XOXO Hermione

Chapitre 16 : Ce que mon coeur savait déjà

2738 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/08/2025 19:50

Hermione ne parvenait décidément pas à trouver le sommeil. Entre l’inconfort d’avoir une jambe et un bras plâtrés, et les flashs désordonnés de ses différentes agressions, le repos semblait impossible.

Agacée, elle décida de s’occuper l’esprit en rangeant les sacs qu’Harry avait récupérés à l’hôpital. Mais très vite, un détail attira son attention : elle ne se souvenait pas avoir possédé autant d’affaires.

Intriguée, elle saisit l’un des sacs inconnus et en sortit des vêtements qu’elle n’avait aucun souvenir d’avoir portés. Son cœur se serra lorsqu’elle découvrit, au fond, un livre à l’aspect un peu ancien : Madame Bovary

Elle regagna le lit avec précaution, s’allongeant du mieux qu’elle put, le livre serré contre elle. En l’ouvrant, ses doigts effleurèrent une petite note glissée entre les pages…

En souvenir d’une rencontre qui a changé bien plus que ma vie.

Avec tout mon amour,

F.

Hermione relut la note à plusieurs reprises, son regard s’attardant sur l’initiale.

F.

Cela ne pouvait être que Fleur.

Elle ferma les yeux, cherchant désespérément à accrocher un souvenir, un parfum, une voix, un geste… quelque chose de ces semaines passées avec la Française. Mais son esprit restait un désert, frustrant et douloureux.

Un soupir lui échappa. Elle serra le livre contre elle, comme si le contact du papier pouvait lui transmettre ce passé qu’elle ne possédait plus. Peu à peu, ses paupières se fermèrent et elle finit par s’assoupir, le roman ouvert sur sa poitrine.

Elle ne dormit pas longtemps. Une trentaine de minutes plus tard, une voix douce la tira de son rêve fragile.

— Hermione… réveille-toi, j’ai fait monter ton dîner.

Harry était là, un plateau à la main. Il fronça les sourcils en découvrant les sacs éparpillés un peu partout dans la chambre.

— Tu aurais dû m’attendre… ou Ginny. Tu n’es pas en état de faire du rangement.

Hermione ignora la réprimande, ses yeux brillant d’une curiosité mêlée d’inquiétude.

— Harry… Regarde-moi et dis-moi : d’où viennent toutes ces affaires ?

Il hésita une fraction de seconde, puis répondit en posant le plateau sur la table basse.

— De chez Fleur. Elle me les a apportées dès qu’elle a su que tu sortais de l’hôpital.

Le cœur d’Hermione se serra.

— Donc… je vivais vraiment chez elle ?

Harry soutint son regard, conscient qu’elle cherchait à combler les vides de sa mémoire.

— Comme je te l’ai déjà dit… oui. Vous étiez vraiment proches.

— Pourquoi je n’arrive pas à m’en souvenir… ? murmura Hermione avant que sa voix ne se brise.

Les larmes roulèrent sur ses joues, incontrôlables. Elle ressentait un vide immense au creux de sa poitrine, comme une absence qui pesait plus lourd que toutes ses blessures.

— Du calme, répondit Harry d’un ton apaisant. Le médecin a dit que ça prendrait du temps. Tu as besoin de repos… et tu verras, dans quelques jours, les choses iront mieux. Fais-moi confiance.

— Merci, Harry… souffla-t-elle en essuyant ses yeux d’un geste maladroit. Tu lui parles, n’est-ce pas ?

— Oui. Elle m’a demandé de tes nouvelles. Elle s’inquiète vraiment pour toi.

Hermione inspira profondément, comme pour se donner du courage.

— D’accord… s’il te plaît, demande-lui de venir lors de son prochain jour de repos. Vu que je suis coincée ici…

Elle désigna sa jambe plâtrée et son bras immobilisé avec un petit sourire amer.

— Je lui dirai, promit Harry. Mais seulement si tu manges un peu et que tu prends tes médicaments. Après… je te laisse tranquille jusqu’à demain.

Hermione mangea et prit ses médicaments sans protester.

À la fin du repas, Ginny arriva et l’aida à prendre une douche pour se rafraîchir un peu.

Pendant ce temps, comme promis, Harry envoya un message à Fleur.

Dans son appartement, la Française, plus déprimée que jamais, sentait cruellement l’absence d’Hermione.

En entendant son téléphone vibrer, elle se précipita. En voyant le nom d’Harry s’afficher, son cœur manqua un battement… Mais en lisant le message, elle se détendit. Une lueur d’espoir réchauffa son regard. Elle répondit aussitôt.

— Hermione, dit Harry quand la jeune femme revint de la salle de bain, appuyée sur Ginny, Fleur est en repos dans trois jours. Elle ne peut pas venir avant.

— Trois jours… répéta Hermione dans un souffle.

— Ne déprime pas, Mione, intervint Ginny avec douceur. On va bien te chouchouter, tu ne verras pas le temps passer.

— Je pourrais me remettre à écrire, fit Hermione en s’installant sur le lit. J’ai relu les chapitres que j’ai écrits à Berlin… je tenais le début de quelque chose de bien.

— Oui, mais pour l’instant, au lit, jeune femme, déclara Ginny en la bordant comme une enfant. Vous avez besoin de repos.

Hermione eut un petit rire attendri.

— Bonne nuit, les gars.

— Bonne nuit, Mione. À demain. Si tu as besoin, compose le 31 sur le téléphone : nous sommes juste en face de ta chambre, précisa Harry avant d’éteindre la lumière.

Hermione se plongea dans l’écriture pour ne pas voir le temps passer. Chaque page noircissait un peu plus vite que la précédente, comme si les mots pouvaient combler le vide que laissait l’absence de l’infirmière française. Elle avait beau n’avoir aucun souvenir clair de leur histoire, quelque chose, au plus profond d’elle, continuait de battre pour Fleur. Ce lien invisible refusait de s’effacer.

De son côté, Fleur s’enferma dans le travail pour éviter de penser. Elle enchaînait les gardes et acceptait toutes les heures supplémentaires qu’on lui proposait, préférant la fatigue des couloirs d’hôpital au silence pesant de son petit appartement. Chaque fois qu’elle franchissait sa porte, chaque objet, chaque recoin lui rappelait qu’Hermione n’était plus là. Et c’était une douleur qu’elle ne savait pas encore apprivoiser.

Puis vint enfin le jour de repos de Fleur.

Hermione l’attendait avec une impatience qu’elle avait du mal à justifier, ne sachant pas comment se passerait cette rencontre. Entre elles, il y avait un vide fait de souvenirs absents et de sentiments persistants, un mélange déstabilisant.

Fleur, de son côté, n’était pas plus sereine. Elle avait beau se répéter qu’elle devait rester neutre, l’idée de voir Hermione sans pouvoir lui témoigner la moindre affection lui nouait l’estomac.

Elle arriva à l’adresse transmise par Harry juste après le déjeuner, une petite boîte de macarons colorés à la main. Elle inspira profondément, puis frappa doucement à la porte de la suite.

— Entrez… répondit la voix d’Hermione, un peu faible.

Toujours immobilisée par ses plâtres, l’écrivaine esquissa un sourire en la voyant entrer.

— Bonjour, mademoiselle Granger. Comment allez-vous ? demanda Fleur, poliment.

— Aussi bien que possible, vu mon état… mais s’il vous plaît, appelez-moi Hermione. Je ne suis plus votre patiente.

— D’accord… pardon, Hermione, répondit Fleur, avec ce léger accent français qui fit battre le cœur de la brune un peu plus fort.

— Vous avez apporté quelque chose ? demanda-t-elle en voyant la boîte.

— Oui, des macarons. Mes préférés. J’espère que vous les aimerez autant que moi.

— J’ai confiance en vos goûts culinaires… après avoir vu vos choix littéraires.

Fleur esquissa un sourire gêné.

— Oh… merci. Mais, honnêtement… pourquoi vouliez-vous me voir ?

— Vous me devez une visite de Paris. Et… en attendant que je sois sur pied, j’aimerais avoir votre avis sur mon nouveau roman. Et peut-être… faire un peu plus ample connaissance.

— Je ne sais pas si je serais très objective…

— Pourquoi donc ?

— Pour rien… je… oh, merde, pourquoi est-ce que c’est si compliqué ? lâcha-t-elle dans un souffle.

Hermione la dévisagea, intriguée.

— Fleur… ça va ?

— Oui, désolée. C’est juste… j’ai eu de longues journées au travail. Je suis un peu fatiguée.

— Tu aurais dû le dire… j’aurais reporté notre rencontre.

— Non, non… je voulais vraiment te voir, commença Fleur.

— Tu voulais me revoir ? demanda Hermione, en arquant un sourcil.

— Enfin… oui, parce que tu étais ma patiente et je voulais m’assurer que tu te remettais bien.

Hermione tapota doucement le matelas à côté d’elle, l’invitant à s’asseoir. Fleur obéit, un peu hésitante.

— Fleur… regarde-moi, dit Hermione, la voix douce mais ferme. On sait toutes les deux que tu n’es pas seulement mon infirmière. Alors, dis-moi dans les yeux… quand comptais-tu m’avouer que tu es ma petite amie ?

Fleur détourna le regard, ses mains se crispant sur ses genoux.

— Je… je ne voulais rien dire. Après tout, tu ne te souviens pas de moi. Ce serait injuste de m’imposer à quelqu’un qui ne m’aime pas…

Hermione leva une main et caressa sa joue avec une tendresse inattendue.

— Je n’ai peut-être pas de souvenirs de nous… mais ce que je ressens en te voyant me dit une seule chose.

— Quoi ? demanda Fleur, presque dans un murmure.

Hermione ne répondit pas. À la place, elle réduisit l’espace qui les séparait et scella leurs lèvres dans un baiser doux mais chargé d’émotion.

Depuis son réveil à l’hôpital, chaque apparition de Fleur avait éveillé en elle un trouble qu’elle ne pouvait expliquer. Maintenant, elle savait : cette attirance, cette chaleur… étaient indéniables.

Fleur fut d’abord figée par la surprise du baiser, mais bientôt, ses instincts prirent le dessus. Elle glissa une main dans le bas du dos d’Hermione, tentant de la rapprocher autant que possible. La chaleur de ses lèvres, la douceur familière de ce contact… tout lui avait terriblement manqué.

Quand le souffle leur manqua, Fleur se détacha légèrement, les yeux plongés dans les orbes chocolat qui la fixaient… mais soudain, le visage d’Hermione se décomposa. Sa tête bascula légèrement en arrière, et son corps perdit toute force.

— Hermione ! Hermione, non ! s’écria Fleur, la soutenant de justesse dans ses bras. Réveille-toi, s’il te plaît… pas maintenant…

Pour Hermione, tout se mit à tourner. Comme une digue qui cède, ses souvenirs affluèrent brutalement — les rires, les regards, les mots doux… leurs moments dans Paris, la tendresse de Fleur à l’hôpital, leurs nuits ensemble. La violence du retour de mémoire l’engloutit, et elle sombra.

Fleur, elle, tremblait.

— Mon amour… réveille-toi… ne m’abandonne pas. Je t’en prie, Hermione Granger, je t’aime, tu m’entends ? Je t’aime…

Un battement de cils. Puis un autre.

Hermione émergea, la respiration encore erratique.

— Fleur… répète-le.

Fleur la serra contre elle, incapable de retenir ses larmes.

— Hermione… tu es de retour. Ne me refais jamais un truc pareil… j’ai cru… j’ai cru ne plus jamais te revoir.

— Je ne partirai plus, souffla Hermione, le regard brillant. Je t’aime aussi, Fleur.

Fleur écarquilla les yeux, bouleversée.

— Tu… tu te souviens ?

— De tout, mon amour. Merci d’avoir si bien pris soin de moi. Si tu savais comme je t’aime…

— Tu… tu n’es plus fâchée contre moi ? demanda Fleur d’une voix tremblante.

— Jamais de la vie. Je comprends pourquoi tu n’as rien dit sur mon vrai nom. C’était juste… la peur de me perdre. Et je la comprends, parce que je ne veux plus te perdre non plus.

— Hermione…

— Sors avec moi. Devient ma petite amie… officiellement, dit-elle d’une voix vibrante.

Sans attendre, Hermione retira la bague qu’elle portait à l’annulaire droit. Elle la prit dans le creux de sa main et la tendit à Fleur, son regard planté dans le sien.

— S’il te plaît, Fleur… accepte de sortir avec moi.

Fleur porta une main à sa bouche, émue, les yeux déjà humides.

— Oui… oui, j’accepte, souffla-t-elle dans un sourire tremblant.

Hermione lui glissa la bague au doigt avec une tendresse infinie, ses doigts effleurant les siens. Fleur, incapable de se retenir, captura aussitôt ses lèvres dans un baiser passionné, presque désespéré, mais plein de douceur pour ne pas la blesser.

C’était comme retrouver enfin une partie d’elles-mêmes qu’elles avaient cru perdue.

— Maintenant, je dois encore te demander une chose, Fleur… et réponds-moi honnêtement.

— Tout ce que tu voudras.

— Que faisais-tu à Amsterdam, ce soir-là ?

Fleur baissa les yeux. Elle hésita. Mais elle savait qu’après tout ce qu’elles venaient de traverser, il n’y aurait plus de place pour les secrets.

— Je sortais… d’une maison. J’avais rendez-vous avec un client.

Hermione inspira profondément.

— Donc… les photos de Ron…

— Oui. Elles étaient vraies.

Elle marqua une pause, puis releva le regard, déterminée :

— Maintenant… si tu veux me quitter, tu peux. Mais sache que je ne l’ai plus jamais fait depuis que je t’ai rencontrée.

— Combien de clients ? demanda Hermione, la voix basse.

— Une seule. Une femme d’affaires australienne, très riche. On se voyait une fois par mois, quand ses déplacements la menaient aux Pays-Bas.

— Pourquoi ?

— Au début, c’était pour payer mes études et mon loyer. Puis… j’ai continué pour aider mon oncle. Et à force… c’est devenu une habitude, presque la normalité.

— Tu l’aimais ?

— Non. Ce n’était que du sexe. Rien de plus.

Hermione garda le silence quelques secondes, la fixant droit dans les yeux.

— Très bien.

Fleur sentit son cœur se serrer.

— Tu veux que je parte ?

— Non. Reste. Promets-moi juste de ne pas recommencer… Parce que maintenant, tu es à moi. Et je ne partage pas.

Un sourire mêlé de soulagement étira les lèvres de Fleur.

— Merci… de ne pas me juger sur mon passé. Et je te promets… je ne la reverrai plus jamais.

Fleur s’approcha lentement, comme pour s’assurer qu’Hermione ne changerait pas d’avis.

— Tu es vraiment sûre ? murmura-t-elle.

— Plus que sûre, répondit Hermione en glissant sa main valide derrière sa nuque.

Leurs lèvres se retrouvèrent dans un baiser plus lent, plus profond que tous ceux échangés jusque-là. Fleur glissa délicatement sa main contre la taille de l’écrivaine, l’aidant à s’allonger un peu plus sur le lit, mais en prenant soin de ne pas heurter ses plâtres.

— Merlin… tu m’as tellement manqué, souffla Fleur entre deux baisers, son front collé à celui d’Hermione.

— Alors rattrapons le temps perdu…

Hermione tenta de se rapprocher, mais un mouvement maladroit lui arracha une grimace de douleur.

— Aïe… mince…

Fleur recula immédiatement, inquiète.

— Pardon ! Je suis désolée, je ne voulais pas te faire mal…

Hermione secoua la tête, un sourire amusé aux lèvres malgré la frustration.

— Ce n’est pas toi… C’est juste que… avec une jambe et un bras dans le plâtre, je suis loin d’être très… agile.

— On a tout le temps du monde, répondit Fleur en l’embrassant tendrement sur le front.

Elle se rallongea à ses côtés, glissant un bras protecteur autour de sa taille.

— Pour l’instant, je veux juste ça. Te tenir contre moi. Savoir que tu es là, entière, et que tu ne comptes plus disparaître.

Hermione se blottit contre elle, fermant les yeux, son cœur battant à l’unisson avec celui de Fleur.

— Promis… je ne partirai plus.

Leurs respirations se calèrent l’une sur l’autre, et bientôt, elles s’endormirent ainsi, serrées l’une contre l’autre, comme si aucun accident, aucun passé, ne pourrait plus les séparer.



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