James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 19 : Les cernes des Weasley

6236 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/02/2024 14:27

-Il n’avait peut-être pas vu que c’était toi ! soutenait Alice alors que Neville allait commencer son cours.

 

James avait passé la matinée à pester après tout le monde suite à l’humiliation qu’il avait subie devant la Grande Salle. D’abord tout le cours de Sortilèges, puis maintenant en s’installant pour le cours de Botanique. Il en avait surtout après Finnigan qui n’avait pas daigné l’aider, et il n’avait pas manqué de le faire savoir à Alice qui, elle, défendait son petit ami. Il allait donc répliquer, mais Neville prenait la parole pour introduire son cours.   

 

-Bien, donc comme je vous l’ai expliqué, maintenant que nous maîtrisons les Snargaloufs, qui tombent souvent en ASPIC, je vous avais promis quelque chose de vraiment inédit pour les prochains cours.

 

   Assis derrière les paillasses de la Serre numéro Quatre, les élèves de Gryffondor et Serpentard (qui se gaussaient encore de la vue du caleçon orné d’oursons de James) suivaient ce cours du jeudi après-midi en commun. Ils étaient en train de sortir leurs plumes, livres et parchemins tandis que Neville expliquait le contenu des prochaines leçons. Il tâtonna dans la poche de sa robe pour en sortir une sorte d’enchevêtrement de queues de rats grises, tandis qu’Alice insistait sur le fait que James, ainsi juché sur sa robe, n’était pas vraiment identifiable. James répliqua en arguant qu’Alice faisait preuve de mauvaise foi. Mais elle coupa court à la discussion en sifflant entre ses dents :

 

   -Le cours a commencé ! Tu auras tout le loisir de râler après !

-Savez-vous ce que c’est ? demanda le Directeur des Gryffondor.

 

   Alice, qui partageait sa paillasse avec James arbora une moue indiquant qu’elle n’avait pas la réponse. L’aînée des Londubat n’avait pas hérité des capacités de son père dans la matière. Elle réussissait à y obtenir des résultats intéressants -un Effort Exceptionnel aux BUSE-, mais inférieurs à l’Optimal qu’avait obtenu son père.

 

   Neville était un enseignant passionné par sa matière. Lorsque Harry expliquait à James, pas encore entré à Poudlard, la matière que le parrain d’Albus allait lui apprendre, il eut l’impression que Neville lui enseignerait le jardinage. A la manière de Grand-père Weasley qui plantait des allées de cyprès pour éloigner les gnomes. Mais Neville avait rapidement démontré au jeune James que la botanique était bien plus importante que ça. Connaître les plantes et leurs propriétés était un bonus plus que bienvenu pour le cours de potions, par exemple. D’autres plantes permettaient de se défendre. Et d’autres encore, pouvaient rompre des charmes et des mauvais sorts. Et Neville arrivait à, non seulement transmettre sa passion à ses élèves, mais également à toujours illustrer les multiples usages qu’ils pourraient faire de leurs sujets d’études. N’hésitant pas, parfois, à mettre en application ces usages. Ainsi, il ne rechigna pas à entraîner les élèves avant les BUSE en leur préparant un parcours d’obstacle où, ils devaient, éviter des Filets du Diable, apaiser un Snargalouf, immobiliser une Tentacula Vénéneuse et stopper les jets d’Empestine d’un Mimbulus Mimbletonia.

 

   L’attention de James se fixa de nouveau sur la plante similaire à des queues de rat. Jodie Stone avait pensé y voir un bulbe sauteur germé, mais ce n’était pas la bonne réponse. Neville interrogea donc une autre élève qui sautillait sur place sur sa chaise au premier rang.

 

   -Oui, Judith ?

   -C’est une Branchiflore, Professeur ! Elle permet de respirer sous l’eau pour environ une heure. Elle pousse surtout dans le bassin méditerrannéen, mais son utilisation, si c’est en eau douce ou salée, les botanistes ne s’accordent …

   -Excellent Judith ! félicita l’enseignant avec un grand sourire tandis que Judith Bulstrode minaudait en toisant ses camarades d’un regard hautain.

 

   Neville récompensa la réponse de la Préfète-En-Chef de dix points pour la maison Serpentard et reprit son explication : 

 

-Nous démarrons donc un nouveau cycle en vue des ASPICs. La Branchiflore est une plante assez rare. Néanmoins, nous allons faire en sorte de créer les conditions requises pour qu’elle pousse dans cette serre et que nous en ayons en quantité suffisante. Nous allons faire croître nos pousses, et si nous avons tous bien travaillés, nous pourrons, pour l’arrivée du printemps, nous plonger, littéralement (il souriait de son bon mot), dans les plantes qui peuplent notre lac. Nous sommes d’ailleurs en train de plancher avec le Professeur Potter, sur une évaluation commune qui pourrait cumuler nos deux matières, Botanique, et Défense Contre les Forces du Mal dans un parcours aquatique. Mais pour l’instant, je vous demande d’ouvrir votre exemplaire de Propriétés des plantes aquatiques du bassin méditerrannéen pour que nous commencions à déterminer ce que nous devons mettre en place pour nos Branchiflores.

 

Tandis qu’Alice feuilletait son livre à la recherche du chapitre sur les Branchiflores, James, bien que satisfait du programme annoncé par Neville, préféra revenir sur l’attitude de Finnigan :

 

-Il t’en a parlé ?

-Non, James ! Je suis restée avec toi depuis ce matin, et je t’ai entendu cent fois pester après la terre entière.

-Alors demandes-lui ! Mais quand la foule est arrivée, j’ai entendu distinctement plusieurs s’écrier : “C’est Potter !”. Il le savait !

-L’aurais-tu aidé, si tu avais été à sa place ?

-Je ne veux plus voir sa gu …

-Hé, au fond ! interpela la voix de Neville. Vous attendez quoi pour vous y mettre ? Olivia a déjà rédigé trente centimètres de parchemin !

 

James se renfrogna, et face aux soupirs d’Alice lorsqu’il essayait de lui murmurer son avis sur Finnigan, il décida de garder en lui sa rancœur. D’autant plus qu’Alice semblait avoir bien compris que James ne serait désormais plus disposé à faire aucun effort pour intégrer Finnigan. Il tâcha d’oublier ce sujet pour le reste de l’après-midi, et lors du repas du soir, en compagnie d’Alice, Nancy, Fred et Roxanne, James préfèra participer aux conversations qui portaient sur le cours de Botanique.

 

-Pouvoir visiter les eaux du lac ! ça va être quelque chose s’extasia Roxanne.

-Moi, je trouve ça risqué, avoua Nancy.

-C’est justement ce qui est drôle ! lança Fred.

 

Et hormis Nancy, tous s’accordaient à dire que ce sujet d’étude était des plus prometteurs. Fred, tout comme James, n’adressait pas non plus la parole à Scott. Il avait été tout aussi vexé du comportement et des piques du jeune garçon à la coupe au bol, mais il tenta d’aborder le sujet. Expliquant qu’après tout, ils étaient amis depuis leur première année, et ils devraient s’expliquer avec lui, plutôt que de laisser pourrir la situation. Alice et Roxanne approuvaient avec vigueur ce point de vue, tandis que Nancy se renfrognait, toujours déçue par l’écossais. James, de son côté, avait promis à Alice d’aller lui parler, mais les événements de la matinée lui avaient fait oublier temporairement sa brouille avec son ex-meilleur ami. Il assura donc qu’il irait rapidement parler à Scott, une fois qu’il aurait calmé sa fureur de l’humiliation du matin.

______________

 

Le lendemain matin, James, Nancy, Alice, Fred et Roxanne prenaient leur petit-déjeuner dans la Grande Salle, après avoir discuté longuement de Quidditch avec Jodie Stone et Olivia Harrison, ils furent rejoints par Albus, qui tenait un nouveau journal à la main. Celui-ci affichait des photos animées, cette fois.

 

-Voilà que la Gazette du Sorcier parle aussi de cet antiquaire assassiné, la Brigade de Police Magique a trouvé des traces de magie sur le corps, chuchota Albus à James et Alice. 

 

Lucy Weasley, les yeux toujours cernés, se tenait également à la table des Gryffondor. James n'avait pas pu aller lui parler la veille, à vrai dire, sa haine contre Nott et Finnigan avait fini par lui faire oublier ses interrogations vis-à-vis de la Weasley lunaire. 

 

-Reste à savoir si l'affaire est liée à Shafiq, compléta Rose Weasley. 

-Papa en fait son affaire, annonça Albus. C'est lui qui a signalé ce meurtre à Greengrass. Il n'était pas convaincu, mais devant l'évidence, il a envoyé ses policiers. 

-Et pour l'affaire de Pré-Au-Lard ? demanda Alice. En sait-on plus ? 

-Non, répondit Albus d'un ton amer. Tout le cimetière a brûlé, et Greengrass continue d'enquêter sur le mouvement de Finch-Fletchley. Hier, dans la Gazette, ils ont annoncé l'arrestation d'un jeune sympathisant du Collectif. Un certain Lewis Worsley. Ils veulent donner l'impression d'avoir la situation en main mais ce n'est pas le cas. 

-L’ennui, c’est que le mouvement de Finch-Fletchley ne fait pas preuve de beaucoup de jugeote, confia Rose. Regardez !

 

Elle emprunta le journal d’Albus pour leur montrer un autre article. Celui-ci indiquait que le mouvement avait manifesté dans l’atrium du Ministère et que cela avait donné lieu à des rixes violentes avec la Brigade de Police Magique. Il n'y avait pas que Lucy Weasley qui arborait des cernes et une lueur inquiète dans ses yeux. Il en était de même pour Rose, la jeune adolescente, d'ordinaire toujours pétillante d’intelligence et de bienveillance, ne souriait guère. Elle arborait une mine triste, elle aussi avait de profonds cernes sous ses yeux, et ses cheveux roux, d'ordinaires minutieusement lissés et coiffés,étaient légèrement ébouriffés par endroits, et James nota que l’aînée des Weasley-Granger avait mis moins de minutie dans leur attache. 

 

Après avoir demandé, pour la énième fois, à ses deux cousines si elles allaient bien, James lâcha l'affaire et se contenta de parler d'Orlane Boot avec Albus. Nancy avait prêté à celui-ci son lecteur de musique. Albus avait appris sur le bout des doigts le répertoire des groupes préférés de la Préfète des Serdaigle, désormais, les deux parlaient avec entrain de leur passion commune pour les Moldus. Ce matin-là, avant même qu'Alice ne vienne saluer Albus, selon l'habituel rituel théâtral, la jeune Préfète des Serdaigle était venue à la table des Poufsouffle, où Albus et Rose déjeunaient, pour saluer avec bienveillance son homologue de Gryffondor. 

 

-Ça avance, Alb' ! se réjouissait James. Continue comme ça ! 

 

Le Potter aux cheveux noir de jeai, qui semblait un peu plus sûr de lui que lors de l'été précédent, avait même tapé dans la main de son frère et de la meilleure amie de celui-ci pour les remercier.

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Le weekend approchait, et James n'avait toujours pas parlé à Scott. Celui-ci continuait d'errer dans les couloirs, aux côtés de Mycroft et d'Owen Finnigan. La mine sombre, l'air hagard. Comme James l'avait expliqué à Alice, il ne souhaitait pas aller aborder Scott quand celui-ci serait en compagnie de Finnigan. Par principe, et par pure fierté surtout, James ne voulait pas passer pour celui qui se rabaissait devant le garçon hautain. Tout au long de la journée, Scott était demeuré près de ses deux nouveaux amis. Alice, lors du dîner, avait fini par suggérer à James d'éloigner Scott du groupe, tandis que ceux-ci sortaient de la Grande Salle pour remonter vers la salle commune de Gryffondor. James entreprit donc de suivre le trio, Scott marchant à la droite de Finnigan. James pointa alors sa baguette vers le sac de cours que Scott tenait en bandoulière : 

 

-Cracbadaboum ! murmura-t-il. 

 

Scott laissa alors échapper un rugissement dépité, tandis que tous ses livres, fioles, plumes et flacons d'encre se déversaient au milieu du hall d'entrée. James, se dépêcha de se cacher derrière le sablier géant des Serdaigle, ceux-ci étant déjà en tête de la Coupe de Quatre Maisons. 

 

-Arf, j'étais sûr que je devais changer ce sac, pesta la voix de Scott. 

-La qualité n'avait pas l'air au top, pour qu’il s’éventre comme ça, remarqua la voix hautaine de Finnigan. 

-Allez-y sans moi, lança Scott, je vous rejoins. 

-T'en fais pas, on a cinq minutes, rassura Baines. 

-Dépêche-toi, quand même, ordonna Finnigan, d'une voix qui prenait de haut le jeune Gryffondor. 

-Tu n'as qu'à nous aider à tout ramasser, grogna Baines. 

-Ce n'est pas mon sac, remarqua simplement Finnigan, tandis que James maudissait l'arrogance du garçon. 

 

Finalement, les trois avaient repris leur route, et James mit un violent coup de pied au sablier des Serdaigle, furieux que sa tentative ait échouée. Il se dirigea donc vers sa salle commune, mais lorsqu'il fit pivoter le portrait de la Grosse Dame, ni Scott, ni Baines, ni Finnigan ne se tenaient dans la salle commune. De même lorsqu'il monta dans son dortoir. Il entreprit donc de se saisir de la Carte du Maraudeur, l'activa et chercha désespérément le point indiquant le nom de Hattaway. Le garçon parcourut un moment sa carte, il vit que les points indiquant Flint, Mulciber et Nott étaient accompagnés de ceux indiquant Wilkes et Pucey, probablement le nom des deux gorilles de sixième année, qui ne les quittaient pas depuis le début de l'année. Les cinq Serpentard faisaient des allers-retours dans un couloir du septième étage, mais James voulant à tout prix avancer dans ses recherches ne se formalisa pas de l'attitude mystérieuse des Serpentard. La bibliothèque était quasiment déserte, seule Lucy Weasley et d'autres élèves de Serdaigle y avaient installé leurs quartiers en ce vendredi soir. Alice et Nancy remontaient vers la salle commune des Gryffondor, accompagnés d'Albus, Fred, Roxanne et Rose. Enfin, il trouva le trio de septième année, Scott, Finnigan, Baines, mais aussi Jodie Stone, et ses deux amies de septième année, Olivia Harrison et Cynthia Lowe qui se tenaient au sommet de la Tour d'Astronomie. 

 

-Méfait accompli, murmura James. 

 

Et il se rua vers la plus haute tour du château, en sortant de la salle commune, il croisa ses amis Gryffondor avec Nancy et leur annonça précipitamment qu'il reviendrait dans un instant, et il se dirigea à toute vitesse vers la tour. C'est la présence de Jodie Stone qui avait fait deviner à James ce qu'ils faisaient là-bas. Les trois filles de septième année, tout comme Scott et Baines, et peut-être Finnigan, après tout, étaient fumeuses. Celles-ci montaient souvent au sommet de la tour d'Astronomie pour apprécier quelques cigarettes. Lorsqu'il était dans une période de surmenage, Scott avait l'habitude de monter avec le groupe de filles pour lui aussi fumer une cigarette. Lorsqu'il arriva au pied de la Tour d'Astronomie, James monta les marches quatre à quatre, sortit le paquet de cigarettes que Scott lui avait donné il y a plus d'un an, et feignit un air surpris lorsqu'il vit que la tour était occupée par ses camarades de septième année. 

 

-Oh, lança l’aîné des Potter d’un faux air désolé ... 

 

Scott l'observait d'un air atterré, tandis que Finnigan se renfrognait, Baines et les trois filles se contentant de lui sourire aimablement. 

 

-Le Capitaine des Gryffondor qui fume ? demanda Olivia avec un air surpris. On aura tout vu ! 

-Ça m'arrive, oui, avoua James. Après une semaine pareille, ça ne peut pas faire de mal non ? 

 

Baines et les trois filles lui lancèrent de grands hochements de tête approbateurs, et continuèrent de fumer leur cigarette en silence. 

 

-Ce cours sur les Patronus, c'était intéressant, mais bon sang, James, ton père nous demande de réaliser des choses fichtrement difficiles, lança Cynthia Lowe en brisant le silence. 

-Mon père lançait des Patronus dès sa cinquième année, lança Finnigan, tout en toisant du regard ses camarades. C'est juste que le niveau baisse. 

-En cinquième année ? Wouah ! s'extasia Jodie Stone. Il doit être vachement doué.

-Harry Potter lançait des Patronus corporels en troisième année, fit remarquer Scott, en lançant un étrange coup d'œil à James. 

 

Finnigan lança un regard noir à Scott, les trois filles observaient James avec admiration, tandis que celui-ci était stupéfait, et à la fois reconnaissant envers Scott d'avoir rabaissé le caquet de Finnigan. 

 

-Ho, du calme, tempéra James. C'est de mon père qu'il s'agit, pas de moi. J'ai toujours trouvé cela désolant, de vouloir exister à travers son père. 

 

La remarque avait fait mouche, Finnigan observa le fils de Harry d'un air outré. Celui-ci ayant terminé sa cigarette, il annonça qu'il avait du travail à finir et se retira du groupe, les mains crispées, et le teint écarlate. 

 

-Ça doit être difficile, remarqua Jodie, de vivre avec quelqu'un d'aussi célèbre que Harry Potter. 

-Il est comme tout le monde dans la vie, avoua James. Pour moi, le célèbre Harry Potter qu'on me décrit, me semble si différent du père que j'ai à la maison. Mais c'est vrai que c'est souvent énervant d'être comparé à lui, et d'être populaire simplement pour mon nom de famille. 

-Tu es un élève doué, fit remarquer Olivia Harrison en souriant. Et tu es Capitaine de l'équipe de Quidditch ... 

-Disons que j'ai eu de la chance et que j'ai pu faire mes preuves, remarqua James. Je ne me soucie guère de ceux qui me font de l'œil pour mon nom de famille. A vrai dire, c'est visiblement plus difficile pour les gens qui m'entourent (et il lança un regard appuyé à son ancien meilleur ami). 

 

Les trois filles hochèrent la tête avec empathie, la suite de la discussion porta sur bien des sujets, leurs premiers cours, les autres élèves de Poudlard, la forme des Patronus. 

 

Bientôt, les filles annoncèrent leur désir de retourner dans la salle commune, suivies par Baines et Scott, mais James le retint par la manche. Celui-ci l'observant d'un air surpris.

 

 -Alice m'a fait remarquer que j'avais peut-être été excessif, remarqua James. 

-C'est marrant, elle m'a fait remarquer la même chose, souffla Scott, gêné. 

-Je ne savais pas pour Lily, répéta James.

-J'ai fini par l'admettre. L'ennui, c'est que j'en ai profité pour sortir des mots qui ont dépassé ma pensée … Toutes mes pensées négatives ont rejailli …

-Tu es très populaire, Scott. Les filles ne te regardent pas seulement parce que tu traînes avec moi. 

-Ne dis pas de bêtises, contra Scott. Tout le monde n'a d'yeux que pour toi. Regarde Flaunteroy, tu as dis toi-même que c'est moi qui avait fait tout le boulot sur la Goutte du Mort Vivant. 

-Flaunteroy est complétement sénile, répliqua James. Le jugement d'une vieille chouette ne va pas te faire te remettre totalement en question. 

 

Scott hésita, comme s'il était prêt à lancer une toute autre série de diatribes sur son supposé mal-être et sentiment de ne pas exister. 

 

-Tu devais être furieux, de me voir avec Owen. 

-C'est Alice qui lui a demandé de veiller sur toi. 

-Et elle dit que c'est toi qui est possessif et nous materne trop ! rugit Scott en levant les yeux au ciel. 

 

James sourit à la remarque de son ami, il est vrai qu'Alice en avait peut-être un peu trop fait ces derniers jours, se sentant responsable de l’état de ses deux comparses. 

 

-Alors, il est comment ? Quand on traîne avec lui ? 

-Je trainais surtout avec Mycroft, corrigea Scott. 

-Mais il était tout le temps avec Mycroft, donc avec toi, remarqua James. 

-Pas très sympa, avoua Scott. Toujours en train de faire preuve de son foutu esprit critique. Il juge sans cesse tout le monde, et ne cesse de présenter son père comme un génie. Les seules fois où il se calmait, c'était lorsqu'Alice venait lui parler, mais vu qu'elle restait toujours avec toi, ça le rendait encore plus fou furieux quand elle partait. 

 

James lui raconta alors comment Nott l'avait fait se retrouver la tête à l'envers dans le hall, et comment Finnigan était passé près de James sans rien faire. 

 

-Quel lâche ! s'exclama Scott outré. As-tu fait payer à Nott ? 

 

Désormais, Scott ne parlait plus avec son ton faussement courtois, le Scott enjoué, excité, et parfois excessif, était en train de ressurgir. Les deux se mirent alors à imaginer un stratagème pour faire payer aux Serpentard. Finalement, les deux avaient oublié leurs embrouilles de la semaine passée, reprenant leur amitié comme si celle-ci ne s'était pas arrêtée. 

 

-Au fait, James … lança Scott alors qu'il redescendait les escaliers. 

-Oui ? 

-Je m'excuse pour tout ce que j'ai pu dire. J'ai agi comme un crétin arrogant …

-T'occupes, j'ai moi aussi fait preuve d'un surplus de fierté. 

 

Et les deux garçons revinrent ensemble dans la salle commune, sous les regards rayonnants de leurs amis, tandis qu'Alice enlaçait ses deux meilleurs amis en sanglotant. Même Nancy, qui en voulait beaucoup à Scott, soupira d’un air résigné, et finit par rire aux blagues du compère de James, parfaitement revigoré par leur réconciliation.

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Les journées commençaient à s'accélérer à une vitesse vertigineuse, depuis que James et Scott se reparlaient. Dès le lendemain de leur réconciliation, ils avaient, dans un vacarme assourdissant, transformé tout le sol de la table des Serpentard, en marais géant, via un Marécage Portable de la Boutique de l'Oncle George. Les Serpentard étaient en train de s'enliser dans le marécage boueux, sous les applaudissements moqueurs du reste de la Grande Salle. Neville cherchait du regard les coupables, mais faute de preuves, il ne put punir James et Scott. Bien qu’il n’arrêtait pas de les fixer du regard en s’affairant à faire disparaitre la pitrerie du jour. Il retint même James par la manche à sa sortie de la Grande Salle.

 

Le temps libre des septième année diminuait considérablement, les professeurs continuaient de leur donner une montagne de devoirs. Hamish tentait à présent d'apprendre aux élèves à se battre en duel avec des bandeaux autour des yeux, leur demandant d'essayer de percevoir l'environnement via leur esprit. Les élèves devaient se mouvoir autour de la Grande Salle -où Hamish donnait exceptionnellement son cours- tout en essayant de se lancer des sortilèges en se servant de leur esprit comme seul sens. L'exercice était difficile, et ne présentait pour le moment aucun résultat, les élèves se contentant de déambuler, comme dans une partie de colin maillard, en jetant des sorts dans tous les sens, s'abattant parfois sur les autres élèves. Le Professeur Hamish passait ainsi les cours à se mouvoir au milieu des élèves avançant à l'aveugle, et à jeter des charmes du Bouclier dans tous les sens. 

 

En cours de Défense Contre les Forces du Mal, les élèves avaient désormais tous réussi à faire sortir un Patronus corporel, tous sauf Alice. Elle arrivait à faire jaillir un épais nuage de vapeur argentée. Plus épais même que certains des Patronus corporels, mais impossible de discerner la moindre forme animale dans son Patronus. Tandis que Harry leur avait montré comment enregistrer un message qui serait répété par le Patronus, et comment l'envoyer où on le souhaitait via un simple sortilège de Transfert, il demeura auprès de Alice pour l’aider à se concentrer davantage. Elle semblait toute proche, mais rien n’y faisait. 

 

Les deux cours suivants, Harry avait ensuite tâché de former les élèves aux sortilèges Informulés, s'apercevant que quasiment aucun d'entre eux ne les maîtrisait. James, qui trouvait l'exercice difficile, commença à réussir à envoyer des sortilèges mineurs, grâce aux précieux conseils de son père. Harry, était de plus en plus apprécié par les élèves. Non pour sa célébrité, mais parce qu'il était un enseignant très pédagogue. Passant à travers les groupes d'élèves, il n'hésitait pas à prendre beaucoup de temps avec chacun d'entre eux pour corriger leurs postures et leur donner de précieux conseils sur la démarche à suivre pour réussir un Informulé. Il appelait tous les élèves par leur prénom, dégageait énormément de sympathie lorsqu'il s'adressait à eux, et malgré le niveau de magie élevé que demandaient ses cours, les élèves s'étaient globalement mis à toujours attendre avec impatience le suivant. 

 

A chaque fin de cours, James allait prendre des nouvelles de l'enquête sur Shafiq. Harry lui expliquait que Fairbanks et Vale étaient revenus d'Egypte, quasiment bredouilles. N'ayant pu que constater que les parents de Shafiq étaient décédés au cours de l'année dernière, l'exhumation des corps ayant prouvé la véracité de cette information. Les deux Aurors en avaient ensuite profité pour enquêter sur les Rame Tep, ceux qui, vraisemblablement, avaient formé Shafiq. Les Rame Tep avaient, grâce à des plans très élaborés, réussi à semer le trouble dans les communautés sorcières et Moldues d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Shafiq semblait avoir appris minutieusement chacun de leurs procédés, consistant à semer le doute dans les différentes communautés, désigner des boucs émissaires, commanditer des meurtres sanglants et particulièrement sadiques, pour ensuite profiter du chaos engendré pour prendre le pouvoir. Harry avait donc lié toutes les affaires auxquelles Shafiq était mêlé à une volonté de semer le trouble. 

 

James et Nancy, quant à eux, passaient toujours autant de temps ensemble, se réfugiant dans la salle commune de Gryffondor, en essayant d'avancer leurs devoirs malgré les blagues de Scott. Alice, elle, en profitait désormais pour rattraper le temps perdu avec Owen. Ils s'asseyaient côte à côte en cours et dînaient souvent ensemble, au bout de la table des Serdaigle. Scott, qui chaque fois que James partait à l'entraînement, l'observait avec envie, avait fini par se voir proposer de venir aux entraînements. Cela lui permettrait d'étrenner son balai, et, d'une certaine façon, de faire partie de l'équipe. Le point positif, en faisant venir plus de monde aux entraînements, James pourrait mettre plus souvent ses joueurs en situation de match. C'est ainsi qu'il rappela Jodie Stone, Olivia Harrison et d'autres joueurs ayant montré certaines qualités aux tests. Désormais, l'équipe de remplaçants, comme James les appelait, jouait en opposition face à l'équipe de Gryffondor, et à chaque fois, Lily attrapait le Vif d'Or avant Scott. 

 

Harry et Ginny avaient en effet tenu parole, et il lui avait acheté, selon les souhaits de la benjamine des Potter, un Brossdur Galactica, dernier balai de la gamme, un peu moins rapide qu'un Nimbus 3001, mais beaucoup plus maniable. Lily brillait de mille feux sur son balai, et ses coéquipiers étaient certains qu'elle ferait des miracles lors du premier match qui les opposerait à Poufsouffle. Avant de s'endormir, James consultait chaque soir sa Carte du Maraudeur, Lucy Weasley passait toutes ses nuits à la bibliothèque, la jeune fille avait un aspect de plus en plus fatigué et déprimé. Lorsque James lui demandait ce qui n'allait pas, celle-ci expliquait simplement qu'elle avait beaucoup trop d'options à suivre. A force de se l'entendre répéter, James avait fini par s'en formaliser, d'autant plus, qu'il était inquiet par une autre de ses cousines : Rose. Elle paraissait de plus en plus lassée et stressée. De ce qu'Albus lui avait raconté, la jeune fille avait fini par envoyer une pluie de Maléfices au visage de Roger Davies Jr, le Préfet des Serdaigle et nouveau Capitaine de l'équipe de Quidditch, lassée par l'arrogance du garçon. Albus devait donc de nouveau patrouiller dans les couloirs avec une Rose au bord de la crise de nerfs. 

 

-Quand on s'est inscrit dans quasiment toutes les matières en ASPIC, James, tu dois comprendre que cela implique beaucoup de travail personnel. Et forcément, je sature un peu, répétait-elle à chaque fois. 

 

Mais contrairement à Lucy Weasley, qui semblait sûre d'elle lorsqu'elle expliquait les raisons de sa pâleur, Rose ne semblait pas aussi droite dans ses bottes. De plus, Albus, qui suivait les mêmes matières qu'elle, ne semblait pas aussi surmené. Et James était par conséquent convaincu qu'autre chose n'allait pas pour Rose. Avec Scott, les deux amis entreprirent alors de suivre Rose et d'essayer de la faire parler.

 

-Alb' va bien, argumentait James. Pourquoi pas toi alors que tu suis les mêmes cours ? 

-Il est peut-être plus habile que moi pour supporter le stress, répondait Rose, excédée. 

-Tu plaisantes ? Alb' pleurait quand une mouche atterrissait dans son potage ! 

-Il avait cinq ans, James ! Arrête de nous voir comme des gamins ! 

-On peut t'aider dans tes devoirs, proposait Scott, peu sûr de lui. 

-Tu plaisantes ? répétait Rose à chaque fois. Vous voulez me faire rater mes ASPIC ? 

 

Les deux amis essayaient d'avoir Rose à l'usure, mais ils ne parvenaient à aucun résultat. Alors, après être allés quérir l'aide d'Alice, puis d’Albus, sans succès, les deux amis continuaient de harceler la jeune fille de questions. Durant chaque récréation, chaque repas, chaque soirée dans la salle commune. Mais rien n'y faisait, la jeune fille, excédée, continuait d'envoyer valser son cousin et son meilleur ami. Tous les soirs, James observait sa carte avant d'aller dormir, Rose passait beaucoup de temps seule dans la salle de bains de son dortoir, beaucoup trop de temps pour simplement prendre une douche. Souvent, il apercevait aussi certains membres de la bande de Flint postés au septième étage. Souvent, il s'agissait des fameux gorilles : Wilkes et Pucey. Flint, Nott et Mulciber étant mystérieusement absents de la carte. Ce que James associa au fait que ceux-ci restaient dans la salle commune des Serpentard et qu'il était impossible de distinguer leur nom dans le flot des élèves de la Maison du Serpent. 

 

Un soir, alors qu'il rentrait d'un entraînement de Quidditch particulièrement éprouvant en raison du mauvais temps, et après être rentré en volant sur son balai, bien après Scott, il réitéra son observation du point de Rose Weasley sur sa carte. La jeune fille, quoi que puisse lui dire et demander James, semblait toujours autant atterrée, au bord de l'implosion, et James savait que le surmenage n'expliquait pas tout. Ce soir-là, elle n'était pas dans son dortoir. Il chercha un moment sur le plan de Poudlard. Tous les élèves semblaient être revenus dans leur salle commune, Lucy Weasley venait même de sortir de la bibliothèque et retournait vers la Tour des Serdaigle. Après avoir détaillé nombre d'endroits de Poudlard, il vit le point de Rose Weasley, qui se tenait dans une salle vide du septième étage, mais celle-ci n'était pas seule. Un autre point faisait les cent pas autour d'elle, celui-ci indiquant : Scorpius Malefoy. 

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-Par la Barbe de Merlin ! s'exclama Scott. Qu'est-ce qu'elle manigance avec ce Serpentard de malheur. 

 

James, Alice et Scott déjeunaient ensemble à la table des Gryffondor et l’aîné des Potter leur avait fait part de sa découverte de la veille, pensant qu'elle pouvait expliquer l'état de stress avancé de Rose.

 

-Ils n'étaient pas amis lors de leurs premières années à Poudlard ? demanda Alice.

 

James hocha la tête, expliquant que Rose et Albus avaient pris Malefoy sous leur aile, car celui-ci subissait nombre de quolibets de la part d'élèves de sa maison. 

 

-Les Flint, Mulciber, Nott et consorts, considèrent les Malefoy comme des traîtres à leur sang, rappela Alice. C'est logique. 

-Et Alb' et Rose avaient choisi de jouer les bons samaritains avec lui, continua James. Il leur arrivait de déjeuner avec lui, de se mettre avec lui en classe. Leur seul remerciement, c'était de se voir traiter de "stupides intellos”, et de se faire constamment rabrouer par cet enfant gâté. En tout cas, je croyais que c'était terminé, mais pas pour Rose ... 

-Serait-il possible ... commença Alice. 

-Qu'elle sorte avec lui ? termina Scott. 

-Non, répondit Alice. Elle a l’air complètement déprimée. Elle serait plus pimpante si c’était le cas …

-Un amour impossible ! C’est forcément ça, soutenait Scott. Il la fuit !

-C’est certain, triompha James. Oh Merlin ! Que dirait oncle Ron ? Et si elle croyait que j’allais l’aider à sortir avec ce crétin …

-Un jour, tu devras nous faire une liste des gens que tu ne considères pas comme « crétins », conclut Alice, les yeux au ciel. 

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James, qui venait de faire part de ses inquiétudes concernant Rose à Nancy, vit celle-ci lui promettre d'essayer d'en discuter avec Rose, espérant, elle aussi, que la jeune cousine de James ne s’était pas amourachée du perfide Serpentard. 

 

-Quand on était en troisième année, expliqua Nancy, ce petit faux-jeton a jeté un sortilège de confusion très puissant à Anita. Tout ça parce qu'elle avait ri de ses lunettes de vue. Elle a passé la journée à confondre gauche et droite. 

-Ça ne s'est pas arrangé, depuis, ironisa James, tandis que Scott qui accompagnait le couple se renfrogna. 

-A son arrivée à Poudlard, il connaissait plus de sortilèges que certains septième années, continua Nancy. Ce gamin est sinistre, il ne sourit jamais en plus. 

-Je n'y ai jamais parlé, avoua James. Mais rien ne me donne envie d'aller vers lui. Il est sordide et ... 

 

Mais involontairement, il heurta une petite élève de première année, vêtue de l'uniforme de Serdaigle, sous le choc de l'impact que James lui avait infligé involontairement, celle-ci fit choir de ses mains la balance de cuivre qu'elle tenait. Alors que Nancy s'avançait pour l'aider, la petite fille paniquée, s'empressa de ramasser les morceaux de sa balance, avant de s'enfuir à pas précipités. 

 

-Ils les font de plus en plus petits, remarqua Scott amusé. 

-Et de plus en plus asociaux, compléta Nancy. 

 

Mais James ne s'était pas occupé de la scène, non loin d'eux, il observa distinctement la tapisserie représentant Barnabas le Follet voulant apprendre la danse à des trolls. En s'attardant un peu plus sur les sujets peints, il jura d'avoir vu une forme qui, d'ordinaire, ne se trouvait pas dans cette œuvre. C'était une silhouette vêtue d'une cape lui donnant un air de chauve-souris. James aperçut un instant le visage au teint cireux de la silhouette peinte, il était encadré par des cheveux gras et noirs, et après avoir observé James, le sujet peint avait disparu, ayant continué sa route le long d'autres murs de Poudlard. 

 

-Qu'y a-t-il James ? demanda Nancy en voyant l'air intrigué de son petit ami. 

-Rien, mentit James. 

 

Mais celui-ci persista à se demander ce qu'était venu faire le portrait de Severus Rogue à cet endroit-là. Ce n’est que plus tard que James se souvint que les Serpentard étaient souvent postés dans ce couloir précis. C'était ce fameux couloir du septième étage où ils passaient des soirées à y faire les cent pas. Il se promit donc de revenir jeter un œil, la prochaine fois qu'il verrait ses ennemis postés ici. Il se demanda également s'il n'allait pas essayer de retrouver le portrait de Rogue pour lui poser quelques questions. 

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