L'évadé du clair de Lune

Chapitre 7 : Une rencontre déterminante

4093 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/03/2024 14:48

Le lendemain, Sélène se réveilla tard et, pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentait reposée bien que légèrement courbaturée. Enveloppée dans une félicité qui lui avait manqué, elle savoura le poids familier d'un bras posé sur sa taille, la douce présence dans son dos et le souffle chaud dans sa nuque. Elle sourit quand Sirius resserra son emprise et apprécia ce moment de douceur au réveil. Elle referma les yeux, sereine.

 

Elle voulait juste s'autoriser quelques instants encore dans cette bulle avant de revenir à la réalité.

Juste quelques instants sans angoisse, sans peur, sans doute.

Elle se cala encore davantage contre son compagnon et le sentit sourire dans le creux de son cou. Il huma ses cheveux.

 

— J'avais oublié le bonheur que c'était de me réveiller à tes côtés, murmura-t-il dans son oreille. J'ai l'impression d'être encore en train de rêver.

 

Elle se retourna pour lui faire face et posa ses mains sur son torse avant de relever la tête vers lui.

— Mmmh, je crois que je connais un moyen fort agréable pour s'assurer que tu sois bien réveillé, lui répondit-elle, féline, en le faisant rouler sur le dos.

 

 

Une heure plus tard, en entrant dans la pièce principale, les deux amants retrouvèrent Remus qui les accueillit avec un sourire entendu, heureux de les voir unis à nouveau.

— Les retrouvailles furent-elles aussi bonnes que vous l'espériez ?

— Un gentleman ne répond pas à ce genre de questions indiscrètes mon ami, répondit Sirius, tout sourire, en s'installant à la table. On ne t'a pas entendu rentrer, il n'y a pas eu d'alarme comme quand Sélène est arrivée hier matin.

— Ce n'est pas moi qui ai déclenché l'alarme, hier, c'est Malefoy. Je l'ai enchantée de manière à ce qu'elle ne s’allume qu'en présence d'intrus, expliqua la jeune femme.

 

A la mention de Lucius Malefoy, toutes les interrogations qu'il avait accumulées depuis sa libération revinrent de plus belle dans son esprit. Il reprit un air sérieux alors que son regard se perdait sur les coupures de presses affichées devant lui.

— J'ai tellement de questions !!

— Et je crois qu'il est temps d'y répondre, répondit sa compagne.

— Malefoy… Sérieusement ??

 

Remus étouffa un rire dans sa tasse de café, s’attirant un regard amusé de la part de Sélène. Elle savait bien que Sirius n’avait pas été ravi de voir le mage noir dans la maison la veille et la réaction de son amant n’était pas surprenante.

— Malefoy était un mal nécessaire. C’est un arriviste, un salopard de première, mais il a le bras long et j'avais besoin de lui et de ses contacts pour te rejoindre et te faire sortir de prison. Mais j’étais loin de me douter de ce que cette rencontre allait impliquer…

— Comment ça ?

— Avant de te répondre, laisse-moi juste te raconter tout ce qu’il s’est passé depuis le jour où tu as été enfermé.  

 

Sirius se recula contre le dossier de sa chaise, les bras croisés, concentré et attendit la suite de l’histoire. A ses côtés, Remus avait repris son sérieux et Sélène était calme, sûre d’elle. Elle prit une grande inspiration et commença à raconter les quatre ans de vie qu’il avait manqués depuis leur séparation sur les ruines de la maison de James et Lily.

 

Il l’écouta raconter brièvement à nouveau son interrogatoire par Barty Croupton, et si Remus avait deviné beaucoup de choses en vivant avec elle tout ce temps, il fut choqué de la réalité.

— Je comprends mieux ta réaction envers Dumbledore, dit-il, même si je la trouve un peu excessive. Il t’a sauvée, Sélène.

 

La jeune femme se renfrogna. Sirius, voulant éviter la dispute, recentra les choses. Après avoir jeté un regard noir à Remus, Sélène reprit son récit.

Elle expliqua la naissance de son plan, pendant sa convalescence à Sainte Mangouste où, se sentant seule et rejetée de tous, elle avait commencé à ruminer sa colère.

 

Elle raconta s’être exilée aux Etats-Unis, à cause du harcèlement incessant des journalistes ici, en Angleterre. C’est là-bas qu’elle avait commencé à collectionner et lire tous les journaux possibles pour suivre les moindres faits et gestes des anciens membres de l'Ordre, de Dumbledore, Voldemort ou des anciens Mangemorts qui avaient échappés à Azkaban, dans le but de trouver le plus petit indice qui aurait pu la mener à Peter.

 

Sirius ne la quittait pas du regard. Petit à petit, il mesurait les efforts qu’elle avait dû fournir pour le sortir d’Azkaban. Il se pencha en avant et lui serra la main, la remerciant encore une fois de sa fidélité et de sa loyauté envers lui.

 

Sélène lui sourit et poursuivit :

— Je lisais tout, j'y passais des heures, mais pendant longtemps, je n'ai rien trouvé. C’était frustrant. Le temps passait, je t’imaginais croupir en cellule pour quelque chose que tu n’avais pas commis et je ne trouvais rien. J’étais de plus en plus en colère, contre Voldemort, contre les Mangemorts qui avaient échappés à la prison, contre Dumbledore, contre l’Ordre du Phénix… Contre tout le monde… Petit à petit, je perdais espoir de trouver quelque chose pour prouver ton innocence. J’ai alors souvent pensé tout arrêter et venir te sortir de prison de force ! Puis enfin, j’ai repéré cette fameuse photo.

 

D'un coup de baguette magique, elle la fit voler jusque dans ses mains et la jeta négligemment sur la table.

— Je suis alors revenue en Angleterre, mais quand Mme Weasley m'a expliqué que le rat s'était enfui après la venue du journaliste, je n'avais de nouveau plus rien. Aucune piste. Mais je ne repartais pas de zéro et je savais qu’avec ça, même si je n’avais pas trouvé Peter, il y aurait au moins une personne qui me croirait enfin.

 

Elle jeta un coup d’œil à Remus qui lui sourit, gêné. Il murmura des excuses qu'il avait déjà répété des centaines de fois depuis qu'elle l'avait retrouvé. Elle lui sourit avec indulgence mais ne dit rien, sachant pertinemment que le jeune homme ne l'écouterait pas. Alors elle continua :

— Avec lui, j'ai commencé à échafauder un plan pour me rapprocher des Mangemorts qui ont échappé à la vague d’arrestations qui a suivi la défaite de Voldemort et trouver des indices auprès d'eux. Peut-être qu’eux savaient où Peter était caché et peut-être même qu'un d'entre eux le protégeait.

— C’est là que Malefoy est entré en scène, je comprends mieux, commenta Sirius.

— Pas tout à fait encore, mais c’était l’idée oui. Sauf que, les Mangemorts nous connaissaient. Ils savaient qu’on avait lutté contre eux pendant la guerre, nos visages étaient connus et j'avais peur que les sortilèges d'illusion ne suffisent pas. Il fallait trouver une solution.

 

Sélène fit une pause pour boire un peu de café.

— D’où les prothèses moldues. Avec ça, tu déjoues les sortilèges anti-illusions puisque ce n’en est pas une au sens magique du terme. Bien vu, approuva Sirius.

 

Les deux autres hochèrent la tête pour confirmer et Remus enchérit :

— Et puis, ils méprisent tellement les moldus que c'était même la solution parfaite. Il fallait juste apprendre à les utiliser.

— Je me suis donc faite embaucher sur des plateaux de cinéma pour étudier leur art du déguisement. Et Remus a commencé à travailler sur ma fausse identité. Ça nous a pris presque un an.

 

Remus expliqua alors qu'ils avaient eu l’idée du personnage de Skye Fallon en lisant le journal. Dans la petite biographie post mortem de Grant et Retha Fallon, le journaliste avait évoqué leur lignée de sang-pur, ayant des positions en faveur des moldus et de la mixité. Grant avait même proposé un projet de loi qui avait été refusé par le Magenmagot, la Haute Cour de Justices des Mages, à l'époque.

 

Sirius hocha la tête, concentré : depuis qu’il l’avait entendu en prison, ce nom lui disait quelque chose. Avec les explications de Remus, ses souvenirs se mirent en place et il se rappela le scandale que la proposition de Grant Fallon avait provoqué chez lui. C'était juste avant qu'il ne quitte la maison de ses parents, il devait avoir quatorze ou quinze ans à l'époque. Ça avait animé les repas familiaux pendant de longs mois et il avait eu droit aux protestations outrées de ses parents et cousins. Son père, bien placé au Ministère et dans le Magenmagot, avait tout fait pour faire retoquer ce projet de loi.

 

— Peu de gens s'en souviennent mais les Fallon avaient eu une fille, qui est morte assez jeune, poursuivit Sélène.

— Skye, devina Sirius.

— Je m'en suis servi, confirma Remus, et en faisant courir des rumeurs, j'ai fait savoir qu'elle avait en fait été exilée aux Etats-Unis à cause de ses positions très arrêtées et en totale opposition de celles de ses parents. C’était une affaire croustillante, alors les journalistes ont mordus à l’hameçon.

— J'avais donc mon nouveau nom, continua Sélène, et il fallait encore que je me crée un nouveau visage. J'ai utilisé ce que j'avais appris auprès des moldus et c'est des prothèses en caoutchouc que je portais à Azkaban.

 

Pour appuyer ses propos, Sélène fit apparaître d'un coup de baguette magique, son maquillage, ses prothèses et les lentilles qu'elle avait utilisés pour entrer dans la prison. Sirius en avait été témoin et pouvait confirmer sans peine : l'illusion était parfaite.

 

— Entre temps, poursuivit Remus, grâce à notre lecture assidue de la Gazette, nous sommes tombés sur un fait divers que le Ministère a tenté d'étouffer.

— L'article que tu m'as montré hier sur le vol dans les scellés du ministère, c'est ça ? demanda Sirius.

 

Le loup-garou confirma d'un hochement de tête.

— Personne ne s'y est véritablement intéressé, je doute même qu'il ait été lu. Quoiqu'il en soit, ça n'a pas fait beaucoup de bruit contrairement à ce que ça aurait dû. Sélène était persuadée que c'était Peter qui avait commis ce vol. Elle a voulu en savoir plus et pour ça, il était de plus en plus évident qu’il fallait approcher les anciens Mangemorts.

— Et j'ai réussi à trouver un poste de responsable des potions dans la boutique de Barjow & Beurk.

— Dans l'Allée des Embrumes ? s'étonna Sirius.

— Oui.

 

Le jeune homme se passa une main sur le visage, abasourdi. L’échoppe était tristement célèbre pour être l'endroit où le jeune le jeune Voldemort avait travaillé avant de devenir le mage noir que tout le monde craignait. Sélène avait infiltré une boutique de magie noire !

 

— Et ça a payé. Je travaillais dans la boutique depuis quelques mois, derrière le comptoir à trier des ingrédients de potions interdites, quand Malfoy est entré. Il s'est approché avec ses grands airs et un livre sous le bras. Mr Barjow a accouru pour le servir, obnubilé par la crainte de le décevoir. Et j'ai laissé traîner une oreille… 

 

OoooO

 

— Mr Malefoy, c'est toujours un plaisir de vous voir ici, avait dit son supérieur d'une voix particulièrement mielleuse qui lui avait donné envie de vomir.

— Mr Barjow, j'aimerais faire appel à vos compétences, avait répondu l'autre de façon condescendante. J'ai avec moi un livre très ancien, qui a été abîmé suite à un malencontreux accident. Il faudrait le restaurer. 

 

Mr Barjow avait mis ses lunettes et s'était penché sur l'ouvrage en question. Sélène l'avait observé d'un œil : sa main tremblait et elle avait craint qu’il ne finisse par déchirer la page. Son patron était mal à l'aise et n’arrivait pas à répondre à la demande.

 

— Je suis désolé, Mr Malefoy, nous n’opérons pas ce genre de réparation, il faudrait vous rendre dans une autre boutique. Je crois qu’il y en a une sur le chemin de traverse que je peux vous recommander.

 

Elle avait pesté : si Lucius Malefoy, qu'elle soupçonnait être un Mangemort haut placé, avait pris le risque de venir faire réparer ce livre ici, ce devait être important. Elle devait connaître le contenu de ces pages. 

 

En les regardant discuter, Sélène avait senti son cœur battre plus vite. Finalement, elle avait eu une idée. Son père avait été Restaurateur d’Objets Magiques de son vivant et elle avait toujours aimé bricoler et réparer les vieilles choses, livres ou objets magiques, avec lui. Et si pendant sa scolarité, elle avait eu interdiction de pratiquer la magie en dehors de l’école, quand elle rentrait à Poudlard, elle apportait toujours dans sa valise de quoi s’exercer et mettre en pratique ce que son père lui avait appris.

 

Elle avait relevé la tête et osé interrompre les deux hommes : 

— Excusez-moi, mais peut-être puis-je vous aider ?

— Et vous êtes ? demanda Malefoy en la jaugeant des pieds à la tête. 

 

Sélène s'était retenue de lancer quelques remarques acerbes qui ne l'auraient pas servie puis, l’étonnement passé, Mr Barjow avait été bien content d'avoir une solution pour un de ses plus éminents clients et avait soutenu l'initiative de la jeune femme. 

— Mr Malefoy, je vous présente Skye Fallon, une jeune femme tout à fait respectable. Elle vient prêter main forte à la boutique les soirs et les weekends pour payer ses études de Médicomage. Vous pouvez lui faire confiance, Monsieur. 

 

Sélène avait attendu, sans rien dire, supportant le jugement et le regard hautain de l'homme au comptoir.

— Je croyais que la fille de Grant et Retha Fallon était morte il y a longtemps, avait-il fait remarquer, d’un ton pincé.

— Ils m'ont exilée aux États-Unis en faisant croire à ma mort. Je suis revenue quand ils sont décédés. Quoi qu’il en soit, c’est un Restaurateur d’Objets Magiques qui m’a recueillie et je l’aidais dans son travail. Il m’a transmis tout son savoir.

 

Malefoy l’avait sondé du regard. La jeune femme avait alors espéré de tout son cœur que le Mangemort tombe dans le piège. Les secondes s'étaient égrainées extrêmement lentement. Puis, enfin, il avait hoché la tête, poussant le livre vers elle.

 

Elle l’avait simplement remercié d'un signe de tête cordial, retenant un sourire de victoire. Elle se doutait bien qu'il allait se renseigner sur elle, mais elle avait travaillé son personnage et, à moins qu'il ne pousse ses recherches trop loin, il allait trouver tous les éléments confirmant ses dires.

 

Elle s'était donc avancée et penchée sur l'ouvrage. Les pages sentaient le renfermé et la moisissure, elles étaient pour la plupart entièrement noircies et gondolées. Elle avait plissé le nez et s'était concentrée sur les écritures, majoritairement effacées. Ce livre était gravement abîmé et les potions ou sortilèges qui avaient été utilisés pour tenter de le restaurer avaient tous échoués, aggravant encore davantage les choses. Mais rien qu’elle ne puisse réparer avec un peu de temps.

 

— Il faudrait que j’arrive à comprendre de quoi traitent ces pages. C’est d’une importance capitale pour mes affaires, avait expliqué Malefoy.

 

Sélène avait hoché distraitement la tête, concentrée sur sa tâche. Elle avait sorti sa baguette et l’avait fait passer avec déférence sur les différentes pages, les yeux fermés, murmurant différents sortilèges pour comprendre ce qu’il s’était passé pour que le livre soit dans un tel état. Petit à petit, elle en profitait pour déchiffrer les écritures et elle avait fini par comprendre de quoi il était question.

 

A mesure qu'elle avait avancé, elle avait senti une goutte de sueur froide lui couler dans le dos. Elle n'avait pas réussi à cacher le choc sur son visage, elle en était parfaitement conscience, mais ce qu'elle avait lu était innommable, même pour les adeptes de magie noire. C'était tabou.

 

Elle avait relevé la tête et avait demandé d'une voix blanche :

— J'aurais besoin de plus de temps pour le restaurer entièrement mais de ce que j'ai pu déchiffrer rapidement, cela parle de façons de conjurer la mort, de revenir à la vie.

 

Elle avait regardé Malefoy, détaillant son attitude. Et après le choc premier, il lui avait semblé déceler une lueur d'espoir dans ses yeux. Il avait hésité, un air avide sur le visage, puis avait finalement demandé :

— Combien de temps ?

— Eh bien, tout dépend. Au moins deux semaines je dirais, avait avancé Sélène, le cœur battant.

 

Lucius Malefoy avait accepté immédiatement. Sélène avait acquiescé, consciente que le moindre retard serait préjudiciable. Mr Barjow avait même proposé qu'elle prenne quelques jours de congés payés, pour avancer plus rapidement, la satisfaction de son client étant sa priorité.

  

OoooO

 

— Ce soir-là, quand elle est rentrée, elle était extrêmement pâle sous son maquillage et j'ai tout de suite su qu'il s'était passé quelque chose. Elle tremblait et le regard qu'elle m'a lancé m'a fait froid dans le dos.

 

Remus avait pris le relai quand Sélène eut finit de raconter sa rencontre avec Malefoy.

— On a passé le reste de la semaine à tenter de réparer ce livre. Sélène préparait les différentes potions dont on avait besoin et je la secondais.

— A mesure qu'on arrivait à réparer les différentes pages, il était de plus en plus certain qu'il serait désormais impossible de faire marche arrière.

 

Sirius fronça les sourcils. Même après toutes ces explications, il restait encore beaucoup de choses à éclaircir, notamment concernant cette découverte qui semblait avoir bouleversé tous leurs plans.

— C'était quoi ce livre ? demanda-t-il.

— Un livre qui avait été retiré des étagères de la Réserve de la bibliothèque de Poudlard puis récupéré par Voldemort pendant son ascension au pouvoir : « Secrets les plus sombres des forces du Mal », répondit Remus.

— Ce livre traite de nécromancie, comment ramener les morts à la vie et plein d'autres joyeusetés du même type, précisa Sélène.

 

De la nécromancie… Sirius encaissa le coup. Des rumeurs avaient couru pendant la guerre, sur le fait que Voldemort était un pratiquant de cette branche de la magie noire, mais Sirius avait toujours pensé que c'était une mise en scène pour attiser la peur qu'il inspirait aux gens.

— Qu'avez-vous découvert d’autre ?

 

Remus et Sélène échangèrent un regard puis la jeune femme lui répondit en le regardant dans les yeux :

— Voldemort n'est pas mort.

 

Sirius fut trop choqué pour répondre tout de suite. Il passait de l'un à l'autre, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, s'attendant à tout moment que l'un d'eux se mette à rire de lui en lui annonçant que c'était une blague. Voldemort… Vivant ? Mais alors… Cette nuit à Godric’s Hollow, il y a quatre ans ? Lily, James… Harry… Non, c'était impossible… Il commença à rire, croyant à une mauvaise blague. Mais pourtant, Remus et Sélène semblaient attendre, l'air grave, qu'il encaisse la nouvelle. Son rire cessa et il secoua la tête, choqué.

— Mais … Comment ?

— Par un procédé de magie noire que peu, très peu, de gens connaissent, souffla la jeune femme. C'est quelque chose de complètement tabou tant ce que cela suppose est abject.

— Il a créé un, ou selon toute vraisemblance, plusieurs Horcruxes, compléta Remus.

— Des Horcruxes ?

 

Sélène se reposa sur le dossier de sa chaise. Elle rassembla ses bras autour d'elle, tremblante.

— Les Horcruxes sont des objets contenant un fragment d'âme qu'une personne aurait déposé à l'intérieur, expliqua-t-elle d'une voix lasse, récitant ce qu'elle avait lu dans le livre.  

— C'est le plus vil des procédés magiques, poursuivit le loup-garou. Il faut morceler son âme en commettant des actes ignobles, comme des assassinats, pour ensuite enfermer ce fragment et toute la noirceur qui l'accompagne dans un objet.

— Mais… Dans ce cas, les détruire nous permettrait de l’affaiblir, non ? demanda Sirius.

 — Je ne sais pas vraiment et c'est pour ça que j'ai décidé de me rapprocher de Malefoy, pour en apprendre davantage. Mes talents en potions ont aidé. Petit à petit, j'ai gagné sa confiance et je suis entrée dans son cercle.

 

Son regard passant de Remus à Sélène, Sirius avait du mal à croire à tout ce que ses amis racontaient. Ils avaient accompli tellement de choses.

 

— Au bout d’un moment, j’ai acquis la certitude qu'il en gardait un chez lui.

— Un Horcruxes ? Chez Malefoy ?

— Oui, Je n'ai pour l'instant pas réussi à mettre la main dessus, mais j'ai gagné la confiance de son elfe de maison, Dobby, qui cherche pour moi.

— Tu fais confiance à un elfe de maison ? reprocha Sirius. Sélène… Les elfes sont attachés à leur maître. Kreattur idolâtre ma mère.

— Parce que, quoi que tu en penses, Kreattur est respecté par ta famille. Dobby, lui, est traité comme de la vermine… Et crois-moi, il sait qui je suis depuis bien longtemps, il m'aurait déjà dénoncé s'il l'avait voulu. Il ne cesse de se punir pour ça d'ailleurs.

 

Sirius se renfrogna, peu convaincu. Il savait que Sélène et lui n'avaient pas la même vision des elfes de maison et que la jeune femme avait tendance à vouloir faire confiance à tout le monde. Cela dit, il se rendait bien compte qu’elle avait changé depuis quatre ans et il la savait aussi suffisamment intelligente pour ne pas se mettre en danger sciemment.

— Soit… J'espère juste que tu ne te trompes pas.

 

La jeune femme ne releva pas et reprit la parole en détournant le regard, mal à l’aise :

— Je pense aussi savoir où se trouve un deuxième Horcruxe…

 

Sirius fronça les sourcils, c'était la première fois depuis le début de la matinée que sa compagne semblait hésitante. Et pourtant, il était pratiquement certain qu'elle avait déjà prévu l'étape suivante de leur plan. Elle semblait plutôt craindre sa réaction à lui. Il attendit et la vit jeter un regard à Remus qui lui fit un signe de tête pour l'encourager :

— C'est quelque chose que j'ai appris lors d'une soirée au manoir, après que je leur aie révélé l'existence des Horcruxes et que Voldemort en avait sans doute créé plusieurs. Un nom est ressorti pendant le dîner. Il semblerait que l'un des Mangemorts se soit retourné contre son maître et lui ait volé quelque chose. Ils se sont tous demandé ce soir-là, si le traitre avait pu deviner pour les Horcruxes et en voler un. 

 

Sirius fronça les sourcils en la regardant, dans l'expectative.

— Et qui aurait été assez fou pour rédiger son propre arrêt de mort en faisant cela ? ironisa-t-il.

 

Sélène planta son regard azuréen dans les yeux du jeune homme et prononça un nom qui ébranla toutes les certitudes qu'il pensait avoir :

— Ton frère : Regulus Black.

 

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