XOXO Hermione

Chapitre 15 : Entre les lignes

2468 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/08/2025 15:45

Fleur reprenait un nouveau tour de garde au service des soins intensifs. Son cœur s’allégea un peu en voyant le nom d’Hermione sur sa fiche de répartition. Depuis leur dernier échange, elle avait presque terminé le roman de la jeune femme et était impatiente de lui en parler. Un moment de légèreté, elle l’espérait… ou du moins, un pas vers quelque chose de plus doux.

Mais dès qu’elle franchit le seuil de la chambre, son sourire vacilla.

Hermione était réveillée, assise sur son lit, les bras croisés et le visage fermé. Son regard, glacial, s’accrocha à Fleur dès qu’elle entra. L’ambiance était lourde. Quelque chose n’allait pas.

— Bonjour, Mademoiselle Granger. Comment vous sentez-vous ce matin ? Des douleurs à signaler ? demanda Fleur, tâchant de conserver son calme.

Hermione répondit d’une voix sèche :

— Juste un peu de nausée, Infirmière Delacour. Mais ça devrait passer.

Aïe. Même pas un bonjour… et elle insiste sur mon nom de famille. Ça promet., pensa Fleur en retenant un soupir.

— Très bien. Voici vos médicaments du matin, dit-elle en posant le gobelet sur la tablette. Je vais aussi faire changer votre perfusion, elle est pratiquement vide.

— Merci.

Le ton était toujours aussi froid. Fleur ressentit un pincement au cœur. Elle n’avait jamais connu Hermione ainsi. Même après son réveil, malgré l’amnésie, il y avait eu un certain lien, une curiosité douce entre elles. Mais là, elle avait l’impression de redevenir une étrangère.

Rassemblant son courage, elle murmura en s’apprêtant à sortir :

— Mademoiselle Granger… Je sais que notre relation doit rester strictement professionnelle. Mais… j’ai presque terminé Derrière le masque, et j’ai adoré. Vraiment. J’espère de tout cœur que vous en écrirez une suite, une fois remise.

Hermione ne répondit pas.

Fleur quitta la chambre, le cœur lourd, blessée par cette froideur soudaine qu’elle ne comprenait pas encore.


— Merde ! souffla Hermione une fois la porte refermée.

Elle fixa un instant le plafond, perdue.

Elle a aimé mon livre… Comment lui en vouloir maintenant ? Elle me connaît, j’ai vu son regard à sa première visite…

Mais qui était-elle vraiment pour moi ?

Elle pensait à voix haute, son esprit embrouillé par les fragments de souvenirs et la tension des derniers jours. Elle espérait avoir l’occasion de clarifier les choses lors du prochain passage de Fleur, peut-être avant le déjeuner. Elle devait lui parler.

Après avoir avalé son petit déjeuner du bout des lèvres, une aide-soignante entra pour l’aider à faire sa toilette. L’exercice était humiliant pour Hermione, elle détestait se sentir dépendante. Elle détourna les yeux, ferma les paupières… et une image surgit.

Amsterdam.

Un éclair de lumière.

Une voix douce, presque chuchotée, au-dessus d’elle alors qu’elle n’était qu’à moitié consciente :

— Désolée de te faire ça, mais je dois te nettoyer pour éviter que ta blessure ne s’infecte. J’espère que tu me pardonneras de t’avoir vue nue… même si je dois dire que tu es très belle.

Le murmure semblait irréel, lointain. Mais il y avait cet accent… léger, presque chantant. Une étrangère. Une Néerlandaise peut-être ?

Hermione rouvrit les yeux, son cœur battant un peu plus vite. Elle fut ramenée au présent par la voix de l’aide-soignante :

— Voilà, c’est terminé. Je vous ai mis une blouse propre.

Hermione hocha la tête avec gratitude.

La jeune femme sortit, la laissant seule avec ses pensées.

Harry avait téléphoné pour prévenir qu’il ne pourrait pas venir la voir : lui et Ginny étaient occupés avec Ron.

En attendant la prochaine tournée de Fleur, Hermione prit un carnet laissé dans le sac par Viktor et se remit à écrire. Grâce aux e-mails échangés avec Luna, elle avait pu récupérer les premiers chapitres de son nouveau roman et reprendre là où elle s’était arrêtée.

Elle était si absorbée par son travail qu’elle n’entendit même pas la porte s’ouvrir.

Fleur resta un instant sur le pas de la chambre, sans oser déranger. Elle observait Hermione avec une certaine admiration. La jeune femme écrivait avec intensité, concentrée, le front légèrement plissé. Elle n’avait encore jamais vu ce visage-là d’Hermione — celui de la romancière au travail.

Au bout de quelques minutes, Fleur toussota discrètement pour signaler sa présence.

— Désolée de vous interrompre, dit-elle doucement, mais je dois faire un petit bilan et vous apporter vos médicaments. Le repas ne devrait plus tarder.

— Bien sûr, faites votre travail, répondit Hermione en posant le cahier sur la table de nuit.

Fleur s’approcha et commença les examens de routine. Hermione resta silencieuse, mais au moment où Fleur allait tourner les talons pour sortir, elle prit la parole :

— Excusez-moi, infirmière Delacour… j’aurais besoin d’un renseignement.

— Bien sûr. Si je peux vous aider…

— Connaissez-vous une librairie qui s’appelle Le Passage Secret ? On m’a dit que c’était un endroit à voir absolument.

Le cœur de Fleur manqua un battement. Ses jambes se dérobèrent légèrement sous elle.

Elle se souvient ?

Elle se souvient de notre visite là-bas ?

Est-ce pour ça qu’elle était si distante ce matin ? Elle regrette peut-être… nous regrette peut-être ?

Les questions tourbillonnaient dans sa tête.

— Fleur ? Vous allez bien ? demanda Hermione, inquiète.

L’entendre prononcer son prénom la ramena à elle. Elle inspira profondément.

— Oui, pardon. Petit vertige. J’ai dû oublier de manger… rien de grave.

Pour répondre à votre question : la librairie que vous cherchez est un endroit qui se mérite. Peut-être que… si vous êtes une gentille patiente, je pourrais vous y emmener un jour.

— Donc vous la connaissez ?

— Peut-être… répondit Fleur avec un léger sourire en coin.

Mais je dois continuer ma tournée.

— Fleur, attendez… Après votre ronde de ce soir, vous pourriez repasser ? J’aimerais avoir votre avis sur mon livre.

— Avec plaisir. Je vais essayer de le terminer pendant ma pause déjeuner. Je passerai vers 22h… si c’est calme. Je ne peux rien promettre, les nuits sont parfois agitées.

— Alors je vous attendrai. À tout à l’heure, Fleur.

Mais Fleur n’était pas venue, et Hermione avait fini par s’endormir, un peu déçue.

À l’autre bout du couloir, la nuit de Fleur avait été éprouvante : un grave accident avait mobilisé une grande partie du personnel, l’obligeant à rester en alerte pendant des heures.

Ce n’est qu’à trois heures du matin, lors d’une accalmie, qu’elle réalisa l’heure. Bien trop tard pour tenir sa promesse… mais l’envie de voir Hermione était plus forte que tout. Alors, discrètement, elle se glissa jusqu’à sa chambre.

Hermione dormait profondément, paisiblement. Fleur resta un instant à l’observer, son cœur se serrant d’émotion.

Elle s’approcha lentement, remit doucement une mèche de cheveux derrière l’oreille de la jeune femme, puis déposa un baiser tendre sur son front.

— Tu me manques, mon amour… Si tu savais comme je t’aime, murmura-t-elle.

Elle ignorait qu’Hermione ne dormait pas vraiment. Ou plus tout à fait.

Les yeux fermés, le cœur battant, l’écrivaine entendit chaque mot. Et soudain, mille questions bousculèrent son esprit.

Fleur, de son côté, sortit un petit bloc-note de la poche de sa blouse, griffonna un mot, puis colla le post-it jaune sur la table de chevet. Elle quitta la pièce sur la pointe des pieds, avant d’aller s’accorder une courte sieste avant la fin de son service.

Une fois la porte refermée, Hermione se redressa lentement. Elle était encore sous le choc de ce qu’elle venait d’entendre.

« Mon amour » ? Elle m’aime ?

Elle n’avait aucun souvenir de cette relation, mais quelque chose en elle s’était serré… une étrange chaleur familière.

Elle aperçut alors le mot laissé par Fleur. Elle l’attrapa du bout des doigts et esquissa un sourire attendri en le lisant :

“Désolée de ne pas être venue plus tôt. Promis, je me rattraperai au petit déjeuner.

Fleur”


Hermione avait eu du mal à retrouver le sommeil. Alors, quand la porte s’ouvrit pour la visite du matin, elle grogna légèrement… avant de sourire en découvrant Fleur, cette fois sans blouse blanche.

— Mauvaise nuit ? demanda Fleur avec douceur. J’espère que ça vous réconfortera un peu…

Elle tendit à Hermione une boisson chaude accompagnée d’un petit sac en papier. La brune, encore engourdie, s’en saisit en plissant les yeux.

— Un latte macchiato… comment ?

Fleur hésita une demi-seconde, puis trouva une échappatoire :

— Harry m’a aidée, dit-elle en retenant son souffle.

— J’ignorais que vous vous connaissiez, répondit Hermione en haussant un sourcil.

Merde, Fleur, pense vite…

— Il a passé plusieurs jours ici, alors… on a un peu discuté.

— Et il vous a parlé de ma boisson préférée du matin ? Intéressant.

Hermione n’était pas dupe. Si Fleur connaissait ce genre de détail, c’est qu’elle avait été bien plus qu’une simple infirmière dans sa vie. Mais elle ne dit rien, se contentant de sourire dans son latte. Ce petit-déjeuner improvisé était une attention délicate. Elle tira du sachet un pain aux raisins, sans faire de remarque.

— Alors… que pensez-vous du roman ? demanda-t-elle en croquant dans sa viennoiserie.

Fleur sortit le livre de son sac à dos, le tenant comme un trésor précieux.

— Je l’ai terminé cette nuit. Et je me suis retenue de vous écrire une dissertation entière, plaisanta-t-elle.

Elles discutèrent du roman pendant près d’une heure, échangeant points de vue, idées, analyses. Hermione était ravie d’avoir une lectrice aussi investie. Fleur, elle, savourait chaque instant de cette complicité retrouvée.

La discussion fut interrompue par l’arrivée du médecin, qui annonça à Hermione une bonne nouvelle :

— Le traumatisme crânien est guéri, vous allez pouvoir sortir dans la journée.

Une fois le médecin reparti, Fleur reprit doucement :

— C’est une bonne nouvelle, mademoiselle Granger. Vous allez bientôt pouvoir rentrer aux États-Unis…

Hermione leva les yeux vers elle, le cœur soudain plus lourd.

— Heu… oui. Oui, c’est… génial.

Fleur aurait voulu prolonger la conversation en voyant la légère tristesse dans le regard d’Hermione, mais un bâillement la trahit. La fatigue de sa garde commençait à se faire sentir.

— Désolée… je voulais rester un peu plus longtemps, mais le sommeil me rattrape, murmura Fleur en se frottant les yeux.

— Oh, c’est moi qui suis désolée ! J’avais oublié que vous étiez là depuis des heures… Rentrez vous reposer. Vous avez été aux petits soins avec moi.

— C’est normal, je ne fais que mon travail, répondit Fleur avec un sourire triste.

Hermione hésita, puis se lança :

— Justement… Si je sors tout à l’heure, nous ne serons plus patiente et infirmière. Est-ce que j’aurai l’occasion de vous revoir ?

Fleur baissa les yeux.

— Je ne sais pas si c’est une bonne idée… Vous allez rentrer dans votre pays. Et moi… j’ai beaucoup de travail.

— Sauf si je décide de prendre des vacances, répliqua Hermione en souriant doucement. N’oubliez pas… vous me devez une visite.

— Je vais y réfléchir.

Fleur se leva, le cœur lourd.

— Et… comment allez-vous me contacter si vous changez d’avis ?

— Je trouverai le moyen, dit-elle simplement. Prenez soin de vous, mademoiselle Granger. C’était un plaisir de vous connaître.

Elle quitta la chambre rapidement, les larmes aux yeux. Dans le couloir, elle craqua. Hermione allait sortir, retourner à sa vie, à New York. Fleur savait qu’elle devait la laisser partir. Leur histoire, aussi belle ait-elle été, n’avait peut-être été qu’un rêve entre deux silences.

Une écrivaine célèbre et une petite infirmière… c’est voué à l’échec.

Elle appela Harry pour lui demander de venir chercher Hermione dans l’après-midi, puis prit la direction de son appartement, le cœur en miettes.


Dans l’après-midi, Harry arriva à l’hôpital pour emmener Hermione. Elle devait passer quelques jours à l’hôtel avant de rentrer à New York. Avec la perte de mémoire, les accusations contre Ron restaient en suspens. Il allait rester un mois encore en détention provisoire, faute de témoignage direct pouvant prouver sa culpabilité.

Une fois installée dans sa suite au palace, Hermione décida de confronter Harry.

— Dis-moi qui est Fleur Delacour. Et ne me mens pas, dit-elle en le fixant.

— Ton infirmière, répondit Harry, un peu trop vite.

— Harry… Je te connais. Ce regard, c’est celui que tu fais quand tu me caches quelque chose.

Harry soupira et s’assit en face d’elle.

— D’accord. Je ne connais pas toute l’histoire, mais je peux te dire ce que je sais. Assieds-toi.

Il lui raconta tout ce qui s’était passé depuis Amsterdam : la manière dont Fleur l’avait trouvée, soignée, protégée, puis le transfert à Paris, les jours passés à l’hôpital… et la présence constante de la jeune femme à son chevet.

— Donc, elle a pris soin de moi pendant tout ce temps ? murmura Hermione, bouleversée.

Harry acquiesça.

— Est-ce que nous étions un couple ?

— Je ne sais pas jusqu’où allait votre relation. Mais… j’ai bien vu qu’elle tient beaucoup à toi. Fais attention, Hermione. On ne sait pas encore grand-chose sur elle.

Hermione baissa les yeux.

— Merci, Harry. Je vais me reposer un peu, j’ai encore des douleurs.

— Très bien. Je reviendrai à l’heure du dîner pour t’emmener au restaurant, d’accord ?

— D’accord.

Harry quitta la chambre, et une fois dehors, envoya un message à Fleur pour la rassurer : “Elle est bien installée. Tout va bien.”

Dans son appartement, Fleur soupira en lisant le SMS. Même si son cœur restait brisé, elle était soulagée de savoir qu’Hermione allait bien.

Elle ferma enfin les yeux, pour un vrai sommeil. Demain serait un autre jour. Le premier sans sa belle écrivaine new-yorkaise.


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