XOXO Hermione

Chapitre 14 : Derrière le masque

2623 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/08/2025 01:29

Hermione ne savait pas encore que son "ange" blond n'avait jamais vraiment quitté son chevet ni même sa vie depuis cette nuit-là.

À cet instant, dans un petit appartement sous les toits de Montmartre, Fleur Delacour s'étirait lentement, émergeant d'un sommeil agité. Aujourd'hui était son jour de congé. Une partie d'elle mourait d'envie de filer directement à l'hôpital pour voir Hermione.

Mais la raison et surtout l'insistance de son oncle Pierre avaient eu raison d'elle. Il lui avait ordonné de prendre du temps pour elle, de respirer un peu, loin des murs oppressants de l'hôpital.

Alors, Fleur avait enfilé un jean et un pull léger, noué ses cheveux en une tresse négligée, et avait décidé de flâner sur les quais de Seine pour tenter de vider son esprit.

La matinée avançait doucement. Le soleil jouait avec les reflets de l'eau, et les bouquinistes avaient aligné leurs étals, proposant des trésors aux promeneurs curieux.

Fleur passait d'un stand à l'autre, effleurant du bout des doigts les couvertures jaunies. Puis, au détour d'une pile instable, quelque chose attira son attention.

Coincé entre Roméo et Juliette et Le Comte de Monte-Cristo, un livre au titre mystérieux : Derrière le Masque.

Ce ne fut pas le titre qui la fit s'arrêter, mais la petite photo en bas à droite de la couverture.

Hermione.

Fleur la reconnut immédiatement. Malgré le maquillage discret, malgré la posture sérieuse de l'auteur en quatrième de couverture, c'était bien elle.

Fleur sentit son cœur se serrer.

Elle savait, grâce à ses recherches, qu'Hermione Granger était une écrivaine prometteuse à New York. Mais tenir l'un de ses livres dans les mains rendait soudain les choses plus concrètes. Plus réelles.

Elle retourna précautionneusement l'ouvrage et lut les critiques en quatrième de couverture :

"Un voyage à couper le souffle." — New York Times

"Une intrigue qui ne vous quitte pas du début à la fin." — Time Magazine

"Une autrice à suivre dans les années à venir." — Éric Larousse, critique littéraire.

Sans hésiter, Fleur sortit quelques billets et paya l'ouvrage.

Elle s'installa ensuite sur un banc, au bord de la Seine, et se plongea immédiatement dans l'histoire.

Derrière le Masque la captiva dès les premières lignes.

Fleur lut des heures durant, perdue entre les mots d'Hermione et les souvenirs qu'ils faisaient renaître.

Ce ne fut qu'à la tombée du crépuscule, lorsque la température se rafraîchit brusquement et que le vent souleva doucement les pages de son livre, qu'elle réalisa l'heure.

Elle referma l'ouvrage avec précaution, caressa un instant la couverture du bout des doigts, puis quitta les quais pour regagner son appartement, le cœur alourdi d'une tendresse qu'elle n'osait plus nommer.

Le lendemain matin, Fleur, encore épuisée par une nuit bien trop courte, se rendit au travail.

Elle avait sacrifié ses heures de sommeil, incapable de poser le livre d'Hermione qu'elle avait dévoré jusque tard dans la nuit. Chaque mot, chaque page lui avait rappelé à quel point la jeune femme était exceptionnelle.

En arrivant à l'hôpital, elle passa rapidement par le vestiaire pour enfiler sa blouse blanche, prenant soin d'y glisser discrètement le petit livre de poche dans une des grandes poches intérieures. Elle comptait bien profiter de ses rares pauses pour s'y replonger, ne serait-ce que quelques minutes volées au temps.

Après s'être préparée, elle se dirigea vers le bureau des infirmières où sa supérieure lui remit son affectation du jour.

— Service des soins intensifs, annonça la chef d'un ton neutre.

Fleur étouffa un rire amer. Le destin semblait bien décidé à la mettre à l'épreuve aujourd'hui. Soins intensifs... cela signifiait passer sa journée à quelques mètres à peine d'Hermione.

Elle inspira profondément pour se donner du courage.

En grande professionnelle, elle fit abstraction de ses émotions et commença sa tournée de visite, avançant d'une chambre à l'autre, procédant aux vérifications d'usage avec sérieux.

Mais à mesure qu'elle approchait de la chambre d'Hermione, elle sentit une légère tension envahir ses épaules.

Son cœur battait plus fort.

Enfin, elle poussa doucement la porte.

Et aussitôt, son visage s'illumina.

Hermione était là, assise dans son lit, les yeux pétillants malgré la fatigue visible, feuilletant distraitement un magazine. Elle avait retrouvé des couleurs, et même un faible sourire flottait sur ses lèvres.

Elle avait l'air si vivante. Si belle.

Fleur dut se ressaisir en entendant la douce voix d'Hermione résonner dans la chambre.

— Infirmière Delacour, c'est ça ?

Un sourire sincère étira les lèvres de Fleur. Hermione se souvenait d'elle. Ou au moins, de son nom.

— Ravie de vous voir en meilleure forme, Mademoiselle Granger, répondit-elle doucement. Je suis venue faire un petit bilan avant le passage du docteur. Avez-vous bien dormi ?

Hermione fit une grimace légère.

— Difficilement, avoua-t-elle. J'ai des flashs qui reviennent sans cesse... Amsterdam... Ron... des images confuses.

Elle secoua la tête, abattue.

— Je ne comprends toujours pas comment il a pu me faire ça.

Fleur nota calmement sur son carnet.

— Je vais transmettre vos observations au médecin. Si vous êtes d'accord, je pourrais aussi demander à un collègue psychologue de venir vous voir. Parler de vos traumatismes pourrait vraiment vous aider.

Hermione hésita, puis esquissa un petit sourire.

— Merci... Je vais y réfléchir.

Fleur poursuivit son examen de routine, ses gestes précis et professionnels. Mais lorsqu'elle se pencha pour écouter le rythme cardiaque d'Hermione, cette dernière glissa doucement :

— Vous êtes une de mes fans, Miss Delacour ?

Fleur se redressa d'un coup, un peu déstabilisée.

— Pardon ?

Hermione pointa du doigt la poche avant de la blouse, d'où dépassait légèrement un livre familier.

— Le livre, précisa-t-elle en souriant.

Fleur baissa les yeux, rougissant légèrement.

— Ah... ça.

Elle s'éclaircit la gorge.

— Hier, en me promenant sur les quais, je suis tombée dessus par hasard. J'ai reconnu votre photo. J'ai à peine commencé...

Hermione haussa un sourcil malicieux.

— À en juger par l'épaisseur du marque-page, je dirais que vous avez bien entamé la lecture, quand même.

Elle rit doucement, un éclat de rire léger, presque musical. Le cœur de Fleur rata un battement.

— Vous voulez un autographe, peut-être ? proposa Hermione en souriant, taquine.

— Oh... euh... non, non, ce n'est pas nécessaire... balbutia Fleur, aussi rouge qu'une pivoine. Je suis en service... et puis, vous êtes ma patiente...

Hermione se pencha légèrement vers elle, un éclat de malice dans le regard.

— Calmez-vous, il n'y a que nous ici.

Elle tapota doucement le lit.

— Donnez-moi votre livre. Et un stylo, allez.

Fleur, incapable de résister, s'exécuta en tremblant légèrement.

Tandis qu'elle tendait le livre et un stylo, un flot de pensées la traversa : Si elle savait combien je l'aime...

— À quel nom dois-je le faire ? demanda Hermione en attrapant le stylo.

— Flower... euh... non, pardon... Fleur. Je m'appelle Fleur, balbutia-t-elle, complètement troublée.

Hermione esquissa un petit sourire attendri.

— Un très joli prénom, murmura-t-elle.

Sans attendre, elle signa l'ouvrage d'une écriture rapide mais élégante, ajoutant une dédicace que Fleur n'arriva pas à lire sur le moment. Hermione referma le livre et le lui tendit avec un clin d'œil.

— Lisez-la plus tard. Vous avez encore du travail, je crois. Mais... quand vous aurez fini, j'aimerais beaucoup savoir ce que vous pensez du livre. Votre avis compte pour moi.

Fleur hocha vivement la tête, incapable d'articuler autre chose qu'un :

— Heu... oui, oui, pas de problème !

Déjà en train de reculer vers la porte, elle trébucha presque en tournant la poignée, rouge comme une pivoine.

— Bonne journée, Fleur, ajouta Hermione avec douceur, son accent anglais caressant chacune des syllabes du prénom.

"Putain, elle ne peut pas dire mon nom comme ça... Je vais fondre sur place," pensa Fleur en sortant précipitamment, le cœur battant à tout rompre.

Une fois hors de vue, elle ne résista pas. Curieuse et fébrile, elle sortit le petit livre de sa poche, l'ouvrit discrètement dans le couloir et lut la dédicace :

À Fleur,

Merci de prendre soin de moi.

J'aimerais beaucoup vous avoir comme guide pour découvrir Paris quand je sortirai d'ici.

À bientôt,

Hermione G.

Ses doigts tremblaient légèrement en refermant le livre.

Un sourire immense, le premier véritable sourire depuis des jours illumina son visage.

Hermione flirtait ouvertement, elle voulait la revoir.

Pas seulement comme infirmière. Pas par obligation mais par envie.

Fleur sentit son cœur fondre complètement. Toute la douleur, la peur et les doutes accumulés depuis l'accident semblèrent s'effacer pour ne laisser place qu'à une certitude réconfortante il y avait encore un espoir d'avoir une vraie relation avec l'écrivaine.

Fleur serra le livre contre elle une seconde, comme pour emprisonner ce moment précieux, avant de ranger discrètement l'ouvrage dans la poche intérieure de sa blouse.

Elle inspira profondément pour se calmer, puis reprit sa tournée avec un regain d'énergie qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps.

Hermione Granger voulait découvrir Paris à ses côtés. Et Fleur comptait bien rendre chaque instant inoubliable.

En début d'après-midi, Harry, Ginny et Viktor passèrent la porte de la chambre d'Hermione. Cette dernière releva la tête de son plateau-repas, un sourire sincère illuminant son visage fatigué.

— Contente de vous voir, lança-t-elle avec chaleur.

Viktor fut le premier à s'avancer. Il avait l'air tendu, les traits tirés, et un regard coupable dans les yeux.

— Je suis vraiment désolé, Mione. Si je ne t'avais pas laissée rentrer seule ce soir-là, à Amsterdam, rien de tout ça ne serait arrivé... S'il te plaît, pardonne-moi.

Hermione secoua la tête en souriant doucement.

— Calme-toi, Viktor. C'est déjà pardonné. J'aurais pu appeler un taxi, ou refuser de te laisser partir. J'ai ma part de responsabilité là-dedans, alors arrête de t'en vouloir.

Elle lui tendit la main.

— Je suis juste contente de te revoir.

Le Bulgare se redressa, soulagé, et fouilla dans son sac à dos.

— J'allais oublier ! La police néerlandaise a retrouvé quelques-unes de tes affaires quelques jours après l'agression.

Il sortit un téléphone à l'écran fissuré, ainsi qu'un passeport et un permis de conduire, qu'il lui tendit avec précaution.

— Ton téléphone est encore lisible, et tes papiers sont en bon état.

— Merci, Viktor. C'est comme retrouver une partie de moi, répondit Hermione en tenant les objets contre elle.

Puis elle se tourna vers Ginny.

— Des nouvelles de ton frère ?

Le regard de Ginny se durcit aussitôt.

— Toujours en garde à vue. La police française attend que tu sois suffisamment rétablie pour recueillir ta version des faits.

— Je ne sais pas si je leur serai très utile... avoua Hermione. Je n'ai que des flashs, surtout pendant mon sommeil. Rien de très clair.

— Et les médecins ? demanda Harry, inquiet.

— Ils sont optimistes. Ma mémoire devrait revenir, mais ils ne peuvent pas dire quand.

Elle haussa les épaules.

— J'espère juste qu'ils ne me libèreront pas trop vite... J'ai rencontré une infirmière adorable.

Un silence amusé s'installa, et les trois visiteurs échangèrent un regard complice.

Hermione fronça les sourcils.

— J'ai dit quelque chose de choquant ?

— Non, non, répondit Ginny, luttant contre un sourire. C'est juste... drôle de t'imaginer flirter avec une femme, c'est tout.

— Très drôle, Ginny, grogna Hermione en levant les yeux au ciel. Je veux juste qu'on soit amies. Tu peux te détendre.

— Ouais, c'est pas comme si t'étais pas déjà sortie avec des filles avant...

— Harry ! s'exclama Ginny en lui donnant un coup sur le bras.

— Aïe ! Quoi ? C'est pas un secret, marmonna-t-il dans sa barbe en se frottant le bras.

Hermione roula des yeux, un sourire amusé sur les lèvres. Pour la première fois depuis des jours, elle se sentait un peu elle-même.

Ses amis repartirent en fin de journée, non sans lui promettre de revenir dès le lendemain. Hermione se sentit un peu vide une fois seule. L'heure des visites touchait à sa fin, et ce fut une jeune infirmière inconnue et non Fleur, à son grand désespoir qui entra dans la chambre pour lui annoncer la fin des visites et lui apporter son dîner.

Hermione la remercia poliment, masquant mal sa déception.

Après avoir mangé distraitement son plateau, elle s'installa confortablement dans son lit, la télécommande à la main. Un vieux film français passait sur la petite télévision accrochée au mur. Les voix, bien que parfois difficiles à suivre sans sous-titres, avaient un rythme apaisant.

Soudain, un souvenir lui revint. Le sac que Viktor lui avait remis, un peu plus tôt. Elle se pencha pour l'attraper, y fouilla avec précaution, et en sortit son téléphone avec l'écran fissuré, mais intact.

Elle appuya sur le bouton de démarrage.

Contre toute attente, l'appareil s'alluma. Hermione eut un petit sourire. Merci, Viktor, pensa-t-elle. Il avait pris soin de le recharger.

Le système mit un moment à démarrer, mais tout était là : messages, mails, notifications accumulées... Des dizaines, non, des centaines.

Hermione resta un instant figée, le souffle court. Puis, lentement, elle se mit à faire défiler les messages. Des textos inquiets de ses amis, des appels manqués d'Harry, de Ginny... mais aussi de son éditrice, de collègues, de connaissances. Tous s'interrogeaient, tous s'inquiétaient. Certains étaient furieux, d'autres juste désespérés de n'avoir aucune nouvelle.

Un poids lui serra la poitrine.

Elle n'avait prévenu personne. Elle avait fui, purement et simplement, laissant derrière elle un monde inquiet, blessé... Et elle s'en voulait.

Elle poursuivit sa plongée dans le passé numérique en ouvrant ses réseaux sociaux. Les notifications s'étaient empilées, en particulier celles venant d'un compte bien connu : Gryffindor Gaze.

La première publication datait du jour même de son départ de New York.

"XOXO Upper East Side — Hermione Granger a été aperçue seule quittant New York au petit matin. Reste à savoir : destination fuite ou renaissance ?"

Une autre notification, quelques jours plus tard :

"XOXO — Notre écrivaine des beaux quartiers est toujours introuvable... mais notre équipe est sur le coup."

Hermione fronça les sourcils. Elle ignorait à quel point sa disparition avait été suivie. Elle hésita à continuer... mais une dernière alerte attira immédiatement son attention. Elle ne datait que de quelques jours.

"XOXO — Notre équipe a ENFIN retrouvé Hermione Granger, après des semaines de silence ! La jeune écrivaine profite simplement de vacances en France... et apparemment, en bonne compagnie.

Pas de chance pour l'héritier Weasley, qui crie à qui veut l'entendre à New York qu'il s'est fiancé à Granger juste avant son départ. On a hâte de voir comment il va digérer cette nouvelle."

L'article était accompagné d'une photo floue, visiblement prise à la volée, d'Hermione elle-même marchant main dans la main avec une femme blonde dans une rue pavée typiquement parisienne.

La qualité n'était pas idéale, mais Hermione n'avait aucun doute. Elle reconnut la silhouette, les cheveux argentés... C'était elle. Fleur.

Hermione sentit son cœur rater un battement.

— C'est quoi ce bordel ?! lâcha-t-elle à voix haute, abasourdie.


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