Le secret de Drago [Drarry]
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Des chuchotements dans la chambre réveillèrent Drago. Il grimaça en ouvrant les yeux. Il avait toujours eu l'ouïe - et les autres sens - très développés. C'était un calvaire de vivre ça au quotidien.
Sauf pour certaines choses, comme admirer une certaine chevelure d'une certaine personne à l'odeur boisée.
Il s'autorisa à sourire, étant sûr que personne ne pouvait le voir à travers les rideaux de son lit. Ils n'oseraient pas, de toute façon, il faisait trop peur aux sorciers.
Sauf à un certain Gryffondor.
Le blond ne savait pas si c'était dû à son inconscience, sa bêtise ou son impertinence. Ou les trois.
Bah, si ça lui faisait plaisir de le détester.
Il eut un pincement au cœur et arrêta de sourire en pensant à la tête que faisait le brun à chaque fois qu'il le voyait. Son visage crispé, ses sourcils froncés et ses yeux haineux lui faisaient plus de mal que les coups.
Il se mordit la lèvre, se retenant d'éclater en sanglots. Il n'avait rien demandé, juste à être son ami. Pourquoi avait-il préféré écouter ce Weasley et rayer Drago de sa vie ? Sans même le connaître.
C'était ça le plus douloureux. De n'avoir eu aucune chance.
Il serra de plus belle sa mâchoire, jusqu'à sentir le goût familier du sang dans sa bouche.
Il voulait crier et pleurer, mais il ne pouvait pas. Un Malefoy affichait en permanence un visage digne. Sous-entendu, cache tes émotions jusqu'à ce que, même toi, ne puisse les deviner.
Il avait toujours été fort à ce jeu-là. Un regard dédaigneux accompagné d'un haussement de sourcils hautain, suivi d'un rire méprisant, qu'il détestait autant que ceux qui le recevaient.
Puis reprendre son masque de marbre, se tenir plus droit, lancer une dernière pique acerbe avant de partir la tête haute. Voilà ce que c'était, être un Malefoy.
Ne pouvoir jamais rire à gorge déployée comme le faisait si bien les Gryffondor, ou même sourire sincèrement, avec bonté. Choisir qui aimer ?
Impossible.
Et ça le détruisait.
A la dernière réunion de famille, sa tante Bellatrix l'avait complimenté sur son attitude "royale" et "digne". Qu'il ferait un Malefoy-Black honorable. Elle était ensuite partie dans un de ses fous rires dont elle avait le secret - qui sonnaient aussi faux que sa santé mentale -. Ses parents et le reste de la famille avait été très ému et, alors qu'ils remerciaient Bellatrix, Drago avait dû s'absenter pour aller vomir.
A son retour, son père l'avait dévisagé longuement, méchamment. Le jeune sorcier était sûr qu'il savait ce qu'il était parti faire, et ça l'avait rendu encore plus malade. Depuis, il s'efforçait de jouer au mieux son rôle. Chaque fois qu'il insultait un Poustouffle, poussait une Serdaigle, provoquait un Gryffondor, il pensait à sa couverture préservée.
Il savait qu'il se berçait d'illusions, qu'il blessait plus qu'il ne se protégeait, mais il fallait qu'il fasse quelque chose. Car tant qu'il haïssait quelqu'un, on ne se préoccuperait pas de lui. Il devra faire pire un jour, mais il essayait de ne pas y penser.
Il se frotta la lèvre pour effacer les traces de sang, et se lança un sortilège pour s'habiller et dissimuler son visage cerné, terrifié.
Il écarta les rideaux couleur jade d'un geste assuré, conquérant. Comme on le lui avait toujours appris.
Il espérait qu'aucun des Serpentards ne voyait ses mains tremblantes. Il se dépêcha de les cacher dans ses longues manches et traversa le dortoir.
Ses camarades de maison s'écartaient craintivement sur son passage, le saluant d'une voix faible.
Il ne répondit à aucun. On n'attendait pas ça de lui. Au contraire.
Il atteint enfin la porte mais ne se relâcha pas, ils l'observaient encore. Il tourna la poignée en espérant que la sueur sur ses paumes ne l'empêchera pas de partir. Heureusement, la porte s'ouvrit sans difficulté et il s'engouffra rapidement dans le couloir.
Mais sans courir. Un Malefoy ne court jamais.
Il lança un rapide Tempus pour savoir l'heure, 7h42. Il marcha de plus belle.
Pourquoi avait-il fallu qu'il se lamente aussi longtemps ? Il allait être en retard. Un Malefoy n'est jamais en retard.
Il avait envie de pleurer. Un Malefoy ne pleure pas.
Il avait envie de crier. Un Malefoy ne crie pas.
Il voulait s'enfuir. Un Malefoy ne fuit pas.
Il voulait être heureux.
Mais un Malefoy heureux, ça n'existait pas.
Il était arrivé.
Il inspira profondément, se recomposa le masque qui était devenu une seconde peau pour lui, mais qui n'était pas lui, et entra.
Il allait s'évanouir. Tous ces regards de haine, de rage, c'était trop. Un Malefoy ne faiblit pas. Il impose sa force et règne.
Le Serpentard se redressa, un goût amer dans la bouche et toute faim envolée. Bah, il mangera un quartier de pomme, et volatilisera les aliments de son assiette. Comme d'habitude.
On l'observait toujours.
Il leva le menton, ne regardant personne et partit s'assoir. Il savait que s'il essayait, il éclaterait en sanglots.
Il se concentra sur les oeufs bacon dans son assiette, les triturant du bout de sa fourchette.
L'odeur lui donnait envie de vomir.
Il se figea. Son dernier haut-le-coeur ne lui rappelait pas de très bons souvenirs.
Il déglutit et, pour faire passer le goût, but de l'eau. Les yeux perçants de Pansy, assise en face de lui, se posèrent sur lui.
- Tout va bien, Drago ?
Drago. C'était bien la seule personne qui l'appelait comme ça ici.
Il ne put empêcher son regard de dévier vers la silhouette, fine mais musclée, d'un certain Gryffondor.
Même Potter n'osait pas.
A vrai dire, ça n'aurait clairement pas dérangé le blond s'il avait décidé de l'appeler Drago. Au contraire.
Mais voilà, il n'était que "Malefoy", le fils d'un putain de Mangemort. Il n'avait pas d'amis, seulement des lèche-bottes qui lui tourneraient le dos au moindre faux-pas.
Les seules émotions qu'il connaissait, c'était la haine et la peur. Une peur viscérale qui tordait les tripes jusqu'à rendre malade. Un Malefoy n'a jamais peur.
Alors il se tint plus droit, lâcha à regret le rouge et or des yeux, pour fixer ceux ombrageux de la Serpentarde. Il répondit de son ton habituel, méprisant et méprisable, que tout allait pour le mieux.
Il lâcha son assiette. Il ne voulait même plus de pomme.
Quand il se leva, Crabbe et Goyle le suivirent aussitôt.
C'est vrai, il avait oublié: pas d'amis, que des lèche-bottes et des idiots qui le "protégeaient" et rapportaient ses moindres faits et gestes.
Il claqua sa langue contre son palais et s'éloigna. Bien sûr, les deux gros lourdauds étaient derrière lui, mais il appréciait de voir qu'ils peinaient à le suivre.
Avant de franchir la porte, il jeta à un dernier regard au brun assis à la table des Gryffondors. Il discutait joyeusement et mangeait voracement ses toasts beurrés et ses trois oeufs à la coque. Bien sûr, il ne le regardait pas le moins du monde.
Drago n'était rien pour lui, à part un ennemi qui le faisait chier de temps en temps.
Il avait soudainement mal au cœur.
On l'observait toujours. Vincent et Gregory l'avaient enfin rattrapé et s'impatientaient. Pansy le dévisageait depuis la table des Serpentards.
Et il n'y avait pas qu'elle, le blond sentait la présence malaisante d'un regard sur sa nuque.
Il inspira doucement et sourit méchamment en se retournant. Comme son père.
- Ah, enfin arrivés ? C'est pas trop tôt.
Il ricana.
- Et, Goyle, prends une douche avant le cours. Tu pues.
Il lança avec grâce la cape derrière son épaule avant de sortir.
Quand la porte se fut refermée, il s'autorisa à respirer. Les regards avaient enfin disparu.
***
Les Serpentards avaient cours de potions en première heure. Drago aimait bien cette matière, c'était la seule où le professeur ne l'effrayait pas et était à peu près impartial.
Enfin, envers les Serpentards. Les autres maisons, c'était une autre affaire. Mais bon, on discriminait tellement les verts et argents habituellement que ça rétablissait l'équilibre.
Seulement, le blond ne pouvait s'empêcher d'angoisser. Une semaine sur deux, il avait cours de potion avec les Gryffondors. Avec Potter.
Et c'était cette semaine.
Il ne savait pas s'il saurait résister à ses regards meurtriers, ou pire, son désintéressement. Il ne savait pas s'il réussirait à l'insulter sans flancher, sans pleurer, sans être faible. Un Malefoy n'est pas faible. Jamais.
S'il ne l'insultait pas, ne le provoquait pas, qu'en penseraient les autres. Qu'en penserait son père ?
Il se recroquevilla face au regard sévère et déçu de son paternel.
Que penserait son père ?
Est-ce qu'il laissera passer cette faute ?
Non.
Il avait toujours réussi. De toute façon, son cœur était déjà trop meurtri pour sentir la douleur d'une nouvelle plaie.
C'est faux.
Il ferait face, comme d'habitude, au Gryffondor. Avec froideur, dédain et haussement de sourcils méprisant. Plus un ricanement hautain par-ci par-là, au besoin.
Il était habitué.
Il frotta ses yeux, arrangea sa cape et lissa ses mèches blondes.
Il était un Malefoy. Et un Malefoy n'était jamais en retard.
Il sortit du dortoir. Crabbe et Goyle l'attendait dans la Salle Commune. Aussitôt qu'ils le virent, ils se levèrent.
Malefoy ne tiqua pas et rejoignit les cachots.
Lève plus le menton.
Plus droit.
Ta cape a un pli. Cache-le.
Pourquoi n'as-tu pas souri plus hautainement à la Poufsouffle qui sortait de la Grande Salle ?
Plus droit.
Le buste en avant.
Grandis-toi.
Pansy arrive. Souris-lui, c'est ta future femme. Une future alliée de choix pour le maître. Souris-lui !
Le Serpentard arriva aux cachots.
Honneur aux sorcières.
- Honneur aux sorcières.
La brune sourit fièrement en passant la porte que lui tenait le blond.
Il entra à sa suite. La cloche n'avait pas encore sonné. Ils n'étaient pas en retard. Un Malefoy n'est jamais en retard.
Oui.
Il s'installa à la table de la troisième rangée. Il était pile au centre, parfait. Un Malefoy se doit de régner sur tout autre sorcier.
D'autres élèves commençaient à arriver. Pas de Potter en vue.
Mais Drago ne s'en souciait pas, bien sûr. Pourquoi s'occuper d'un benêt de Gryffondor qui se verrait retirer cinq points à chaque minute de perdue. Pourquoi se préoccuper d'un Potter récurant des chaudrons crasseux à vie ? Même si ce stupide lion était doté d'une bonté et d'un courage dont Drago n'espérait jamais avoir le quart. Le huitième. Même si Potter était un rayon de soleil qui charmait toute personne le connaissant ?
Son parrain sortit de l'arrière-salle tandis que la cloche sonnait.
Tout de suite après, alors que l'écho de la sonnette résonnait toujours, on toqua à la porte désormais close.
Severus ne bougea pas la tête, commençant à parler de la potion qu'ils allaient travailler aujourd'hui. Neville leva timidement la main et, au bout de quelques minutes durant le professeur ne fit pas mine de l'interroger, il prit la parole.
- Professeur Rogue ? Je crois qu'on a toqué.
Il frémit face au regard froid de l'enseignant.
- Moins dix points pour Gryffondor. On n'interrompt pas un professeur dans son cours, monsieur Londubat.
Puis, il sortit sa montre à gousset et fit un sourire satisfait. D'un sort, il ouvrit la porte. Derrière se tenait le trio.
- Monsieur Potter, monsieur Weasley et miss Granger. Quel honneur de vous voir présents à mon cours.
- Désolé professeur, fit Hermione. Nous sommes arrivés à l'heure, mais la porte ne s'ouvrait pas.
- Ah bon ? Etrange.
Il sourit, découvrant ses dents jaunes.
- Mais ça n'excuse rien. Moins trente-cinq points pour Gryffondor.
Drago se tourna pour regarder Harry. Si ses yeux avaient pu lancer des Avada Kedavra, nul doute que le sorcier serait mort depuis longtemps.
- Puisqu'on vous dit que nous étions là ! La porte était fermée.
- Une porte ne se ferme pas toute seule, monsieur Potter.
- Oui, mais quelqu'un aurait pu...
- Vous insinuez qu'un de vos camarades vous trahirait aussi lâchement ? Quelle foi en sa famille ! Moins vingt points pour Gryffondor.
Il semblait se régaler.
Le brun allait continuer mais Hermione posa une main sur son bras pour le calmer.
- Très bien professeur.
Elle partit s'installer, toujours la main sur l'épaule de Potter.
Drago allait la tuer. Ne s'était-elle pas dit que toucher aussi éhontément Potter pourrait le gêner ? Qu'il devait être mortellement embarrassé en ce moment même ? Que certains n'avaient peut-être pas envie de voir ça ?
Il fusillait son dos du regard mais elle se tourna et le fixa, un sourire suffisant aux lèvres.
Il allait l'étriper.
Heureusement, Rogue parla avant qu'il ne se lève et l'assassine.
- Miss Granger, avez-vous besoin d'aide pour trouver votre place ?
Elle lâcha enfin Drago des yeux.
- Non, ce n'est pas la peine professeur.
Elle se dirigea vers une table au fond où ils s'assirent tous les trois.
Son parrain grinça des dents.
- Je disais donc, avant d'être interrompu...
Le blond se rendit compte qu'il n'avait absolument pas écouté, obnubilé par le Gryffondor qui n'arrivait pas.
- Vous allez vous mettre par binôme. Un Gryffondor et un Serpentard. Les Serpentards prépareront la potion, aidé par leurs partenaires qui la boiront à la fin du cours. Chacun aura une potion différente, pour être sûr qu'il n'y ait aucune triche.
Drago resta figé. Etre obligé d'insulter le Gryffondor qui sera avec lui, au risque de se déconcentrer et rater la potion ? Un Malefoy se doit d'être excellent dans toutes les disciplines.
Quelle horreur.
Son parrain n'aimait pas les Gryffondors, mais avait-il pensé à sa maison qui souffrirait d'être avec eux ? Non, il se réjouissait juste d'avance de ceux qui rateront la potion et en subiront les conséquences.
Satané Severus.
Il soupira en voyant ses camarades déjà en binôme. Même parmi les Serpentards, les mal-aimés, il était celui qu'on choisissait en dernier.
Bon, ce n'était pas comme s'il n'était pas au courant, mais ça lui faisait quand même un pincement au coeur. Un Malefoy ne montre pas ses émotions.
Un Malefoy ne pleure pas !
Un Malefoy ne pleure pas, un Malefoy ne pleure pas, un Malefoy ne pleure pas, un Malefoy ne...
Il releva la tête, croisant le regard peiné de son parrain. Il lui faisait pitié, même à lui. Un Malefoy ne fait pas pitié. Un Malefoy ne pleure pas. Un Malefoy ne fait pas pitié. Un Malefoy ne pleure pas. Un Malefoy ne pleure pas. Un Malefoy ne pleure pas. Un Malefoy ne pleure pas.
- Qui est tout seul ? fit Severus
Le blond se mordit la langue avant de lever la main, se façonnant une mine dédaigneuse sur le visage.
- J'espère que je ne serais pas avec ce stupide Londubat. Ou cette mocheté de Patil. Ou...
Le son mourut dans sa gorge. L'autre qui avait levé la main et le fixait impertinemment de son regard vert émeraude, n'était autre que Potter.
- Non, Malefoy, tu es avec moi.
Il sourit avec amusement et Drago sentit son cœur s'emballer.
Un Malefoy ne montre pas ses émotions.
- Potter, grinça-t-il.
Le professeur aux cheveux gras regardait regret les deux élèves. Il avait tant espéré que Potter soit mis avec la gentille Pansy. Elle aurait, à coup sûr, glissé un champignon mortel dans la potion qu'il boirait. Ou alors avec Crabbe, lui l'aurait empoisonné sans même le vouloir. Mais non, Potter était avec son filleul, qui ne ratait jamais rien.
Satané Drago.