Le secret de Drago [Drarry]
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Severus s'éclaircit la gorge avant de déclarer d'une voix froide que le cours était fini et qu'ils pouvaient ranger leurs affaires.
Sa cape claqua lorsqu'il retourna dans son laboratoire.
Les chuchotements excités des élèves, contents de finir avant la sonnerie, ne distrayaient pas Drago. Ils ne se quittaient pas des yeux, et ça le gênait affreusement. Mais il ne pouvait pas détourner le regard, ça aurait voulu dire qu'il avait perdu. De toute façon, il en aurait été incapable.
Les yeux du Gryffondor étaient si beaux.
Aussi verts que l'émeraude, mais nuancés de bleu. Il aurait même juré apercevoir un reflet argenté.
Mais peut-être était-ce juste ses propres prunelles qui se reflétaient dans les siennes.
A cette pensée, il frémit. C'est vrai, il était si près de Potter qu'il sentait son souffle sur sa bouche. Il ouvrit légèrement les lèvres et inspira. Il avait une haleine mentholée.
Il réprima son sourire. Voir le brun devant lui, si sérieux alors que lui ne pensait qu'à l'embrasser, lui donnait envie de rire. Et de pleurer.
Il avait envie de défaire ce petit pli soucieux qu'il avait entre les sourcils, le lisser à coups de baisers. Et s'occuper de ces affreuses lunettes aussi, elles étaient tellement sales qu'il ne voyait plus ses yeux. Il voulait passer ses mains entre ses cheveux ébènes, les emmêler plus qu'ils ne l'étaient déjà, il était sûr que c'était possible en se donnant à fond.
Il voulait Harry. Tout de lui. Son courage idiot, ses sourires ravageurs, ses yeux si vifs. Son cœur, aussi. Son corps.
Il désirait le posséder entièrement, qu'aucune personne ne puisse remettre en question leur amour.
Oui, Drago l'aimait. Si intensément que cela ne lui semblait toujours pas possible, au bout de cinq ans. Chaque nouvelle facette qu'il découvrait de lui le faisait chavirer. Potter était mauvais joueur ? Soit, Drago l'était aussi. Il était impulsif et fonçait vers les dangers ? Le Serpentard l'accompagnerait jusqu'au bout du monde.
Il déglutit. Le Gryffondor était si beau malgré son air revêche. Serait-ce vraiment un crime si Drago se jetait sur lui pour l'embrasser ? Peut-être croira-t-on qu'ils se battent ?
Il se rembrunit et serra les dents pour éviter de craquer. Non, jamais ils n'y croiront. Jamais son père, les Mangemorts et Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ne laisseraient passer une telle faute.
Embrasser l'Elu ? Quelle idée ridicule.
Il se recula et détourna la tête rageusement. Il fallait qu'il cesse ces enfantillages, ces caprices.
Il était Drago Malefoy. Un vivant.
Et il voulait le rester.
***
Ron regardait avec stupéfaction Harry et Malefoy s'échanger un duel de regards. Ce n'était pas la première fois, mais pourquoi pendant aussi longtemps ? Alors que le cours était fini !
Il soupira et se tourna vers Hermione. Elle se mordait l'intérieur de la joue et ses sourcils étaient froncés, signe qu'elle réfléchissait intensément. Il n'osa pas la déranger et décida, comme elle, de regarder les deux ennemis.
C'était...intense réellement. Les deux étaient figés, tendus comme s'ils allaient sauter à la gorge de l'autre à tout moment. Ils ne clignaient pas des yeux, comme si ça pouvait être une erreur fatale.
C'était long. Depuis combien de temps se regardaient-ils ainsi, deux bonnes minutes ? Qu'ils se battent et qu'on n'en parle plus !
Hermione ne bougeait toujours pas, obnubilée par ce qui se passait. Le rouquin se sentait bien seul sur ce coup-là.
Il vit Malefoy frémir et se prépara à riposter, voyant que Harry ne bougeait toujours pas.
Oui, Malefoy avait de beaux yeux, ça on l'avait compris, s'il pouvait se bouger maintenant !
Mais le Serpentard ne fit rien, enfin rien de menaçant. Il contracta la mâchoire et, si Ron cru d'abord que c'était par colère, il réalisa ensuite que non. Toute l'attitude de Malefoy indiquait qu'il souffrait. On aurait dit qu'il allait éclater en sanglots.
C'était très étrange, déstabilisant.
Et Harry qui ne bougeait toujours pas ! Lui servaient-elles vraiment à quelque chose, ces fichues lunettes !?
Il vit Malefoy se crisper et baisser les yeux. Baisser les yeux ! Il y avait vraiment quelque chose qui clochait. Puis il se détourna et partit ranger ses affaires.
Enfin ! Ils allaient pouvoir y aller. N'empêche... Drago lui avait fait de la peine tout à l'heure. Que se passait-il ?
***
Le Serpentard rangeait rageusement ses affaires, jetant ses parchemins et ses plumes sans même se soucier de les froisser. Il était en colère. Pire, il avait la haine.
Contre son père, contre le reste de sa famille qui était de foutus Mangemorts, contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, contre le monde. Contre lui. Contre Harry.
Pourquoi avait-il fallu qu'il soit aussi attirant, en même temps ? Tout était de sa faute.
Le blond était sûr que, s'il faisait un petit effort, Potter passerait du niveau "Bombe Atomique" à "Bombe Nucléaire". Peut-être même "BOMBE" en majuscules, avec des signes avertissant du danger autour. Même s'il pensait que ce serait très dur.
Peu lui importait, de toute manière. Désormais, Potter n'était plus rien pour lui. Et il se ferait un plaisir de l'éviter.
Puis il se rappela qu'ils étaient binômes en potion et grogna. Comme si son cœur ne battait pas follement dans sa cage thoracique à cette pensée.
Foutu Potter.
Il osa jeter un coup d'œil au trio.
Le dernier, se promit-il.
Bien sûr.
Il voyait la chevelure corbeau, toute désordonnée de Potter, celle en broussaille de Granger et celle inratable du Weasley. Parfois, il se demandait pourquoi on les appelait le trio d'or. Le trio des cheveux fous aurait été plus juste.
Ron tapotait joyeusement l'épaule du Gryffondor et Drago se retint de lui sauter à la gorge. Il n'aimait plus le brun. Et Ron n'était que son meilleur ami. Oui.
Hermione, qui avait fini de ranger son sac depuis belle lurette, le fit soudainement tomber. Les oreilles de Drago vibrèrent au son de la chute. Il vit la brune soupirer, avant de parler à ses amis. Il tendit l'oreille pour écouter. Heureusement, il avait l'ouïe fine.
- ...rien, partez devant...encore...retard sinon... Je...rejoindrai.
Ils firent une mine gênée et voulurent rester, mais la première de la classe les poussa dehors, argumentant qu'ils allaient encore faire perdre des points à leur maison. Drago la vit se baisser lentement pour ranger, une à une, toutes ses plumes. Pourquoi n'utilisait-elle pas la magie ? Ah, les nés moldus...
Il soupira, prêt à sortir discrètement sa baguette, mais une main ferme sur son épaule le fit sursauter.
- Crabbe, grinça-t-il. Retire ça de moi.
Le Serpentard fit une mine gênée et retira sa paume pleine de sueur avant de se redresser légèrement.
- Si tu as fini, on peut y aller. Ton père ne souhaiterait pas que tu sois en retard, fit-il de sa voix grave.
Le blond se figea en entendant ces mots. Son père. Lui, en retard ?
Il blêmit. Jamais.
Un Malefoy n'est jamais en retard.
Il s'éclaircit la gorge, sans pour autant réussir à masquer son trouble.
- Allons-y, dans ce cas.
Il prit son sac d'une main tremblante. Il entendit un "Recurvite" chuchoté alors qu'il passait la porte.
Il allait partir en direction du cours de Métamorphose, mais il fut stoppé pas une main qui attrapait sa cape.
Il se retourna.
- Quoi encore... Granger ?
La petite brune aux yeux noisette le regardait attentivement en plissant les yeux. Si elle voulait l'admirer, qu'elle le fasse discrètement au moins !
Elle fit un sourire en coin.
- Malefoy. Je dois te parler.
Crabbe et Goyle, ne le voyant plus, s'étaient retournés. Ils firent rouler leurs muscles et grimacèrent pour impressionner la Gryffondor. Drago leur fit un signe de la main.
- J'en ai pour deux secondes, attendez moi là.
Ou pas.
S'il semblait calme en apparence, au fond de lui il était nerveux. Que lui voulait-elle ? Si c'était pour l'attaquer, elle aurait fait ça plus discrètement.
La Gryffondor arrêta de marcher et se tourna vivement quand Goyle et Crabbe ne furent que des silhouettes floues au loin. Elle avait ce rictus insupportable de miss-je-sais-tout depuis ce matin, à chaque fois qu'elle le regardait.
- Je sais tout, fredonna-t-elle.
Granger ? Fredonner ? Impossible, pas avec Drago.
Sauf si elle avait fait une découverte sensationnelle qui mettait son caractère studieux à l'œuvre. Drago l'avait déjà vu faire ça avec Potter et Ron, à la réussite d'un sort particulièrement complexe auquel elle avait ajouté des améliorations.
Il sentit son coeur accélérer.
- Tu sais tout ? Quelle découverte extraordinaire, Granger.
Elle soupira et secoua la tête de droite à gauche, toujours ce sourire supérieur au visage.
Le Serpentard n'avait jamais été violent, seulement pour assurer sa couverture, mais là il allait la baffer. Déjà tout-à-l'heure avec Potter...Ne pas y penser, c'est fini...et maintenant avec cette attitude hautaine.
Elle ricana et il n'en revint pas. Où était passée Hermione-la-petite-fille-modèle ? Avait-elle déjà existé ou agissait-elle comme ça seulement parce que c'était lui ?
- Je connais...ton secret.
Elle le scruta, observant sa réaction.
Il déglutit. Son secret ? Il en avait tellement, tous plus importants les uns que les autres. Il s'empêcha de trembler et ses mains pâles se crispèrent sur ses cuisses. La sensation gênante, douloureuse de ses ongles dans sa chair, lui permit de ne pas flancher. Ça, il connaissait.
Il se redressa.
- Mon secret ? Mais Granger, je suis un être plein de secrets.
Son ton dégoulinait d'ironie et de mépris.
Elle s'agaça franchement et haussa les sourcils en une expression dédaigneuse. Elle s'approcha plus près, jusqu'à pouvoir lui chuchoter à l'oreille.
Il ne bougea pas, figé. Elle était trop près. Son espace vital était sérieusement diminué voire complétement détruit. Mais il savait que s'il s'éloignait, elle aurait gagné.
Stupide égo malefoyen.
- Le plus secret de tous les secrets. Celui que tu n'aimerais pas voir révélé. Celui...sur Harry.
Elle se recula, satisfaite et courut rejoindre sa salle alors que Drago restait planté dans le couloir.
Idiot.
***
Il rejoint Goyle et Crabbe quelques minutes après, blanc et au bord de la nausée.
Quel idiot il était ! Comment Granger avait-elle pu deviner ses sentiments pour Harry, alors qu'ils n'étaient même pas proches !?
Non, mauvaise question, Granger savait tout. Pourquoi Drago lui avait-il laissé voir cet amour ? Pourquoi, par la barbe de Merlin, devait-il apprécier Potter ? Même aimer Weasley aurait été moins dangereux. Moins logique, aussi, mais mille fois plus sûr.
Mais Drago aimait le danger. Et Harry.
Et c'est pour ça qu'il était foutu.
Il souffla lourdement en passant la main dans ses cheveux, soudainement abattu. Il était mort. Si Granger décidait de le dire à quelqu'un, ça remonterait immédiatement aux oreilles de Vous-Savez-Qui. De son père.
Et, même si sa bonté idiote de Gryffondor la faisait garder le secret, le fait qu'elle le sache était déjà une immense erreur. Il suffirait d'une intrusion dans son cerveau, d'un sous-entendu, ou même d'une parole échappée, pour le trahir.
Il ne se sentait pas bien.
- On est en retard, ton père ne sera pas content, fit la voix mauvaise de Goyle.
Un Malefoy ne doit ja...jamais..être..en..re..re
Il voulut se dépêcher, rattraper ses deux horribles gardes du corps, mais il vacilla.
Il ne se sentait vraiment pas bien.
- Bon tu viens ?
Entre ses paupières mi-closes par la douleur, il vit Goyle se retourner avec agacement.
- Je crois que je vais plutôt retourner au dortoir. Je me sens m...
Il trébucha.
Un Malefoy est fort. Un Malefoy n'est jamais en retard. Un Malefoy est digne.
- Non, on va en cours, finalement, ça va beaucoup mieux mainte...
Il vacilla de nouveau alors que le monde autour de lui tournait. Il entendit les pas lourds et précipités de ses gardes du corps.
- Putain, mais qu'est-ce qu'il a ?
Il ne reconnaissait même plus la personne qui parlait. Tout était si brouillé...
- Ça va, je vous dis...
Sa voix était si rauque.
Il se redressa, fermant les yeux lorsqu'il faillit vomir. Il voulut avancer mais son pied semblait si lourd... Il força.
Un Malefoy est fort. Un Malefoy n'est jamais en retard. Un Malefoy est digne.
- Allez, on y v...
Le son mourut sur ses lèvres alors que sa tête était projetée en arrière, comme frappée d'un coup invisible. Il tomba lourdement sur le sol, les Serpentards n'ayant pas été assez rapides.
- Qu'est-ce qu'il a ? répéta Crabbe.
- Pourquoi il tremble ? fit Goyle.
La silhouette frêle du blond bougeait violemment, secouée par les convulsions.
Un Malefoy est fort.