjamine avait volé d’une façon tellement sereine. Elle avait réussi plusieurs Roulades du Paresseux, tenté une Feinte de Wronski, compensé le manque de vitesse de son balai en travaillant ses angles d’attaque pour ne pas allonger ses courses, et elle avait même fait preuve de vice en venant couper la trajectoire de Scott pour lui faire perdre son accélération. Il repensa d’ailleurs à leur dispute. Et il s’adressa à l’assemblée :
-Vous vous imaginez ? rétorqua-t-il pour la énième fois. Il insinue que Lily a triché, que nous ne sommes pas dignes de confiance. Scott Hattaway, si mauvais perdant, qui l'aurait cru ?
Tous -sauf Alice qui resta placide- approuvaient d'un air désolé. La plupart tentaient de relativiser la réaction de Scott, Rose trouvait même stupide que James ne soit pas déjà allé lui parler seul à seul, tandis que Lily conservait un air gêné et peiné. La jeune Gryffondor se sentait coupable d'être à l'origine de ce qui était la première vraie dispute entre les deux inséparables qu'étaient James et Scott. Mais elle fut rassurée par James, Albus, Nancy, Lucy, Roxanne, Rose, et même Fred, tous s’accordaient plutôt à encourager la jeune Gryffondor à continuer de travailler sur un balai et de ne pas tenir compte des racontars qui chercheraient à la déstabiliser.
-Et ce n’est rien ça, Lily ! affirmait Hugo. Tu vas voir quand les Serpentards vont savoir que tu intègres l’équipe ! Ils vont te cibler. Il va falloir qu’on réponde ! Heureusement, tante Ginny m’a appris un sort efficace !
-Et si je te vois l’utiliser, je rédige un rapport à Everett, intervint Rose d’un air menaçant. Et puis, pourquoi les Serpentards, tout de suite ? On a eu la preuve que même des Gryffondor criaient au complot et au favoritisme …
Tandis que la plupart du clan Potter-Weasley élargi approuvait d’un air sombre, James n’eut pas le cœur de rebondir sur la remontrance de sa cousine. C’est vrai que sur ce coup, Scott ne valait pas mieux que les Serpentards, mais James n’était pas convaincu que là était le sens de la réplique de Rose. Toujours très tolérante, et souhaitant toujours apaiser les relations entre maisons. Il était difficile de lui en vouloir. Rose ne s’intéressait que très peu au Quidditch, elle n’en saisissait pas le sens profond, qui prenait aux tripes joueurs et supporters. Elle ne comprenait pas qu’un Gryffondor, défendant les couleurs de sa maison, défendait en réalité un héritage millénaire : l’honneur de la maison au lion. Non, Rose ne considérait pas les choses par ce prisme-là. Elle et sa mère ne voyaient qu’une triste compétition de testostérone et un combat de fiertés nul et non avenu. James ne pouvait leur en vouloir, il adorait Hermione et Rose. Il admirait même les sorcières brillantes, fortes et courageuses qu'elles étaient. Mais il fallait reconnaître, que, niveau Quidditch, elles n’étaient pas aussi omniscientes que sur les autres domaines. Et quand à l’allusion que le Quidditch était un sport testostéroné, la leçon qu’avait donné Ginny sur un balai, suivie désormais par Lily ne semblait pas avoir éclairé les deux brillantes sorcières de la famille Weasley-Granger.
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James n’eut pas le temps de ruminer sa dispute avec Scott. Car, immédiatement après le déjeuner, Alice et Nancy lui proposèrent toutes sortes d’activités. Elles entreprirent de l’emmener en balade au lac de Poudlard. Après en avoir fait le tour, ils s’arrêtèrent chez Hagrid, qui était en train de réparer les pattes de deux Botrucs. Lorsqu’il demanda à James et Alice, où ils avaient mis le jeune Gryffondor à la coupe au bol, James se glaça, mais heureusement, Alice fit rapidement bifurquer la conversation en se renseignant sur les Augureys.
-Ils s’adaptent bien à leur nouvel environnement, expliquait le garde-chasse. J’avais peur que le climat soit trop chaud quand ils sont arrivés au mois d’août. Ils avaient l’habitude d’endroits plus venteux et pluvieux, mais même Rolf et Luna ont jugé qu’ils s’adaptaient parfaitement à notre Forêt.
Nancy et Alice avaient continué de suivre le cours de Soins aux Créatures Magiques en ASPIC. Ils n’étaient pas très nombreux à avoir pris cette matière, Hagrid s’en désolait, mais il fallait reconnaître que les méthodes pédagogiques du garde-chasse n’étaient pas toujours des plus académiques. James se souvint notamment d’un cours de quatrième année où Mycroft Baines avait fini à l’infirmerie, brûlé par une bien étrange créature baptisée Scroutt à Pétard. Mais visiblement, le téméraire Mycroft n’avait pas été refroidi par l’expérience, puisqu’aux côtés de Nancy et Alice, donc, May Xiong et Michael Walker de Poufsouffle, Lucy Weasley et Tobias Towler de Serdaigle et Theophilius Nott de Serpentard, il avait continué de suivre la matière en ASPIC.
-D’ailleurs, reprit Hagrid, nous irons les voir au prochain cours ! Il faudra prévoir des cache-oreilles. Leur chant n’est pas des plus agréables.
Mais James avait en tête un sujet qu’il trouvait plus pressant que les Augureys. Il avait toujours été étonné de savoir que Nott suivait encore la matière de Hagrid. Bien que le garde-chasse soit apprécié par la quasi-totalité des élèves pour sa bonhomie et sa bienveillance, ce n’était pas le cas de la plupart des Serpentards, qui jugeaient ses manières très vulgaires, et le voyaient comme un domestique plutôt qu’un enseignant. L’aîné des Potter réitéra donc la question qu’il avait l’habitude de poser depuis l’année passée.
-Mais comment diable, Nott peut se comporter en classe avec vous tous ?
-Il n’est pas si mauvais, tempéra Hagrid. J’ai l’impression que ce n’est pas un méchant garçon … Quand il est tout seul.
-C’est vrai, approuva Alice. Il est plutôt cordial avec nous tous pendant la classe. La dernière fois, il a même aidé Mycroft à sortir un Noueux qui s’était vautré dans un massif de ronces.
-Mouais, douta James. Chaque fois que je le croise, c’est la même chose …
Et il mima le geste obscène qu’avait l’habitude de faire Nott, tandis que Hagrid concluait d’un ton sage que tel le phénix ou la flamme, personne ne saurait qui a commencé à provoquer l’autre.
Ils passèrent toute la fin d’après-midi chez Hagrid. Celui-ci proposa même aux trois septième année de les garder à dîner, mais James et Alice refusèrent en se répandant en excuses. Tous deux avaient jaugé de la consistance des friands au fromage que le demi-géant avait sorti du feu, et ils eurent sans doute la même inquiétude pour leur dentition s’ils venaient à y croquer dedans.
Alice demeura exemplaire le reste du week-end. Le samedi soir, après avoir dîné dans la Grande Salle, Nancy dut retourner dans sa salle commune au moment du couvre-feu, laissant seuls James et Alice, non sans afficher une mine renfrognée lorsqu’elle les vit repartir côte à côte. Et la jeune Gryffondor confirma plus que jamais qu’elle était le pilier de James. Elle veilla à leur faire éviter le chemin de Scott et dès qu’elle voyait James se remettre à broyer du noir, elle lui proposait toujours une activité. Elle commença par entamer une partie de Bataille Explosive, puis, quand elle vit que le Capitaine des Gryffondor commençait à se lasser, elle se proposa de se rendre dans son dortoir pour aller récupérer sa Carte du Maraudeur. Elle s’y affaira elle-même afin d’être sûre que James ne croise pas Scott qui ne dormait sans doute pas encore, et devait sans doute être assis sur son lit, en train de ruminer son mécontentement. Et, après s’être assurée que le chemin vers la tour d’Astronomie était libre, elle s’y rendit avec son meilleur ami. Ils restèrent ainsi à contempler les étoiles en silence jusqu’à presque trois heures du matin. James n’avait pas les mots pour dire à sa meilleure amie qu’il était heureux de voir qu’elle avait sacrifié les moments passés avec Finnigan pour rester auprès de lui. Car elle avait mesuré son état de tension extrême. Jamais auparavant, lui et Scott n’avaient eu un mot plus haut que l’autre. Et Alice, qui avait sans doute plein d’éléments à exposer à James, qui savait sans doute expliquer toute la mauvaise foi et le mal être de l’Attrapeur recalé, se gardait pour l’instant de remuer le couteau dans la plaie. Elle ne faisait qu’écouter et soutenir James. Lorsque Nancy était avec eux, elle tempérait la Poufsouffle au caractère volcanique, pour que celle-ci n’attise pas le feu de la haine de James envers l’ami qui l’avait déçu. Car elle était tout autant déçue que James. Elle essayait parfois d’appuyer les piques que lançait James, plus pour lui-même, mais elle se ravisait en voyant le regard réprobateur que lui lançait l’aînée des Londubat.
James réalisa alors tous les efforts que faisait Alice pour lui. Elle veillait sur lui, patiemment, s’inquiétant pour lui. Le sachant prêt à exploser de colère ou de tristesse à tout moment. Et lui, de son côté, ne lui opposait que sa mauvaise humeur et son mépris envers son petit ami. L’aîné des Potter se promit, à ce moment-là, d’essayer de reconsidérer sa position envers Finnigan. Il ne remplacera jamais Scott. James ne sera jamais intime avec lui. Mais il considérera sérieusement d’accepter sa présence aux abords du groupe. Car après tout, Alice faisait tellement de sacrifices pour lui, il se devait d’en faire de son côté. Ainsi marchait l’amitié. Et c’est pétri de ces bonnes intentions qu’il se sépara de sa meilleure amie pour aller se coucher dans son dortoir. Scott, Finnigan, Mycroft et Fred étaient déjà en train de joindre leurs ronflements à l’unisson, au travers des baldaquins de leurs lits respectifs. Un spectacle à faire pâlir de jalousie la colonie d’Augureys voisine. James se contenta de jeter un Assurdiato, et réussit à s’endormir rapidement, apaisé par la présence de Nancy et Alice à ses côtés.
Le dimanche matin, l’aînée des Londubat vint réveiller James vers neuf heures, et descendit déjeuner avec lui tandis qu’Albus et Nancy les attendaient à la table des Gryffondors. Sur une idée d’Alice, ils passèrent par les cuisines pour se faire préparer un pique-nique par les elfes, puis firent un grand tour du parc et du lac de Poudlard. Ils s’arrêtèrent pique-niquer à la lisière de la forêt, non loin du portail orné de statues de sangliers. Puis, ils passèrent l’après-midi à buller au bord du lac. James et Alice faisaient un concours de ricochets, tandis que Nancy apprenait un jeu de cartes Moldu à Albus : le rami. Et là encore, James ne sut que dire pour remercier son cercle intime d’avoir autant d’attention envers lui.
Atteignant le même degré d’apaisement que la veille au soir, James suivit ses proches dans la Grande Salle pour aller dîner. Mais ses pensées positives et sa promesse de reconsidérer son attitude vis-à-vis de Finnigan furent balayées par ce qu’il vit à la table des Gryffondor. Scott discutait allégrement avec Finnigan. Il lui servait même du jus de citrouille. Lorsqu’il croisa le regard de son ancien meilleur ami, son visage devint livide, tandis qu’Owen Finnigan toisait l’aîné des Potter de son habituel regard hautain. Sans doute que le garçon à tête de fouine avait passé le week-end à cracher sa haine de James à un Scott rendu malléable par la déception qu’il avait subi.
Ecoeuré, James tourna les talons, rejetant la main que lui posait Albus sur l’épaule, et lançant un dernier regard déçu à Alice, il remonta dans la tour de Gryffondor, sans même répondre aux suppliques de Nancy qui l’implorait de revenir.