James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 18 : Levicorpus

5854 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/02/2024 14:23

-La Défense Contre les Forces du Mal, expliquait Harry, ne consiste pas à se souvenir d'une liste de sortilèges. Ils seront utiles, certes, mais lorsqu'on est confronté aux forces du mal, si nombreuses, si diverses, si instables, si ... mouvantes, il n'y a guère plus que votre cerveau et vos tripes qui comptent. Tout se joue dans des fractions de seconde, le courage et la rapidité d'esprit, seront vos meilleures armes. Sans parler des coups du destin, qui demeurent vos meilleurs alliés, ou ennemis ... 


Chose rare pour être soulignée, Harry n'avait que brièvement parlé des ASPIC, se lançant directement dans la présentation de son cours. 


-L'important, reprit Harry Potter, ce n'est pas de connaître des sorts complexes et surpuissants, la base de tout, c'est de savoir appliquer ceux-ci, dans n'importe quelle situation. 


Les élèves de Gryffondor et Poufsouffle, qui suivaient ce cours ensemble, observaient leur enseignant avec gravité. La façon dont il parlait des forces du mal, qu'il connaissait bien, était réaliste. Il ne se vantait pas de ses succès, il tentait même de les relativiser tout en saluant le destin qui avait souvent su lui donner un coup de main fort bienvenu. La plupart des élèves arborait une mine soulagée, certains réalisant enfin, que le héros du monde sorcier était humain. Il avait été lui aussi étudiant à Poudlard, il n'était pas si différent d'eux. Et puis, ils étaient rassurés de voir que leur professeur ne semblait pas spécialement vouloir leur demander des sorts complexes et sophistiqués, qu'ils ne songeraient probablement jamais à lancer en cas de réel danger. 


-Les évènements récents, vous devez le savoir, portent la marque d'un groupe de mages noirs. “Certains” font tout pour cacher cette réalité, mais je peux vous affirmer que le monde sorcier peut à tout moment sombrer dans une nouvelle crise, digne de celles où Voldemort était parmi nous. 


Certains élèves tressaillirent à l’évocation du nom du mage noir.


-Il est donc important pour vous, jeunes étudiants, de prendre conscience de cette réalité. C'est vous, qui au sortir de l'école, serez amenés à choisir entre la lutte, l'ignorance, ou l'adhésion aux sombres desseins de l'ennemi. Le Bien … Ou la facilité … C'est vous, qui ferez avancer, les choses, expliquait Harry d'un ton grave, tout en marchant lentement au milieu des rangées de tables. Mais pour cela, je vais tâcher de vous former, de la meilleure façon qui soit à la Défense. J'essaierai de vous mettre en situation, de vous apprendre à intuiter, à réagir, face à un danger. Faire en sorte, que jamais, vous ne soyez surpris. Mais avant cela, il convient de distinguer plusieurs phases importantes dans le combat. Pour commencer, il y a une chose très importante à faire, lorsque l'on se retrouve dans une situation de danger. Savez-vous ce que c'est ? 


Quelques mains aux premiers rangs se levèrent, James pensant avoir la réponse leva également la sienne, sous les regards interrogateurs de Nancy, et Alice, assises de chaque côté de lui, sur une table de trois au milieu de la salle. 


-Oui ? demanda Harry en s'adressant à un élève du premier rang. 

-Mon père dit souvent que le plus important est de communiquer, d'appeler du renfort. Ne jamais rester seul, répondit Owen Finnigan. 

-Et Seamus a raison ! approuva Harry avec un sourire. Il est important, avant de se lancer dans n'importe quel combat, de communiquer. Qui connaît des moyens rapides pour indiquer sa position ? 


De nombreuses mains se levèrent, Nancy ayant été la plus rapide, c'est elle que Harry interrogea en premier. 


-Le Professeur Londubat nous a montré un Gallion truqué qui permettait d'envoyer des messages aux possesseurs des autres Gallions modifiés, suggéra-t-elle. 

-Oui ! approuva Harry. Un groupe de sorciers, dont Neville et moi faisions partie, se servait de cet ingénieux procédé. Il s'agit simplement d'un sortilège Protéiforme, mais je suppose que le Professeur Hamish vous a déjà enseigné comment vous y prendre. L'ennui avec ce moyen de communication, expliqua Harry, c'est qu'il est souvent difficile de sortir son faux Gallion, et d'inscrire minutieusement un message. Quelqu'un a d'autres idées ? Monsieur ? 

-Michael Walker, Mr Potter, nous pouvons aussi envoyer des étincelles dans le ciel, pour indiquer notre position, proposa le Préfet-En-Chef, hésitant. 

-Et c'est un excellent moyen d'indiquer sa position, tout à fait, Michael. L'inconvénient, c'est que cela implique que les renforts soient tout près, afin qu'ils aient les étincelles dans leur champ de vision. Personne n'a d'autres idées ? demanda Harry. Après tout, c'est normal, ce sortilège n'est plus très à la mode …


James, se souvenant de son stage au Bureau des Aurors, et de l'attaque du cimetière, demeura le seul élève à garder la main levée. 


-Par un Patronus, répondit James. Il est possible de l’envoyer comme un messager. 

-Et c'est là que je voulais en venir, James ! je suis content de voir que ton stage avec nous t'aura servi -à l'annonce de cette information, les élèves l’ignorant, se retournèrent vers James, l'air admiratif, Owen Finnigan jaugea un instant James du regard, puis se retourna pour reporter son attention sur le professeur-. Le Patronus, connu pour éloigner les Détraqueurs, s'est vu découvrir une autre utilité. Albus Dumbledore, dans sa lutte contre Voldemort, avait découvert qu'il était possible d'enregistrer un court message, qui serait transmis, parfois à des centaines de kilomètres, par un Patronus corporel. Hélas aujourd'hui, nombre de jeunes sorciers ne savent pas créer de Patronus. Les Détraqueurs ayant été scellés dans un lieu secret par l’ancien Ministre et Auror Kingsley Shacklebolt, il est donc moins enseigné . Néanmoins, le sortilège du Patronus est quand même utile pour repousser des Moremplis, mais surtout, je vais vous apprendre à utiliser votre Patronus comme messager, ce qui s'avère bien utile en cas de danger. Je vais donc vous demander de vous lever et de sortir vos …


Mais Harry s’était interrompu. Une main s’était levée au premier rang, celle de celui qui était assis à la droite de la table de Scott et Finnigan.


-Monsieur ? Vous vouliez dire quelque chose ?

-Mycroft Baines, Mr Potter. Dois-je ainsi comprendre que les hiboux ont été remplacés ?

-Ah, Mr Baines ! Vous êtes sans doute le fils d’Ormund Baines, l’éleveur … Effectivement, j’ai déjà eu cette discussion avec votre père. Il est vrai que pour certains messages à caractère urgent, les Patronus ou les Miroirs à Double Sens ont remplacé les hiboux. Mais rassurez-vous, il y aura toujours du travail pour nos amis ailés, tenta de rassurer Harry d’un ton qui se voulait conciliant. 


Mais Baines se renfrogna quelque peu. Néanmoins, sa petite remarque teintée d’amertume ne semblait plus avoir cours lorsqu’il se leva pour se mettre en place pour les travaux pratiques tandis que Harry fit signe aux élèves de s'éloigner des tables. Celui-ci, d'un coup de baguette magique, les empila sur le côté de la salle de classe. 


-Maintenant, je vais tout d'abord vous apprendre à faire apparaître un Patronus. C'est un acte de magie avancée, il vous faudra sûrement de nombreuses tentatives pour réussir ceci. Encore plus pour en obtenir un de corporel. Vous continuerez de travailler sur ça avec le Professeur Everett mercredi, et s'il le faut, nous y consacrerons une nouvelle séance lundi prochain, voire même celui d’après. Pour démarrer, je vais vous demander de fermer les yeux. 


Après avoir jeté un coup d'œil autour de lui, James vit que les élèves obéissaient. Fermant leurs yeux, et attendant patiemment les instructions de leur enseignant. 


-Maintenant, reprit Harry d'une voix douce et calme, je vais vous demander de chercher, parmi vos souvenirs, celui le plus heureux qui soit. 


Un souvenir heureux ? Il en avait tellement ! Pourquoi Harry leur demandait ça ? Allaient-ils devoir le raconter à toute la classe ? Était-ce un cours de psychologie ou de Défense Contre les Forces du Mal ?


-Ne vous en faites pas, vous devez juste vous l'imaginer, continua Harry en prenant soin d'articuler chaque mot. Il faut que vous vous figurez le moment que vous avez choisi. Que vous vous replongez dedans comme si vous le viviez de nouveau. Un moment fort, important pour vous, où vous vous souvenez d'avoir jubilé de bonheur. Essayez de vous souvenir avec précision de vos émotions, essayez de les ressentir à nouveau. 


James fixa son esprit sur un dimanche d'été au Terrier. Il n'avait que neuf ans, Teddy l'avait pris avec lui sur son balai. Voletant autour de la résidence des Weasley, James se souvint de chaque bouffée d'air frais qu'il aspirait, de cette sensation de liberté qui s'offrait à lui. Son esprit embrayant ensuite sur la soirée qui avait suivi. Les adultes dormaient paisiblement, James s'était réveillé et avait frappé cinq coups à la porte de la chambre où dormait son cadet. Le petit Albus le suivit jusque dans la remise où Teddy avait rangé son Brossdur Superstar. Sous l'œil horrifié d'Albus, James s'en était saisi et après avoir hésité un instant à quelques mètres du sol, il s'élança, reproduisant les mêmes gestes que Teddy, Victoire, Molly et Dominique exécutaient lorsqu'ils volaient sur la colline. Il se souvint de nouveau de cette même sensation de liberté, du sol qui s'éloignait, des cris apeurés d'Albus qui lui ordonnait de redescendre, du fait qu'il était désormais pilote du balai et qu'il était libre de voler où il le souhaitait. 


-Maintenant, reprit Harry, tout en continuant de vous fixer sur ce souvenir, agitez votre baguette et dites : Spero Patronum. 


Les élèves prononcèrent la formule tous en même temps, en ouvrant les yeux pour voir l'effet produit. Mais rien ne sortit des baguettes. 


-C'est normal, reprit Harry. Je n'ai jamais vu personne réussir du premier coup. Peut-être que vous ne vous concentriez pas assez, ou peut-être que ce n'était pas un souvenir assez fort. Occupez l'espace de la salle, écartez-vous si vous le voulez, je vais passer voir chacun d'entre vous pour essayer de trouver un souvenir vraiment important. Gardez le même cheminement. Fermez vos yeux, concentrez-vous. Le souvenir peut être un voyage, le moment où vous avez appris que vous étiez admis à Poudlard. Peu importe, il faut que vous réussissiez à reproduire dans votre esprit les émotions positives que vous avez ressenties. Vous pouvez aussi penser à quelque chose de plus vaste, comme une personne qui vous est chère. 


James eut donc l'idée de se concentrer sur ses amis. Se remémorant ses meilleures blagues avec Alice, le jour où celle-ci avait fait exploser le chaudron de Flint et que le Serpentard s'était retrouvé couvert de pustules, le jour où Teddy avait transformé Flint en poulet pour venger James, le jour où Scott ... Ses pensées se stoppèrent net, ressentant une boule dans son estomac. Scott ne lui avait pas adressé la parole du weekend, pire, il s'était mis à traîner avec Finnigan, ignorant totalement son meilleur ami. Tout ça parce que Lily avait été meilleure que lui aux sélections. 


James tenta donc de se concentrer sur d'autres souvenirs, comme celui du jour où il était allé voir la finale du championnat de Quidditch et où les Harpies l'avaient emporté face aux Tornades, mais là aussi, il se souvint que Scott était là, chantant fièrement l'hymne des Harpies. A chaque fois qu'il trouvait un nouveau souvenir heureux, Scott était toujours présent dans son esprit, l'empêchant de faire sortir la moindre chose de sa baguette. Il tenta alors d’aller chercher dans des souvenirs d’enfance, comme les Noël au Terrier, mais là encore, rien ne se passa. A ses côtés, Alice plissait les yeux avec force, la mine crispée, comme si elle avait pris une importante dose de Pousse-Rikiki, elle se lançait de temps à autre et prononçait la formule, mais sans plus de résultat que James. 


Elle rouvrit ses grands yeux bleus, et vit que le garçon l'observait. Celle-ci lui tira la langue avec insolence, puis se concentra à nouveau sur un souvenir. James fit de même, essayant de se remémorer sa Répartition, en prenant soin de ne pas bifurquer sur le banquet qui avait suivi où il avait sympathisé avec un garçon à la coupe au bol. Mais il fut coupé par la voix de Harry : 


-Excellent Alice ! 


Celle-ci venait de faire apparaître un nuage argenté devant elle, elle jubilait de sa réussite.

 

-Tu es sur la bonne voie, encouragea Harry. Restes sur ce souvenir, et essaye de t'en souvenir avec le plus de précision possible. 


Alice, le teint écarlate, continua de se concentrer, sans prêter la moindre attention aux élèves qui observaient avec entrain la masse argentée informe qu'elle avait fait apparaître. 


-Alors ? ça avance ? demanda la voix de Harry lorsqu’il arriva au niveau de James.

-Pas trop, non, répondit franchement James. 

-Quel souvenir as-tu choisi, si ce n'est pas trop indiscret ? 

-La première fois où j'ai volé, répondit vaguement James, ma Répartition, les blagues, les Noël au Terrier, .... 


Harry sourit nostalgiquement : 


-Moi aussi, j'avais pensé à mon premier vol sur balai. Mais ça n'avait pas marché.

-Comment avais-tu réussi ? 

-Longue histoire, avoua Harry. Mais disons que j'ai eu plus de résultats au début, lorsque je me focalisais sur une personne en particulier. Mon père en l'occurrence. 


Il lui fit un clin d'œil complice, avec un sourire narquois : 


-Allons, essaies de penser à moi, tu arriveras peut-être à quelque chose ! 


Nancy ! James le savait, il devait se concentrer sur Nancy, leur premier baiser au bord du lac pour le jeu de Pâques, les moments de tendresse dans la salle commune, le sourire de sa petite amie, son odeur, ... 


-Spero Patronum ! prononça James. 


Cette fois, un mince filet de vapeur argentée sortit de sa baguette, tandis que son père hochait la tête d'un air satisfait et l'invitait à approfondir ces émotions-là. James se remit donc à penser à sa petite amie, quand il entendit des exclamations de surprise dans la salle. Quand il ouvrit les yeux, un lézard argenté se faufilait à travers la masse des élèves pour disparaître au contact de la porte. 


-Excellent Owen ! Cela vaut bien dix points pour Gryffondor. Regardez ! Nous tenons là notre premier Patronus corporel ! 


Owen Finnigan bombait le torse, l'air satisfait, lentement, il scruta tous les élèves autour de lui, et les toisa du regard, le menton levé et les yeux qui jubilaient. Si lui y arrivait, James était sûr de réussir. Il pouvait le faire. Owen Finnigan était un crétin, jamais il ne maîtriserait quelque chose que James ne pourrait accomplir lui-même. Le garçon à la tête de fouine s’entrainait souvent aux sortilèges, il avait sans doute dû s’entraîner sur les Patronus. Ce qui expliquait certainement son avance. James pointa donc sa baguette, le regard fixé sur Alice qui observait son petit ami d'un air admiratif. Puis, gardant ses yeux ouverts, il se tourna vers Nancy, sa petite amie, qui se tenait non loin de lui, les joues rougies par la concentration. 


-Spero Patronum ! 


Et ce qui semblait être la silhouette d'un renard se dessina au bout de sa baguette, gambadant tout autour de la salle, avant de disparaître par la fenêtre. Harry et les autres élèves félicitèrent James, puis Harry rassembla les élèves pour conclure son premier cours. Il annonça que mercredi, en compagnie du professeur Everett, les étudiants approfondiront la technique pour créer un Patronus afin de passer directement à la conversion en message pour le lundi suivant, pour ceux qui auront réussi à générer un Patronus corporel. 


Après l'éprouvant -car tous les élèves s’étaient accordés pour dire que le sortilège du Patronus demeurait un acte magique qui aspirait beaucoup d’énergie-, mais non moins intéressant cours de Défense Contre les Forces du Mal, les Gryffondor avaient Sortilèges, en compagnie des Serdaigle. Le Professeur Hamish parla de nouveau du chamanisme et cette fois, James réussit, juste avant la fin des deux heures, à faire surgir un peu de pluie de son nuage. Mais tous les élèves ne connaissaient pas cette fortune. Ronnie Sullivan, l'un des batteurs de Serdaigle, fut même transporté à l'infirmerie après que son nuage lui ait explosé à la figure, laissant Hamish conclure sur cet incident.


James et Alice se rendirent ensuite dans la Grande Salle pour prendre leur repas du midi. Certains professeurs, dont Harry, Neville et Hagrid étaient déjà installés, les trois discutant paisiblement entre eux. Alice et James s'installèrent à l'opposé de la table des enseignants, à l'écart de la majorité des élèves de Gryffondor, et surtout à l'écart du centre de la table où Scott, Finnigan et Mycroft avaient pris l'habitude de s'installer. 


-Difficile ce premier cours, remarqua Alice. 

-A quoi tu pensais ? demanda James d'un ton narquois. Ce n'est peut-être pas assez important comme souvenir. 


Le teint, d'ordinaire si pâle d'Alice, prit une teinte écarlate. 


-Sûrement oui, tu as pensé à quoi toi ? Pour faire apparaître ton renard ? 

-A rien, bluffa James. J'étais outré qu'un incapable arrive à réussir un Patronus corporel. A ce moment-là, j'ai su que je savais aussi le faire. Tu comprends ? J'ai su que ce n'était pas compliqué, alors j'ai réussi parce que c'est comme si je savais que j'allais réussir. 


Interloquée par le fait que James ait traité Owen d'incapable, elle se renfrogna, arguant qu'un troll aurait été plus convenu pour représenter le Patronus de James. Scott, qui venait de passer devant lui, toujours juché entre Baines et Finnigan, lança un regard sombre à James. L'Attrapeur recalé n'avait pas réussi à faire sortir la moindre vapeur de sa baguette, durant le cours. Et les nombreux encouragements de Harry ne l'empêchèrent pas de garder son air triste et abattu. 


-Quand te décideras-tu à aller lui parler ? demanda Alice, qui avait remarqué que les deux garçons s'étaient lancés un regard noir, suffisamment important pour sortir la blonde de son mutisme. 

-Quand il consentira à s'excuser. 

-Il ne pensait pas ce qu'il a dit sur la confiance, l'ombre et tout ça, insista Alice. Fier comme tu es, tu aurais réagi pareil à sa place. 


Mais James ne l'écoutait plus, l’attention fixée sur sa petite amie qui entrait dans la Grande Salle, arrivant de son cours de Potions. ______________________________________________ 


L'entraînement de Quidditch était maintenant terminé. James rêvassait dans son bureau, les pensées orientées sur la première séance d'entraînement de l'année. En ce mercredi soir, Fincher avait été impérial dans ses buts, James et ses deux coéquipiers Poursuiveurs débordaient d'inventivité quant aux choix de leurs trajectoires pour surprendre Cognards et adversaires. Lily avait été radieuse, rattrapant chaque fois le Vif d'Or en quelques minutes, malgré le fait qu'elle volait toujours sur un vieux Comète 260. Mais ce serait de courte durée, Harry et Ginny, très fiers de leur petite dernière, avaient bien entendu accepté de lui faire parvenir un bon balai. Et c'était avec impatience que Lily scrutait l'arrivée du courrier chaque matin au petit-déjeuner. 


Les cours avaient été tout aussi éprouvants, Neville et Pritchard les inondaient de rapports à rédiger, et heureusement, James qui maîtrisait déjà le sortilège du Patronus, s’était contenté de refaire apparaître son renard argenté une bonne dizaine de fois, lors du cours de consolidation de Défense Contre les Forces du Mal. Le sort ne lui coûtait désormais plus aucun effort, et Everett avait même commencé à lui souffler des instructions pour diriger le gardien argenté. James s’amusait donc à faire circuler son renard au milieu de ses camarades, notamment autour d’Alice qui n’arrêtait pas de pester après son meilleur ami. James s’était même félicité intérieurement de voir Finnigan ne pas réussir à maintenir son lézard argenté aussi longtemps que le renard de l’aîné des Potter, malgré les conseils du Professeur Everett.


Celui-ci prenait en charge la classe de James les mercredis après-midi. Il se contentait de donner des conseils et de corriger les élèves qui tentaient de jeter un Patronus. Quelques autres élèves comme Michael Walker et Joe Calhoun avaient réussi à faire apparaître leur animal. Un chien Basset-Hound pour Walker, un coq pour Calhoun. Mais la plupart des autres élèves rencontraient des difficultés. 

Alice, vers la fin du cours, avait réussi à faire apparaître une masse un peu plus épaisse, mais aucun animal connu n'était reconnaissable. Everett lui avait ainsi, aimablement conseillé de continuer de s'exercer, que ce n'était plus qu'une question de temps pour qu'elle réussisse. 


Donc, après s’être perdu dans ses pensées et après avoir longuement traîné pour se changer, James sortit du vestiaire. Et comme bien souvent, Alice l'attendait à la sortie. 


-Tu en as mis du temps, disait-elle comme à chaque fois. 

-Désolé, je ne savais pas que tu étais là. 

-Tu dis toujours ça, tu devrais être habitué pourtant ! s'exclama Alice. 


James sourit, cette conversation, ils se l'étaient tenues des dizaines de fois, mot pour mot. Le garçon distingua cependant une forme rectangulaire, gondolant la poche avant de la robe de sa meilleure amie. 


-Londubat ? Un paquet de cigarettes ? Seriez-vous devenue folle ? 

-Je t'en devais une, expliqua-t-elle. J’ai acheté un paquet à Olivia …

-Jamais après le sport, coupa James. Mais je retiens ta proposition. 

-J'en ai fumé quatre, depuis le weekend, avoua Alice d'un air triste. 

-Rien de bien grave, tenta de relativiser James. 

-James ! souffla Alice. Tu ne comprends pas ? Vous me tapez sérieusement sur les nerfs avec Scott. Il faut que vous vous expliquiez. 

-C'est à lui de venir, trancha James. 

-Il est trop fier. 

-C'est à lui de s'excuser, répétait James. Je ne me rabaisserai pas. 

-James, tout ce qui l'importait pour revenir à Poudlard, c'était de jouer à tes côtés. Comprends sa déception ! Et votre si belle amitié ? Tu la gâcherais toi aussi par fierté ? 

-Il le fait bien lui, d'après ce que tu me dis. Et s'il voulait que je le respecte, il ne trainerait pas avec Finnigan. 

-Qu'est-ce qu'Owen a à voir dans votre dispute ? 

-Rien, mais ça m'énerve de le voir avec. On détestait ce mec avec Scott ... 

-TU détestais Owen ... 

-Non Alice, coupa James. Je déteste encore Owen aujourd'hui. C'est différent.

-Regardes-toi, James. Tu agis comme un gamin de onze ans, qui ne veut pas jouer dans le bac à sable avec un autre garçon. Réfléchis un peu, si Owen était si détestable, crois-tu qu'il resterait avec moi en attendant patiemment que tu arrêtes de jouer aux petits princes ne voulant pas voir de roturiers dans sa cour ? Crois-tu qu'il m'aurait écoutée quand je lui ai demandé de rester près de Scott, tant je souffrais de le voir tout seul ? 


Un temps outré par le cri du cœur de son amie, James la détailla attentivement du regard. Des larmes coulaient sur le visage aux pommettes saillantes d'Alice, tandis qu'elle s'allumait une nouvelle cigarette. En présentant les choses comme ça, James était un gamin. Il est vrai que Scott avait eu une réaction excessive au sortir des sélections du Quidditch, remettant en doute sa confiance envers James et dédaignant Lily. Mais James aurait dû le comprendre, s'il était vraiment l'ami de Scott, il aurait compris quelle importance il attachait de devenir coéquipier de Fred et James, deux de ses meilleurs amis. 

Mais au lieu de ça, il avait laissé Scott livré à lui-même. Il avait souvent remarqué son air sombre et triste, mais il n'en avait que faire. Avec un fort sentiment de culpabilité, James remarqua que la dispute entre Scott et lui l'arrangeait. Après tout, Alice, inquiète de voir James se mettre en colère, et sachant que son meilleur ami était lui aussi attristé par cette dispute, avait tout simplement décidé de consacrer tout son temps à celui-ci. Et donc, il n'avait plus à partager Alice avec Finnigan. Elle était toujours là, avec lui et Nancy, mais il était vrai que, désormais, c'est Scott qui trainait avec Finnigan. Égratignant la fierté de James. La même fierté qui l’empêchait de se rabaisser. Mais après tout, ils avaient dix-sept ans désormais. Ils avaient passé six années, beaucoup plus pour James et Alice, en étant en permanence ensemble. La fierté, pour de telles amitiés, ne comptait plus vraiment. 


En prenant lentement son inspiration, James promit d'aller parler à Scott. Mais, c'était déjà un effort considérable, parce qu'il savait que si lui et Scott se réconciliaient, ce qui serait sûrement le cas, Alice se ferait désormais moins présente. Profitant du fait que James, enfin de bonne humeur, soit accompagné de Scott, pour se retirer avec son petit ami. Il ne promit donc rien pour Finnigan, après tout, Alice elle-même avait dit que les choses devraient se faire progressivement. Comprenant que James ne pourrait se retenir longtemps de lancer des remarques assassines à Finnigan si on lui imposait sa présence. Alice, un sourire se mêlant désormais à ses larmes, se saisit donc du balai de James : 


-C'est moi qui conduis cette fois ! 


Et James s'accrocha à la taille de sa meilleure amie qui se dirigeait vers la tour d'Astronomie. Arrivés au sommet de celle-ci, James contempla la Carte du Maraudeur : il n'y avait ni Napier, ni Peeves, ni Neville en train de rôder sur le chemin menant à la tour de Gryffondor. James fut simplement surpris de voir que le point indiquant Lucy Weasley se trouvait encore dans la bibliothèque, faisant les cent pas dans la Réserve. 


-Elle a dû oublier que la bibliothèque fermait la nuit, suggéra simplement Alice en pouffant, lorsque James lui fit part de ses interrogations, une fois arrivés dans la salle commune. 


Et les deux amis se séparèrent pour aller dormir dans leurs dortoirs respectifs. __________________________________________________ 


James descendit déjeuner en compagnie d'Alice. N'oubliant pas leur conversation de la veille, il était fermement décidé à aller parler à Scott. Celui-ci déjeunait aux côtés de Mycroft et Finnigan. Ce qui poussa James à repousser leur discussion à plus tard. Il irait voir Scott quand il serait seul, ne voulant pas subir le regard interrogateur de Finnigan, pire, ne voulant pas lui laisser penser que James se rabaissait. Tandis que Nancy se joignit à eux, embrassant langoureusement son petit ami, Alice, la mine renfrognée se rapprocha de la table des Poufsouffle où Albus et Rose déjeunaient. L'idée était de James, il avait suggéré à son petit frère de déjeuner au plus près d'Orlane Boot pendant qu'Alice viendrait leur jouer leur spectacle. Comme chaque matin, Alice allait saluer Albus avec entrain, sous le regard outré de Finnigan, et le coup d'œil interrogateur d'Orlane Boot à qui Albus tournait toujours le dos lors du déjeuner. Cette fois-ci, après s'être fait saluer, Albus suivit Alice alors qu'elle revenait s'installer près de James, l'air grave. 


-J'en ai envoyé une copie à Papa, expliqua Albus en tendant un article découpé dans un journal Moldu. L’article date de quelques jours. 


James, se saisit du morceau de papier pour le lire, Nancy et Alice lisant par-dessus son épaule. 


Décès mystérieux d'un Antiquaire à Winchester


Hier soir, alertés par un vacarme assourdissant, les voisins de Gareth Mallory, 58 ans, ont appelé les gendarmes. Ceux-ci se sont donc rendus dans la boutique de l'Antiquaire au 15 Staunton Boulevard. Une fois sur place, c'est une macabre découverte qu'ont faite les forces de l'ordre. Gareth Mallory était étendu, mort, au beau milieu de sa boutique. D'après les premières constatations, aucune cause réelle n'a été déterminée pour expliquer son décès. Mallory, même décédé, disposait d'une excellente santé, aucun de ses organes n'ayant failli et aucune trace de coups n'était présente sur son cadavre. La mort de cet antiquaire qui vivait seul n'est toujours pas expliquée. Toujours est-il que les voisins de Mallory sont formels. Des bruits de lutte ont bien été entendus par plusieurs d'eux, mais la boutique ne présente aucune effraction. C'est donc une enquête difficile qui attend les forces de police et les médecins légistes de la police scientifique. Nous n'hésiterons pas à vous tenir informés des futures avancées de cette mystérieuse enquête. 


-La victime est en bonne santé, mais elle est décédée, expliqua Albus. C'est toujours ce que les Moldus constatent lorsque le meurtre a été commis par un sorcier. 

-Etrange, en effet, murmura James. Tu es toujours abonné à plusieurs journaux Moldus ? 

-Les plus importants, répondit Albus. Je vais voir si d'autres journaux parlent de l'enquête. Peut-être que ça n'a rien à voir avec Shafiq, mais sait-on jamais. S'il est prouvé que les sbires de Shafiq ont fait ça, il sera peut-être plus simple pour Papa de prouver que les Pro-Moldus ne sont pour rien dans l'attaque du cimetière. 

-Je devrais aussi m’abonner aux journaux Moldus … Mon père est abonné à certains. Mais ce sont des magazines de bricolage essentiellement, se désola Nancy.


Albus, visiblement intéressé par le contenu des magazines de bricolage de Mr Frobisher fut interrompu par une autre question de James.


-Je ne t’ai jamais demandé, Al’, mais, en lisant tous ces magazines, tu arrives à apercevoir une influence du monde sorcier sur le monde Moldu ?

-Hum … réfléchit Albus. En Grande-Bretagne et Irlande, pas beaucoup. Mais à l’international, c’est assez effrayant. En Afrique, il y a eu des révoltes dans les années 2010 côté Moldu. On sait que c’étaient des groupuscules de sorciers qui tiraient les ficelles. Pareil en ce moment en Europe de l’Est. Russie, Ukraine, … C’est d’ailleurs fascinant de voir que la plupart des conflits Moldus étaient synchronisés avec des conflits entre sorciers …


Mais le cadet de James fut interrompu par Lucy Weasley, qui passait devant le groupe, se joignit à eux et lut, le front plissé, l'article d'Albus. La jeune fille avait des cernes encore plus prononcées sur son visage. Ce qui n'était guère étonnant quand on savait qu'elle était encore terrée dans la bibliothèque alors que minuit était passée. 


-Etrange, vraiment, qui pourrait avoir envie de tuer un antiquaire Moldu ? 


Elle avait l'air plus inquiète qu'elle ne voulait le laisser transparaître. Se craquant chacune de ses phalanges avec nervosité. Elle se leva en prétextant devoir parler au Professeur Hamish avant leurs cours, pour disparaître dans le hall. Elle cachait quelque chose, James en était sûr. Elle qui avait d'habitude réponse à tout, voilà qu'elle se mettait à poser des questions sans apporter la réponse. Elle paraissait fatiguée, peut-être surmenée. Elle suivait toutes les options possibles et imaginables, la jeune fille devait être exténuée. James se décida donc à la suivre, à pas précipités, il sortit de la Grande Salle, mais au pied de l'escalier de marbre, il vit que Theophilius Nott était posté. Les mains dans les poches, attendant quelqu'un. James accéléra l'allure, et donna un grand coup d'épaule au garçon efflanqué aux énormes lunettes. 


-Disparais de mon chemin, vermine, aboya James à son adresse. 


Le Serpentard sec aux énormes lunettes épaisses l'observa d'un air furieux, sortit sa baguette d'un geste vif et la pointa sur James. Aussitôt, le Gryffondor se retrouva projeté dans les airs, la tête en bas, sa baguette tombant de sa poche, il sentit le bas de sa robe remonter vers ses épaules, laissant ses jambes, et, plus humiliant encore, ses sous-vêtements à l'air libre. 


-Sympa le caleçon avec les oursons, Potter, ricana Nott, avant de laisser James, bouillonnant de rage à son triste sort. 


Au même instant, des élèves sortirent de la Grande Salle, et tous tombèrent face au Capitaine des Gryffondor, dans cette position peu glorieuse. Tous éclatèrent de rire. Et parmi le flot d'élèves, un d'entre eux se détacha, Finnigan avec sa tête de fouine. Il s'avança vers James, il le contempla en continuant de s’esclaffer, et il se contenta de grimper quatre à quatre les marches de pierre sans esquisser le moindre geste envers son camarade. 

 

Puis au bout d’une poignée de secondes, c’est finalement Alice qui se faufila à travers le flot d'élèves qui continuaient de se moquer du caleçon de James. Il lui avait été offert par Nancy, alors qu'elle était allée faire du shopping côté Moldu. Maudissant Nott de lui avoir fait subir ça, sa petite amie de lui avoir acheté un caleçon si ridicule, se maudissant également à lui-même de l'avoir mis, et surtout, maudissant Finnigan de ne pas avoir daigné l'aider, il remercia à peine Alice lorsqu'elle ramassa la baguette du garçon, l'air désolée, et prononça le contre-sort pour le libérer du Maléfice. Après avoir murmuré un vague merci à Alice, le garçon disparut à toute vitesse dans les escaliers pour assister au cours de Sortilèges. Lorsqu'il fut rejoint par Alice, il raconta à son amie comment le crétin à tête de fouine était passé à côté de James sans rien faire. Et malgré les excuses que trouvaient Alice, James, qui s'était fait à l'idée qu'un jour viendrait où il supporterait Finnigan, annonça que toute négociation était désormais close sur ce point-là.

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